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EVALUATION DE LA
PARTICIPATION ET ;
DE L'IMPUTABILITE
Mars 2008
Participation et Imputabilité
Etude de cas pays en République Démocratique du Congo
Rapport final
2
3. Phase principale...................................................................................................................... 80
4. Compte rendu sur le guide d’évaluation .............................................................................. 84
Annexe C: Analyse du contexte .............................................................................................. 85
1. Profil de la RDC ..................................................................................................................... 85
2. Perspective historique : de la dictature et des guerres … vers la paix et la stabilité
démocratique ................................................................................................................................... 85
3. Le contexte socio-économique ............................................................................................... 88
4. Le contexte institutionnel....................................................................................................... 92
La période de Transition.............................................................................................................................. 92
Les nouvelles institutions issues des élections ............................................................................................ 93
5. La bonne gouvernance : défi du développement ................................................................. 95
6. Une société civile au centre du développement.................................................................... 98
7. Contexte de l’aide en RDC .................................................................................................. 101
Les années 80 : la coordination de l’aide................................................................................................... 101
Les années 90 : le contexte politique ......................................................................................................... 103
Les années 2000 : la reprise de l’aide internationale ................................................................................. 104
Annexe D: Description synthétique des interventions ......................................................... 110
Annexe D1: Project Radio Okapi ................................................................................................ 110
Annexe D2: Projet d’Appui aux Institutions de la Transition – AIT....................................... 115
Annexe D3: Projet de renforcement des capacités des Intervenants des Institutions, des
Organisations de la Société Civile et des Partis Politiques dans l’organisation des élections
démocratiques, crédibles et transparentes – EISA .................................................................... 123
Annexe D4: Supporting Congo’s Transition Towards Sustainable Peace - Search for Common
Ground/Centre Lokolé ................................................................................................................. 129
Annexe D5: Initiative pour un Leadership Collaboratif et la Cohésion de l’Etat (ILCCE) -
Woodrow Wilson International Center for Scholars................................................................. 134
Annexe D6: Breaking the links between natural resource exploitation, conflict and corruption
in the DRC – Global Witness ....................................................................................................... 139
Annexe D7: Appui au Conseil National des ONG de Développement – CNONGD................ 144
Annexe D8 : Programme de formation syndicale de la Confédération Syndicale Congolaise –
CSC................................................................................................................................................. 150
Annexe D9 : Appui au renforcement de l’Etat de droit et à la restauration de la Justice dans
la ville de Kinshasa et dans les provinces du Bas-Congo et du Bandundu .............................. 156
Annexe D10 : Programme d’Appui aux Initiatives de Développement des Communes de
Kisenso et de Kimbanseke - PAIDECO-Kin .............................................................................. 161
Annexe E: Liste des personnes consultées/interviewées...................................................... 167
Annexe F: Guides d’interviews............................................................................................. 173
Annexe G: Documents consultés .......................................................................................... 177
Résumé exécutif
3
Dans le cadre d’une évaluation comparative menée dans 5 pays1, l’étude de cas en RDC a eu
pour objectif d’analyser la pertinence et les résultats atteints par un échantillon de dix
interventions qui visaient à renforcer la « Participation & l’Imputabilité» (P&I)2. Cette
« P&I », constitutive de la gouvernance, entendue au sens large, suppose, d’une part, des
acteurs capables de faire connaître leurs intérêts et préoccupations et, d’autre part, une
capacité des gouvernants à rendre des comptes, en réponse à ces interpellations.
En suivant une méthodologie développée par l’Overseas Development Institute (ODI) cette
étude de cas pays vise à contribuer à l’objectif global de l’évaluation conjointe, à savoir :
- améliorer la compréhension de l’aspect P&I au niveau des partenaires du
développement en cartographiant et en détaillant leurs approches et stratégies
destinées à améliorer l’aspect P&I et menées dans un éventail de contextes de pays en
développement ;
- tirer dans le même temps des enseignements quant aux approches qui ont le mieux
fonctionné, à quel endroit et pourquoi;
- évaluer les effets d’un éventail d’interventions P&I de donateurs au niveau de la
gouvernance et de l’efficacité de l’aide, ainsi que la durabilité desdits effets.
1. Constats
1
Bangladesh, Indonésie, Mozambique, Népal et RD Congo.
2
Participation et Imputabilité est une traduction de l’expression d’origine anglo-saxonne « Citizen’s Voice and
Accountability ». Nous verrons que ce concept est encore peu commun dans les pays francophones et en
particulier en RDC.
4
- la diversité et la dynamique des organisations de la société civile. La longue tradition
congolaise d’association et la capacité de ces organisations à pallier aux déficiences de
l’Etat, ont induit leur reconnaissance comme acteurs politiques à part entière ;
- la mise en place progressive, quoique encore fort rudimentaire, de différents textes et
cadres législatifs qui seront une référence pour certaines interventions évaluées.
En situation de très grande fragilité encore, la RDC présente un nombre important d’obstacles
et de contraintes au renforcement de la P&I : la fragilité politique (conflits persistants à l’Est
du pays, insécurité, etc.) ; la complexité et le caractère inachevé et non durable des
Institutions de la Transition ; le niveau généralisé de pauvreté extrême ; l’indisponibilité de
nombreux outils législatifs et/ou administratifs ; le délabrement des infrastructures et
l’absence généralisée de moyens matériels et humains dans les administrations publiques ; la
longue tradition de mauvaise gestion ; etc.
L’ampleur et la diversité de ces obstacles expliquent, pour une bonne part, le caractère encore
très largement inachevé de la P&I existante actuellement en RDC.
Face à ces obstacles, les différents bailleurs ont surtout recherché au sein des évolutions
institutionnelles et politiques récentes de la RDC les points d’entrée par lesquels ils ont
développé leurs appuis au renforcement de la P&I. Ainsi, les Institutions de la Transition
définies dans les accords de Pretoria, l’organisation des élections et les mécanismes de
pacification (éducation civique, prévention des conflits, etc.) sont les points d’entrée
prioritaires. Avec la fin de la Transition, de nouvelles opportunités d’interventions se
dégagent : les institutions élues, les organes de régulation pérennisés (CENI et CSAC3), le
programme de décentralisation, etc.
Pour atteindre leurs objectifs, les différentes interventions d’appui à la P&I mettent en
évidence trois stratégies essentielles :
- une stratégie de renforcement en quantité et qualité de l’expression et de la
revendication citoyenne (expression par l’élection, expression dans les médias,
expression à l’égard de l’administration communale, expression et défense de ses
droits, expression et négociation de revendications socio-économiques, expression de
modèles de société alternatifs, etc.) basée sur un meilleur accès à l’information ;
- une stratégie de soutien aux institutions d’appui à l’Etat, mais aussi aux leaders ou
fonctionnaires de ces institutions, afin que l’Etat puisse retrouver ses fonctions
essentielles et les assumer dans une plus grande transparence ;
- une stratégie qui facilite le rapprochement entre l’Etat et le citoyen pour réduire la
méfiance réciproque, améliorer la compréhension mutuelle, préciser les limites de la
responsabilité des institutions.
3
Commission Nationale Electorale Indépendante et Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication.
5
La RD Congo présente cependant, encore peu d’appui au renforcement bien spécifique de
l’imputabilité des autorités publiques : les interventions se situent surtout à un niveau
préalable de renforcement général de capacité de ces institutions publiques afin qu’elles
puissent recommencer à assumer leurs responsabilités fondamentales.
Quant au renforcement des capacités des OSC4 à s’engager dans le plaidoyer ou le dialogue
politique, il prend des formes différentes dans les interventions évaluées : susciter et faciliter
la récolte d’information à travers un réseau d’OSC locales qui peut alimenter une campagne
de lobby réalisée surtout à l’extérieur par une ONG internationale, d’une part, ou soutenir, sur
base d’un partenariat plus durable, des organisations qui développent des plaidoyers plus
généralistes à long terme et qui revendiquent une concertation/négociation plus structurée
avec les autorités publiques, d’autre part.
De manière globale, le renforcement des capacités d’interpellation des OSC est nettement
plus appuyé que le renforcement des capacités d’imputabilité des autorités publiques.
Changements au niveau des politiques, des pratiques, des comportements et des relations de
pouvoir
De manière générale, les changements restent encore mineurs au regard des nombreuses
conditions indispensables pour atteindre les conditions minimales d’un Etat de droit. Au
niveau des politiques générales et de la mise en place des cadres légaux, des avancées plus
significatives peuvent être constatées ; par contre dans les comportements quotidiens de
ceux qui représentent les autorités publiques les dérapages restent encore très fréquents. Ainsi
le processus électoral abouti permet une meilleure prise de conscience de la nécessité
théorique de l’imputabilité et de la durée limitée du mandat électif ; la répartition des pouvoirs
entre le législatif et l’exécutif est visiblement plus nette actuellement si on la compare à la
situation connue durant la période de transition. Par contre, sur plusieurs points la dynamique
du pouvoir a très peu évolué : le contrôle des pratiques politiques des élus, la lutte contre
4
Organisation de la Société Civile.
6
l’impunité judiciaire, les pratiques de mauvaise gestion dans les entreprises publiques, la
gestion des ressources naturelles, etc.
Quelques éléments plus concrets permettent aussi d’apprécier des changements significatifs
de certaines pratiques dans la relation entre l’Etat et le citoyen : l’Analyse Participative
de la Pauvreté (APP) effectuée dans le cadre de la conception du Document de Stratégie de la
Croissance et de la Réduction de la Pauvreté (DSCRP) ; les canaux d’information (ex : radio)
qui permettent une meilleure conscientisation des citoyens et constituent un moyen plus direct
d’interpellation des responsables politiques. Toutefois, il est encore difficile d’apprécier les
effets réels de ces interventions au niveau d’un changement durable des pratiques et des
comportements : ainsi, si l’importance de la société civile (ou plus précisément de la
dynamique communautaire) est reconnue dans les textes, il faut encore que cela se manifeste
concrètement dans l’élaboration des politiques futures.
C’est au niveau local que l’évaluation a pu déceler quelques exemples d’effets limités sur
l’amélioration des conditions de vie de personnes concernées : contributions aux
investissements communaux et à l’emploi dans les ONG locales générées par le travail
participatif de Comités locaux de développement ; règlement de problèmes d’adduction d’eau
suite à des interpellations faites à la radio, etc. Ce sont là quelques exemples très limités qui
ne permettent pas de conclure à un véritable effet plus large sur le développement, la
croissance ou la réduction de pauvreté.
2. Conclusions/enseignements
7
problème sont peu nombreuses, de portée restreinte et connaissent des succès mitigés.
Certaines activités, qui visent à créer un espace favorable pour des interventions englobant à
la fois l’offre et la demande (par exemple la décentralisation et l’accès à la Justice), acquièrent
une bonne notoriété et contribuent à renforcer la confiance entre les citoyens et les autorités
publiques. Mais les projets développés à ce niveau demeurent généralement des projets
pilotes et restent donc limités géographiquement à certaines zones. Durant la période de
transition et après celle-ci, les soutiens ont principalement été orientés vers les organisations
traditionnelles de la société civile (ONG, médias, syndicats) dans le but d’augmenter la prise
de conscience des citoyens de leurs droits et des devoirs de l’Etat, notamment à propos des
élections. Ce soutien axé sur la demande pouvait compter sur une vitalité éprouvée de la
société civile congolaise et sur la grande popularité de la radio comme média d’information et
de communication en RDC.
Résultats
Bien qu’il soit très difficile d’isoler la contribution spécifique des bailleurs à l’amélioration de
la P&I dans l’environnement institutionnel fragile et changeant qu’a connu la RDC durant et
après la période de transition, quelques exemples de succès ont pu être observés. Le soutien à
la société civile et à la radio a contribué au haut niveau de participation au référendum et aux
élections qui ont suivi, ainsi qu’au déroulement relativement serein du processus électoral et à
l’acceptation des résultats. De plus, le soutien des bailleurs à la société civile lui a permis de
jouer un rôle plus actif dans la formulation des politiques publiques (par exemple à travers le
processus du DSCRP) et les citoyens ont pu utiliser les stations radio comme un moyen
efficace pour inciter les autorités publiques à délivrer de meilleurs services (par exemple un
meilleur accès à l’eau à Mbuji May et des sanitaires à Kinshasa), à respecter les droits des
citoyens (par exemple le droit de propriété) et à diminuer la petite corruption. A l’heure
actuelle, ces résultats demeurent davantage des événements isolés plutôt qu’une augmentation
significative de l’imputabilité. Comme le résume l’une des personnes ressources interrogées :
« les Citoyens peuvent s’exprimer librement sans aller en prison, mais l’Etat ne les écoute pas
encore pour autant ».
Des pistes vers des résultats et un impact plus larges en matière de développement
En RDC, il y a un grand espoir que la démocratie ne va pas seulement ramener une paix tant
attendue, mais va également réduire la pauvreté généralisée dans le pays en permettant en
particulier une distribution plus équitable des ressources naturelles du pays. Toutefois, dans
un environnement ou les exemples d’amélioration de la P&I restent des événements
particuliers plutôt que des résultats réellement durables, il est difficile d’identifier des impacts
plus larges en matière de développement comme conséquences des interventions des
bailleurs. A l’heure actuelle, il y a une déception naissante parmi les citoyens et l’impression
que la démocratie nouvelle et en particulier les élections tant attendues n’ont pas conduit à
l’amélioration espérée des conditions de vie et à la réduction de la pauvreté. Le futur
challenge des interventions des bailleurs sera de transformer ces succès isolés en une véritable
répartition des ressources et une distribution des atouts pour permettre une diminution
générale de la pauvreté
8
P&I et l’efficacité de l’aide
Malgré une transition soutenue par un « basket fund » géré par le PNUD, la coordination inter
bailleurs n’en est encore qu’à un stade préliminaire en RDC ; le dialogue entre les bailleurs
(dont certains sont nouveaux en RDC) reste limité à propos de la P&I, et est entravé par le
manque de définition qui grève le secteur. En outre, il y a peu de réflexions stratégiques parmi
les bailleurs sur la manière de faire face à l’obstacle du manque de volonté politique qui est
fréquemment cité, ainsi que sur les moyens d’améliorer la transparence autour de
l’exploitation des ressources naturelles. Au cours de la période de transition, l’appropriation a
été entravée par la faible capacité des autorités étatiques et fut compromise par l’urgence de
l’organisation des élections tenant compte des challenges logistiques. Il reste à voir si les
bailleurs vont saisir l’opportunité qu’offre la période de post-transition pour promouvoir
l’appropriation.
3. Recommandations
Sur base des résultats et des conclusions, l’évaluation tire trois groupes de recommandations.
9
En ce qui concerne le dialogue politique :
- intégrer dans les interventions d’appui à la P&I une part substantielle d’intervention
destinée au renforcement des capacités des autorités publiques et mieux intégrer ainsi
un autre principe de l’OCDE concernant les Etats fragiles.
- Mieux cerner ce que recouvre le concept de « manque de volonté politique » pour
dépasser la simple prise de conscience de la pertinence de l’imputabilité et la
transformer en un véritable changement de comportements et de pratiques.
- Tenir compte de l’impact du renforcement de la société civile sur le transfert d’une
partie de ses cadres vers les organes politiques.
- Prendre en compte les droits économiques et sociaux et les traiter comme partie
intégrante des droits humains fondamentaux.
