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tronches de vin
de l’agriculture – cause cruciale s’il en est – et, dans ce grand
bazar liquide, chacun peut désormais non seulement boire bon,
mais surtout boire juste.
les auteurs
Olivier Grosjean (Le Blog d’Olif)
Antonin Iommi-Amunategui (Vindicateur, No wine is innocent)
Guillaume Nicolas-Brion (Du morgon dans les veines)
Philippe Rapiteau (La Pipette aux 4 vins)
éEva Robineau (Oenos)
/ Marie Rocher
/ Marie Rocher
Préface
Alice Feiring
ISBN 978-2-35255-208-6
22 €
tronches de vin
le guide des vins qu’ont d’la gueule
/ Marie Rocher
Préface
par Alice Feiring
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PRÉFACE le guide des vins qu’ont d’la gueule
passés de l’écran à la page imprimée. Ils ont sélectionné en France, en
Les auteurs
Italie, en Espagne, en Suisse, au Liban et au Chili les meilleurs vignerons
indépendants travaillant dans le respect de la nature. D’une certaine
manière, j’ai du mal à imaginer les plus grands experts en vins français «Tronches de vin» est un anti-guide des vins conçu par un collectif de
partager la même camaraderie. blogueurs; soit cinq blogueurs du vin indépendants, réputés, et affichant,
à travers cet ouvrage, la volonté d’être notamment une alternative aux
Le livre est rendu plus poignant encore par le fait que, à l’origine du guides des vins et aux critiques professionnels établis, souvent empêtrés
projet, l’éditeur, les écrivains et les vignerons possèdent les mêmes valeurs dans des contraintes financières et publicitaires. Ou tout simplement blasés
d’indépendance et de liberté. C’est une triade qui envoie paître les du buccal.
conventions, qui ne travaille que sur ce qui lui donne des émotions et
qui ne renonce jamais à ses opinions. Blog ou papier, ce genre de passion En dressant le portrait d’une grosse centaine de vignerons atypiques (et
sera toujours révolutionnaire. Cette synergie est exactement ce qui animait accessoirement de leurs vins), en répertoriant des cavistes affranchis,
Jean-Paul Rocher et faisait l’esprit de ses livres. l’objectif pour les auteurs est de mettre en avant une viticulture alternative,
engagée dans une démarche plus globale, souvent consciente d’enjeux
Mais il n’a pas vécu assez longtemps pour voir le projet aboutir. En fin de qui dépassent la seule production viticole: le vin, en effet, se trouve aux
compte, c’est sa fille, Marie Rocher, qui s’est assurée que le dernier livre avant-postes de l’agriculture – enjeu systémique s’il en est – et, dans ce
de son père, Tronches de Vin, devienne une réalité, avec toute l’énergie et grand bazar liquide, chacun peut désormais non seulement boire bon, mais
la vision qu’il contient. surtout boire juste.
Jean-Paul Rocher sera profondément regretté. Il était de ceux qui rendent
Olivier Grosjean
les rêves réels.
49 ans, est le serial dégoupilleur du
AF «Blog d’Olif»
(www.leblogdolif.com).
Hédoniste, inconditionnel du
Jura où il vit, c’est aussi un grand
spécialiste des vins «nature».
Et sans doute le Pierre Desproges
du vin.
Guillaume Nicolas-Brion,
31 ans, a «du morgon dans les
veines»
(http://dumorgondanslesveines.20
minutes-blogs.fr).
Chien fou du vin naturel, il a
un flair certain pour dénicher les
perles du vignoble. Il boit aussi
de l’arak palestinien et du mezcal
infusé au blanc de poulet.
