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I. Etat de la matière
La matière : est tout ce qui est substance, de la plus petite poussière à la plus gigantesque étoile.
Substance, réalité constitutive des corps, douée de propriétés physiques.
A l’état gazeux, la matière est diluée et désordonnée. Les atomes sont en mouvement permanent
dans toutes les directions au gré des chocs entre atomes. Le désordre du système est alors maximal.
La pression peut être interprétée comme une conséquence de l’agitation des atomes. La pression est
la force moyenne par unité de surface due aux particules venant frapper une paroi. Prenons
l’exemple du gaz argon, dont la dimension des atomes est de 0.2 nm, à l’état gazeux, les atomes se
déplacent à une vitesse moyenne de 100 ms-1 et se trouvent à une distance d’environ 4 nm les uns
des autres.
L’état liquide est un état plus ordonné qu’un gaz. Le liquide est plus dense, les particules
(atomes ou molécules) interagissent davantage les unes avec les autres, de ce fait il existe un ordre à
petite distance (quelques dizaines de particules). Beaucoup de particules se contentent de vibrer
sans changer leur position relative par rapport aux particules voisines. Cependant des échanges de
position restent possibles, c’est ce qui permet la diffusion, phénomène facile à mettre en évidence
dans le cas de deux liquides miscibles. Dans le cas de l’argon à l’état liquide, par exemple, les
atomes se déplacent à une vitesse moyenne de 10 ms-1 et se trouvent à une distance d’environ 0.4
nm les uns des autres.
L’état solide est le plus ordonné et le plus dense. Les atomes interagissent beaucoup avec leurs
voisins et de ce fait l’ordre existe à grande distance. On parle alors de structure cristalline. Dans les
métaux courants, les cristallites (ou grains) ont des dimensions de l’ordre de quelques dizaines de
micromètres. Dans les solides, les atomes vibrent autour d’une position moyenne, la diffusion est
beaucoup plus difficile.
1
II. Les changements d'état de la matière:
Définition : un changement d'état est le passage d'un état à un autre sous l'effet d'un changement de
température ou de pression.
2
La solidification est le passage de l'état liquide à solide.
La sublimation est le passage de l'état solide à gazeux. La glace peut s'évaporer de la même
façon que l'eau.
III.2. Polymères
L'étymologie du mot polymère vient du grec « pollus » plusieurs et « meros » partie. Un polymère
est une macromolécule organique ou minérale constituée d'un enchaînement répétitif d'un même
motif appelé monomère. Les monomères sont reliés entre eux par des liaisons covalentes. Les
propriétés des polymères dépendent essentiellement du type des monomères, de la nature de leur
assemblage et du degré de polymérisation.
On peut classer les polymères selon leurs propriétés thermomécaniques. Ainsi on distingue :
les thermoplastiques : qui deviennent malléables quand ils sont chauffés, ce qui facilite leur
mise en œuvre. Exple : polypropylène PP, polyéthylène PE, …
les thermodurcissables : qui durcissent avec la chaleur ou par ajout d'un additif. Ce
durcissement est en général irréversible. Exple : Résine polyester ou polyépoxyde, …
III.3. Céramiques
Celles-ci sont composées d'éléments métalliques et non métalliques. Elles sont généralement
des oxydes, des nitrures, ou des carbures. Le groupe des céramiques englobe une vaste gamme de
matériaux, comme les ciments, les verres, les céramiques traditionnelles faites d'argile, etc.
propriétés mécaniques : elles présentent, comme les métaux, un module d'Young bien défini,
c'est-à-dire que le module reste constant pendant l'application d'une charge (contrairement au
3
polymère dont l'élasticité n'est pas linéaire). De plus, elles ont la plus grande dureté de tous les
matériaux, et sont d'ailleurs utilisées comme abrasifs pour couper (ou polir) les autres matériaux ;
résistance à la corrosion ;
Par contre, leur principale faiblesse est d'être prédisposées à rompre brutalement, sans
déformation plastique en traction (caractère fragile) ; les porosités « affaiblissent » le matériau en
entraînant des concentrations de contrainte à leur voisinage. La fragilité des céramiques rend
impossible les méthodes de laminage ou de forgeage utilisées en métallurgie.
La plupart des céramiques sont mises en forme à partir de poudre compactée puis chauffée à
haute température, c'est ce qu'on appelle le frittage. On utilisera surtout des poudres de
granulométrie très faible afin de réduire la porosité.
