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R É S U M É - U n e étude critique des plans d'orientation et d e référence en céphalométrie est réalisée. Les
données reposent sur les mesures céphalométriques d'une recherche qui a été m e n é e sur un échantillon d e
90 jeunes adultes libanais, répartis en 43 filles et 47 garçons, et dont les téléradiographies ont été prises sui-
vant la position d'équilibre naturel.
Cette étude a permis d e faire une mise au point sur l'importance du Plan Horizontal en tant que plan d'orien-
tation et plan de référence, grâce à la reproductibilité fiable d e la position d'équilibre naturel et la grande
variabilité des plans d e référence intracraniens par rapport au Plan Vertical, suite à la faible corrélation trou-
vée entre des mesures se basant sur la vraie horizontale c o m m e plan d e référence (AB - horizontale) et des
mesures se basant sur des plans ou des points intracraniens (ANB) c o m m e référence. Cette étude a égale-
m e n t permis de déterminer les variations d e certaines mesures angulaires sagittales (SNA, S N B , S N P o g )
prises suivant deux orientations différentes : le plan de Francfort et la position d'équilibre naturel.
ABSTRACT - A critical study of orientation and référence planes used in cephalometrics is undergone. T
data consists of céphalométrie measurements evaluated in a sample of 90 young lebanese adults, divided
into 43 girls and 47 boys, whose latéral cephalograms were registered according to the natural head po
tion.
This study shows the importance of the true horizontal as orientation and référence planes, due to the h
reproducibility of the natural head position, and the high variability of the intra-cranial référence
compared to the true vertical, as well as the low corrélation among measurements based on the true hori
zontal as a référence plane (AB-horizontal), and the measurements based on the intra-cranial planes a
points (ANB) as référence. This study also evaluated the variations of some angular and sagittal meas
ments (SNA, SNB, SNPog) registered according to two orientations: Frankfort plane and the natural he
position.
La présente étude repose sur les données cépha- Létude de recherche a été menée sur un échan-
lométriques d'une étude de recherche qui a été 10 tillon de 90 jeunes adultes libanais, étudiants au
conduite au campus des sciences médicales de campus des sciences médicales de l'Université Saint-
l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, intitulée Joseph à Beyrouth. Ils sont répartis en 43 filles,
«les normes céphalométriques d'une population de ayant une moyenne d'âge de 20 ans 8 mois, et en
jeunes adultes libanais». Cette étude comporte 47 garçons ayant une moyenne d'âge de 22 ans.
23 670 mesures céphalométriques réalisées suivant 2.2. Modalités de l'étude
deux plans d'orientation, le plan de Francfort et la
Une téléradiographie de profil a été réalisée pour
position d'équilibre naturel. Les objectifs de cette
chaque sujet dans le département de radiologie de
étude se divisaient en trois :
la Faculté de Médecine Dentaire de l'Université
- établir des mesures céphalométriques, squelet- Saint-Joseph, selon les critères suivants :
tiques, dento-alvéolaires et cutanées spécifiques - les dents en position d'intercuspidation maxi-
d'un échantillon de jeunes adultes libanais ; male ;
- mettre en évidence les variations de la mor- - les lèvres au repos ;
phologie cranio-faciale entre les deux sexes ; - la tête orientée suivant sa position d'équilibre
- trouver la différence entre la perpendiculaire à la naturel, technique établie en 1958 par Moorrees . 21
vraie verticale et le plan de Francfort, et évaluer les U n fil métallique, orienté à l'aide d'un fil de
variations de certaines mesures angulaires sagittales plomb, est placé devant et contre la cassette pour
prises suivant deux plans d'orientation horizontale établir la vraie verticale (FIG. 1 a et 2). Pour obtenir
différents : le plan de Francfort et la vraie horizontale. la position d'équilibre naturel de la tête, le sujet est
C'est à partir de ce dernier objectif, que nous prié de regarder ses propres yeux, dans un miroir,
avons pu dégager une étude critique des plans placé à une distance de 90 cm, au niveau de la ligne
d'orientation et de référence en céphalométrie. bipupillaire (FIG. 1 b).
F i g u r e s 1 a et b
L e s r a d i o g r a p h i e s s o n t p r i s e s s u i v a n t la p o s i t i o n d ' é q u i l i b r e n a t u r e l :
a. u n fil m é t a l l i q u e est collé c o n t r e la c a s s e t t e et il est o r i e n t é à l'aide d ' u n fil d e p l o m b ;
b . le sujet r e g a r d e s e s p r o p r e s y e u x d a n s u n miroir.
