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La chanson « ixef ittrun» (âme en peine) est, sans conteste, l’une des plus belles (nous vous le
concédons : elles sont toutes belles !) du répertoire du poète. Accompagné d’une guitare, il la
chante sous une douce mélodie, à l’air d’une confidence. Le poète y semble scruter les
tréfonds d’un personnage ayant perdu un être cher. Le personnage est presque coupé du
monde, après le terrible choc d’une disparition qu’il n’arrive toujours pas à accepter.
Sous forme d’un récital, on est transporté dans les méandres d’une âme humaine en proie à un
cauchemar éveillé. Une âme qui n’arrive pas, qui ne veut pas, accepter le donné. Devant celui-
ci, elle recourt à la stratégie que les psychanalystes appellent « la dénégation », du réel.
Dans le premier temps, le personnage procède par projection. Dans tout ce qui a un peu de
valeur, à ses yeux, il essaie de voir une partie de la personne disparue : «Kra n- wayen âzizen
felli/ S yisem-im is-giɣ isem/ Aken uliw ad ithenni/ Ad iɣil mazal-ikem/Tout ce que je chéris/Je
lui donne ton prénom/Pour laisser accroire mon coeur/ Tu es toujours vivante ». Parmi les
filles du quartier, il continue à chercher le visage de sa bien-aimée. Quelque chose au fond de
lui-même, peut-être même inconsciemment, lui dit qu’il ne tardera pas à la revoir… Et si, par
malheur (ou bonheur), il entend un lointain semblant de sa voix ou une parole qu’elle avait
déjà prononcée, il sursaute et se dit : « enfin le rêve est devenu réalité ; elle est là… quelque
part à mes côtés ! ». Comme l’indique l’ouverture du poème (le fait de s’adresser à une
personne disparue), tout au long du texte on sent la présence de la défunte personne. Son
fantôme se profile tout au long du poème et le personnage semble comme hanté par une
présence hallucinatoire. On dit que les morts ne reviennent pas ? Oui, mais à condition qu’ils
partent d’abord !
Le délire permanent dans lequel vit le concerné n’est rien par rapport à ce qu’il connaît à
chaque tombée de la nuit. «Kerheɣ m’ara d-yaweḍ yiḍ/ƫmektayeɣ d as-nni/Kemmin’asen i
tekfiv/ Ma d nek assen i bdant felli/Je ne supporte pas la tombée de la nuit/ Elle me rappelle
ce jour-là/Ce jour-là, pour toi tout était fini/ Et l’enfer commençait pour moi.)».
Pourquoi la tombée de la nuit ? Peut-être parce que la tombée de la nuit est le prélude de la fin
de quelque chose. C’est la fin de la journée qui rappelle une autre fin beaucoup plus cruelle et
qui peut prendre plusieurs aspects dans l’existence humaine.
Toutes les tombées de la nuit se ressemblent : le temps s’est figé à cette horrible tragédie. Il
n’y aura plus d’ « après », pour celui qui a perdu sa raison d’exister. La vie comme si elle
s’est arrêtée net à cette terrible disparition qu’il savait, pourtant, inéluctable. Mais le choc était
si violent que la raison chancelle. A partir de cette nuit, il mènera une vie à reculons : il vivra
dans le passé, puisque l’avenir n’a plus aucun sens pour lui.
La description de « ce jour-là » est faite de façon à vous donner la chair de poule. « Ce jour-là
» (assen) revient avec insistance (six fois !), comme un fardeau que l’on transporte malgré soi.
Quand on a été quérir le personnage, au moment de l’appeler (avant de lui transmettre la
lugubre nouvelle), son prénom – en général, on appelle par le prénom - prend les consonances
d’un cri (asu$u). De façon subtile, Lounis change le terme logique qui sert à appeler (le
prénom) en « asu$u». Ce revirement sémantique –« asiwel » qui devrait donner soit le
prénom, soit « tiɣri » s’est transformé en « asuɣu » (cri) – traduit l’état psychologique du
personnage. Son Moi étant profondément malmené, le moindre mot (ou geste) prend des
proportions alarmantes. On sent que le personnage prend cet appel (asiwel) pour une
agression et presque il en veut à ceux qui l’appellent. Ulayɣer ma nnan-iyi/hsiɣ s wayen ad
ivru/Nul besoin qu’ils me le disent (ils n’auraient pas dû ?)/ Je savais que cela devait
arriver).
