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UNIVERSITE M’HAMED BOUGARA-BOUMERDES

Faculté de Technologie
Département Ingénierie des Systèmes Electriques

Cours :

Matériaux en électrotechnique et technique de la


haute tension

Master 1 Machines Electriques

Préparé par : Dr. Aimad BOUDOUDA


Maitre de conférences A

Chapitre 1 : Matériaux magnétiques

Chapitre 2 : Matériaux diélectriques

Chapitre 3 : Matériaux conducteurs

Chapitre 4 : Techniques de la haute tension

UE Fondamentale Code : UEF 1.2.2 (crédits 2, coefficient 1)


Mode d’évaluation : 100% Examen

Dr. Aimad BOUDOUDA


2020
Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Chapitre 1
Matériaux Magnétiques

1. Introduction :
L’industrie électrique utilise pour la construction des matériels électriques des matériaux qui doivent
assurer une ou plusieurs fonctions, on peut citer :
-Transport de l’électricité : matériaux bon conducteurs
-Transformer l’énergie électrique en énergie thermique : matériaux résistants
-Isoler les conducteurs entre eux/aux autres corps et assurer la sécurité des personnes : matériaux isolants.
-Canaliser les lignes de forces d’un champ magnétique : matériaux magnétiques.
Donc dans l’industrie, on trouve trois types de matériaux :
-Matériaux magnétiques
-Matériaux diélectriques (isolants)
-Matériaux conducteurs

1.1. La mise en œuvre des matériaux magnétiques :


La mise en œuvre des matériaux magnétiques est la seule solution viable au plan économique dans l’état
actuel de nos connaissances.
Soit une spire où en appliquant sur cette dernière un champ magnétique variable :
I(t)

Surface S B(t) variable

Fig.1

Il y aura l’apparition d’un courant induit I(t) dans cette spire.


Si maintenant, nous ajoutons un matériau magnétique à l’intérieur de la spire :
I’(t)

Matériau
magnétique B(t) variable

Fig.2

Dans ce cas, le courant induit est I’(t), avec :

Où : et représentent les forces électromotrices (f.e.m) induites avec matériaux magnétiques et


sans matériaux magnétiques respectivement.

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Pour le cas avec matériaux magnétiques : cela est due au faite :

( ⃗)
⃗ : L’aimantation magnétique du matériau magnétique, c’est le plus qui l’introduit le matériau magnétique
(contribution du matériau dans l’induction magnétique).

Donc, il y a deux sources du champ magnétique ⃗⃗, le courant de conduction (courant libre) et le matériau
magnétique aimanté (l’aimantation).

1.2. Champ magnétique :


Est une grandeur ayant le caractère d’un champ vectoriel (caractérisée par la donnée d’une norme, d’une
direction) définie en tout point de l’espace permettant de quantifier les effets magnétiques du courant
électrique ou des matériaux magnétiques. Ce champ est caractérisé par des lignes dites lignes de champ
(lignes de force) tangentes en chacun de leurs points au vecteur champ magnétique ( ⃗⃗ ) et orientées dans
le sens du champ.

Lignes de champ

Fig.3

Dans le cas d’un aimant, les lignes de champ sont orientées du pôle nord vers le pôle sud à l’extérieur de
la matière aimantée. L’ensemble de ces lignes constitue un spectre magnétique. Il est à noter que sur la
Terre, les lignes de champ sortent de ce que l’on nomme le pôle Sud géographique et que ce pôle
correspond donc à un pôle nord magnétique.

2. Magnétostatique des courants dans le vide (approche ampérienne) :


2.1. Loi de Biot et Savart (pour les circuits filiformes) :
Dans le cas particulier d’un circuit filiforme parcouru par un courant I 
dH
permanent (I), la formule suivante de Biot et Savart permet d’exprimer
le champ H crée par le courant (I) en un point (M), situé à une dl r M
distance r d’un élément de courant de longueur dl du circuit :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ (1.1)
dl 
u PM
P

Ou bien :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ (1.2)
Fig.4

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

: Perméabilité magnétique du vide ( )


