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Mécanismes de garantie du droit de grève en République Démocratique du

Congo : intervenants et contingences spatio-temporelles.


Par
Yves-Junior MANZANZA LUMINGU (* )

INTRODUCTION

Depuis l’apparition de l’homme sur terre, il a toujours aspiré au mieux-être, à la survie ; aussi
se consacre-t-il constamment au travail, parfois de dur labeur en vue de se maintenir en vie.
Mais ce droit à la vie ne serait qu’un leurre s’il n’était pas accompagné d’autres prérogatives
consacrées par divers instruments juridiques tant internationaux, régionaux que nationaux.
Ces prérogatives sont généralement englobées sous l’expression « droits de l’homme » ; et les
législations nationales actuellement en vigueur préfèrent les expressions « droits
fondamentaux », « droits et libertés des citoyens », « libertés publiques ». Mais peu importe la
qualification qu’ils peuvent recevoir des législations étatiques, ces droits sont ceux qui
définissent et consacrent, en termes juridiques, la liberté d’un individu, qu’il l’exerce seul ou
en groupe (1).
Notons que la protection juridique des droits de l’homme s’est développée puisque la Charte
des Nations Unies requiert que les Etats favorisent et encouragent le respect des droits de
l’homme et des libertés fondamentales, bien que cette obligation soit plus morale que légale.
A la suite de cette Charte, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopta le 10 décembre
1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), laquelle déclaration est à
l’origine des instruments ultérieurs portant sur les droits de l’homme dont le Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre 1966.
Les droits économiques, sociaux et culturels contenus dans ce pacte sont entre autres le droit
au travail avec comme corollaire la jouissance des conditions de travail justes et favorables, le
droit de former les syndicats et de s’affilier au syndicat de son choix, le droit à la grève, le
droit à la sécurité sociale et aux assurances sociales, le droit au niveau de vie suffisant, le droit
de jouir de meilleur état de santé physique et mentale, le droit à l’éducation, le droit de
participer à la vie culturelle, le droit de bénéficier du progrès scientifique, etc.
Cependant, malgré cette volonté exprimée en faveur des droits fondamentaux dont devraient
jouir tous les citoyens, certaines pesanteurs persistent, occasionnant ainsi des violations
intempestives de tous ces acquis. D’où l’impérieuse nécessité de préconiser des mesures
efficaces, notamment à propos des intervenants, en vue de l’applicabilité certaine de ces
droits-créances, principalement du droit de grève proclamé par la Constitution congolaise.
Cela étant, après avoir présenté le droit de grève comme droit-créance, cette réflexion se
propose de relever les divers mécanismes mis en place par la législation congolaise pour
garantir son exercice.

*
Assistant et Doctorant en droit économique et social à l’Université de Kinshasa, Membre du Réseau
universitaire des chercheurs sur le genre (RUCG).
1
Cfr KANDOLO ON'UFUKU wa KANDOLO, De l’exercice des droits et libertés individuels et collectifs comme garantie
d'une bonne gouvernance en Afrique noire : Cas de la République démocratique du Congo (De l'indépendance à nos jours),
Mémoire, AUF, 2004-2005
2

I. LE DROIT DE GREVE ET LES DROITS-CREANCES

D’emblée, il sied de noter que l’expression « droit-créance » rappelle le contexte d’éclosion


des droits économiques, sociaux et culturels « qui ont vu le jour après les droits civils et
politiques et ce, à la faveur des injustices sociales sécrétées par la révolution industrielle » (2).
En effet, s’étant rendu compte que les libertés classiques ou traditionnelles avaient peu de
sens pour tous ceux qui ne disposaient pas des ressources matérielles pour en jouir, alors de
nouveaux droits furent revendiqués, exigeant de la part des pouvoirs publics des actions
positives en vue de leur réalisation ; d’où l’expression « droits-créances » collée à la quasi-
totalité de ces droits qui constituent la deuxième génération des droits de l’homme.
Ces nouveaux droits n’entendent pas se substituer aux libertés classiques, mais les compléter
en ce sens qu’ils s’y ajoutent et leur permettent de se concrétiser. Cependant, ils introduisent
une série des mutations dans la façon de penser les droits de l’homme.
Certes, écrit Danièle LOCHAK, « les droits de l’homme avaient été énoncés, à l’origine, dans
une perspective individualiste et universaliste. Or les nouveaux droits ne concernent plus
seulement l’individu isolé mais aussi l’individu en groupe (…) ; ils ne visent plus un homme
abstrait, mais des hommes concrets, saisis dans leur singularité (…) ; ils ne postulent plus
une nature humaine éternelle et immuable, mais prétendent au contraire tenir compte des
besoins d’individus situés, en fonction d’un contexte social déterminé » (3).
Ainsi, les droits de l’homme équivalaient, dans l’optique libérale, à la sphère d’autonomie
laissée à l’individu, visant à faire contrepoids au pouvoir, ils étaient revendiqués avant tout
contre l’Etat. Les droits créances, au contraire, supposent une intervention active de l’Etat
pour être mis en œuvre.
Enfin, alors que les libertés classiques sont garanties par des mécanismes qui relèvent
essentiellement de la technique juridique, la satisfaction des droits-créances repose avant tout
sur la mobilisation de moyens matériels et la mise en place des services publics (écoles,
hôpitaux, sécurité sociale, etc.)
Notons toutefois qu’une partie des droits reconnus dans la sphère sociale – tels le droit de
grève ou le droit syndical – ne sont pas des droits-créances : ils sont donc mis en œuvre et
garantis par les mêmes procédés que les libertés dites classiques ( 4). En effet, la grève ne se
réclame pas, mais s’exerce en vue de revendiquer un droit.
Par conséquent, bien que relevant des droits économiques et sociaux, la grève sera analysée
ici non pas comme droit-créance, mais plutôt comme une liberté devant être mise en œuvre
pour déclencher les revendications d’une catégorie professionnelle en vue de faire garantir
certains droits en péril.
Mais pour mieux saisir la portée du droit de grève, il faut partir des origines même du droit du
travail dont il est intimement lié. Certes, le droit du travail lui-même dans son ébauche
moderne est à rechercher dans l’évolution sociale du XIV ème siècle en Europe, dans une
époque où le machinisme plaçait l’ouvrier dans les conditions de travail difficiles et même
insupportables. Cette situation a suscité un réveil de conscience dans le chef des ouvriers et
les a poussés à s’organiser et à revendiquer une amélioration des conditions de travail : on
aboutit alors à une législation en matière du travail destinée principalement à les protéger.

2 Voy. Rusen ERGEC, Introduction au droit public. Les droits et libertés, Bruxelles, Kluwer, 1994, p. 36 et Danièle
LOCHAK, Les droits de l’homme, Paris, Edition La Découverte, 2002, p. 41
3 Danièle LOCHAK, Op. cit., pp. 44-45

4 Ibidem
3

Cependant, au-delà de la simple préoccupation de la protection du travailleur, le droit du


travail s’est chargé de la reconnaissance et de la réglementation des droits collectifs. Mais il
faut reconnaître que l’évolution du droit du travail a été marquée par des idées anti-
colonialistes ainsi que par l’action des Organisations Internationales dont l’OIT.

I.1. Prolégomènes
La compréhension du droit de grève passe essentiellement par l’analyse de la notion même de
grève ainsi que par son historique. En outre, le parcours de la portée sémantique de la grève
permettra certes de la distinguer d’autres mouvements qui s’y apparentent.
I.1.1. Notion
La notion de la grève postule sa définition, ses caractéristiques ainsi que ses différentes
formes telles qu’imaginées par la société au fil des temps.
A. Définition
Traditionnellement, la grève est définie comme une cessation collective et concertée du travail
par le personnel d’une ou de plusieurs entreprises en vue de faire aboutir les revendications de
nature professionnelle.
C’est en ce sens qu’elle est également appréhendée comme un arrêt du travail par les salariés
pour la défense d’intérêts communs ou encore comme un instrument essentiel de lutte pour les
travailleurs (5).
Par ailleurs, la grève peut désigner un mouvement collectif pris à l’initiative de tout ou partie
du personnel d’une entreprise, destiné en général à contraindre l’employeur à la négociation
des conditions de travail et de rémunération ( 6). C’est ainsi que les syndicats français y
trouvent, à côté des manifestations et des pétitions, un des moyens privilégiés pour défendre
les acquis sociaux tels que les conditions de retraite, la sécurité sociale ou le système éducatif
public, ainsi que pour obtenir des hausses des salaires et des améliorations des conditions de
travail (7).
Néanmoins, il convient de remarquer que la grève est susceptible d’occasionner un sérieux
revirement avec l’effet de la masse et de paralyser la vie économique nationale. Par
conséquent, elle nécessite une réglementation efficace mettant en exergue des caractéristiques
propres.
B. Caractéristiques
L’examen de la définition sus indiquée fait ressortir les caractéristiques spécifiques de la
grève qui implique :
ü L’existence d’un conflit collectif : la cessation collective du travail ou la participation à
cette cessation collective du travail ne peut avoir lieu qu’à l’occasion d’un conflit
collectif du travail ( 8).
ü La cessation du travail : elle constitue un élément spécifique. Et cet arrêt du travail
doit être complet, même si les grèves partielles, minoritaires ou catégorielles sont
licites.

