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CHAPITRE V : Les recettes publiques

Les recettes publiques correspondent aux recettes perçues par l’ensemble des administrations

publiques : l’État et les organismes divers d’administration centrale, les administrations

publiques locales, ainsi que les administrations de sécurité sociale. Les recettes publiques se

scindent en deux catégories principales : les prélèvements obligatoires et les autres recettes.

Les impôts sont prélevés sur l’ensemble des contribuables et constituent un versement

obligatoire et sans contrepartie aux administrations publiques et aux institutions. Ils servent à

financer les dépenses publiques et permettent de réguler l’activité économique. On en

distingue deux types : les impôts directs, qui sont payés et supportés par la même personne,

tels que l’impôt sur le revenu, et les impôts indirects, lorsque le redevable est distinct du

contribuable, tels que la TVA.

On distingue des impôts les cotisations sociales, qui sont prélevées au profit des organismes

de protection sociale, ainsi que les taxes fiscales, qui sont perçues au profit de l'État, des

collectivités locales et des établissements publics à l’occasion de la fourniture d’un service,

sans équivalence absolue entre son montant et son prix, tel que la taxe locale d’équipement.

En effet, ces deux recettes donnent lieu à une contrepartie plus ou moins proportionnelle au

versement du contributeur.

1. LES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES :

Les prélèvements obligatoires peuvent être de nature fiscale et non fiscale

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1.1 Les prélèvements fiscaux :

a) L’impôt :

L’impôt est une prestation pécuniaire et unilatérale requise des personnes physiques ou

morales par voie d’autorité à titre obligatoire et définitif sans contrepartie directe ayant pour

objet la couverture des dépenses publiques.

b) La taxe fiscale :

Elle se distingue de l’impôt car elle a une contrepartie directe. La taxe fiscale est un

prélèvement opéré sur l’usager d’un service public, du fait de l’utilisation de ce service, sans

qu’il y ait ailleurs une équivalence exacte entre le montant du prélèvement et le coût du

service.

1.2 Les prélèvements non-fiscaux :

a) Les taxes parafiscales sont perçues dans un intérêt économique ou social au profit d’une

personne morale de droit privé ou public autre que l’Etat, les collectivités territoriales et

établissements publics administratifs.

b) Les cotisations sociales sont des prélèvements effectués au profit des organismes sociaux et

ne font pas partie de la parafiscalité.

2. LES PRELEVEMENTS NON-OBLIGATOIRES :

a) La rémunération pour services rendus ou redevances :

La rémunération pour service rendu peut être défini comme un prélèvement demandé aux

usagers d’un service public en vue de couvrir les charges du service ou les frais

d’établissement ou d’entretien d’un ouvrage public. La rémunération pour service rendu a une
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contrepartie directe dans les prestations fournies par le service ou dans l’utilisation de

l’ouvrage. Il existe en principe une corrélation entre son montant et la valeur du service rendu.

C’est donc le critère de l’équivalence qui distingue la rémunération pour service rendu de la

taxe fiscale.

b) Les revenus du domaine :

L’Etat et les autres collectivités publiques tirent des ressources de l’exploitation de leur

domaine (exploitation des forêts domaniales, occupation du domaine public,…). Il s’agit

également du produit des participations financières de l’Etat, du produit d’éventuelles

privatisations ou des bénéfices des entreprises publiques.

c) Les revenus divers : (ex : le produit des amendes diverses)

3. LES DIFFERENTS TYPES D’IMPOTS :

Les diverses classifications des impôts sont :

3.1 Les impôts sur les revenus, la capital ou la dépense :

Dans ce type de classification, on prend en considération la matière imposable : le revenu, la

dépense ou le capital.

– Les impôts sur le revenu frappent le revenu du contribuable lors de son acquisition

(ex : revenus du travail), les profits des entreprises.

– Les impôts sur la dépense frappent le revenu au moment de son affectation à

l’acquisition de biens ou de services (ex : TVA).

– Les impôts sur le capital atteignent les éléments du patrimoine du contribuable du

fait de leur possession ou de leur acquisition à titre gratuit ou onéreux.