III.4. Composites
Un matériau composite est un mélange de deux matériaux de base, distincts à l'échelle
macroscopique, ayant des propriétés physiques et mécaniques différentes. Le mélange est effectué
de manière à avoir des propriétés optimales, différentes et en général supérieures à celles de chacun
des constituants. Un composite est constitué au moins d'une matrice (liant) et d'un renfort. Les
matrices peuvent être d'origine :
Des charges et additifs sont presque toujours incorporés à la matrice. Les renforts sont sous
forme :
fibres courtes ou longues : ces dernières sont orientées dans le sens des sollicitations (fibres de
verre, de carbone, d'aramide, de bore, …)
4
Le renfort peut être seul au sein d'une matrice (composite homogène) ou associé à un renfort de
nature différente (composite hybride). Ces renforts donnent au matériau de nombreuses qualités :
rigidité, résistance mécanique, tenue à la fatigue, résistance à la corrosion, étanchéité, tenue aux
chocs, au feu, isolations thermique et électrique, allègement des structures, conception de formes
complexes...
la matrice est un liant, protège les fibres et transmet également les sollicitations aux fibres,
les fibres apportent la tenue mécanique (haute résistance, haute résistivité) et supportent les
sollicitations,
les charges et additifs abaissent souvent le coût de la matière et améliorent les propriétés du
matériau (rôle des ignifugeants, anti UV, fongicides, antioxydants, etc.)
Chapitre II
ARCHITECTURE ATOMIQUE
5
I. Liaisons à l’état solide
A l’état solide on distinguera trois types de liaisons entre les atomes, qui permettent justement
de classer les matériaux en trois grandes familles (métaux, céramiques et polymères).
Liaison ionique : Cette liaison se caractérise par l’échange d’électrons entre deux atomes. Cette
liaison est forte car elle sature la couche extérieure des atomes qui deviennent des ions. Cette liaison
concerne essentiellement les éléments qui ont peu d’électrons sur leur couche externe (colonnes 1 et
2 du tableau périodique) et les éléments qui ont des couches externes presque saturées (colonnes 16
et 17 du tableau périodique). Par exemple, le sodium Na, présente une structure électronique
comme suit : 1s2, 2s2, 2p6, 3s1. Il devient donc un ion Na+. Par ailleurs le Chlore Cl, présente une
structure électronique comme suit 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p5, il devient donc un ion Cl-, on obtient alors
le composé stable NaCl. Cette liaison est forte car elle stabilise fortement la structure électronique
des atomes en saturant leur couche électronique externe.
La réaction K+ + Cl- donne KCl libère ainsi une énergie de 374 kJ/mole.
Liaison covalente : Cette liaison se caractérise par la mise en commun d’électrons afin de
saturer les couches électroniques externes de chacun des atomes de la molécule. Cette liaison
permet par exemple d’expliquer l’association de deux atomes d’hydrogène pour former la molécule
de di-hydrogène. La liaison covalente est également une liaison forte puisque elle permet de saturer
la couche électronique externe des atomes.
La réaction H+H donne H2 libère ainsi une énergie de 436 kJ/mole.
6
Liaison métallique : Cette liaison se caractérise aussi par la mise en commun d’électrons entre
plusieurs atomes afin de saturer les couches électroniques externes. A la différence de la liaison
covalente, la liaison métallique est délocalisée, c'est-à-dire que chaque atome peut être considéré
comme un ion baignant dans un gaz d’électron. Les orbitales externes des atomes « coalescent »
lorsque le cristal se forme. Ainsi les électrons de la couche externe ont-ils la liberté de se déplacer
partout dans le cristal. Le matériau est alors conducteur électrique et thermique. Les atomes qui,
isolés, présentent en couche externe des orbitales de type s ou d, dont la forme est assez isotrope,
ont davantage tendance, lorsqu’ils sont sous forme de cristaux, à former des liaisons métalliques.
Cette liaison est un peu moins forte que les liaisons covalente ou ionique mais elle reste une liaison
forte.