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Abréviations
11
DRIS sprl Développement, Réhabilitation, Intégration et Sécurité
DSCRP Document Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
EISA Electoral Institute of Southern Africa
EITI Extractive Industries Transparency Initiative
ESSEC Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales - Paris
GEDI Groupe d’Encadrement pour le Développement Intégral – ONG congolaise
GPS Global Positioning System – Système de Géolocalisation par satellite
FAD Fonds Africain de Développement
FED Fonds Européen de Développement
FIDA Fonds International de Développement Agricole
FNED Formation aux Notions Elémentaires de Droit
GW Global Witness
HAM Haute Autorité des Médias
HQ Headquarter
IAD Institutions d’Appui à la Démocratie (CEI, HAM, CVR, CECL, ONDH)
ICTJ International Center for Transitionnal Justice – ONG d’Afrique du Sud
IDA Association Internationale de Développement – (BM)
IDH Indicateur du Développement Humain
IEOI Institut d’Education Ouvrière Internationale, Belgique
ILCCE Initiative pour un Leadership Collaboratif et la Cohésion de l’Etat
IRC International Rescue Committee
IRENE Institut pour la Recherche et l’Education sur la Négociation en Europe
ITIE Initiative pour la Transparence de l’Industrie Extractive
LE Ligue des Electeurs
MIBA Minière de Bakwanga
MLC Mouvement de Libération du Congo
NADYC Noyau de la Dynamique Communautaire
NU Nations Unies
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique
OCEAN Organisation Concertée des Ecologistes et Amis de la Nature – ONG
congolaise
ODI Overseas Development Institute
ODM Objectif du Millénaire pour le Développement
OFIDA Office des Droits et Accises
ONDH Observatoire National des Droits de l’Homme
OP Organisations Paysannes
OPEP Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
OPM Oxford Policy Management
OSC Organisations de la Société Civile
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PAIDECO Programme d’Appui aux Initiatives de Développement des Communes
PAP Plan d’Actions Prioritaires
PARC Performance Assessment Ressource Centre
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
P&I Participation et Imputabilité
RAID Rights and Accountability In Development
RCD Rassemblement Congolais pour la Démocratie
RCN Réseau des Citoyens – Citizen’s Network
RDC République Démocratique du Congo
RECIC Réseau d’Education Civique du Congo
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RENADHOC Réseau National des Droits de l’Homme du Congo
RENOSEC Réseau National pour l’Observation et la Surveillance des Elections au Congo
RODHECIC Réseau d’Organisations des Droits Humains et d’Education Civique
d’Inspiration Chrétienne en République Démocratique du Congo
SADC Southern African Development Community
SENAREC Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités – Ministère du Plan
SERACOB Service de Renforcement des Appuis aux Communautés de Base en Afrique
Centrale
SES Service de l’Evaluateur Spécial
SFCG Search for Common Ground
SIDA Swedish International Development Cooperation Agency
SRP Stratégie de Réduction de la Pauvreté
SSR Security Sector Reform
UE Union Européenne
UK United Kingdom
UN Union pour la Nation
UNDP United Nation Development Program
UNTC Union Nationale des Travailleurs Congolais
UNTZa Union Nationale des Travailleurs du Zaïre
USAID United States Agency for International Development
WSM World Solidarity – Solidarité Mondiale, ONG belge
WWICS Woodrow Wilson International Center for Scholars
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Première partie: Introduction
Contexte et justification de l’étude de cas-pays
La gouvernance, entendue au sens large, correspond à un processus démocratique associant
les pouvoirs publics, la société civile ainsi que le secteur privé, tant au niveau central que
local, dans le développement d’une société. Ce processus d’interaction équilibrée entre le
citoyen et l’Etat suppose, d’une part, des acteurs capables de faire connaître leurs intérêts et
préoccupations (« Participation…) et, d’autre part, une capacité des gouvernants à rendre des
comptes, en réponse à ces interpellations (… et Imputabilité »).
Dans ce contexte, un groupe restreint de pays partenaires du CAD (Evaluation Core Group) a
décidé d’élaborer une évaluation conjointe de l’aide au développement apportée au
renforcement de ces aspects de « Participation et Imputabilité – P&I». Cette évaluation
conjointe se base sur cinq études de cas/pays, réalisées au Bangladesh, en Indonésie, au
Mozambique, au Népal et en RD Congo. Chaque étude se base sur une méthodologie
commune développée par l’Overseas Development Institute (ODI)5. Le bureau d’Etudes et de
Consultance DRIS sprl a été désigné par le Service de l’Evaluation Spéciale du SPF Affaires
Etrangères de Belgique pour mener l’étude de cas en RD Congo.
Plusieurs éléments justifient de consacrer une étude de cas à la RD Congo. Ce pays est
généralement considéré comme un (très) mauvais élève en matière de gouvernance. La longue
période de dictature, les combats armés aux origines internationales, les conflits et violences
internes, la corruption, ont précipité tous les indicateurs de ce pays vers le bas. La RDC se
trouve donc régulièrement en queue de classement des indicateurs de gouvernance, de
transparence, de respect des droits de l’homme mais aussi des indicateurs plus généraux de
développement. A partir d’un passé récent aussi sombre, la RDC a néanmoins vécu un
processus de reconstruction politique depuis sa stabilisation en 2003, qui concerne
progressivement tous les fondements constitutifs de la démocratie et de l’Etat de droit : lois
fondamentales, élections libres, libertés et régulation des médias, restauration de la justice,
réforme du secteur de sécurité, liberté d’association, participation citoyenne, etc.
Le manque de recul historique rend cette analyse particulièrement périlleuse d’une part, mais
aussi particulièrement intéressante et fertile, compte tenu de la diversité des domaines
abordés, de l’originalité du contexte et du caractère inachevé des transformations. Par ailleurs
l’étude a également été attentive à la spécificité de la perception de ce concept de P&I, qui,
d’origine anglophone, est, aujourd’hui encore, peu commun dans les environnements
francophones. En effet, en remarque préliminaire, il est important de souligner que le concept
5
“Evaluation of CV&A – Evaluation framework. And Annex A: Evaluation framework, Methodological
Guidance for Country Case Study – August 2007
14
de P&I, en RDC est encore peu intégré dans la terminologie et rares sont les personnes qui
sont familières avec ce vocabulaire. Par contre, en explicitant ces termes, l’évaluation a pu
constater que les personnes interviewées font rapidement référence à la relation entre la
société civile et l’Etat. Il s’agit moins du lien entre les individus et les institutions publiques.
En effet, historiquement, la société civile a pris une place particulièrement importante dans la
relation entre le citoyen et l’Etat au Congo ces dernières années alors que les notions de
responsabilité horizontale et de pouvoirs législatif, exécutif et judicaire sont encore
relativement nouvelles en RDC.La société civile a assumé des fonctions socio-économiques
parfois abandonnées par l’Etat (ou exercées de différentes manières en fonction des
différentes zones géographique de ce vaste pays) ; elle a été institutionnellement reconnue au
milieu des années nonante lors de la Conférence Nationale Souveraine ; et elle a été impliquée
dans les institutions qui ont piloté la transition démocratique, etc.
Le présent rapport rend compte des résultats des deux phases (démarrage et principale) qui
ont composé cette évaluation et qui se sont déroulées du 20 octobre 2007 au 20 janvier 2008.
Ces phases comprenaient entre autre :
- une analyse des documents de base ;
- une concertation avec les pays partenaires du CAD ;
- une mission de terrain préalable à Kinshasa du 4 au 11 novembre 2007 ;
- une mission de terrain principale à Kinshasa et Mbuji Mayi du 23 novembre au 21
décembre 2007.
Structure du rapport
Dans un souci de cohérence et de comparabilité, le rapport s’efforcera de suivre le plus
fidèlement possible le canevas spécialement développé pour cette évaluation multi-pays lors
de la concertation des différents pays partenaires de cette évaluation à Bonn, fin octobre 2007.
Les parties 2 et 3, qui sont développées de manière plus détaillée dans les annexes, brossent
les éléments de contexte de l’évaluation :
- une présentation de la méthodologie précise les modalités de choix des interventions
analysées et les outils utilisés ;
- une analyse du contexte présente de manière succincte la situation du pays et de l’aide
qui lui est accordée.
Les trois dernières parties du rapport présentent la synthèse des résultats généraux de l’étude
qu’il a été possible d’identifier en examinant une dizaine d’interventions différentes. Ces
résultats comprennent à la fois des éléments d’appréciation de la contribution des
interventions au renforcement de la P&I (quatrième partie), des leçons à tirer des
interventions analysées (cinquième partie) et enfin des recommandations qu’il y a lieu de
suggérer (sixième partie).
15
Deuxième partie : Méthodologie
2.1. Cadre général de l’évaluation
Cette évaluation est une étude de cas/pays menée en RDC à propos de projets P&I. Elle
s’inscrit dans le cadre d’une évaluation conjointe menée par un groupe restreint de sept pays
partenaires du CAD/OCDE. Les différentes études de cas se sont basées sur une méthodologie
commune élaborée par ODI. Cette méthodologie a fait l’objet d’une appropriation concertée
entre bailleurs et consultants chargés des différentes études de cas.
L’étude est le fruit d’un travail collectif des consultants sous la direction de Pierre GREGA.
L’équipe de consultants a été composée de manière telle qu’elle associe différentes
sensibilités culturelles (congolaise pour faciliter l’approche locale ; francophone et
anglophone pour maîtriser la diversité de perception du concept de P&I). Les consultants ont
travaillé en coordination permanente lors des missions de terrain et lors de la phase de
rédaction, multipliant les moments de discussion entre eux. Toutes les parties du rapport ont
été soumises à la relecture de tous les membres de l’équipe. Ce rapport illustre donc un point
de vue partagé par l’ensemble des consultants.
Il a été décidé de scinder les évaluations pays en deux parties. Une phase de démarrage avait
pour objectif d’analyser le contexte, d’augmenter la compréhension mutuelle du concept
« P&I », de s’assurer d’une bonne appropriation de l’évaluation par les partenaires et de
sélectionner les interventions P&I qui allaient faire l’objet de l’analyse. La phase principale
devait permettre de réaliser une analyse approfondie des interventions sélectionnées et de tirer
des conclusions générales pour l’ensemble de l’étude.
16
2.2. Phase de démarrage
Cette première phase avait d’abord pour but d’explorer les différentes perceptions et
interprétations des concepts de P&I. Au cours d’interviews semi directives, les consultants ont
donc récolté des données qualitatives sur la manière dont ces concepts sont appréhendés par
les principales parties prenantes de la coopération en RDC, regroupées en quatre catégories :
- les Autorités congolaises rencontrées, tant politiques qu’administratives ;
- les Acteurs locaux congolais ;
- les Acteurs internationaux actifs en RDC (Organisations multilatérales, Agences
d’exécution bilatérales et ONG internationales) ;
- les Bailleurs.
6
Pour plus d’information sur la province du Kasaï Oriental, voyez la troisième partie (Contexte, 3.1.)
17
Table 1 : Liste des interventions sélectionnées en fonction des critères de sélection
7
ONGL = Organisation non gouvernementale locale, ONGI = ONG Internationale, OM = Organisation
multilatérale, CB = Coopération bilatérale gouvernementale.
8
Localisation des lieux où les interventions ont été évaluées : beaucoup de ces interventions sont présentes dans
d’autres lieux que ceux cités dans cette colonne : elles agissent souvent dans la plupart des chefs lieux de
provinces et parfois à niveau encore plus local (voir en annexe B le tableau plus complet qui reprend le niveau
d’intervention -National/Provincial/Local- de chaque projet).
18
2.3. Phase principale
La phase principale de l’évaluation a examiné en profondeur la situation générale de la P&I
en RDC. Une seconde mission de terrain a ainsi rencontré les points de vue d’un ensemble de
personnes ressources représentatives des autorités publiques, des ONG internationales et des
acteurs locaux. Elle s’est focalisée ensuite sur l’analyse des dix interventions retenues en se
basant sur l’examen des cinq composantes des interventions P&I telles qu’identifiées dans le
guide de l’évaluation (A Opportunités, contraintes et points d’entrée de la P&I ; B. Capacités,
institutionnelles, organisationnelles et individuelles ; C. Canaux pour la Participation et
l’Imputabilité ; D. Changements dans les politiques, les pratiques, les comportements et les
relations de pouvoirs ; E. Impacts plus larges en matière de développement) et des critères du
CAD (pertinence, efficience, efficacité, impact, durabilité).
Pour chacune de ces interventions retenues dans l’échantillon, une consultation des
documents disponibles a été faite préalablement et souvent complétée par la récolte de
documents sur le terrain. Un contact préalable a été pris avec les personnes chargées du suivi
de ces projets au siège des différents bailleurs. Enfin, une récolte systématique de données a
été effectuée sur le terrain.
Les outils méthodologiques suivants ont notamment été utilisés pour réaliser cette récolte de
données sur le terrain :
- Consultation des sources secondaires (Documentation disponible)
- Focus group9
- Groupe de discussion
- Interviews semi directives des bailleurs, de personnes ressources et des intervenants
dans les projets
- Observation passive.
Par ailleurs, pour plusieurs projets, les récoltes de donnés qualitatives ont été complétées par
une visite sur le terrain : visite de studios de la Radio Okapi, de studios de radios diffusant les
programmes de SFCG, de bureaux de la CEI, de la HAM, d’un parlement et d’un gouvernorat
provincial, d’un bureau régional du CNONGD, de lieu de formation de RCN, de réalisation
de développement du projet PAIDECO, etc.
9
L’évaluation n’a rencontré aucun problème de participation dans les Focus group : la présence a été spontanée
dans chaque cas et l’implication dans la discussion élevée. Aucun participant n’a été rémunéré pour participer
aux Focus Group ; dans certains groupes (auditeurs de radio, CSC, PAIDECO) un remboursement des frais de
transport a été effectué. Ceci témoigne encore une fois de l’intense volonté de la population congolaise à donner
son avis et à participer à la chose publique.
19
- la mission de démarrage a choisi de retenir dix interventions à analyser afin de
disposer d’un échantillon équilibré entre bailleurs et représentatif de la multiplicité des
actions entreprises durant la transition. La grande taille de cet échantillon et les
conditions logistiques de la RDC ont imposé de réduire le nombre de méthodes
utilisées pour les évaluer.
Durant la mission principale sur le terrain, un représentant du SES du Ministère belge des
Affaires Etrangères a accompagné l’équipe des évaluateurs. Pour assurer une parfaite
transparence, cette personne a été présentée à chaque personne interviewée. Ce représentant
du SES n’était pas membre de l’équipe d’évaluation, il a gardé tout au long de la mission une
attitude d’observation, sa présence ayant pour but une meilleure connaissance personnelle des
mécanismes d’évaluation. Il est difficile de mesurer l’impact de cette présence sur les
réponses apportées, même si, a priori, cet impact semble faible, au vu du déroulement des
entretiens.
A la fin des deux missions (mission de démarrage et mission principale), une restitution des
premières conclusions a été présentée auprès de la plupart des parties prenantes qui ont pu
exprimer leurs observations et réactions (voir participants en annexe E). Le rapport a fait
l’objet d’un premier draft qui a été soumis pour commentaires à plusieurs parties prenantes
(Les représentants des bailleurs à Kinshasa, le SES de la coopération belge, SIDA, DFID,
11.11.11, etc.). Il a également été transmis au bureau chargé du suivi de la qualité des
différentes études de cas-pays (PARC). Chacun des commentaires de ces différentes parties
prenantes a fait l’objet d’une révision argumentée dans la version finale du rapport.