B [Tesla] avec et lignes de force

Le sens de champ (H) est déterminé par la règle de l’observateur d’Ampère : l’observateur est installé le
long du circuit électrique de telle manière que le courant lui rentre par les pieds et lui sorte par la tête.
L’observateur regarde le point M et tend le bras gauche, le vecteur champ magnétique est dirigé dans le
sens du bras gauche.
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗
- En posant : ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ , l’expression (1.1) devient : ⃗⃗
Pour obtenir le champ total en point (M) :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗
⃗⃗ ∮ ⃗⃗ ∮ (1.3)
- La loi de Biot et Savart se généralise pour une distribution de courant quelconque :

J
dV

dS

P
dl

Fig.5

⃗ ⃗⃗
⃗⃗ ∫ (1.4)

Avec :
dV : élément de volume
dS : élément de surface
dl : élément de longueur
J : densité volumique de courant [A/m2]

Exemple d’application : Spire circulaire


Champ magnétique sur l’axe d’une spire de rayon R à la distance x du centre de celle-ci créé par un
courant d’intensité I :
P 
r
dH
Idl


o  M
I
X 
dH '
R

Fig.6. H créée par une spire sur un point de son axe

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Soit un élément de longueur dl de la spire centré en P (Fig.6). En M, cet élément crée un champ
magnétique élémentaire dH perpendiculaire à PM, orienté comme sur la figure ci-dessus, de module :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ (1.5)

Avec : et (⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗)


Or quel que soit l’élément dl et la distance (r = constante). Par raison de symétrie, la composante
radiale s’annule, il reste seulement la composante axiale de dH :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ or ce qui donne :
⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ ⇒ (1.6)

L’intégration de dH' sur toute la spire donne le module du champ résultant H’ :


∮ ∮ (1.7)

Avec :
∮ et

avec √

Donc : ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ (1.8)

2.2. Le théorème d’Ampère :


La circulation du champ (H) le long d’une courbe (c) quelconque et fermée appelée contour d’Ampère est
égale à la somme algébrique des courants qui traversent la surface délimitée par la courbe (c).

H I1

 I2
H


n 
H

(C)

Fig.7

∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∑ (1.9)

nI : s’appelle force magnéto motrice. Cette quantité se mesure en ‘Ampère-tour’ et H [A/m]


Remarque : cette définition est valable seulement dans le vide.

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Exemple : champ magnétique crée par un fil rectiligne infini.


Dans ce cas les lignes de champ sont des cercles centrés sur le fil. Le champ H à une distance de rayon a
est donné par :
∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∑ (1.10)

Pour (n=1) :
∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∮ (1.11)

Le champ magnétique est constant : ∮ ⇒


et

(C)

H

M
a


H

Fig.8

La loi d’Ampère se généralise à une distribution continue de courants volumiques de densité J :


∮ ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ⃗ (Forme intégrale)
ou (Forme différentielle, relation Ampère-Maxwell)

2.3. Moment magnétique et dipôle magnétique :


2.3.1. Moment magnétique :
Tout circuit électrique fermé parcouru par un courant électrique possède un moment magnétique.
Soit une spire (boucle de courant) parcourue par un courant I. On appelle moment magnétique le vecteur :

⃗⃗⃗ ⃗ ⃗⃗ [A.m2] M
⃗⃗ : Vecteur normal à la surface S
S


n

I
Fig.8 Moment magnétique

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

2.3.2. Dipôle magnétique :


Il est intéressant de remarquer que l’expression du champ magnétique (H) créé par une spire de courant
(dipôle magnétique ⃗⃗⃗ ⃗⃗) est formellement équivalente à celle du champ électrostatique (E) créé par
un système de deux charges opposées (dipôle électrique ⃗⃗ ⃗).
Deux interprétations du champ produit par un objet magnétique:
- il contient des "charges magnétiques" : c’est l’approche coulombienne
- il est le siège de courants électriques permanents: c’est l’approche ampérienne
Mais...
- aucune charge magnétique (monopôle) n’a jamais été isolée.
- les courants électriques permanents sont impossibles en électromagnétisme classique.

