1- Généralités
1.1- Étymologie
Du latin imago : portrait, effigie, représentation. Dans l'antiquité romaine, les images sont des effigies
représentant les ancêtres des patriciens et ayant la vertu de protéger les villas et leurs habitants. Les
Grecs utilisent un mot synonyme, l'icône, pour désigner les sculptures et représentations de figures
divines.
1.2- Définition
Représentation d’un réel ou d’un imaginaire. Les images peuvent être de natures différentes : images
iconiques (figuratives) et aniconiques (non figuratives) ; images fixes (photographies, peintures) et
images animées (films, vidéos) ; images matérielles (qui ont une réalité concrète) et images
immatérielles, dites parfois virtuelles (qui n’existent que par une projection lumineuse ou un effet optique
par exemple). Elles peuvent avoir différents statuts : images artistiques, documentaires ou de
communication visuelle par exemple ; différents modes de fabrication : images photographiques,
peintes ou numériques, etc., ainsi que différents modes de diffusion : livre, affiche, Internet, etc.
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Image d’Épinal : estampe populaire vendue au XIX siècle par les colporteurs, dont Épinal s’est fait une
spécialité ; par extension, présentation simpliste et naïve d’un fait.
abstraction - abstrait - affiche - allégorie - anaglyphe - anamorphose - angle (de prise de vue) -
aquarelle - art pariétal - autochrome - autoportrait, portrait - bande dessinée - bestiaire - bidimensionnel
- bitmap - cadrage - cadre - calligramme - calligraphie - calotype - caricature - champ, contre-champ,
hors champ - cinéma - citation - clip - combine-painting - commande, commanditaire - connotation -
croquis - daguerréotype - déchirure - décollage - dématérialisation - dénotation - dessin - détournement
- diaporama - diorama - documentaire - écart - échelle des plans - écran - effigie - emprunt - estampe -
esquisse - fiction - figuratif - film - flicker - flip book - folioscope - fondu - format - fresque - frise - gif -
glyphes - hiéroglyphes - gommage - graffiti - grain - gravure - gros plan - hologramme - icône -
iconographie - idéogramme - illustratif, illustration - image - image d'Épinal - image 2 D - image 3 D -
image numérique - imagier - incrustation - infographie - instantané - Internet - interprétation - lacération -
lithographie - logotype - modèle - montage - mosaïque - narration - paraglyphe - perspective -
pictorialisme, pictorialiste - pictogramme - pixel - photogramme - plan - plan fixe - point de fuite -
plongée - contre-plongée - polysémie - prédelle - prélèvement - prise de vue - profondeur de champ -
publicité, publicitaire - quadrichromie - raccord - raccourci - rayogramme - recouvrement - référent -
regardeur - résolution - ressemblance - retable - retouche - rushes - schéma - séquence - série -
sérigraphie - sfumato - signe - solarisation - spectre - sténopé - stéréoscope - story board - symbole,
symbolique - touche - travelling - trompe l'œil - typographie - vidéo - vignette - xylographe - zoom.
1.4- Description
Au plan physiologique, on peut dire que l'œil est un appareil organique qui transmet des images au
cerveau, sous le terme de vision. Cette opération mentale complexe varie selon l'individu, sa culture,
son histoire propre, son ancrage dans une époque et une géographie, un contexte de civilisation : l'œil
humain imprime dans le cerveau des captures du monde. Ce processus fait déjà de l'image un objet
culturel à part entière. En outre, lorsque nous dormons, nous produisons, sous la forme de rêves, tout
un langage d'images codées, métaphoriques, variables selon la personne et son psychisme, étudiées
par des psychanalystes comme Sigmund Freud et Carl Gustav Jung.
