financier, d’où une prévalence élevée d’IRC Cette complication devient notable et
chez les sujets de race noire, aux Etats-Unis symptomatique seulement chez 30-40% des
d’Amérique. Les néphropathies vasculaires patients [17]. Les complications interdialyti-
représentaient 42% des cas, suivie des ques retrouvées, étaient la poussée hypertensi-
néphropathies glomérulaires 30%. En France, ve chez 53,5%, la prise de poids interdialytique
les causes de l’IRC sont en rapport avec une ≥ 3 kg chez 30,7% et l’œdème aigue des
néphropathie glomérulaire (23,1%), une poumons (OAP) chez 15,8%. Ces complications
néphropathie vasculaire (20%) et une inter dialytiques sont presque exclusivement
néphropathie diabétique (17,1%) [13]. La dues à la surcharge en eau et en électrolytes
majorité de nos patients (63,3%) avait un taux [18]. Sy [15] en 2010 dans le même service
d’hémoglobine <9 g/dl. L’anémie s’observe dès rapporte 62,5% de poussée hypertensive,
que le DFG est inférieur à 60 ml/min/1,73 m2 40,9% de prise excessive de poids interdialyti-
[14]. Les troubles phosphocalciques retrouvés que (≥3kg). La surcharge en eau peut entrainer
étaient composés de l’hyperphosphorémie un OAP. Cette complication a été rapportée par
associée à l’hypocalcémie (51,6%), l’hyperphos- Diarra [9] en 2009 à Bamako chez 20,3% des
phorémie isolée (38,6%) et l’hypocalcémie patients. Une surcharge hydrique peut résulter
isolée (9,8%). Diarra [9] en 2009 à Bamako, de la surestimation du poids sec (chez un
rapporte 88,1% et 81,4% respectivement pour patient catabolique et dénutri), le non-respect
l’hyperphosphorémie isolée et l’hypocalcémie des mesures hygiéno-diététiques prescrites ou
isolée. Cette différence pourrait s’expliquer par par une dialyse inadéquate. La mesure à
la disponibilité sur le marché malien l’échographie du diamètre de la veine cave
actuellement de toute une gamme de inférieure, l’impédancimétrie et le dosage des
carbonate de calcium à bon prix. La prise du marqueurs hormonaux (ANP et cGMP) permet
carbonate de calcium entraine une palier à cette éventualité [1]. Les complications
augmentation de la calcémie et une diminution infectieuses bactériennes observées étaient
de la phosphorémie en complexant ce dernier. pulmonaires (48,4%), urinaires (25,8%) et du
Ce qui permet de lutter contre l’hyperpara- KT veineux central (25,8%). Ce dernier expose
thyroïdie secondaire et les lésions ostéodystro- à un risque de survenue d’infection de l’abord
phiques qui en résultent chez le dialysé. Le vasculaire beaucoup plus important que la
bilan lipidique était revenu pathologique dans FAV [19]. L’application de protocoles stricts de
73,9% des cas. Le HDL bas était un facteur de manipulation des KT permet de réduire de
risque de la cardiomyopathie hypertrophique façon significative l’incidence de ces
(p=0,0066) (Tab. I). La cardiomégalie isolée complications infectieuses [20]. L’évolution a
représentait 63,3% des cas. Ce résultat est été marquée par un taux global de mortalités
similaire à celui retrouvé dans la littérature de 37,3%, dont 30% avant douze mois (Fig. 2).
[9,15]. Les anomalies retrouvées à l’écho- Le taux de mortalité était de 36% à Dakar [21]
graphie cardiaque étaient la cardiomyopathie et à Bamako [9]. Le choc septique était la
hypertrophique (59,6%), la cardiomyopathie principale cause de décès avec 59,2%. La
dilatée (25%) et la cardiomyopathie hypertro- survenue du choc septique était dû au
phique et dilatée (15,4%) (Tab. I). Diarra [9] en cathétérisme veineux central (p=0,0196). La
2009 dans le même service rapporte 52,5% de cardiomyopathie hypertrophique (p=0,0020)
cas d’hypertrophie et 32,9% de cas (Tab. III), à l’anémie (p=0,0002) (Tab. V) et à la
d’hypertrophie associée à la dilatation. durée en dialyse (p=0,0001) (Fig. 2) sont les
L’anémie (87,3%), l’HTA (81,3%), l’inflation facteurs de risques liés à la mortalité. Les
hydrosodée (68,7%) et la FAV (21,3%) limites de cette étude tiennent principalement
expliqueraient la fréquence élevée des cas de du caractère rétrospectif de notre travail.