5 Comp. CAVALERIE, Notions fondamentales de droit, Paris, Ed. Faucher, 1995, p. 345 ; FLICHY, H., Droit du travail,
7ème éd., Paris, Editions Belfond, 1991, p. 249
6 www.dictionnaire-juridique.com/definition/greve.php

7 http:/fr.wikipedia.org/wiki/Grève, 12 septembre 2009.

8 Art. 315, alinéa 1er de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail.
4

ü L’action concertée (9) : un salarié ne peut prétendre exercer son droit de grève qu’à
condition que l’arrêt de travail qu’il observe le soit de concert avec ses pairs (10). C’est
que la grève doit être suivie par au moins deux salariés. Et si la cessation du travail
peut être limitée à une fraction du personnel (un atelier, une catégorie de personnel,…)
même minoritaire, l’arrêt de travail d’un seul salarié n’est pas une grève, sauf si son
action répond à un mot d’ordre national ou s’il est le seul salarié de l’entreprise (11).
C’est dans ce sens que certains auteurs parlent d’un droit individuel exercé
collectivement (12).
ü Les revendications professionnelles : la grève a pour objectif de défendre des
revendications professionnelles portant par exemple, sur la rémunération
(augmentation de salaire, rétablissement d’une prime,…), les conditions de travail
(aération des locaux, moyens de transport), l’horaire ou la durée du travail, la situation
de l’emploi (licenciements économiques…), stratégie de l’entreprise (nouvelle
politique commerciale…). Les revendications doivent être présentées à l’employeur
(par les grévistes ou un syndicat) avant le déclenchement du mouvement.
C. Formes de grève
La grève peut être spontanée et brutale, sans but précis, organisée et dirigée vers un résultat
déterminé, limitée à une entreprise ou généralisée à une branche ou à une région ; mais
plusieurs formes de grève ont été inventées au cours de l’histoire.
Parmi ces différentes formes figurent : la grève surprise, la grève tournante, la grève perlée, la
grève du zèle, la grève sauvage, la grève générale, la grève de la faim, la grève solidaire, la
grève sur le tas ou grève avec occupation, la grève politique, etc. Chacune d’elles revêt un
contenu propre et peut ainsi être, selon le cas, licite ou illicite.
I.1.2. Historique
La grève en soi a évolué différemment d’un pays à un autre ; mais nous limiterons notre
analyse sur la situation en France (13), dont la RD Congo a hérité une bonne partie des règles
de droit par l’entremise de la Belgique, son ancienne métropole.
L’origine de l’expression se trouve dans la pratique, sous l’Ancien Régime, selon laquelle les
travailleurs parisiens, cessant le travail, se rassemblaient sur la place de Grève (14). Pareille
cessation n’étant pas autorisée, ils encouraient des sanctions (enfermés à la Bastille ou
envoyés aux armées ou galères). En effet, la grève a longtemps été interdite en France (15),
conséquence de l’abolition des corporations et de la contractualisation du droit du travail ; et
au cours de la première moitié du XIXème siècle, l’Etat monarchique réprimait les grèves et
emprisonnait souvent les grévistes.

9 Elle fait allusion à plusieurs participants, mais elle ne renvoie pas à une question de majorité car une minorité
même faible peut valablement faire une grève. En effet, aucune disposition légale ne subordonne l’exercice de la
grève à un référendum auprès des travailleurs.
10 BEYA SIKU, « Démocratie en droit du travail », in Participation et responsabilité des acteurs dans un contexte

d’émergence démocratique en République Démocratique du Congo. Actes des journées scientifiques de la Faculté de Droit
de l’Université de Kinshasa (18-19 juin 2007), Kinshasa, Presses de l’Université de Kinshasa, 2007, 307-317.
11 FLICHY, H., Op. cit., p. 250 ; HESS-FALLON, B. et SIMON, A.M., Droit du travail, 16ème éd., Paris, Dalloz, 2004,

p. 262 ; RAY, J.E., Droit du travail. Droit vivant, 9ème éd., Paris, Les Editions Liaisons, 2000, p. 408 ; PELLET, R. et
SKZRYERBAK, A., Leçons de droit social et de droit de la santé, 2ème éd., Paris, Sirey, 2008, pp. 113-114.
12 MARLIAC, C., L’essentiel des droits politiques, économiques et sociaux, Paris, Gualino éditeur, 2003, p. 126 ; RAY,

J.E., Op. cit., p. 408


13 Cfr http:/fr.wikipedia.org/wiki/Grève, 12 septembre 2009.

14 MARLIAC, C., Op. cit., p. 125

15 PANSIER, F.J., Droit du travail. Relations individuelles et collectives, 3ème éd., Paris, Editions du Juris-Classeur, 2003,

p. 150
5

C’est depuis la loi Emile Ollivier du 25 mai 1864 que le droit de grève a commencé à être
reconnu (avec des restrictions), avant d’être proclamé par la Constitution de 1946. Enfin, la
constitution de la Cinquième République ne prévoit pas le droit de grève, mais le Conseil
constitutionnel a, dans sa décision n° 79-105 du 25 juillet 1979, créé la notion de « bloc de
constitutionnalité » en vue de conférer une valeur constitutionnelle au préambule de la
Constitution de 1946 (16) et donc au droit de grève qui y est inscrit. Pour ce qui concerne les
fonctionnaires, ce droit fut affirmé et précisé en 1950 par un arrêt du Conseil d’Etat, l’arrêt
Dehaene du 7 juillet 1950 (17).
A la lumière des développements qui précèdent, il sied de rappeler que la grève est depuis le
XIXème siècle une action collective consistant en une cessation concertée du travail par les
salariés d’une entreprise, d’un secteur économique, d’une catégorie professionnelle ou par
extension de toute autre personne productive, souvent à l’initiative de syndicats. Cette action
vise à appuyer les revendications des salariés en faisant pression sur les supérieurs
hiérarchiques ou l’employeur (chef d’entreprise ou patron), par la perte de production que la
cessation de travail entraîne.
Mais le statut juridique des actions de grève est variable selon les pays, de l’interdiction pure
et simple (en particulier dans les dictatures), à l’encadrement réglementaire ou législatif. Dans
les pays où la grève est légale, elle est en général interdite à certaines professions comme les
militaires, les pompiers professionnels ou encore les policiers.

I.2. De l’exercice du droit de grève en RD Congo


La République Démocratique du Congo, fidèle à ses engagements internationaux, notamment
dans le cadre de l’Organisation internationale du travail, garantit le droit de grève comme l’un
des droits fondamentaux consacrés dans sa Constitution du 18 février 2006.
Cette consécration du droit de grève se justifierait par ailleurs du fait de l’adhésion de l’Etat
congolais au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16
décembre 1966. En effet, les Etats parties au Pacte précité s’engagent à assurer […] le droit de
grève, exercé conformément aux lois de chaque pays (18).
C’est ici le lieu de circonscrire son fondement juridique en République Démocratique du
Congo ainsi que les contingences spatio-temporelles y afférentes tant dans les relations
collectives du travail que dans la fonction publique.
I.2.1. Fondement
A l’état actuel du droit congolais, la grève est un droit fondamental ayant une portée
constitutionnelle. En effet, à travers l’article 39 de la Constitution du 18 février 2006, le
constituant congolais reconnaît et garantit le droit de grève, lequel s’exerce dans les
conditions fixées par la loi qui peut en interdire ou en limiter l’exercice dans les domaines de
la défense nationale et de la sécurité ou pour toute activité ou tout service public d’intérêt vital
pour la nation.

16 PELLET, R. et SKZRYERBAK, A., Op. cit., p. 109 ; Comp. MAZYAMBO Makengo Kisala, A., « Introduction aux
droits de l’homme : théorie générale, instruments, mécanismes de protection », in Mandats, rôles et fonctions des
pouvoirs constitués dans le nouveau système politique de la République démocratique du Congo, Kinshasa, 2007, pp. 226-
279
17 Voy . notamment JAVILLIER, J.C., Droit du travail, 5ème éd., Paris, L.G.D.J., 1996, p. 25 ; VERDIER, J.M., Droit du

travail, 9ème éd., Paris, Dalloz, 1993, p. 361 ; PELLET, R. et SKZRYERBAK, A., Op. cit., p. 110
18 Art. 8, point 1, litera d) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16