Alors, il se tourne vers lui-même et s’attribue des pouvoirs démiurgiques. Il entre dans la
révolte qui commence par dénier la réalité : « Ggulleɣ arda t-teddrev ɣuri/Ulac a t-iderreɣ
illa/Ur qebbleɣ yiwen a d-yini/Ayen akw i-gevran yevra/J’ai juré que tu vivras/ Du néant je
ferai la vie/Je ne laisserai à personne dire/ Que c’en est fini). Puis, sa révolte devient
métaphysique et s’en prend à Dieu à qui il est prêt à tenir tête : « Ma yenna-d Rebbi tğehlev/A
s-iniɣ tebbwiv ddnub/Et si Dieu me reprochait mon blasphème/ Je lui répondrais : Tu es
coupable ! ». Ce distique final inverse les rôles : c’est le personnage qui devient juge et
prononce la sentence. Du reste, cette façon de couper court à Dieu, présente celui-ci comme
étant indigne d’une discussion prolongée. Les psychiatres, ici, n’hésiteraient pas à parler
d’une dépression aiguë, voire d’une schizophrénie. Quant à nous, simples auditeurs, nous ne
pouvons qu’admirer la beauté de la chanson.
Chez Ait Menguellet, on est loin de la sagesse des Anciens qui conseillait d’accepter la mort
comme un terme naturel à la vie. Dans ce texte, la mort apparaît au poète comme un scandale
métaphysique. Roland Barthes écrit, après la mort de sa mère : « Il m’importe peu de savoir si
Dieu existe ou non, mais ce que je sais et que je saurai jusqu’au bout, c’est qu’il n’aurait pas
dû inventer en même temps l’amour et la mort ».
Quand je suis dans le quartier/Je ne cesse de regarder les filles/ Ce n’est pas par infidélité/ Je
cherche ton visage en elles.
A certaines paroles je sursaute/ Les paroles que t’avais dites/ Te cherchant autour de moi/
Croyant que tu es là.
Je ne supporte pas la tombée de la nuit/ Elle me rappelle ce jour-là/ Ce jour-là, pour toi, tout
était fini/ Et l’enfer commençait pour moi.
Je ne supporte pas la tombée de la nuit/ Elle me rappelle ce jour-là/ T’as de la chance d’avoir
échappé/ A cet instant quand les gens m’ont appelé.
Les gens m’ont appelé/ De loin, j’entendais leur cri/ Nul besoin qu’ils me le disent/ Je savais
que cela devait arriver.
Les gens s’écartèrent simultanément/Tu m’avais l’air endormie/ Je cherchais un regard /Qui
pourrait me le confirmer.
Je traînais encore mon regard/ Ils baissèrent tous les yeux, avertis/ Quant à moi, aujourd’hui
encore/ Je refuse d’admettre les faits.
J’ai juré que tu vivras/ Du néant je ferai la vie/ Je ne laisserai à personne dire/ Que c’en est
fini.
J’ai juré de te garder auprès de moi/ Dussé-je changer le Destin/Et si Dieu me reprochait mon
blasphème/Je lui répondrais : Tu es coupable !
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Commentaires
Attriste et chagrine
Pourquoi, nous les Kabyles, on présente toujours un visage triste quand on est devant le
projecteur de la camera, comme le visage de Lounis.
Si mes souvenirs sont bons, je ne l'ai jamais vu souriant et gai, au moins une fois dans sa vie.
Dans tous ses albums, il présente toujours un visage triste et malheureux et pourtant il est
riche, vraiment riche.
Même quand il est sur scène, il n'offre aucune vivacité et chaleur au public.
Un savant a dit , une fois, il est plus facile de briser un atome que de changer une mentalité.
