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Épreuve de spĂ©cialitĂ© histoire-gĂ©ographie, gĂ©opolitique et sciences

politiques terminale
Sujet A

Structure
L'épreuve est composée de deux exercices notés chacun sur 10 points :
● une dissertation ;
● une Ă©tude critique d'un (ou deux) document(s).

EXERCICE 1 - Dissertation
Sujet : les grandes mutations de la guerre, de Clausewitz Ă  Daech.

EXERCICE 2 - Étude critique de documents


Sujet : en vous appuyant sur les documents, montrez que le réchauffement climatique est
un risque global qui nécessite des réponses globales.

Document 1.
« On fait souvent référence, aussi bien dans le monde politique que scientifique, à
l’impĂ©ratif de limiter la hausse de la tempĂ©rature moyenne de la terre Ă  + 2 °C (par rapport Ă 
la température moyenne avant la Révolution industrielle) ; au-delà, les risques de
bouleversements climatiques deviendraient trop grands, s’ils ne le sont pas dĂ©jĂ  [
].
Certains travaux font valoir que + 2 °C est excessif ; [...] l’Accord de Paris invite à abaisser ce
seuil à + 1,5 °C. Alors, avec cet objectif en vue, dans quelles limites peut-on encore se
permettre d’émettre des gaz Ă  effet de serre, principalement dioxyde de carbone CO2 et
mĂ©thane CH4, ceux-lĂ  mĂȘme dont l’accumulation dans l’atmosphĂšre provoque les hausses
de température ?
La rĂ©ponse sur laquelle on s’accorde gĂ©nĂ©ralement est la suivante : le cumul des Ă©missions
ne peut dĂ©sormais pas dĂ©passer 600-700 Gt (gigatonnes, c’est-Ă -dire milliards de tonnes) de
CO2 |
]. À 35 Gt d’émissions annuelles de CO2, cela donne environ 20 ans de rĂ©pit Ă 
l’humanitĂ©, juste une fraction de seconde de temps gĂ©ologique, et quelques minutes de
temps historique.
Cette sobriĂ©tĂ© ne pourra venir que d’une action collectivement organisĂ©e. L’accord obtenu Ă 
Paris le 12 dĂ©cembre 2015 peut ĂȘtre le catalyseur d’un effort collectif dans la mesure oĂč il
favorisera la multiplication et la convergence d’initiatives pour une transition Ă©nergĂ©tique et
Ă©cologique. Ce sera une course d’obstacles et une course contre le temps car comme l’a
dĂ©clarĂ© Martin Luther King dans un discours d’avril 1967 : “ tomorrow is today ”. Cela est
particuliÚrement vrai dans le cas du réchauffement climatique. »
« L’accord de Paris comme rĂ©fĂ©rence, tremplin et instrument de cohĂ©rence », Claude Henry,
dans Revue d'économie politique 2016/4 (Vol. 126), pages 487 à 497.

Document 2.

Les impacts attendus du rĂ©chauffement climatique, d’aprĂšs L’Atlas des minoritĂ©s, hors-sĂ©rie
La Vie/Le Monde, 2011.
Correction

Exercice 1 - Dissertation
Sujet : les grandes mutations de la guerre, de Clausewitz Ă  Daech.
La dissertation est le traitement d'un sujet donné, avec une introduction, un développement
en plusieurs parties et une conclusion.
Le candidat doit montrer :
● qu'il maĂźtrise des connaissances et sait les sĂ©lectionner ;
● qu'il sait organiser les connaissances de maniùre à traiter le sujet ;
● qu'il a acquis des capacitĂ©s d'analyse et de rĂ©flexion.
Pour traiter le sujet, le candidat :
● analyse le sujet et Ă©labore une problĂ©matique ;
● rĂ©dige un texte pertinent comportant une introduction (dĂ©gageant les enjeux du
sujet et un fil conducteur en énonçant une problématique), plusieurs parties
structurées et une conclusion (qui répond à la problématique).
La réalisation d'une illustration en appui du propos (croquis, schéma, etc.) amÚnera une
valorisation de la note.

Exemple de dissertation :
Introduction
En dĂ©clenchant la Global War on Terror aprĂšs les attentats du 11 septembre 2001, les États-
Unis se lançaient dans une guerre dite « asymétrique » contre le terrorisme djihadiste, sans
limite d’espace ni de temps. Les effets s’en font encore sentir vingt ans plus tard, avec la
prĂ©sence des armĂ©es occidentales dans la zone Sahel-Sahara jusqu’au Moyen-Orient, et avec
la fréquence des attentats islamistes en Occident.