Fig.9. Modèle ampérien et modèle coulombien

2.4. Actions magnétiques sur un dipôle magnétique (couple) : 


M
Un dipôle magnétique de moment magnétique ⃗⃗⃗ plongé dans un
champ magnétique extérieur ⃗⃗ est soumis à un couple de moment : 

⃗ ⃗⃗⃗ ⃗⃗ Bext
Ce couple tend à aligner le moment sur le champ magnétique appliqué
⇒ ⃗ lorsque : ⃗⃗ ⃗⃗⃗ ( )

I
3. Magnétostatique de la matière :
Tous les milieux ont des propriétés magnétiques : si un échantillon de la matière placé dans un champ
magnétique H extérieur devient lui-même source de champ magnétique, il est dit aimanté, magnétisé ou
encore polarisé magnétiquement.
Pour caractériser les divers milieux de l’espace, il est nécessaire d’introduire un autre vecteur (B), appelé
« induction magnétique » relié au champ magnétique (H) par la relation suivante :
⃗⃗ ⃗⃗ (1.12)
Dans le vide : ⃗⃗ ⃗⃗
: La perméabilité magnétique du vide

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

A l’intérieur du matériau magnétique, l’induction magnétique (B) devient égale à la somme des deux
champs externe et interne, soit :
⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗⃗ (1.13)
Avec M est l’aimantation de la matière (vecteur aimantation)
⃗⃗⃗ ⃗⃗ (1.14)
Où s’appelle la « susceptibilité magnétique » du milieu [ sans dimension].
L’équation (1.13) s’écrit alors :
⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗ (1.15)
D’après (1.12) et (1.14) :
Avec : ce qui donne :
(1.16)
: la perméabilité relative d’un matériau [sans dimension]
: la perméabilité absolue d’un matériau [H/m]

L’étude des matériaux magnétiques peut se faire au moyen de la relation (1.12) néanmoins, il est plus
précis de classifier les matériaux d’après la relation (1.16).
Selon la valeur de on regroupe les matériaux en trois classes :
-les matériaux diamagnétiques (
-les matériaux paramagnétiques (
-les matériaux ferromagnétiques (

3.1. Quelques notions :


3.1.1. Aimantation :
En physique, l’aimantation (M) est une grandeur vectorielle qui caractérise à l’échelle macroscopique le
comportement magnétique d’un échantillon de la matière. Elle a comme origine l’alignement des
moments magnétiques dipolaires dans la direction du champ magnétique extérieur appliqué sur la
matière.
Donc elle est définie comme étant la densité volumique des moments magnétiques dipolaires contenus
dans le volume (dV) :

Le module du moment magnétique étant en [A.m2], le module de l’aimantation s’exprime en [A/m].


Parfois, on utilise le terme polarisation magnétique à la place de l’aimantation :
⃗⃗⃗

J s’exprime en Tesla [T].

3.1.2. Perméabilité magnétique :


La perméabilité magnétique, en électromagnétisme des milieux en régime linéaire, caractérise la faculté
d'un matériau à modifier un champ magnétique ⃗⃗, c’est-à-dire à modifier les lignes de flux magnétique.
Cette valeur dépend ainsi du milieu dans lequel il est produit où le champ magnétique varie linéairement
avec l’excitation magnétique ⃗⃗ .

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Donc, l’induction magnétique ⃗⃗ et le champ ⃗⃗ sont reliés par : ⃗⃗ ⃗⃗


La perméabilité magnétique du matériau ( s’exprime par le produit de la perméabilité magnétique du
vide ( et de la perméabilité magnétique relative ( :

Dans l’air, le vide, les gaz, le cuivre, l’aluminium, la terre et d’autres matériaux, est
approximativement égal à 1. Ces matériaux ne pouvant alors canaliser le champ magnétique.

3.1.3. Susceptibilité magnétique :


La susceptibilité magnétique (notée et de grandeur adimensionnelle) est la faculté d’un matériau à
s'aimanter sous l’action d'une excitation magnétique extérieur.
L’aimantation (M) est proportionnelle au champ (H) appliqué : le coefficient de proportionnalité, noté
définit la susceptibilité magnétique du matériau considéré : ⃗⃗⃗ ⃗⃗
-Lorsque ( : le matériau est diamagnétique
-Lorsque ( : on a du vide
-Lorsque ( : le matériau est paramagnétique
-Lorsque ( et très élevé : le matériau est ferromagnétique
Susceptibilité magnétique de quelques matériaux est donnée dans le tableau suivant:

Matériau
Bi -16,9×10-5
C -2,1×10-5
eau -1,2×10-5
Cu -1,0×10-5
vide 0
O2 0,19×10-5
Al 2,2×10-5
Co 70
Ni 110
Fe 200

3.2. Origine du magnétisme dans les matériaux magnétiques :


Le magnétisme de matériau est la conséquence des mouvements des électrons gravitant autour du noyau
des atomes de ce matériau. En effet, un électron tournant sur un orbital est une charge électrique en
mouvement qui engendre un champ magnétique, de plus l’électron tourne sur lui-même, c’est le spin de
l’électron. Donc, dans un atome, le mouvement orbital et de spin génère des dipôles magnétiques
(moments magnétiques) qui seront influencés par l’application d’un champ magnétique extérieur.
-Le moment magnétique orbital, est égale à , où m est le nombre quantique magnétique
associé à l’électron. La quantité , appelée magnéton de Bohr, est une grandeur fondamentale en

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

magnétisme, A.m2. Avec h la constante de Planck et me et e, respectivement, la


masse et la charge de l’électron.

 mo

e- 
 ms

Fig.10. Magnéton de Bohr

-Le moment magnétique de Spin est égale à , lorsque le spin est égal à et à , lorsque le
spin est égal à .
-Le moment magnétique atomique résultant ( ⃗ est la somme vectorielle des moments magnétiques
orbitaux et de spins de tous les électrons gravitants autour du noyau de cet atome : ⃗ ∑⃗ ∑⃗

3.3. Classification des matériaux magnétiques :


3.3.1. Matériaux diamagnétiques :
Le diamagnétisme est une propriété présente dans tous les matériaux puisque celui-ci est dû à la
déformation des orbitales sous l’action d’un champ extérieur. Ces matériaux ne comportent que des
atomes non magnétiques (le moment magnétique résultant de l’atome est nul). Ce phénomène se trouve
souvent dans les matériaux qui possèdent des couches électroniques complétement remplies par les
électrons (ses électrons sont pairs). Toutefois, pour un grand nombre de matériaux, le diamagnétisme est
masqué par un phénomène plus fort : le paramagnétisme ou le ferromagnétisme.
-Ces matériaux ont une susceptibilité ( très faible et négative, autour de -10-5 ou -10-6. Le champ induit
par ce phénomène est donc très faible.
-Dans les matériaux diamagnétiques, l’aimantation induite par la présence d’un champ magnétique
extérieur H est dans le sens opposé au champ H d’où une susceptibilité négative.

Exemple : -L’eau H2O ( ) M
-Le cuivre Cu ( )

H

Fig.11

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

3.3.2. Matériaux paramagnétiques :


Matériaux pour lesquels les atomes portent un moment magnétique permanent non nul dont l’orientation
est aléatoire. On peut se représenter un moment magnétique atomique en imaginant une boucle de courant
microscopique due aux électrons sur leur orbite. Bien sûr, il s’agit là d’une représentation éloignée de la
réalité mais qui permet d’appréhender un peu le phénomène.
Comme le diamagnétisme, le paramagnétisme est un phénomène de faible intensité. Ce phénomène se
trouve dans les matériaux à couche non remplies (aluminium, platine, manganèse….).

-En l’absence de champ magnétique extérieur (H=0), ils ne sont soumis


qu’à l’agitation thermique et l’aimantation globale est nulle.

Figure : H=0 et température faible ou H fort et température élevée


H
-En présence de champ magnétique extérieur intense (H>>), les moments
magnétiques peuvent s’orienter dans une direction privilégiée et
provoquent l’apparition d’une aimantation induite globale non nulle.

Figure : H=0 fort et température faible

-La susceptibilité correspondante est positive et faible (10-6 à 10-2).


M


H

Fig.12

Exemples de matériaux paramagnétiques : l’air ( ), l’oxygène ( ),


l’aluminium, le platine.

