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L'action publique
Marc RIVET
Juge d’instruction
L’action publique est définie à l’article 1er du Code de Procédure Pénale comme « l’action
pour l’application des peines ». Elle se distingue de l'action civile qui intéresse
spécifiquement la réparation du préjudice. Nous allons examiner qui sont ses titulaires (I)
puis ses modalités d'extinction (II). Nous verrons dans une autre partie, de manière plus
détaillée, comment elle est exercée par le procureur de la République.
1 - Le Ministère public
L’action publique est exercée en premier lieu par le procureur de la République.
3 - La victime
La victime, « partie lésée », peut également mettre en mouvement l’action publique soit en
se constituant partie civile devant le juge d’instruction en lui confiant le soin de caractériser
une infraction et d'en rechercher les auteurs, soit par l’effet d’une citation directe devant la
juridiction de jugement quand elle estime être en capacité d'établir immédiatement la
culpabilité de son adversaire.
Elle doit dans tous les cas rapporter la preuve de l’existence d’un préjudice personnel
découlant de faits susceptibles de revêtir une qualification pénale.
Nous avons vu comment naissait l'action publique, voyons désormais comment elle peut
s'éteindre.
Dans différentes hypothèses, une peine ne peut pas ou plus être appliquée. Quatre
situations doivent être distinguées : l'extinction de l'action publique du fait des parties (A),
du fait de la loi (B), du fait d'une décision de justice (C), enfin du fait de l'écoulement d'un
certain délai.
1 - Le décès du délinquant
L’action publique s’éteint pour le prévenu décédé. Les poursuites demeurent possibles à
l’égard des co-auteurs ou complices.
L’action civile survit et peut être dirigée contre les héritiers du prévenu décédé. Les
sanctions pécuniaires pourront ainsi être transmises par voie successorale aux héritiers de
l’auteur.
2 - Le retrait de plainte
L’action publique peut s’éteindre « en cas de retrait de plainte, lorsque celle-ci est une
condition nécessaire de la poursuite ».
En principe, le retrait de la plainte par la victime n’éteint pas l’action publique puisque celle-
ci appartient à la société représentée par le Ministère public. Cependant, pour certaines
Il en est ainsi :
des délits et contraventions de presse (art. 49, L. 29 juillet 1881) ;
du délit d’atteinte à la vie privée (art. 226-6 C. pén.) ;
des infractions fiscales pour lesquelles le procureur ne peut engager des poursuites
qu’après une plainte de l’administration fiscale (art. 1741 A CGI).
1 - L'amnistie
Les lois d’amnistie n’ont d’effet que lorsque les faits visés entrent dans leurs prévisions.
Chaque loi d’amnistie possède ses spécificités, définit son régime et son champ
d’application. On peut distinguer 3 différentes formes d’amnistie :
l’amnistie réelle, qui porte sur des qualifications pénales (ex : tous les excès de vitesse
de moins de 10 km/h seront amnistiés)
l’amnistie personnelle, qui concerne des catégories de délinquants (ex : Résistants,
personnes de moins de 21 ans, ...) ;
l’amnistie au quantum, qui concerne la peine, en fonction de son montant, mais
également de sa nature (ex : les amendes inférieures à un certain montant).
L’amnistie ôte rétroactivement aux faits leur caractère délictueux. Les faits concernés par
l’amnistie ne peuvent donc plus être poursuivis.
Si l’amnistie intervient après jugement, elle sera seulement une cause d’extinction de la
peine qui cessera de recevoir exécution.
L’amnistie ne préjudicie pas aux tiers et le droit à réparation subsiste malgré l’extinction de
l’action publique. Ainsi, si l’infraction a causé un dommage, la victime conserve son droit à
réparation civile, que la juridiction répressive pourra examiner malgré la loi d’amnistie à
condition que celle-ci soit postérieure au déclenchement des poursuites.
« L’action publique pour l’application de la peine s’éteint par (…) l’abrogation de la loi
pénale ».
Le principe est celui de la disparition de l’incrimination par l’abrogation de la loi pénale.
Lorsque la loi pénale est abrogée, le fait commis cesse d’être regardé comme une infraction,
même si la loi est postérieure à la commission des faits. En effet, en vertu du principe
constitutionnel de l’application immédiate des lois pénales plus douces, ou rétroactivité in
mitius, l’abrogation, par une loi nouvelle, de dispositions incriminant et réprimant une
infraction pénale s’applique immédiatement aux infractions commises avant son entrée en
vigueur et non définitivement jugées. L’abrogation de la loi pénale s’oppose alors au
déclenchement des poursuites ou à leur continuation.
La victime conserve cependant son droit à réparation, que la juridiction répressive pourra
examiner malgré l’abrogation de la loi pénale.
A titre de comparaison, l'amnistie peut être regardée comme une sorte d'abrogation
partielle qui n'a d'effet que pour le passé tandis que l'abrogation n'a d'effet que pour l'avenir
et présente un caractère définitif.