décembre 1966.
6

Mais sa consécration a été obtenue après d’âpres luttes, notamment sous le régime colonial et
ce, même dans le domaine des relations collectives du travail.
I.2.2. La grève dans les relations collectives du travail
La notion et l’historique du droit de grève laissent remarquer que ce droit a longtemps été
réservé essentiellement aux personnes soumises au champ d’application de la législation du
travail. Mais son exercice ne peut se justifier que dans un contexte des conflits collectifs du
travail, sans préjudice des conditions requises pour sa licéité.
A. Contexte : les conflits collectifs du travail
Aux termes de l’article 303 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail,
« est réputé conflit collectif du travail tout conflit survenu entre un ou plusieurs employeurs
d’une part, et un certain nombre de membres de leur personnel de l’autre, portant sur les
conditions de travail, lorsqu’il est de nature à compromettre la bonne marche de l’entreprise
ou la paix sociale ».
La subtilité de pareil conflit peut être saisie quant à l’objet du conflit et quant aux parties qui
l’opposent. Le conflit collectif porte en effet sur les droits ou les intérêts communs à un
groupe de travailleurs (ex. les taux de salaires, l’horaire de travail, le transport, les avantages
sociaux, etc.). Par conséquent, les revendications d’un groupe de travailleurs n’ayant aucune
relation directe avec le travail ne peuvent engendrer un conflit collectif du travail.
En outre, le conflit collectif doit concerner une collectivité des salariés (elle peut être limitée à
une catégorie des travailleurs ou généralisée à une entreprise, une profession, une
agglomération) ; mais du côté patronal, le conflit demeure collectif même s’il oppose un
groupe des salariés à un seul employeur. Il s’agit en clair d’un « affrontement » entre les
partenaires sociaux.
Et pour le règlement de pareils conflits, P. DURAND conseille que l’on doit éviter à tout prix
que les parties (…) ne recourent à la grève ou au lock-out qui sont des procédés de force qui
sur le plan social équivalent à la guerre (19).
B. Conditions de licéité
La cessation collective du travail ou la participation à cette cessation collective du travail ne
peut avoir lieu qu’à l’occasion d’un conflit collectif du travail et une fois que les moyes de
règlement du conflit, conventionnels ou légaux ont été régulièrement épuisés (20).
En clair, les travailleurs qui désirent déclencher une grève doivent d’abord épuiser tous les
moyens de règlement à leur portée et, en cas d’échec, donner un préavis de grève à
l’employeur.
a. Echec de règlement pacifique des conflits collectifs
Le règlement pacifique des conflits collectifs est soumis à la procédure déterminée à cet effet
par les parties dans la convention collective de l’entreprise ou dans celle qui lui est
applicable : il s’agit de la procédure dite conventionnelle (21).

19 DURAND, P., Contribution à la théorie de l’extension des conventions collectives : les effets de l’arrêté d’extension, Paris,
1956, p. 24, cité par LUWENYEMA LULE, Précis de droit du travail zaïrois, Kinshasa, Ed. Lule, 1989, p. 474
20 Art. 315, al. 1er du code du travail congolais.

21 Cette procédure se justifierait par l’interprétation de l’article 279 du code du travail qui, en son alinéa 2, sixième

point signale les mentions obligatoires que doit contenir une convention collective, notamment « la procédure de
conciliation et d’arbitrage à observer pour le règlement des conflits collectifs entre employeurs et travailleurs liés par la
convention ».
7

Cependant, la loi n’exige pas que les parties à un conflit collectif tentent avant tout de régler
leurs différends elles-mêmes. Cette procédure n’est pas obligatoire puisque les parties peuvent
y recourir ou pas. Mais une solution qui viendrait des parties aurait le mérite d’être plus rapide
et ne mettrait pas en marche les autres instances légales de règlement des conflits collectifs du
travail, évitant ainsi des solutions « imposées » de l’extérieur. Certes, l’idée communément
reçue est que « les parties connaissent mieux les problèmes et les mesures qu’il convient de
prendre ». Cette démarche constituerait ainsi un gain non seulement de temps mais également
d’argent.
A défaut de cette procédure conventionnelle, le conflit collectif est réglé conformément à la
procédure légale (22) ou, le cas échéant, par le recours au tribunal compétent, sans préjudice
du droit à la grève ou au lock-out.
b. Déclenchement de la grève
Lorsqu’ils ne sont pas réglés par les procédés ci-dessus décrits, les conflits collectifs
aboutissent souvent à la grève [ou au lock-out]. Pour ce faire, les travailleurs qui projettent
une grève doivent notifier à l’employeur un préavis de six jours ouvrables à dater de la
notification dont une copie est transmise à l’Inspecteur du travail du ressort. Et les parties
disposent d’un délai de 10 jours pour saisir le tribunal. Une fois déclenchée, la grève
s’apparente en fait à un phénomène de force qui consiste en une cessation du travail dont
l’efficacité dépend de la capacité respective des parties.
Notons à titre d’exemple la grève déclenchée en novembre 2009 par les travailleurs des
commerçants libanais et indo-pakistanais qui revendiquaient le paiement de leurs salaires au
taux du jour du dollar américain. Pour rappel, leurs employeurs appliquaient à leurs
rémunérations le taux de 560 Francs congolais pour 1 dollar américain alors que le taux du
marché était estimé à 890 Francs congolais.
Toutes les démarches menées par les délégués des travailleurs pour amener les employeurs
sur la table des négociations se sont révélées vaines. Qui pis est, les recommandations faites
par l’autorité de tutelle invitant les employeurs à payer les salaires au taux réel et
conformément au salaire minimum interprofessionnel garanti ( 23) furent ignorées par ces
derniers qui rétorquaient : « que votre Gouvernement vous paye à ce taux ou vous trouve un
autre emploi » (24).
C. Effets de la grève
Distinguons ces effets selon qu’il s’agit des grévistes et des non grévistes. Vis-à-vis des
grévistes, il faut noter que la cessation du travail pour défendre des revendications
professionnelles étant un droit reconnu à tout salarié, tant qu’elle est exercée dans des
conditions normales, elle ne peut justifier ni sanction, ni licenciement (25).
La grève ne rompt donc pas le contrat, sauf en cas de faute lourde du salarié (26) ; il y a plutôt
suspension de l’exécution du contrat de travail : le lien contractuel demeure mais les parties
sont dispensées de leurs obligations sauf stipulations contractuelles contraires.

22 Art. 306 à 315 du code du travail. Cette procédure légale comporte deux étapes : la conciliation qui est assurée
par l’Inspecteur du travail et la médiation qui est menée par une commission ad hoc.
23 Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est fixé, en RDC, par l’Ordonnance n° 08/40 du 30 avril

2008.
24
Témoignage d’un gréviste recueilli par une télévision de la place, Kinshasa, le 12 novembre 2009.
25 WANTIEZ, C., Introduction au droit social, 5ème éd., Paris, Bruxelles, De Boeck et Larcier sa, 1999, p. 69
26 Dans ce cas, il faudrait attendre la levée de la grève étant donné que celle-ci est suspensive du contrat de travail,

car le législateur interdit la résiliation du contrat pendant sa suspension (cfr art. 57 et 60 du code du travail).
8

A l’égard des non grévistes, en principe la grève d’une partie du personnel n’a pas d’effet sur
les contrats de travail de ceux qui n’ont pas grevé mais qui se sont trouvés dans l’impossibilité
de travailler. Aussi, l’employeur reste-t-il tenu de leur verser leur salaire sauf en cas de force
majeure (27).
Enfin, la grève peut aussi avoir une incidence sur les tiers. Car le chef d’entreprise peut se
trouver dans l’impossibilité de s’acquitter de ses obligations envers lesdits tiers. Aussi
pourrait-il s’exonérer de sa responsabilité contractuelle en invoquant la force majeure. Mais la
jurisprudence ne considère pas un simple fait de la grève comme un cas de force majeure et
exige des circonstances particulières :
§ une certaine généralité, sinon l’employeur pourrait faire exécuter la commande par
une autre entreprise non touchée par la grève ;
§ l’imprévisibilité, sinon l’employeur a eu le temps de s’organiser.
Signalons par ailleurs que, de par son caractère expansif (28), le droit du travail a exercé une
grande influence sur les autres branches du droit privé et du droit public, dont le droit
administratif où on a vu s’introduire le syndicalisme et la grève.
I.2.3. La grève dans la fonction publique
Limitée à l’origine à des relations collectives du travail, la grève est actuellement exercée tant
par le personnel des entreprises privées que par les agents des services publics. Et, bien que le
droit de grève ne soit pas reconnu à certains fonctionnaires, comme c’est le cas des magistrats
et des militaires en France (29), cette interdiction n’est pas nécessairement suivie. D’où
l’intérêt de l’analyse de l’aspect antinomique ou non de la grève face au principe de continuité
des services publics.
A. Le droit de grève face au principe de continuité des services publics (30)
Il sied de constater d’emblée que les concepts de « grève » et de « continuité » dans la notion
du service public paraissent fondamentalement se contredire.
Théoriquement, ils sont même antinomiques du fait que la grève évoque l’idée d’un arrêt,
d’une cessation collective temporaire du travail et, donc, du disfonctionnement temporaire du
service public ; tandis que la continuité renvoie au fonctionnement ininterrompu, continu du
service public, sans limitations autres que celles autorisées par des textes légaux ou
réglementaires (31). Aussi MIGNARD se demande-t-il comment l’on pourrait très bien assurer
la continuité du service public sans pour autant limiter le droit de grève ? (32).

27 Voy. aussi DUQUESNE, F., Droit du travail, 2ème éd., Paris, Gualino éditeur, 2003, p. 247
28 Voy. KUMBU ki Ngimbi, Droit du travail. Manuel d’enseignement, Kinshasa, 2009 ; MUKADI BONYI, Droit du
travail, Bruxelles, CRDS, 2008.
29 http:/fr.wikipedia.org/wiki/Grève, 12 septembre 2009.

30 Le principe de continuité signifie que l’Administration est tenue de prendre toutes mesures, de façon plus

générale, pour assurer un fonctionnement continu du service public, sans que des incidents provoquent son
interruption. En d’autres termes, un établissement chargé d’une mission de service public doit fonctionner
d’une manière ininterrompue pour garantir sans cesse l’intérêt général réalisé par son activité qui, selon l’objet
de l’établissement, est à caractère soit administratif, soit social et culturel, soit scientifique et technique. Lire
utilement : CHAPUS, R., Droit administratif général, tome I, 13ème éd., Paris, Montchrestien, 1999 ; KABANGE
NTABALA, C., Grands services publics de l'Etat et entreprises publiques en droit congolais, Kinshasa, P.U.C., 1998 ;
VUNDUAWE te PEMAKO, F., Traité de droit administratif, Kinshasa, Afrique éditions, Bruxelles, De Boeck et
Larcier, 2007.
31 Voy. VUNDUAWE te PEMAKO, F., Op. cit., p. 562

32 MIGNARD, P., Droit de grève et service public, cité par MITONGO KALONJI, Op. cit. ; Comp. PELLET, R. et

SKZRYERBAK, A., Op. cit., pp. 119-129.