20
2.4. Compte rendu sur le guide d’évaluation
Le guide d’évaluation représente un outil très utile et particulièrement détaillé pour analyser
les interventions P&I. Il se base sur une analyse approfondie à la fois des aspects de
Participation et d’Imputabilité. Il a été utilement conçu pour mener les études de cas-pays et il
a permis à l’équipe d’examiner un large éventail de facteurs liés à la P&I.
Cependant, le guide s’avère très complexe et contient plusieurs niveaux d’analyse, à savoir :
les cinq composantes du guide, les quatre questions d’évaluation et les critères du CAD. Alors
que les composantes et les questions d’évaluation constituent un fil adéquat et utile pour
l’analyse des interventions P&I, les critères du CAD apparaissent parfois comme un ajout
superflu à la méthodologie. De plus, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une évaluation de
projets individuels, les critères du CAD ne sont pas nécessairement les plus appropriés pour
analyser le soutien général des bailleurs à la P&I dans un pays.
21
Troisième partie : le Contexte pour la P&I
3.1. Le contexte socio économique
La RDC est le troisième plus grand pays du continent africain. Sa position centrale en Afrique
et sa richesse en ressources naturelles et en matières premières ont toujours attiré les
convoitises des puissances occidentales ainsi que de ses voisins régionaux. Cette situation
privilégiée est par contre en contraste total avec la pauvreté généralisée du pays.
Près de 400 groupes ethniques coexistent sur le vaste territoire de la RDC10. La population,
estimée à 58 millions d’habitants, vit pour la grande majorité sous le seuil de pauvreté
(71%)11. La mauvaise gestion des ressources nationales et les guerres successives ont conduit
à la détérioration générale de la situation socio-économique du pays : délabrement des
infrastructures économiques et sociales de base, rétrécissement du secteur privé formel, pertes
de vies humaines par millions, déplacements de populations par centaines de milliers, baisse
générale du niveau de vie de la population, émergence et développement des activités des
OSC pour assurer la survie de la population face à la démission de l’Etat dans ses missions
essentielles de service public.
Ainsi, la RDC est devenue l’un des pays les plus pauvres du monde. Avec un Indice de
Développement Humain de 0,411 (IDH 2005), la RDC se situe à la fois en dessous de la
moyenne de l’Afrique subsaharienne (0,493) et en dessous de la moyenne des pays les moins
avancés (0,488).
De 1996 à la fin de 2001, le Kasaï Oriental n’a pas échappé aux méfaits des différentes
guerres. Les ressources naturelles (notamment le diamant, le bois, le cheptel, etc.) ont été
exploitées à outrance tant par les forces alliées que par les forces de la rébellion. La principale
société d’exploitation du diamant du pays, la MIBA, a été spoliée de ses principales
ressources financières et matérielles soit pour soutenir l’effort des guerres, soit simplement
pour enrichir les agresseurs. Elle est aujourd’hui en cessation de paiement.
D’autres conflits antérieurs, notamment interethniques de 1992-1993, ont affecté les
communautés kasaïennes vivant dans la province voisine du Katanga. Ces conflits ont forcé
plus de 500.000 familles kasaïennes du Katanga à rentrer au Kasaï Oriental après avoir perdu
10
Estimation obtenue à la suite de différentes recherches croisées sur Internet. Voyez par exemple le site :
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%C3%A9mocratique_du_Congo#_note-7 qui renseigne
plusieurs sources référençant de 250 à 450 groupes ethniques (Bantu, Soudanais, Nilotique, Chamite, Pygmée,
etc.). Ceux-ci sont à leur tour divisés en sous-groupe.
11
DSCRP, p.24
22
la plupart de leurs biens et, souvent, plusieurs membres de leurs familles. Aujourd’hui,
beaucoup de ces déplacés vivent dans des conditions infrahumaines12.
La proportion de la population de cette province, vivant avec moins d’un dollar par jour, est
estimée à 83 %. Le PIB par habitant est inférieur de 14 % à ce qu’il était en 199913.
Durant les années de troubles, la répartition des pouvoirs en RDC se caractérise par une
démission de l’Etat dans ses missions essentielles, l’absence de mécanismes de contrôle
nationaux et un cadre légal déliquescent. Le pouvoir est davantage détenu par les potentats
locaux et les chefs de clan, ce qui peut amener à des replis identitaires et à des conflits
interethniques violents (par exemple : le conflit Kantago-Kasaïens). L’Est du pays (les deux
Kivus, et l’Ituri) voit régner des chefs de guerre qui sèment la terreur parmi la population
civile et se livrent à des luttes sanglantes pour la maîtrise des richesses naturelles.
Dans leur combat pour la survie, les congolais peuvent néanmoins compter sur la dynamique
communautaire (voir 3.5) et la famille. En effet, malgré la situation économique désastreuse,
la solidarité interpersonnelle, favorisée par une conception large de la famille, reste un ciment
fort de la société congolaise qui permet d’atténuer l’acuité des effets de la crise économique.
Cette solidarité fait naître de nombreux réseaux de dons et de contre dons, parfois très étalés
dans la durée. La famille reste vue par la très grande majorité des congolais comme le lieu
d’épanouissement par excellence. Les familles consacrent une partie importante de leurs
revenus à l’éducation et à la santé et compensent ainsi, tant bien que mal, la démission de
l’Etat dans ces deux secteurs.
La religion constitue également un important refuge à la dure réalité quotidienne. Les églises
sont parmi les institutions les plus influentes du pays. Le catholicisme, le protestantisme et le
kimbanguisme (communauté chrétienne de rite protestant, qui vénère la mémoire de Simon
Kimbangu, martyr de l’intolérance religieuse à l’époque coloniale) sont les religions les plus
pratiquées. L’Islam compte également plusieurs milliers d’adeptes. A côté de ces grands
cultes fleurissent en RDC des myriades d’églises du réveil et de sectes dont le financement ne
brille pas toujours par sa transparence… Dans l’ensemble, les Congolais pratiquent leur culte
de manière tolérante. La RDC ne semble pas être un terreau propice au développement de
communautés fondamentalistes. En revanche, la pratique religieuse se juxtapose parfois avec
les superstitions, le fétichisme, voire la sorcellerie. Il n’est pas rare que des enfants, soi-disant
ensorcelés, fassent l’objet de véritables sévices ou soient abandonnés par leur famille.
23
l’Est (Rwanda, Burundi, Ouganda). Ceux-ci prirent prétexte de l’incapacité de Kinshasa à
contrôler les rebelles hutus Interhamwe (exilés en RDC après le génocide commis au Rwanda
en 1994) pour intervenir militairement sur le territoire congolais. Cette longue période de
guerre divisa le Congo jusqu’en 2003 et coûta la vie à plus de 3 millions de personnes14 et
verra Laurent Désiré Kabila se faire assassiner à son tour en janvier 2001. Il sera remplacé par
son fils Joseph Kabila à la tête du pays. L’Accord global et inclusif de Pretoria (2002) a
marqué officiellement la fin de ces années de guerre, bien que des poches de conflits aient
perduré et perdurent encore, notamment à l’Est du pays. Cet accord a engagé la RDC dans un
processus de transition politique jusqu’à la tenue d’élections démocratiques en 2006 sous la
supervision de la Communauté internationale (CIAT et MONUC).
Malgré des campagnes électorales marquées par la prolifération des discours de haine et le
déséquilibre des moyens mis à la disposition des candidats, la population congolaise a
démontré, avec dignité et détermination, son attachement à un modèle démocratique et non-
violent de désignation de ses dirigeants. Ces élections ont été l’aboutissement d’un long et
difficile processus de retour à la paix et de stabilisation des institutions politiques de la RDC.
Elles ont permis de franchir une étape décisive vers la consolidation de la démocratie et vers
une vie politique apaisée impliquant l’ensemble des acteurs politiques congolais. Cependant,
de nombreux événements récents (affrontement entre les groupes armés de Bemba et les
troupes gouvernementales en mars 2007, nouveaux conflits à l’Est du pays, etc.) ont démontré
que le chemin vers la consolidation de la paix et de la démocratie reste long.
14
Parmi les études les plus sérieuses qui ont été menées sur la situation humanitaire de la RDC durant les années
de guerre, on citera notamment les rapports de l’ONG américaine International Rescue Committee. Ainsi entre
1998 et 2002, l’IRC avait estimé la mortalité excédentaire causée par le conflit congolais à 3,3 millions de morts.
Voir: International Rescue Committee, “Mortality in the Democratic Republic of Congo, Results from a
Nationwide Survey”, Conducted September-November 2002, reported April 2003.
Un nouveau rapport publié en 2007 montre que l’ampleur de la crise humanitaire n’a pas pris fin avec la
Transition politique puisque le nombre de morts excédentaires est maintenant évalué à 5,8 millions de personnes.
Voir International Rescue Committee, “Mortality in the Democratic Republic of Congo, An Ongoing Process”,
fifth and latest survey, covering the period from January 2006 to April 2007 (disponible sur le site:
http://www.theirc.org/resources/2007/2006-7_congomortalitysurvey.pdf ). Le rapport de l'IRC souligne que
depuis la transition, peu de décès sont reliés à la violence, la plupart des décès sont en effet attribuable à des
maladies facilement évitables ou traitables comme la malaria, la diarrhée, la pneumonie et la malnutrition.
24
- la Commission d’Ethique et de Lutte contre la Corruption (CELC), garante de la
bonne gouvernance, de la transparence et de l’assainissement des mœurs publiques ;
- la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), avec pour mandat d’aider les
Congolais à relire leur histoire et à connaître la vérité sur les causes des violations des
droits de l’homme et crimes subis, en vue de les réconcilier ;
- l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH), pour l’observation et le
contrôle du respect des droits humains.
Il ressort de nos entretiens avec des personnes ressources que si la CEI et la HAM ont été en
mesure d’assurer substantiellement les objectifs qui leur étaient confiés, ce ne fut pas
vraiment le cas de la CECL, de la CVR et de l’ONDH, faute de moyens et parfois de volonté
politique.
Les élections ont permis la mise en place de nouvelles institutions, telles qu’elles ont été
prévues dans la nouvelle Constitution adoptée par référendum le 19 décembre 2005. Il s’agit
principalement des institutions suivantes :
- Le Président de la République ;
- La Chambre basse du parlement (l’Assemblée Nationale) ;
- La Chambre haute du parlement (le Sénat) ;
- Et dans chaque province du pays : un Gouverneur élu au suffrage indirect, une
Assemblée provinciale et un Gouvernement provincial.
25
3.4. La bonne gouvernance : défi du développement
Les décennies de la dictature ont anéanti les principes élémentaires de la saine gestion
publique et la situation s’est encore dégradée au cours des années de guerres. Tous les
indicateurs de gouvernance sont au plus bas depuis 1998 et la RDC se place en dessous de la
moyenne des autres pays de la région. En 2006, la RDC obtient un score de 5,8 sur 100 au
niveau de l’indicateur « Voice and Accountability » de la Banque Mondiale15. Tous les
indicateurs sont dans le rouge pour le Global Integrity report de 2006 (note globale « très
faible ») qui mesure l’existence et l’efficacité des mécanismes nationaux anti-corruption et la
RDC est classée 144ème sur 158 pays dans le rapport de Transparency International qui
mesure le degré de corruption (voir référence en Annexe C).
Au cours de la Transition certaines initiatives ont été mises en place pour tenter de redresser
le niveau de gouvernance des pouvoirs publics et leur capacité à répondre aux préoccupations
des citoyens. Ainsi, un Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités (SENAREC)
a été créé. Celui-ci avait notamment pour mission d’élaborer un Appui au Programme
National d’Urgence de Renforcement des Capacités en RDC (APNURC) avec le concours des
partenaires extérieurs16. Malgré les ambitions de ce programme financé par pas moins de sept
bailleurs17, on doit jusqu’à présent conclure à une portée limitée de l’APNURC. D’après les
personnes ressources interrogées, cela s’explique notamment par le fait qu’il était orienté
exclusivement vers les activités de renforcement des capacités relevant du domaine de la
gestion macro-économique et, cela au seul niveau de l’Administration centrale des services
publics. Certains domaines du secteur public à l’échelle centrale et provinciale, le secteur
privé ainsi que la société civile n’ont pas été pris en compte dans l’APNURC, en dépit de leur
rôle déterminant dans la reconstruction du pays. La portée limitée du programme est
également le fait d’un manque de coordination et de dialogue entre les différents bailleurs
ainsi qu’un manque de leadership de la partie congolaise18.
La nouvelle Constitution place également la gouvernance au centre des priorités. Elle pointe
notamment les enjeux suivants comme fondamentaux : l’instauration de la bonne
gouvernance comme l’une des priorités de lutte contre la pauvreté ; le découpage territorial
avec de nouvelles provinces, la décentralisation et l’unité du pays. L’enjeu est également
d’améliorer l’imputabilité horizontale, à savoir une clarification de la répartition des pouvoirs
entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire.
15
Source: World Bank, Worldwilde Governance Indicators: 1996-2006. La Banque mondiale analyse plusieurs
indicateurs de gouvernance dont celui de “Voice and Accoutability”.
16
Pour une présentation du SENAREC et du PNURC, voyez notamment : SENAREC, Note de présentaiton du
Secrétariat Général pour le Renforcement des capacités, Kinshasa, juillet 2003 (version disponible sur le site
http://www.ccre.cd/senarec/senarecapropos.pdf ).
17 PNUD, BAD, ACDI, ACBF, la France, la Belgique, la BM.
18
Entretiens avec des membres de la CTB et du PNUD notamment.
26
pays ont été appelés à contribuer à l’analyse de l'état de la pauvreté dans le pays et à se
prononcer sur les voies et moyens de rendre meilleures les conditions de vie de la population.
Malgré des moyens restreints, l’action des organisations de la société civile sur le
déroulement des élections, ainsi que sur les plans institutionnel, socio-économique et du lobby
politique tant durant la transition qu’après cette période, a très certainement été essentielle20.
Certaines Organisations de la Société Civile (OSC) aux capacités humaines et
institutionnelles plus importantes ont assuré leur rôle de contre pouvoir avec détermination.
C’est notamment le cas du CNONG qui coordonne l’action des ONG en RDC.
Cependant dans ce foisonnement multiple d’organisations, nombreuses sont aussi celles qui
sont confrontées à des problèmes aigus qui réduisent leur capacité d’action (problèmes de
gouvernance interne, manque de prise en compte de la dimension genre, impact limité auprès
des citoyens, désertion des membres dirigeants, …). Par ailleurs, l’utilisation fréquente en
RDC du concept d’ONG par des individus, pour développer une activité professionnelle ou
pour soutenir une carrière politique personnelle, est de nature à dévaloriser l’action des ONG
à finalité réellement sociale.
27
centre de la société congolaise et les Eglises font partie des institutions les plus influentes du
pays. L’Eglise Catholique en particulier (le Catholicisme est la religion la plus répandue en
RDC) dispose d’un réseau bien établi dans le pays même dans les zones rurales les plus
éloignées.
Depuis l’époque coloniale, la RDC a hérité d’une forte culture syndicale. Le nombre exact
de syndicats n’est pas disponible mais on estime entre 117 et 380 leur nombre à travers le
pays. Le faible niveau d’emplois formels et la situation socio-économique actuelle rend
l’action syndicale extrêmement difficile. Il en résulte une représentation syndicale limitée.