E l - H a y e c k E., B o u Assi S., B o u - S e r h a l J. É t u d e critique d e s p l a n s d'orientation et d e référence e n c é p h a l o m é t r i e 219
Les téléradiographies de profil ont été prises par la prise de la radiographie, ou de profil cutané invi-
le m ê m e opérateur et ont été réalisées au moyen sible. Pour éviter l'erreur due à la localisation des
d'un appareil : «Laser-1000 Service Manual Dental points Sella et Nasion, nous avons superposé les
Céphalométrie Attachment for the Panoramic deux tracés d'un m ê m e sujet au niveau de la selle
Corporation PC-1000», avec une tension de 70-90 turcique et de la suture fronto-nasale, et nous avons
kvp ± 12 % et une intensité de 10 m A ± 10 %. La utilisé la pointe d'une aiguille pour la reproduction
distance foyer-objet est de 1,5 m , et le film est placé de la m ê m e localisation d'un point. Cette technique
21
contre la joue (agrandissement réduit, mais variable a été décrite par Moorrees en 1958 et utilisée par
5 6
selon le volume de la tête). Cooke et Wei > en 1988. Pour calculer la repro-
Les tracés céphalométriques ont été réalisés par ductibilité, un coefficient de corrélation intraclass a
un seul opérateur (E.H.), avec un porte-mine été utilisé, ainsi que la formule de Dahlberg.
(mines : 3/10, H ) , sur du papier orthotrace. Sur le 20 téléradiographies (10 sujets féminins,
tracé réalisé, des points de repères squelettiques et 10 sujets masculins) choisies au hasard ont été
cutanés sont localisés. Le tracé a été dessiné une retracées et remesurées, un mois plus tard, par le
seule fois, mais les points de repère ont été choisis m ê m e opérateur (E.H.), afin de calculer l'erreur
une première fois en orientant le tracé suivant la intra-opérateur dans la localisation des points de
vraie verticale ; et ceci a été réalisé en coulissant repère céphalométriques et dans les mesures réali-
une équerre, placée parallèlement à la vraie verti- sées. Les m ê m e s téléradiographies ont été égale-
cale, sur une réglette, pour pouvoir localiser les ment retracées par un autre opérateur (S.A.), pour
points les plus antérieurs et les plus postérieurs au estimer l'erreur inter-opérateur. Le calcul de l'erreur
niveau des courbures faciales ; les points de repère intra-opérateur et de l'erreur inter-opérateur a été
ont été choisis une deuxième fois en orientant le réalisé en appliquant la formule de Dahlberg :
m ê m e tracé suivant le plan de Francfort à l'hori- 2
Es = VId /2n, (d est la différence entre la première
zontale, et l'équerre est placée, cette fois-ci, perpen- et la deuxième mesure et n est le nombre de radio-
diculairement au plan de Francfort (FIG. 3). graphies mesurées pour la deuxième fois).
Afin de tester la reproductibilité de positionne- Afin d'évaluer la différence entre les plans intra-
ment de la tête suivant la position d'équilibre natu- craniens et la vraie verticale, les angles que forment
rel, l'angle que forme S N avec la vraie verticale a été les plans intracraniens avec la vraie verticale ont été
remesuré sur des téléradiographies reprises à un calculés. Nous avons également calculé l'angle
intervalle d'une semaine, pour des raisons de mau- entre le Francfort céphalométrique et le Francfort
vaise qualité radiologique, de désocclusion lors de anatomique.
220 O r t h o d Fr 2 0 0 5 ; 7 6 : 2 1 7 - 2 2 7
3. Résultats
Le calcul de la reproductibilité de la position
d'équilibre naturel montre que l'erreur de position-
nement de la tête, mesurée au niveau de l'angle
SN/VER. est de 0,88° (en appliquant la formule de
Dahlberg), et le coefficient de corrélation intra-class
est de 0,9544 (95 % CI : 0,8562-0,9865) ; il s'agit du
coefficient de corrélation intra-class avec l'intervalle
Figure 4 de confiance associé. Les mesures et variables sont
L e s a n g l e s A N B et A B - h o r i z o n t a l e . présentées dans les tableaux de I à VII ci-dessous :
- Francfort anatomique / Francfort céphalomé-
Une corrélation a été étudiée entre des mesures trique (TAB. I) ;
se fondant sur la vraie horizontale c o m m e plan de - Francfort anatomique / vraie horizontale (TAB. II) ;
référence (AB-horizontale) et des mesures se basant - plans de référence intracraniens / vraie verti-
sur des plans ou des points intracraniens (ANB) cale (TAB. III) ;
c o m m e référence (FIG. 4). Pour le calcul de la cor- - corrélation entre A N B et A B - horizontale
rélation entre les angles A N B et AB-horizontale, le (TAB. IV). Les deux angles A N B et AB-(H) présen-
coefficient de corrélation de Pearson a été utilisé. tent une corrélation positive mais faible ;
Dans notre étude, nous avons voulu tester la dif- - comparaison des mesures, prises suivant deux
férence au niveau de trois angles sagittaux, en plans d'orientation (TAB. V ) .