cardiomyopathie. Les patients ont été dialysés
en urgence dans 81% des cas à travers un KT CONCLUSION
La prise en charge en hémodialyse de façon
veineux central. Ce résultat est similaire à
urgente pose le problème de retard dans la
celui rapporté en 2009 à Bamako par Diarra
référence qui peut être due au faible niveau
[9]. Une 1ère dialyse réalisée en urgence
d’instruction et surtout de revenu. Les
augmente le risque de décès des hémodialysés
complications per dialytiques ou inter
de 400% dans les 90 premiers jours [16]. Cela
dialytiques restent fréquentes avec une
expliquerait le fort taux de mortalité lié au KT
mortalité élevée au 1er trimestre de traitement.
central (p=0,0085) (Tab. IV). Les crampes
Le taux de décès reste lié à l’abord vasculaire,
musculaires sont survenues chez 34,5% des
l’anémie et aux cardiomyopathies.
patients au cours de la dialyse (Tab. II). Elles
sont d’étiologies inconnues mais souvent liées REFERENCES
à une hypotension, une hypocalcémie, une 1- Kanfer A, Kourlisky O, Peraldi MN.
ultrafiltration (UF) excessive ou un taux de Néphrologie et troubles hydro-électrolytiques,
sodium trop bas dans le dialysat. 3ème édition. Paris : Masson, 2014 : 455p.
L’hypotension artérielle était aussi fréquente
au cours de notre étude soit 29,7% (Tab. II).
3
withdrawal: an analysis of the Australia and Figure 1 : Répartition des patients selon la tranche d’âge et Tranches d'âge
New Zealand Dialysis and Transplant le sexe (p=0,0004) (an)
(ANZDATA) Registry, 1999–2008. Clin J Am
SocNephrol, 2012 ; vol 7 : 1-7
12- Cruz IA, Hosten AO. An update of the end- Tableau I: Répartition des patients selon le type de
stage renal disease program at howard cardiomyopathie et les troubles lipidiques
university hospital. Transplant proc., 1989; 21:
3892-4 CMH* CMD* CM Tota
Cardiomyopathies * H et l p
13- Macron-Noguès F, Vernay M, Ekong E, n CMD
Thiard B, Salanave B, Fender P et al. La Troubles lipidiques % n n n
prévalence de l'insuffisance rénale chronique % % %
terminale traitée par dialyse en
France. Pratiques et organisation des soins, HDL bas 24 3 5 32 0,006
75 9,4 15,6 100 6
2007 ; 38(2) : 103-9.
14- Simon P. Dialyse rénale. Paris : Masson, Hypertriglycéridémi 16 1 2 19 NS
1999 ; 165p. e 84,2 5,3 10,5 100
15- Sy S. Evaluation du risque cardiovasculaire
Cholestérol total 6 2 2 10 NS
chez les patients hémodialyses dans le service
élevé 60 20 20 100
de néphrologie et d’hémodialyse du CHU du
Point G. Thèse méd, Bamako, 2010 ; No 558 ; LDL élevé 8 0 1 9 NS
77p. 88,9 0 11,1 100
16- Kessler M, Frinat L, Panesan V, Briançon S. *cardiomyopathie hypertrophique **cardiomyopathie dilatée
Impact of nephrology refrral on early and mid-
term outcomes in ESRD: Epidémiologie de
4
Tableau II : Répartition des patients en fonction Tableau V: Répartition des patients selon le taux
des complications perdialytiques (n=1450) d’hémoglobine et l’évolution
32
Tableau IV: Répartition des patients selon l’abord
Effectif
Cathéter central 72 43 115 0,0085 ≤3 MOIS [3-6[ MOIS []6-12[ MOIS [12-24[ MOIS [24-36[ MOIS
Durée en dialyse
(62,6) (37,4) (100) Figure 2 : Répartition des patients selon l’évolution et la durée
en dialyse (p=0,0001)
Fistule 22 6 (21,4) 28 0,0234
Artérioveineuse (78,6) (100)