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

3.3.3. Matériaux ferromagnétiques :


Matériaux qui sont capable d’avoir une très forte aimantation d’une manière spontanée (même en
l’absence du champ magnétique extérieur). Cette aimantation est permanente (aimants naturels).
-Exemple : le fer (Fe), Nickel (Ni), Cobalt (Co) ainsi que leurs composés et alliages (aciers, ferronickels,
ferrites). La susceptibilité de ces éléments est positive et très élevée. Par conséquent, leur perméabilité
magnétique relative est nettement supérieure à 1 et sa valeur se situe entre 50 et 10000.
-Il existe deux sous-catégories, à savoir les ferromagnétiques durs (aimants permanents) et les
ferromagnétiques doux).
Dans le cas des ferromagnétiques doux, cette propriété est très utilisée car elle va permettre d’obtenir une
forte induction à partir d’une faible excitation extérieure. C’est pour ça qu’on utilise ces derniers pour
canaliser les lignes de champ.
-L’aimantation M n’est pas proportionnelle à l’excitation H. Elle croit avec le champ et tend vers une
limite (saturation Ms).


M
Ms 


H

Fig.13

Influence de la température
L’aimantation diminue lorsque la température augmente jusqu'à atteindre une valeur nulle pour la
température de Curie (température critique).
La température influence fortement l’ordre magnétique établi. On définit la température de Curie
comme étant la température critique à partir de laquelle le matériau n'est plus ferromagnétique mais
paramagnétique.
Pour , il existe un ordre magnétique décrit en partie par l’interaction d’échange Heisenberg. Le
matériau est ferromagnétique.
Pour , l’agitation thermique est telle qu’il n’existe plus d’ordre. Le matériau se comporte alors
comme un paramagnétique.


M
1

Ms

T
TC

Fig.14

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Éléments ferromagnétiques et température de Curie :

TC de Curie Matériaux TC de Curie


Matériaux
(K) (K)
Co 1388 MnSb 587
Fe 1043 CrO2 386
MnBi 630 MnAs 318
Ni 627 Gd 292

3.4. Origine du ferromagnétisme :


3.4.1. Théorie des domaines élémentaires de Weiss :
Dans un matériau ferromagnétique, l’orientation des dipôles magnétiques atomiques peut se produire
spontanément, même en l’absence d’un champ magnétique extérieur ; la zone du matériau dans laquelle
ces dipôles s’orientent dans la même direction est appelée domaine magnétique (ou domaine de Weiss).
Les interfaces entre ces domaines sont appelées parois de Bloch (voir figure). Historiquement, l’idée
d’une structure en domaine a été introduite pour la première fois par Pierre Weiss en 1907.
En l’absence de champ magnétique extérieur, la somme vectorielle des orientations magnétiques des
domaines étant nulle, le matériau n’est affecté, globalement, d’aucune aimantation spontanée.

Moments
Parois de Bloch
magnétiques

Domaines de Weiss

Fig.15 Domaines magnétiques de Weiss dans un matériau ferromagnétique. Dans chaque domaine,
les moments magnétiques atomiques tendent à être alignés. Les parois (de Bloch) séparant les
domaines sont des zones étroites où les moments atomiques ne sont pas alignés.

3.4.2. Rôle des parois de Bloch


Chaque domaine de Weiss est séparé d’un voisin par une zone de transition (enveloppe appelée paroi de
Bloch) dans laquelle l’orientation des moments magnétiques passent progressivement d’une certain
polarisation dans un des domaines (1) à celle de domaine (2), son épaisseur est de 0.1m à quelque
centaine du plan atomique.

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Domaine 1 Paroi de Bloch Domaine 2

Fig.16. Changement d’orientation des dipôles magnétiques à travers une paroi de Bloch

Effet d’un champ magnétique extérieur


Lorsque H augmente à partir de zéro, les parois de Bloch se déplacent, entraînant une magnétisation de
l’échantillon et donc un champ B non nul. Quand H est suffisamment intense, un seul domaine occupe
tout l’échantillon. Le champ Bs (B saturation) est donc le champ d’induction maximal de l’échantillon.

Fig.17 Déplacement des parois de Bloch sous l’action d’un champ magnétique extérieur

3.4.3. La courbe de première aimantation :


L’aimantation produite sur un échantillon n’ayant jamais été aimanté ou initialement désaimanté porte le
nom (courbe de première aimantation). Cette courbe est donnée par la relation .