orientant les téléradiographies suivant deux plans Les résultats montrent que la différence est non-
d'orientation. Nous avons repris les m ê m e s angles significative entre les m ê m e s valeurs de SNA, SNB
SNA, S N B et SNPog, en les mesurant une première et SNPog, mesurées à deux reprises suivant deux
fois, en orientant la tête suivant la position d'équi- plans d'orientation : la vraie verticale et le plan de
libre naturel et en choisissant donc les points de Francfort.
repère suivant la vraie verticale ; et une deuxième Les erreurs intra-opérateur et inter-opérateur
fois, en orientant le m ê m e tracé suivant le plan de sont rapportées dans les tableaux VI et VII.
Figure 6 Figure 7
7
D i f f é r e n c e e n t r e les d e u x p l a n s d e F r a n c f o r t a n a t o m i q u e et P l a n d e F r a n c f o r t , c o m m e il a é t é décrit i n i t i a l e m e n t -
céphalométrique.
tête, et c'est vers ce but qu'ont tendu, depuis de également critiqué les plans intracraniens. D o w n s 9
longues années, de nombreux travaux scienti- a été le premier à mettre en doute l'horizontalité du
fiques. Dans les années 1860, les craniologistes ont plan de Francfort. Ayant remarqué que dans cer-
réalisé que les crânes doivent être orientés d'une tains cas les conclusions céphalométriques contre-
façon qui soit très proche de la position d'équilibre disaient son impression clinique, il a voulu vérifier
naturel des vivants. Pour pouvoir aboutir à des l'horizontalité du plan de Francfort en photogra-
études comparatives, significatives et valables des phiant 100 enfants qui regardaient leurs propres
crânes appartenant à des races et des populations yeux dans un miroir. Cette étude montre que la
différentes, il a fallu définir un plan pour orienter le position habituelle de la tête de certains sujets peut
crâne. M ê m e depuis, il a été reconnu que la ligne faire varier l'orientation du plan de Francfort
horizontale «vraie» ne peut pas passer par deux cutané d'une amplitude allant jusqu'à 10°, et que
points anatomiques qui soient les m ê m e s chez tous ceci peut expliquer le manque de cohérence appa-
21
les individus . C'est pourquoi, le plan de Francfort, rent entre l'examen clinique et les données cépha-
fut choisi c o m m e un plan qui assure l'uniformité 9
lométriques. D o w n s introduit une correction cor-
7 2 4
dans les recherches craniométriques - (FIG. 7). respondante du plan de Francfort céphalométrique
Néanmoins, les orthodontistes qui travaillent par rapport à l'horizontale (FIG. 8).
3
davantage avec des sujets vivants qu'avec des crânes, Bjôrk , dans ses études sur le prognathisme
ont hérité des anthropologues le plan de Francfort facial, illustre également l'inhabilité des lignes de
et l'ont adopté dans leurs analyses céphalomé- référence intracraniennes en céphalométrie. Selon
21
triques. Selon Moorrees , le plan de Francfort Bjôrk, quand SN est fortement inclinée vers le haut
horizontal fut ainsi un compromis utile pour étu- ou vers le bas, elle va affecter les valeurs des angles
dier les crânes, mais ne l'est pas pour orienter les S N A et SNPog qui seront diminués ou augmentés ;
vivants dans une position d'équilibre naturel parce ainsi, un prognathe, par exemple, pourra être classé
que le plan de Francfort, chez les vivants, varie nor- avec les orthognathes ou vice-versa (FIG. 9 et 10).
malement autour d'une vraie horizontale extra-cra- C o m m e les points de repère intracraniens ne sont
nienne. En effet, au niveau de notre étude, nous pas des points stables (entre les individus), la rela-
avons mesuré sur les 90 téléradiographies l'angle tion verticale entre ces points est donc sujette à des
16 21
que forme le plan de Francfort avec la vraie hori- variations biologiques ' (relation : Sella et
zontale ; nous avons trouvé une moyenne de Nasion, Porion et Orbitale) (FIG. 11).
