Faculté de Technologie
Département Ingénierie des Systèmes Electriques
Cours :
Chapitre 1
Matériaux Magnétiques
1. Introduction :
L’industrie électrique utilise pour la construction des matériels électriques des matériaux qui doivent
assurer une ou plusieurs fonctions, on peut citer :
-Transport de l’électricité : matériaux bon conducteurs
-Transformer l’énergie électrique en énergie thermique : matériaux résistants
-Isoler les conducteurs entre eux/aux autres corps et assurer la sécurité des personnes : matériaux isolants.
-Canaliser les lignes de forces d’un champ magnétique : matériaux magnétiques.
Donc dans l’industrie, on trouve trois types de matériaux :
-Matériaux magnétiques
-Matériaux diélectriques (isolants)
-Matériaux conducteurs
Fig.1
Matériau
magnétique B(t) variable
Fig.2
( ⃗)
⃗ : L’aimantation magnétique du matériau magnétique, c’est le plus qui l’introduit le matériau magnétique
(contribution du matériau dans l’induction magnétique).
Donc, il y a deux sources du champ magnétique ⃗⃗, le courant de conduction (courant libre) et le matériau
magnétique aimanté (l’aimantation).
Lignes de champ
Fig.3
Dans le cas d’un aimant, les lignes de champ sont orientées du pôle nord vers le pôle sud à l’extérieur de
la matière aimantée. L’ensemble de ces lignes constitue un spectre magnétique. Il est à noter que sur la
Terre, les lignes de champ sortent de ce que l’on nomme le pôle Sud géographique et que ce pôle
correspond donc à un pôle nord magnétique.
Ou bien :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ (1.2)
Fig.4
Le sens de champ (H) est déterminé par la règle de l’observateur d’Ampère : l’observateur est installé le
long du circuit électrique de telle manière que le courant lui rentre par les pieds et lui sorte par la tête.
L’observateur regarde le point M et tend le bras gauche, le vecteur champ magnétique est dirigé dans le
sens du bras gauche.
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗
- En posant : ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ , l’expression (1.1) devient : ⃗⃗
Pour obtenir le champ total en point (M) :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗
⃗⃗ ∮ ⃗⃗ ∮ (1.3)
- La loi de Biot et Savart se généralise pour une distribution de courant quelconque :
J
dV
dS
P
dl
Fig.5
⃗ ⃗⃗
⃗⃗ ∫ (1.4)
Avec :
dV : élément de volume
dS : élément de surface
dl : élément de longueur
J : densité volumique de courant [A/m2]
o M
I
X
dH '
R
Soit un élément de longueur dl de la spire centré en P (Fig.6). En M, cet élément crée un champ
magnétique élémentaire dH perpendiculaire à PM, orienté comme sur la figure ci-dessus, de module :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ (1.5)
Avec :
∮ et
avec √
I2
H
n
H
(C)
Fig.7
∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∑ (1.9)
Pour (n=1) :
∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∮ (1.11)
(C)
H
M
a
H
Fig.8
n
I
Fig.8 Moment magnétique
I
3. Magnétostatique de la matière :
Tous les milieux ont des propriétés magnétiques : si un échantillon de la matière placé dans un champ
magnétique H extérieur devient lui-même source de champ magnétique, il est dit aimanté, magnétisé ou
encore polarisé magnétiquement.
Pour caractériser les divers milieux de l’espace, il est nécessaire d’introduire un autre vecteur (B), appelé
« induction magnétique » relié au champ magnétique (H) par la relation suivante :
⃗⃗ ⃗⃗ (1.12)
Dans le vide : ⃗⃗ ⃗⃗
: La perméabilité magnétique du vide
A l’intérieur du matériau magnétique, l’induction magnétique (B) devient égale à la somme des deux
champs externe et interne, soit :
⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗⃗ (1.13)
Avec M est l’aimantation de la matière (vecteur aimantation)
⃗⃗⃗ ⃗⃗ (1.14)
Où s’appelle la « susceptibilité magnétique » du milieu [ sans dimension].
L’équation (1.13) s’écrit alors :
⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗ (1.15)
D’après (1.12) et (1.14) :
Avec : ce qui donne :
(1.16)
: la perméabilité relative d’un matériau [sans dimension]
: la perméabilité absolue d’un matériau [H/m]
L’étude des matériaux magnétiques peut se faire au moyen de la relation (1.12) néanmoins, il est plus
précis de classifier les matériaux d’après la relation (1.16).
Selon la valeur de on regroupe les matériaux en trois classes :
-les matériaux diamagnétiques (
-les matériaux paramagnétiques (
-les matériaux ferromagnétiques (
Dans l’air, le vide, les gaz, le cuivre, l’aluminium, la terre et d’autres matériaux, est
approximativement égal à 1. Ces matériaux ne pouvant alors canaliser le champ magnétique.
Matériau
Bi -16,9×10-5
C -2,1×10-5
eau -1,2×10-5
Cu -1,0×10-5
vide 0
O2 0,19×10-5
Al 2,2×10-5
Co 70
Ni 110
Fe 200
e-
ms
-Le moment magnétique de Spin est égale à , lorsque le spin est égal à et à , lorsque le
spin est égal à .
-Le moment magnétique atomique résultant ( ⃗ est la somme vectorielle des moments magnétiques
orbitaux et de spins de tous les électrons gravitants autour du noyau de cet atome : ⃗ ∑⃗ ∑⃗
Fig.11
H
-En présence de champ magnétique extérieur intense (H>>), les moments
magnétiques peuvent s’orienter dans une direction privilégiée et
provoquent l’apparition d’une aimantation induite globale non nulle.
