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Le flot de l’eau qui dévale une pente représente un potentiel d’énergie que l’on peut utiliser pour

diverses applications.

A côté de l’énergie éolienne, souvent irrégulière et de l’énergie animale, mobile mais limitée, les
moulins à eau ont depuis longtemps représenté la principale source d’énergie mécanique. Ils sont
peu nombreux dans l’Empire romain : les quelques dizaines de sites identifiés assuraient la fourniture
de farine aux grands domaines, et coexistaient avec les moulins à bras domestiques.

Puis tout change. De l’an 800 à l’an 1000, on évalue leur nombre à quelques centaines pour tout
l’Occident. A partir du XIIe leur construction va s’accélérer, suivant assez étroitement la croissance
démographique. Ainsi vers l’an 1100, en France, on dénombre environ 20.000 moulins pour 5
millions d’habitants.

Jusqu’au XVIIIe le développement technologique a été lent mais continu. Les installations prenaient
de l’importance et fournissaient l’énergie nécessaire à toutes sortes d’industries : la meunerie
évidement, les industries papetière et du textile, la métallurgie, les scieries, l’adduction d’eau, etc…

L’invention de la turbine au XIXe siècle a permis le développement de


l'hydromécanique
La naissance des turbines
Dès la fin du XVIIe apparaît une nouvelle forme d’énergie mécanique avec les machines à vapeur et, dans la
première moitié du XVIIIe, cette technologie vient concurrencer l’énergie hydraulique, surtout en Angleterre où la machine à
vapeur s’impose dans les manufactures à partir de 1830. En Europe continentale et au Nouveau Monde, l’énergie
hydraulique conserve une bonne place. Cette concurrence de la machine à vapeur et le besoin sans cesse croissant de
l’industrie en énergie vont stimuler l’innovation. Le milieu du XVIIIe marque le début d’un long processus d’amélioration et de
conception des machines hydrauliques. On ne parle pas encore de turbines, l’amélioration porte sur les roues à aubes afin
d’augmenter leur puissance et leur rendement. En même temps des ingénieurs explorent des voies nouvelles, c’est
finalement un jeune ingénieur français, Benoît FOURNEYRON qui, sur les pas de ses prédécesseurs (en particulier son
professeur à l'Ecole des Mineurs de Saint-Etienne : Claude BURDIN, 1788/1873), mettra au point en 1827 la première
turbine, une machine encore bien modeste qui ne délivre que 6 chevaux de puissance. Le développement de cette turbine
en phase industrielle ne sera pas immédiat, mais à partir de 1832 son essor va être rapide et universel, parallèlement la
puissance développée augmente. En Europe, vers 1843, 129 usines sont équipées de turbines Fourneyron. Aux Etats-Unis,
en 1895, la première grande centrale hydroélectrique, aux chutes du Niagara, reçoit trois turbines Fourneyron de 3700 kW.

La turbine radiale et centrifuge


FOURNEYRON
 
La turbine Fourneyron est une machine centrifuge dite à réaction, nous en reparlerons dans
le chapitre des turbines. Mais cette machine n’est pas sans défauts. Toujours aux USA, une
première turbine de Fourneyron était installée dans une manufacture de textiles du
Massachusetts pour fournir l’énergie mécanique. Un jeune ingénieur d’origine anglaise,
employé de cette manufacture, James B. FRANCIS entreprit des recherches sur la machine
de Fourneyron qui aboutirent, en 1855, avec la mise au point d’une turbine, toujours à
réaction mais centripète, au lieu de centrifuge. Si le nom de FOURNEYRON est maintenant
oublié, ce n’est pas le cas pour FRANCIS !
La turbine radiale et centripète FRANCIS

Toujours au milieu du XIXe, un autre ingénieur français Louis-Dominique GIRARD met au


point une turbine dont l'aspect rappelle une roue à aubes, c'est une machine dite à
impulsion, ou à action, son fonctionnement s'apparente à celui d'une turbine radiale
centrifuge, mais à injection partielle à un ou plusieurs jets, sous pression et réglables.
Turbine adaptée aux hautes chutes, ce sera à la fin du XIXe, la turbine de référence dans
les Alpes françaises. Mais la également le progrès ultime viendra d’un ingénieur américain
Lester Allen PELTON (voir chapitre des turbines).
ci-contre: principe d'une turbine Pelton à axe horizontal
On vient de le voir, la turbine hydraulique apparaît au XIXe, mais son utilisation est limitée par la mise
à disposition d’une énergie mécanique utilisable sur place. Par différents procédés on parvenait à la
transmettre sur quelques dizaines de mètres, voire quelques centaines : courroies, barres articulées,
câbles télédynamiques, eau sous pression, mais le moyen le plus répandu et le plus efficace était l’air
comprimé. Très utilisé dans l’industrie minière, l’air comprimé trouvera un large débouché dans le
percement des tunnels ferroviaires des Alpes, où il était facile de trouver un torrent pour y installer
une turbine avec un compresseur d’air.

A ce stade du développement la machine à vapeur offrait encore une supériorité indéniable. En effet
pour bénéficier de l’énergie hydraulique, non transportable, il était indispensable de disposer d’un
cours d’eau ou d’une chute d’eau, tandis que le charbon utilisé dans la machine à vapeur était
livrable sur le lieu d’utilisation. A contrario, l’eau présentait l’avantage d’un coût presque nul.
Une nouvelle ère débute avec l'électricité industrielle  
La génératrice d’électricité

Cette obligation d’utiliser sur place l’énergie hydromécanique était une sujétion et une entrave. Aussi
lorsqu’en 1873, le bruit courut que le moyen était trouvé de transmettre l’énergie à distance, les
premiers utilisateurs de la houille blanche prêtèrent une oreille attentive. Le mot prononcé en cette
circonstance était électricité.

L’électricité, ce fluide qui servait à faire fonctionner le télégraphe morse et quelques autres
applications comme la galvanoplastie ou l’éclairage par lampe à arc, était produite par des piles
encombrantes, sales et ne délivrant que des faibles puissances.

L’essor de l’électricité industrielle, nous le devons à trois hommes : un savant, un ingénieur et un


autodidacte. Le nom du premier est tombé dans l’oubli alors que celui des deux autres est passé à la
postérité, sous des formes différentes il est vrai.

Le savant, un Italien, Antoine PACINOTTI inventa le principe d’une machine magnéto-électrique


capable de transformer le mouvement en courant électrique. De 1859 à 1865 il perfectionna sa
machine et en décrivit le principe mathématiquement mais ne réussit pas sa transposition
industrielle.

Le second, l’ingénieur allemand Werner SIEMENS inventa et construisit également, à la même


époque (1856-1866), une machine magnéto-électrique mais sans plus de succès que le premier.

Toujours dans la même période historique c’est l’autodidacte, ignorant tout des mathématiques
supérieures, qui allait réussir là où les deux hommes de science avaient échoué, probablement par
manque de sens pratique. Cet autodidacte, un Parisien d’origine belge, Zénobe GRAMME, était
menuisier de formation, esprit curieux il s’intéressait aux phénomènes magnéto-électriques, esprit
inventif doublé de sens pratique il réussissait l’invention de la dynamo pour laquelle il déposait un
premier brevet en 1869. Le premier prototype était construit en 1871, la mise au point définitive lui
demanda encore six ans.

Le mérite de GRAMME  réside dans la mise au point du collecteur, en effet si le principe de


force électromotrice induite dans une bobine se déplaçant à l’intérieur d’un champ
magnétique était connu, on ne savait que faire de ce courant induit qui variait sans cesse de
valeur et de sens. Le collecteur apportait la solution en recueillant un courant continu.
Pour la petite histoire, nous rappelons cette anecdote : dix ans plus tard, au Congrès
international de l’électricité de 1881, Zénobe Gramme assistait à la démonstration d’un
physicien sur la machine de Gramme et, alors que le savant recouvrait le tableau noir
d’intégrales, Gramme confiait à son voisin, le docteur d’Arsonval, « je n’aurais jamais inventé
ma machine s’il m’avait fallu m’embarrasser de tous ces portemanteaux ! ».

Une invention qui allait entraîner une révolution totale de l’ère industrielle.

Dynamo industrielle de la fin du XIXe siècle, à deux paires de pôles. On


ci-contre:   
distingue, sur la gauche du rotor, le collecteur entouré par les deux paires de balais
(nombre identique au nombre de pôles de l'inducteur). Les balais sont montés sur le
porte-balais dont le positionnement est réglable.
Les découvertes et les innovations allaient se succéder très rapidement. La réversibilité de la machine
de Gramme en moteur était révélée involontairement en 1873. On savait maintenant produire
l’électricité, (encore en courant continu) mais pour autant le problème de sa transmission à distance
n’était pas résolu.

C’est un ingénieur français Marcel DEPREZ, autodidacte et non-conformiste qui devait montrer la
voie pour résoudre ce problème: élever la tension pour réduire les pertes par effet joule dans les
conducteurs. Ce principe, qui apparaît si évident aujourd’hui , ne s’imposa pas facilement en France.
Et en 1882, Deprez dut se rendre en Allemagne pour démontrer sur le terrain le bien fondé de son
idée, à Munich les autorités mirent à sa disposition une ligne télégraphique de 57 kilomètres par
laquelle il fit transiter l’électricité produite par une dynamo, tandis qu’à l’autre extrémité une autre
dynamo fonctionnant en moteur entraînait une pompe.

Mais la conception de la dynamo imposait une limite à l’élévation de tension, à partir de 3000 V les
collecteurs étaient défaillants.

Le courant alternatif

C’est un ingénieur austro-hongrois, d'origine serbe, Nicolas TESLA, qui devait apporter la solution
définitive avec l’invention de l’alternateur. Après ses études à l’Ecole technique supérieure de Gratz
et, alors qu’il travaillait comme ingénieur à Strasbourg, il réalisa pour la première fois son champ
tournant.

Naturellement, une nouvelle fois l’accueil ne fut pas des meilleurs de la part des spécialistes. En
1884, Tesla s’exila aux USA, on connaît la suite, embauché par Thomas EDISON, industriel du courant
continu, il lui proposa ses brevets sur le champ tournant, ce fut une fin de non recevoir.

Quatre ans plus tard, en 1888, Tesla exposa en public sa série de brevets et trouva un écho favorable
auprès de la Compagnie Westinghouse, principal concurrent de Th.Edison. La Cie Westinghouse
entreprit la construction d’alternateurs et de moteurs à courant alternatif.

Entre les deux majors la guerre pour la suprématie de chacune des deux technologies devait
s’achever, en 1893, par la défaite de Th.Edison et de la distribution en courant continu.

Dans la dynamo à courant continu c’est le rotor qui fournit l’énergie par l’intermédiaire du collecteur,
cette technologie présente de multiples inconvénients. Avec le générateur de courant alternatif, ou
alternateur, l’énergie est fournie par le stator, les inconvénients de la dynamo disparaissent : plus de
contacts mobiles, possibilité de délivrer des puissances beaucoup plus importantes, tension de sortie
nettement supérieure.

Pourtant si l’alternateur était apte à fournir son énergie sous une tension de 10 000 volts et plus, il
manquait encore un maillon dans la chaîne production/distribution. Une tension de 10 000 V était
insuffisante pour transporter sur des centaines de kilomètres les fortes puissances qu’il était possible
de produire, en outre peu d’usagers pouvaient utiliser l’électricité sous cette tension.

La solution arriva par un inventeur français, Lucien GAULARD, celui-ci présenta le 6 février 1884,
devant la Société française des électriciens, un appareil inconnu, c’était le transformateur.