E l - H a y e c k E., B o u Assi S., B o u - S e r h a l J. É t u d e critique d e s plans d'orientation et d e référence e n c é p h a l o m é t r i e 223
Figure 8
9
V a r i a t i o n s d a n s l'inclinaison d u p l a n d e F r a n c f o r t ( d ' a p r è s D o w n s ) .
À g a u c h e , le p l a n d e F r a n c f o r t p h o t o g r a p h i q u e b a s c u l é v e r s le h a u t d e 9 ° . L'angle facial c é p h a l o m é t r i q u e est d e 8 1 ° , v a l e u r
q u i d e toute é v i d e n c e n e c o r r e s p o n d p a s a u t y p e facial d u sujet. L'angle facial réel est d e 8 1 ° + 9 ° = 9 0 ° . A u c e n t r e , le p l a n d e
F r a n c f o r t p h o t o g r a p h i q u e c o r r e s p o n d a u p l a n d e F r a n c f o r t c é p h a l o m é t r i q u e ; la v a l e u r d e l'angle facial, 8 1 ° , est utilisée s a n s
c h a n g e m e n t e t c o r r e s p o n d b i e n a u t y p e r é t r o g n a t h i q u e d u sujet. À droite, le p l a n d e F r a n c f o r t p h o t o g r a p h i q u e est b a s c u l é
v e r s le b a s d e 7 ° . L'angle facial c é p h a l o m é t r i q u e est d e 9 0 ° , v a l e u r i m p o r t a n t e faisant p e n s e r à u n m e n t o n très b i e n d é v e l o p p é
v e r s l'avant. L ' a n g l e facial réel est d e 9 0 ° - 7 ° = 8 3 ° ; c e t t e v a l e u r c o r r e s p o n d à la vraie p o s i t i o n d u m e n t o n d a n s le profil.
Figure 1 0
M ê m e s t r a c é s q u e d a n s la f i g u r e 9, m a i s o r i e n t é s s u i v a n t la
p o s i t i o n d ' é q u i l i b r e n a t u r e l : ils m o n t r e n t d e s profils p r e s -
q u e s e m b l a b l e s d e d e u x sujets B a n t u s et d e s inclinaisons
d i f f é r e n t e s d e la l i g n e S N , p l u t ô t q u ' u n e d i f f é r e n c e d u p r o -
3
g n a t h i s m e facial ( d ' a p r è s B j ô r k ) .
Figure 9
D e u x t r a c é s o r i e n t é s s u i v a n t la l i g n e S - N c o m m e h o r i z o n -
tale m o n t r e n t u n m a x i m u m e t u n m i n i m u m d e p r o g n a -
3
t h i s m e c h e z les B a n t u s ( d ' a p r è s B j ô r k ) .
F i g u r e 11
T r a c é s d e d e u x filles q u i s e r e s s e m b l e n t
b e a u c o u p a u n i v e a u d e leurs profils, m a i s
qui p r é s e n t e n t d e g r a n d e s différences a u
n i v e a u d e l'inclinaison d e s p l a n s intracra-
1 6 21
n i e n s : F r a n c f o r t et S N * .
224 O r t h o d Fr 2 0 0 5 ; 7 6 : 2 1 7 - 2 2 7
21
de 0,64. C o o k e a trouvé un coefficient également
donc été mise en question. Moorrees leur sub-
faible compris entre 0,5 et 0,7. En effet, l'utilisa-
stitue une ligne verticale extracranienne, détermi-
tion des angles SNA, S N B et A N B a été largement
née par un fil métallique placé directement devant
critiquée pour leur insuffisance dans la représen-
la cassette. «Eemploi de la verticale vraie, ou d'une tation de la position des mâchoires parce que ces
ligne horizontale qui lui est perpendiculaire, est pré- mesures reposent sur des points de repère ou des
férable aux lignes de référence intracraniennes, la plans de référence intracraniens présentant des
m a r g e de variation biologique d'orientation des variations biologiques - ' . Le remplacement 5 15 2 3
lignes intracraniennes étudiées étant plus grande que de l'angle A N B par l'angle AB/horizontale permet
la m a r g e de variation rencontrée dans l'enregistre- d'éviter l'utilisation du point Nasion (un point qui
ment de la position de la tête». En effet, dans notre peut varier aussi bien verticalement que dans le
étude, nous avons trouvé que cette position est sens sagittal et affecter par conséquent la valeur de
remarquablement stable. Pour les 12 téléradiogra- l'angle A N B ) et des plans intracraniens. Ceci
phies reprises à un intervalle d'une semaine, la confirme donc l'intérêt de l'utilisation de la vraie
déviation standard (ou l'erreur de positionnement verticale c o m m e plan de référence fondamental
de la tête), mesurée au niveau de l'angle SN/VER., dans l'interprétation de la morphologie faciale.