Néanmoins, les syndicats sont au centre du dialogue social et essaient de promouvoir la
réconciliation nationale ainsi qu’une plus grande égalité entre les hommes et les femmes. Ils
agissent également contre le travail des enfants.
Dans un pays avec un faible taux d’alphabétisation et où la majorité des congolais ont un
pouvoir d’achat limité, la presse écrite et la TV sont peu répandues. La Radio constitue dès
lors la source d’information la plus importante. En outre, la radio est extrêmement populaire
auprès de la majorité des congolais et joue un rôle important dans la vie quotidienne de la
population qui écoute avec attention les informations, les émissions et la musique. Cependant,
les stations radios restent souvent locales et doivent relever de nombreux défis logistiques et
d’infrastructures, telles que les fréquentes coupures d’électricité. Enfin, les journalistes radios
compétents sont rares et peu (ou pas) payés, ce qui constitue une entrave permanente à leur
indépendance.
Jusqu’au début des années quatre vingt, la RDC (alors Zaïre) bénéficiait de diverses
ressources extérieures tant au titre d’emprunts qu’au titre de dons. En l’absence d’un cadre
approprié de gestion et de suivi des ressources extérieures, la mobilisation des aides s’est faite
en ordre dispersé. Afin de pallier ce problème de gestion, le régime a créé à l’époque, un
Comité de Coordination des Ressources Extérieures (CCRE).
Durant les années quatre vingt, les données du CCRE révèlent quelques variations de l’aide
extérieure en fonction du contexte et de la capacité d’absorption de la RDC. De 1982 à 1989
les partenaires bilatéraux sont intervenus à concurrence de 50,03% de l’ensemble des
ressources, emprunts extérieurs et dons accordées à la RDC, alors que les partenaires
multilatéraux ont contribué pour 41,20% de ces mêmes ressources. Les institutions privées
extérieures ont, pour leur part, participé à 8,77% de cette aide extérieure.
Au cours des années nonante, l’évolution des aides extérieures a été fortement influencée par
le contexte politique et institutionnel. Ainsi, à partir de 1991, le régime Mobutiste va mettre
fin à la plupart des coopérations d’Etat à Etat, ce qui va se traduire par le gel des aides
structurelles. Les activités du CCRE seront mises en veilleuse et le début des années nonante
se caractérise par le développement d’une forme de coopération financière axée sur
l’allocation presque exclusive des ressources extérieures au profit des ONG. De 1991 à 1993,
le volume des aides extérieures tend fortement à baisser, suite à cette rupture.
28
Table 2 : Aide extérieure en RDC de 1990 à 1999 (millions USD)
ANNEES
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
TOTAL 469,6 266,38 94,66 107,6 148 313,7 324,35 240,47 124,5 195
Source : CCRE, rapport sur les ressources extérieures mobilisées pour le développement de la RDC
(exercices 2001-2002), Kinshasa, décembre 2002
Durant la période de guerre, on constate que l’origine de l’aide vient principalement de dons
(77%) plutôt que de ressources remboursables (23%) et ces dons sont principalement affectés
au domaine de l’assistance et du secours d’urgence ainsi que de l’aide alimentaire. Les
partenaires multilatéraux interviennent alors à concurrence de 60,65% de l’ensemble de cette
aide, alors que les partenaires bilatéraux y contribuent seulement à raison de 36,80%.
Les premières années du nouveau millénaire se caractérisent par une nette reprise de l’aide
publique au développement (APD), qui va s’accélérer à partir de 2002 pour faire face aux
urgences humanitaires et pour soutenir le processus de transition politique. L’aide est alors
principalement composée de dons (79% pour la période 2002-06), pour 21% de prêts. A partir
de 2003 et la progressive reprise des coopérations d’Etat, les aides bilatérales constituent,
selon l’OCDE, à nouveau la majorité de l’aide, l’appui multilatéral ne représentant plus que
22%21 (période 2003 à 2006)22.
Cette aide récente à la RDC, à première vue importante, se caractérise surtout par des
opérations de remise de dette. C’est particulièrement le cas en 2003, lorsque la RDC va
bénéficier d’une importante réduction de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE.
L’allègement de cette dette, accumulée au cours des années de la dictature, était devenue
indispensable pour la survie même du pays. L’initiative PPTE a évité au pays une faillite
virtuelle et a probablement contribué à mettre sur rail la fragile transition démocratique. Cette
proportion très importante d’opérations d’allègement de dette dans l’aide extérieure récente de
la RDC, incite cependant les ONG internationales à dénoncer une aide apparente à la RDC
qui ne profite pas à la population et qui est destinée à rembourser des emprunts accumulés,
durant les décennies, par un régime autoritaire et ‘kleptocratique’. D’autant plus que, malgré
ces opérations d’allègement, le remboursement de la dette accapare, aujourd’hui encore,
19,6% des dépenses totales de l’Etat.
21
OCDE, Calculs effectués sur les décaissements bruts.
22
Les données reçues du Ministère du Plan de la RDC ne correspondent pas à ces données de l’OCDE. Pour
l’année 2006, le Ministère du Plan a enregistré des décaissements extérieurs de seulement 1.117,8 (millions
USD) dont 73% proviennent des bailleurs multilatéraux (Voir Ministère du Plan – direction de la coordination
des ressources extérieures, Statistiques de la RDC relatives aux décaissements extérieurs en 2006).
29
internationale sur le continent africain (premier bénéficiaire entre 2002 et 2003) et dans le
monde (septième bénéficiaire mondial en 2006).
Pour la période la plus récente (2004-2005), les principaux bailleurs de la RDC étaient par
ordre d’importance : la BM, l’Union Européenne, la Belgique, le Royaume-Uni, les Etats-
Unis et la France. La plupart de ces bailleurs étaient déjà présents durant les années nonante,
seul le Royaume-Uni est venu s’ajouter à ces principaux bailleurs.
Même s’il est difficile de disposer de données précises, directement comparables dans le
temps, sur la répartition sectorielle de l’aide, une évolution générale peut être remarquée.
Ainsi, durant les premières années du 21ème siècle, les opérations de remises de dette et l’aide
d’urgence ont représenté la plus grande partie de l’aide accordée à la RDC. Mais depuis 2006,
des aides supplémentaires ont été dégagées pour soutenir le processus électoral et de
démocratisation.
Ainsi la bonne gouvernance et l’appui à la Démocratie et à l’état de droit sont des domaines
particulièrement soutenus à partir de cette date et il est probable que l’évolution future se
poursuive dans ce sens selon les documents de stratégie politique (DSCRP) qui mettent en
exergue l’importance de soutenir la bonne gouvernance.
30
Quatrième partie : Constats
4.1. Environnement pour la P&I
Opportunités
Bien que réalisées dans un contexte d’Etat fragile, aux lendemains immédiats d’une très
longue crise, les interventions d’appui à la P&I qui ont été mises en oeuvre en RD Congo ont
pu profiter de différentes opportunités qui vont, dans certains cas, faciliter l’atteinte de leurs
objectifs.
La principale opportunité est avant tout politique : après des décennies de dictature et plus
de six années de conflit, l’existence de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka et de l’accord
global et inclusif de Pretoria, offre le minimum de stabilité et de sécurité régionale
indispensable à la relance des activités politiques, sociales et économiques de l’Afrique
centrale et de la RDC. De manière plus particulière, les accords de Pretoria contiennent une
autre opportunité : la description précise des institutions politiques de transition et le mode
d’implication et de participation des différentes composantes (belligérantes, politiques mais
aussi de la société civile) dans la mise en place et le fonctionnement de ces institutions
transitoires.
31
Les opportunités sont également internes à la société congolaise. A ce niveau, la plupart des
interlocuteurs rencontrés durant l’évaluation citent d’abord l’avidité d’informations et de
participation de la population congolaise en général23.La longueur de la crise, la
profondeur de la récession et l’effet désastreux de la mauvaise gouvernance sur la vie
quotidienne du congolais, ont suscité au sein de la population en général une aspiration
urgente à tout faire pour sortir au plus vite de cette crise. En outre, malgré les années de
guerre civile et les tentatives d’exacerber les différences ethniques, un sentiment d’identité
nationale et de fierté d’appartenance à une même nation est demeuré profond au sein d’une
majorité de la population congolaise.
Enfin, l’évaluation identifie une dernière opportunité importante pour la réalisation des
interventions d’appui à la P&I : la mise en place progressive, quoique encore fort
rudimentaire, de différents textes et cadres législatifs adoptés au démarrage de la période
de Transition. Ces textes sont, en soi, déjà des premiers résultats du renforcement de la
gouvernance, sur lesquels pourront s’appuyer des actions futures de P&I. A titre d’exemple,
on peut notamment citer : le principe de la décentralisation confirmé par l’adoption de la
nouvelle constitution, les conclusions de la commission Lutundula24 sur les contrats relatifs
23
Le taux de participation élevé lors des élections mais aussi l’utilisation de la radio pour interpeller les
politiques ou la propension à répondre à la présente évaluation, sont autant d’illustration de volonté de la
population de s’impliquer dans la chose publique.
24
En juin 2005, la Commission Lutundula, une commission spéciale de l’Assemblée Nationale, dirigée par le
député Christophe Lutundula, a remis, un rapport relatif aux enquêtes effectuées durant plus de six mois sur les
contrats miniers et les autres contrats d’affaires signés par les rebelles et les autorités gouvernementales entre
32
aux accords miniers signés entre 1999 et 2003, l’adhésion de la RDC au processus de
l’Initiative pour la transparence de la gestion des industries extractives en 2005, etc.
La plupart des bailleurs actifs en RDC se sont appuyés sur la détermination de la
Communauté Internationale à sortir de la crise pour multiplier leurs interventions dans le
secteur de la gouvernance : la croissance des volumes des interventions depuis le début des
années 2000 est significative à cet égard. Toutefois, le nombre de ces bailleurs est resté limité
et les bailleurs présents sont intervenus de manière dispersée et discontinue (l’intensité de
l’appui a fluctué au gré des incertitudes qui ont pesé sur l’évolution du processus de
démocratisation).
Obstacles et contraintes
En situation de très grande fragilité encore, la RDC présente un nombre important d’obstacles
et de contraintes au renforcement de la P&I.
De manière synthétique, il est possible de citer les principaux obstacles, en particulier ceux
auxquels ont été confrontées les interventions analysées :
- Le contexte politique : la fragilité de la démocratie (troubles postélectoraux), la
persistance de poches de conflits notamment à l’Est du pays, le faible niveau général
de sécurité (notamment au Kasaï Oriental) et le nombre élevé de personnes victimes
de ces conflits ou de cette insécurité (des centaines de milliers de personnes déplacées,
exactions sur les populations civiles et en particulier sur les femmes).
- La complexité, le caractère inachevé et non durable des Institutions de la Transition et
du mode de répartition du pouvoir qu’il implique : cette répartition impose à d’anciens
belligérants qui ont combattus par les armes de cogérer ensemble un Etat. Elle accorde
un pouvoir comparable à des composantes dont la représentativité est fort inégale.
Celles qui sont conscientes de leur surreprésentation dans les organes de la transition,
sont aussi conscientes de la perte de pouvoir qu’impliquera pour elles le processus
électoral. Cette situation spécifique des institutions de transition est porteuse de
différentes contraintes : des stratégies de retardement sont menées par certains acteurs,
les pouvoirs locaux ne sont pas encore légitimement élus, les institutions d’appui à la
démocratie sont interrompues à la fin de la Transition, etc.
- Le niveau généralisé de pauvreté extrême : c’est un contexte qui peut favoriser
l’émergence de la petite corruption et l’exploitation informelle des ressources
naturelles. Il multiplie les préoccupations de survie qui handicapent la capacité de
militance et d’investissement dans la P&I.
1996 et 2003, lorsque la guerre faisait rage au Congo. Ce rapport réalisé par des parlementaires de la Transition a
constaté que des douzaines de contrats sont soit illégaux, soit d’une valeur limitée pour le développement du
pays. Le rapport a recommandé leur abrogation ou leur renégociation. Il a recommandé également une action
judiciaire contre un certain nombre d’acteurs de haut rang appartenant au monde politique ou à celui des affaires,
impliqués dans ces opérations. Après de nombreux mois d’attente, ce rapport a été diffusé à tous les
parlementaires mais son examen officiel par la chambre a été reporté à de nombreuses reprises. Les organisations
de la société civile continuent à s’appuyer sur ce rapport pour exiger la révision de ces contrats.
33
vivre »
Délégué d’entreprise, CSC, Kinshasa, 11.12.2007
L’ampleur et la diversité des obstacles et contraintes expliquent pour une bonne part le
caractère encore partiel et très largement inachevé de l’appui qui est actuellement apporté à la
P&I en RDC, au travers des interventions financées par les bailleurs partenaires de
l’évaluation.
Compte tenu de ces contraintes, la plupart des bailleurs ont d’ailleurs dans un premier temps
délibérément choisi de ne pas appuyer directement les autorités publiques (Gouvernement et
parlement de transition) estimant que le peu de fiabilité de ces institutions hypothéquait
l’efficacité de ces appuis. Ceci aura nécessairement un impact sur le type d’appuis P&I qui
ont pu être identifiés en RDC : importance de l’appui accordé à la société civile et au volet
demande, notamment.
25
Ainsi par exemple, le Ministère de l’Intérieur congolais était insuffisamment réorganisé et renforcé que pour
pouvoir s’approprier les résultats et les expériences que l’on peut tirer de la mise en œuvre par la CEI des deux
processus électoraux réalisés.
34
Points d’entrée
L’évolution historique récente de la RDC a fortement prédéterminé le choix des points
d’entrée des différents bailleurs qui ont financé un appui au renforcement de la P&I. L’accord
global et inclusif a défini les objectifs de la transition. Plusieurs d’entre eux ont servi de
référence pour la plupart des interventions évaluées.
Les institutions issues de cet accord politique ont constitué des points d’entrée privilégiés
pour les interventions P&I :
- la Commission Electorale Indépendante (CEI) ;
- la Haute Autorité des Médias (HAM) ;
- la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) ;
- l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH) ;
- la Commission d’Ethique et de Lutte contre la Corruption (CELC).
La mise en place de ces institutions réorganisées faisait partie de la création d’un ordre
politique nouveau cautionné par la Communauté internationale. Cette caution a incité les
différents bailleurs à contribuer à la mise en place de ces institutions. Le projet d’appui aux
AIT (Voir annexe D2) a utilisé essentiellement ce point d’entrée, d’autres projets ont parfois
indirectement appuyé cette mise en place : WWICS (Voir annexe D5), GW (Voir annexe D6),
et RCN (Voir annexe D9).
26
Pour illustrer les affirmations avancées dans cette partie de l’étude, quelques projets, auxquels se rapporte
l’assertion, sont cités à titre d’exemple. Cette citation n’est jamais exhaustive mais purement illustrative (chaque
projet cité ne correspond pas nécessairement avec la même intensité à la donnée qu’il illustre).
35
Une attention particulière est accordée aux outils de pacification, comme point d’entrée des
interventions (campagne d’éducation civique, prévention des conflits, réunification nationale).
A cet égard, dans le contexte congolais, les médias, et notamment la radio, se sont avérés être
des canaux privilégiés. La souplesse de la radio en a fait le point d’entrée privilégié pour une
large diffusion des informations de pacification (usage des langues locales) mais aussi
progressivement comme outil d’interpellation et de débat sur ces questions de pacification.