De même que les autres inventions révolutionnaires qui apparurent sur cette brève période, le
transformateur de Gaulard venait bousculer les hiérarchies établies et ne recueillit dans un premier
temps que railleries et indifférence.
De l’autre côté de l’Atlantique, les mentalités étaient différentes, l’industrie démarrait, débarrassée
des traditions, scrupules et autres arguments juridiques dont s’encombrait l’Europe. La Compagnie
Westinghouse achetait les brevets de Gaulard et lançait le transformateur dans l’industrie mondiale.

De 1890 à la fin du XIXe, les USA investirent plus de 10 milliards de francs dans l’industrie de la
houille blanche.

De précurseur l’Europe était devenue suiveur. Un premier alternateur était installé par l’Allemagne
en 1891. En France les premiers alternateurs tournèrent un peu avant la fin du siècle, en particulier
avec Aristide BERGES, en 1897, dans son usine de Lancey.

Désormais tous les composants étaient disponibles pour la production de l’énergie hydroélectrique à
grande

Les pionniers

En France, le plus célèbre précurseur est évidemment Aristide BERGES qui équipe la première
centrale hydraulique importante en 1869 (700 kW), cette usine utilise directement l’énergie
mécanique.

Mais l’ère des pionniers de l’hydroélectricité débuta avec l’invention de la dynamo par GRAMME
(1871), de la « haute tension » par DEPREZ (1873), de l’alternateur par TESLA et du transformateur
par GAULARD (1884).

Aristide BERGES (1833-1904) – La houille blanche, quel est ce nouveau charbon ? Cette question
quelques contemporains d’Aristide BERGES se la posèrent lorsqu’à l’Exposition universelle de 1889 il
formula cette expression.

Dans l’esprit de Bergès cette métaphore lui était inspirée par l’énergie potentielle contenue dans les
glaces et les neiges qui recouvraient de blanc les sommets alpins.

Personnage controversé, Aristide Bergès fut le grand précurseur dans l’utilisation de l’énergie des
chutes d’eau. Cet ingénieur ariégeois, fabricant de pâte à papier, était venu dans la vallée du
Grésivaudan pour installer une machine de son invention. Devant les chutes d’eau qui dévalaient du
massif de Belledonne, il eut la révélation de l’énergie mécanique que l’on pouvait en tirer.

Dès 1869, Bergès canalise dans une conduite forcée une chute d’eau, sur une hauteur de 200 mètres.
C’est la plus grande conduite forcée jamais réalisée dans les Alpes, à cette époque. La maîtrise de
l’énergie hydraulique par l’homme amorce un nouvel âge pour l’industrie.

Aristide Bergès, industriel entreprenant et novateur, était controversé car il était peu scrupuleux sur
les droits d’usage de l’eau. Promoteur de l’expression française la houille blanche, il semblerait que
dès 1854 le Président du Conseil italien CAVOUR avait déjà parlé de il carbone bianco !!

Parmi les pionniers de l’hydroélectricité, on peut citer dans le sud-est de la France :

- 1894 - Joseph MOTTET à St-Martin-Vésubie (06) et GUITTON & BERTOLUS à Briançon (05),
- 1896 - DURANDY à Plan-du-Var (06),

- 1898 - RICHARD à La Brillanne (04),

- 1904 - FOURNIAL à La Motte (83) & Valentin CHABRAND à Ventavon (05),

- 1906 - Louis BOURG à RIBIERS (05) sur le ruisseau de Clares-Combes,

- 1907 - Gilbert PLANCHE construit l’usine de l’Argentière (05) pour la production d’aluminium.

Des sociétés, quelquefois relativement modestes, prendront rapidement la suite des pionniers pour
faire face au développement des consommations en éclairage et en force motrice. En juin 1900 est
créée la société Énergie Électrique du Littoral Méditerranéen qui allait monopoliser production et
distribution dans le Sud-Est jusqu’à la loi de nationalisation de 1946.

On ne peut oublier d’évoquer le nom d’Yvan WILHELM qui dès le début du XXe siècle projetait la
construction d’un barrage sur le site de Serre-Ponçon, projet qui attendra plus d’un demi siècle pour
se concrétiser, avec des dimensions et une technologie différentes.

En ce début du XXe siècle, un peu plus au nord, en Dauphiné, deux industriels sont particulièrement
actifs dans le développement de l’hydroélectricité, il s’agit de Charles-Albert KELLER et de Maurice
BERGES, l’un des fils du précurseur.

Première moitié du XXe siècle

Principalement entre 1920 et 1940 cinquante et un barrages sont édifiés en France. Le besoin
d’énergie électrique dans les transports ferroviaires et l’industrie est souvent à l’origine de la
construction des grands barrages hydroélectriques :

- électrification des lignes ferroviaires avec les barrages d’Eguzon, de Sarrans, de Marèges dans le
Massif Central, aménagement des vallées d’Ossau et de l'Ariège dans les Pyrénées, barrage des
Mesces dans les Alpes du sud.

- électrochimie et électrométallurgie avec l’aménagement des vallées de la Romanche et de la


Maurienne, avec les centrales de l’Argentière et de La Brillanne dans la vallée de la Durance.

Après la deuxième guerre mondiale

Un vaste programme d’équipements hydroélectriques était mis en œuvre. La production des


centrales au fil de l’eau participait, pour une part importante, à l’alimentation de base du réseau
électrique français.

L’énergie stockée dans les barrages assurait le passage des heures de pointe journalière, ainsi que la
pointe d’hiver.
Jusqu’au début des années 1960, l’hydraulique restera la principale source d’électricité,
supplantée ensuite par l’électricité d’origine thermique (charbon, pétrole), puis à partir des années
1980, par l’énergie nucléaire, l’une comme l’autre également grandes utilisatrices d'eau.

Place occupée par l’hydroélectricité, à la fin du XXe siècle :


le 20e siècle

Jusqu’au début des années 1960, l’hydraulique restera la principale source d’électricité, supplantée
ensuite par l’électricité d’origine thermique (charbon, pétrole), puis à partir des années 1980, par
l’énergie nucléaire, l’une comme l’autre également grandes utilisatrices d'eau.

le 21e siècle

La production délivrée par les barrages hydroélectriques est insuffisante pour équilibrer l’appel de
puissance aux heures de pointe. La mise en marche de centrales thermiques à flamme (à gaz ou au
charbon) est devenue nécessaire.

Ci-dessous la courbe de puissance appelée d'une semaine-type d'hiver en France (courbe rouge),
avec les moyens utilisés pour satisfaire la demande (chaque plage de couleur donne la contribution
d'un type de moyen de production).
Remarques sur cette courbe :

- malgré sa réputation de fourniture d'une puissance constante, le nucléaire permet en fait une
modulation - assez rapide - entre 50 et 55 GW de puissance délivrée pour l'ensemble du parc,

- le thermique à flamme (charbon, fioul, gaz) sert surtout à la modulation à l'échelle de la semaine ou
de la journée, et assez peu de l'heure,

- ce qui permet d'assurer "l'hyper pointe", c'est-à-dire la variation à l'échelle de l'heure ou moins, est
l'hydraulique modulable, c'est à dire les barrages.

Place occupée par l’électricité dans la consommation totale d’énergie

Quelle que soit son origine l’unité de mesure d’énergie est le joule, ou son multiple le giga joule (Gj) ;
l’unité de puissance qui la mesure est le watt, ou plus souvent l’un de ses multiples.

Lorsqu’il s’agit de faire des comparaisons à grande échelle, entre plusieurs sources d’énergie, il est
d’usage de se référer au pétrole lequel est encore le premier fournisseur d’énergie dans le monde,
ainsi l’unité de mesure devient la tonne équivalent pétrole (tep) et son multiple la méga/tep (Mtep).

Avec 1 tep = 41,6 Gj ou encore 1 MWh = 3,6 Gj = 0,086 tep, nous avions en 2000 la répartition, dans
le tableau ci-dessous, entre les énergies finales, c'est-à-dire les énergies consommées par les
utilisateurs.
Pour mémoire, dans le bilan électricité le nucléaire représente 80%, soit 16% de l’ensemble
énergétique français.

Quelques compléments d’information sont nécessaires pour interpréter les chiffres du


tableau ci-dessus. En effet si l’on devait produire à partir d’énergies fossiles la totalité de l’électricité
d’origine nucléaire, compte tenu du rendement des centrales thermiques à flamme, le bilan
énergétique national serait le suivant :

Où l’on voie que la part de l’électricité a doublé pour une même production de kWh
électriques !!
Quel développement peut-on espérer pour la production hydroélectrique

Les grands fleuves n’offrent plus de possibilités, construire des grands barrages n’est plus
envisageable, pourtant le potentiel hydroélectrique français n’est pas exploité en totalité, mais
seulement à 75% environ de ce qui est techniquement réalisable. Ce potentiel est évalué à prés de
100 TWh de production annuelle. La puissance installée est actuellement de 24 000 MW.

Le gouvernement a fixé les objectifs de développement suivants pour la production hydroélectrique :

Soit au total une production supplémentaire de 28 TWh, cette valeur est un maximum réalisable
indépendamment des contraintes environnementales et de celles liées aux autres usages de l’eau.
Sur ce total, une production de 13,4 TWh est possible rapidement et sans contraintes.

Une première étape de 500 MW supplémentaires était fixée pour 2010. En 2015 ce sont 2000 MW
qui devraient s’ajouter, l’ensemble apporterait une production de 7 TWh.

Pour atteindre ces objectifs les moyens à mettre en œuvre seraient :

- optimisation des installations existantes de moyenne puissance (10 à 50 MW)

- construction de nouvelles installations

- développement de la petite hydraulique, en particulier sur de nombreux barrages inutilisés.

Les hommes politiques auraient enfin redécouvert les vertus de l’hydroélectricité, cette houille
blanche produisant une électricité renouvelable de base et l’un des moyens fondamentaux pour
assurer l’équilibre de notre système électrique ?
Considérations sur l'énergie

- En application du protocole de Kyoto, pour la réduction de l’émission des gaz à effet de


serre (GES), l’Union européenne s’est fixée les objectifs suivants : de 1997 à 2020, la production
d’électricité d’origine renouvelable (ENR) doit passer de 13,9 à 22% de la production totale
d’électricité. Pour sa part la France doit passer de 15 à 21%.

- Dans le cadre de ces directives communautaires et pour être dans l’air du temps (dans la
vent !!), la France se lance, après l’Allemagne, le Danemark et l’Espagne, dans un vaste programme
d’équipement en centrales d’éoliennes, on emploie également le terme de ferme d’éoliennes, cela
donne une couche supplémentaire de vert !

- Arguments avancés par ses partisans : l’énergie électrique produite par ces machines ne
dégage pas de gaz à effet de serre (GES), c’est vrai ; elle permet d’économiser les énergies fossiles,
c’est un peu court comme argument et il faut analyser le fonctionnement de l’éolien.

En effet la force du vent, y compris dans les zones les plus favorables, varie en permanence, de
même sa direction n’est pas constante, en conséquence l'énergie produite par les centrales
d’éoliennes est intermittente et aléatoire.

- S’il ne s’agissait que de quelques dizaines de MW (1 MW=1000 kW), le réseau


d’interconnexion peut amortir cette variation dans la production. Mais il est question d’installer 10
000 MW (le chiffre de 25 000 MW est maintenant avancé !!!) d’éolien sur le territoire métropolitain
(soit l’équivalent du 1/6e du parc électronucléaire français). Compte tenu du caractère intermittent
de cette énergie, il faudra avoir une disponibilité du même ordre de grandeur à partir de centrales
capables d’assurer le relais avec un temps de réponse de quelques minutes.

- On a vu plus haut que l’énergie stockée dans les barrages hydroélectriques est déjà réservée. Les
centrales nucléaires (qui ne dégagent pas de GES) sont capables de moduler leur production, mais
elles ne peuvent le faire instantanément et surtout il n’est pas possible d’alterner sessions de marche
et d’arrêt à tout bout de champ.

