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entre étudiants?
Un groupe Facebook réunissant plus de 11.000 étudiants crée la polémique. Sous le
couvert de l’humour, certaines publications comportent des propos sexistes, voire
« incitants à la haine » selon Sarah Schlitz.
D epuis quelques jours, la polémique enfle sur les réseaux sociaux. A Louvain-
la-Neuve, berceau de la guindaille et du folklore, un groupe Facebook comprenant
plus de 11.000 membres fait particulièrement parler de lui. Son nom ? « Louvain-
le-Mec ». Son but ? Le partage de publications dites « humoristiques » autour de la
guindaille et « à prendre au 1000e degré », précise la description du groupe.
Il ne faut toutefois pas fouiller très longtemps avant de découvrir des blagues à
caractère sexiste. La plupart de ces publications comparent les femmes à des lave-
vaisselles ou soulignent qu’un homme, un « vrai », boit de la « vraie » bière (de
l’Orval de préférence). Mais pour Sarah Schlitz (Ecolo), secrétaire d’Etat à l’Egalité
des genres et des chances, certains propos vont jusqu’à inciter publiquement à la
haine : « Comparer une femme à un lave-vaisselle, c’est déplacé. Des images qui
montrent une femme en train de se faire tuer parce qu’elle tient des propos
féministes, c’est considéré comme de l’incitation à la haine à travers un discours
sexiste. » De tels propos sont d’ailleurs punissables d’un point de vue juridique.
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Pendant longtemps bon enfant, le groupe aurait commencé à voir apparaître
certaines publications à caractère sexiste très récemment. « A ce moment-là, nous
avons peut-être fait une erreur en n’intervenant pas directement », confie l’un des
administrateurs. « De notre côté, nous n’avons jamais été préparés à gérer un
groupe de cette ampleur. » Il assure toutefois que la plupart des membres n’ont pas
de mauvaises intentions. « Ils n’ont donc pas compris les critiques émises de la part
d’autres étudiants. Leur façon de réagir a été de provoquer, de continuer leurs
blagues parce qu’ils ne voyaient pas le mal derrière. »
En revanche, bien que le communiqué envoyé aux médias fasse état de propos
racistes et homophobes, Le Soir n’a pu constater la présence de ce type de propos
sur le groupe. « Toutes les accusations de racisme et d’homophobie nous choquent
profondément. Par rapport au sexisme, on est plus nuancé. On voit l’humour qu’il y
a derrière, mais on peut comprendre que les gens soient choqués. On essayera de
faire plus attention à l’avenir. En revanche, nous comparer à un groupe extrémiste
est disproportionné. Nous supprimons d’ailleurs toute publication à caractère
politique. »
La justification par l’humour des publications à caractère sexiste n’y changerait rien.
« C’est juste rappeler de manière systémique des violences qui sont structurelles
dans notre société », souligne la conseillère du recteur. « Par ailleurs, les personnes
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inscrites dans le groupe vous diront peut-être que ce n’est pas la totalité des
messages qui sont de cet ordre-là. Mais qu’on soit bien clair, il n’y a pas de
pourcentage d’acceptabilité qui tienne. La première publication à caractère sexiste
est inadmissible. » Juridiquement, l’université n’a toutefois aucune prise sur ce qui
se passe sur le groupe.
Pour la secrétaire d’Etat, Sarah Schlitz, ces publications révèlent, une fois de plus, la
présence du sexisme dans notre société. « Tous les membres du groupe ne sont pas
des machos qui vont battre leur femme plus tard. Par contre, ça montre à quel point
il faut refaire un travail de sensibilisation à l’utilisation des médias et aux violences
structurelles historiques. Aujourd’hui, on peut encore rigoler du fait que ce sont les
femmes qui assument la majorité des tâches ménagères. Il y a encore une trop
grande banalisation des violences envers les femmes, souvent sous le couvert de
l’humour. Ce qui contribue inévitablement à renforcer ces violences. »
Trois témoignages
Les remarques dont elle fait l’objet ne proviennent pas uniquement de ses pairs. « Certains
professeurs me répètent à chaque exercice que je ne réussirai jamais dans le journalisme à cause
de mon accent et de mes origines. Un jour, je devais faire un billet radio. Bien que le contenu
soit pertinent, le professeur m’a donné moins de la moyenne. Je lui demande alors s’il est
possible de travailler en tant que journaliste même si l’on est étranger. Il me répond que c’est
vraiment compliqué dans le monde des médias. Plusieurs enseignants m’ont d’ailleurs
gentiment suggéré de changer de filière. N’y a-t-il pas de diversité dans les médias belges ? »
Face à ce harcèlement moral, Julia a entamé un suivi auprès d’une psychologue de l’université.