Des projets comme Radio Okapi ou SFCG mais aussi RCN ont privilégié ce point d’entrée.
La fin de la Transition politique et les élections ont ouvert la voie à de nouvelles portes
d’entrée qui commencent à être exploitées par certains bailleurs :
- Les nouvelles institutions issues des élections (Présidence et surtout Assemblées
Nationales)
- La reconduction de la CEI (renommée CENI) et de la HAM (renommée CSAC).
- La nouvelle constitution, adoptée par référendum en 2005, et qui place la gouvernance
au centre du développement.
- Le DSCRP, qui constitue le document de référence pour les politiques de
développement futures et dont la bonne gouvernance constitue le premier pilier.
- L’ambitieux processus de décentralisation en préparation à l’assemblée nationale. Le
projet PAIDECO (Voir annexe D10) se situe dans cette perspective.
Tout récemment, surtout après la fin de la Transition en RDC, la stratégie des bailleurs s’est
mieux structurée tout en restant encore fortement cloisonnée.
A partir de 2007, la Belgique a décidé de focaliser près d’un quart de son aide sur la
gouvernance en se concentrant de manière plus stratégique sur quelques domaines
d’interventions : le renforcement des capacités des ministères congolais (justice et fonction
publique notamment) en particulier. DFID a choisi de participer au programme multi bailleurs
avec le PNUD et de focaliser ainsi son appui à la gouvernance autour de cinq axes :
gouvernance politique, gouvernance administrative, gouvernance économique, gouvernance
locale, gouvernance judiciaire et sécuritaire. La Suède, a consacré, ces dernières années, un
tiers de son budget en RDC à deux domaines d’appui à la gouvernance : l’appui à la paix et la
prévention des conflits d’une part et les droits de l’homme et la gouvernance démocratique,
d’autre part.
36
Au niveau plus spécifique des différentes interventions financées par les bailleurs partenaires
de cette évaluation et qui font l’objet de l’étude, trois stratégies essentielles peuvent être mise
en évidence :
1. Une stratégie de renforcement en quantité et qualité de l’expression et de la
revendication citoyenne : expression du choix de l’électeur (AIT, EISA), expression
du citoyen dans les médias (Radio Okapi), expression du citoyen à l’égard de son
administration communale (PAIDECO), expression et défense de ses droits (RCN),
capacité de présenter des revendications cohérentes et de les négocier avec les
employeurs ou les politiques (CSC), expression de revendications plus générales
(lobby), de modèle de société (GW, CNONGD, CSC), etc. Améliorer la qualité de la
revendication passe aussi par une meilleure connaissance (de ses droits, devoirs,…) :
les interventions de renforcement de la diffusion d’informations (Radio Okapi, SFCG)
abordent ce double aspect de la stratégie (accès à une meilleure information pour
construire une revendication citoyenne de meilleure qualité).
2. Une stratégie d’appui aux institutions de l’Etat, aux institutions d’appui à l’Etat, mais
aussi aux leaders ou fonctionnaires de ces institutions, afin que l’Etat puisse retrouver
ses fonctions essentielles et les assumer dans une plus grande transparence : (AIT,
EISA, WWICS, RCN, PAIDECO). Ce renforcement de la transparence et du
changement de comportement des pouvoirs publics dépend partiellement d’une plus
grande capacité d’interpellation de la société civile qui est soutenue par les bailleurs :
lobby, revendication, utilisation des médias, négociation (Radio Okapi, GW,
CNONGD, CSC).
3. Une stratégie qui facilite le rapprochement entre l’Etat et le citoyen pour réduire la
méfiance réciproque, améliorer la compréhension mutuelle, préciser les limites de la
responsabilité des institutions et finalement renforcer cette relation entre P&I : EISA
(parlementaires et représentant de la Communauté internationale), WWICS (leader
politiques et société civile), RCN (professionnel de justice et société civile),
PAIDECO (administration communale et société civile).
Dans la plupart des cas, les interventions d’appui à la P&I analysées par cette évaluation, qui
ont agi d’abord sur les capacités des institutions de transition, ont eu également un effet, mais
partiel, sur celles des nouvelles institutions élues, dans la mesure où les deux sont étroitement
dépendantes et dans la mesure aussi où une partie des capacités individuelles renforcées
durant la transition ont pu être sauvegardées.
Capacité renforcée des institutions de l’Etat pour répondre aux interpellations des
citoyens et pour rendre des comptes. Compétences techniques pour développer ou
maintenir un système d’imputabilité
37
Le principal renforcement de capacité des institutions publiques, et le plus urgent compte tenu
du contexte de départ, a été une contribution en matériel et en infrastructures de base :
réquisition de bâtiments, réhabilitation des infrastructures, équipements de base pour le
fonctionnement, matériel de formation électoral, moyens de transport et de sécurisation pour
les élections, etc. Cette concentration massive sur l’appui matériel est d’ailleurs fortement
critiquée par les organisations locales.
Mais d’autres renforcements de capacité sont également fournis aux institutions publiques :
- moyens financiers pour assurer le paiement du personnel (des institutions de transition
pour le projet AIT, ou des fonctionnaires locaux pour PAIDECO) : pour renforcer
l’efficacité de leur travail et réduire le risque de corruption : c’est un facteur important
de meilleure responsabilisation de l’autorité publique à l’égard du citoyen. Une probité
générale plus élevée est globalement reconnue chez les agents financés par les
interventions27 ;
- formations, encadrement, échange d’expériences : afin de renforcer les capacités de
rédaction des législations, de négocier ces textes entre acteurs (AIT, EISA, WWICS,
RCN, PAIDECO) ;
- organisation d’ateliers de discussion et de rencontre entre leaders afin de réduire les
tensions et renforcer indirectement la sécurité nationale, une des fonctions de l’Etat
(WWICS).
Dans ce contexte, l’efficacité de ces interventions reste donc limitée, surtout en ce qui
concerne l’imputabilité des institutions publiques appuyées. Cet impact attendu sur
l’imputabilité est d’ailleurs parfois surévalué par les bailleurs dans ces circonstances : le fait
d’assurer la relance du fonctionnement minimal de l’Etat n’implique pas nécessairement que
27
Pour plusieurs représentants de l’autorité publique (responsables de la CEI, du ministère de la Justice, du
ministère de l’Intérieur et du ministère du Plan), le fait de pouvoir accorder un salaire régulier au fonctionnaire
permet d’être plus exigeant à son égard en terme de qualité des prestations, d’attitude plus indépendante et plus
incorruptible, même s’il ne s’agit pas là du seul facteur qui influence la probité de ce fonctionnaire.
38
toutes les conditions de gouvernance soient remplies automatiquement, ce que la
Communauté Internationale attend parfois immédiatement : le financement du processus
électoral peut dans le meilleur des cas assurer un choix juste et transparent de l’élu mais ne
garantit pas automatiquement la probité de celui-ci. On constate ici la limite de la démocratie
formelle.
Les appuis au CNONGD et à la CSC sont également deux interventions qui agissent
principalement sur ce renforcement des capacités de plaidoyer des OSC. Ici, le contexte est
différent : il s’agit de partenariats de longue date qui visent à renforcer une position
d’interlocuteur reconnu de ces organisations dans leur secteur respectif. Il s’agit de soutenir
des organisations qui développent des plaidoyers plus généralistes à long terme et qui
revendiquent le droit de participer à une concertation/négociation plus structurée avec les
autorités publiques (émettre une diversité d’exigences pour défendre l’intérêt global de leurs
membres, devenir un interlocuteur reconnu auquel un avis est régulièrement sollicité par les
autorités publiques). Les modalités d’appui sont là plus classiques (journée de réflexion,
formations, etc.) et leur efficacité parfois mise en doute alors que l’objectif vise, là, un
renforcement plus collectif d’une organisation en tant qu’acteur de la P&I.
« Les formations, c’est bien mais elles sont pas assez nombreuses (120
formés alors qu’on a 3.000 membres) et puis entre les formations il faudrait
développer d’autres activités, d’autres initiatives pour aller plus loin dans
le renforcement des capacités »
Délégué syndical, Mbuji Mayi, 08/12/2007
Dans la plupart des autres interventions il existe également un volet de renforcement des
capacités des OSC, même si celui-ci n’est pas nécessairement le volet principal : création
d’outils pédagogiques comme appui à la formation électorale et formation de formateurs dans
les projets AIT ou EISA, formation des représentants de la société civile dans les projets RCN
et PAIDECO.
39
De manière globale donc, l’appui aux OSC se concentre plus directement sur le renforcement
des capacités de plaidoyer et d’interpellation des pouvoirs publics. Par contre, l’appui aux
institutions publiques est beaucoup plus général et vise de manière globale à renforcer leur
capacité à assumer leur responsabilité d’autorité plus qu’à améliorer les capacités
d’imputabilité de ces autorités. Plusieurs raisons expliquent ce déséquilibre : l’urgence de
répondre aux besoins essentiels de fonctionnement du côté de l’Etat, structures de l’Etat
encore instables ou trop temporaires au moment de la sortie de crise, confiance très limitées
de la majorité des bailleurs dans la fiabilité des institutions publiques.
Dans d’autres interventions, la société civile est un canal par lequel on exécute une partie de
l’intervention : les projets vont recourir aux ONG pour réaliser tout ou partie de la
sensibilisation électorale (projets AIT, EISA), pour alimenter le plaidoyer en information de
premières mains (GW), pour réaliser la construction de certaines infrastructures communales
(PAIDECO).
Parmi les acteurs étatiques, c’est particulièrement le parlement et les cinq commissions
d’appui à la démocratie qui seront les canaux les plus fréquemment utilisés pour développer
28
Les Comités Communaux de Développement (CCD) sont des organes consultatifs qui rassemblent des
représentants de la société civile locale et qui négocient avec les autorités communales les priorités en matière de
développement local.
40
les interventions (projets AIT, EISA, WWICS notamment) analysées par l’évaluation.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces choix :
- les commissions assumaient une partie de l’imputabilité de l’Etat durant la Transition
(justifier la bonne marche des élections, justifier la régulation des médias, investiguer
au niveau de la corruption, des droits de l’homme, etc.) ;
- le parlement avait une responsabilité antérieure aux autres institutions (le processus
dépendait pour une part de l’adoption des textes légaux). Il s’avère que le Parlement
semble bien avoir tiré profit de cet investissement des premières heures puisqu’il
apparaît aujourd’hui comme l’institution la plus dynamique parmi les institutions
élues.
Enfin la Radio a été utilisée comme un canal important pour le travail d’appui à la P&I.
Média le plus accessible dans les sociétés à faibles revenus, la radio congolaise devient
progressivement un canal plus performant pour sensibiliser et informer de manière correcte la
population, mais aussi pour permettre à celle-ci d’exprimer ses revendications et permettre
aux autorités de se justifier et de s’expliquer.
Epaces/processus pour exprimer ses voix, engager le dialogue et revendiquer ses droits.
Traditionnellement, la culture du dialogue et la valorisation des organisations de la société
civile sont des approches auxquelles la société congolaise a souvent eu recours, même si les
périodes de régime autoritaire ont mis en veilleuse certaines de ces pratiques. Les
interventions appuient la mise sur pied ou le fonctionnement de certains de ces espaces de
dialogue. Plusieurs exemples peuvent être cités :
- la société civile assume la présidence des Institutions d’appui à la Transition et est
impliquée dans leurs organes (projet AIT, EISA) ;
- les coordinations plus structurées de la société civile CNONGD ou CSC agissent plus
régulièrement comme porte parole de groupes de pression et sont plus régulièrement
invitées au dialogue ou à la consultation, même si elles regrettent encore le peu
d’impact de ces concertations/consultations ;
- dans deux interventions des espaces de concertation/dialogue expérimental ont été
créés : les ateliers de rencontre entre personnel de justice et société civile (RCN) et les
comités communaux ou locaux de développement mis en place par le projet
PAIDECO.
41
« En traitant des problèmes de justice au niveau communal, local, on
montre aux gens qu’on peut être acteur de sa propre situation ; la
population s’écarte un peu de cette logique facile ‘l’Etat devrait faire ceci,
l’Etat devrait faire cela ‘… En outre les gens apprennent à se connaître, Il
est alors plus difficile de recourir à des arrestations arbitraires quand on
est connu des gens »
Membre du staff de RCN, Kinshasa, 13/12/2007
Les émissions de radio de proximité sont un autre exemple de la possibilité de tisser des
mécanismes concrets de P&I : l’interpellation radiophonique entre dans les pratiques en RDC
particulièrement dans les grandes villes.
A la suite de plaintes d’auditeurs via les stations radio, principalement Radio Okapi, les
autorités publiques ont cédé à la pression publique et ont répondu aux besoins de ces citoyens,
à la fois dans et en dehors de Kinshasa. Comme exemples concrets, on peut citer
l’amélioration de l’accès à l’eau à Mbuji Mayi ; une diminution de la petite corruption de la
police locale de Mbuji Mayi ; des travaux pour améliorer les canalisations à Kinshasa ; et le
respect de droits de propriété (voir l’encadré ci-dessus).
42
Lors d’un Focus group, des participants ont réalisé un Diagramme de Venn qui montre
l’importance de Radio Okapi en tant qu’instrument permettant aux citoyens d’exprimer leurs
opinions et leurs préférences (voir le graphique ci-dessous)
Note : la taille et la couleur des cercles représentent l’importance de la radio (par exemple : l’influence sur les
autorités publiques) alors que la distance par rapport à la Communauté fait référence à l’accès (accès aux stations
par le téléphone, email, etc. et la disponibilité de la radio à répondre).
En conclusion de cette analyse des canaux utilisés pour appuyer la P&I en RD Congo, on peut
constater que les interventions soutiennent aussi bien le renforcement des mécanismes de
changement que les capacités des acteurs qui y participent :
- appui à la construction de la paix et la prévention des conflits comme préalable au
renforcement de la P&I (SFCG, Okapi), appui au processus électoral (AIT, EISA),
d’une part ;
- mais aussi appui aux acteurs de la Transition (AIT, WWICS), aux plates formes
d’expression de la voix des citoyens (CNONGD, CSC) ou aux structures de décision
au niveau communautaire ou local (RCN, PAIDECO).
Mais l’évaluation tend surtout à montrer que les canaux, qui doivent permettre un lien entre
Participation et Imputabilité, font assez largement défaut dans le contexte congolais. Il y a très
peu de canaux par lesquels les voix des citoyens sont prises en compte et traitées par les
autorités. En effet, l’évaluation P&I en RDC révèle que les interventions se concentrent
généralement soit sur la demande (renforcement des OSC) soit sur l’offre (renforcement des
institutions publiques), sans permettre à la demande de rencontrer l’offre. Deux facteurs au
moins expliquent cette situation :
43
- Les institutions publiques sont dans un tel état de délabrement qu’il faut d’abord se
concentrer sur leur revalidation minimale avant d’envisager qu’elles puissent répondre
aux préoccupations des citoyens.
- Le concept même de P&I, qui vise précisément à faire ce lien entre l’interpellation des
citoyens et la réponse des autorités publiques, est beaucoup moins familier en RDC
que le concept de «renforcement des capacités» qui vise plus l’intervention sur un
volet de la relation.