M B  H

(c)
M s Bs 

(b)


H

(a)

Fig.18 Courbe de première aimantation

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

(a) à champ extérieur nul (H=0) : le matériau est composé des domaines équilibrés magnétiquement à
aimantation nulle (M=0).
(b) En augmentant faiblement le champ extérieur (H>0) : le matériau est déséquilibré magnétiquement à
aimantation non nulle. Des moments magnétiques dans certains domaines vont se retourner et s’aligner
sur le champ magnétique appliqué (certains domaines disparaissent). Le déplacement des parois de Bloch
est réversible pour de faible champ H. Il devient irréversible pour des champ H moyens.
(c) En fin, pour de fortes excitations (H>>0) : l’aimantation atteint la saturation (M = Ms) et tous les
autres domaines sont supprimés (il reste un seul domaine). L’aimantation prendre la direction du celle de
champ appliqué.
Remarque : le rôle du champ magnétique extérieur (H) appliqué est de déplacer les parois de Bloch et à
faire tourner la direction d’aimantation. La saturation est atteinte si son intensité est suffisamment élevée
pour vaincre l’agitation thermique.

3.4.4. Hystérésis :
Après avoir décrit la courbe de première aimantation. Faisant décroitre le champ extérieur appliqué sur le
matériau, on constate que l’induction (B) et par conséquent l’aimantation (M) ne reprenne pas les valeurs
obtenues pour H croissant.

Induction rémanente

Courbe de
désaimantation
Courbe de première
aimantation
Champ
coercitif

Fig.19

La courbe de désaimantation est au-dessus de la première. Ce phénomène s’appelle hystérésis (retard à la


désaimantation)
-Ce retard à la désaimantation est due à la irréversibilité du déplacement des parois de Bloch, car déplacer
vers l’avant puis l’arrière une paroi ne conduit pas au même résultat en générale.
-L’aimantation restante lorsque le champ d’excitation s’annule est dite aimantation rémanente (induction
rémanente), le champ correspondante est dite champ rémanent.
-Pour annuler l’aimantation, on doit inverser le champ d’excitation et l’accroitre, le champ correspondant
à l’aimantation nulle porte le nom de champ coercitif. Sa valeur indique la résistance à la désaimantation
du matériau, ainsi les aimants permanents qui ne doivent pas désaimanter facilement sont caractérisée par
un (Hc) élevé (en plus une aimantation à saturation élevée).

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

3.4.5. Cycle d’hystérésis :


Dans le cas où le champ magnétique d’excitation (H) est produit par un courant alternatif au lieu de
continu :
-le champ H varie entre deux limites (Hm et –Hm)
-le graphe de la courbe B(H) est appelé cycle d’hystérésis, du grec husterêsis retard, en effet B suit H avec
un certain retard. La réorganisation des parois de Bloch provoque de l'agitation au sein des atomes et donc
de la chaleur. La chaleur, les pertes par hystérésis sont proportionnelles à la surface du cycle et au
nombre de fois que ce cycle est effectué par seconde.
-si on change l’amplitude du courant, on aura d’autres cycles d’hystérésis avec différentes surfaces.

I
(1)
(2) (7)
(1) (7)

(6)
-Hm (2)

(3) (6) Hm (3) (5) t

(5) (4)

(4)

Fig.20 Cycle d’hystérésis d’un matériau magnétique

Il existe deux types de ferromagnétique :


(a) ferromagnétique doux : ils sont caractérisées par un cycle étroit et de petite surface.
(b) ferromagnétique durs : ils sont caractérisées par un cycle large et de grande surface.

3.5. Matériaux magnétiques doux :


La particularité des matériaux ferromagnétiques doux est que l’action de créer ou d’annuler l’aimantation
dans le matériau nécessite moins d’énergie que pour les matériaux ferromagnétiques durs. Ils possèdent
un champ coercitif très faible et une forte susceptibilité qui permet d’obtenir une forte induction à partir
d’un faible champ extérieur. Les ferromagnétiques doux sont utilisés dans les transformateurs, machines
tournants, les électro-aimants ou dans toute application dans laquelle le matériau travaille à haute
fréquence.
B Exemple :
Fer-Si (97% Fer, 3% Si)
Fe-Co
H

Fig.21

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

3.6. Matériaux magnétiques durs :


Ils possèdent une aimantation naturelle présente en absence de champ magnétique extérieur, ainsi qu’un
champ coercitif et une rémanence élevés. Ils sont en général massifs (non feuilletés) à base de fer ou de
terres rares (Sm : samarium, Nd : Néodyme).
On distingue essentiellement, aujourd’hui :
- les ferrites dures --> moins cher et le plus utilisé
- les alliages à base de terres rares --> très performants et en expansion
- les « alnico » (alliages fer + Al Ni Co) --> en perte de vitesse
Ils trouvent leur application dans la réalisation d’aimants permanents de très forte puissance.