Liaisons faibles (Van der Waals, liaison hydrogène) : Il existe également des liaisons
électrostatiques faibles entre les molécules (et non pas entre atomes). Divers mécanismes font que
les liaisons entre deux atomes d’une molécule peuvent être légèrement dissymétriques. La liaison se
comporte alors comme un dipôle électrique. Lorsque plusieurs molécules sont assemblées, les pôles
positifs et négatifs des dipôles auront tendance à s’attirer. Ainsi apparaissent des liaisons faibles
entre molécules.
Prenons par exemple le cas de la molécule HCl. L’atome d’hydrogène est de structure (1s 1), il
cède un électron et devient un proton H+. Par ailleurs, le Chlore (1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p5) acquiert un
électron et devient un ion Cl-. Ainsi se forme une molécule stable de HCl. Cependant l’électron
cédé par l’atome d’hydrogène provient d’une couche très proche du noyau (la première) et est donc
fortement liée à son noyau. Cet électron doit s’insérer dans une couche externe de l’atome de
Chlore où il sera plus éloigné du noyau et donc moins attiré. La liaison covalente HCl n’est donc
7
pas symétrique, l’électron reste finalement plus proche de l’atome d’hydrogène que de l’atome de
Chlore. Ceci conduit à la formation d’un dipôle électrique sur la liaison HCl. Lorsque plusieurs
molécules d’HCl sont mises en présence, le coté Cl d’une molécule attire le coté H d’une autre.
Cette interaction entre molécules est appelée une liaison faible. Selon ce mécanisme, le dipôle est
d’intensité maximale dans le cas d’une liaison hétérogène entre un atome d’hydrogène (très petit) et
un autre atome beaucoup plus lourd (liaison hydrogène) mais peut exister à priori pour toute autre
liaison hétérogène. Il existe également d’autres mécanismes de formation de dipôles électriques
dans une molécule.
Il existe de nombreuses structures cristallines. Mais, pour les matériaux métalliques, seules trois
structures sont rencontrées, la structure cubique à faces centrées CFC (ex. Cuivre, Aluminium,
Nickel, Argent, Platine, Or), la structure cubique centrée CC (Fer α, Chrome, Tantale, Vanadium,
Molybdène) et la structure hexagonale compacte HC (Titane, Zirconium, Cadmium, Zinc,
Hafnium).
8
avec : ( y , z ) ; : (z , x ) ; : (x , y )
(a)
(b)
9
(c)
Définie par une maille élémentaire de 2 ions (un au centre et 8 aux sommets du cube mais
appartenant chacun à 8 mailles).
-Paramètre de la maille : a
da=a
√3
-Distance inter atomique : 2
a
√3
-Rayon atomique : Ra= 4
-Indice de coordination : Ic :=8 (c’est le nombre d’atomes voisins d’un atome donné).
8
1+ =2
-Nombre d’atomes par maille : 8
4
2. . . Ra
3
V olume des atomes de la maille
C 3 3
-Compacité : V olume de la maille a =0.678
10
Structure cubique à faces centrées CFC
-Paramètre de la maille : a
=a
√2
-Distance inter atomique : da 2
a
√2
-Rayon atomique : Ra = 4
8 6
+ =4
- Nombre d’atomes par maille : 8 2
4
4. . . Ra
3
V olume des atomes de la maille 3
C
- Compacité : V olume de la maille a3 =0.74
11
Définie par un motif élémentaire de 2 ions. La maille représentative contient 6 ions (3 à l’intérieur
et 2 sur les bases, communs chacun à 2 mailles, et 12 sur les sommets, communs chacun à 6
mailles).
-Paramètre de la maille : a et c
2 2
a c 2
da = +
-Distance inter atomique : 3 4
a
-Rayon atomique : Ra= 2
c
⇒ =1 , 63
L’empilement est dit idéal lorsque d=a a
- Indice de coordination : I C 12 6 6
(à la distance a) (à la distance d)
12 2
3+ + =6
- Nombre d’atomes par maille : 6 2
4
6. . . Ra
3
V olume des atomes de la maille 3
V olume de la maille a 3
3a. .c
- Compacité : C= 2 =0.74
Remarque : La compacité des deux structures CFC et HC est la même du fait que les plans sont
définis par un arrangement hexagonal sauf que l’empilement de ces plans est différent :
12
V. Sites dans les réseaux cristallins
Dans un réseau cristallin, on appelle sites (interstitiels) les espaces laissées entres les atomes du
réseau. Il existe deux types de sites
a- sites tétraédriques (volume formé par quatre faces donc quatre sommets)
b- sites octaédriques (volume formé par huit faces donc six sommets).