Un Kabyle triste et chagriné.
répondre
L'étoile ..
répondre
Merci pour ce texte ! On devrait le prendre pour exemple et en faire d'autres, au lieu de
brasser du vent comme on sait si bien le faire...
répondre
je n'ai pas suffisamment de mots pour décrire Lounis et ce qu'il représente pour moi dans ma
vie, je ne peux que lui dire Merci. Ce poème "Ixf ittrun", comment vous dire? c'est pas
seulement qu'il est sublissime, il est au delà !! il est eternel ! la musique qui l'accompagne, la
voix de Lounis, je ne peux les entendre sans ressentir la douleur profonde de cet homme qui a
perdu son être le plus cher, on sent q'il est coupé de la réalité, qu'il flotte entre le rêve et la
réalité qui lui est insupportable ... ce poème est bien au delà des spleen de Beaudelaire, tant il
me parle car il est dans ma langue maternelle et cette dimension en plus supplante toutes les
autres, aussi magnifiques soit-elles ! quand j'étais encore au lycée on étudiait les plus grands
poètes français, on étudiait toutes les tournures qu'ils utilisaient pour faire passer des
émotions, vous savez toutes ces tournures litteraires, tous ces effets, et le soir j'écoutais, je
décortiquais les textes de Lounis, et j'ai beaucoup plus appris avec lui qu'avec n'importe quel
professeur de literrature. Merci. Ce poème est magique et vous prend aux entrailles à tel point
que oui , on peut défier Dieu quand on est pris par ce mal, si c'est le seul moyen de reprendre
le dessus sur la vie.
Merci Lounis.
Message a Lounis
Azul J'ai pas eu l'occasion de me faire plaisir d'assister a un de tes récitals en Algerie (ce uqe
je regrette meme si des contraintes ca et la ) mais j'espere t ' ècouter et te voir sur scène . mon
fils a 6 ans il aime beaucoup fredonner Lounis J'espere te voir ici a Montreal fait nous ce
plaisir .
Je te remercie beaucoup pour tout ce que tu a fais et tu fera pour notre pays et notre langue a
travers ta poesie . Thanemirthe a un de ses jours a Montreal.
répondre
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Assez avec les malheurs! Cherchons le positif, l'espoir. la vie, l'amour! Ecartons TOUT ce qui
est negatif, mort, desastre, malheurs,etc ....Ne3ya degsen!!!!!
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répondre
Vivre dns la joie ne veux pas dire dormir sur ses 2 oreilles, ou etre passif aux agressions des
autres.
Pour etre plus clair et meiux comprendre ce qui nous sommes, je voudrais illustrer imazighen
par un diction vieux comme le temps, qui va peut-etre revolutionner notre quotient intellectuel
qui depuis des generations rode autour de zero.
A priori, nous avions ete un peuple dupé depuis plus de 2000 ans et on continue a l'etre
jusqu'a ce jour. Ceci a pour cause une seule condition: NOus sommes un peuple pas trop
intelligent!
Le diction qui nous decrit tres bien se rapporte a cette lapine prise au piege par ses
moustaches et n'a pas osé s'en dégager: Te dra yid negh am ta wtult it watfen deg claghem is!
Les arabes (les conquerant les plus hardis de tamazgha) ont ramené avec eux un livre plein
d'histoire a faires des nous des "lapins et llapins" et a titre d'exemple il ya une cassette a
propos de la mort qui marche "bien" cette therapie de malheurs..decrivant "le suplice de la
tombe" ( en rabe bien sur!) et bein entendu vous allez me dire qu'i lya bien un mort qui est
revenu nous en racontrer son histoire a drorir debout.
Oui! bien des amazighs (islamisés aux ongles) et completement deglingués y croient si bien
(en un au-dela imaginaire) car comme cette tawtult... considere qu'elle n'a pas ou aller sauf
abdiquer aux lois des malins plsu que nous (les arabes, bien sur!).
A bon lecteur salut!
répondre
lounis
encore un chef d oeuvre de lounis;la langue kabyle a la chance d avoir lounis qui l a eleve' a
une autre dimension; ses poemes seront la pour les generations a venir; et nous on a eu la
chance d avoir vecu a la meme epoque que lui; une fois encore thanemirth lounis;
répondre
Critique d'art pour critique d'art, j'invite l'auteur à faire une petite comparaison entre cette
chanson et celle qu'il a écrite durant la fin des années 70. La chanson parle aussi de la mort
mais plonge dans un imaginaire beaucoup plus fertile. Je me souviens de certaines paroles de
cette chanson, les voici :
Dans le sillage de l’euphorie débordante, le débat sur l’Algérianité, perverti, biaisé, jeté aux
orties des interdits- des décennies durant- ressurgit. Le panarabisme vole en éclats, vingt ans
après que Kateb Yacine, porteur de rêves amazighs, amant et guerrier de la liberté pour
l’Algérie et tous les hommes, eut décrié l’impossible nation arabe.