B Exemple Ba (T)

Alnico

Br
1
Sm-Co
H
HC
Nd-Fe-B 0,5

ferrit
e Ha (kA/m)

-800 -600 -400 -200

Forme de cycle d’hystérésis Courbes de désaimantation pour les grandes familles


Pour matériaux durs de matériaux magnétiques durs (aimants permanents)
Fig.22

3.7. Pertes magnétiques :


Toutes variations d’induction dans une matière magnétique provoquent à l’intérieur de celle-ci une
dissipation d’énergie sous forme de chaleur. On distingue deux types de pertes magnétiques.

3.7.1. Pertes par courant de Foucault :


Les matériaux ferromagnétiques ont souvent des propriétés conductrices pour le courant électrique : en
présence d’un flux magnétique variable, la F.E.M induite crée les courants de Foucault qui circulent dans
le matériau. La chaleur générée par ces courants (effet de Joule) est proportionnelle au carré de la
fréquence ainsi à la valeur maximale de (B2).

Avec kF : constante dépendant du matériau, V : volume du matériau en m3, f : fréquence en Hz, Bm :


champ magnétique maximal en tesla. la résistivité du matériau.

Pour réduire les pertes par courant de Foucault, on peut :


- diminuer l’épaisseur e en utilisant un assemblage de tôles de faible épaisseur (35/100 ou 50/100) isolées
entre elles par oxydation surfacique (feuilletage).

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

- utiliser des matériaux magnétiques à résistivité plus élevée : fer (le fer pur a une résistivité trop
importante) avec addition de silicium (3 %) ou ferrite (en haute fréquence).

B variable B variable

iF

iF

e=a
e’=a/n

Matériau M est massif Matériau M est feuilleté

3.7.2. Pertes par hystérésis (pertes fer) :


Sont due au travail des forces de Laplace agissant sur les parois de Bloch en mouvement. Leur frottement
les uns contre les autres favorise l’échauffement du matériau : ce sont les pertes par hystérésis. Les pertes
proviennent de la différence entre l’énergie emmagasinée durant la croissance de champ H et celle
restituée lors de sa décroissance.
Pour un parcours complet du cycle, l’énergie perdue par unité de volume est égale à l’aire du cycle
d’hystérésis :
∫ en [J/m3]
Les pertes correspondantes sont appelées pertes par hystérésis. Elles sont d’autant plus importantes que le
nombre de cycles décrits est élevé (donc proportionnelles à la fréquence f).
en [W]
En fonction de l’induction B (la formule de Steinmetz) :

Avec kH : une constante qui dépend du matériau (100 à 500), V : le volume du matériau en m3, f : la
fréquence en Hertz, Bm : le champ magnétique maximum en Tesla, et η : 1,6 pour les noyaux pleins et 2
pour les tôles minces.
-Puisque les pertes sont directement conditionnées par l’aire du cycle d’hystérésis, on peut les réduire en
utilisant des matériaux ferromagnétiques doux à cycle d’hystérésis étroit.

Dr. Aimad BOUDOUDA


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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

4. Applications des matériaux ferromagnétiques :


-Produire et canaliser le champ magnétique
-Echange d’énergie entre deux enroulements électriques : Transformateur
-Force portante : électroaimants (contacteurs, relais….)
-Sustentation : train à sustentation magnétique.
-Mouvement : machines à courant continu et à courant alternatif.

4.1. Circuits magnétiques : Un circuit électrique est composé d’un ensemble d’éléments reliés les uns
aux autres et destinés à conduire un courant électrique. De façon analogue, un circuit magnétique est
composé d’un groupe de corps reliés les uns aux autres et destinés à conduire un flux magnétique
(Fig.23).