Les sites interstitiels peuvent être occupés par des atomes étrangers plus petits que ceux qui forment
le cristal.
13
VI. Repérage des directions et des plans
Le système d’axe de repérage des directions et des plans dans un réseau cristallin est celui qui
correspond aux trois vecteurs principaux, a b et c , de la maille élémentaire.
Une direction est désignée par trois indices [u v w], ce qui signifie une droite passant par
l’origine et par l’atome de coordonnées u, v et w ; avec u, v et w des entiers. Lorsque l’indice est
négatif, le signe moins est porté dessus et on note [ u v w ]. Une famille de directions équivalentes,
obtenues par des opérations de symétrie, est désignée par <u v w>.
Pour une structure cubique, du fait de la périodicité du réseau, on peut repérer tout atome du
réseau cristallin à l’aide d’indices entiers (x, y et z), et tout plan du réseau cristallin par des indices
entiers (indices de Miller), notés généralement (h, k, l).
A, B, C atomes d’un
cristal de structure
cubique. ex, ey, ez,
vecteurs de base du
14
Si a, b, et c sont les distances entre atomes dans le motif de base du réseau cristallin, la position
M d’un atome quelconque du réseau cristallin se définit à partir des vecteurs de base du réseau
comme suit : OM x a e x y b e y z c e z
On peut alors repérer tout plan du cristal par ses indices de Miller (voir Fig. 4.). Posons par
exemple OA = x.a, OB = y.b et OC = z.c, où x, y, z sont des entiers, le plan (ABC) est défini par
l’équation (a) et tout plan parallèle au plan (ABC) par l’équation (b) où P est un nombre entier.
x a y b z c 1 (a) x a y b z c P (b)
Prenons les inverses 1 x , 1 y , 1 z des indices des points A, B et C, et multiplions les par leur
plus petit commun multiple. On obtient alors trois nombres entiers (h, k, l) qui sont les indices de
Miller du plan considéré. L’équation du plan (ABC) et des plans qui lui sont parallèles s’écrit alors
hx ky lz N , où N est entier.
Les indices de Miller d’une famille de plans parallèles sont notés entre parenthèses : (h, k, l).
Illustration de la dénomination
de plans cristallins à l’aide des
indices de Miller, (a) plan (100),
(b) plan (010), (c) plan (200), (d)
Les céramiques ioniques ou covalentes ont souvent des structures plus complexes, il existe
jusqu’à quatorze structures cristallines (ou réseaux de Bravais), qui consistent en quatorze manières
de paver l’espace avec des motifs de base, qui sont bien plus nombreux.
15
VII. Défauts dans les matériaux
Nous allons dans ce passage nous intéresser essentiellement aux matériaux cristallins pour
lesquels l’ordre parfait n’existe pas. Certaines propriétés macroscopiques (modules d’élasticité,
coefficient de dilatation, ...) qui résultent de moyenne spatiale sont peu affectées par ces
imperfections ; ce n’est pas le cas pour les phénomènes de plasticité.
d’atomes interstitiels (de même nature que les atomes du cristal) qui créent une forte distorsion
du réseau,
d’atomes manquants (lacunes) dont le nombre est régit par une loi de type Arhenius dans les
métaux. Ces lacunes jouent un rôle important dans les phénomènes de diffusion,
de solutions solides. Un corps pur pouvant dissoudre une certaine proportion d’un autre corps,
on trouve donc deux cas (voir Fig. 4.) :
– des atomes « étrangers » qui occupent des nœuds du maillage (en substitution) et conduisent à
une distorsion et à des modifications de propriétés électriques,
– des atomes « étrangers » qui sont en insertion. C’est le cas du carbone dans le fer.
Dislocation coin. Elle correspond à l’interruption d’un plan atomique le long d’une ligne ce qui
conduit à une forte distorsion du réseau atomique avec des zones en tension et d’autres en
compression. Une dislocation se caractérise par son vecteur de Burgers b.
16
Celui d’une dislocation coin est perpendiculaire à la ligne de dislocation.
Dislocation vis. Dans ce cas on a un cisaillement du réseau qui donne un vecteur de Burgers
parallèle à la ligne de dislocation.