En dehors de ce contexte et de celui des reflets dans un miroir ou toute surface réfléchissante, le terme
d'image est utilisé de manière large pour désigner des productions visuelles aussi différentes que la
fresque pariétale, le dessin d'enfant, la carte de géographie, l'illustration dans un album, la photographie
2 - Historique
Il semblerait que, de tout temps, notre œil cherche à construire des images, des formes identifiables à
partir de surfaces indistinctes comme la matière d'un mur, la mouvance des nuages, les reliefs de la
3- La photographie
Durant plusieurs siècles, des techniques mises au point pour représenter le monde avec réalisme
préparent l'invention de la photographie : décrit par Aristote avec une certaine précision, le principe de la
camera obscura est connu depuis l'antiquité. À la Renaissance, Léonard de Vinci et Giovanni Baptista
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della Porta perfectionnent cette chambre noire. Au XVIII siècle, devenue portable, on lui adjoint un
miroir pour percevoir l'image captée dans le bon sens et une lentille à l'orifice pour augmenter la netteté.
Les peintres utilisent ce procédé pour « copier » des images de paysages ou d'architectures.
En 1826, Nicéphore Niépce expérimente avec succès des composés sensibles à la lumière pour
parvenir à réaliser, vraisemblablement avec un sténopé, la première photographie. En 1839, il collabore
avec un peintre parisien, Louis Jacques Daguerre, pour diminuer le temps de pose et améliorer l’image,
sous le nom de daguerréotype. Les autorités françaises font généreusement don de l'invention au
monde entier, ce qui en assure le succès. William Talbot invente un procédé pour reproduire l'image sur
papier sensible avec des sels : naît alors la calotypie, permettant d'obtenir une image positive à partir
d'une image négative. L'invention de la photographie est un évènement capital qui permet la
reproduction mécanique d'images représentant la réalité en un temps relativement court. Cette invention
est accueillie par certains avec méfiance ou hostilité : Baudelaire juge qu'elle est le résultat de la
médiocrité des artistes modernes. Pourtant, elle libère la peinture de la fonction d'imitation du réel pour
lui permettre des approches interprétatives : Paul Cézanne, les fauves, les cubistes... rompent ainsi
avec la peinture illusionniste en proposant d'autres manières de représenter le monde. Dans le même
temps, la photographie suggère à la peinture d'autres cadrages et des artistes comme Edgar Degas ont
recours à l'appareil photographique avant de peindre. Mais c'est surtout autour du grand public que
s'organise le succès de la photographie. La nouvelle profession de photographe naît, les studios se
multiplient. De nouvelles couches sociales et surtout les bourgeois accèdent à leur représentation en se
faisant tirer le portrait. Les moments forts de l'existence comme les mariages ou les naissances font
l'objet de longues séances de poses collectives. Dès 1860, naît une forme de livre pour stocker et
consulter les tirages : l'album.
Parfois, déplorant que la photographie s'en tienne à des valeurs de gris, les photographes font colorer
manuellement les tirages papier dans des ateliers de retouches, mais, dès 1880, est inventé le principe
de la trichromie, obtenue par addition des couleurs fondamentales, puis les frères Lumière mettent au
point le premier procédé couleur, l’autochrome.
Les nombreuses demandes entraînant une logique industrielle, Eugène Disdéri, vers 1860, invente un
appareil doté de plusieurs objectifs permettant d'obtenir six puis neuf portraits identiques de petit format
sur un même support : en quelque sorte le photomaton est né. Plus tard, ce type de photographie sera
exigé pour les documents officiels tels que la carte d'identité ou le passeport. Intéressés par le caractère
immédiat et sériel du photomaton et son caractère impersonnel, des artistes, comme par exemple Andy
Warhol, l'utilisent plus tard pour développer leur mythologie personnelle.
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C'est au début du XX siècle que le Français Alphonse-Louis Bertillon, fondateur du service
d'anthropométrie judiciaire à la Préfecture de police de Paris, met en place un système de
photographies basé sur la typologie faciale et corporelle permettant l'identification des délinquants. Les
déviances psychiatriques sont, elles, étudiées à la Salpêtrière : pour avancer dans la connaissance de
la maladie mentale, on photographie les malades et leurs troubles et on constitue une documentation.
L’imagerie médicale naît et évolue jusqu’à l’IRM (imagerie à résonance magnétique).