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3.2 L’impôt direct / l’impôt indirect :

Cette distinction repose sur un critère administratif et un critère économique de la

répercussion.

a) Le critère administratif :

• L’impôt direct est en principe perçu en vertu d’un rôle nominatif (liste

indiquant pour chaque contribuable la matière imposable et l’impôt à payer

correspondant) par une administration des contributions directes.

• L’impôt indirect, à l’inverse, n’est pas perçu par voie de rôle. Il est perçu par

l’administration des contributions indirectes.

b) Le critère de la répercussion économique :

Cette distinction permet de différencier celui qui paie l’impôt de celui qui supporte

effectivement l’impôt.

• L’impôt direct est celui qui est payé directement par le contribuable à l’agent

chargé de le recevoir.

• L’impôt indirect, quant à lui, repose sur des objets de consommations ou des

services rendus et n’est qu’indirectement payé par celui qui veut consommer

les choses ou user des services frappés par l’impôt. Par exemple, en matière de

TVA, le redevable qui paie l’impôt est le commerçant, le contribuable, c’est-à-

dire celui qui supporte réellement l’impôt, est le consommateur.

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3.3 Les impôts réels / les impôts personnels :

Cette distinction repose sur un critère administratif et un critère économique de la

répercussion.

– Les impôts réels : ce sont ceux qui visent à atteindre un élément économique sans

considération de la situation personnelle de son détenteur, c’est-à-dire sans tenir compte

des facultés contributives (ex : les droits d’enregistrement,…).

– Les impôts personnels : ils atteignent la fortune ou les revenus du contribuable en tenant

compte de sa situation personnelle, c'est-à-dire du niveau de son revenu ou de son

patrimoine ou de sa situation familiale.

3.4 Les impôts de répartition / impôts de qualité :

– Les impôts de répartition : ce sont ceux qui, compte tenu des ressources attendues, sont

répartis entre les contribuables potentiels selon la base imposable déterminée pour chacun

d’entre eux.

– Les impôts de qualité : ce sont ceux qui mettent en œuvre l’application d’un taux sans qu’il

soit possible par avance de prévoir exactement les ressources fiscales ainsi produites.

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e) Les impôts d’Etat / les impôts locaux :

Cette classification tient compte du bénéficiaire de l’impôt selon qu’il s’agit de l’Etat ou

d’une collectivité locale.

4. LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE L’IMPOT :

Le droit fiscal est soumis à un certain nombre de principes fondamentaux qui s’imposent à

l’ensemble des pouvoirs publics.

a) Le principe de la légalité fiscale :

Le régime juridique de l’impôt est aujourd’hui dominé par le principe de la légalité conçu au

sens strict comme relevant de la loi. Cette compétence législative découle du principe du

consentement à l’impôt. Le pouvoir d’imposer est en effet l’attribut de la souveraineté.

b) Le principe de l’égalité fiscale :

– L’égalité fiscale est intimement liée au principe de l’égalité. Par son caractère impersonnel,

la loi assure l’égalité entre les contribuables qui bénéficient des mêmes droits.

– En matière fiscale, le principe général d’égalité devant la loi prend la forme particulière de

l’égalité devant la loi fiscale.

– En matière financière, ce principe général d’égalité devant la loi coexiste avec d’autres

principes spécifiques, comme l’égalité devant l’impôt mais aussi le principe d’égalité

devant les charges publiques.

• Le principe d’égalité devant la loi fiscale n’est qu’un sous-principe du principe

général d’égalité devant la loi.

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• Le principe d’égalité devant les charges publiques : ce principe étant plus large

puisqu’il concerne aussi les dépenses, les prestations et les prélèvements non-fiscaux

et pas seulement l’impôt.

Ce principe d’égalité devant l’impôt ou les charges publiques est très différent du principe

d’égalité devant la loi fiscale, car il pose le problème de la juste répartition du poids de

l’impôt. Il a une toute autre portée puisqu’il pose en fait le très délicat problème de la justice

fiscale. Il s’agit d’un problème plus politique que juridique.

Le principe d’égalité devant les charges publiques a été considéré comme le corollaire de

l’égalité devant la loi.