9

Il se dégage donc de ce contraste la difficulté à intégrer l’idée de grève dans le


fonctionnement du service public au titre de droit à exercer par les agents dudit service. En
effet, en droit social, la grève des travailleurs a pour but de faire pression sur l’employeur au
sujet d’une contestation d’ordre professionnel, visant à obtenir les meilleures conditions de
travail et ce, du fait qu’il s’agit d’une relation contractuelle liant les deux parties ; par contre,
en droit de la fonction publique, cette dernière ne reposant pas sur une base contractuelle,
mais plutôt sur celle purement réglementaire ( 33), il s’avère donc malaisé d’évoquer la grève
dans un service public comme moyen d’obtenir la modification du règlement ou du statut.
Sur le plan pratique, par contre, l’on admet que « grève » et « continuité » puissent se
concilier et cohabiter dans le fonctionnement d’un service public. En effet, par la possibilité
reconnue seulement à une fraction d’agents d’un service public – ceux liés à ce dernier par un
contrat de travail – d’exercer limitativement et scrupuleusement la grève, il est donc
indubitable par ce fait même que l’on admet qu’un assouplissement soit apporté à la rigueur
de la continuité, principe fondamental et gage de l’intérêt général dans un service public, pour
transiger avec les exigences et les prérogatives les plus irréductibles du personnel dudit
service, aboutissant ainsi à la réglementation et à la limitation de la grève, droit à valeur
constitutionnelle : c’est en pratique la ratio legis du service minimum dans un service public
(34).
En effet, l’organisation d’un service minimum en cas du déclenchement d’une grève au sein
d’un service public répond à plusieurs nécessités, notamment la garantie de l’intérêt général
qui peut être appréhendé comme un ensemble de nécessités humaines de la communauté dont
la satisfaction conditionne pourtant l’accomplissement des destinées. Perçu de cette façon,
l’intérêt général doit être aménagé, entretenu et (…) garanti, de manière à lui éviter, au moins
dans la moindre mesure du possible, toute quelconque gêne (35). C’est ainsi que certains pays
européens, notamment l’Espagne, le Royaume Uni, l’Allemagne et l’Italie ont adopté des lois
assez contraignantes en la matière (36).
Mais comment le législateur congolais concilie-t-il la réclamation des intérêts professionnels
des travailleurs dont la grève est l’un des moyens d’expression, avec l’intérêt général dont le
principe de continuité est le cautionnement le plus sensible dans tous les services publics ?
B. L’état de la question en droit congolais
Dans l’état actuel de la législation congolaise, c’est l'arrêté ministériel n° 3/68 du 25 janvier
1968 relatif aux obligations de l’employeur et du travailleur, parties dans un conflit collectif
du travail, complété et modifié par l’arrêté ministériel n° 12/cab/min/tps/113/2005 du 26
octobre 2005 fixant les droits et obligations des parties pendant la suspension du contrat de
travail, qui précise et fixe le régime de l’exercice du droit de grève dans tout établissement ou
service, public ou privé, d’intérêt général ou d’utilité publique.
D’emblée, il est à relever que la constitution du 18 février 2006 qui, à son article 39 alinéa 1er,
reconnaît et garantit le droit de grève, précise en outre dans le second alinéa du même article
que ce droit s’exerce dans les conditions fixées par la loi qui peut en interdire ou en limiter
l’exercice dans les domaines de la défense nationale et de la sécurité ou pour toute activité ou
service public d’intérêt vital pour la nation.
A vrai dire, jusqu’à ces jours, aucune loi n’est intervenue pour réglementer le droit de grève
dans tous les services publics. A ce sujet, il faut relever que la loi n°81-003 du 17 juillet 1981

33 DUVERGER, M., Eléments de droit public, 2ème éd., Paris, P.U.F., 1992, p. 365
34 MITONGO KALONJI, Op. cit.
35 Idem.

36 http:/fr.wikipedia.org/wiki/Grève, 12 septembre 2009.


10

portant statut général de personnels et agents de carrière des services publics de l’Etat
n’interdit aucunement l’exercice du droit de grève à ces personnels et agents, ni moins n’en
fixe les modalités d’exercice.
En outre, la loi n° 08-009 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux
établissements publics qui leur fixe un cadre général, dispose à son article 30 alinéa 2 que le
statut du personnel de l’établissement public détermine notamment (...) la discipline du
personnel.
Cela étant, estime Trésor-Gauthier MITONGO KALONJI, le Conseil d’administration,
organe légalement habilité à fixer, sur proposition de la Direction générale, le cadre et le statut
du personnel de cette entité publique peut, de lege ferenda, insérer au chapitre de la discipline
du statut, certains prescrits relatifs à l’interdiction ou à la limitation de l’exercice du droit de
grève.
Qu’à cela ne tienne, il sied de signaler que la RD Congo est souvent le théâtre d’une série des
grèves devenues un véritable sport national tant dans les entreprises publiques et régies
financières que dans les domaines de la justice, de l’enseignement et de la santé. Aussi l’étude
des mécanismes de garantie du droit de grève s’avère-t-elle indispensable.

II. MECANISMES DE GARANTIE DU DROIT DE GREVE EN RD CONGO

Les mécanismes de garantie des droits créances reconnus par la Constitution diffèrent de la
spécificité d’un droit à un autre. Mais s’agissant précisément du droit de grève, l’on se
demande quelle serait la responsabilité des autorités politiques, celle du pouvoir judiciaire et
même celle des organisations professionnelles.
II.1. L’intervention des autorités politiques
Notons d’emblée que le principal débiteur des droits créances, dont celui de grève, demeure
l’Etat congolais qui doit en assurer la jouissance à la population concernée. Mais comment les
autorités politiques s’en prennent-elles ? Ne favorisent-elles pas des entraves au droit de grève
au lieu de le garantir ?
II.1.1. Des intervenants
Les responsabilités peuvent être réparties entre le Chef de l’Etat, le Gouvernement et
l’Assemblée nationale.
A. Le Président de la République
Le Président de la République, en tant que garant de la Nation, est le premier responsable de
la garantie des droits fondamentaux reconnus par la constitution. En effet, il est chargé de
veiller au respect de ce texte fondamental, tel que le veut le constituant congolais (37).
Ainsi, le droit de grève étant reconnu et garanti par la même constitution (cfr supra), le
Président de la République est appelé à s’employer pour que des restrictions n’y soient
portées que dans les cas prévus par les textes légaux qui sont promulgués par lui (38) et ceux
réglementaires dont il a également le pouvoir concurremment avec le Premier Ministre ( 39).
B. Le Gouvernement
Les mécanismes de garantie du droit de grève résultant du Gouvernement peuvent être
appréhendés par l’intervention soit du Premier Ministre, soit encore du Ministre du travail et

37 Art. 69, al. 2 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006.


38 Art. 79, al. 2 de la Constitution précitéé.
39 Art. 79, al. 3 et 4 de la Constitution précitéé.
11

de la prévoyance sociale, soit enfin des Ministres ayant dans leurs attributions les secteurs
touchés par la grève.
En effet, le Premier Ministre à qui la Constitution attribue l’exécution des lois et le pouvoir
réglementaire sous réserve des prérogatives dévolues au Président de la République (art. 92,
al. 1er) a une lourde responsabilité dans le respect du droit de grève.
Mais ses efforts devraient en principe consister à prévenir ce malaise social. Aussi le voit-on
souvent à l’œuvre, surtout lorsqu’il s’agit des revendications résultant du personnel de l’Etat :
c’est le cas des entrevues avec l’Intersyndicale des entreprises publiques qui contestait les
décrets portant mesures d’application des lois sur la réforme de ces entreprises (40) et, plus
récemment, du protocole d’accord signé avec le Syndicat national des médecins
(SYNAMED).
Quant au Ministre du travail, son rôle en matière de garantie du droit de grève n’est plus à
démontrer étant donné qu’il a la charge de gérer ce département et d’y appliquer, par voie
d’arrêté, les différentes mesures d’exécution. C’est encore lui qui intervient en amont dans le
règlement des conflits collectifs du travail et ce, soit par l’Inspection du travail dont il exerce
la tutelle, soit par la Commission de médiation instituée par lui en vertu de l’article 309 al. 3
du Code du travail, avant que la grève ne soit déclenchée.
En effet, il convient de rappeler que les travailleurs qui projettent une grève doivent notifier à
l’employeur un préavis de six jours ouvrables à dater de la notification ; et la copie de la
notification doit être transmise à l’Inspecteur du travail du ressort.
Enfin, certains Ministres peuvent également répondre de ce « droit créance » lorsque leurs
départements sont touchés par un malaise social pouvant justifier le recours à la grève par les
agents. L’on peut citer notamment les Ministres ayant dans leurs attributions le Portefeuille,
les Finances, le Budget, les Transports, les Postes, Téléphones et Télécommunications, etc.
C. L’Assemblée nationale
L’implication de l’Assemblée nationale dans la sauvegarde du droit de grève est capitale, le
pouvoir législatif étant exercé par le Parlement dont cette Assemblée constitue une chambre
(41).
Ainsi, dans la mesure où elle est appelée à voter les lois, dont celle devant fixer les conditions
dans lesquelles s’exerce le droit de grève, l’Assemblée nationale demeure une institution
attitrée de garantie de ce droit, du moins sur le plan des textes. Malheureusement, ce droit est
parfois violé par ceux-là même qui sont censés le garantir.
II.1.2. Des entraves au droit de grève émanant des instances politico-administratives
L’on peut relever ici les pressions politiques, la corruption et même l’indifférence. En effet, il
n’est pas rare de constater le trafic d’influence exercé par les autorités politiques sur les
grévistes, notamment lorsqu’il s’agit des agents de carrière des services publics de l’Etat ou
du personnel des entreprises publiques.
En outre, à l’occasion des conflits collectifs du travail, certaines pratiques sont reprochées aux
Inspecteurs de travail appelés à intervenir dans la procédure de règlement de ces conflits.
Certes, avec leurs salaires de misère, les inspecteurs du travail verseraient très facilement dans