« J’ai des entretiens par Skype une fois par semaine, ça me fait beaucoup de bien. Elle m’a
conseillé d’alerter les autorités académiques, mais j’ai bien trop peur de la réaction de mes
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enseignants et qu’ils me fassent rater. Heureusement, je n’ai jamais pensé à arrêter mes études.
C’est mon rêve. Mais certains ont réussi à me convaincre que le monde des médias en Belgique
n’était pas très ouvert aux étrangers. »
Le harcèlement s’installe petit à petit. Il prend d’abord la forme de petites remarques, jusqu’à
des gestes déplacés. « Quand je prenais mon bic pour prendre des notes, elle me disait qu’elle ne
m’avait pas autorisé à écrire. Lors d’un travail de groupe, j’ai voulu poser une question à d’autres
élèves. La prof m’a alors tapé sur l’épaule en me disant que je ne devais pas déranger mes
camarades. » Parfaitement bilingue, Célia obtient pourtant à peine la moitié lors de l’examen
oral. « J’ai failli changer de combinaison linguistique parce que je ne supportais pas la pression
qu’elle me mettait. J’avais des crises d’angoisses, je vomissais parfois avant d’aller en cours.
C’était une torture psychologique d’être là. »
Au début de cette année académique, Célia est à nouveau confrontée à cette même enseignante.
« Au premier cours, elle ne m’a pas acceptée prétextant que je n’avais pas rendu les documents
nécessaires. Elle est chef du département, donc elle devait valider mon PAE. Je me suis rendue
directement au secrétariat, les larmes aux yeux. La secrétaire m’a tendu une boîte de mouchoirs
en me disant que malheureusement je n’étais pas la première concernée. Elle m’a donné un
rendez-vous avec la doyenne. Cette dernière m’a dit qu’elle allait agir. Pour l’instant, je suis dans
l’attente. »
En fin d’année, Clara profite de l’évaluation anonyme des enseignants pour le signaler. « J’ai
évoqué les remarques déplacées qu’il avait eues à mon égard, que je ne me sentais pas en
sécurité dans sa classe. J’ai hésité à en parler au rectorat, mais je me suis demandé si c’était assez
grave. J’avais également peur de ne pas être crue. Peur de l’image qu’on aurait pu avoir de moi,
qu’on remette en question ma parole. »
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R emarques inappropriées, gestes déplacés, propos sexistes, intimidation à
répétition. Malheureusement, les universités et hautes écoles ne sont pas épargnées
par cette problématique. Ces dernières années, plusieurs étudiants sont sortis du
silence pour dénoncer le harcèlement dont ils avaient fait l’objet. Qu’il provienne
d’autres étudiants, ou même de membres du personnel académique.
Sur base de ces constats et à partir de rencontre avec les acteurs de terrain, deux
députés écologistes ont souhaité émettre des propositions pour lutter contre le
harcèlement. Tout d’abord, le volet information et sensibilisation qui viserait à la
fois les victimes pour les inciter à sortir du silence, que les témoins et les auteurs.
« Cela passerait par des campagnes de communication à grande échelle ainsi que
par la généralisation d’ateliers de formation à la thématique du harcèlement »,
indique le député régional Rodrigue Demeuse.
Un avis que semblent partager plusieurs acteurs de terrain. Pour Manon Gutierrez
Rodriguez, responsable communication de « Thé Ok ? » – une association qui se
donne pour mission de sensibiliser les étudiants à la notion de consentement –,
« les campagnes de communication sont essentielles, mais elles doivent s’adapter à
leur public. Pour les étudiants, nous avons mis en place des pictogrammes via les
réseaux sociaux. » L’asbl va d’ailleurs s’associer à l’UCLouvain pour renforcer la
campagne Together. « Notre dispositif pour lutter contre le harcèlement est assez
mal connu parmi les étudiants », concède Tania Van Hemelryck, conseillère du
recteur à la politique de genre. « Ce qui limite la possibilité pour les victimes de
venir déposer leur vécu. »
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Le second volet des députés porterait sur la généralisation d’une personne de
contact dédié à la thématique au sein de chaque établissement supérieur de la FWB
ainsi que sur la création d’une cellule externe indépendante qui assurerait
l’accompagnement des victimes. « Cette cellule permettrait de coordonner
l’ensemble des cellules internes. Elle o rirait également aux victimes une voie
indépendante vis-à-vis de leur établissement scolaire », souligne Rodrigue
Demeuse.