5. LES FONCTIONS DE L’IMPOT

L’impôt moderne est à la fois un outil financier destiné à couvrir les dépenses communes mais

également un outil de redistribution et d’intervention en matière économique et sociale.

a) La fonction financière :

L’impôt sert à financier les services collectifs nécessaires à l’organisation de la vie en société.

Pour remplir ce rôle, l’impôt doit être le plus productif possible. Cela suppose qu’il soit payé

par le plus grand nombre possible, tout en étant adapté aux capacités contributives des

contribuables, pour le rendre supportable et donc éviter la fraude.

b) La fonction sociale :

Le rôle de l’impôt est aussi de corriger l’inégalité sociale grâce à la redistribution des

richesses par le système fiscal. Les théories keynésiennes donneront à ces politiques de

redistribution une justification économique. Un resserrement des revenus peut, en assurant les

grands équilibres économiques (consommation, épargne, production), permettre le plein

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emploi et la prospérité économique de la société dans son ensemble. La fonction sociale de

l’impôt est donc le corollaire de sa fonction économique.

c) La fonction économique :

L’impôt est un moyen d’action visant la relance ou la stabilisation économique. Il revêt une

portée structurelle mais aussi conjoncturelle.

– En faisant varier la pression fiscale, il est possible de modifier les comportements des

ménages ou des entreprises, soit par une action globale sur l’économie, soit de façon

sectorielle.

Il est possible ainsi de relancer l’économie, en réduisant la pression fiscale globale,

l’augmentation du revenu disponible des ménages, qui en résultera, influencera la

consommation, mais également le niveau de la production.

– Inversement, en période inflationniste, il est possible, en ponctionnant le revenu disponible

des ménages, de réduire le niveau de la consommation et donc de faire baisser les prix.

Cependant, cette utilisation de la fiscalité à des fins de régulation conjoncturelle est très

controversée car l’outil budgétaire est très lourd à manier, et ses effets ne sont pas toujours

prévisibles. (Exemple : l’augmentation du revenu disponible, suite à une réduction de la

pression fiscale, ne se traduit pas forcément par une hausse de la consommation. Les

ménages peuvent très bien préférer épargner pour se prémunir d’un avenir incertain, plutôt

que de consommer).

L’utilisation conjoncturelle de l’impôt est très difficile à mettre en œuvre car beaucoup

trop incertaine.

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– L’impôt peut plus facilement servir à des interventions structurelles. Il est possible,

notamment grâce à l’impôt, de favoriser certains secteurs économiques (par exemple : des

incitations fiscales sous forme d’exonération ou des réductions d’impôt pour encourager

l’immobilier, la création d’entreprises ou l’épargne, etc…)

Les différentes fonctions de l’impôt sont parfois contradictoires. Son rôle financier est

souvent contrecarré par sa fonction économique ou sociale. La multiplication d’exonération et

de réduction d’impôt à des fins d’intervention économique limite très largement son

rendement, ou son caractère redistributif. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre ses

différentes fonctions.

6. LE SYSTEME FISCAL ALGERIEN :

Les recettes fiscales au Maroc se composent de quatre principales catégories d’impôts : les

impôts directs, les impôts indirects, les droits de douane et les droits d’enregistrement et de

timbre.

6.1 Les impôts directs :

Les impôts directs regroupent les impôts assis sur le revenu soit sur les bénéfices des

personnes physiques ou morales. Ils se composent principalement de l’impôt sur les Sociétés

(I.B.S) et de l’impôt général sur le revenu (IRG).

a) Impôts sur les Sociétés (I.B.S) :

L’I.B.S s’applique à l’ensemble des bénéfices et revenus acquis par les sociétés, les

établissements publics et autres personnes morales qui entrent dans le champ d’application de

l’impôt en question.

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b) Impôt général sur le revenu (I.R.G) :

L’IRG frappe les revenus salariaux, fonciers, locatifs, professionnels et de capitaux mobiliers

des personnes physiques et des sociétés de personnes.

6.2 Les impôts indirects :

Les impôts indirects regroupent la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les taxes intérieures de

consommation (TIC).

a) La TVA porte sur les opérations de nature industrielle, commerciale, artisanale de

prestations de services, ainsi que sur les professions libérales et opérations

d’importation.

b) Taxes intérieures de consommation :

Les TIC concernent un certain nombre de produits qui sont de large consommation

comme les produits énergétiques.