C’est aussi du coup ébaucher une libération idéologique du joug baathiste et recenser toutes
les infidélités aux idées inassouvies de Abane Ramdane. Abane, père de l’Indépendance, dont
la lâche liquidation hante toujours la conscience nationale. Cinquante deux ans, jour pour
jour, après l’étranglement de l’intelligence à Tétouane; et l’écrasement de l’embryon d’Etat
démocratique soummamien.
Comme s’il était encore tôt de se rappeler de l’insoupçonnable réalité de ses prémonitions…
Dans la quête effrénée de l’identité de la patrie éternelle, le sigle JSK, glorifiée au rang de
mythe, fascine par ses repères mémoriels. Qui permettent de se mesurer. De se définir. Un
miroir d’un combat sain qui se fissure.
Qui plus est, après le débarquement d’Echourouk, sponsor inédit aux relents islamistes, la
JSK se choisit un virage glissant. Connexion compromettante. Funeste prédiction ?
Ça se passe dans un pays en lutte contre ses propres démons. Précisément, dans une région
qui croise un destin violent. Mais qui ne l’étouffe toujours pas. Où les hommes doivent mettre
l’audace à y vivre. Il va sans rappeler qu’ici, il ya peu, il est plus garanti de mourir que d’y
respirer.
La JSK a la particularité d’avoir une histoire qui ressemble à la contrée éreintée, depuis
toujours, dont elle porte le nom : région rebelle, récalcitrante. Epineuse. Pionnière : elle crie la
détermination avangardiste, en étant l’exemple. Et la soif de Lumières souveraines. Ses murs
pansés de graffitis, ses territoires réfractaires, couverts de sang, révulsés, portent encore les
traces de blessures identitaires. De ses révoltes sans fin ; des sentences qu’on lui afflige. Sans
jugement.
Les joutes, ou plutôt les combats de stade étaient surtout des buts à inscrire au crédit de l’autre
‘’ combat’’. Des prouesses sportives pour crier, en chœur, la rage existentielle des damnés.
Surtout : faire entendre la râle des opprimés, les hurlements des suppliciés de la clandestinité,
l’asservissement du peuple, la vanité des potentats et le dénuement des êtres humains. Un
défouloir. Transbahuter la parole de liberté, l’omniscience dans les recoins de l’Afrique ; de
l’Arabie- comble de l’antinomie. Et, suprême mérite, noircir les colonnes éditoriales du nom
JSK : Jeunesse, Sursaut de la Kabylie.
Ce fut la JSK originelle. Orgueil de la ville des genêts : Celle des « couleurs ». Des genêts,
justement : du vert et jaune. Du Djurdjura qui la surplombe. Epine dorsale du foot algérien,
flambeau incandescent de la dignité millénaire.
Pour les joueurs du siècle écoulé, la berbérité est leur trame de fond, génératrice d’énergies
triomphantes. Leur source de jouvence. La JSK respire de la poitrine des damnés.
En filigrane, s’y est tissé l’enchantement de faire vibrer, à l’unisson, tout un peuple.
L’Afrique du nord, par moments. Il n’y a certainement rien de plus noble que de faire danser
des peuples qui souffrent.
« L’obligation de vaincre »
Voir le vouloir à l’œuvre. Concurrencer la fuite du temps, rattraper le retard que le pouvoir
met à « valider » l’amazighité, en entier. Une fois pour toute.
Subrepticement, une complicité s’est comme tissée entre les joueurs et les supporteurs de la
JSK , qui plus est « chauvins », sans excès. Nuance : la synergie confine à la tendresse. La
Kabylie s’emploie à ciseler quelques moments à la fois historique et savoureux.
Par-dessus tout, « la JSK est pour Tamazight ce que fut l’ALN pour le FLN libérateur[1] ».
De vaillants soldats du stade. « Des guerriers numides », dont "le nif" et la gagne sont leur
nourriciers.
Des hommes, des ‘’cadres’’, qui nous apportent la renaissance. Ce sont les ‘’maquisards’,
pour reprendre le vocable Katébien, de la dynamique démocratique en devenir. A leur
manière. Depuis lors, des ponts s’y sont bâtis entre la chanson, la culture, le sport, l’histoire et
l’espérance. D’où l’émotivité de regards authentiques, désintéressés, clandestins qui se
croisent entre deux destins en ardente action : Kabylie berbère qui s’affirme, Afrique du nord
« berbère » qui y adhère. Grâce à la JSK, les kabyles parlent aux chaouis, les chleuhs… au
reste de l’Algérie. Et au monde.