Les joints de grains correspondent à la limite entre les différents grains d’un matériau poly-
cristallin. Les joints de grains ont une épaisseur de quelques couches atomiques, sont des zones
fortement distordues ce qui permet l’insertion d’atomes. Si les grains sont systématiquement
élastiquement anisotropes le poly-cristal peut être isotrope en raison de l’orientation aléatoire des
orientations cristallines.
Les macles correspondent à des défauts dans l’ordre d’empilement des couches d’atomes. On
peut donc trouver à l’intérieur d’un même grain des traces de maclage.
Les précipités sont de petites particules de seconde phase qui se sont formées entre le métal de
base et un élément d’alliage. Ils peuvent être de divers types. Les précipités cohérents (voir Fig. 9a.)
sont ceux qui présentent une continuité cristallographique avec la matrice. Les réseaux cristallins de
la matrice et des précipités sont semblables, et leurs paramètres cristallins peuvent être légèrement
différents. Cela entraîne des distorsions élastiques à l'interface matrice/précipité. Les précipités
semi-cohérents (Fig. 9b.) ne présentent de cohérence cristallographique avec la matrice que sur
certains plans, et les précipités incohérents (Fig. 9c.) n'ont aucune relation cristallographique avec
la matrice.
Représentations
schématiques de précipités
dans les solides cristallins :
(a) précipité cohérent avec
Les inclusions sont des « saletés » dans le métal qui proviennent de son élaboration à l’état
liquide ; ce sont le plus souvent des oxydes, des sulfures ou des silicates. Les inclusions sont
toujours incohérentes.
Chapitre III
18
DIAGRAMME DE PHASE
I. Introduction
Les métaux purs sont très rarement utilisés dans les constructions industrielles car ils présentent
souvent des caractéristiques mécaniques très limitées. La plupart des matériaux de construction sont
constitués de différents éléments : on parle alors d'alliages.
Lorsque ces éléments ne sont que partiellement miscibles, le matériau est constitué de plusieurs
phases de structures cristallines et de compositions différentes. Il en résulte une influence très
importante sur les caractéristiques mécaniques du matériau et son comportement.
VIII. Définitions
VIII.1. Phase
On appelle phase toute partie homogène d’un système qui peut être dans un état gazeux, liquide,
solide amorphe ou solide cristallisé
Le diagramme de phase est une « carte » représentant l'état d'un système (corps pur ou mélange de
corps purs), pour des conditions de pression, de température ou de composition donnée.
VIII.3. Alliage
Initialement, le terme d'alliage était réservé aux métaux. Dans ce cadre, un alliage est une
combinaison d'au moins deux éléments dont l'un est métallique, par exemple le fer. Les autres
éléments peuvent être soit métalliques, soit non métalliques, par exemple le carbone.
Par extension, il est possible de parler d'alliages pour les céramiques ainsi que pour les polymères.
19
On dit d'un alliage qu'il est binaire s'il combine uniquement deux éléments (Fe-C), et ternaire s'il
combine trois éléments (Fe-C-Ni). Dans la plupart des cas, les alliages associent souvent plus de
trois éléments afin de présenter un bon compromis entre les différentes caractéristiques mécaniques
(Fe-C-Ni-Cr-Mo).
VIII.4. Constituants
Les éléments constitutifs de l'alliage sont appelés constituants de l'alliage. L'alliage est alors défini
par la nature de ses constituants et par leur concentration. Ils sont repérés par leur symbole
chimique. La proportion d'un constituant B peut être définie soit par sa concentration massique :
mB% =
xB% =
Un corps pur peut être présent sous plusieurs formes : solide liquide ou gazeux, selon la pression et
la température. Généralement, à l'équilibre, le corps pur n'existe que sous une seule forme pour une
pression et une température données, mise à part à son point triple (coexistence des trois phases) et
au-delà du point critique (coexistence gaz-liquide à haute pression et haute température). Comme ici
la notion de phase est identique à celle d'état, on parle parfois de diagramme de changement d'état.
Pression
C
Solide Liquide
T Gaz
Température
20
Exemple d'un diagramme de phase de corps pur : l'eau
Lorsque l'on a un composé de deux corps purs, le système peut être sous plusieurs formes :
Les états ci-dessus sont composés soit d'une phase unique (par exemple liquides miscibles ou gaz),
soit de plusieurs phases hétérogènes. On peut tracer de même l'état d'un système en fonction de la
pression, de la température et de la composition.