En quelques minutes, une centrale hydroélectrique peut atteindre sa puissance maximale, alors qu’il
faut une dizaine d’heures pour une centrale thermique classique et une quarantaine avec un
réacteur nucléaire pour le monter à sa pleine puissance.

- Quels moyens seront choisis pour compenser les fluctuations de puissance d’un important
parc éolien ? Probablement un mix entre les centrales thermiques à flamme (gaz et charbon), les
turbines à gaz et l’hydraulique. Malgré les progrès technologiques en cours et à venir, les moyens de
production à partir des énergies fossiles ne sont pas avares en dégagement de GES.

- En analysant les résultats obtenus en Allemagne ( plus de 20 000 MW d’éolien installés)


ou par le Danemark, on constate que la production annuelle d’un grand parc de centrales éoliennes
est équivalent à la production de la puissance installée fonctionnant pendant 2 000 heures(c'est un
maximum), pour mémoire : une année compte 8760 heures. Sur ces bases, on peut évaluer une
production annuelle du futur parc éolien français de 15 à 20 TWh (1 TWh=1 milliard de kWh), ce
n’est pas négligeable mais cela ne représente que 3 à 4% de la production du parc électronucléaire et
1% de l’énergie primaire consommée par la France et surtout cela conduira à produire en
compensation de l’intermittence éolienne environ trois fois cette production, soit 45 à 60 TWh, en
grande majorité à partir d’énergies fossiles, avec dégagement de GES.

- On peut donc affirmer que l’installation, en France, d’un important parc éolien génèrera
une production supplémentaire d’électricité d’origine renouvelable, mais entraînera une
augmentation de la consommation d’énergies fossiles et du dégagement de GES. Est-ce vraiment la
bonne solution ?

- La situation est différente dans des pays comme l’Allemagne ou le Danemark, le bénéfice
est réel car l’électricité est massivement produite dans des centrales thermiques, à condition de
conserver ces centrales, ce qui est effectivement le cas.

La production d’électricité par l’éolien a le vent en poupe depuis quelques années, avec un
taux de progression à deux chiffres ses défenseurs se sentent pousser des ailes. Pour autant la
consommation d’énergies fossiles n’a pas baissé pour les pays les plus avancés dans cette
technologie et l’on entrevoit déjà un taux de développement qui va régresser.

- Nous n’évoquons pas les nuisances de l’éolien que certains mettent en avant, leur
appréciation n’est pas toujours objective. Il est quand même nécessaire de mentionner que 10 000
MW de puissance installée en éolien cela représente 4 000 turbines de 2,5 MW occupant environ 1
000 km2. Ces chiffres sont à comparer avec 6 tranches nucléaires de 1500 MW occupant 6 km2 et
produisant 50 TWh.

- Faut-il en conclure que seul le nucléaire est capable de compenser le déclin des énergies
fossiles, oui dans le contexte actuel, mais en partie seulement car l’électricité ne pourra pas
remplacer ces énergies dans toutes leurs utilisations.

- Entre la décision de construire une centrale électronucléaire et sa mise en service, il


s’écoule de nombreuses années, or si il y a urgence à réduire notre dégagement de GES il faut mettre
en œuvre rapidement notre baisse de consommation d’énergie primaire, c’est-à-dire les économies
d’énergie. Cela concerne évidemment, en premier lieu, tous les pays industrialisés.

- Les énergies renouvelables sont-elles une utopie ? En dehors de l’hydroélectricité, les


autres sources renouvelables pour la production d’électricité sont pour le moment dans l’épaisseur
du trait et condamnées à y rester pour certaines d’entre elles.

- Faut-il continuer les recherches sur les énergies renouvelables, oui bien sûr, en particulier
sur le solaire, la biomasse, mais ces sources resteront marginales.

- Alors ITER (1) et la fusion nucléaire ? Peut-être, mais en supposant que ça marche le
développement industriel est encore loin, plusieurs décennies.

- L'électronucléaire à fission nucléaire, celui de nos centrales, consomme de l’uranium qui


n’est pas inépuisable. Oui mais nous avons une technologie qui le rend inépuisable c’est celle du
surgénérateur que nous avons abandonnée (espérons le provisoirement) pour des raisons politiques.
Certes le prototype Super-Phoenix n’était pas sans défauts, mais son abandon nous a probablement
fait perdre plusieurs décennies dans la mise au point de cette technologie.

- Partant du constat que les réserves d’énergies fossiles sont limitées, même si on ne
connaît pas ces limites avec précision, il est nécessaire de prendre, dans les années qui viennent, des
dispositions afin de repousser aussi loin que possible ces limites. Cela implique de réserver la
consommation de ces ressources aux utilisations pour lesquelles elles sont indispensables, ce qui
n’élude pas les économies à mettre en œuvre.

- Nous pensons plus particulièrement aux pays émergents dépourvus de ressources


hydrauliques, pour lesquels, à part l’énergie solaire dans les utilisations domestiques, les énergies
fossiles resteront pour longtemps leurs principales ressources.

- Dans l’immédiat et en parallèle avec une réduction de consommation (à minima un arrêt


de la progression), les pays industrialisés n’ont pas d’autre choix que la construction de centrales
électronucléaires, ce qui permettra la substitution de techniques consommant des énergies fossiles
par des techniques consommant de l’électricité, à partir de technologies existantes ou à rechercher.

Les gaz à effet de serre en France, tentative de bilan

Logements et transports, mais aussi alimentation et loisirs : la plus grande partie

de nos activités génèrent des gaz à effet de serre.

La taxe carbone, qui devrait entrer en vigueur l'an prochain (2010), prévoit une taxation sur
toutes les énergies fossiles, proportionnelle à la quantité de carbone émise par leur combustion.
Ainsi, l'augmentation du prix du gaz sera inférieure à celle du fioul, celle de l'essence à celle du diesel.
Cette mesure vise donc à modifier les comportements dans le domaine des transports (limiter l'usage
de la voiture, en particulier pour les petites distances, favoriser les transports en commun...) et du
logement (diminuer la température d'intérieur, développer l'isolation...).

Ces deux domaines sont en effet les deux premiers postes d'émission de gaz carbonique en
France, avec respectivement 27 % et 24 % du total, devant l'industrie(20 %) et l'agriculture (14 %).
Mais si l'on considère l'ensemble des gaz contribuant à l'accroissement de l'effet de serre , en ne
s'arrêtant plus au seul gaz carbonique, l'ordre est bouleversé. C'est l'agriculture qui, cette fois, arrive
en tête avec 26% du total, devant le transport, le logement et l'industrie, se situant chacun aux
alentours de 20 %.

En quoi l'agriculture contribue-t-elle au réchauffement de la planète ? Il y a bien sûr la


consommation en fioul des quelques 2 millions de tracteurs que compte le pays, à l'origine de
l'émission de gaz carbonique. Mais il y a aussi et surtout les émissions de méthane liées à l'élevage.
On pourrait croire les flatulences émises par les ruminants, lors de la digestion, insignifiantes, à tort.
Avec 20 millions de bovins, l'élevage représente les deux tiers de l'émission de méthane en France. Et
pour nourrir ce cheptel, il faut des cultures, dont les engrais sont à l'origine du protoxyde d'azote,
autre gaz à effet de serre important. Si l'on y ajoute la consommation d'énergie nécessaire à
maintenir une chaîne du froid et transporter les produits, on arrive à une conclusion saugrenue : la
seule alimentation est responsable du tiers des émissions de gaz à effet de serre en France.

Est-il possible d'agir sur ce poste ? Certainement. Les experts ont pu calculer la quantité de gaz à
effet de serre émise par la production d'un kilogramme d'aliment. La gamme va de 0,1 kg
d'équivalent carbone (une unité de mesure qui s'applique à tous les gaz à effet de serre) pour la
farine à 10 kilogrammes pour le veau.

Est-ce à dire que la lutte contre le réchauffement climatique implique de devenir végétarien ?
Non. La volaille (0,5 kilogramme d'équivalent carbone) ou le porc (1 kilogramme) sont bien moins
émetteurs que la viande rouge (5 kg pour le

boeuf).

De plus les méthodes d'élevage peuvent être adaptées afin de limiter l'utilisation des engrais.
Mais il est douteux

que la seule taxe carbone suffise à induire de tels changements culturels.

Nicolas Chevassus pour CCAS-infos

Les gaz coupables !

Si l'effet de serre n'existait pas, la température moyenne sur Terre serait de -18 °C. Autant dire que
sa fonction d''isolateur de l'atmosphère est indispensable à la vie humaine. Cet effet de serre naturel
est assuré pour les trois quart par la vapeur d'eau et pour le quart restant par le gaz carbonique
[CO2), naturellement produit par les incendies ou les éruptions volcaniques.

Ces proportions deviennent très différentes si l'on considère non plus l'effet de serre naturel mais
son accroissement, lié à l'activité humaine. La vapeur d'eau ne joue plus aucun rôle cette fois, car les
quantités émises, par exemple pour le refroidissement des centrales énergétiques, sont insignifiantes
par rapport aux gigantesques masses que dégage l'évaporation des océans.

Le facteur principal de l'augmentation de l'effet de serre est le CO2. A l'heure de la taxe carbone,
plus personne ne l'ignore.

En revanche, on sait moins que quatre autres gaz sont à l'origine de près de 45 % de cette
augmentation. Le premier est le méthane, à hauteur de 15 %. Ses principales sources d'émission sont
l'agriculture, les décharges à ciel ouvert et les fuites lors de l'extraction du gaz naturel.

Le second est en fait une famille : celle des gaz fluorés, tel le CFC. La production du CFC et de ses
dérivés est aujourd'hui interdite du fait de son rôle bien établi dans la destruction de la couche
d'ozone. Mais les produits de remplacement, utilisés dans les réfrigérateurs et certains processus
industriels, participent à l'accroissement de l'effet de serre pour environ 10%.

Le troisième, à hauteur de 5%, est le protoxyde d'azote, plus connu sous le nom de gaz hilarant. Il
provient des engrais et de certains processus industriels.

Enfin l'ozone est à l'origine des émissions restantes mais son suivi est difficile à réaliser
techniquement, ce qui fait que l'on connaît moins bien son rôle.
Comment se fait-il que ces quatre gaz soient responsables de près de la moitié de l'accroissement
de l'effet de serre, alors qu'ils sont émis en quantités bien moindres que le CO2 ? Parce que leur
structure chimique fait qu'ils captent davantage la chaleur, leur conférant un pouvoir réchauffant
considérable : un kilogramme de méthane émis dans l'atmosphère est 25 fois plus réchauffant qu'un
kilogramme de CO2; un kilogramme de protoxyde d'azote 300 fois plus; un kilogramme de gaz fluoré
plusieurs milliers de fois plus. C'est la raison pour laquelle le méthane et le protoxyde d'azote sont
pris en compte dans les négociations internationales sur la lutte contre le réchauffement climatique...
même si l'on se focalise, sans doute un peu trop, sur le seul gaz carbonique.

Nicolas Chevassus pour CCAS-infos

La Loi NOME

L’objectif :

La loi Nome (pour Nouvelle organisation du marché de l'électricité) est la réponse française aux
critiques de Bruxelles qui devrait permettre au gouvernement de retarder la suppression du tarif
réglementé, tout en contentant la Commission européenne sur l’ouverture du marché à la
concurrence. Elle devrait en effet permettre aux concurrents d'EDF (GDF Suez, Poweo, Direct Energie,
E.ON, ENEL…) d'acheter d'importants volumes d'électricité nucléaire en base à prix coutant à EDF (34
euros le MWh selon les fournisseurs alternatifs, plus de 40 euros selon EDF, si l’on prend en compte
tous les coûts). EDF sera ainsi obligé de céder jusqu'à 100 térawattheures d'électricité nucléaire par
an à ses concurrents.