n'est que de 0,88°. Nous avons également mesuré
les angles que forment les plans intracraniens avec 4.2. La reproductibilité
la vraie verticale, nous avons trouvé une déviation de la position d'équilibre naturel
standard de ces angles variant entre 4,03° et 6,21°
Plusieurs méthodologies ont été décrites dans
(TAB. III), supérieure à 0,88°, l'erreur de position- 6 13 21 26 2 8
la littérature ' ' > > pour étudier la repro-
nement de la tête. Ceci confirme que l'emploi de
ductibïlité de la position d'équilibre naturel. Les
la verticale vraie introduirait donc une marge de
téléradiographies sont prises en position debout
variation moindre que l'emploi des techniques uti-
ou assise, avec ou sans les olives du céphalostat.
lisant des lignes de référence intracraniennes. Pour obtenir la position d'équilibre naturel, le
Cette conclusion est semblable à celle tirée par sujet regarde ses yeux dans un miroir ou un point
19 2 1 21
d'autres auteurs ' . Moorrees a trouvé que les situé au niveau de la ligne bipupillaire, ou bien la
angles entre les plans intracraniens et la vraie ver- position est estimée par le sujet lui-même.
ticale présentent une déviation standard variant 26
Solow et Tallgren ont étudié la position
entre 3,55° et 6,99°, alors que l'erreur de position- d'équilibre naturel suivant deux positions diffé-
nement trouvée est de 1,54°. Lundstrom et rentes, la première est estimée par le sujet lui-
19
Lundstrom ont trouvé une déviation standard m ê m e (self balance position), et la seconde consiste
entre 4,5° et 5,6° et une erreur dans l'enregistre- à regarder droit dans le miroir. Les résultats ont
ment de la position de la tête de 2°. montré que la reproductibilité est meilleure en
6
Ces résultats affirment que l'utilisation de la utilisant un miroir. Cooke et Wei , ont également
vraie verticale c o m m e ligne de référence est plus montré que la reproductibilité de la position
E l - H a y e c k E., B o u Assi S., B o u - S e r h a l J. É t u d e critique d e s plans d'orientation et d e référence e n c é p h a l o m é t r i e 225
d'équilibre naturel était meilleure avec un miroir la position d'équilibre naturel. Peut-on comparer
(avec un miroir, erreur = 1,9° ; sans miroir, erreur les valeurs des angles obtenus selon des orienta-
= 2,7°). Aucune différence de reproductibilité de tions différentes ?
la position d'équilibre naturel n'a été déterminée, 30
Tang, Chan et C o o k e ont réalisé une étude
avec ou sans les olives. Cependant, sans les olives, sur 30 crânes chinois. Ils ont incliné ces crânes de
les radiographies étaient de qualité moindre. façon que le plan de Francfort forme des angles de
En se basant sur les travaux de Cooke , Solow 6 + 10°, + 20°, + 30°, - 10°, - 20°, - 30° par rapport à
26
et Tallgren , nous avons utilisé dans notre étude l'horizontale. Ils ont trouvé que la rotation du
le miroir c o m m e référence externe pour les yeux, crâne vers le haut ou vers le bas produit des diffé-
et nous avons gardé les olives au niveau du cépha- rences significatives pour les angles SNA, S N B et
SNPog. Avec une variation de 10° pour SNA, les
lostat. Les 12 téléradiographies, qui ont été
différences moyennes sont comprises entre - 0,1°
reprises à un intervalle d'une semaine pour des
et - 0,9° ; pour S N B entre - 0,2° et - 1,7° et pour
raisons de mauvaise qualité de désocclusion den-
SNPog entre -0,2° et - 1,8°.
