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Sujet : La rue est-elle un ennemi de la démocratie ?

Etude du sujet :
Rue = pouvoir populaire, impulsif, inopiné, imprévisible, incontrôlé.
Démocratie = pouvoir fondé sur le peuple et qui s’exerce grâce à un système de représentation, forme achevée de contrat social.
Ennemi = antinomique, qui s’oppose à
Accroche :
La rue, c’est à la fois le peuple de Berlin qui détruit le mur entre les deux Allemagne en novembre 1989 et les fascistes italiens qui
marchent sur Rome derrière Benito Mussolini. Ainsi, la rue semble pouvoir accoucher du meilleur et du pire. Et pourtant la rue, c’est un
Introduction

soubresaut instinctif, certes souvent excessif et incontrôlable, mais toujours populaire c’est-à-dire qui émane de la volonté du peuple ce qui
semble donc correspondre aux attentes de la démocratie.
Cependant, la démocratie, dont l’enjeu essentiel est la cohésion sociale, peut-elle s’accommoder de ces soubresauts populaires ou bien
au contraire, la violence et la force de la rue sont-elles à ce point antinomiques aux règles du jeu démocratique ?

Parce que la démocratie consacre la liberté du peuple, celui-ci, par le pouvoir de la rue, participe à la démocratie en prenant son destin
en main. A condition néanmoins que « descendre dans la rue » ne nuisent pas à la liberté d’autrui.
IP 1:
Certes, la rue peut apparaître comme une manifestation radicale qui va à l’encontre des règles de fonctionnement du jeu
démocratique.
IS 11 : EX
Le 21 avril 2002, le peuple descend dans la rue pour condamner l’arrivée au second tour
D’une part parce que la rue ne respecte pas le résultat des élections présidentielles de Jean-Marie Le Pen alors que ce dernier possède la
des urnes légitimité du suffrage universel.
EX
IS 12 : Lorsque l’on quitte la table des négociation pour la rue, on abandonne le processus
démocratique caractérisé par le dialogue et la recherche du compromis. En 1999, lorsque
Et d’autre part parce qu’elle s’affranchit du contrat le MEDF menace de quitter les institutions paritaires il va à l’encontre des règles
social démocratique. De même lorsque les syndicats appellent à manifester avant la reprise des
négociations, ils abandonnent leur rôle de relais démocratique au sein du dialogue social.
IS 13 : EX
Alors, elle est facteur de désordre. En effet, tandis que Manifestations étudiantes et lycéennes de 1989 qui débouche sur la mort de Malik
la démocratie prône la paix sociale et la concorde, la Oussékine
rue en s’affranchissant des règles de la société Séquestration de PDG par des grévistes, saccage de l’outil de production
Destruction de récoltes agricoles par la confédération paysanne de José Bové
démocratique apparaît comme un facteur de chaos.
IP 2 :
Néanmoins, la démocratie accepte le pouvoir de la rue tant qu’il ne s’oppose pas à la liberté et à la justice.
EX
IS 21 : Le droit de manifester fait partie des règles constitutionnelles de la France. Les grèves et
manifestations sont d’ailleurs encadré par les autorités administratives (autorisation
En effet, la démocratie a consacré le droit de réunion, préfectorale).
le droit de manifester et le droit de grève. Le traité constitutionnel européen (projet de Constitution) reconnaît le droit de grève aux
citoyens européens.
EX
IS 22 : Tandis que la société marxiste-léniniste ne reconnaît que les classes et que les sociétés
Or, ces droits correspondent à une liberté démocratique totalitaires ne reconnaissent que les masses, la démocratie reconnaît les individus or la rue
essentielle qui consacre l’individu comme libre agent traduit les opinions plurielles : la rue est relais d’opinion, elle est source de débat, comme
en démontre le droit de pétition consacré comme la forme ultime de démocratie directe au
de son devenir. sein des sociétés occidentales.
EX
IS 23 : En France le 1er mai permet à la fois aux syndicats de gauche de célébrer la fête du travail
Et donc, le jeu démocratique est tout à fait compatible et aux partisans du front national de célébrer la fête Jeanne d’Arc ce qui démontre que la
avec le pouvoir de la rue. rue appartient à tous et que le pouvoir de la rue ne se traduit pas systématiquement par
des heurts.
IP 3 :
Et surtout, le droit de résister fait partie des aspirations légitimes des peuples ; la rue en est l’une des manifestations.
EX
IS 31 : Majorité silencieuse qui, en mai 1968, va manifester sous l’arc de triomphe pour exiger
La rue est d’abord un garde fou contre les excès ou du Gal de Gaulle une action décisive.
l’apathie du pouvoir politique démocratique. 1984 : mise en échec de la loi Savary qui mettait en péril la liberté scolaire : F. Mitterrand
est contraint de retirer son projet.
EX
IS 32 : Années 1980 : à Gdansk le mouvement Solidarnosc permet d’ouvrir la voie à la chute du
communisme en Europe centrale et orientale.
Elle est ensuite un levier contre les pouvoirs Le FSM de Porto Allegre est un mouvement alternatif qui permet un débat sur le monde
totalitaires. d’aujourd’hui à propos des enjeux essentiels : environnement, partage des richesses,
pauvreté, SIDA.
EX
IS 33 : La démocratie est l’émanation de la rue or la rue est libre (à l’inverse des régimes
totalitaires qui contrôlent les foules grâce à l’usage d’une police puissante – Cf. Hannah
Ainsi, elle reste un outil essentiel au service de la Arendt dans L’origine des totalitarismes).
démocratie. Les progrès démocratiques sont ainsi souvent venus de la rue : 1848, La Commune de
Paris.

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