6.3 Droits d’Enregistrement et de Timbre :

– L’Enregistrement est défini comme étant une formalité administrative donnant lieu à

l’établissement d’une taxe qualifiée de droit d’enregistrement. Ce dernier peut être

considéré comme un impôt indirect intéressant le capital. Il est composé de droits fixes et

de droits proportionnels.

– Les droits de timbre se composent de trois catégories : les timbres de dimension, les

timbres proportionnels et les timbres spéciaux.

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6.4 Droits de douane :

Les droits de douane s’appliquent aux importations. Ils visent à assurer un niveau de

protection économique approprié et se composent en droits d’importation (DI) et en

prélèvement fiscal à l’importation (PFI).

7-La réorganisation de la fiscalité pétrolière et le règlement des différends

La loi pétrolière du 28 avril 2005 dont le projet avait été longtemps bloquée par diverses

oppositions, est sans doute la décision économique qui a soulevé le plus de controverse en

Algérie. Le projet annoncé puis retiré, par suite d’une mobilisation hostile dans le secteur des

hydrocarbures comme dans certains milieux parlementaires, a été entouré de rumeurs

notamment sur la privatisation de la Société nationale pour le transport, la production et la

commercialisation des hydrocarbures (SONATRACH). Le gouvernement algérien, exécutif

d’un système politique autoritaire dont la Constitution ne parle pas du processus réel

d’élaboration des décisions, communique peu et mal. L’élaboration des politiques jugées

stratégiques est opaque dans le système politique algérien. Les détenteurs du « pouvoir réel »,

comme on dit en Algérie, i.e. le commandement militaire ne jouent aucun rôle politique ou

économique aux termes de la Constitution. Leur poids, pourtant décisif, dans la formation des

décisions est donc complètement occulté par le texte régissant les rapports entre les pouvoirs

publics. On comprend pourquoi, au-delà des habitudes d’un système autoritaire qui n’a

transformé que sa façade, le gouvernement algérien n’a pas organisé (et il ne le pouvait pas)

un débat large et transparent sur une réforme cruciale. Sur cette question, comme sur toutes

celles qui sont très importantes, le système politique algérien ne peut abriter le débat

démocratique. Bien que l’Algérie soit riche en ressources minérales diverses, tels que le fer, le

cuivre, le phosphate et l’uranium, les hydrocarbures constituent, de loin, la principale

ressource économique. 97 % des recettes en devises proviennent de l’exportation des

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hydrocarbures, ce qui signifie que le pétrole nourrit et équipe le pays. On comprend dès lors

que le projet de réforme suscite inquiétudes et interrogations. L’examen plus attentif de la

nouvelle loi pétrolière algérienne, sans confirmer les rumeurs sur la privatisation de la

SONATRACH, indique cependant une réorganisation substantielle de structures et une

transformation décisive des conditions d’accès à la recherche et à l’exploitation pétrolière.

Pendant longtemps, à la suite de pratiques établies par les grandes sociétés pétrolières, la

fiscalité pétrolière consistait en une redevance assise sur la production et en un impôt sur le

revenu pétrolier. À ces deux taxes, s’ajoutaient des contributions financières variables à la

charge du bénéficiaire du titre minier, appelées bonus ou droit d’entrée, généralement versées

en une seule fois.

Les taux et les modalités de ces taxes ont varié au fur et à mesure de l’évolution des relations

entre les sociétés pétrolières étrangères et les États producteurs. La création et le

développement de sociétés à capitaux publics par les États producteurs améliorent la capacité

de négociation de ces derniers et accroissent la part des revenus qui leur revient. Les taux de

la redevance et de l’impôt sur les bénéfices ont augmenté passant de 5 % à 12,5 % puis 16 %,

puis 20 % et plus pour la redevance, à 50 %, 75 % et 80 % ou plus pour l’impôt sur le revenu.

Les prix du baril de pétrole qui servent de base au calcul des impôts ont évidemment connu au

cours du demi-siècle passé une lente puis rapide progression malgré des périodes notables de

reflux ou de stagnation.