Enfin, l’évaluation n’a pas décelé d’intervention qui ciblait des groupes spécifiques de
population vulnérable. Ce concept est difficile à manipuler en RDC : dans la mesure où 70 à
80 % de la population congolaise vit sous le seuil de pauvreté, c’est bien la majorité de la
population qui est vulnérable. Beaucoup de projets ayant pour bénéficiaires la population
congolaise dans son ensemble touchent majoritairement des populations vulnérables. Par
contre, peu de projets, parmi ceux financés actuellement par les bailleurs s’adressent
spécifiquement à telle ou telle catégorie de personnes vulnérables : quelques projets
concernent plus spécifiquement les femmes (notamment face à la violence sexuelle) et les
enfants soldats. Ces projets situés surtout à l’Est du pays, en zones insécurisées, n’ont pas pu
faire l’objet de l’étude. Il faut toutefois constater que dans la situation d’urgence et de sortie
de crise en RDC, les bailleurs ont massivement privilégié l’appui à des interventions qui
concernent la population congolaise dans son ensemble plus que des projets ciblant des
groupes spécifiques.
C’est probablement au niveau des politiques générales, dans la mise en place des cadres
légaux, que des avancées plus significatives peuvent être constatées. C’est par contre dans les
pratiques quotidiennes, les comportements de ceux qui représentent ces autorités publiques
que les dérapages sont encore les plus fréquents.
44
Cette distance entre les avancées théoriques et les lenteurs de changements des pratiques
quotidiennes, de même que la distance extrême entre la catastrophique situation de départ en
matière de gouvernance et les conditions minimales à atteindre pour vivre dans un Etat de
droit, incitent parfois les observateurs extérieurs, peu avertis, à porter un jugement très négatif
sur la situation de P&I en RD Congo.
Le processus électoral réussi est donc certainement une première étape très significative vers
la prise de conscience de la nécessité théorique de l’imputabilité, comme de la durée limitée
du mandat électif. Mais cette prise de conscience doit encore se concrétiser dans les
comportements. Une fois encore, nous devons constater que la démocratie formelle n’est pas
en soi une garantie automatique d’un changement de comportement.
29
Les élections directes (législative à la chambre, présidentielle et assemblées provinciale) sont considérées par
l’ensemble des observateurs comme globalement libres et transparentes. Les élections indirectes (Sénat) ont été
jugées elles nettement moins correctes.
45
Au niveau de l’expression citoyenne et de ses revendications
Globalement, les résultats de plusieurs interventions permettent de conclure à une meilleure
information du citoyen : par la formation dans les ONG, par la présence de ces OSC dans les
débats politiques, par la liberté d’expression et la diffusion des campagnes de plaidoyer des
organisations locales ou internationales. Mais le moyen qui a certainement le plus d’effets sur
l’amélioration de l’accès à l’information, c’est la radio dans la mesure où elle a évolué
récemment vers plus de professionnalisme30 et plus de diversité. Certaines radios s’affirment
donc comme une source d’informations importante et se transforment aussi progressivement
en un réel outil d’interpellation.
Par ailleurs, ce sont les OSC qui restent en RDC les principaux canaux d’expression
citoyenne et de présentation des revendications. Les autorités politiques congolaises et la
Communauté Internationale ont d’ailleurs tendance à recourir à ces organisations pour
récolter leurs avis ou même pour les instrumentaliser lorsqu’il s’agit d’exécuter des tâches
d’information et de sensibilisation.
La pratique de l’interpellation et du contrôle par les OSC, commence à devenir une pratique
plus régulière et plus structurée que par le passé, notamment à l’adresse du parlement. La
possibilité pour ces OSC d’exprimer leur position et d’interpeller est donc de plus en plus
admise par les autorités publiques, même si l’impact de ces interpellations reste lui encore très
difficile à déceler.
30
Il est fait ici référence à l’impact de la présence de la Radio Okapi sur tout le territoire qui, par sa pratique de
l’information plus professionnelle (émissions plus concises, distinction plus nette entre les faits et les
commentaires, etc.) et plus pluraliste, a secoué le paysage traditionnel de la Radio, sans pour autant éliminer
évidemment toutes les radios de « l’ancien régime » : il reste, dans l’éventail offert, des radios liées à des
personnes, des émissions subjectives ou de réelle propagande. La mise en place d’organes de contrôle et de
régulation a cependant limité les dérapages les plus flagrants.
31
En particulier lors du conflit ouvert entre Jean Pierre Bemba et Joseph Kabila en mars 2007.
46
- la répartition des pouvoirs, la distinction entre le législatif et l’exécutif est visiblement
plus nette actuellement, si on la compare à la situation connue durant la période de
transition32.
Sur plusieurs points la dynamique du pouvoir a par contre très peu évolué33 : les mécanismes
de contrôle des pratiques politiques des élus, la lutte contre l’impunité au niveau de la Justice,
les pratiques de mauvaise gestion dans les entreprises publiques, dans la gestion des
ressources naturelles, etc.
Cette remise en ordre des textes légaux relatifs au fonctionnement de l’Etat n’est pourtant
qu’une première étape dans la remise en ordre de la législation congolaise. L’ensemble du
droit pénal et du droit privé congolais (droit civil, commercial, du travail, etc.) nécessite une
remise à jour en profondeur. Compte tenu des moyens humains et matériels dérisoires dont
disposent aujourd’hui l’administration congolaise, et en particulier le ministère de la Justice, il
est fort peu probable qu’elle ait la capacité de résorber, à moyen terme, ce gigantesque travail.
Ainsi par exemple, dans le projet PAIDECO, les structures de concertation communales qui
ont été testées sont jugées innovantes et utiles, dans la perspective d’une décentralisation, par
le ministère de l’Intérieur. Cependant, ce ministère n’a, jusqu’à présent, rien mis en place
pour transcrire cette structure de concertation dans une législation.
32
Ainsi par exemple, en décembre 2007, le Président de la République n’a pas suivi une proposition de révision
de la Constitution présentée par des parlementaires de son propre parti qui visait à réduire les incompatibilités
liées à la fonction de députés. Cette proposition de révision était largement critiquée par l’opposition, qui voyait
là une possibilité pour les élus de la majorité présidentielle de multiplier les cumuls de mandats. Un autre
exemple de cette séparation progressive des pouvoirs est l’adoption à la fin de 2007 par le parlement de la loi sur
le Conseil Supérieur de la Magistrature qui formalise, en partie l’autonomie de la justice : un tiers des neufs
membres qui composeront ce conseil sont désignés à l’initiative du Président de la République, les deux autres
tiers étant désignés par le parlement réuni en congrès (assemblée nationale plus sénat) et par les magistrats. Le
partage d’influence est plus net que par le passé.
33
Plusieurs exemples peuvent être cités dans des domaines fort différents. Ainsi, de très nombreuses
personnalités notoirement coupables de crimes contre l’humanité ou crimes de guerre ne sont absolument pas
inquiétées, les procès internationaux et nationaux dans ce domaine sont actuellement des exceptions. Par ailleurs,
la révision concrète des contrats miniers qualifiés d’illégaux par la commission Lutundula tarde à se concrétiser.
47
En conclusion,
Les changements les plus significatifs observés se situent donc au niveau du cadre politique
(change in policy). Les accords politiques, appuyés par des interventions de renforcement des
capacités, ont rendu possible la mise sur pied d’institutions de transition, l’organisation des
élections démocratiques et l’adoption de textes fondamentaux. Les interventions ont
clairement favorisé l’émergence de ce cadre politique nouveau.
L’Etat congolais, en situation de sortie de crise, se situe toujours dans la phase préliminaire de
l’instauration de l’Etat de droit. Comme de nombreux auteurs, nous considérons que le
citoyens congolais ne vivra pleinement en démocratie que lorsqu’il pourra disposer de trois
groupes de droits essentiels : 1) le droit de choisir librement les personnes qui le représentent,
2) le droit de disposer de toutes les libertés individuelles fondamentales (d’expression,
d’association, de réunion, etc.) et 3) le droit de participer à la gestion publique par
l’expression de ses choix et l’interpellation des élus sur la prise en compte de ceux-ci.
Le processus de transition mené en RDC depuis 2003 a permis au citoyen congolais d’accéder
de manière encore imparfaite au premier de ces droits essentiels et très partiellement au
second. Il est par contre encore très largement écarté du droit à la participation à la gestion
publique. Ce n’est pourtant que l’application effective de tous ces éléments constitutifs de la
démocratie qui permettra de prendre la réelle mesure du changement des comportements et
des pratiques.
A cet égard, l’impact des interventions d’appui à la P&I reste donc limité jusqu’à présent. Il
est par contre probable que les nouvelles institutions congolaises aient besoin de l’appui des
bailleurs internationaux pour progresser dans cette construction de la démocratie, dans la
mesure où le budget de l’Etat ne lui permet pas encore d’assumer seul ces engagements. Un
changement durable dans les pratiques et les comportements doit donc probablement
s’appuyer sur une relation durable entre RDC et bailleurs, qui permette un appui continu aux
nouvelles institutions.
48
4.5. Impacts plus larges en matière de développement
Pauvreté, Démocratie, Développement Humain et Croissance
Les effets des interventions d’appui à la P&I sur les performances plus globales du
développement d’un pays sont, en général, très difficiles à identifier. De nombreuses
publications sur le développement restent prudentes quant à l’existence d’un lien de causalité
direct et automatique entre l’amélioration de la démocratie ou de la gouvernance et une
progression du niveau de développement34. Cette identification d’un lien de causalité est
probablement encore plus aléatoire au niveau de la RDC que dans d’autres pays compte tenu
du contexte de fragilité dans lesquels ces interventions ont été menées. Toutefois, il est
possible d’émettre quelques hypothèses :
- une amélioration de la compréhension mutuelle, une réduction des tensions entre les
groupes, renforcée par l’appui d’interventions telles que celles soutenues par SFCG,
favorisent l’émergence d’un contexte de stabilité, lui-même propice à un
développement plus durable ;
- une concertation sociale structurée autour de négociations syndicales régulières peut
avoir, à terme, un impact sur une l’amélioration du niveau de vie des catégories de
personnes défendues par le syndicat dans un premier temps (travailleurs de la fonction
publique ou du secteur formel par exemple), et par extension un impact indirect sur le
niveau de vie de la population en général ;
- des OSC plus fortes et disposant de moyens plus importants pour défendre leurs
membres peuvent mieux mettre en avant les conditions des populations les plus
vulnérables
Mais ce sont là des hypothèses dont le lien de causalité est impossible à identifier avec
précision.
C’est au niveau local que l’évaluation a pu déceler quelques exemples d’effets limités sur
l’amélioration des conditions de vie et de développement de personnes concernées par le
projet :
- le projet PAIDECO a un impact sur développement local par les contributions qu’il
apporte aux investissements communaux, au travail qu’il génère pour les ONG
locales, etc. Mais l’effet de cet apport externe sur un éventuel renforcement des
capacités des autorités locales, à investir durablement dans le développement de leur
commune, reste encore tout à fait théorique ;
- la Radio comme canal d’interpellation peut avoir pour conséquence d’améliorer
quelques conditions sociales locales (règlement de l’adduction d’eau à Mbuji Mayi
suite à des interpellations faites à la radio, par exemple).
Ces exemples très limités ne permettent pas de conclure à un véritable effet large sur le
développement, la croissance ou la réduction de pauvreté.
34
Voir notamment Marie Soleil FRERES, Gilbert RIST ou le Rapport Mondial sur le Développement Humain
du PNUD de 2002.
49
Cinquième partie : Conclusions/enseignements
Cette section synthétise les conclusions de l’étude à propos des canaux de la P&I, des
résultats des interventions et de la mesure dans laquelle ceux-ci peuvent engendrer des
impacts plus larges en matière de développement. Il reprend également les principaux
enseignements par rapport à l’efficacité de l’aide.
Comme il a été souligné dans les chapitres précédents, le soutien à la P&I doit être envisagé
dans le contexte historique récent du pays en sortie de crise et en transition. C’est seulement
depuis la fin 2006 que la RDC dispose d’un gouvernement élu. Dès lors, l’essentiel du soutien
à la P&I évalué ici, concerne la période de la transition et des élections. De plus, de nombreux
bailleurs n’ont que récemment rétabli leurs programmes en RDC et beaucoup d’interventions
n’en sont donc qu’à un stade peu avancé.
Il faut également noter que les interventions doivent faire face à des contraintes importantes
tant en terme de capacités individuelles (à la fois du gouvernement et des acteurs non
étatiques) que de capacités organisationnelles et logistiques (telles que le matériel de base, les
infrastructures, les moyens de transport).
Dans le même temps, la transition (bien qu’elle n’offre encore qu’une base fragile pour le
développement de la P&I) a constitué un point d’entrée privilégié pour le ré-engagement des
bailleurs en RDC et pour le soutien au premier effort de démocratisation du pays.
50
l’environnement politique du moment. Il procurait une base pour un soutien plus spécifique à
la P&I.
Après la fin de la transition, les bailleurs n’ont probablement pas assez utilisé les opportunités
offertes par l’installation du nouveau gouvernement qui, pour la première fois, est issu d’un
vote populaire. Il y a très peu d’aide qui est allée directement au gouvernement et aux leaders
politiques pour renforcer leurs capacités. L’initiative Woodrow Wilson constitue l’un des
rares exemples qui a pris la résolution des conflits comme point de départ pour des formations
plus générales sur les aptitudes de leadership (bien qu’à une échelle restreinte) ; cela a bien
fonctionné en rassemblant pour la première fois des leaders de haut niveau issus de différentes
factions politiques et militaires et en leur proposant de travailler ensemble sur des méthodes
collaboratives de prise de décision. Le succès peut être attribué en partie à une connaissance
avertie du contexte politique et au fait que la formation soit labellisée comme « formation des
leaders » – une notion attrayante pour le groupe cible.
Le soutien accordé à travers Global Witness (une ONG internationale spécialement réputée
pour mettre en lumière la corruption et le manque de transparence à propos de l’exploitation
des ressources naturelles) constitue un mécanisme assez inhabituel pour renforcer la
transparence du gouvernement. En publiant des informations, Global Witness a porté
plusieurs cas de corruption à l’attention des bailleurs et des organisations internationales (par
exemple autour de la révision des contrats miniers). Ceux-ci ont, à leur tour, mis la pression
sur le gouvernement congolais pour l’inciter à changer son comportement. Bien qu’il soit
difficile de dresser des conclusions générales à partir d’un seul exemple, cette expérience
suggère que des interventions relativement isolées, qui visent à améliorer la transparence des
décisions, parviennent difficilement à avoir un impact conséquent sur l’imputabilité du
gouvernement. En outre, cette intervention utilise des mécanismes externes – à travers une
ONG internationale et des bailleurs – plutôt que des canaux internes pour faire face au
manque de transparence, ce qui soulève la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une stratégie
contreproductive. Certains estiment en effet que le gouvernement est davantage redevable
envers la Communauté internationale et les bailleurs plutôt qu’envers la population
congolaise.
Il est surprenant de voir que les bailleurs portent peu d’attention à travailler directement avec
le gouvernement afin d’améliorer son imputabilité envers les citoyens. Il n’est pas tout à fait
clair de savoir si l’engagement restreint des bailleurs dans ce domaine est du au fait que le
gouvernement élu est arrivé seulement récemment au pouvoir ou s’il s’agit d’une méfiance
générale de la part des bailleurs envers les autorités officielles. Il faut également noter
qu’alors que le manque de « volonté politique » a été fréquemment cité comme obstacle
principal dans l’amélioration de l’imputabilité du gouvernement, il y a peu d’analyse à propos
de la nature de cette « volonté politique », de la possibilité de soutenir des pistes de
changement ou de la manière de travailler sur cet obstacle aux réformes. Une meilleure
compréhension de la nature de cette volonté politique (par exemple les éléments d’incitation,
les intérêts personnels, les obstacles au changement) sera nécessaire pour améliorer
l’imputabilité du gouvernement.