40 Joachim Diana GISUPA, « L’Intersyndicale des entreprises publiques est désormais impliquée dans la réforme des
entreprises », in http://www.afrique.kongotimes.info/news/201/ARTICLE/11149/2009-06-01.html
41 Art. 100, al. 1er et 2 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006.
12

la corruption (42). Aussi seraient-ils portés, par exemple, à méconnaître la licéité de la grève
observée par un groupe des salariés au motif que le délai de préavis n’aurait pas été respecté.
Enfin, l’indifférence des autorités politiques est de nature à faire perdre au droit de grève son
caractère revendicatif. Il en est ainsi des revendications des infirmiers et autres personnels de
santé des hôpitaux publics d’une part et celles des enseignants de l’autre. Pour ne parler que
de cette deuxième hypothèse, plus d’un congolais furent scandalisés lorsqu’une haute
personnalité politique, intervenant à propos de la grève des enseignants en septembre 2007,
déclara qu’il en a toujours été ainsi à chaque rentrée scolaire (43).

II.2. L’action du pouvoir judiciaire

La sauvegarde du droit de grève par le pouvoir judiciaire peut se manifester à travers


l’intervention du tribunal compétent dans le règlement des conflits collectifs du travail,
lesquels conflits constituent d’ailleurs le contexte même du déclenchement de la grève.
II.2.1. Du tribunal compétent
Signalons d’emblée que les conflits opposant les travailleurs à un employeur sont de la
compétence des tribunaux du travail dont il convient de parcourir le contexte d’instauration en
droit congolais avant de préciser les règles régissant leur organisation et leur compétence ainsi
que la procédure applicable.
A. Historique des tribunaux du travail
A l’instar du droit congolais en général, la législation sur les tribunaux du travail a évolué en
dents de scie. Trois périodes importantes peuvent résumer cette évolution.
a. Sous le régime colonial
Notons que le législateur colonial n’a pas institué des juridictions spécifiques des litiges du
travail. Ainsi, faute de dispositions spéciales devant régir les affaires du travail, celles-ci
étaient soumises aux juridictions de droit commun, suivant les règles ordinaires de procédure
civile et ce, conformément aux décrets du 30 juillet 1888 portant code civil congolais livre III,
du 8 mai 1958 sur l’organisation et la compétence judiciaires, du 7 mars 1960 portant code de
procédure civile ainsi qu’à celui du 1er février 1961 sur le contrat de louage de services.
b. Sous le régime de l’Ordonnance-loi n° 67/310 du 09 août 1967
Le code du travail du 9 août 1967 constitue une étape importante en ce que, notamment, il a
réuni en un tout cohérent des lois jadis éparses et a créé des institutions jusque-là inconnues
comme les tribunaux du travail.
C’est environ cinq mois après la promulgation du Code du travail que le législateur a, en
exécution des articles 205 et 212 de ce texte, créé des tribunaux spécifiques des litiges du
travail par Ordonnance-loi n° 68/036 du 20 janvier 1968.
Après la création de ces tribunaux, le même législateur promulguait l’Ordonnance-loi n°
68/100 du 29 mars 1968 portant organisation des tribunaux du travail et relative à la
procédure et aux voies de recours devant ces tribunaux.
Malheureusement, compte tenu de l’impossibilité pour l’Etat de créer un plus grand nombre
de tribunaux du travail en raison du manque de magistrats spécialisés en législation du travail,

42 MASIALA MUANDA, J., De la réglementation du travail des enfants en République Démocratique du Congo,
Kinshasa, édité par l’auteur, 2005, p. 43
43 Comme pour dire que l’on est déjà habitué avec leur grève ; et donc, ils finiront par la lever.
13

il fut jugé rationnel d’intégrer ces tribunaux au sein des cours et tribunaux ordinaires, sous
forme de chambres spéciales des affaires du travail.
Cependant, ne disposant pas à suffisance des moyens financiers pour faire fonctionner ces
chambres spéciales des affaires du travail, celles-ci furent supprimées et l’Ordonnance-loi n°
78/005 du 29 mars 1978 à travers ses articles 147 et 148 prévoyait que les litiges individuels
du travail relevant de la compétence des anciennes chambres des affaires du travail seraient
désormais portés devant les tribunaux ordinaires du lieu du travail.
Enfin, considérant que seuls les professionnels sont directement au courant des problèmes de
leur profession et de ses règles, plusieurs résolutions relatives à la réglementation du travail
recommandèrent la réinstauration de ces chambres des affaires du travail au sein de
différentes juridictions du pays. C’est à ce vœu qu’a réagi le législateur de 2002 en instituant
de nouveau non pas les chambres spéciales, mais les tribunaux autonomes du travail.
c. L’instauration des tribunaux du travail
Conformément aux prescrits de l’article 316 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant
Code du travail, il est créé, en RD Congo, les tribunaux du travail dont l’organisation et le
fonctionnement sont fixés par la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002.
B. Organisation et compétence des tribunaux du travail
L’article 3 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux du travail dispose que « le tribunal du travail est composé d’un
président, des juges et des juges assesseurs » ; le président et les juges sont désignés par le
Ministre de la justice parmi les juges du Tribunal de grande instance alors que les juges
assesseurs sont désignés par le Ministre du travail et de la prévoyance sociale sur base des
listes proposées par les organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs.
La compétence matérielle de ces tribunaux s’étend sur le règlement des litiges individuels
survenus entre le travailleur et son employeur dans ou à l’occasion du contrat de travail, des
conventions collectives ou de la législation et de la réglementation du travail et de la
prévoyance sociale ainsi que sur les conflits collectifs tels que définis à l’article 303 du code
du travail (44).
Et du point de vue du ressort territorial, le tribunal compétent est celui du lieu du travail sauf
accord international contraire. Néanmoins, lorsque par force majeure ou par le fait de
l’employeur, le travailleur se retrouve au lieu d’engagement ou au siège de l’entreprise, le
tribunal du travail de ce lieu devient compétent (45).
C. Procédure
Aux termes de l’article 26 al. 1er de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux du travail, la saisine du tribunal du travail se fait
exclusivement par voie de requête écrite ou verbale du demandeur ou de son conseil ou de
l’Inspecteur du travail porteur d’un pouvoir spécial.
Ce texte a ainsi relancé sur la table de vieilles discussions autour de la saisine du tribunal,
étant donné que certains plaideurs recourent au traditionnel exploit d’assignation et que, dans
les deux cas, le juge s’estime valablement saisi pour connaître des faits de la cause.

44
Art. 15 et 16 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux du travail.
45 Art. 17 de la loi n° 016-2002 du 16 octobre 2002 précitée.
14

Mais à la lumière des arguments avancés par les uns et les autres, nous estimons qu’en tant
que loi spéciale, bien qu’applicable momentanément par une juridiction de droit commun, la
requête verbale ou écrite est désormais le seul mode de saisine en matière de travail ( 46).
II.2.2. Des entraves causées au droit de grève par le règlement juridictionnel
Aussi paradoxale que cette prise de position puisse paraître, la compétence des tribunaux du
travail dans le règlement des conflits collectifs du travail ouvre une brèche susceptible de
torpiller le droit de grève qui, pourtant, demeure un droit constitutionnel.
En effet, le législateur congolais précise que la saisine du tribunal a un effet suspensif sur la
grève (47). Pourtant, étant donné que la procédure est souvent longue, aussi longtemps que
l’affaire sera pendante devant le tribunal, l’exercice du droit de grève sera suspendu au grand
dam des travailleurs.
Aussi, révèle le Professeur KUMBU ki Ngimbi, si la saisine du tribunal suspend la grève,
l’effet de cet état de choses est le retour de chacun à la position qu’il occupait avant la grève.
Pour les travailleurs, cet état ne peut être que le travail. Ils sont donc contraints de reprendre le
travail sans trouver satisfaction à leurs disiderata. Aussi affirme-t-il que les articles 305 de la
loi 015 et 28 de la loi 016 entament, de par leur lettre et leur esprit, le droit de grève reconnu
dans la Constitution. L’on peut d’ailleurs s’imaginer qu’il n’y a que l’employeur qui aura
intérêt à saisir le tribunal ( 48).
Notons enfin que le mécanisme efficace de la garantie du droit de grève demeure l’action des
organisations professionnelles.