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le guide des vins qu’ont d’la gueule LES AUTEURS
Christophe Abbet
l’artiste vigneron-éleveur
Antonin Iommi-Amunategui
Martigny-Bourg, Valais, dans la tanière de l’Abbet, Christophe de son
38 ans, est le trublion de
«Vindicateur» et prénom. Un monde à part dans l’univers des vins valaisans. À l’image du
«No wine is innocent» vigneron, électron aussi libre qu’inspiré. Issu d’une formation classique
(www.vindicateur.fr et à l’École de Changins, l’endroit où tous les œnologues suisses vont
http://blogs.rue89.com/no-wine- apprendre à faire du vin. D’ailleurs, Christophe possède un sens artistique
is-innocent). bien plus développé que celui de la plupart de ses collègues. Ici, dans son
Empêcheur de boire en rond, il nouveau caveau, à deux pas de la célèbre fondation Giannada de Martigny,
a écrit la moitié de ses textes en l’exposition est permanente. Art et vin sont intimement liés, du contenu
écoutant Joy Division. Pour lui, le au contenant.
vin ne doit pas porter de mocassins à gland, mais des banderoles de manif.
Il a également prévu d’être réincarné en Pussy Riot. Les vins, d’abord, sont des petits bijoux élevés minutieusement, soigneu-
sement, dans une quête inlassable du beau et du bon. Chaque gorgée
dégustée délie la langue, y compris celle du vigneron, qui cède alors par-
Philippe Rapiteau fois la place au poète, pour se laisser aller à quelques envolées lyriques. Le
55 ans, tient «La Pipette aux fendant de la combe des Avasiers frétille dans le verre, le gamay de Fully
4 vins» émoustille les papilles, la syrah ensorcelle le palais, l’arvine ne se fait pas
(http://pipette.canalblog.com). petite, l’humagne rouge «vous emmène faire un beau voyage».
Vendéen, il connaît les vins de
Loire comme sa poche, mais balade Des vins bien dans L’air du temps, du nom de cette autre cuvée qui louche
régulièrement sa barbe amicale du côté des vins jaunes jurassiens, après avoir été longuement élevée dans
dans tout le vignoble.
C’est aussi le tout premier poète de
la ponctuation!
Eva Robineau
26 ans, sévit sur «Oenos»
(www.oenos.net).
Jolie fille 2.0 – elle aurait le mot
twitter tatoué au bas du dos – et
benjamine du groupe, sa fraîcheur
souffle dans les voiles du projet.
Elle aime que le vin ne lui prenne
pas la tête, au sens propre comme
au figuré.
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le guide des vins qu’ont d’la gueule SUISSE
un fût en vidange, sans ouillage systématique. Le terminus n’est plus bien
Giulio Armani
loin lorsque vous plongez vos narines dans un verre d’Ambre, mythique et au milieu coule la trebbia…
breuvage de couleur ambre, comme son nom l’indique, patiemment
élaboré pendant de longues années souterraines en cave voûtée. Liquoreux
En 1945, Ernest Hemingway, alors correspondant de guerre de l’US Army,
de l’extrême, défiant la mécanique des fluides, ce vin touche au sublime
passe par le Val Trebbia et note sur son carnet: «Aujourd’hui, je suis
et au divin, Christophe est le premier à le reconnaître. «Ah ! Mon Dieu, passé dans la plus belle vallée du monde!» Était-ce par une de ces journées
mon Dieu…», laissa-t-il spontanément échapper devant les caméras de radieuses, où la rivière coulant vers le Pô, semble irradier une douce lumière,
la Télévision Suisse Romande, en tournage chez lui, alors qu’il venait de jusque sur les collines alentour?
planter ses narines dans un verre d’Ambre. Pour arriver à ce résultat hors
Denavolo, une bourgade, une frazzione de Travo, perchée sur les hauteurs.
du commun, marsanne et petite arvine sont assemblées en proportion
Chaque jour, Giulio Armani y embrasse un paysage où se cachent ses raci-
variable selon les millésimes, la qualité de la vendange, l’évolution des fûts nes. On y découvre aisément une petite maison pleine de charme et d’autres
et l’inspiration de Christophe. bâtiments remarquables en pleine restauration. Bientôt, tous les vins du do-
maine seront vinifiés et élevés ici, au rez-de-chaussée d’un loft superbe.