Lorsque l'on a n corps purs, on a n concentrations, soit n+1 paramètres indépendants : On a en plus
la pression et la température, mais comme la somme des concentrations vaut 100 %, une des
concentrations ne "compte pas" puisqu'elle peut se déduire des autres. Il faudrait donc un
diagramme à n dimensions (3 dimensions pour deux corps purs, 4 dimensions pour trois corps
purs...). Pour simplifier l'étude, on fixe un ou plusieurs paramètres afin de tracer un diagramme à
deux dimensions ; on considère souvent les diagrammes suivants :
21
Pour une pression et une température données et trois corps purs, le diagramme ternaire
(c1,c2), c'est à dire la phase en fonction de la composition ; par habitude, et bien que l'on ait
c3 = 1-c1-c2, on trace ce diagramme dans un triangle équilatéral (c1,c2,c3)
Chapitre IV
DIAGRAMME D’EQUILIBRE BINAIRE
22
I. Définition
Le diagramme d’équilibre binaire est un système formé de deux composants (Fe-C, Cu-Zn, AL 2O3-
Cr2O3, Cu-Mg,...) et qui permet de représenter les domaines de stabilité des phases et des conditions
d’équilibre entre plusieurs phases en fonction de la température et la composition (exprimée en
pourcentage massique, atomique ou molaire).
Suivant la miscibilité des éléments du système, on distingue deux types de diagrammes binaires.
Les diagrammes d’équilibre sont élaborés en supposant une série d’hypothèses telles que une
solidification à l’équilibre, une vitesse de refroidissement suffisante pour que la diffusion s’effectue
à l’état solide, une vitesse de refroidissement homogène pour tout le mélange, une composition pure
en A et B,… Mais la pratique montre qu’il est difficile de respecter ces hypothèses notamment à
l’échelle industrielle. En conséquence, plusieurs phénomènes d’hétérogénéité peuvent
éventuellement apparaître.
En pratique, une solidification entièrement à l’équilibre ne peut jamais se produire : le temps requis
pour que la composition du solide s’uniformise continuellement par diffusion serait excessivement
long. Lorsqu’on dit qu’un alliage de composition C0 ce n’est que la moyenne. En réalité elle varie
ce C1, composition du premier germe solide formé, à CF, composition du dernier solide formé. De
ce fait, au sein d’un grain on trouve une variation de composition. Ce phénomène est appelé
ségrégation mineure. On observe donc une température de fin de solidification différente de celle
prévue par le diagramme d’équilibre.
23
XI.2. Ségrégation majeure
Le centre de la pièce se solidifie en dernier. Sa composition est différente de celle de la zone qui
s’est solidifié en premier (parois). Cette différence dans certains cas n’est pas négligeable. Par
exemple pour un lingot d’acier de teneur moyenne en carbone de 0,44%, elle peut atteindre 0,36%
en surface et jusqu’au 0,61% au cœur. On peut donc conclure que les propriétés mécaniques varient
de façon importante de la surface du lingot à son cœur.
Une pièce brute de solidification présente en général trois zones distinctes dont la formation dépend
des conditions de refroidissement :
Zone de peau : quand le matériau en fusion entre en contact avec un moule de température
très inférieure à celle du liquidus, il est brusquement refroidi. Il se forme alors de nombreux cristaux
dendritiques orientés au hasard,
Zone basaltique : une fois la zone de peau formée, la vitesse de refroidissement diminue, la
croissance dendritique des grains se poursuit. Les grains formés ont la même section et la même
orientation. La longueur du grain basaltique peut attendre plusieurs centimètres.
Zone équiaxe : en fin de solidification l’évolution de la zone basaltique est limitée par la
germination de nombreux cristaux au sein du liquide restant. Les grains sont orientés au hasard.
Ces trois zones ne sont pas toujours présentes. Leur présence est liée à l’épaisseur de la pièce, à la
pureté du matériau ou de l’alliage,…
Dans l’industrie, les alliages ne sont jamais purs c’est à dire, ils ne sont jamais formés de deux types
d’atome A et B mais ils contiennent des éléments d’addition. Ces éléments d’addition dont le
24
pourcentage faible ont dans certains cas pratiques une influence sur la stabilité de la solidification et
sur les températures des transformations. Ils influent notamment sur la répartition des domaines de
stabilité des phases.