La guerre est un conflit armé entre deux ou plusieurs protagonistes. Ces derniers peuvent
ĂȘtre des États, ou des acteurs non-Ă©tatiques qui, par le recours Ă  la violence collective,
opÚrent des destructions physiques et psychologiques majeures, dans le but de réaliser des
objectifs politiques. Pour Clausewitz, elle est un miroir des sociétés qui dépend de la culture
du temps, et change souvent de nature : en un mot, un « caméléon ».
Justement, comment s’est transformĂ©e la guerre depuis l’époque du grand stratĂšge
allemand du XIXe siĂšcle ? Si les grands affrontements entre États, caractĂ©ristiques du XIXe et
du dĂ©but du XXe siĂšcle, se sont rarĂ©fiĂ©, la violence guerriĂšre n’a pas disparu : quelles formes
nouvelles prend la guerre Ă  l’époque du terrorisme d’Al-Qaida et Daech ?
I. La guerre a connu une « montĂ©e aux extrĂȘmes » (Clausewitz) entre le XIXe et le XXe
siÚcle, dans le cadre des grands conflits interétatiques.

1. Le grand stratĂšge allemand Clausewitz analyse la guerre sous un triple aspect :


● un ensemble de moyens militaires dont use l’autoritĂ© politique pour rĂ©aliser
ses objectifs, une fois que la diplomatie a montrĂ© ses limites : c’est la
« continuation de la politique par d’autres moyens » ;
● un affrontement entre des peuples, et non plus seulement des États, qui
amùne à la destruction totale, l’annihilation de l’adversaire. L’ñge des guerres
« limitées » entre armées réguliÚres est ainsi révolu ;
● le dĂ©ploiement de stratĂ©gies de la force, avec une concentration maximale de
moyens matériels et humains. Toute guerre peut ainsi déboucher sur des
extrĂ©mitĂ©s de violence (« montĂ©e aux extrĂȘmes »).

2. Les deux guerres mondiales rĂ©alisent la « montĂ©e aux extrĂȘmes » thĂ©orisĂ©e par
Clausewitz.
● La PremiĂšre Guerre mondiale, marquĂ©e par le dĂ©chaĂźnement de la violence
dans la « guerre de tranchĂ©es » et l’utilisation d’armes de destruction
massive. Les civils sont plongĂ©s au cƓur des destructions (artillerie lourde, gaz
moutarde), avec un bilan trĂšs lourd, de 10 millions de morts au bas mot.
● Des sociĂ©tĂ©s durablement marquĂ©es par la guerre dans les annĂ©es 1920 et
1930 : la volonté de revanche des vaincus, la « brutalisation » durable des
sociétés (thÚse de George Mosse), la course aux armements, les coups de
force expansionnistes des dictatures et la guerre civile en Espagne (1936-39).
● Pendant la Seconde Guerre mondiale, on atteint le sommet de l’horreur
meurtriĂšre (50 Ă  60 millions de morts), avec les campagnes massives de
bombardements, des tueries de masse (génocide des Juifs et Tsiganes),
l’utilisation de nouvelles armes de destruction massive (atome). Les procùs de
Nuremberg et Tokyo jugent des crimes de guerres et des crimes contre
l’humanitĂ©.

3. La Guerre froide marque un premier changement profond dans l’approche de la


guerre.
● La guerre n’est plus la « continuation de la politique par d’autres moyens »,
sous l’effet de la dissuasion nuclĂ©aire. Il n’y a pas d’affrontements militaires
directs entre les deux superpuissances et leurs blocs, qui utilisent tout type de
ressources : intimidation, subversion, espionnage, guerre économique, guerre
psychologique, courses aux armements et à l’espace

● C’est le dĂ©but d’un effacement des frontiĂšres entre guerre et paix : pas de
déclaration de guerre, pas de batailles rangées entre grandes armées, pas de
victoire nette, pas de traité de paix.
● Les guerres pĂ©riphĂ©riques font rage, prenant un caractĂšre progressivement
asymétrique, opposant armées réguliÚres et irréguliÚres (guérillas), comme au
Vietnam ou en Afghanistan par exemple.