Il en reste pas moins que la soif est si insupportable qu’un tel « acquis », le sigle JSK - à lui
seul- ne saurait y suffire. La soiffe est grande. La foi aussi.
Et pour preuve : quant les « forces du désordre » déchargeaient, hégémoniques, leur folie
meurtrière dans le dos du peuple, en 2001, la JSK savait observer le deuil : brassard noir-
étendard des émeutiers. Et se mettre en vacance dans des compétitions immanquables.
L’arène de l’expression démocratico- identitaire
Le pouvoir d’alors n’a surtout pas l’esprit à voir une JSK rutilante. Qui brille aux podiums du
monde. Elle aura, de facto, « sa part » des coups de boutoirs policiers.
Eté chaud, déclic salvateur en ce 19 juin 1977…Finale de la coupe d’Algérie, à Alger. La JSK
rafle la mise : le « doublé » (championnat et coupe d’Algérie). Et la sentence ne se fera pas
attendre ; immédiate. Par le mépris. Irrationnel ! Le pouvoir décide de transformer la JSK en
JET (Jeunesse… électronique de Tizi-Ouzou). OPA dans les symboles par la confiscation du
‘K’ qui fâche. JSK, JET, une Tautologie? Certainement pas. Absurde ! Combien même la
réforme touchera les autres clubs qui deviendront MPA, MPO...
Secret de polichinelle : l’appellation nouvelle, la farce, a été décidée afin de supprimer les
initiales JSK que les foules scandent vaille que vaille- la parole étant libre- : « Je suis Kabyle
». Pis, plus révolutionnaire : « Jugurtha existe toujours ».[4]
Une première. Lors de ce match, les spectateurs brandissent des banderoles écrites en
berbères, conspuent Boumédiène, doublant l’hymne national algérien de chants patriotiques
kabyles. Et scandent des slogans « JS Imazighen » (Jeunesse sportif Berbère), « La langue
berbère vivra », « A bas la dictature ! », « Vive la démocratie ! », entonnant des noms de
maquisards kabyles de la Guerre de libération nationale.
Droit vers la chute. Un mythe se brise. Le voile se lève. Un homme à l’orgueil transcendant,
est livré à la vindicte populaire. Le foot dévoile. Au risque d’une meute. Ce « coup de maître
» achève l’unanimisme de façade. La protestation, elle, ne s’essoufflera guère. Elle sévit.
N’en déplaise aux falsificateurs, “JS Kawkabi”, puis “Jeunesse Électronique de Tizi-Ouzou”
ne font que renforcer, au contraire, la quête irascible de la mémoire souillée. Les cœurs se
galvanisent. Les esprits, aussi. « JS Kabylie » restera nonobstant l’offensive: nom de
naissance. Quoi que fassent les brigands. Dans tous les stades la clameur est unanime : JSK.
En dépit des lois scélérates…
D’un mot sur l’ère Chadli. La sournoiserie attisera la provocation dans l’affaire Cap Sigli. Un
avion mystérieux aurait largué des armes au profit de « maquisards », en Kabylie. Sans
preuve. La couleur est annoncée : changement de « président ». Et non de régime. De
méthodes non plus.
Vérité historique. La JSK dépasse sa dimension, structurelle, de club de football. Certes, elle
ressemble à l’USMA, le MCA… Lhouma vibre, aussi, à leurs moindres déplacements. La
JSK , elle, conquit l’Afrique foot. En ambassadrice. Le reste de l’Algérie retient son souffle.
Plus qu’un groupe de joueurs, et un staff. Elle a une âme : creuset de la revendication
amazighe, à défaut d’espaces « légaux ».
Oui : la JSK ne pouvait s’identifier à JSTO. Elle en serait vidée de sa substance ; détournée de
son axe « militant ». Ni ne serait portée par ses fils, ni aurait atteint les hauteurs. Parce qu’elle
cristallise l’identité amazighe (kabyle), son annihilation devient « constante » nationale. «
Effacez moi ce mot « kabyle » que je ne saurai entendre ! ».Que de lubriques inepties : JET et
JS Kawkabi. Malgré les souricières, les coups assénés à tout va, la JSK est toujours debout.