L'essor de la photographie à partir des années 1920 donne aussi naissance au portrait documentaire et
à la photographie de voyage. Les colonies et les pays lointains exerçant une fascination auprès du
Les deux tendances voisinent dans le cinéma à toutes époques, d’un côté celle qui veut coller au réel et
en rendre compte avec objectivité, de l’autre, celle de renforcer le pouvoir hypnotique et envoûtant des
images, surtout dans les fictions narratives, par de nombreuses innovations successives comme le
montage, les mouvements de caméra, la sonorisation, les effets spéciaux allant jusqu’à intégrer la 3D et
le sens tactile, voire l'odorat.
Mais toutes deux exploitent les avancées de la technique et du langage cinématographique : montage,
sonorisation, couleurs, etc.
C'est surtout aux États-Unis, avec des cinéastes comme Edwin Porter, que naît le montage des images
qui consiste alors à placer des titres et textes, les intertextes, jugés nécessaires pour la compréhension
de l'histoire. L'américain David W. Griffith, dans les années 1915-1916, invente et perfectionne apporte
des innovations essentielles comme la variation d'échelles de plans, la maîtrise des raccords et le
montage alterné. Le film muet connaît son apogée dans les années 1910-1920, notamment avec
l'explosion du film comique américain et l'apparition de grands noms comme Charlie Chaplin, Buster
Keaton, Laurel et Hardy. Les Européens produisent des films plus graves avec Abel Gance (J’accuse)
et Marcel L’herbier en France, Friedrich Murnau en Allemagne (Nosferatu le vampire, 1922), ou
Poudovkine, Dziga-Vertov et Serguei Eisenstein en Union soviétique (Le Cuirassé Potempkine) en
1925.
Alors que les projections publiques s’accompagnent de musique jouée sur place jusqu’en 1927, le son
enregistré et synchronisé avec l'image apparaît cette année-là, apportant à l'image un supplément de
vie et mettant fin au cinéma muet. Dès 1936, le procédé d'anaglyphe, image réalisée pour être vue en
relief à l'aide de deux filtres de couleurs différentes, est utilisé par les frères Lumière. Si le premier long
métrage tourné en Technicolor date de 1935, il faut attendre 1960 pour une généralisation de la couleur,
certains réalisateurs continuant toutefois d'exploiter le noir et blanc par choix esthétique.
La mondialisation du commerce du film et l'archivage des films commencent tôt. Dans les années 1930
a lieu la première Mostra de Venise et la Cinémathèque française est créée. Au début des années 1940,
des films comme Le Dictateur de Charlie Chaplin et Citizen Kane d’Orson Welles, en rupture avec le
rythme classique imposé par Hollywood, marquent les débuts du cinéma moderne. La première édition
du Festival de Cannes a lieu en 1946. À partir de 1956, les salles de cinéma du monde entier sont
équipées de projecteurs cinémascopes, nouveau format visant à relancer l'économie du cinéma. La fin
des années 1950 est marquée par l'émergence d'un nouveau cinéma en France : la nouvelle vague,
mouvement qui va marquer des générations d'acteurs et de réalisateurs. François Truffaut, Jean-Luc
Godard et Jacques Rivette, tous issus des Cahiers du cinéma, revendiquent une posture critique et un
cinéma d'auteur libéré des conventions comme la règle de continuité. Le recours à du matériel portable
et autonome permet une nouvelle esthétique plus proche du réel. La rupture entre le cinéma de studio
et le cinéma d'extérieur s’illustre particulièrement dans La Nuit Américaine (1973) de François Truffaut.
Au plan technique, Ray Dolby invente en 1963 un système sonore de réduction de bruit de fond pour
l’enregistrement, système qui se perfectionne pour devenir le dolby stéréo : certains réalisateurs comme
Francis Ford Coppola (Apocalypse now,1979) et George Lucas (Star Wars, 1973) sont les premiers à
l'utiliser.
Les années 1960 mettent en concurrence les salles de cinéma et la télévision qui pénètre dans les