II. Depuis la fin de la guerre froide, la guerre entre dans une phase de mutations intenses,
s’éloignant dĂ©finitivement des conceptions clausewitziennes.
1. On assiste à un phénomÚne de raréfaction des grandes guerres interétatiques
(l’AmĂ©ricain John Mueller parle d’une « obsolescence des guerres majeures » dĂšs
1989).
Trois grands types de causes l’expliquent :
● les valeurs guerriĂšres sont dĂ©passĂ©es (gloire, honneur, courage, patriotisme)
et plus grand monde ne se risquerait Ă  faire l’éloge de la guerre comme aux
siÚcles passés ;
● la guerre n’est plus perçue comme une mĂ©thode efficace et rentable : les
coûts et risques encourus sont plus importants que les bénéfices escomptés ;
● la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique est devenue le but ultime des États, il n’est
dĂ©sormais plus obligatoire d’obtenir des succĂšs militaires pour rayonner dans
le monde.

2. À l’inverse, on assiste Ă  une multiplication des guerres asymĂ©triques, menĂ©es par


des armĂ©es irrĂ©guliĂšres dans des contextes d’effondrement et de dĂ©lĂ©gitimation des
États.
Les guerres civiles ou intra-étatiques ont été bien plus nombreuses que les guerres
interétatiques depuis la fin de la Guerre froide, constituant environ les trois quarts
des conflits militaires recensés et provoquant pour les 9/10Úmes des victimes civiles.
● Ces guerres opposent des armĂ©es irrĂ©guliĂšres, milices et groupes
paramilitaires entre eux, et Ă  des armĂ©es rĂ©guliĂšres. En s’inscrivant dans la
durée, elles peuvent devenir des conflits de basse intensité, avec
affrontements sporadiques et mortalitĂ© rĂ©siduelle, Ă  l’image de la guerre du
Donbass (depuis 2014).
● La guerre n’est ainsi plus le monopole des États. Elle se privatise sous la
pression des groupes terroristes et séparatistes, des organisations criminelles
qui prennent le contrĂŽle de vastes espaces. Mais aussi par le recours Ă  des
sociétés militaires privées (SMP), type Academi (ex-Blackwater).

3. La guerre est souvent perdue par les grandes puissances militaires.


● On est entrĂ© dans l’ùre de la guerre ultra-technologique, qui peut ĂȘtre menĂ©e
Ă  distance par les armĂ©es des États les plus puissants : bombardements
aériens à haute altitude, utilisation des drones, robots-soldats, satellites,
frappes de missiles
 Sans parler de la cyber-guerre, permanente et furtive,
véritable « arme de désorganisation massive ».
● Toutefois, les guerres asymĂ©triques montrent que la supĂ©rioritĂ© militaire ne
garantit plus la victoire : par exemple, pas de victoire nette des armées
occidentales en Afghanistan, en Irak, au Mali et dans la zone du Sahel dans les
années récentes. Perdre la guerre est devenu un « nouvel art occidental »
selon Gérard Chaliand.
● L’objectif de « zĂ©ro mort » rend le prix du sacrifice humain insupportable pour
les occidentaux, ce qui contribue à la redéfinition des notions de courage et
d’hĂ©roĂŻsme au combat.

III. Le djihad (guerre sainte) d’Al-Qaida et de Daech est rĂ©vĂ©lateur de nouvelles pratiques
de la guerre, trÚs éloignées du modÚle clausewitzien.
1. Le terrorisme, une stratégie du faible au fort.
● C’est un mode d’action ancien, qui remonte à la fin du XIXe siùcle
(anarchistes), mais connaßt une actualité brûlante avec le terrorisme
djihadiste.
● Ce mode d’action est utilisĂ© par des acteurs faibles qui doivent compenser
l’absence ou le dĂ©ficit de puissance militaire par des moyens autres que la
confrontation directe sur le champ de bataille.
● Il s’inscrit dans la tradition de la « petite guerre », ou guĂ©rilla, dont il est un
substitut (GĂ©rard Chaliand) : le but est de dĂ©stabiliser l’ennemi sur le plan
psychologique.