Dans le désert de symboles des années 70 et 80, seule l’équipe de la JSK émergeait.
Dénominateur commun aux multiples formes d’expression, à son corps défendant.
La JSK , avec son palmarès (titres nationaux et africains), forgée à la culture de la gagne, a été
la vitrine d’une Kabylie indomptable ; fière et conquérante. Le sentiment d’admiration et de
reconnaissance que vouent les jeunes de la région aux poulains du stade1ER novembre est
sain : la bravoure hissée au rang de leitmotiv. Même durant les heures les plus graves.
L’orgueil régional empreint de nationalisme, avec son soubassement identitaire, est incarné.
Avec des couleurs. Et des trophées.
L’arbitraire. Contraindre des lycéens de Kabylie à jouer des pièces de théâtre en arabe
classique, matraquage médiatique propagandiste sur la langue arabe, de la chasse au kabyle
jusqu'à l’irréparable, programmer des chanteurs arabophones au cours d’une édition de la Fête
des Cerises de Larbaâ Nath Irathène, entraineront de graves troubles. S’en suit une répression
systématique. Musclée.
N’empêche, concrètement le travail plus profond s’affine. Aux moyens du bord. C’est la
révolution culturelle « berbère ». La JSK gagne, toujours. La mue est qualitative.
Que de symboles finissent par faire corps avec la Kabylie : chanteurs (Ferhat Imazighen
Imoula, Matoub, Slimane Azem, Aït Menguellet, Farid Ferragui…), poètes (Ben
Mohamed…), hommes de théâtre (Mohia…), écrivain (Mammeri, Djaout…). Et la JSK qui
s’assigne un rôle d’autant plus catalyseur.
C’est pour ainsi dire le rôle moteur de la JSK dans le bouillonnement culturel embryonnaire :
une Kabylie qui ressuscite ses hommes. Ses symboles : Massinissa, Jugurtha, Juba, Jean et
Taos Amrouche, Feraoun, Abane Ramdane, Krim Belkacem,…etc.
A ce propos, Salem Chaker écrit dans ‘’Imazighen Assa-a ‘’: "Par delà les fluctuations
conjoncturelles, la revendication berbère est profonde, durable et non réductible ».
Bravant les affres de la clandestinité, « arach n tmanyin » (les enfants de 80) réussissent à y
semer les germes de la contestation. Dans les cœurs. Les bourgeons fleuriront le 20 avril
1980. La lutte devient publique. L’Algérie s’interroge sur la Kabylie. La JSK se bat encore.
Un devenir…à reconstruire
Depuis les années 90, le mépris est grandissant. Qui n’a d’égal que l’amnésie du « butin » de
leurs ainées. Victimes, eux, les jeunes montagnards. Descendance des gaillards des années 70
et 80, issue de la Kabylie profonde. Les portes de la JSK leur sont interdites.
A la JSK on mouille son maillon pour la Kabylie. Avant tout. Et naturellement pour la terre de
Abane . Pour peu qu’on batte leur rappel, le déluge peut attendre : les montagnes kabyles
regorgent d’exceptionnels talents.
Au train ou vont les choses, la JSK risque de se tirer deux balles dans les pieds. Aux travers
des rapprochements douteux, la JSK , risque le renoncement. Elle ne doit rien au « système »,
elle a tout imposé par la vertu de l’effort. Son histoire.
Le dépit devant le déclin de la JSK se manifeste, déjà. On savait difficile de nous arracher de
nos rêves, surtout ceux de l’enfance : la JSK transcende ces rêves-là parce qu’elle est passion
collective, audacieuse et consubstantielle.
Désormais, admettons-le, nos illusions nous pèsent. Tizi s’est métamorphosée ; la JSK
dégradée ; Avril folklorisée… La Kabylie se normalise…Face aux connivences banalisées,
depuis l’assassinat de Matoub, face aux machiavélismes des courtisans nouveaux, face aux
pourfendeurs de nos dignités intimes – dont la JSK -, face à tous ceux qui mettent leurs
vanités contre le sens de l’Histoire, le destin déjà hypothétique de la JSK fait naufrage. Oui :
la Kabylie ne finit point de s’isoler .Orpheline.
Sinon, depuis quand la JSK se mésestime ? Ne livre plus bataille, aphone et apathique.
Méconnaissable. Elle tend à s’oublier dans des passions improbables, à commencer par celle
du business. Et sa professionnalisation mal pensée. Hâtive. Sans relief, aux horizons obscurs.