Les interventions axées sur la demande : éducation civique, radio et support aux OSC
Les stations radios représentent le média le plus populaire et le plus accessible en RDC ;
beaucoup de Congolais sont des experts des radios et connaissent les programmes quotidiens
de plusieurs stations par cœur, zappant de programmes d’heure en heure. L’aide des bailleurs
en vue d’élever la prise de conscience des citoyens à propos de leurs droits (par exemple à
51
propos du référendum constitutionnel, de la période de transition, des élections) a souvent été
mise en œuvre au travers de programmes radios spécifiques (« Votons avec Mopila ») ou à
travers un support plus général à des programmes radio d’information (Radio Okapi). Ces
interventions ont bien fonctionné en s’appuyant avec succès sur des infrastructures déjà
existantes (MONUC dans le cas de Radio Okapi ou des collaborations avec des stations radios
locales pour l’intervention SFCG) et en profitant de la popularité croissante de la culture radio
en RDC. En outre, la radio est le média qui a le potentiel de surpasser les difficultés
logistiques auxquelles toute intervention est confrontée en RDC et peut donc atteindre les
zones du pays qui ne sont pas toujours sous le feu de l’actualité ou ne focalisent pas
l’attention des bailleurs (c’est par exemple le cas à Mbuji Mayi).
Une partie importante de l’aide axée sur la demande d’imputabilité a été dirigée vers les
organisations nationales de la société civile pendant et après la transition. Une bonne
compréhension du paysage de la société civile congolaise s’avère être un élément crucial dans
les exemples qui ont bien fonctionné. La connaissance des OSC a permis d’utiliser un large
réseau d’ONG (notamment pour l’éducation civique avant les élections) dans toutes les
parties du pays. Le soutien aux ONG nationales est souvent administré à travers les ONG
internationales qui de leur côté travaillent plus facilement avec leurs partenaires connus,
souvent basés à Kinshasa. Sur le long terme cela comporte néanmoins le risque d’agrandir
l’écart entre ces ONG qui reçoivent une attention internationale importante (qui sont souvent
basées dans la capitale) et celles qui n’ont pas accès aux financements internationaux. Malgré
ces limitations, de bonnes relations de long terme ont été établies entre les ONG
internationales et nationales, en particulier lorsque le financement d’un bailleur à une ONG
internationale vise principalement le renforcement des capacités des OSC nationales et
lorsque le soutien est davantage axé sur le long terme plutôt que limité dans le temps.
Au vu de la taille de la RDC, de nombreuses initiatives P&I axées sur la demande visaient soit
à renforcer les capacités d’une coupole d’organisations (par exemple un réseau d’ONG) soit à
former des personnes dont on estime qu’elles jouent un rôle spécial dans leur communauté.
De cette manière, les bailleurs espèrent avoir une plus grande couverture par un effet dévolutif
sur un plus grand nombre d’organisations de la société civile et sur d’autres membres de la
communauté.
Il y a relativement peu d’attention qui est portée sur les organismes moins « traditionnels » de
la société civile. Les efforts principaux se concentrent sur les ONG et les médias. Les
bailleurs principaux ne supportent pas massivement les acteurs alternatifs, tels que les réseaux
nationaux d’églises.
Enfin, aucune intervention analysée dans cette évaluation ne s’est spécifiquement concentrée
sur le renforcement de la participation d’un groupe social ou ethnique particulier ou sur la
situation des femmes. Jusqu’à présent peu d’attention est accordée à ceux dont les voix sont
les moins entendues. On peut argumenter que l’on préfère sacrifier un ciblage spécifique de
certains groupes en faveur d’une portée plus générale des interventions. Dans un pays où plus
de 70% de la population est pauvre, on peut considérer que c’est l’ensemble de la population
qui est potentiellement marginalisée. De plus, à travers des efforts de prévention et de
stabilisation des conflits violents dans toutes les parties du pays, les bailleurs espèrent
améliorer les conditions de vie des groupes qui sont les plus durement affectés par ces
conflits, notamment les femmes et les enfants.
52
Espace d’interaction entre l’offre et la demande: soutien aux initiatives pilotes
Les interventions de soutien visant à créer des opportunités pour une interaction entre les
autorités publiques et les citoyens en sont encore à un stade embryonnaire en RDC et se
situent principalement dans une phase pilote. Bien qu’il soit dès lors délicat de tirer des
conclusions générales, différents enseignements peuvent être tirés des quelques initiatives
examinées par l’évaluation qui se concentrent sur l’interaction entre les autorités publiques et
les citoyens.
En facilitant des rencontres entre ceux qui ont pour mission d’appliquer les règles (par
exemple la police) et les citoyens qui sont soumis à ces règles, on a pu obtenir une meilleure
compréhension des problèmes de chaque groupe et la situation a pu évoluer vers une
diminution substantielle de la méfiance mutuelle dans la communauté, et cela, malgré une
portée restreinte de ces interventions.
Les bailleurs doivent prendre conscience du fait que les processus participatifs de décision ont
un coût, spécialement pour les plus pauvres qui, par exemple, perdent la possibilité de
travailler lorsqu’ils assistent à des réunions de conseils locaux. Dès lors, dans des initiatives
pilotes de décentralisation à Kinshasa (dans les communes de Kinsenso et Kimbanseke), on a
pu observer qu’alors que certains citoyens participaient avec enthousiasme aux choix des
priorités politiques de la communauté, cette participation apparaissait comme un luxe
impayable pour d’autres.
Certains conseils locaux ont pu prendre des décisions à propos de l’allocation de prêts qui ont
permis la réalisation de petits projets de développement (par exemple la construction d’une
morgue, la lutte contre l’érosion) mais le processus de décision communautaire semble
rencontrer des obstacles plus importants lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes plus
complexes au sein de la communauté (par exemple l’accès à l’eau, la construction de routes).
Enfin, en ce qui concerne la radio, elle n’est pas seulement un moyen de fournir des
informations aux citoyens mais elle est également utilisée comme un canal pour formuler des
réclamations. Les gens contactent les stations de radios pour différents types de problèmes,
(des questions de sécurité, d’approvisionnement en eau, d’injustice). La publicité de ces
interpellations met la pression sur les autorités pour qu’elles modifient leurs comportements.
D’après les auditeurs eux-mêmes, c’est une voie relativement accessible pour faire entendre
son opinion. De plus, l’aide des bailleurs incite les radios à devenir plus professionnelles,
celles-ci mènent des interviews dans les rues et organisent des discussions avec les
responsables politiques. D’après les auditeurs, l’effet déborde sur les autres radios qui
fournissent des efforts pour devenir également plus professionnelles.
53
de soutiens antérieurs par d’autres bailleurs). La plupart des projets sont en cours de
réalisation et il est souvent trop tôt pour poser un jugement à propos de leurs résultats.
Ensuite, les résultats des interventions de soutien des bailleurs à la P&I sont difficiles à
évaluer étant donné l’environnement complexe et changeant dans lequel elles prennent place
(la reprise de certains conflits, la transition politique). Il est dès lors souvent malaisé d’isoler
les contributions d’un projet ou d’effectuer un jugement sur la relation de causalité. On peut
ainsi estimer que de nombreux facteurs ont contribué au haut taux de participation au
référendum et au déroulement relativement serein des élections. Il est presque impossible
d’attribuer cela à un seul projet (par exemple Radio Okapi).
Enfin, le soutien des bailleurs n’agit pas directement sur le renforcement de la P&I mais
prépare les conditions pour son amélioration35. D’un côté, cela se réalise par le renforcement
de l’accès à l’information, qui permet aux citoyens de participer au processus politique (par
exemple par de l’éducation civique qui explique la nature et l’importance des élections) et de
faire valoir leurs libertés et leurs droits (par la prise de conscience des droits de propriété et
des canaux disponibles pour protester contre une violation de ces droits). De l’autre côté, les
bailleurs essaient, souvent à travers le renforcement des capacités, d’offrir des outils aux
institutions gouvernementales et aux fonctionnaires afin qu’ils agissent de manière plus
transparente et qu’ils répondent aux besoins des citoyens.
Résultats
Malgré les difficultés mentionnées ci-dessus, l’évaluation a trouvé quelques exemples où les
interventions contribuaient au renforcement de la P&I de manière indirecte (une population
bien informée) et même plus directement (des autorités publiques qui répondent aux besoins
des citoyens).
Le renforcement des capacités apporté aux organisations nationales de la société civile ont
permis aux ONG de jouer un rôle plus effectif en fournissant des informations aux citoyens et
en offrant des services de base. L’implication importante des OSC dans l’Analyse
Participative de la Pauvreté dans le cadre de la confection du DSCRP a également permis un
engagement de la société civile dans les choix prioritaires des nouvelles politiques.
Toutefois, jusqu’à présent, on ne peut pas encore observer d’amélioration globale et durable
au niveau de la transparence du gouvernement et de sa capacité à répondre aux besoins
exprimés par les initiatives citoyennes. Les citoyens disposent de davantage de canaux pour
faire valoir leurs intérêts :
« Après une longue et difficile lutte, les gens ont finalement pu conquérir un
espace. (…). Vous pouvez dire ce que vous voulez et vous n’irez pas en prison
pour cela » (Représentant de la société civile, Kinshasa).
35
En cela, l’étude de cas en RDC confirme les constats de la recherche antérieure d’ODI, voyez, p.4 du guide
d’évaluation.
54
Mais l’Etat répond davantage aux besoins des citoyens sur base de cas individuels plutôt que
de manière globale. Certains estiment dès lors qu’il n’y a pas vraiment eu de changements
dans les pratiques et dans les comportements au-delà de ces quelques cas.
« Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais l’Etat n’écoute pas encore
pour autant » (Représentant de la société civile, Kinshasa).
Dans un environnement où les résultats des interventions de P&I relèvent davantage des
succès individuels plutôt que des résultats soutenables, il est difficile d’identifier des impacts
plus larges des interventions financées par les bailleurs. Il est toutefois intéressant de mettre
en lumière deux aspects intéressants dans le contexte de la réduction de la pauvreté.
Etant donné que la pauvreté comprend à la fois de nombreux aspects monétaires et non
monétaires, le manque de pouvoir peut être une forme de pauvreté en soi. Vu la longue
histoire de la RDC, grevée par la dictature et les conflits, le fait de créer des opportunités pour
que les citoyens puissent exprimer librement leurs opinions et tentent de faire valoir leurs
droits dans un nouveau cadre politique libre est déjà une avancée en soi. On peut déjà
considérer que l’importante participation des électeurs durant les élections, de même que la
popularité des stations radio d’information et l’avidité de certains citoyens de prendre part aux
réunions communautaires, constituent de bons indicateurs de l’appréciation de la population
et de sa volonté de participer.
La P&I constitue non seulement une fin en soi, mais elle peut également contribuer à la
réduction de la pauvreté en permettant de meilleurs services, ou, de manière plus générale, en
favorisant le développement de politiques qui peuvent changer les conditions de vie des plus
pauvres. Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, si on peut remarquer quelques avancées
dans des cas individuels, il y a encore une longue route à parcourir en vue d’une amélioration
globale de la pauvreté. Il y a des premiers signes de déception parmi les citoyens qui ont
l’impression que la démocratie nouvelle et en particulier les élections tant attendues n’ont pas
conduit à l’amélioration espérée des conditions de vie et à la réduction de la pauvreté.
« Les élections n’ont rien changé. Le changement ne peut pas être atteint sans
un leadership et une vision claire » (Représentant de la société civile,
Kinshasa).
55
5.4. Question 4 : la P&I et l’efficacité de l’aide
Appropriation
Selon la Déclaration de Paris, les bailleurs s’engagent à « Respecter le rôle prédominant des
pays partenaires et à les aider à renforcer leur capacité à exercer ce rôle. » Etant donné la
transition politique et l’environnement mouvementé jusqu’à présent, il n’a pas été facile
d’aider les institutions gouvernementales à exercer leur leadership dans la planification des
documents stratégiques nationaux. Des avancées positives ont eu lieu durant le processus de
préparation du DSCRP en vue d’une plus grande appropriation à travers le pays. De même,
une Analyse Participative de la Pauvreté (APP) a été entreprise en collaboration étroite avec
la société civile. La consolidation et l’essor de ces efforts constitueront un important
challenge – également dans la perspective d’un meilleur alignement.
Il importe d’observer dès maintenant si les bailleurs respectent le leadership du gouvernement
après la transition. On notera par exemple qu’à l’heure actuelle, très peu de bailleurs
connaissent l’existence, au sein du Ministère du Plan, du SENAREC qui a précisément pour
mandat de coordonner les soutiens apportés au renforcement des capacités du gouvernement,
de la société civile et du secteur privé.
Harmonisation
La Déclaration de Paris vise à améliorer l’harmonisation et la transparence de l’action des
pays donateurs. Une attention particulière est apportée à l’harmonisation dans les Etats
fragiles : « Si les principes directeurs à la base d’une aide efficace valent également pour les
Etats fragiles, il convient de les adapter aux situations où l’appropriation à l’échelon local et
les capacités nationales font défaut, et à la nécessité urgente de fournir des services
essentiels. » Parmi les autres principes, la Déclaration de Paris insiste sur le fait que « cette
harmonisation est d’autant plus importante que l’Etat n’assume pas pleinement son rôle. »
Afin de gérer au mieux le soutien accordé à la transition et aux élections, des fonds communs
(baskets funds) ont été institués et gérés par le PNUD (projet n°2 analysé par cette
évaluation). Il faut toutefois noter que si les fonds communs sont probablement le seul moyen
pour gérer de telles sommes pour l’organisation des élections, ils ont également leurs
inconvénients. De nombreuses organisations de la société civile – nationales et
internationales- ont souligné le danger des fonds communs qui ne fournissent pas
nécessairement d’aide aux ONG, par exemple au niveau de l’éducation civique avant les
élections.
56
Sixième partie : Recommandations
Sur base des résultats et des conclusions présentés dans les parties précédentes, l’évaluation
propose trois groupes de recommandations36 qui s’adressent successivement :
- aux groupes des donateurs pour ce qui concerne l’approche générale d’appui à la P&I ;
- aux différents intervenants dans les projets pour ce qui concerne les aspects
opérationnels ;
- et aux donateurs et autres principaux intervenants, en ce qui concerne le dialogue
politique.
57
Une coordination plus concrète au sein de chaque bailleur sur place serait utile entre les
agents qui, au nom des bailleurs, sont chargés du suivi politique (section politique des
ambassades, généralement) et ceux qui sont chargés de la réalisation technique des
interventions (divers exécutants). Une telle coordination, permettrait de mieux mesurer les
contraintes ou exigences techniques qu’impose une volonté politique et réduirait d’autant les
attentes irréalistes. Elle permettrait aussi de renforcer les complémentarités et de mieux
percevoir les zones de lacunes : faciliter la généralisation de résultats positifs d’un projet
pilote, confronter l’approche des ONG internationales, des acteurs bilatéraux et multilatéraux
auxquels le bailleur fait appel, etc.
Cette coordination existe bien évidemment chez certains des bailleurs mais il est recommandé
qu’elle soit généralisée ou renforcée.