De moins de 2 dollars le baril au cours des années 1950, ils passent à environ 14 dollars après

la crise pétrolière de 1973-74, atteignant parfois 40 dollars ou plus lorsque les conflits

internationaux, notamment au Moyen-Orient, font craindre une rupture des

approvisionnements qui remettrait en cause la sécurité énergétique indispensable au

développement de tous les pays et particulièrement des grandes puissances. Après s’être

stabilisé autour de 20 puis de 25 dollars au cours des années 1980 et 1990, le prix du baril de
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pétrole connaît depuis deux ou trois ans une hausse considérable imposée cette fois plus par le

marché international que par la revendication de l’OPEP, contrairement à ce qui s’est passé

pour les hausses précédentes. Depuis 2005, le prix du baril de pétrole est supérieur à 60

dollars soit environ 2,5 fois le prix moyen souhaité par l’OPEP. Le prix du m3 de gaz qui,

heureusement pour les pays producteurs, est indexé sur le prix du pétrole suit cette évolution.

La nouvelle loi pétrolière algérienne consacre son titre VIII (art. 83 à 99) au régime fiscal

applicable aux activités de recherche et d’exploitation. Les impôts qui constituent ce régime

sont d’après la loi, « une taxe superficiaire non déductible payable annuellement au Trésor

public, une redevance payable mensuellement à l’Agence nationale pour la valorisation des

ressources en hydrocarbures (ALNAFT), une taxe sur le revenu pétrolier (TRP) payable

mensuellement au Trésor public, un impôt complémentaire sur le résultat (ICR) payable

annuellement au Trésor public ». La loi mentionne aussi des taxes marginales comme l’impôt

foncier sur les biens autres que les biens d’exploitation, tel que fixé par la législation et la

réglementation fiscale générale en vigueur ou quelques autres taxes très spécifiques et

occasionnelles.

En s’en tenant aux principaux impôts, on constate que le régime fiscal algérien reprend

l’essentiel des taxes connues en Algérie et notamment celles de la loi 86-14 du 19 août 1986.

Mais le législateur procède à des réaménagements qui peuvent peut être s’analyser comme des

assouplissements par lesquels il espère, sans doute, attirer les investisseurs étrangers.

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7 .1 La taxe superficiaire : La taxe superficiaire est nouvelle dans la mesure où elle n’existait

ni aux termes de la loi du 19 août 1986, ni aux termes des textes législatifs antérieurs. La taxe

superficiaire est calculée sur la base de la superficie du domaine à la date de l’échéance

annuelle. Elle est versée au Trésor. Un tableau des montants en dinars algériens (DA) par

zones et par périodes de recherche et d’exploitation, est établi par la loi pour déterminer les

montants de la taxe. Ces montants varient de 4 000 à 16 000 DA par km2 en période de

recherche et de 16 000 à 32 000 DA par km2 en période d’exploitation. Dans l’industrie

pétrolière, ces sommes peuvent être considérées comme relativement peu élevées. On peut

donc affirmer qu’elles ne peuvent constituer qu’un petit moyen pour inciter le contractant à

investir et à rendre rapidement le maximum de superficies.

7.2 La redevance : La redevance est un vieil impôt pétrolier. Elle est assise sur la production.

Elle est donc due dès lors qu’il existe une production extraite du gisement. C’est précisément

son intérêt puisqu’elle ne dépend pas des bénéfices et de la gestion du contractant. La

redevance est portée, sur le plan comptable, au débit du compte d’exploitation du contractant,

diminuant ainsi le montant de ses résultats et donc de l’impôt sur les résultats.

L’article 41 de la loi du 19 août 1986 fixe à 20 % le taux de la redevance applicable à la

valeur de la production déterminée par voie règlementaire sur la base des prix du marché

international. La loi 05-07 élargit le spectre des taux variables retenus selon, non seulement

les zones qui sont désormais A, B, C, D et non plus A et B, mais également selon les niveaux

de production par jour. Les taux de la redevance varient ainsi de 5,5 à 23 %. Ces

transformations peuvent être analysées comme des assouplissements permettant d’adapter la

redevance à la qualité des périmètres et aux niveaux de production. La réforme dans ce

domaine a consisté à donner plus d’ampleur à celle engagée en 1986 dans le contexte plus

contraignant d’une économie étatisée que le parti unique, qui dominait l’Assemblée nationale,