2. La stratĂ©gie de la ruse et de la dissimulation revient ainsi Ă  l’honneur


● Il en va ainsi de l’attaque du World Trade Center. Le 11 septembre 2001, des
avions de ligne dĂ©tournĂ©s depuis le sol amĂ©ricain s’écrasent contre les tours
jumelles, devenant ainsi des armes « par destination » : c’est un nouveau
« cheval de Troie » et une négation des anciens principes clausewitziens de la
guerre.
● Le terrorisme transgresse les rĂšgles de la guerre et use de la sidĂ©ration et de
la peur des populations civiles à des fins idéologiques et politiques. Le but est
de diviser les populations, et de crĂ©er le doute sur la capacitĂ© des États Ă  les
protéger.
● Les terroristes prĂ©tendent ĂȘtre des « soldats » (de Dieu), seuls dĂ©positaires
dĂ©sormais des valeurs de courage, d’hĂ©roĂŻsme et de sacrifice qui ont
désertées les armées réguliÚres, usant du pouvoir de détruire à distance et
sous-traitant en partie la guerre à des sociétés militaires privées (SMP).

3. Le terrorisme d’Al-Qaida et de Daech brouille les frontiĂšres entre criminalitĂ© et


guerre, sécurité intérieure et sécurité internationale, comme dans le cas français :
● d’un cĂŽtĂ©, le terrorisme relĂšve de la criminalitĂ© et donc de la sĂ©curitĂ©
intérieure (police, gendarmerie, services de sécurité intérieurs type DGSI) ;
● de l’autre, le terrorisme est assimilĂ© Ă  une forme contemporaine de guerre
(« guerre Ă  la terreur, au terrorisme »), avec l’implication des militaires Ă 
l’intĂ©rieur du pays (opĂ©rations Sentinelle, Vigipirate), mais aussi au-dehors, en
opérations extérieures (opération Barkhane au Sahel).

Conclusion

Bref, le modĂšle clausewitzien de la guerre est mis Ă  l’épreuve des guerres asymĂ©triques, en
particulier du terrorisme djihadiste. Les logiques guerriÚres sont différentes, mais la violence
demeure. Face à cela, les réponses militaires des grandes puissances occidentales restent
sans effet dĂ©cisif
 Sans doute car la rĂ©ponse au terrorisme doit ĂȘtre aussi, et avant surtout,
économique et sociale.
EXERCICE 2 - Étude critique de documents
Sujet : en vous appuyant sur les documents, montrez que le réchauffement climatique est
un risque global qui nécessite des réponses globales.
Il s'agit d'une étude critique d'un ou deux documents de nature différente. Le candidat doit
montrer :
● qu'il est capable de construire une problĂ©matique Ă  partir du sujet indiquĂ© par le titre
et abordé par le (ou les) document(s) ;
● qu'il comprend le sens gĂ©nĂ©ral du (ou des deux) document(s) ;
● qu'il est capable de sĂ©lectionner les informations, de les hiĂ©rarchiser et de les
expliciter ;
● qu'il sait prendre un recul critique en rĂ©ponse Ă  sa problĂ©matique, en s'appuyant
d'une part sur le contenu du document et, d'autre part, sur ses connaissances
personnelles.
Pour traiter le sujet, le candidat :
● analyse de maniùre critique les documents en prenant appui sur la consigne et
élabore une problématique ;
● rĂ©dige une introduction comportant une problĂ©matique ;
● organise son propos en plusieurs paragraphes ;
● rĂ©dige une conclusion qui comporte une rĂ©ponse Ă  la problĂ©matique.

Exemple d’étude critique de documents :


Introduction
Le réchauffement climatique est un phénomÚne d'augmentation des températures
moyennes de l’atmosphĂšre et des ocĂ©ans, du fait d’émissions excessives de gaz Ă  effet de
serre (GES), parmi lesquels le dioxyde de carbone, d’azote et le mĂ©thane. Ces Ă©missions
dĂ©passent la capacitĂ© d'absorption des ocĂ©ans et de la biosphĂšre, augmentant l’effet de
serre qui piĂšge la chaleur Ă  la surface de la Terre. Les origines anthropiques de ce
phénomÚne ne font plus réellement débat, tant les preuves scientifiques se sont accumulées
au fil du temps.
Deux documents nous sont fournis Ă  l’appui de cette Ă©tude :
● le document 1 est un texte de Claude Henry, professeur de dĂ©veloppement durable Ă 
Sciences Po Paris et Ă  l’UniversitĂ© Columbia (Ă  New York). Son titre est : « L’accord de
Paris comme référence, tremplin et instrument de cohérence ». Il est publié dans la
Revue d'économie politique.
● le document 2 est une carte sur les impacts attendus du rĂ©chauffement
climatique sur l’environnement, d’aprĂšs L’Atlas des minoritĂ©s.
La lutte contre le rĂ©chauffement climatique est « une course d’obstacles et une course contre
le temps, car comme l’a dĂ©clarĂ© Martin Luther King dans un discours d’avril 1967 : “
tomorrow is today” » (document 1). DĂšs lors, comment expliquer que les mesures politiques
dĂ©cidĂ©es Ă  l’échelle internationale soient Ă  la fois insuffisantes et mal appliquĂ©es ? Quelles
conséquences en attendre ?