Pour ces derniers, il s’agirait d’une bouffée d'oxygène dans le contexte très rude du marché de
l'électricité actuel. Plombé par les mauvais payeurs, Poweo notamment est étranglé entre ses
investissements, et son incapacité à générer une marge positive entre son coût d'achat de
l'électricité et le prix auquel il le revend à ses clients. Avec la loi Nome, les fournisseurs d'électricité
alternatifs pourraient profiter de la légèreté de leur structure et de leurs coûts fixes pour proposer
des prix très compétitifs à leurs clients.

EDF perdrait ainsi virtuellement une partie de son monopole de fait d'exploitation des centrales
nucléaires en France, désormais mobilisées en partie au service de ses concurrents, et se verrait
obligée de partager le marché de détail.

Le texte de la Loi :

Article 1er

VI. – Le prix de l’électricité cédée en application du présent article entre Électricité de France et les
fournisseurs de consommateurs finals sur le territoire métropolitain continental est arrêté par les
ministres chargés de l’énergie et de l’économie, sur proposition de la Commission de régulation de
l’énergie (CRE). …..... Afin d’assurer une juste rémunération à Électricité de France, le prix est
représentatif des conditions économiques de production d’électricité par les centrales ... …. Il tient
compte :

- 1° D’une rémunération des capitaux prenant en compte la nature de l’activité ;

- 2° Des coûts d’exploitation ;

- 3° Des coûts des investissements de maintenance ou nécessaires à l’extension de la durée de


l’autorisation d’exploitation;
- 4° Des coûts prévisionnels liés aux charges pesant à long terme sur les exploitants d’installations
nucléaires de base mentionnées au I de l’article 20 de la loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 de
programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs.

Commentaires :

On note que ces critères d’appréciation ne prennent en compte que les seuls coûts, or EDF, comme
toute entreprise «privée» se doit de préserver sa capacité d’autofinancement, c'est-à-dire dégager
les capitaux nécessaires à son développement. C’est là que se situe le conflit sur la fixation du prix de
cession du MWh.

Officiellement, la loi Nome n'a pas pour objet la fixation des tarifs de l'électricité. Mais elle crée un
système inédit qui, sous le nom barbare d'Accès régulé au nucléaire historique (Arenh), va obliger
EDF à vendre jusqu'à un quart de la production de ses centrales nucléaires à ses concurrents: GDF
Suez, Poweo, Direct Energie, etc. L'idée est de faire profiter les nouveaux fournisseurs d'énergie, qui
ont du mal à trouver leur place sur ce marché, des bas coûts de production d'EDF.

Le prix de gros auquel EDF cédera son électricité à ses concurrents n'est cependant pas défini dans la
loi. Le texte indique seulement que ce prix doit être en cohérence avec un tarif spécifique aux
entreprises.

A l'horizon 2015, la loi devrait donc conduire à réévaluer les tarifs d'électricité pour les particuliers
d'environ 25%, indiquait l'autorité de régulation du secteur dans ses hypothèses de travail.

D'ici là, c'est le gouvernement qui continuera à fixer les tarifs et pourrait très bien décider de les
maintenir à un niveau moins élevé, ne permettant pas aux fournisseurs alternatifs de concurrencer
Electricité de France sur le marché résidentiel.

Dès 2015, la CRE sera chargée de fixer les tarifs d'électricité pour les particuliers et pourrait être
amenée à les réévaluer fortement pour permettre à la concurrence de se développer.

Le gouvernement pourra s'y opposer mais au risque de subir les foudres de la Commission
européenne, qui a poussé à la mise en place de cette réforme.

Conclusion :

La conclusion, nous la prenons dans un courrier adressé le 3 mai 2010 par Marcel Boiteux (Président
d'EDF de 1978 à 1987) à la commission Champsaur (Commission sur l’organisation du marché de
l’électricité, présidée par Paul Champsaur

« On avait ouvert l’électricité à la concurrence pour baisser les prix et il faudrait aujourd’hui les
élever pour permettre la concurrence ».

L'HYDRAULIQUE  FOURNIT  1/5e  DE  L'ELECTRICITE  DANS  LE 


MONDE

 
 

production mondiale d'énergie électrique

L’hydroélectricité dans le monde

Production d’électricité d’origine renouvelable, en 2006

source: AIE Production d’électricité, toutes origines,


en 2006

source: AIE
La production hydraulique représente plus de 50 % de l'électricité générée dans 61 pays, plus de 80
% dans 31 pays et près de 100 % dans 13 pays.

En Europe, l'hydraulique fournit environ 12 % de l'électricité, et en France près de 15%.

Dans le bilan énergétique mondial des énergies primaires, c’est-à-dire le total des énergies
consommées, l’hydroélectricité représente 6%.

Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous il y a de grandes disparités entre pays.

On remarque la place occupée par l’électricité, et particulièrement l’hydroélectricité, dans des pays
abondamment pourvus comme le Brésil, le Canada ou la Suisse. Les deux géants que sont la Chine et
l’Inde possèdent un potentiel de développement très important.

situation en 2004 rapport hydroélectricité / rapport hydroélectricité / total


énergies primaires électricité
Danemark 0% 0%
Allemagne 2% 5%
USA 3% 7%
Japon 4% 9%
Inde 5% 13%
Chine 6% 15%
Espagne 6% 13%
France 7% 14%
Canada 25% 60%
Suisse 28% 55%
Brésil 38%  
Union européenne 4% 12%
Amérique centrale et du sud  
Potentiel et perspectives de développement dans le Monde

L'énergie hydraulique a joué dans le passé un rôle essentiel dans le développement industriel de
nombreux pays, dont la France.

Aujourd'hui encore, le potentiel hydraulique économiquement réalisable permettrait une production


annuelle d'électricité de 7200 TWh, soit près de 3 fois supérieure à ce qui est en service, production
qui serait atteinte vers les années 2020 si la croissance se poursuivait au rythme actuel, hypothèse
peu probable, car les ressources à mettre en exploitation sont de moins en moins accessibles et les
contraintes environnementales de plus en plus sévères.

Le potentiel hydraulique techniquement réalisable dans le monde est considérable. Encore faut-il
que l'électricité produite ait des clients, et qu'elle puisse leur être amenée à un coût compétitif avec
les autres formes d'énergie. On est donc amené à distinguer entre le "techniquement faisable" et
l'"économiquement faisable" dans les conditions actuelles :

Potentiel Techniquement faisable (TWh/an) Economiquement


faisable
(TWh/an)
Amérique du Nord et Centrale 1660 1000
Amérique du Sud 2665 1600
Asie 6800 3600
Afrique 1700 10

On constate qu'il y a un écart important entre ce qui est techniquement faisable et ce qui l'est
économiquement. Cet écart peut être dû soit aux inconvénients de tel ou tel aménagement, au coût
trop élevé d'un ouvrage, à l'absence de clients à proximité, ou aux difficultés de financement, quelles
qu'en soient les raisons (instabilité politique de la région, politique des institutions financières, etc.).

Le potentiel "économiquement faisable" est cependant considérable, environ le triple de la


production actuelle en Amérique du Sud, près de cinq fois en Asie, et plus de 13 fois en Afrique. Il est
par contre quasi nul en Europe, et limité en Amérique du Nord et Centrale.

Dans les années à venir, nous assisterons à une raréfaction croissante des sources d’énergie fossiles,
le pétrole en premier lieu. En outre il est devenu urgent de réduire les émissions de gaz à effet de
serre, dont la combustion des ressources fossiles est la principale cause. Ainsi des ressources
hydrauliques, qui actuellement ne sont pas considérées économiquement exploitables, pourraient
rapidement le devenir.

En ce début du XXIe siècle, aux Etats-Unis l’énergie électrique moyenne consommée par habitant est
dix fois supérieure à celle de la Chine et près de vingt fois celle d’un habitant de l’Inde. On voit quel
enjeu représente l’énergie dans un monde où les pays les plus peuplés ne sont encore qu’au début
de leur développement (on peut souhaiter que ce développement pourra se réaliser sur un module
différent de celui des USA ??).
L’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique présentent un énorme potentiel hydroélectrique utilisable,
c’est un atout pour ces pays.

SYSTEMES d'UNITES

Pour aborder l’hydrostatique et l’hydrodynamique nous devons choisir des unités de mesure, mais
lesquelles ?

Les plus anciens, parmi nous, ont connu trois systèmes d’unités et même un quatrième, qui ont
cohabité jusqu’en 1961. Nous allons les revoir brièvement pour mémoire, puis nous les oublierons…
définitivement ?

relations avec
le
SYSTEME unité de nom de l'unité définition Système
International
     
1kg = 1kgp/9,81 =
MKS masse kilogramme
0,102kgp
 
force qui appliquée à une
masse de 1 kg lui
mètre communique une
kilogramme/poids 1 kgp =
   kilogramme force accélération de 9,81m/s2,
nous avons force=poids 9,81 N
  seconde soit l'accélération donnée
par la gravité terrestre
(pesanteur)
travail fourni par 1kgp qui
kilogrammètre déplace son point 1kgm =
travail
créé en 1795, basé kgm d'application de 1m dans sa 9,81 J
sur le système métrique, c'était le direction
premier système d'unités puissance délivrée par un 1kgm/s=9,8
puissance kgm par seconde
international travail de 1kgm par seconde 1W
force de 1kgp appliquée sur 1kgp/m² =
pression kgp/m2
1m² 9,81 Pa
     

CGS masse gramme    


force qui déplace une masse
centimètre de 1 gramme avec une
1 dyne=10-5
gramme force dyne accélération de 1cm par
N
seconde seconde à la seconde
(1cm/s2)
travail fourni par 1 dyne qui
créé en 1881 et adopté par les travail ou déplace son point
erg 1 erg=10-7 J
physiciens énergie d'application de 1cm dans sa
direction
puissance délivrée par un 1 erg/s=10-7
  puissance erg/s
travail de 1 erg par seconde W
1barye=10-1
barye force de 1 dyne appliquée Pa
pression
sur une surface de 1cm² 1millibar=1
  3
millibar 1 millibar = 10 barye 00Pa
multiples
bar 1 bar = 106 barye 1 bar=105
Pa
     

MTS masse tonne    


force qui déplace une masse
mètre
de 1 tonne avec une 1 sthène=
tonne  force sthène
accélération de 1m par 103 N
     seconde
seconde à la seconde (1m/s²)
    travail fourni par une
force de 1 sthène qui
créé en 1919 et  1 kJ = 103
 travail  kilojoule    kJ déplace son point
destiné à l'industrie J
d'application de 1 m dans sa
propre direction
    puissance délivrée par un  1 kW = 103
   puissance  kilowatt     kW
travail de 1 kJ par seconde W
 force de 1sthène
 1 pz = 103
   pression  pièze        pz uniformément appliquée à
Pa
une surface de 1 m2
1 hpz = 103
  multiple hectopièze   hpz    1 hpz = 100 pièze hPa            
= 1 bar
     

MKSA masse kilogramme   kg    


mètre force qui déplace une masse
    kilogramme seconde force   newton      N de 1kg avec une accélération  
ampère de 1m/s²
travail fourni par une force
de 1 N qui déplace son point
 créé en 1946 travail   joule          J  
d'application de 1m dans sa
propre direction
puissance délivrée par un
  puissance   watt             W  
travail de 1 J par seconde
  multiples  hectowatt  hW    
 kilowatt     kW  1 hW = 100 W(tombé en
 megawatt  MW désuétude)
 gigawatt    GW  1 kW = 1 000 W
 terawatt     TW  1 MW = 1 000 kW
 1 GW = 1 000 MW = 106
kW
 1 TW = 1 000 GW = 109
kW
 
 1 Wh = 3 600 J = énergie
  énergie  watt/heure  Wh fournie par 1 W pendant 1  
heure
 1 kWh = 1 000 Wh
 1 MWh = 1 000 kWh
 1 GWh = 1 000 MWh =
  multiples    
106kWh
 1 TWh = 1 000 GWh =
109kWh
 force de 1 N uniformément
  pression   pascal         Pa appliquée à une surface de  
1m2
  multiples                    hPa  1 hPa = 100Pa  
                       MPa  1MPa = 106Pa  
     
le Système International, adopté en 1961, il reprend les
SI unités du MKSA

le SI introduit l'unité de masse volumique: kg par m3


1 kg/m3  = masse volumique d'un corps homogène dont la masse est de 1kg et le volume de 1m3
et redéfinit le pascal :

Unités de pression : le pascal 1 Pa = pression uniforme qui agissant sur une surface plane de 1 m2,
exerce perpendiculairement à cette surface

une force totale de 1 N .