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ne voulait pas assouplir. La redevance déterminée mensuellement est versée par l’opérateur à

l’agence ALNAFT qui doit la reverser dans les 24 heures au Trésor public. On peut se

demander, en l’absence de précisions dans la loi, pourquoi ce détour par ALNAFT du

versement de la redevance au Trésor ? Sans doute, le gouvernement pense-t-il que l’Agence

peut mieux vérifier l’accomplissement de l’obligation des contractants. L’Agence de

valorisation, au passage, prélève 0,5 % de la redevance pour alimenter son budget et celui de

l’Agence de régulation sur la base d’une répartition décidée par le ministre de l’Énergie.

7.3 La taxe sur le revenu pétrolier (TRP) La taxe sur le revenu pétrolier, instituée par

l’article 86 de la loi 05-07 est une transformation, notamment en ce qui concerne le nom de

l’impôt sur les résultats établis par l’article 37 de la loi du 19 août 1986. En 1986, le taux de

l’impôt sur les résultats était de 85 % du résultat brut de l’exercice, mais ce taux est ramené à

75 % dans la zone A et 65 % dans la zone B, « lorsque les conditions économiques de

recherche et d’exploitation des gisements l’exigent ».

Il s’agissait déjà, là aussi, d’une introduction de quelques éléments d’assouplissement de

l’impôt sur le revenu en tenant compte des difficultés d’exploitation dans certaines zones.

L’objectif est d’encourager la recherche et l’investissement dans des zones réputées plus

difficiles.

La loi d’avril 2005 poursuit et approfondit la réforme dans cette direction puisque les taux

sont de 30 ou 70 % selon les niveaux de production avec un mécanisme de déduction d’un

pourcentage selon les tranches annuelles d’investissement appelé uplift. « Ce pourcentage

d’uplift couvre les coûts opératoires » et varie dans les quatre zones ABCD désormais

établies. Les encouragements en faveur des investisseurs, dans les zones réputées plus

difficiles, sont donc plus marqués par rapport à la loi de 1986, confirmant ainsi la tendance

libérale de la loi d’avril 2005.

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CHAPITRE V : Les recettes publiques
Comme dans les lois précédentes, la loi 05-07 fixe les déductions autorisées pour calculer le

revenu pétrolier (art. 86). Sont donc autorisées les déductions de la redevance des tranches

annuelles d’investissement de développement en appliquant les règles de l’uplift définies à

l’article 87, les tranches annuelles d’investissement de recherche, les provisions relatives aux

coûts d’abandon ou de restauration, les frais de formation des ressources humaines nationales

et le coût d’achat du gaz utilisé par la récupération assistée.

La TRP est elle-même « une charge déductible de la base fiscale pour les besoins du calcul de

l’impôt complémentaire sur le revenu (ICR) ».

7.4 L’impôt complémentaire sur le revenu (ICR) L’impôt complémentaire sur le revenu

(ICR) est payé annuellement par chaque contractant aux taux de l’impôt sur les bénéfices des

sociétés « selon les termes et conditions en vigueur à la date du paiement et les taux

d’amortissement prévus en annexe de la loi pétrolière ». Mais la TPR est déductible de la base

fiscale pour le calcul de l’ICR. La loi ouvre la possibilité, assez nouvelle dans la fiscalité

pétrolière, d’une consolidation des résultats de l’ensemble des activités pétrolières en Algérie.

Enfin la loi permet aussi de bénéficier d’un taux réduit de l’impôt sur les bénéfices des

sociétés en vigueur pour le calcul de l’ICR (art. 88 al. 3) pour les activités relatives à

l’électricité et à la distribution de gaz. Le législateur encourage donc un élargissement des

activités des contractants pétroliers dans d’autres domaines connexes comme l’électricité ou

la distribution de gaz par canalisation. Seul l’avenir dira si les sociétés pétrolières seront

suffisamment incitées par ses dispositions pour élargir et intensifier leurs investissements,

reliant ainsi pour la première fois, la recherche et l’exploitation des hydrocarbures au

développement d’autres activités.

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