II.3. L’apport des organisations professionnelles


Les organisations professionnelles en tant qu’elles sont constituées en vue de la défense des
intérêts professionnels de leurs membres devraient constituer un mécanisme efficace de
garantie du droit à la grève que la constitution congolaise reconnaît à tous les citoyens.
Mais avant de percevoir leur impact sur le terrain, en parcourant notamment quelques
organisations syndicales, il sied de rappeler, en passant, leur genèse.
II.3.1. Historique des syndicats
L’histoire nous enseigne que le véritable syndicalisme ne peut être le résultat des pressions
extérieures sur les intéressés. Il doit en fait résulter d’un besoin propre à la profession, celui
de la défense de l’intérêt collectif de la profession notamment sur les conditions de travail, les
salaires, la sécurité sociale.
C’est dans ce sens que VERDIER mentionne que le syndicalisme des travailleurs est d’ordre
revendicatif, se manifestant en réaction contre le patronat (49). Néanmoins, certains obstacles
méritent d’être relevés avant l’éclosion de l’action syndicale en République Démocratique du
Congo.

46 Voy. KALALA Muena Mpala, Juridictions de droit commun siégeant en matière du travail : composition, compétence et
saisine irrégulières, Kinshasa, Ed. Nata, 2008 ; KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail
au premier degré pendant la période transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19 et
KANGULUMBA MBAMBI, V., « Encore à propos de la saisine du tribunal de travail en droit congolais :
assignation ou requête. Note d’observation sur l’arrêt RTA 1160, CA Kinshasa/Matete, in Revue du droit africain,
n° 33/05, janvier 2005, pp. 80-92
47 Art. 28, al. 3 de la loi n° 016-2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement des

tribunaux du travail.
48 KUMBU ki Ngimbi, « Du code du travail de 1967 à celui de 2002 : avancée, stagnation ou recul du droit du

travail congolais ? », in Congo-Afrique, n° 386, XLIVème année, juin-juillet-août 2004, pp. 335-353
49 VERDIER, J.M., Les syndicats, Paris, Dalloz, 1966, p. 9
15

A. Obstacles d’ordre traditionnel (50)


Arraché à son milieu traditionnel (sa communauté clanique) et attiré par le gain dans les
grands centres, le travailleur a toujours tendance à transposer sur le plan du salariat sa
conception tribale de l’existence.
Lorsqu’il accepte de conclure un contrat de travail avec un employeur, il a le sentiment
d’entrer avec lui en société : l’employeur devient pour lui un chef de clan de nature spéciale,
qui ne peut pas ne pas assumer le rôle de protecteur, de bienfaiteur, de père.
Cette conception fait que les travailleurs africains considéraient avec méfiance l’idée de s’unir
pour tenir tête au chef. Cela s’apparentait à une initiative anarchique, une manifestation de
méfiance envers celui qui doit être le chef.
Or le syndicalisme est, par définition, cet instrument de combat, de revendication.
Malheureusement, encore poursuivi par le spectre de la solidarité clanique, le travailleur
congolais n’en demandait pas tant, la notion du syndicalisme lui étant inconnue et même
étrange, en raison même de l’organisation de la société traditionnelle. Ce qu’il désirait, c’est
de présenter des doléances directement au chef d’entreprise et non par le canal d’un
groupement qui s’opposerait aux intérêts de l’employeur considéré comme pater familias (51).
Tout compte fait, le syndicalisme serait né et se serait développé en Afrique en général et en
RDC en particulier, à la suite de l’implantation des sociétés commerciales, agricoles et
industrielles par les colons, avec comme corollaires les divers soulèvements manifestés ça et
là par les noirs. D’où la nécessité d’analyser son contexte d’éclosion.
B. Contexte d’éclosion
Les diverses manifestations enregistrées dans la colonie sont à considérer comme des signes
précurseurs d’un mouvement syndical. Mais au fond les travailleurs indigènes, bien
qu’exploités, ne ressentaient pas encore le besoin de s’associer pour revendiquer les
meilleures conditions de travail.
En effet, éduqués dans un esprit de solidarité familiale et clanique, ils rejoignent, après le
travail, leurs familles ou clans où se retrouve naturellement un certain équilibre socio-
économique. En définitive, ce sont les travailleurs européens qui ont introduit et fait
développer le syndicalisme en RDC, alors Congo belge.
a. Naissance de l’Association des fonctionnaires et agents de la colonie (AFAC)
Suite à la dégradation de la situation économique et sociale de la Colonie due aux efforts de
participation du Congo belge à la Ière guerre mondiale, le personnel européen déclencha une
grève en 1919 en revendication de l’amélioration des conditions de travail.
Et profitant de l’absence de législation relative à la création et au fonctionnement des
associations professionnelles, les fonctionnaires et agents blancs de l’administration créèrent
le 18 janvier 1920 à Boma leur propre association ayant pour objet la défense et la promotion
de leurs intérêts professionnels, à savoir l’association des fonctionnaires et agents de la
colonie, AFAC en sigle.
Cette association fut reconnue par le décret du 23 mars 1921, mais pour s’occuper uniquement
des intérêts professionnels. Toutefois, le droit de grève leur était formellement interdit et ils
ne pouvaient suspendre le travail sans autorisation préalable.

50 Lire utilement LUWENYEMA LULE, Précis de droit du travail zaïrois, Kinshasa, Ed. Lule, 1989, pp. 487-537 ;
BEYA SIKU, « Démocratie en droit du travail », in Actes des journées scientifiques de la Faculté de Droit de
l’Université de Kinshasa (18-19 juin 2007), Kinshasa, Presses de l’Université de Kinshasa, 2007, 307-317
51 BEYA SIKU, Op. cit.
16

Mais n’étant pas concernés par cette interdiction, le personnel blanc oeuvrant dans les
entreprises du secteur privé déclenchèrent une série des grèves (1941 – 1942) en vue de
revendiquer le droit à la pension. C’est le 27 juin 1944 que le Gouvernement colonial prit un
Décret reconnaissant aux Blancs le droit de grève, à condition que les coalitions n’eussent
recours à la cessation du travail qu’après épuisement d’une procédure de conciliation.
b. Lutte des travailleurs indigènes
L’article 2 du Décret du 23 mars 1921 précité interdisait aux indigènes et autres agents de
couleur de faire partie des associations professionnelles ; le gouvernement colonial estimait en
effet qu’il était encore tôt de permettre aux noirs de s’associer dans des mouvements
revendicatifs, au motif qu’ils n’avaient pas encore acquis la maturité syndicale requise.
D’où, une série d’actions furent menées par les travailleurs noirs : grève de 1941 au Katanga,
grève de 1945 à Matadi et à Léopoldville, etc. Aussi, le Gouverneur Général Ryckmans, en
accord avec le Ministre des Colonies, prit d’urgence l’ordonnance législative n° 82/AIMO du
17 mars 1946 accordant aux noirs le droit de créer des associations professionnelles.
Dès lors, le mouvement syndical des noirs prit de l’essor (52). En général, ce furent surtout les
syndicats chrétiens de Belgique qui tentèrent de promouvoir le syndicalisme indigène.
C. Suppression de la discrimination entre Blancs et Noirs
C’est le Décret du 25 janvier 1957 qui accordait la liberté syndicale à tous les travailleurs,
sans distinction de race, œuvrant dans les secteurs public ou privé. Cette nouvelle législation,
prise à l’initiative de Mr BUISSERET (alors Ministre des Colonies), eut le mérite
incontestable de supprimer la barrière de couleur du régime syndical congolais. Blancs et
noirs pouvaient dès lors s’affilier côte à côte au sein de mêmes syndicats.
D. Développement des organisations professionnelles
Plusieurs syndicats furent créés à la fin des années 1950 et après l’indépendance, avant leur
unification en un seul syndicat, à savoir l’Union nationale des travailleurs du Zaïre (UNTZa)
devenue Union nationale des travailleurs du Congo (UNTC), dont le congrès constitutif se
tint du 21 au 23 juin 1967 à Kinshasa.
De même, les diverses associations patronales existantes furent unifiées, avec la création de
l’Association nationales des entreprises zaïroises (ANEZA) autorisée par l’Ordonnance-loi n°
72/028 du 27 juillet 1972 ; cette association est, à ce jour, dénommée Fédération des
Entreprises du Congo (FEC).
Actuellement, la liberté syndicale est reconnue et garantie par le constituant congolais ( 53). Et
c’est le législateur qui, conformément au 2ème alinéa de cette disposition constitutionnelle, en
fixe les modalités d’exercice en accordant aux travailleurs et aux employeurs le droit de se
constituer en organisations professionnelles ayant exclusivement pour objet l’étude, la défense
et le développement de leurs intérêts professionnels ainsi que le progrès social, économique et
moral de leurs membres (54).

II.3.2. Quelques organisations syndicales

52 Cfr Ordonnances n° 128/AIMO du 10 mai 1946, complétée par les ordonnances du 20 janvier 1948, du 13
octobre 1948 et du 22 octobre 1949.
53 Art. 38, al. 1er de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006.