taire lors de la prise de la radiographie, ou par
suite d'un profil cutané non visible, ont été utili- Dans notre étude, nous avons voulu tester cette
sées pour le calcul de la reproductibilité en repre- différence sur des sujets vivants. Nous avons
nant la mesure de l'angle SN/VER. Les résultats repris les m ê m e s angles SNA, S N B et SNPog en les
ont montré que le positionnement de la tête sui- mesurant, une première fois, en orientant la tête
vant la position d'équilibre naturel est hautement suivant la position d'équilibre naturel et en choi-
sissant donc les points de repère suivant la vraie
reproductible avec une erreur de 0,88° et un coef-
verticale ; et une deuxième fois, en orientant le
ficient de corrélation intra-class = 0,9544 ; 95 %
m ê m e tracé suivant le plan de Francfort (anato-
CI : 0,8562-0,9865.
mique), puis en choisissant de nouveau les points
4.3. Comparaison des mesures A, B, et Pog suivant une perpendiculaire à ce plan,
sans toutefois reprendre la localisation des points
prises suivant deux plans d'orientation
S et N qui restent invariables quelle que soit
À chaque fois que nous réalisons un tracé, l'orientation du crâne, ceci pour ne pas introduire
nous comparons les valeurs des mesures ainsi une erreur dans le choix de ces deux derniers
trouvées à des normes pré-établies pour une points. Les résultats montrent que la différence est
population donnée, suivant un protocole supposé non significative, pour ces angles, entre les deux
être bien précis. La comparaison entre les valeurs plans d'orientation (TAB. V).
trouvées et les valeurs des m ê m e s mesures prises
Nos résultats sont différents de ceux de Tang,
dans d'autres études est très difficile. E n effet,
Chan et Cooke. Plusieurs facteurs sont à considé-
pour comparer deux groupes, selon Tang, Chan,
30
rer :
Cooke et aî. , il faut les soumettre simultanément
• Tang, Chan et Cooke ont fait varier le plan de
au m ê m e protocole d'étude, les m ê m e s critères de
Francfort d'un angle minimal de ± 10° par rapport
sélection et les m ê m e s conditions dans lesquelles
à l'Horizontale ; or, d'après notre étude, la valeur
sont prises les téléradiographies de profil. Les fac-
moyenne de l'angle que forme le plan de Francfort
teurs qui pourront introduire une erreur sont
avec l'horizontale est de ~ 3 ± 4,4° (TAB. I).
nombreux : l'âge, le sexe, le plan d'orientation, le
• Les variations des points de repère se font
plan de référence, l'agrandissement, etc.
davantage dans la dimension verticale que dans le
Nous avons tendance à penser que les valeurs plan horizontal : c'est ce que nous avons remarqué
angulaires ne devront pas changer, quelle que soit lors de la prise des mesures. Pour avoir une diffé-
l'orientation de notre tracé. Mais ces angles dépen- rence au niveau des angles sagittaux (SNA, S N B et
dent de la localisation des points de repère qui, SNPog), il faut une variation des points de repère
elle-même, dépend de l'orientation de la tête qui soit plus importante dans le plan horizontal.
puisque la définition de certains points de repère Ainsi, la différence pourrait être plus significative
céphalométriques comprend des termes c o m m e : au niveau des angles verticaux plutôt qu'au niveau
le point le plus antérieur, le plus postérieur et le des angles sagittaux.
plus inférieur d'une courbure, lesquels dépendent • Il faut considérer les différences ethniques
pour leur interprétation exacte, de l'orientation de entre les deux échantillons et, donc, les diffé-
la tête lors de la prise de la téléradiographie. rences au niveau des courbures faciales (les
Les orientations les plus communément utili- convexités et les concavités) sur lesquelles varient
sées sont : le plan de Francfort parallèle au sol et les points de repère.
226 O r t h o d Fr 2 0 0 5 ; 7 6 : 2 1 7 - 2 2 7
31. Tweed CH. The Frankfort - mandibular incisor angle 33. Viazis AD. Atlas of orthodontics: Principles and clinical
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head position. J Clin Orthod 1991;25,3:172-81.
e
Cet article a obtenu le 2 prix des meilleurs jeunes conférenciers aux
fournées de l'Orthodontie organisées par la F.F.O. en novembre 2003
P o u r la c o r r e s p o n d a n c e , s ' a d r e s s e r à : J. B o u - S e r h a l , D é p a r t e m e n t d ' O r t h o d o n t i e , F a c u l t é d e M é d e c i n e D e n t a i r e ,
U n i v e r s i t é S a i n t - J o s e p h , B.P. 1 1 - 5 0 7 6 , R i a d E l - S o l h , B e y r o u t h 1 1 0 7 2 1 8 0 L i b a n .
jbserhal@dm.net.lb