On peut rappeler deux unités inclassables, très usitées dans le passé, l’atmosphère et le cheval-
vapeur.

L’atmosphère ainsi nommée par analogie avec la pression atmosphérique, au niveau de la mer.

L’atmosphère correspond au poids d’une colonne de mercure de 1cm2 de section et de 760 mm de


hauteur, soit :1033,6 grammes, l’accélération à laquelle est soumise la masse de mercure est de
9,81m/s2 , comme dans le vieux système MKS.

Cette unité de pression était utilisée dans le monde des chaudières à vapeur et par les sous-
mariniers, sa valeur étant proche de la pression exercée par un palier de 10m de profondeur dans
l’eau.

Traduite dans le système M.K.S.A. : 1 atmosphère correspond à : 1,0336 x 9,81= 101 300 Pa = 1,013
bar

et 1 millibar = 760 : 1 013 = 0,75mm de hauteur de mercure.

Le mm de Hg est l’unité de mesure de la pression sanguine, 1mm de Hg = 133,33 Pa

Le cheval (ch) ou cheval-vapeur (CV) est basé sur la valeur empirique de 75 kg. C’était la puissance
développée par un cheval hissant verticalement une masse de 75 kg à la vitesse de 1m/s.

Relation avec le système M.K.S.A, sachant que 1 kgp = 9,81 N : 1 ch = 75 x 9,81 N par s = 736 W ou
0,736 kW

Normalement proscrite cette unité est toujours utilisée dans le monde de l’automobile, y compris
officiellement par l’Administration.
HYDROSTATIQUE

– C’est la science qui étudie les liquides au repos.

- Propriétés fondamentales des liquides :

- la fluidité les distingue des solides

- l’incompressibilité les différencie des gaz.

- Notion de pression : c’est la force qui s’exerce par unité de surface.

- Pression dans les liquides : tout liquide exerce une pression sur les parois qui le contiennent. Cette
pression est perpendiculaire à la paroi, elle augmente au fur et à mesure que l’on descend au
dessous de la surface libre. De même toute surface située à l’intérieur d’un liquide est soumise à une
pression qui s’exerce perpendiculairement à cette surface.

- Calcul de la pression sur une paroi plane en un point situé à une distance verticale de 10 mètres
sous la surface de l’eau :

° masse volumique de l’eau : 1 000kg/m3 ou 1kg/dm3 , masse d’une colonne d’eau de 10m de
hauteur et de 1cm2 de section, soit 1 000cm3=1dm3 : 1kg

° force exercée par le poids de cette colonne d’eau de 1cm2 de section : 1kg x 9,81 = 9,81 N ce qui
donne une pression exprimée en pascal/m2 : 9,81 N x 10 000cm2 = 98 100 Pa ou en bar/cm2 : 98
100 x 10-5 = 0,981 bar

- Calcul de la pression sur une paroi plane en un point situé à une distance verticale de h mètres sous
la surface de l’eau :

P Pa/m2 = h : 10 x 9,81 x 104 ou P bar/cm2 = h : 10 x 0,981

cette pression s’applique perpendiculairement à la paroi

Remarque : si notre récipient est à l’air libre, la pression atmosphérique s’exerce sur l’eau et sur les
parois du récipient et de ce fait s’annule. Si la face libre de la paroi est sous vide, l’autre face
supportera la pression du liquide augmentée de la pression atmosphérique.

- Principe fondamental : dans un liquide en équilibre, deux points pris à l’intérieur et situés à des
profondeurs différentes affichent une différence de pression proportionnelle à la distance verticale
qui les sépare.

Conséquences :

- la surface libre des liquides est horizontale

- les surfaces au même niveau dans les vases communicants supportent les mêmes pressions
- dans l’eau, la pression augmente de 0,981 bar/cm2 tous les 10 m de profondeur, ou de 98,1
millibars par mètre.

- Force exercée sur une surface plane de S m2 : F en N = S m2 ( hg : 10 x 9,81 x 104 )

hg = distance verticale en mètres qui sépare la surface libre du centre de gravité de la paroi
considérée.

Cette force est répartie autour d’un centre de poussée.

Si la paroi est horizontale, centre de gravité et centre de poussée sont confondus.

ci-dessous: Si la paroi est latérale, le centre de poussée est toujours situé au dessous du centre de
gravité.
Application : calcul de la poussée exercée sur un barrage de surface rectangulaire et de
dimensions : hauteur 50m, longueur 100m, en supposant que le niveau de l’eau est au maximum.

Surface du barrage : 50 x 100 = 5 000m2, position du centre de gravité 50 : 2 = 25m de profondeur

Pression exercée à cette côte : P = 25 : 10 x 9,81 x 104 = 245 250 Pa/m2

Poussée subie par le barrage : F = 245 250 x 5 000 = 1 226 250 000 N

soit une poussée correspondant à une masse de : 1 226 250 000 N : (9,81 x 1 000) = 125 000 tonnes.

Dans le prochain chapitre, les Barrages, nous décrivons les différentes techniques utilisées pour la
construction de ces ouvrages.

Nous venons de le voir, dans l’exemple ci-dessus, un barrage doit contenir la poussée de l’eau. Le
plus simple de ces ouvrages consiste en une muraille qui s’oppose à cette poussée par son propre
poids, c’est ce que l’on nomme un barrage-poids, construit en maçonnerie de moellons ou en béton.

Cette caractéristique seule n'est pas suffisante pour la stabilité de l'ouvrage, en effet si cette muraille,
même énormément lourde, est fondée sur une base « glissante » il est très probable que le barrage
ne va pas rester en place (dans ce type d’ouvrage les ancrages latéraux dans les rives ne contribuent
guère à la stabilité du barrage), l'ouvrage doit satisfaire à une deuxième condition : un ancrage dans
un rocher solide qui empêche le glissement.

Enfin une troisième condition s'impose : éviter au maximum les infiltrations d’eau entre l’ouvrage et
le rocher, mais il est pratiquement impossible de les éliminer à 100%, il est donc impératif de les
contrôler et de leur ménager une sortie vers l’aval. Des infiltrations qui ne peuvent s’écouler
librement entraînent des sous-pressions qui génèrent une poussée verticale, opposée au poids du
barrage.
En résumé, en considérant que l’ancrage des fondations est solide, la stabilité d’un barrage-poids
doit tenir compte des moments créés par trois forces : W le poids de l’ouvrage, P la poussée de la
masse d’eau et C les éventuelles sous-pressions, un bon dosage entre ces trois forces évitera son
glissement et (ou) son basculement autour de M !!!

Hydrodynamique (Notions de physique)

HYDRODYNAMIQUE

Science d’études des liquides en mouvement, en particulier de l’eau pour ce qui nous concerne.

Energie potentielle, ou énergie de pression :

c’est une énergie en réserve, proportionnelle au poids d’eau emmagasinée et à son altitude.

En valeur absolue elle correspond au travail qui sera fourni par cette eau en passant de cette altitude
au niveau de la mer.

Energie potentielle = masse volumique x volume x hauteur x g

Ep en J = masse volumique en kg/m3 x volume en m3 x hauteur en m x 9,81m/s2

Ep en kJ = masse volumique en t/m3 x volume en m3 x h en m x 9,81


Exemple : 100 000m3 d’eau pouvant chuter d’une hauteur de 100m représentent une énergie
potentielle de :

1t x 100 000m3 x 100m x 9,81 = 98 100 000 kJ ou 98 100 000 : 3 600 = 27 250 kWh

2e exemple : un cours d’eau offre un débit moyen turbinable de 10m3 par seconde, sur une durée de
8 000h par an, une hauteur de chute de 10m peut-être aménagée, l’énergie potentielle de cette
installation représente sur 1 an :

1 x 10 x 10 x 9,81 x 8 000 = 7 848 000 kWh ou 7,848 GWh

Energie cinétique, ou énergie de vitesse :

C’est l’expression du travail qui peut être fourni par une masse d’eau animée d’une certaine vitesse,
elle se calcule par la formule: Ec = ½ m v2

Cette masse d’eau est mise en mouvement, et acquiert une vitesse, par suite d’une dénivellation.

La vitesse obtenue est proportionnelle à la racine carrée de cette dénivellation h :

V=√2gh

Loi de conservation de l’énergie : une masse d’eau située à une hauteur h possède une énergie
potentielle, tandis que son énergie cinétique est nulle. Si on laisse tomber en chute libre, cette masse
d’eau, l’énergie potentielle se transforme en énergie cinétique qui atteindra sa valeur maximale avec
h = 0, parallèlement l’énergie potentielle sera annulée.

On retrouve là le principe de Lavoisier : rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

Les installations hydroélectriques ont pour but, en créant une dénivellation, par un barrage,
d’accumuler une masse d’eau dont l’énergie potentielle sera successivement transformée :

en énergie cinétique, partiellement ou en totalité selon le type d’aménagement et de turbine,


(voir le chapitre turbines),

en énergie mécanique dans la turbine

en énergie électrique avec l’alternateur entraîné par la turbine.

En réalité cette chaîne n’est pas parfaite et des pertes d’énergie vont s’accumuler à chaque étape :
pertes en charge dans les conduites d’eau, perte de rendement dans la turbine, pertes dans
l’alternateur, au final un rendement global de 80% peut être considéré comme bon, quel autre
générateur d’énergie peut afficher un tel résultat ?
Exemple : on dispose d’une arrivée d’eau de 100m3 par seconde (soit une masse de 100 tonnes) et
d’une hauteur de chute de 50m,

· calcul de la vitesse en bas de la chute : v = √ 2 x 9,81 x 50 = 31,32 m/s

· calcul de l’énergie cinétique correspondante : E = ½ x 100 x(31,32)2 = 49 050 kJ par seconde, soit
une puissance théorique de 49 050 kW à laquelle on peut appliquer notre rendement global de 0,8 et
dire que notre alternateur pourra fournir une puissance électrique de : 49 050 x 0,8 = 39 240 kW

Au terme de ces calculs, on se rend compte qu’il est inutile de passer par le calcul de la vitesse de
l’eau si l’on veut uniquement déterminer la puissance d’une chute, dès lors que l’on connaît son
débit par seconde.

La puissance d’une chute d’eau est donnée par la simple formule:

P en kW = Qm3 par s x h en m x 9,81

Il nous semble intéressant de donner ici ce que représente une énergie de 1 kWh en
hydroélectricité :

· 1 kWh c’est, approximativement, l’énergie fournie par 10m3 d’eau chutant de 50m

· 1 kWh c’est, approximativement, l’énergie fournie par 500 litres d’eau chutant de 1 000m

A titre de comparaison, un coureur cycliste engagé dans le Tour de France, et terminant la boucle,
aura fournit sur ses pédales, à son arrivée à Paris, une énergie de....15 à 20 kWh.

Remarque : l’eau qui coule dans une rivière n’offre quasiment pas d’énergie potentielle mais
représente une énergie cinétique que l’on qualifie de fatale. En effet que cette énergie soit captée ou
ignorée, elle se dissipera dans son parcours jusqu’à la mer.