I. Le rĂ©chauffement climatique est un risque global dont la gravitĂ© s’accroĂźt.

Depuis la rĂ©volution industrielle, la planĂšte s’est sans doute rĂ©chauffĂ©e de 2°C. Le professeur
Claude Henry explique dans le document 1 : « On fait souvent référence, aussi bien dans le
monde politique que scientifique, Ă  l’impĂ©ratif de limiter la hausse de la tempĂ©rature
moyenne de la terre à + 2 °C (par rapport à la température moyenne avant la révolution
industrielle) ; au-delĂ , les risques de bouleversements climatiques deviendraient trop
grands, s’ils ne le sont pas dĂ©jĂ  (
) ». Il s’agit d’un « risque global » (tel que thĂ©orisĂ© par le
sociologue allemand Ulrich Beck dans les annĂ©es 1980) touchant tous les ĂȘtres vivants, par-
delà les frontiùres des espùces, des États et des continents, avec des effets en retour
inattendus, des phénomÚnes de rétroaction négatifs (« effet-boomerang »). Les derniÚres
projections du GIEC font Ă©tat d’une tempĂ©rature mondiale moyenne en croissance de +2,5 Ă 
+7,8 °C d’ici la fin du XXIe siùcle.

Les effets du réchauffement planétaire se font déjà sentir de maniÚre significative, comme le
montre le document 2.
La carte rĂ©vĂšle que l’ensemble du systĂšme climatique est entrĂ© en dysfonctionnement : la
fonte des glaciers aux pÎles et dans les hautes montagnes, ainsi que du pergélisol dans le
Grand Nord canadien et la Sibérie septentrionale débouchent sur une hausse du niveau des
mers (peut-ĂȘtre jusqu’à 1 mĂštre), menaçant de grandes rĂ©gions littorales et deltaĂŻques (en
particulier dans les océans Indien et Pacifique). La dégradation des récifs coralliens et des
ressources halieutiques indiqués sur la carte est aussi liée à la surexploitation humaine. Les
cyclones sont plus frĂ©quents et plus dĂ©vastateurs, du fait de la rencontre des masses d’air
chaudes et des masses d’air froides (CaraĂŻbes, ocĂ©an Indien, Asie du Sud-Est). D’un autre
cÎté, de nombreuses zones sont marquées par la raréfaction des précipitations (Ouest et
Sud des États-Unis, Patagonie argentine et chilienne, espace mĂ©diterranĂ©en, zone sahĂ©lo-
saharienne, Afrique du Sud) ; d’autres, au contraire, sont victimes de l’intensification des
prĂ©cipitations : rĂ©gions septentrionales de l’hĂ©misphĂšre Nord (Canada, Ecosse et
Scandinavie, Russie), certaines régions intertropicales (Caraïbes, Inde occidentale, Asie du
Sud-Est). Les zones en voie de désertification sont davantage menacées par les incendies
(Californie, Méditerranée) et la fragilisation des systÚmes agricoles (Grandes plaines états-
uniennes, Amérique du Sud, Europe du Sud, Inde et Chine intérieures). Le réchauffement
climatique devrait aussi provoquer la rĂ©duction de la biodiversitĂ© et l’extinction de
nombreuses espÚces animales, la réapparition de maladies disparues ou en voie de
disparition, ce que n’évoque pas le document 2.

Ces effets catastrophiques du réchauffement climatique seront trÚs inégaux à la surface de


la terre, c’est aussi ce que montre la carte : les risques extrĂȘmes et Ă©levĂ©s menacent surtout
des pays et rĂ©gions dĂ©jĂ  pauvres et vulnĂ©rables. Pour le risque extrĂȘme, on relĂšve sur la
carte l’AmĂ©rique centrale et andine, l’Afrique sahĂ©lienne, de l’ErythrĂ©e Ă  l’Afrique du sud et
Madagascar. Une grande partie de l’Asie est aussi concernĂ©e, des steppes d’Asie centrale Ă 
l’ocĂ©an Pacifique. Pour le risque Ă©levĂ©, on relĂšve la cĂŽte atlantique de l’AmĂ©rique du sud, de
Recife au BrĂ©sil Ă  Buenos Aires en Argentine, l’Afrique centrale, l’Europe balkanique, l’Asie
centrale. C’est pourquoi les pays riches et avancĂ©s doivent aider davantage les pays pauvres
à faire face aux défis du réchauffement climatique.