Bien que les alliages industriels contiennent toujours des impuretés et des éléments d’additions, la
solidification est faite hors équilibre au sein du grain et au sein de la pièce, il est toujours nécessaire
d’étudier le diagramme du système binaire en équilibre qui servira de référence à l’étude pratique
de l’alliage concerné.
En général, pour que deux éléments A et B puissent être entièrement miscibles (soluble en toute
proportion), à l’état solide, quatre conditions doivent être remplies :
les diamètres atomiques des éléments A et B ne diffèrent pas plus que 15%,
les valences des deux éléments doivent être égales (nombre d’électrons sur la couche
extérieure de l’atome pouvant faire une liaison avec un autre atome),
Dans ces conditions, le diagramme binaire prend une forme très simple : la solution solide est
monophasée. Deux phases sont présentes (phase liquide et une autre solide). Alors seulement trois
domaines sont présents :
Domaine intermédiaire contenant les deux phases en équilibre (L+S). Ce domaine est limité par
la courbe au-dessus appelée liquidus, et par la courbe au-dessous appelée solidus.
25
Pour présenter la lecture de ce diagramme, examinons un mélange entièrement liquide de
composition C0 au cours de son refroidissement :
C i −Co
L
fs( % )=
C iL−Cis *100
C 0−C is
f L ( % )=
C iL−C is *100 avec fs + fL =1
= s Le mélange est presque solidifié. La composition du solide est C 0% de B alors
que celle du dernier liquide restant est (CL)F % de B.
26
composition uniforme C0 à une température inférieur à s.
Les deux diagrammes suivants présentent respectivement le diagramme d’équilibre binaire Ni-Cu et
AL2O3-Cr2O3.
f L=100−72=28 %
Quand les règles de miscibilité ne sont pas respectées, le cas le plus fréquent, la miscibilité est donc
partielle. Alors dans certains domaines de compositions, on obtient des solutions solides biphasées.
Le diagramme d’équilibre prend donc une forme plus complexe. Il existe trois types de diagrammes
spécifiques (typiques) :
27
XIII.1. Diagramme eutectique
Son appellation est déduite de la transformation eutectique présente dans le diagramme. Ce type de
diagramme a une importance particulière car il conduit à des microstructures de morphologie
caractéristique. En plus, sa connaissance aide beaucoup à comprendre des diagrammes binaires
souvent utilisés : Fe-C, Al-Si, Cu-Zn, H2O-NaCl,…).
1- Un liquide (L),
Six domaines sont donc présents (L, L+α, L+β, α, β, α+β). L’allure générale du diagramme
d’équilibre est présentée par le diagramme ci-contre. On définit les entités suivantes :
3- pour un alliage concerné par l’horizontale eutectique, la partie de la phase (α ou β) formée avant
l’horizontale eutectique est appelée proeutectique
4- pour un alliage concerné par l’horizontale eutectique, la partie de la phase (α ou β) formée après
l’horizontale eutectique est appelée eutectique.
5- l’alliage dont la verticale caractéristique passe par le point (E) est appelé alliage eutectique,
6- l’alliage dont la verticale caractéristique passe entre les points (S 1) et (E) est appelé alliage
hypoeutectique,
28
7- l’alliage dont la verticale caractéristique passe entre les points (E) et (S 3) est appelé alliage
hypereutectique,
29
apparus. Les grains de la phase (α) formés avant l’eutectique sont dits
proeutectiques.
E < < L La solidification continue et la détermination de la composition et du
pourcentage du solide (α) et du liquide (L) est analogue à celle présentée pour le
type précédent du diagramme d’équilibre.
= θE C’est la fin de la solidification. La solution solide proeutectique ne subit aucune
transformation. Seul le liquide va subir la transformation en phase (α) et (β).
θ < θE Une fois la température baisse au-dessous de θE, l’alliage est biphasé. Il comporte
des cristaux de solution solide (α) (proeutectique et eutectique) et des cristaux de
solution solide (β) eutectique.
L’étude du refroidissement est similaire à celle faite pour l’alliage hpoeutectique, la phase
proeutectique étant cette fois-ci la phase (β).
La composition de l’alliage est égale à celle du point eutectique. C’est lui qui demeure liquide à la
température la plus basse de tous les alliages A-B. La description du refroidissement est la
suivante :
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Exemples de diagrammes eutectiques
Remarques :
- La solubilité de l’étain dans le plomb à l’état solide est de18% à la température 183°C (point
A)
- La solubilité de l’étain dans le plomb passe de18% à la température 183°C à 2% environ à la
température ambiante.