54 Art. 230 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail.


17

Ne pouvant pas étudier in extremis les actions menées par toutes les organisations syndicales
évoluant en RD Congo, nous allons limiter notre propos à celles qui, à nos yeux, se sont fait
remarquer par leurs interventions de façon plus ou moins permanente ces trois dernières
années.
A. L’Intersyndicale des entreprises publiques
Le recours à la grève étant plus que fréquent en RD Congo, il serait ambitieux de parcourir les
contours de toutes les grèves qui ont eu à paralyser tant la fonction publique que les
entreprises du portefeuille de l’Etat. Que de fois n’a-t-on pas vu la Place Golgotha (55) être
assiégée par les agents de l’Etat en grogne contre leur « employeur » ?
Fort de cet argument, nous allons nous atteler à l’appel à la grève lancé par l’Intersyndicale
des entreprises publiques à la fin du mois de mai 2009 (56) ainsi qu’à la grève observée par les
agents de la Société nationale des assurances (SONAS) d’une part et par ceux de l’Office
national des transports (ONATRA) d’autre part.
Concernant l’appel à la grève lancé par l’Intersyndicale des entreprises publiques, tout est
parti de la politique de réforme des entreprises publiques qu’elle n’a pas bien accueillie, la
qualifiant de réforme sauvage. En réalité, elle soupçonnait le gouvernement de procéder à une
privatisation sauvage, soit une autre version de la zaïrianisation et se sentait marginalisée dans
ce processus, craignant au finish une perte d’emplois et des avantages sociaux acquis.
Aussi lorsque le Premier Ministre, intervenant dans le cadre des mesures d’application des
lois n° 007, 008, 009 et 010 du 07 juillet 2008, prit une suite de décrets, l’Intersyndicale des
entreprises publiques était-elle montée au créneau, demandant au Premier Ministre de surseoir
à ces décrets, faute de quoi, elle menaçait de déclencher une grève qui, selon ses termes, allait
paralyser toutes les entreprises publiques.
Cet appel à la grève n’a été levé qu’après que ces agents aient obtenu des assurances du
Premier Ministre, allant dans le sens de l’implication de l’Intersyndicale aux différents
niveaux de discussions de la réforme des entreprises publiques. Cette implication devrait aussi
être effective au Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (Copirep) où sa
participation, avec statut d’observateur, lui permettra de faire valoir les droits et avantages des
travailleurs dans l’esprit de sauvegarder l’emploi. Les syndicats auront également une double
représentation au comité de direction des entreprises selon les dispositions prévues par la loi
et les textes réglementaires, a rassuré le Premier Ministre.
Quant à la grève observée par les agents de la société nationale des assurances, elle était
essentiellement assise sur les revendications relatives à leurs primes ainsi qu’au respect des
droits acquis, lesquels avantages n’auraient pas été bien assurés par l’Administrateur Délégué
Général Hermann MBONYO. Par conséquent, le départ de ce dernier était la condition sine
qua non avant tout dialogue avec le Gouvernement. Pour ce faire, la Ministre ayant le
portefeuille dans ses attributions dut suspendre l’A.D.G. contesté et obtint le dialogue avec les
grévistes qui acceptèrent de reprendre le travail après avoir fait valoir leurs revendications.
Enfin, rappelons que durant plus de cinq semaines au premier semestre 2009, la grève à
l’ONATRA a paralysé les services publics, occasionnant ainsi un énorme manque à gagner,
notamment pour les Régies financières comme l’Office des douanes et accises (OFIDA) dont
l’essentiel des opérations se réalisent au niveau des frontières (cas des Ports de Boma et de

55 La Place Golgotha s’apparente à la Place de Grève à Paris dont le mot français « grève » tire son nom, mais à la
seule différence qu’elle constitue dans le contexte congolais un point de regroupement des agents de l’Etat
manifestant leur mécontentement sur une question professionnelle donnée.
56 Joachim Diana GISUPA, « L’Intersyndicale des entreprises publiques est désormais impliquée dans la réforme des

entreprises », in http://www.afrique.kongotimes.info/news/201/ARTICLE/11149/2009-06-01.html
18

Matadi). Les revendications portaient essentiellement sur l’amélioration du traitement des


agents (révision des salaires en tenant compte des indicateurs des prix sur le marché et
allocations des primes de rendement) ainsi que sur le départ du Comité de gestion dirigé par
Claude PECUNE, jugé incapable de satisfaire les revendications des travailleurs.
B. Le syndicat national des magistrats (SYNAMAG)
Le Syndicat national des magistrats (SYNAMAG) fait parfois recours à la grève pour
présenter les revendications de ses membres ou manifester leur mécontentement à l’autorité
de tutelle.
L’action qui nous intéresse ici est l’appel à la grève lancé après les ordonnances signées par le
Président de la République le 9 février 2008 portant organisation judiciaire en RDC et aux
termes desquelles des magistrats du siège et du ministère public ont été nommés et d’autres
mis à la retraite soit parce qu’ils avaient atteint 65 ans d’âge, soit parce qu’ayant accompli une
carrière de 35 ans de service ininterrompu. Il était donc question pour le SYNAMAG de
demander au Chef de l’Etat de rapporter ses ordonnances (57).
Le même appel a été lancé après le tsunami qui a frappé la magistrature en juillet 2009, dans
le cadre de la politique dite de « tolérance zéro » initiée par le Chef de l’Etat, même si
l’action syndicale a été fragilisée par manque de cohésion.
C. Les principales organisations professionnelles du secteur de l’éducation
L’enseignement (surtout au niveau primaire, secondaire et professionnel) reste l’un des
secteurs qui, chaque année, sont frappés de plein fouet par la grève, de telle sorte que les
esprits sont déjà préparés à vivre ce feuilleton à chaque rentrée scolaire. Ainsi, si la rentrée
scolaire 2009 est intervenue sans heurts, ce qui ne constitue qu’une exception pour confirmer
la règle, les choses n’étaient pas aisées une année avant.
En effet, les enseignants des écoles publiques et conventionnées catholiques de la République
démocratique du Congo avaient largement boycotté la rentrée scolaire sur l’ensemble du pays
pour exiger des augmentations salariales. Ce mot d’ordre de grève, visant à dénoncer
“l’indifférence” du gouvernement face aux revendications salariales des enseignants, a été
“largement suivi” sur l’ensemble du pays, ont indiqué à l’Agence France Presse (AFP) le
secrétaire général du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) et celui du Syndicat
national des enseignants des écoles conventionnées catholiques (SYNECAT).
Le SYECO et le SYNECAT réclamaient notamment une revalorisation des salaires
conformément à un accord conclu en février 2004 avec le gouvernement (accord de Mbudi),
une harmonisation des traitements au niveau national et la régularisation du statut des
vacataires. Les enseignants exigeaient en outre la suppression de la contribution financière des
parents, initiée en 1994 pour pallier le déficit de l’Etat dans la rémunération des enseignants.
Depuis quatre ans, les syndicats d’enseignants du secteur public boycottent la rentrée de
classe pour les mêmes raisons. En 2007, les cours n’avaient repris que quatre semaines après
la rentrée scolaire officielle (58).

Sous un autre registre, l’on note les actions menées par le Syndicat national de l’enseignement
supérieur, universitaire et de la recherche scientifique, SYNESURS en sigle (59). Mais c’est

57 BAKAMA BOPE, E., « Nomination des hauts magistrats en violation de la constitution », in


http://www.congoone.net/Allstory.php?Id=1087, 27 février 2008 ; KUMBU ki Ngimbi, L’indépendance du pouvoir
judiciaire remise en question, (inédit) ; http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=3331.
58 Cfr Gabon Eco, « RDC : les enseignants boycottent la rentrée scolaire », in http://communisme.wordpress.com, 2

septembre 2008.
19

surtout l’Association des Professeurs de l’Université de Kinshasa (APUKIN) qui mérite une
attention particulière compte tenu de son engagement dans la lutte pour la promotion des
droits de ses membres.
D. Les principaux syndicats du secteur de la santé
Le secteur de santé n’échappe pas à la grève, bien qu’il devait bénéficier d’un régime spécial
en raison du caractère délicat des prestations qu’il est appelé à fournir à la population. Et il
faut distinguer ici les actions menées par les médecins d’une part et celles initiées par les
autres professionnels de santé de l’autre.
a. Le syndicat national des médecins (SYNAMED)
Il est rare de passer une année entière à Kinshasa sans assister à un bras de fer entre les
« Blouses blanches » des hôpitaux publics et le Gouvernement. Il en est ainsi de la grève
radicale et illimitée du mois d’août 2008 (60) ; la dernière en date est celle déclenchée en
septembre 2009, ayant ainsi fait plus d’une victime dans les formations médicales de
Kinshasa, pour ne citer que celles-ci.
Les Médecins congolais revendiquaient notamment : l’application du nouveau barème salarial
(61), le paiement des six mois d’arriérés des primes des risques et salaires dus aux grévistes
pour l’année 2008, la mécanisation de nouvelles unités et, surtout, la reconnaissance d’un
statut spécifique.
Un protocole d’accord a été signé entre le Syndicat national des médecins (SYNAMED) et le
Premier Ministre, le dimanche 12 septembre 2009, donnant suite aux revendications des
médecins qui, à leur tour, promirent de lever le mot d’ordre de la grève dès le jour suivant.
b. Les syndicats des professionnels de santé
Les revendications des professionnels de santé du secteur public sont présentées par le
Syndicat national des cadres et agents du secteur de la santé (SYNCASS), le SYNAPETAS et
la Solidarité syndicale des infirmiers du Congo (SOLSICO).
L’une des actions de ces syndicats est la grève lancée depuis octobre 2008 et pour laquelle il y
aurait des menaces de radicalisation ( 62). Pour rappel, le personnel de la santé réclame
notamment l’uniformisation de la prime de risque. Malheureusement, contrairement aux
revendications des Médecins qui ne traînent pas à attirer l’attention des gouvernants, celles
des autres professionnels de santé peinent à trouver application : politique de deux poids deux
mesures !
II.3.3. Ces maux qui gangrènent le syndicalisme congolais
Loin de nous la prétention de procéder à un état des lieux du système syndical congolais, mais
nous allons présenter ici les maux qui ont le plus attiré notre attention : il s’agit de
l’incohérence dans les ordres et de la corruption des animateurs des mouvements syndicaux.