Toujours selon l’assistante sociale, les cellules « harcèlement » doivent avant tout
répondre aux besoins des victimes. « Ces dernières ont surtout besoin de déposer
leur vécu, d’avoir accès à un professionnel qui prend le temps d’écouter leur
situation particulière. La plupart du temps, elles ne se rendent même pas compte
qu’elles sont victimes de harcèlement. C’est seulement dans un second temps que
certains et certaines peuvent ressentir le besoin d’être accompagné d’un point de
vue juridique. Mais c’est loin d’être systématique. » La procédure judiciaire peut en
e et être lourde, principalement lorsque le premier souhait de la victime est de
mettre fin à la situation de harcèlement.
Sur le terrain, les avis sont plus nuancés. « Le problème porte moins sur les
sanctions que sur la lourdeur de la procédure », insiste le psychologue Benoît
Galand. « Le délai d’attente avant le procès est parfois tellement long que l’étudiant
a le temps de changer d’école avant que le problème ne se résolve. Par ailleurs,
l’enseignant ayant une fonction très exposée, il faut trouver un juste équilibre. »
Mais avant de mettre en place des actions concrètes, nombreux sont ceux à
réclamer une étude approfondie de la thématique de harcèlement sur l’ensemble de
la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bien que le phénomène du harcèlement scolaire
soit documenté lorsqu’il se produit dans l’enseignement obligatoire et fondamental,
il n’existe à l’heure actuelle aucune étude en FWB. Pour Benoît Galand, « il ne s’agit
pas d’une intention délibérée. Les gens s’inquiètent d’abord de ce qu’il se passe chez
les plus jeunes. Et même de ce côté-là, on en parle depuis moins de dix ans. Mais ce
serait bien en e et d’avoir une étude rigoureuse pour se faire une idée de l’ampleur
du phénomène et ensuite, prendre des mesures adéquates. »
La FEF, elle, reçoit des dizaines des plaintes par mois. « C’est un phénomène bien
plus répandu qu’on ne le pense », insiste la présidente Chems Mabrouk. D’après les
plaintes reçues, certaines personnes seraient davantage à risque de subir du
harcèlement. « Ce sont tout d’abord les femmes racisées qui sont les plus touchées,
suivies des hommes racisés. Les mécanismes de discriminations se rejouent dans
l’enseignement supérieur. »
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Commission « Genre » au sein de l’ARES. Cette Commission pourrait prendre en
charge l’étude ainsi que la désignation d’une personne de référence en matière de
harcèlement au sein de chaque établissement. » Du côté de certains établissements,
on craint toutefois de perdre son indépendance.
Commentaire *
Poster
Si je lis bien un des témoignages, unE prof qui harcèle une élève est un signe de sexisme
évidemment imputable aux hommes... Hallo?
RÉPONDRE (/COMMENT/REPLY/340337/222047)
Eh oui! C'est le problème de l'humour à connotation sexiste ou raciale! Il est vite dangereux
et inutilement vexant quand on l'utilise dans un relatif anonymat. Si vous avez un copain
juif/belge/noir, vous pouvez le charrier en tant que juif/belge/noir, mais uniquement en sa
présence et si vous êtes sûr ou du moins si vous cherchez à vous assurer qu'il peut
comprendre qu'il s'agit vraiment d'une simple plaisanterie de votre part. Le plus blindé
d'entre nous peut se sentir inutilement blessé.
RÉPONDRE (/COMMENT/REPLY/340337/222003)
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Posté par Nisouck André, aujourd'hui 17:56
Vous ne pensez pas qu'on en fait un peu trop ..... lorsqu'on compare ça aux
caricatures de Mahomet ........
Le féminisme est maintenant devenu du sexisme anti-hommes, car tout est bon pour
accuser les hommes de tout et n'importe quoi. Et on n'y parle plus d'égalité des droits, mais
d'avantages divers donnés uniquement aux femmes. C'est devenu grotesque, mais cela se
restreint heureusement de plus en plus à une minorité engagée et surtout enragée.
RÉPONDRE (/COMMENT/REPLY/340337/221961)