II. Le réchauffement climatique, en tant que risque global, nécessite une gouvernance
écologique et climatique internationale.

Selon le document 1, si le monde veut limiter le réchauffement climatique, « le cumul des


Ă©missions ne peut dĂ©sormais pas dĂ©passer 600-700 Gt (gigatonnes, c’est-Ă -dire milliards de
tonnes) de CO2 (
). Cette sobriĂ©tĂ© ne pourra venir que d’une action collectivement
organisée ». Il faut donc réfléchir tous ensemble à limiter la consommation des gaz à effet de
serre, car sans accord commun, on ne saurait trouver de solution efficace. Ainsi, des efforts
de coopération internationale ont été réalisés depuis le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro
en 1992, fixant un « Agenda 21 » (pour 21e siÚcle) visant à appliquer partout le
développement durable selon le principe « Thing Global, Act Local ». En 1997, le protocole
de Kyoto permet un premier effort commun pour tenter de stabiliser les émissions de GES
mais il s’avĂšre insuffisant : pour rĂ©ellement ralentir le rĂ©chauffement planĂ©taire, il aurait
fallu baisser de 80% les émissions des seuls pays industriels et non seulement les stabiliser
,
sans compter que les pays en développement et émergents étaient alors dispensés pour leur
permettre de s’industrialiser. Il en va ainsi de la Chine qui, entre-temps, est devenue la
premiÚre économie polluante au monde.

Toutefois, l’accord de Paris en 2015 peut changer la donne : « l’accord obtenu Ă  Paris
le 12 dĂ©cembre 2015 peut ĂȘtre le catalyseur d’un effort collectif dans la mesure oĂč il
favorisera la multiplication et la convergence d’initiatives pour une transition Ă©nergĂ©tique et
Ă©cologique ». C’est un accord en effet trĂšs ambitieux : l’objectif est de rester sous les 2°C de
rĂ©chauffement planĂ©taire au XXIe siĂšcle. Il doit ĂȘtre atteint grĂące Ă  la neutralitĂ© carbone et la
sortie des Ă©nergies fossiles. Pour ce faire, des plans d’actions nationaux sur le climat sont
dĂ©cidĂ©s dans chaque pays, avec objectifs chiffrĂ©s. S’il est politiquement contraignant,
l’accord ne l’est pas juridiquement et aucune sanction n’est prĂ©vue en cas de dĂ©passement.
Un plancher d'aide climatique aux pays pauvres est fixé à 100 milliards de dollars.

Peu de temps aprĂšs sa signature, l’Accord de Paris est affaibli par le retrait unilatĂ©ral des
États-Unis dĂ©cidĂ© par le prĂ©sident Trump (2017), alors que le pays est le premier pollueur
mondial avec la Chine. Les doutes sur la faisabilitĂ© de l’accord se renforcent d’autant. Les
COP 24 et 25 en Pologne et Espagne confirment les difficultĂ©s Ă  s’entendre sur un accord
prĂ©cis. En lui-mĂȘme, l’accord est trop vague et ne fixe ni prix mondial du carbone, ni marchĂ©
planĂ©taire des droits d’émission. Les aides aux pays du sud demeurent insuffisantes ; on s’est
parfois contentĂ© d’étiqueter en vert des aides au dĂ©veloppement dĂ©jĂ  existantes, de surcroĂźt
sous forme de prĂȘts et non de dons.

Conclusion

En conclusion, le réchauffement climatique est un risque global de plus en plus urgent à


traiter, si l’on veut demeurer sous les 2°C de hausse des tempĂ©ratures au XXIe siĂšcle, et
limiter les consĂ©quences environnementales qui, de toute façon, nous pourront ĂȘtre Ă©vitĂ©es.
Les diffĂ©rents États du monde ne peuvent agir seuls, ils doivent coopĂ©rer entre eux. Une
rĂ©flexion internationale est en cours en vue d’adopter un Pacte mondial sur l’environnement
a débuté, mais son adoption a été repoussée à 2022 au mieux, du fait de la crise sanitaire.