Fig.23 exemple d’un circuit magnétique

4.1.1. Champ magnétique dans le fer d’un circuit magnétique :


Considérons un circuit électrique bobiné dans l’air et le même circuit bobiné autour d’un noyau
ferromagnétique (Fig.24). Dans les deux cas, les excitations magnétiques aux points M1 et M2 sont du
même ordre de grandeur. Elles dépendent des paramètres géométriques de la bobine pour le circuit n°1 et
en plus de la longueur du noyau dans le circuit n°2.
Considérons le champ magnétique : Au point M1, dans l’air, il vaut : , mais en M2, il vaut
, c’est-à-dire que le champ est fois plus grand. Etant donné que atteint des valeurs
comprises couramment entre 1000 et 5000, on voit que le champ B dans le matériau ferromagnétique sera
1000 à 5000 fois plus grand que dans l’air. On pourra considérer que la majeure partie du flux est
canalisée dans le noyau.

Fig.24 Canalisation du flux magnétique

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

4.1.2. Champ magnétique dans l’entrefer :


Considérons un noyau de section constante S, de perméabilité magnétique supposée constante µr, dans
lequel on a usiné une ouverture de longueur e (l’entrefer).

Fig.25 Champ magnétique dans l’entrefer

En appliquant le théorème d’Ampère au contour et en prenant en compte le fait que l’excitation


magnétique prend deux valeurs différentes : Hf à l’intérieur du fer et He dans l’entrefer, il vient :
∫ (1.17)

En supposant que le flux est le même dans le noyau et dans l’entrefer :


, d’où :
⇒ (1.18)

Les deux relations (1.17) et (1.18) permettent de calculer les champs :


(1.19)

(1.20)

On constate que l’excitation magnétique dans l’entrefer est µr fois plus grande que l’excitation dans le
fer : tout se passe comme si on avait concentré dans le petit espace de l’entrefer l’excitation due au
courant i.

4.1.3. Relation de Hopkinson :


On peut utiliser l’analogie dite "analogie de Hopkinson" (ou encore loi d’Hopkinson) pour la mise en
équation des circuits magnétiques afin de calculer les ampères tours nécessaires pour l’obtention d'un
champ B donné ou inversement. Cette analogie ramène le calcul d’un circuit magnétique au calcul d'un
circuit électrique, en considérant des quantités équivalentes. Il suffit, dès lors, d’appliquer les lois de
Kirchhoff.

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Fig.26 Circuit magnétique à 1 maille non homogène et son équivalent électrique

Considérons le circuit magnétique de la (Fig. 26), ce circuit possède une seule maille constitué de trois
matériaux différents, de perméabilité magnétique μ1, μ2, et μ3. Le théorème d’Ampère appliqué au
contour donne :
(1.21)

On peut écrire cette relation en introduisant le flux Φ qui traverse le circuit : ce flux étant le même pour
tout le noyau, le champ B qui en résulte sera le même si la section est constante :
(1.22)

La relation (3) peut donc s’écrire :


( ) (1.23)

En appelant réluctance d'une portion de circuit magnétique de longueur l et de section S la grandeur :


(1.24), grandeur analogue à la résistance ohmique d’un fil de longueur l et de section S ( ),
il vient :
(1.25)

Cette relation est une forme analogue à la loi d’Ohm pour un circuit électrique à une maille :

Analogie avec les circuits électriques :

Quantité magnétique Quantité électrique


Force magnétomotrice ni At Force électromotrice E V
Flux Wb Courant I A
Réluctance At/Wb Résistance R Ω
Loi d’Hopkinson At Loi d’Ohm U=RI V

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Chapitre 1 Matériaux magnétiques

Exemple : Calculer la F.M.M requise pour faire circuler le même flux (12 mWb) dans le noyau du circuit
magnétique suivant sachant que ur =2133 :

Solution : la F.M.M de la bobine est donc la somme des F.M.M nécessaires pour l’air et pour l’acier.

F.M.M pour l’air : le flux dans l’entrefer est le même que dans le noyau, donc le champ B également :

F.M.M pour l’acier : la longueur du chemin magnétique dans l’acier étant 1.5-0.0015=1.4985m

La F.M.M de la bobine est :

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