Les joueurs doivent fidélité aux grandeurs dont ils ont hérités. La JSK nous doit de redevenir
elle-même : un sigle ambassadeur. Une lumière citoyenne au service des « siens », de
l’Algérie. Un modèle. Un cas d’école dont se reconnaitront les voix asservies. La JSK a
besoin de sang neuf pour continuer à porter haut les valeurs; idéaux des martyrs qui la
peuplent. Elle doit renouer avec son identité. De croire, de nouveau, en elle- même ; en
défrichant des chemins salvateurs. Retrouver son cordon ombilical qui la lie à « sa » Kabylie.
Et partant à l’Algérie plurielle des Lumières.
Un sursaut : voilà le remède. Mais, surtout, un retour aux sources. Et une projection sereine
quant à l’avenir qui la fuit. Il est à espérer qu’elle continue de servir de locomotive
d’expression aux luttes présentes. L’amazighité, ce n’est pas acquis ! Malgré la
mondialisation. Et le socle constitutionnel ‘’ Tamazight langue nationale’’…
Moh Arezki. K
Aksel75@live.fr
[4] Amar Ouerdane, ‘’La question berbère dans le mouvement national algérien, 1962-1980,’’
éd. Epigraphe. P.189-190.
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Commentaires
quand on regarde comment est
quand on regarde comment est géré un club comme le barca,ou on fait signer des closes aux
joueurs,qui les engagent a s'exprimer en catalan,au moins dans leurs déclarations aux
medias,on manque de s'ettouffer en la comparant a ce qu' est devenue la jsk par la grace de
son président,qui disant le,a gravement porté atteinte aux valeurs de la kabylie et des kabyles
il est plus ce que temps pour ce sinistre individu de disparaitre a jamais de l'histoire et de
l'avenir de la jsk et de la kabylie
répondre
l'amazighité et la JSK
oui, moi aussi je reconnais Yousfi, 2 ème debout à partir de la gauche qui jouait en défense en
n° 4 je crois. j'ai des petits souvenirs, j'étais trop jeune. la famille Yousfi existe toujours à
Guyotville (actuel Ain-Benian). Amar sid ali, le grand Amar du grand CRB des Lalmas,
Achour et autre Selmi. Amar aussi de Guyotville tout comme le grand Nassou et bien d'autres,
tous de Guyotville que je n'ai pas revu depuis de nombreuses années à qui je souhaite
beaucoup de paix. la Jsk est le digne héritier continuateur de la grande équipe du FLN. mais à
l'image de tout le pays, la JSK est entrain d'être détruite par les fossoyeurs du pouvoir qui ont
décidé de casser tous les repères importants pour faire des Algériens des aveugles. mais leur
jour viendra. un bonjour à la Kabylie et à Guyotville. un Guyotvillois nostalgique...
répondre
La deuxieme vitesse
Ay atmaten, a tisetmatin,
Dayen, Ne3ya deg tikellax N wa3raben!!! N'est plus temps de revendiquer mais d'agir!
Le petrole et le gaz algeriens sont amazighs a 100%. ils sont soutirés du sous-sol de tamazgha
par des arabes qui en font usage pour renforcer la cause arabe, persecuter les amazighs et nous
pousser a l'exil et l'extermination.
A ce jour cela prouve a quel pint nous ignorons le danger que nous encouroins par le biais de
cette escroquerie ... qui n'a jamais eté signlée a sa juste realité devastatrice et desastreuse.
Par notre silence nous sommes devenus non seulement des laches ( je m'escuse d'etre trop
direct, moi inclu) mais des complices. Ay atmaten! il est emps de se retrousser les manches et
de crier haut et fort avant que cela ne soit trop tard!!!!
IL est legitime de passer a l'action pour restituer nos droits, d'une facon ou d'une autre,
d'alerter l'opinion internationale que notre action est LEGITIME...aux arabistes de nous
fournir un acte de vente de Tamazgha s'ils en ont herité un de leur arrieres grands parents d'il
ya 14 siecles, ...
Ne te3ss atass atass!! IL faut appeler un chat un chat: Ne3ya deg tikellax N wa3raben!!!
répondre
sur la photos je reconner le joueur yousfi un homme un vrai, pas comme les autre amar sid ali
kabyle qui jouer au CRB
vive le mak