Qu’est-ce qu’un barrage ?


Depuis des millénaires, dans toutes les civilisations, l’homme a cherché à domestiquer l’eau par des
dérivations, des canaux, des barrages pour la conserver, l’utiliser ou s’en protéger en période de
crue.

Un barrage est un ouvrage artificiel qui coupe un cours d’eau afin d’en relever le niveau pour créer
une chute ou un réservoir.

A quoi sert un barrage ?

A créer un réservoir pour le stockage d’un grand volume d’eau, que l’on appelle la capacité. Cette
capacité se mesure généralement en millions de m3 également nommé : hectomètre/cube (hm3 ),
en milliards de m3 pour les très grands réservoirs, ou kilomètre/cube (km3).

La justification d’un barrage réside dans les différentes utilisations de la capacité du réservoir :

Irrigation de terres cultivées

Production d’énergie dans une centrale électrique

Alimentation en eau potable des collectivités

Contrôle des crues et des débits d’étiage

Dérivation de l’eau dans un canal

Utilisation touristique et sportive du plan d’eau

Lutte contre les incendies, etc…

On dénombre 40 000 barrages, de plus de 15m de hauteur, dans la Monde dont la moitié pour la
seule Chine et 5% en Inde. Sur les 10 000 barrages recensés en Asie, hors Chine, les 2/3 sont
uniquement à usage agricole.

Fréquemment la construction des barrages répond simultanément à plusieurs des fonctions


énumérées ci-dessus, ce qui peut conduire à une concurrence entre les usages.

La décision de construire un barrage fait suite à la définition de son utilité. Le choix de son
emplacement doit prendre en compte de nombreux critères :

De bonnes conditions topographiques

De bonnes conditions géologiques

De bonnes conditions hydrologiques

Sur ces conditions viennent se greffer les contraintes humaines et patrimoniales, les contraintes
environnementales, l’ensemble étant coiffé par l’aspect financier.

On constate que construire un barrage est extrêmement complexe, d’autant que tous ces facteurs,
l’utilité de l’ouvrage, les conditions géophysiques, les contraintes sociétales et environnementales,
les conditions financières, ne sont pas isolés les uns des autres mais interfèrent entre eux. C’est
pourquoi la réalisation de chaque aménagement se révèle une œuvre unique, apportant sa
contribution à une grande histoire qui se continue de projet en projet.

Depuis une dizaine d’années, le développement de nouveaux barrages, en France et en Europe (sauf
en Espagne) s’est considérablement ralenti ; il n’en va pas de même dans le reste du monde et plus
particulièrement dans les pays en voie de développement.

Comment fonctionne un barrage?

Les barrages résistent à la poussée de l’eau. Cette poussée, à laquelle le barrage doit résister, dépend
de la hauteur d’eau accumulée et de la largeur de la vallée barrée et non, comme on pourrait le
penser, de la longueur ou du volume du lac (voir chapitre notions de physique).

Les barrages hydroélectriques ne sont pas différents des barrages construits pour d'autres fonctions :
irrigation, contrôle des crues, alimentation en eau des canaux de navigation, des villes ou des
industries, plans d’eau, de loisirs.

Un barrage ne fonctionne pas sans un certain nombre d’ouvrages annexes qui se présentent sous de
nombreuses formes et dont l’utilité peut se résumer à trois fonctions :

Organes de vidange de fond

Organes de prise d’eau

Organes de contrôle des crues

La centrale hydroélectrique est quelquefois intégrée au barrage, mais il ne s’agit plus d’un ouvrage
annexe !

L’optimisation de l’ensemble, barrage, ouvrages annexes, éventuellement usine, peut alors conduire
à donner au barrage des formes différentes de celles qu’il aurait eues s’il avait été implanté seul sur
le même site.

Différents types de barrages

Il existe deux grandes familles de barrages : les barrages-poids et les barrages-voûtes.

Les barrages hydro-électriques français étaient presque tous du type poids dans la première partie
du XXème siècle ; puis les voûtes se sont imposées, relayées par les barrages en remblai qui
s’accommodent des sites négligés jusqu’alors à cause de la médiocrité de leurs fondations et devenus
plus économiques avec le développement des gros engins de terrassement.

Les barrages-poids :

La conception la plus simple consiste à donner au barrage un poids tel qu’il équilibre la poussée de
l’eau. Les ouvrages construits depuis la plus haute antiquité jusque vers le XIXe ont tous été
construits sur ce principe à de très rares exceptions près.
Dans cette catégorie d’ouvrages, on trouve différentes technologies :

 Les barrages-poids en béton (en maçonnerie de moellons jusqu’au début du


XXe)  qui s’appuient entièrement sur le sol de la fondation. Ce sol doit être
particulièrement résistant, puisqu’il va encaisser toute la poussée de l’eau
retenue. Ce type d’ouvrage nécessite d’énormes quantités de béton.
ci-contre: 6 millions de m 3 de béton pour le barrage de Grande Dixence, en
Suisse (c'est le plus haut du monde dans ce type de barrage).
 Les barrages-poids en béton compacté au rouleau (BCR), apparus au
début des années 60. La mise en œuvre des matériaux s'apparente à la
construction des digues en terre, par couches successives, mais le matériau
utilisé est un béton faiblement dosé, en ciment et en eau.

Les barrages-poids à contreforts, en augmentant l’empattement de la base des barrages-poids, on


peut les évider en partie, ce qui conduit aux barrages à contreforts. Cette conception, outre qu’elle se
traduit par une économie substantielle de béton, permet une meilleure surveillance des fondations
et réduit les éventuelles sous-pressions qui pourraient apparaître.

Les barrages à voûtes multiples qui sont une évolution du barrage à contreforts, où ces derniers
peuvent être très espacés. Chaque intervalle est fermé par une voûte qui transmet sa poussée aux
contreforts. Cette disposition permet une grande économie de béton. C’est une construction
modulaire qui peut se reproduire sur de grandes longueurs.
ci-contre: vue en coupe d'un barrage à voûtes multiples.

Les barrages à contreforts et à voûtes multiples sont peu nombreux.

Les barrages mobiles sont des barrages à contreforts implantés en rivière, dont les intervalles sont
fermés par des vannes métalliques qui maintiennent le niveau du plan d’eau amont et peuvent
s’ouvrir largement pour laisser passer les crues.

En France, les barrages mobiles ont été construits particulièrement entre 1950 et 1980, époque de
l’aménagement du Rhin et du Rhône, aujourd’hui terminé.

Les digues ou barrages en remblai, dans le principe on peut les assimiler à des barrages-poids. Ce
sont des digues de terre ou d’enrochement, s’accommodant de fondations relativement
déformables. Ce type d'ouvrages présente de nombreuses variantes, de la plus simple à la plus
sophistiquée :

La digue en terre compactée, plus ou mois étanche, c’est la levée des canaux ou des rivières.

La digue en terre compactée étanche, protégée par un enrochement contre l’érosion et les
débordements.

La digue en remblai avec masque amont assurant l’étanchéité, ce masque peut être constitué de
béton ou de béton bitumineux, la protection contre les débordements est réalisée par un
enrochement aval ou par un ouvrage annexe : l’évacuateur de crues.

La digue en remblai avec noyau étanche, dans ce cas le remblai est constitué de matériaux
perméables : soit mélange de terre et de sable, soit roches de calibre approprié. Les deux parements
de l’ouvrage sont protégés par des roches de grandes dimensions. Le noyau étanche peut être
constitué d’argile compactée ou d’un voile de béton plastique. Le barrage est protégé des
débordements par un évacuateur de crues, intégré à l’ouvrage ou construit séparément.

Lorsque ce type d'ouvrage est fondé sur une base perméable (lit d'une rivière), le noyau étanche est
prolongé en profondeur jusqu'au bon sol.

ci-dessus: vue en coupe, digue avec noyau étanche en argile compactée. L'écran étanche dans le lit
de la rivière est obtenu par injection d'un mélange de ciment et d'argile et cela jusqu'à la rencontre
du bon sol, ici à plus de 100m de profondeur.

Levée : remblai formant digue, élevé parallèlement à un cours d'eau ou un canal.

Evacuateur de crues: organe de sûreté intégré au barrage, ou à proximité. Il permet d’évacuer les
apports d’eau au delà de la côte maximum.

Parement : les faces amont et aval d'un barrage.

Barrages-voûtes

En forme d’arc convexe,ces ouvrages s’appuient en grande partie sur les parois latérales rocheuses
auxquelles ils transmettent la poussée des eaux retenues. Le rocher de fondation doit alors être assez
résistant pour supporter des charges plus concentrées que dans le cas des autres types de barrages.
Les barrages-voûtes sont eux aussi plus économiques que les barrages-poids.

Ce type de barrage est utilisé dans les vallées étranglées, pour des largeurs de barrage ne dépassant
pas 6 fois la hauteur.

Le barrage-voûte présente également plusieurs variantes :

Le barrage-voûte poids, dans lequel la base est plus épaisse, souvent la centrale hydroélectrique y
est incorporée.

ci-contre: vue en coupe, avec centrale incorporée.

ci-dessous: vue en coupe, avec centrale intégrée.

 Le barrage en voûte épaisse.


   ci-dessous: vue en coupe

 Le barrage en voûte mince,à double courbure


   ci-dessous: vue en coupe

La conception d’un barrage voûte nécessite des calculs très élaborés, la voûte peut-être
cylindrique, c’est-à-dire à rayon constant, elle peut-être à rayon variable, à angle d’ouverture
constant ou variable.
voûte cylindrique

voûte à rayon variable


Tous ces types de barrages se rencontrent dans les aménagements hydro-électriques. La réalisation
d’un ouvrage peut également associer plusieurs types différents, par exemple : voûte et poids à
contreforts, barrage en remblai et barrage-poids, digue et barrage mobile.

Sur un ensemble voisin de 450 unités, on compte actuellement en France près de 300 barrages
hydroélectriques. Depuis le début du XXème siècle, le nombre de barrages hydroélectriques mis en
service au cours de chaque décennie a d’abord augmenté pour culminer à 65 unités environ dans les
années 1950, témoignant du grand effort d’équipement qui a suivi la deuxième guerre mondiale.

L’histoire des grands barrages français du XXe siècle reste marquée par deux personnalités: Albert
CAQUOT(1881-1976), éminent théoricien, et André COYNE (1891-1960), praticien inégalé qui signa,
de 1930 à 1960, avec son associé Jean BELLIER, une centaine de barrages, parmi les plus importants
et les plus originaux, et sut former des disciples renouvelant et prolongeant son oeuvre (fondé en
1947, le bureau d’études Coyne et Bellier a conçu plus de 200 ouvrages à travers le monde).

Les turbines modernes

Il existe une grande diversité de centrales hydrauliques selon les caractéristiques du cours
d’eau, du relief, de hauteur de la chute d’eau :

– sites de montagne avec un dénivelé important et un débit faible ;

– centrales de moyennes chutes avec un débit plus fort ;

– usines au fil de l’eau, avec un dénivelé faible (10-15 m) mais un débit très important
comme sur les grands cours d’eau (Rhin, Rhône, Isère, Durance…) ;

– stations de transfert d’énergie par pompage, turbinant vers l’aval aux heures de forte
consommation et pompant l’eau vers l’amont aux heures creuses ;

– usine marémotrice, comme celle de la Rance en Ille-et-Vilaine, turbinant le flux des marées.

En fonction de ces caractéristiques, haute, moyenne ou basse chute, on utilise


respectivement trois types principaux de turbine : Pelton, Francis ou Kaplan.

- hautes chutes >200m : turbine PELTON


- moyennes chutes >30m-300m< : turbine FRANCIS

- basses chutes <30m : turbine KAPLAN

C’est une répartition très théorique, le débit d’eau disponible intervient également dans le
choix. Ainsi une turbine Pelton peut-être installée sous une chute de quelques dizaines de mètres et
à l’inverse la turbine Francis équipe des chutes bien au-delà de 300m.