Perpétuelle recherche du «caractère intime et mystérieux, sans âge» des
vins liquoreux… Faut-il «estimer que c’est de la chance», lorsque, ce jour- Giulio Armani est un homme très occupé. Le temps lui manque pour
là, plusieurs millésimes d’Ambre attendent au frais d’être dégustés pour continuer avec assiduité les travaux. Sa charge de régisseur de La Stoppa
une grande occasion et que Christophe décide de nous en faire profiter? n’est pas la moindre de ses occupations. Depuis 2005, il propose un vin
blanc de sa façon, dans son jardin secret, sorte de balcon dans les collines
Je veux bien le croire, tant l’expérience fut inoubliable. De l’or en fût, de
argilo-calcaires de la région: Dinavolo.
l’art en bouteille, y compris sur l’étiquette. Toutes des créations originales,
calligraphiées une par une, à la main, pour certaines. Et quand les flacons Une cuvée vinifiée en achetant les raisins de l’un de ses voisins, qui dispose
ont été vidés, ils servent de matière première à d’autres expériences créatives: de près de deux hectares, en agriculture biologique. La vendange est
accrochées au mur, exposées en vitrine ou simplement posées sur des vieilles égrappée, puis passe directement en cuve pour une longue macération sur
barriques, comme éléments d’une composition florale.
«Vous ne serez plus les mêmes en sortant d’ici!» nous avait prédit
Monseigneur l’Abbet, avant que nous ne pénétrions dans son antre. Ayant
eu le privilège de recevoir sa bénédiction à plusieurs reprises, je suis en
mesure de confirmer: «Ah! Mon Dieu! Mon Dieu!»
Christophe Abbet
Appellation : Valais
Rue des Fontaines, 16 – 1920 Martigny-Bourg (Suisse)
+41 (0)27 722 81 37
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le guide des vins qu’ont d’la gueule ITALIE
les peaux. Sa durée peut ainsi être de onze mois pour 2008, cinq mois pour
2007 ou douze pour 2006! Comme des notes sur une partition: un sol,
un mi, un do… Une fidélité au millésime en mode majeur! Forte parfois,
cantabile ma non troppo! Lors d’une dégustation de ces cuvées, l’expression
aromatique a de quoi dérouter les amateurs. Une robe orangée, de jolies
notes sur l’abricot frais. Beaucoup de présence, mais un côté joueur qui
met les sens en éveil. On attend le vin sur une bouche moelleuse, mais il
est absolument sec et la touche tannique et saline en finale nous ouvre de
nouvelles perspectives.
À partir du millésime 2009, Giulio Armani propose désormais deux
cuvées: Dinavolino, issue des vignes les plus jeunes, en bas de coteau
(huit mois de macération) et Dinavolo bien sûr, sorte de sélection issue de
vieilles vignes et dans la partie la plus intéressante du coteau.
Mais, l’avenir du domaine est ailleurs. Il faut grimper vers le sommet de
la colline, à 450 voire 500 m d’altitude, et atteindre un secteur tout à
fait préservé. C’est là que se situent les nouvelles parcelles acquises par le
vigneron. Une première de 2 ha, Campo Rotonde, plantée en 2009, sur
des terres pauvres, exposées sud-ouest ou sud-est, où l’herbe peine à pousser
vraiment et à la forte proportion de calcaire. La seconde, Cassinera, un peu
plus bas, nous permet de découvrir un superbe coteau de 1 ha environ,
planté en 2008. On y trouve les seuls cépages autorisés dans l’appellation:
ortrugo, malavasia di candia aromatica, trebbiano et marsanne (parfois
appelée champagne ici!), voire même du sauvignon, lui aussi admis en
faible proportion, du muscat et quelques pieds de santa maria. Malgré la
pente exigeante, Giulio y travaille les sols, parce que la terre plus légère,
plus granuleuse, le permet, et aussi parce qu’il sera utile de remonter celle-
ci, de temps en temps. La cuvée réunissant ces deux parcelles prend le nom
de Catavela.
Giulio Armani est ici chez lui, dans son décor. Une partie du temps dont
il dispose, il le passe à observer, à apprendre les parcelles, le terroir. Des
instants privilégiés, à estimer le potentiel de ce vignoble. Le vigneron
de Denavolo est très attaché à le mettre en valeur, dans le respect d’une
identité locale. Et sa démarche va bien au-delà d’une supposée rivalité avec
d’autres vignobles italiens, plus médiatiques, plus consensuels. Suivons-le
sur ces chemins!