M
H
Fig.12
M
Ms
H
Fig.13
Influence de la température
L’aimantation diminue lorsque la température augmente jusqu'à atteindre une valeur nulle pour la
température de Curie (température critique).
La température influence fortement l’ordre magnétique établi. On définit la température de Curie
comme étant la température critique à partir de laquelle le matériau n'est plus ferromagnétique mais
paramagnétique.
Pour , il existe un ordre magnétique décrit en partie par l’interaction d’échange Heisenberg. Le
matériau est ferromagnétique.
Pour , l’agitation thermique est telle qu’il n’existe plus d’ordre. Le matériau se comporte alors
comme un paramagnétique.
M
1
Ms
T
TC
Fig.14
Moments
Parois de Bloch
magnétiques
Domaines de Weiss
Fig.15 Domaines magnétiques de Weiss dans un matériau ferromagnétique. Dans chaque domaine,
les moments magnétiques atomiques tendent à être alignés. Les parois (de Bloch) séparant les
domaines sont des zones étroites où les moments atomiques ne sont pas alignés.
Fig.16. Changement d’orientation des dipôles magnétiques à travers une paroi de Bloch
Fig.17 Déplacement des parois de Bloch sous l’action d’un champ magnétique extérieur
M B H
(c)
M s Bs
(b)
H
(a)
(a) à champ extérieur nul (H=0) : le matériau est composé des domaines équilibrés magnétiquement à
aimantation nulle (M=0).
(b) En augmentant faiblement le champ extérieur (H>0) : le matériau est déséquilibré magnétiquement à
aimantation non nulle. Des moments magnétiques dans certains domaines vont se retourner et s’aligner
sur le champ magnétique appliqué (certains domaines disparaissent). Le déplacement des parois de Bloch
est réversible pour de faible champ H. Il devient irréversible pour des champ H moyens.
(c) En fin, pour de fortes excitations (H>>0) : l’aimantation atteint la saturation (M = Ms) et tous les
autres domaines sont supprimés (il reste un seul domaine). L’aimantation prendre la direction du celle de
champ appliqué.
Remarque : le rôle du champ magnétique extérieur (H) appliqué est de déplacer les parois de Bloch et à
faire tourner la direction d’aimantation. La saturation est atteinte si son intensité est suffisamment élevée
pour vaincre l’agitation thermique.
3.4.4. Hystérésis :
Après avoir décrit la courbe de première aimantation. Faisant décroitre le champ extérieur appliqué sur le
matériau, on constate que l’induction (B) et par conséquent l’aimantation (M) ne reprenne pas les valeurs
obtenues pour H croissant.
Induction rémanente
Courbe de
désaimantation
Courbe de première
aimantation
Champ
coercitif
Fig.19
I
(1)
(2) (7)
(1) (7)
(6)
-Hm (2)
(5) (4)
(4)
Fig.21
B Exemple Ba (T)
Alnico
Br
1
Sm-Co
H
HC
Nd-Fe-B 0,5
ferrit
e Ha (kA/m)
- utiliser des matériaux magnétiques à résistivité plus élevée : fer (le fer pur a une résistivité trop
importante) avec addition de silicium (3 %) ou ferrite (en haute fréquence).
B variable B variable
iF
iF
e=a
e’=a/n
Avec kH : une constante qui dépend du matériau (100 à 500), V : le volume du matériau en m3, f : la
fréquence en Hertz, Bm : le champ magnétique maximum en Tesla, et η : 1,6 pour les noyaux pleins et 2
pour les tôles minces.
-Puisque les pertes sont directement conditionnées par l’aire du cycle d’hystérésis, on peut les réduire en
utilisant des matériaux ferromagnétiques doux à cycle d’hystérésis étroit.
4.1. Circuits magnétiques : Un circuit électrique est composé d’un ensemble d’éléments reliés les uns
aux autres et destinés à conduire un courant électrique. De façon analogue, un circuit magnétique est
composé d’un groupe de corps reliés les uns aux autres et destinés à conduire un flux magnétique
(Fig.23).
(1.20)
On constate que l’excitation magnétique dans l’entrefer est µr fois plus grande que l’excitation dans le
fer : tout se passe comme si on avait concentré dans le petit espace de l’entrefer l’excitation due au
courant i.
Considérons le circuit magnétique de la (Fig. 26), ce circuit possède une seule maille constitué de trois
matériaux différents, de perméabilité magnétique μ1, μ2, et μ3. Le théorème d’Ampère appliqué au
contour donne :
(1.21)
On peut écrire cette relation en introduisant le flux Φ qui traverse le circuit : ce flux étant le même pour
tout le noyau, le champ B qui en résulte sera le même si la section est constante :
(1.22)
Cette relation est une forme analogue à la loi d’Ohm pour un circuit électrique à une maille :
Exemple : Calculer la F.M.M requise pour faire circuler le même flux (12 mWb) dans le noyau du circuit
magnétique suivant sachant que ur =2133 :
Solution : la F.M.M de la bobine est donc la somme des F.M.M nécessaires pour l’air et pour l’acier.
F.M.M pour l’air : le flux dans l’entrefer est le même que dans le noyau, donc le champ B également :
F.M.M pour l’acier : la longueur du chemin magnétique dans l’acier étant 1.5-0.0015=1.4985m