Quel que soit le modèle de turbine utilisée pour la production d’électricité, ces machines
fonctionnent à vitesse constante. Cette vitesse est fixée par les caractéristiques du couple turbo-
alternateur, ces données sont décrites au chapitre alternateur.

La turbine PELTON

C’est à l’Ingénieur des Mines américain Lester Allen PELTON que l’on doit l’amélioration décisive de
l’antique roue à impulsion, à augets en forme de cuillère. Dans les années 1870, Pelton constate une
efficacité accrue avec un jet d’eau qui frappe la cuillère sur une arête, au lieu du fond. En 1878, il met
au point un auget à double cuillère, le jet d’eau arrive sur l’arête entre les deux cuillères, se sépare
en deux et, se renversant de 180°, transmet une quantité d’énergie beaucoup plus grande.

Deux améliorations importantes viendront s’ajouter pour parvenir à la configuration définitive : le


distributeur, ou injecteur, et le déflecteur.

la roue Pelton
schéma d'un injecteur

L’injecteur comporte une buse et un pointeau, il a pour rôle d’ajuster le débit du jet d’eau en
fonction de la puissance que doit fournir la turbine. L’eau s’écoule par l’espace annulaire entre buse
et pointeau sous forme d’un jet parfaitement cylindrique, quel que soit son diamètre. C’est un vérin
hydraulique (cela pouvait être une commande manuelle dans les plus anciennes installations) qui
assure le déplacement du pointeau, la manœuvre doit être relativement lente afin d’éviter les coups
de béliers dans la conduite forcée, ce qui pourrait entraîner de graves dommages. C’est ici
qu’intervient le déflecteur, en effet en cas de perte de charge brutale il est nécessaire de pouvoir
stopper rapidement l’impact du (des) jet (s) d’eau sur les augets de la turbine pour éviter son
emballement. Le déflecteur, qui peut-être manœuvré rapidement, vient "mordre" le jet et le dévier
de sa trajectoire normale.

Pour utiliser des débits importants une turbine Pelton peut recevoir jusqu’à six injecteurs, à
partir de trois injecteurs on adopte une disposition à axe vertical, cela compense une légère perte de
rendement. Le meilleur rendement est obtenu avec un seul jet par roue, en montant éventuellement
plusieurs roues sur le même arbre, dans cette configuration l’axe est horizontal, mais ce n’est pas
très économique en terme d’investissement. Une disposition intéressante consiste à monter, sur le
même arbre horizontal un alternateur entre deux roues Pelton.
La turbine Pelton présente un rendement supérieur à  80% pour des débits d’eau compris
entre 25% et 100% .Son domaine d’utilisation ce sont les faibles débits (Q<10m3/s) et les
hautes chutes jusqu’à une hauteur… illimitée, si ce n’est par la résistance des matériels,
certaines installations dépassent les 1000m de hauteur de chute, le record est de 1883
mètres (centrale de Bieudron, en Suisse).
ci-contre:
Pelton de forte puissance, en travaux de maintenance, remarquez les cinq injecteurs

La turbine Pelton est dite à impulsion ou à action, c’est par l’énergie cinétique du jet
d’eau sur les augets que la roue est mise en rotation.
Cette énergie cinétique se forme dans la chute d’eau par la transformation de l’énergie
potentielle, l’injecteur à pour but de donner à l’eau sa vitesse maximum, donc son énergie
cinétique maximum.

La vitesse de l'eau en sortie de l’injecteur est donnée par la formule :

elle ne dépend que de la hauteur de chute.


exemple: pour une hauteur de chute de 600m, l'eau sort à une vitesse de 108,5 m/s soit :
390 kmh
La vitesse de rotation de la roue (1) est approximativement égale à la moitié de la vitesse de

l'eau à la sortie de l'injecteur, soit

Dans cette situation, l'énergie cinétique de l'eau est entièrement transmise à la roue, la vitesse de
l'eau devenant quasiment nulle en quittant les augets. On peut en déduire que la vitesse de rotation
de la turbine Pelton est importante, jusqu'à 1500 tours par minute pour les plus petites.

La turbine Pelton ne dispose pas de diffuseur (ou aspirateur) en sortie d’eau, celle-ci s’écoule
librement à la pression atmosphérique.

Les turbines Pelton couvrent une large gamme de puissances, les roues ont un diamètre compris
entre 0,6m et 5m pour les plus grandes : 400 MW de puissance unitaire pour la centrale de Bieudron
(Grande Dixence / Suisse).

(1) il s’agit de la vitesse circonférentielle de la roue, cette circonférence, qui est tangente à l’axe du
jet, conditionne le nombre d’augets, elle est calculée de telle sorte que la vitesse angulaire soit
conforme aux caractéristiques de l’alternateur.
ci-dessus: alternateur de 60 MW monté entre deux turbines Pelton, à deux injecteurs, on remarque,
sur la droite au dessus du capot de la turbine, la conduite d'alimentation de l'injecteur supérieur
surmontée par le vérin du pointeau, au premier plan, à droite, l'alternateur pilote en bout d'arbre de
la turbine.

Les turbines FRANCIS

Pour décrire ce type de turbine qui est le plus répandu dans le monde, nous allons revenir
brièvement sur la turbine de l’ingénieur français FOURNEYRON, dont nous avons déjà parlé au
chapitre Naissance des turbines.

En 1843 une première turbine Fourneyron était installée aux Etats-Unis, c’était une machine
centrifuge, c’est-à-dire avec alimentation axiale et écoulement de l’intérieur vers la périphérie, le
rotor entourant le diffuseur. Le rendement de cette turbine atteignait 80% et la puissance 3700 kW
en 1895.

Dès 1838, un américain Samuel B. Howd avait pris un brevet, resté sans suite, pour une machine
fonctionnant en centripète, c’est-à-dire avec alimentation radiale et écoulement par l’intérieur.
C’est un ingénieur anglais, James Bichens FRANCIS, arrivé aux USA en 1833 à l’âge de 18 ans, qui à
partir de la turbine Fourneyron et reprenant l’idée de Howd, parvenait en 1849 à la mise au point de
la première turbine à alimentation radiale, le flux allant de l’extérieur vers l’intérieur. C’était la
naissance de la turbine Francis qui s’imposera comme la plus efficace pour les chutes de hauteur
moyenne avec un débit important.

Dans sa première version, la turbine Francis présente un écoulement strictement radial,


progressivement le dessin des aubes va évoluer pour aboutir à un écoulement axial, vers le bas. En
1886 la turbine Francis sera dotée d’une tubulure d’alimentation en spirale. Dès lors la puissance
mécanique fournie par cette turbine n’aura de cesse d’augmenter, en même temps les hauteurs de
chute passeront de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres.

ci-dessus: groupe alternateur-turbine Francis de forte puissance (400/500MW), le


poids de l’ensemble (plusieurs centaines de tonnes), auquel s’ajoute la poussée axiale due à
la pression de l’eau, est supporté par le palier principal. Ce palier n’est pas constitué de
roulements géants, mais simplement de deux surfaces lisses séparées par un film d’huile
sous pression, pendant l’arrêt du groupe la pression s’efface et  les deux surfaces reviennent
en contact. Des paliers de guidage,  assurent la verticalité de l’arbre, un premier palier est
placé au dessus de la roue de turbine, un deuxième palier, éventuellement un troisième, au
plus prés de l'alternateur.

roue Francis, vue de "dessous", côté


sortie d'eau, on note la forme des aubes qui
génère l'effet réaction sur la roue. roue
Francis, vue de profil, côté arrivée d'eau, on
note, sur la couronne qui solidarise les aubes,
l'usinage de la partie inférieure n'est pas
encore réalisé, c'est là que se fera l'étanchéité avec le stator de la turbine, comparez avec la vue de
gauche.

La turbine Francis est généralement installée selon un axe vertical.

Fonctionnement d'un groupe vertical,voir film d'animation interactif. (document Hydro-


Québec)

Pour des faibles et moyennes puissances, la turbine Francis peut être montée sur un axe
horizontal, dans cette configuration on peut rencontrer le montage de deux turbines encadrant
l’alternateur, identique au schéma avec deux turbines Pelton.

On a aussi construit des variantes de roue Francis double, avec ou sans ceinture reliant les
aubes, cette turbine se présente sous la forme de deux roues assemblées dos à dos, alimentées par
une bâche commune, deux aspirateurs encadrent la machine pour l’évacuation de l’eau, cette
configuration, à axe horizontal , présente l’avantage de supprimer la poussée axiale sur les paliers,
qui est une caractéristique des turbines fonctionnant sous la pression de l’eau.

ci-contre: une roue de turbine Francis double, on remarque l'absence de


couronne. Le distributeur est commun aux deux demi roues, deux aspirateurs, placés de
chaque côté évacuent l'eau en sortie de roue.

(la roue Francis double existe également avec couronnes sur les aubes)

Dans tous les cas l’eau arrive sur la périphérie du rotor par une tubulure en spirale de section
décroissante, appelée bâche. Cette bâche comporte des cloisons incurvées, les avants directrices, qui
orientent la circulation de l’eau vers les directrices, sorte de volets profilés, orientables qui dirigent le
flux d’eau vers les aubes du rotor, l’ensemble en réduisant la section de passage de l’eau augmente
sa vitesse et transforme en partie l’énergie de pression (potentielle) en énergie cinétique.

Les directrices, actionnées par un cercle de vannage, permettent le réglage du débit, donc de la
puissance mécanique. Sur une turbine Francis l’amplitude possible de la variation de puissance est
nettement plus réduite que celle des deux autres types de turbines (entre 60% et 100%).

En raison de la forme donnée aux aubes de la roue, l’eau en s’échappant agit par réaction, à la
manière d’un tourniquet hydraulique, sa vitesse absolue est devenue très faible tandis que sa vitesse
par rapport à la roue est à sa valeur maximum. En sortie de roue l’eau est évacuée par une tubulure
de section croissante l’aspirateur, qui en créant une petite dépression augmente virtuellement la
hauteur de chute.

La turbine Francis fonctionne par action à l’arrivée de l’eau et par réaction à sa sortie de la roue.

Puissance maximum développée par la turbine Francis :

- en 1922 : 40 MW

- en 1961 : 150 MW

- en 1974 : 800 MW

Le diamètre de roue de cette turbine va de 0,6m à 10m. Les vitesses de rotation sont dans une
fourchette de 70 à 1000 tours par minute. Son domaine d’utilisation ce sont les moyennes chutes,
mais on trouve des turbines Francis installées sous 750m de hauteur de chute.
trois-gorges.jpg

ci-dessus: roue de turbine Francis de 700 MW, en route vers le barrage Sanxia sur le Yang Tsé
(barrage des Trois Gorges)
Sanxia_Runner04_300.jpg

ci-dessus: roue de turbine Francis de 700 MW, dans la salle des machines du barrage Sanxia sur le
Yang Tsé (barrage des Trois Gorges)
francis-Itaipu.jpg

ci-dessus: barrage-usine d'Itaipu sur le rio Parana (Brésil et Paraguay), roue de turbine Francis de 700
MW suspendue (400 tonnes) au pont roulant avant sa descente dans la fosse. La roue sera
surmontée par l'alternateur dont le stator est en cours de montage, sous les bâches blanches, on
appréciera les dimensions par comparaison avec le personnel qui assiste à l'opération !

Les pompes-turbines

Ce sont des roues de type Francis adaptées pour un fonctionnement réversible. Lors des séquences
pompages l’alternateur devient moteur synchrone, alimenté en énergie électrique par le réseau, le
sens de rotation du groupe est inversé.