- La solubilité du plomb dans l’étain à l’état solide est limitée à 2,5% à la température 183°C
(point C)
- Nous avons au point eutectique : deux phases solides, α (18% Sn) et β (97,5%), sont en
équilibre avec une phase liquide (62% Sn) à 183°C.
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Considérons un alliage de composition eutectique (62%Sn, 38%Pb) et examinons ce qui se passe au
cours de sa solidification :
- Tant que la température est supérieure à 183°C, l’alliage est entièrement liquide
C β −C E 97 , 2−62
f α= = =0 , 45
C β −C α 97 , 2−18 et
f β =1−f α=0 ,55
Considérons un alliage de composition comprise entre 18% et 97,5% de Sn par exemple 30% de Sn
et 70% de Pb et examinons ce qui se passe au cours de sa solidification :
- A 183°C-dθ on est en présence d’un alliage biphasé, qu’on peut décrire comme suit :
C β −C E 97 , 2−30
f α= = =0 ,85
* phase α : Cα=18% de Sn, et C β −C α 97 , 2−18
Nous pouvons considérer que cet alliage formé de deux constituants : (α primaire ou α
proeutectique), c’est à dire la partie de la phase α qui s’est formé avant l’eutectique, à une
température θ > 183°C et eutectique :
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eutectique : CE = 62% Sn, fE = 0,27
Le même raisonnement peut s’appliquer à un alliage riche en étain : 70% par exemple. Dans ce cas
après solidification, il existe deux constituants, du β primaire dont la proportion est de 0,33 et de
l’eutectique.
Son appellation est déduite de la transformation péritectique présente dans le diagramme. L’allure
générale du diagramme d’équilibre est présentée par le diagramme ci-contre. Le segment [S 1,P] est
appelé l’horizontale périeutectique. Le point (P) est appelé point péritectique. Par rapport au
diagramme eutectique, les deux branches du liquidus et du solidus sont situés de part est d’autre de
l’horizontale péritectique. Ce type de diagramme est moins important que le diagramme eutectique.
Cependant il est caractéristique des systèmes Ag-Pt, Ag-Au, Cu-Sn,… Les lois de refroidissement
d’un alliage de concentration donnée C0 restent analogues à celles décrites pour un diagramme
eutectique.
Son appellation est déduite de la transformation monotectique présente dans le diagramme. Il est
caractérisé par l’existence d’un domaine à deux phases liquides non miscibles. Deux éléments de
masses volumiques très différentes comme le cas de Cu et Pb pourront s’allier suivant un
diagramme de ce type. Le raisonnement de refroidissement sur ce diagramme de phase est de la
même façon que pour les diagrammes
eutectique et péritectique.
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XIV. Diagrammes d’équilibre binaires réels
Dans le cas général, les diagrammes d’équilibre sont plus complexes que ceux présentés. Cette
complexité survient surtout lorsque les alliages donnent naissance à des composés définis (Fe 3C par
exemple pour le Fe-C), ou à plusieurs solutions solides (α, β, , , …). En effet les diagrammes
peuvent présenter entre les composants situés à chaque extrémité du diagramme des phases
intermédiaires. De ce fait,
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Même une fois solidifié, un matériau peut subir des transformations qui se traduisent par des
changements de phases ou l’apparition de nouvelles phases. Ce phénomène est expliqué par le fait
que les atomes cherchent la structure la plus stable sous l’effet de l’agitation thermique. Nous
pouvons même assister à des transformations analogues aux trois déjà présentées mais à l’état
solide. Dans ce cas le principe de description reste toujours le même, seule la terminaison de
l’appellation change : transformation eutectoïde, péritectoïde et monotectoïde.
Cependant, les règles exposées pour les diagrammes simples s’appliquent toujours : détermination
de la nature, la composition et la fraction des constituants de tout alliage. Toutefois, trois règles
restent généralement applicables
Deux domaines monophasés sont séparés par une région à deux phases,
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Dans un domaine à deux phases la composition de chacune des phases en équilibre à une
température est donnée par l’intersection de l’horizontal et des frontières qui séparent ce domaine
des deux domaines monophasés adjacents
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