59 MILOR, « Menace de grève des centres de recherche de l’ESURS », in http : //www.digitalcongo.net/article/50589,


26 mars 2008.
60 Lire « La grève des médecins reconduite en RDC », in http://www.continentalnews.fr/actualite/sante,(11 sept.

2009).
61 En 2008, un médecin congolais touchait un salaire mensuel de 119.000 francs congolais (216 USD), prime de

risque comprise, renseigne AFP, « La grève des médecins du secteur public en RDC est bien suivie », in
http://afp.google.com/article, 19 août 2008.
62 Radiookapi.net, « Le personnel de santé menace de radicaliser sa grève », 15 août 2009.
20

A. La ‘’pulvérisation inorganique‘’ (63)


Le système de pulvérisation que fustige Paul BURDEAU consiste en une absence de cohésion
des membres d’une organisation professionnelle.
En effet, s’interroge cet auteur, « n’est-il pas vrai qu’une grève sans cohésion est une œuvre
déraisonnable et folle, puisque le premier mot, la grève, suppose manifestement le second, la
cohésion, l’entente ? N’est-il pas évident que le patron est plus fort pour résister, si plusieurs
de ses ouvriers, continuant à travailler, démontrent par leur exemple que les conditions
présentes du travail peuvent être acceptées ? » (64).
Il suffit pour s’en convaincre de lire les incohérences des appels à la grève ou à la levée de
celle-ci lancés notamment par les syndicats du secteur de l’enseignement primaire, secondaire
et professionnel (en l’occurrence le SYECO et le SYNECAT) et par ceux du secteur de la
santé.
Pour ne considérer que le cas des syndicats de la santé (secteur public), rappelons le feuilleton
auquel les kinois ont assisté en octobre 2008. En effet, dans une déclaration faite mercredi 22
octobre 2008 lors d’une assemblée générale au siège de la Solidarité syndicale des infirmiers
du Congo (SOLSICO) à Kinshasa, le syndicat des infirmiers avait appelé à la suspension de la
grève en évoquant des raisons humanitaires et des avancées significatives enregistrées dans
les négociations avec le gouvernement (65).
Au lendemain de cet appel à la levée de la grève des infirmiers à Kinshasa, ces derniers n’ont
pas repris le travail dans les principaux hôpitaux de la capitale au motif que cet appel avait été
lancé unilatéralement par les syndicalistes, sans consultation au préalable de la base (66).
Ce même feuilleton a rebondi à l’occasion de la grève décrétée le mercredi 27 mai 2009 par le
Syncass et le Synapetas (67). A propos, M. Patrice SAMUKUNGU, présenté comme secrétaire
général du Syndicat des infirmiers, avait affirmé le même jour sur les antennes de Radio
Okapi que les infirmiers n’étaient pas concernés par l’arrêt de travail de trois jours décrétés
par les syndicats des professionnels de santé sus indiqués.
Mais cette intervention a été balayée par un revers de la main par la Présidente du comité de
crise de la Solcico pour qui M. Samukungu est un ancien secrétaire général de la Solcico,
désavoué par les infirmiers depuis décembre 2008 pour prise de décision unilatérale, sans
consultation de la base.
B. La corruption
Une étude de l’organisation non gouvernementale Transparency International menée en
République Démocratique du Congo au cours de l’année 2007 dénombre une panoplie de
pratiques qui reposent essentiellement sur la corruption. Il s’agit notamment de la fraude
documentaire et physique, des extorsions ou tracasseries humiliantes, des détournements de
salaires des agents de la fonction publique et de l’armée, de la corruption sexuelle, des
honoraires sous table, de la contribution des parents, du détournement de l’aide extérieure, des

63 Nous empruntons cette expression de Paul BURDEAU, Le contrat de travail. Le rôle des syndicats professionnels,
Paris, Félix Alcan, 1902.
64 BURDEAU, P., Op. cit., p. 34

65 Radiookapi.net, « Le syndicat des infirmiers appelle à la suspension de la grève », 22 octobre 2008

66 Radiookapi.net, « Les infirmiers boudent l’appel à lever la grève », 23 octobre 2008 ; « la grève du personnel de

la santé n’est ni levée ni suspendue », 27 octobre 2008.


67 Radiookapi.net, « Les professionnels de santé en grève », 27 mai 2009 ; « Grève des professionnels de la santé, la

Solsico désavoue son secrétaire général », 29 mai 2009.


21

pratiques de coupage, transport, motivation et compensation, de la corruption judicaire, de


l’augmentation imprévisible des prix des produits de sociétés, etc. (68)
Pour évoquer les méfaits de cette gangrène au niveau des organisations professionnelles, il
convient de rappeler que l’incohérence dans les ordres donnés par les dirigeants de certaines
organisations syndicales telle que constatée ci-haut résulterait notamment de la corruption
qu’ils acceptent au détriment des intérêts professionnels de ceux qu’ils sont censés
représenter.
En effet, ayant toujours un penchant vers son mieux-être personnel, l’homme est souvent tenté
de sacrifier l’intérêt général au profit de la satisfaction de ses besoins propres. Ainsi, placés
dans une situation embarrassante où le patron d’entreprise leur verse des pots de vin en vue de
lever la grève, les délégués syndicaux seraient tentés d’accepter pareille offre, en promettant
en retour de déployer des trésors d’imagination pour convaincre les grévistes à reprendre le
travail.
L’artiste ivoirien Alpha Blondy dirait qu’avec leurs salaires de misère, ils ont fait ce qu’ils
ont pu. Non, le salaire de misère ne saurait nullement justifier les entorses qu’on porterait aux
revendications de tout un groupe des travailleurs, revendications qui souvent visent d’ailleurs
l’amélioration de la rémunération et des autres avantages sociaux.

CONCLUSION

Dans le cadre des recherches auxquelles la Fondation Konrad Adenauer, à travers son
Programme d’Etat de droit en Afrique sub-saharienne, associe les doctorants en Droit de
différentes universités congolaises, nous avons focalisé notre attention sur le droit de grève
comme corollaire du droit au travail, tous deux étant des prérogatives que le constituant
congolais garantit à tous les citoyens.
En effet, l’Etat de droit comme « un ordre juridique dans lequel le respect de droit est
réellement garanti aux sujets de droit, la préoccupation essentielle étant de les protéger contre
l’arbitraire » (69), il s’offre comme celui dont l’organisation et le fonctionnement obéissent au
principe de la prééminence de la loi, laquelle doit garantir les libertés publiques, les droits
fondamentaux de l’homme et des citoyens et l’égalité de tous devant la loi.
En tant que tel, certains privilèges sont garantis à la population. Il s’agit notamment du droit
au travail qui consiste en l’obligation qui incombe à l’Etat de procurer de l’emploi à ses
citoyens, tant que ceux-ci n’en sont pas empêchés. Mais ce droit au travail ne saurait être
complet si le constituant n’avait pas prévu pour les travailleurs des mécanismes juridiques
pouvant leur permettre de présenter leurs revendications professionnelles.
Le mécanisme le plus important demeure jusqu’à ce jour le droit de grève. Ainsi, après avoir
présenté son caractère de droit créance à travers une approche diachronique, explicitant à la
fois sa portée sémantique, son historique ainsi que ses conditions d’exercice dans un contexte
soit des relations collectives de travail, soit de fonction publique, nous avons parcouru les
différentes hypothèses censées concourir à garantir ce droit dans la pratique.
La responsabilité de veiller au respect de ce droit a été répartie à plusieurs niveaux. Sur le
plan politique, en dehors du Président de la République, le Premier Ministre en tant que Chef
du Gouvernement ainsi que certains Ministres dont celui ayant le travail dans ses attributions

68 Freddy Kilubi, « La corruption en RDC a atteint son paroxysme »,


http://fr.allafrica.com/stories/200801141423.html?page=5, 14 Janvier 2008.
69 KALINDYE BYANJIRA, D., Civisme, développement et droits de l’homme : condition d’instauration d’un Etat de droit
en République Démocratique du Congo, Kinshasa, IADHD, 2003, p. 75
22

ont été présentés comme intervenants qui devraient, en vertu des pouvoirs que leur accorde la
constitution de la République, veiller au respect du droit de grève.
En outre, les cours et tribunaux en tant qu’ils sont chargés de dire le droit et d’apprécier dans
certains cas la licéité d’une grève sont des institutions qui ne doivent pas être dispensées de
cette obligation de garantir le droit de grève exercé conformément aux dispositions légales et
réglementaires.
Enfin, les actions des organisations professionnelles nous ont semblé constituer de véritables
piliers dans la sauvegarde de ce droit, étant donné que les travailleurs en sont les principaux
créanciers, même si l’on peut déplorer certaines pratiques qui pourraient les fragiliser.
23

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