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DE L'EMPIRE BYZANTIN
LE SÉBASTOPHORE : Ό σεβαστοφόρος
D'après les Patria (1), le 5 octobre, les chefs des régions de la Ville
exécutaient des danses sur l'Augoustéon, en l'honneur de l'empereur
régnant. Une scholie ajoute : « les chefs de régions et sébastophores »,
οί ρεγεωνάρχαί. και σεβαστοφοροι. Suidas (2) reproduit cette scholie,
tirée vraisemblablement d'un passage de Jean Lydos (3). D'après
Lydos, cet usage aurait existé à l'époque de Tibère, donc à Rome et
non à Byzance. Il est fort douteux que l'on puisse identifier les sébas
tophores avec les chefs de régions ou maires. Peut-être, à la haute
époque, les sébastophores étaient-ils chargés de porter les bannières
sur lesquelles était représenté le portrait de l'empereur, mais on ne
saurait l'affirmer.
Le sébastophore ne figure ni dans le Clétorologe de Philothée,
rédigé en 899, ni dans le Taktikon de Benesevich, rédigé entre 921 et 934.
Il figure, par contre, dans le Taktikon du cod. Scorialensis gr. 11-11,
rédigé entre 975 et 979 (4). Le titre de sébastophore semble être
apparu entre 963 et 975. En effet, à propos de la promotion d'un
proèdre, le Livre des Cérémonies écrit que le nouveau proèdre vient se
placer devant le magistros (5). Si, comme le remarque fort justement
Economides (6), la dignité de sébastophore avait existé alors, le
sébastophore, d'après le Taktikon de FEscurial, aurait dû prendre
place entre le magistros et le proèdre. Sa création semble donc pouvoir
être placée entre 963 et 975. Le titre a-t-il été créé, comme le suggère
(1) Preger, Script orig , CF. II, 158;; Ps. Cod. 28.
(2) Notes à Ps.-Cod., éd. Bonn., 232. Cf. Du Gange, Gloss, s. v.
(3) J. Lydos, De mensibus, 107.
(4) N. Economides, Un taktikon inédit du Xe siècle. Cod. Scorial. gr. R-II-11. Édition et.
Commentaire. Étude (dactylographiée) présentée le 12 juin 1961 comme thèse du 3e Cycle
devant la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris.
(5) De Cer.. 4Ί I
('>! Ν. ElUNUM II ES, (>[). Vil.. \i. 81.
I .
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tophore (15). Il fut probablement titré, lui aussi, patrice, car il appar
aît plus tard pourvu de ce titre (16). En 975, Jean Ier Tzimiskès,
traversant la Bithynie, au retour d'une expédition victorieuse, s'arrêta
au pied du Mont Olympe, dans le domaine d'Atroa, où il reçut l'hospi
talitéd'un grand seigneur, le patrice Romain, honoré de la distinction
de sebastophore, τω του σεβαστοφόρου διαπρέποντος άξιώματι. C'est
dans un banquet, donné chez le patrice sebastophore Romain,
que Jean Ier Tzimiskès fut empoisonné (17). Le patrice Romain est
très certainement le petit-fils de Romain Ier Lecapène. A quelle
occasion reçu-t-il la dignité de sebastophore? Nous l'ignorons.
Dans une lettre de Léon, métropolite de Synades et syncelle,
adressée à Arsène d'Héraclée, il est fait mention d'un sebastophore,
dont le nom n'est pas cité (18). Cette lettre serait antérieure à 985 (19).
Après la déchéance de Michel V le Calfat (1042), l'impératrice Zoé,
veuve de Romain III Argyre et de Michel IV le Paphlagonien, songea à
se remarier. Après quelques hésitations, son choix se porta sur Constant
in Monomaque, qui fut rappelé d'exil. Zoé envoya l'un de ses chamb
ellans eunuques, Etienne Pergaménos, à la rencontre du proscrit
jusqu'à Damocrania (20), près d'Athyr, pour lui porter la pourpre,
insigne du pouvoir souverain. C'est dans l'église de Saint-Michel, à
Damocrania, que Constantin IX Monomaque revêtit le vêtement
impérial (21). Ce fut, peut-être, à cette occasion qu'Etienne Perga
ménos reçut la dignité de sebastophore.
A peine monté sur le trône, Constantin IX Monomaque eut à
réprimer la révolte de Georges Maniakès (1042-1043). A la tête de
l'armée, destinée à arrêter la marche de Maniakès sur Byzance,
l'empereur mit le sebastophore Etienne Pergaménos. Ce dernier livra
bataille et ses troupes commençaient à plier lorsqu'une flèche perdue
blessa mortellement Maniakès et jeta ainsi le trouble chez les parti-
(15) Cedr. II, 327.
(16) R. Guilland, Les patrices byzantins sous le règne de Constantin VII Porphyrogénète
(919-959). Silloge Bizantina in onore di Silvio Giuseppe Mercati. Roma, 1957, p. 203, où il
y a lieu de supprimer : « fils de Constantin VII, Porphyrogénète ».
(17) Léon Diacre, 176-177. Cf. G. Schlumberger, L'Épopée byzantine, I. Paris, 1896
(réimpression, 1925), p. 311.
(18) J. Darrouzès, Epistoliers byzantins du Xe siècle. Paris, 1960, 180, lettre 18.
(19) C'est du moins l'avis de Nicolas Economides dans son étude encore inédite : Un
Tactikon inédit du Xe siècle, cod. Scorial. gr. R-1I, 11, p. 81. Toutefois, rien ne prouve que la'
présente lettre fasse allusion au sebastophore Romain Lecapène et qu'on puisse voir en lui,
comme le veut N. Economides, le possesseur d'importantes propriétés, dont certaines
auraient été achetées par lui à Arsène d'Héraclée.
(20) Ville de Thrace, voisine de Rheggio, d'Athyr et de Sélimvrie. Cf. Bryenne, 133 et
n. 229; Cantac, II, 518.
(21) Cedr. II, 542. Zonar. III, 616. Cf. G. Schlumberger, op. cit., III, Paris 1905, 399.
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(22) Cedr. II, 548-549. Chronicon Barense, sub anno, 1043. Cf. J. Gay, L'Italie méridionale
ci l'Empire byzantin (862-1071). Paris, 1904. 467.
(23) M. Attaleiates, 20. Cf. H. Grégoirk, Michel Attaleiate Histoires. Trad, française.
Byzanlion XXVIII (1958), 1959, 336.
(24) Psellos, éd. Renauld, II, p. 1-8. Cf. Zonar. III, 622-623. Psellos et Zonaras doutent
fort du courage et de la science militaire d'Etienne.
(25) Cedr. II, 550; M. Attaleiate, 20. Cf. G. Schlumberger, op. cit., III, 476etOd. Lamp-
SÎdès : H ποινή της τυφλώσεως. Athènes, 1949, 25.
(26) R. Janin. Constantinople byzantine. Paris, 1950, 352.
(27) V. Grumel, Les Regestes..., fasc. III, p. 34-35, n° 926.
(28) G. Schlumbreger, Mélanges d'archéologie byzantine, Paris, 1895, 167-168.
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INDEX
(Les chiffresIndex
renvoient
établiauxparnotes,
Mme sauf
R. Guilland
exceptions indiquées.)