Une pompe de ce type fonctionne correctement en turbine, alors qu'une turbine Francis est une
mauvaise pompe. Cette caractéristique découle du profil et de la longueur des canaux entre les
aubes de la roue. Comparez l'image ci-dessous avec celles des roues de turbine plus haut.
Ce sont ces machines qui sont installées dans les STEP (station de transfert d’énergie par pompage),
nous en reparlerons au chapitre des STEP. Les pompes-turbines peuvent comporter un ou plusieurs
étages de roues, pour des refoulements sur de très grandes hauteurs.

ci-dessous : une roue de pompe-turbine

Bâche spirale : conduite en forme de colimaçon (section décroissante), d’alimentation radiale des
roues de turbines Francis et Kaplan.

Avant-directrices : volets fixes dans la bâche d’une turbine radiale, précédant les directrices mobiles.

Directrices : sur les turbines à alimentation radiale, volets mobiles actionnés par le cercle de
vannage, permettent le réglage de la puissance.

Cercle de vannage : organe circulaire de manœuvre solidaire et simultanée des directrices.

ci-contre: sur cette antique turbine Francis, on voit le cercle de vannage actionné par deux bielles
asservies à une commande manuelle et au régulateur de vitesse (à gauche)
Turbine KAPLAN

Le fonctionnement de la turbine Kaplan s’apparente à celui de la turbine Francis, c’est une turbine
radiale dans laquelle les aubes sont libres et ne sont pas entourées d’une couronne. Dans sa
conception elle ressemble à une hélice de bateau, sa spécificité réside dans ses pales, ou aubes, qui
sont orientables.

C’est un scientifique autrichien, Viktor KAPLAN, qui déposa, en 1912, un brevet pour une turbine en
forme d’hélice avec des aubes à angle variable pour optimiser la puissance en fonction du débit
d’eau. Par le même effet sa puissance peut-être ajustée aux besoins.

La mise au point définitive de cette machine sera réalisée par les Suédois en 1926.
principe de la turbine Kaplan schéma d'une centrale avec un groupe alternateur-turbine Kaplan

Cette turbine est particulièrement bien adaptée pour les faibles hauteurs de chute et les débits très
importants (200 à 300m3/s). Dans des conditions optimales son rendement dépasse 90% et reste
élevé avec un débit d’eau réduit à 20% du débit maximum.
roue de turbine Kaplan

ci-dessus: turbine Kaplan de 44 MW, à l'intérieur de la bâche, on remarque sur la droite, les
avant-directrices

Les plus grosses turbines Kaplan délivrent une puissance de 250 MW, le diamètre de la roue
dépassant les 10m. La vitesse de rotation de ces machines se situe entre 50 et 250 tours par minute.

Plusieurs variantes de cette machine sont possibles, en fonction des débits d’eau disponibles :

- la bâche d’alimentation peut-être sans directrices, le réglage s’effectue par l’angle des pales

- la bâche d’alimentation est équipée de directrices, le réglage résulte d’une combinaison


directrices/pales
La turbine hélice
ci-contre: groupe alternateur et turbine Kaplan. On note beaucoup de
similitudes avec un groupe Francis vertical, à l'exception de la roue évidemment.
En rouge la partie tournante, le rotor d'alternateur est gigantesque, on remarque le grand
nombre de petits rectangles, ce sont les pôles inducteurs, nous aurons l'explication au
chapitre alternateurs.
Au sommet de l'arbre, au dessus de l'excitatrice, les circuits hydrauliques de commande des
pales se raccordent sur les canalisations intégrées à l'intérieur de l'arbre.
Si le débit d’eau est parfaitement constant, la roue Kaplan peut être
remplacée par une roue hélice avec des aubes fixes.

Le groupe bulbe

La dernière évolution de la turbine Kaplan réside dans le groupe bulbe, qui avait fait l’objet d’un
dépôt de brevet en 1933, son développement industriel a démarré en 1950. En France c’est en 1960,
avec l’usine marémotrice de la Rance, que son utilisation a débuté.

Dans cette machine turbine et alternateur sont installés, selon un axe horizontal, à l’intérieur d’une
enveloppe profilée, immergée dans le flux d’eau. Cette disposition, qui à pour avantage de donner à
l’écoulement un tracé rectiligne, est particulièrement adaptée aux très basses chutes, en général
inférieures à 10m.

La plus forte puissance atteinte par un groupe bulbe est de 60 MW.


ci-dessus: installation en position légèrement inclinée

ci-dessus: vue côté turbine (machine de 10


MW)
ci-contre: vue éclatée d'un groupe de 10 MW installé dans l'usine marée-motrice de la Rance.

1 - puits d'accés au bulbe

2 - enveloppe du bulbe

3 - alternateur

4 - turbine

5 - avant-directrices (fixes)

6 - directrices (mobiles)

L'alternateur

Comme toute machine tournante, le générateur de courant alternatif ou alternateur est constitué
d’un rotor et d’un stator.

Au rotor est attribué la fonction d’inducteur, c'est-à-dire la production du champ magnétique qui par
sa rotation va générer le courant dans les bobines du stator, ce dernier est appelé l’induit.

Au chapitre « Historique » nous avons évoqué les limites de la génératrice de courant continu, dans
laquelle l’induit est placé dans le rotor ce qui impose de recueillir la puissance produite par
l’intermédiaire des contacts glissants du collecteur.

Concernant l’alternateur, les contacts glissants du rotor ne transmettent qu’une faible puissance,
nécessaire à la production du champ magnétique, en outre ces contacts sont beaucoup plus fiables
étant constitués de bagues lisses, sur lesquelles frottent les balais (les charbons).

Le courant d’alimentation des bobines inductrices, du courant continu évidemment, est


généralement fourni par une génératrice, appelée excitatrice, montée sur le même arbre que
l’alternateur et la turbine.
Le rotor d’un alternateur comporte obligatoirement un nombre pair de pôles, de sorte qu’à un pôle
Sud succède un pôle Nord et ainsi de suite. Le nombre de paires de pôles est fonction de la vitesse de
rotation choisie pour le couple turbine-alternateur.

Le minimum étant une paire de pôles : 1 pôle S et 1 pôle N, dans ce cas la vitesse de rotation sera de
3000 t/mn afin d’obtenir un courant induit de 50 périodes par seconde (50Hz). En effet un tour
complet de l’inducteur génèrera deux alternances (demi-périodes), une positive et une négative, les
deux formant une période.

La vitesse de rotation d’un alternateur est donnée par la formule : Nt/mn = f x 60s : Ppaires

on a bien dans notre exemple: 3000 = 50 x 60 : 1

Avec 2 paires de pôles on aura : N = 50 x 60 : 2 = 1500 t/mn

Avec 8 paires N = 50 x 60 : 8 = 375 t/mn

Avec 32 paires N = 50 x 60 : 32 = 93,75 t/mn

Si on rapproche ces résultats avec les plages de vitesses des trois types de turbines (Pelton, Francis,
Kaplan), on entrevoit déjà que chacune d’elles va entraîner un alternateur spécifique, nous allons
voir comment cela se réalise.

Les vitesses de 3000 tours par minute, et plus généralement celle de 1500 t/mn, sont réservées à des
alternateurs de petit diamètre, entre 1 et 2m, ce sont ceux qui sont accouplés aux turbines à vapeur
et à gaz.

Le rotor des alternateurs se présente sous la forme d’un volant portant sur sa périphérie les bobines
inductrices entourant chacun des pôles magnétiques, ces bobines sont raccordées en série entre
elles, le sens du bobinage étant inversé sur deux bobines voisines (pôle N et pôle S).
Le stator est constitué d’une couronne dans laquelle sont empilées des tôles en acier
spécial, isolées électriquement entre elles afin de réduire au maximum les pertes Joule dues
aux courants de Foucault ainsi que les pertes par hystérésis. Des encoches pratiquées
dans ces tôles magnétiques reçoivent les conducteurs des bobines induites.

ci-dessus: empilage des tôles magnétiques dans un stator de


petit diamètre, on remarque les encoches qui recevront les conducteurs de l'induit.
document CEM
ci-dessus: montage des bobines de l'induit dans un stator de grand
diamètre.                               document Alstom

Les alternateurs sont triphasés, chaque phase comporte autant de bobines qu’il y a de
paires de bobines inductrices sur le rotor. Les bobines induites sont imbriquées les unes
dans les autres mais décalées entre elles d’un angle égal à :

 
360° : nombre de paires de pôles x 3

Ainsi chaque passage d’un pôle inducteur devant une bobine génèrera une alternance, le
passage de deux pôles successifs (N et S) produira une période et nous auront bien 50 Hz pour
chacune des trois phases :

F Hz = P paires x N t/mn : 60

Les bobines de chaque phase sont reliées entre elles


en série et l’alternateur présente en sortie deux
bornes par phase. Le couplage afin de fournir un
courant triphasé peut être réalisé en triangle ou en
étoile.
Différents types d'alternateurs

La puissance délivrée par le stator d’un alternateur est proportionnelle au produit D2 x L, dans lequel
D est le diamètre interne de ce stator et L est sa longueur.
On peut déjà en déduire que les alternateurs entraînés par les turbines à gaz ou à vapeur, dont le
diamètre du stator ne dépasse pas 2m, présenteront une forme très allongée, avec une longueur
supérieure à 10m pour les plus puissants.

Concernant les alternateurs accouplés aux turbines hydrauliques, la vitesse de rotation ou vitesse
angulaire est fonction des caractéristiques de la turbine et de la hauteur de chute d’eau.

Pour des raisons de résistance mécanique vitesse angulaire et diamètre du rotor évoluent en sens
inverse, dans un rapport de 1 à 40 environ. Il est intéressant de prendre une autre base de
comparaison, celle des vitesses périphériques du rotor, en m/s par exemple, on constate que le
rapport n’est plus que de 1 à 2 entre le plus lent et le plus rapide, ou entre le plus grand et le plus
petit.

En revenant sur les exemples précités on constate que pour une vitesse angulaire lente l’alternateur
pourra présenter un grand diamètre, ce qui permettra d’autant plus facilement de monter sur le
rotor le grand nombre de pôles inducteurs nécessaires. En contrepartie, toujours dans le produit D2 x
L, la longueur sera considérablement réduite. A partir d’une certaine puissance (environ 20 MW) les
groupes turbines (hydrauliques)-alternateurs sont à axe vertical et on ne parlera plus de longueur
mais de hauteur, cette hauteur dépassant rarement les 3m.

Bien évidemment, si la puissance de l’alternateur est proportionnelle au carré du diamètre et à la


longueur, la puissance de la turbine, son couple-moteur, doivent être en adéquation.

ci-dessus: rotor vertical à 16 paires de pôles, entraîné par une turbine Francis de 55
MW, vitesse: 187,5t/mn
ci-dessus: rotor horizontal à 4 paires de pôles, vitesse: 750t/mn                document: Alstom

ci-dessus: rotor vertical à 40 paires de pôles, vitesse: 75 t/mn                      document: Alstom


ci-dessus: rotor vertical à 10 paires de pôles,vitesse: 300t/mn                         document: Alstom

Bien que sortant de notre sujet, vous trouvez, ci-dessous à titre de comparaison, un alternateur de
900 MW, tournant à 1500 t/mn, entraîné par une turbine à vapeur.

ci-contre: le rotor, diamètre: 1,70m, est monobloc, en acier forgé, ici en fin d'usinage. On
repère facilement les 4 pôles, les encoches longitudinales sont prêtes à recevoir les conducteurs des
bobines inductrices. doc.: Alstom

ci-dessous, à gauche: un rotor "bobiné"      doc.: CEM


à droite: un stator terminé, on remarque au premier plan la tuyauterie circulaire rouge, appartient au
circuit de refroidissement du stator.     doc.: Alstom

année 1978 - transport du stator d'un alternateur de 900 MW  

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