58
Il est recommandé que dans chacun de ces projets qui soutiennent des mécanismes de
plaidoyer externes, une part significative des moyens soit réservée au renforcement des
capacités des acteurs locaux et à la transmission de capacités entre l’acteur international et
l’acteur local.
7. Tirer bénéfice d’expériences réussies localement pour produire des changements plus
globaux : l’évaluation a montré que les interventions en RDC qui agissent à un niveau local
ou développent des expériences pilotes (RCN, PAIDECO) ont parfois obtenu des résultats
plus concrets de changement d’attitudes et de comportements. Toutefois, l’impact de ces
résultats a souvent été sous exploité par manque de capacité à transposer ces résultats à un
niveau plus global.
Il est recommandé, pour des interventions de ce type, que les bailleurs prévoient de façon la
plus concrète possible, dès la formulation du projet, les modalités de concertation avec les
autorités congolaises qui permettent, en fin d’intervention, de réfléchir à la manière de
généraliser des résultats qui se seront avérés positifs et /ou de les prendre en compte dans les
dispositions légales.
59
6.3. Sur le dialogue politique
9. Le recours aux acteurs non étatiques : l’évaluation a montré que pour réaliser les
interventions d’appui à la P&I en RDC, les bailleurs ont eu recours de manière privilégiée aux
acteurs non étatiques locaux ou aux organisations internationales. Cette manière de faire pose
la question cruciale de la crise de confiance des bailleurs à l’égard de l’Etat partenaire et des
limites de son renforcement. Qu’en est-il du principe prioritaire retenu par l’OCDE pour
l’engagement international dans les Etats fragiles, à savoir : « Faire du renforcement de l’Etat
un objectif fondamental » ? Comment un Etat peut-il piloter son développement si une partie
importante de son aide extérieure transite par des canaux dont il n’a pas la connaissance et
moins encore la maîtrise ? Qu’en est-il de l’appropriation ?
Afin de pallier ces dérives, il est recommandé, d’intégrer systématiquement dans les
programmes d’appui à la P&I une part substantielle d’intervention destinée au renforcement
des capacités des autorités publiques.
10. Le manque de volonté politique est souvent cité par de nombreux donateurs et des
informateurs clés comme le principal obstacle au changement. Toutefois, peu nombreux sont
ceux qui définissent précisément ce concept de "volonté politique". Il est utile de mener une
réflexion permanente sur la nature de cette volonté politique et sur les facteurs, acteurs et
caractéristiques qui favorisent la réticence au changement.
Il est recommandé d’entamer cette analyse approfondie, dès avant le démarrage des
interventions. Ceci afin de déterminer les mécanismes à mettre en œuvre dans le projet pour
que les résultats de celui-ci ne se limitent pas une simple prise de conscience de la pertinence
de l’imputabilité mais qu’ils permettent un véritable changement de comportements et de
pratiques.
12. Droits économiques et sociaux : la présence d’un projet syndical dans l’éventail des
interventions évaluées a mis en évidence une problématique trop rarement abordée quand on
évoque l’appui à la P&I : le fait que les droits économiques et sociaux sont une part intégrante
des droits humains fondamentaux. Dans un pays en crise socio économique profonde, cette
évidence saute aux yeux, mais la prise en compte de ces droits est souvent reléguée au second
plan devant l’urgence de droits humains plus généralement reconnus ou plus immédiats
(liberté, parole, presse, etc.).
Il est recommandé d’intégrer de manière plus systématique, lorsqu’on traite de la P&I, la
dimension syndicale : la complémentarité des droits humains fondamentaux et des droits
socio-économiques, la place des syndicats dans la société civile et les synergies possibles
60
entre les appuis à la P&I accordés à ces deux groupes d’acteurs (syndicats et autres acteurs de
la société civile).
61
ANNEXES
62
Annexe A : Termes de référence
SPECIFICATIONS SPECIALES n°S0.4/2007/02
ETUDES DE CAS-PAYS
2. Le Cadre de référence spécifie les exigences génériques pour chaque étude de cas-pays
(CCS) commanditée par les partenaires donateurs séparément. Toute information
supplémentaire spécifique au pays ou à la région de référence fera l’objet d’un accord entre le
donateur commanditaire et le bureau d’études chargé de la mission. Il convient également de
préciser que bien que chacune de ces études soit commanditée par un seul donateur, les
interventions seront évaluées au niveau de l’ensemble des partenaires ECG actifs dans le
pays ou la région. En outre, un petit exercice de cartographie des autres interventions
pertinentes, tant au niveau national que des donateurs, sera prévu de manière à permettre une
compréhension holistique de l’ampleur des initiatives CV&A dans l’ensemble du pays.
Contexte et justification
3. Dans les enceintes consacrées aux questions de développement, l’accent est mis de
plus en plus sur la gouvernance, considérée comme une dimension-clé pour réduire la
pauvreté et les inégalités et promouvoir la stabilité et la croissance économiques. Ce
concept dépasse le contexte institutionnel des pouvoirs publics : il s’agit de l’interaction
37
Partenaires donateurs du Royaume-Uni, de Suède, du Danemark, de Suisse, Belgique, Norvège et
d’Allemagne
38
Aucune traduction française des termes « Citizens’ Voice and Accountability » n’était unanimement admise
avant le démarrage de cette évaluation. Aussi retrouvera-t-on parfois dans les présents termes de références,
rédigés plusieurs mois avant la réalisation de l’évaluation elle-même, une traduction provisoire du terme (« Voix
des citoyens et redevabilité ») qui ne correspond pas à la traduction finalement retenue après analyse à savoir
« Participation et Imputabilité ».
39
Il convient de souligner que les donateurs n’ont pas la possibilité d’agir directement sur la Voix des citoyens
(action) ou sur la redevabilité (rapport). Dans la pratique, les donateurs renforcent la Voix des citoyens et la
Redevabilité lorsqu’ils tentent de créer ou de renforcer les conditions préliminaires à leur exercice et/ou des
canaux et mécanismes spécifiques de soutien aux rapports CV&A. Dans le contexte de la présente évaluation,
ces activités sont qualifiées d’‘interventions CV&A’.
63
entre les acteurs, processus, coutumes et règles tant formels qu’informels. Il s’agit d’un
processus de négociation entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui tentent
d’exercer une influence. Mais seuls les acteurs capables de faire connaître leur vision des
choses possèdent une “voix” et seuls les gouvernements et les États qui peuvent et
doivent rendre des comptes pourront apporter une réponse (« réagir »).
4. Une bonne gouvernance requiert dès lors une relation équitable entre le citoyen
et l’État, caractérisée par un bon niveau de réactivité. Les acteurs du développement
ont reconnu cette nécessité depuis bien longtemps : ils ont dès lors travaillé à la mise au
point de programmes destinés à accroître la capacité des citoyens les plus vulnérables
dans la société à exprimer leurs besoins, et ils ont collaboré avec les gouvernements
partenaires pour que ceux-ci disposent des mécanismes et de la capacité à réagir.
Malgré ces efforts, on constate une insuffisance de données probantes et l’absence d’une
vraie compréhension de la nature dynamique et complexe des facteurs qui ont un impact
sur les aspects Voix des citoyens et Redevabilité ; il est donc indispensable d’examiner et
d’évaluer de manière plus systématique les interventions actuelles.
7. Voix des citoyens et Redevabilité sont des notions centrées sur les rapports qui
existent entre le citoyen et l’Etat, un élément clé de l’agenda de gouvernance. Un vaste corpus
de recherches et une riche expérience attestent que la participation active des citoyens dans la
définition des politiques et des priorités peut inciter le gouvernement à s’investir davantage
dans la réduction de la pauvreté et améliorer la qualité et les résultats de l’aide.
40
La corrélation entre ces divers facteurs et le sens de la relation de cause à effet font l’objet d’un vaste
ensemble de recherches, par exemple les nombreuses études de Kaufmann & Kraay, et ces thématiques sont
également abordées dans le Global Monitoring Report de 2006 (pp. 121-2)
41
Dans les débats consacrés aux questions de développement, l’élément participation a commencé à retenir
davantage l’attention durant les années 1980, dans le cadre de projets ; depuis lors, ce concept a englobé aussi la
consultation de citoyens pauvres pour la détermination des priorités de développement dans le cadre des
64
9. Renforcer la Voix des citoyens et la Redevabilité42 constitue donc un préalable
important pour l’avènement d’Etats plus efficaces et plus réactifs et pour l’amélioration
de l’efficacité et de la durabilité de l’aide, notamment dans le contexte d’une approche
dirigée par le pays considéré. La Déclaration de Paris comprend des engagements
spécifiques des partenaires du développement sur ces questions43.
Objectif et utilité
12. L’objectif de l’évaluation est double:
a) améliorer la compréhension de l’aspect CV&A au niveau des partenaires du
développement en cartographiant et en détaillant leurs approches et stratégies destinées à
améliorer l’aspect CV&A et menées dans un éventail de contextes de pays en développement;
tirer dans le même temps des enseignements quant aux approches qui ont le mieux
fonctionné, à quel endroit et pourquoi;
Stratégies de réduction de la pauvreté, avec des succès variables (cf. par exemple McGee, Levene, J. & Hughes,
Assessing Participation in Poverty Reduction Strategy Papers, rapport de recherche SID 52; Banque mondiale &
FMI (2005) Review of the Poverty Reduction Strategy Approach). Diverses informations sur la thématique de la
CV&A seront prochainement disponibles sur le site web du « Governance & Social Development Resource
Centre » (www.grc-dfid.org )
42
Le projet d’évaluation CV&A mené par l’ODI (recherche documentaire et analyse des approches des
donateurs) (ODI Literature Review and Donor Approaches on Citizens’ Voice and Accountability) met en
lumière la complexité de cette problématique et la variété des interprétations du contenu de la V&A dans les
différents contextes qui peuvent se présenter.
43
Principalement les sections 14 &15 relatives à l’appropriation; la section 38 sur les États fragiles et la section
48 sur la responsabilité mutuelle
65
14. En tant qu’instrument favorisant tant le développement de la connaissance du domaine
que la responsabilisation, l’évaluation contribuera à l’élaboration de politiques, à
l’amélioration des pratiques et à une meilleure connaissance d’un aspect important de la
gouvernance, et pourra être utile à un vaste public: décideurs politiques, administrateurs de
secteurs géographiques, bureaux nationaux, partenaires de mise en œuvre et évaluateurs.
15. La présente initiative multi-donateurs devra déboucher sur un rapport de synthèse dont
la publication est prévue pour avril 2008. Ce rapport comprendra une analyse des
enseignements tirés des diverses études de cas et formulera des recommandations à l’intention
des donateurs, destinées à leur servir de base de réflexion et de lignes directrices pour la mise
en œuvre de projets. Les études de cas-pays constituent donc un volet essentiel du
processus; elles doivent refléter les divers contextes de gouvernance et fournir des exemples
de la variété d’approches V&A existantes.
a) évaluer les interventions retenues par rapport aux objectifs envisagés, et sur cette
base tirer des conclusions sur ce qui fonctionne ou non, par rapport aux théories
applicables aux programmes d’intervention.
b) évaluer la pertinence des interventions aux fins de renforcer l’aspect CV&A dans le
contexte spécifique d’un pays en développement donné.
c) fournir une évaluation/analyse globale du rôle, des réussites et des échecs des
donateurs dans le domaine de l’appui en matière de V&A dans des contextes pays
différents.
Portée
17. Pour accomplir les objectifs de la mission, une compréhension et une connaissance
approfondies du domaine CV&A, ainsi que du Cadre d’évaluation et des documents
associés44 seront nécessaires. L’évaluation sera fondée sur le Cadre commun et sera réalisée
selon les processus/étapes énumérés dans le guide méthodologique annexé audit document,
qui renvoie à un éventail de méthodes et d’outils d’évaluation.
18. Avant d’entamer la phase d’évaluation proprement dite, l’équipe chargée de l’étude de
cas-pays (Country Case Study Team, CCS Team) devra accomplir un travail considérable
pour s’accorder de manière définitive, avec les partenaires donateurs sur place, sur les
interventions à retenir pour l’évaluation. Pour pouvoir mener à bonne fin le processus, il est
primordial d’acquérir une bonne connaissance du contexte d’évaluation des interventions
CV&A et d’établir un dialogue avec les acteurs internationaux et nationaux clés pour explorer
les diverses interprétations concept Voice and Accountability (V&A) et, dans certains
contextes, du concept de “citoyen”.
44
Il est important de souligner que le Cadre et la Méthodologie d’Évaluation font partie intégrante du présent
Cadre d’évaluation pour les études de cas-pays.
66
Tâches
19. Sur la base du Cadre et de la Méthodologie d’évaluation adaptés au contexte
spécifique du pays, l’Équipe chargée de l’étude de cas apportera des réponses aux questions
clés suivantes:
Question 2: Résultats
Dans quelle mesure les différentes approches et stratégies adoptées par les donateurs ont-
elles contribué à améliorer l’aspect CV&A dans les pays partenaires?
Question 3: Des pistes vers des résultats et un impact plus larges en matière de
développement
De quelles façons les interventions CV&A permettent-elles de progresser dans la
réalisation d’objectifs de développement plus larges, tels que la réduction de la pauvreté et
les ODM ? En particulier, quels sont les principaux scénarios permettant que les progrès
réalisés en matière de participation citoyenne et de responsabilisation aient des
répercussions plus larges en matière de développement?
Processus
20. Deux études pilotes ont été menées au Benin et au Nicaragua. Elles ont révélé une
compréhension mutuelle insuffisante du concept Voice and Accountability au niveau des
donateurs (ECG) et partenaires. Tant que cette compréhension fera défaut entre donateurs,
pays hôte et partenaires de la mise en œuvre, il sera difficile d’identifier les interventions
pouvant servir de base pour l’étude. Afin de surmonter cet écueil, chaque étude de cas-pays
sera scindée en deux phases et le donateur commanditaire45 jouera un rôle actif durant la
première phase aux côtés du chef de l’équipe chargée de l’étude de cas.
45
Du QG du pays donateur ou du Bureau national, selon le cas.
67
l’évaluation. A ce travail succédera une visite dans le pays (probablement au départ de la
capitale) de 5-7 jours (à confirmer) poursuivant les objectifs suivants:
• Organiser des rencontres et/ou ateliers introductifs destinés à expliciter le Cadre et la
Méthodologie et à explorer les différentes perceptions et interprétations du concept
“Voice and Accountability”;
• Déterminer de manière définitive, en étroite concertation avec les bureaux nationaux
concernés (et le représentant du donateur commanditaire), l’éventail des interventions
à soumettre à l’évaluation en veillant à garantir l’équilibre entre politiques,
programmes et projets axé(e)s sur "l’offre" et ceux/celles axé(e)s sur "la demande", et
à assurer un échantillonnage représentatif entre acteurs ruraux/urbains,
formels/informels, capables de se faire entendre ou non.
• Définir la méthodologie et les outils d’évaluation les plus adéquats (sur la base des
options figurant dans le Guide méthodologique);
• Veiller à disposer du matériel de référence adéquat et d’avis d’experts concernant le
contexte du pays46;
• Organiser un programme de rencontres et de visites sur le terrain en préparation de la
visite de toute l’équipe;
• Vérifier que tous les arrangements ont été pris sur le plan de la logistique et de
l’hébergement;
• Faire rapport sur les progrès accomplis et formuler des observations sous la forme
d’un rapport préliminaire au donateur commanditaire et aux bureaux nationaux du
partenaire donateur (longueur indicative 4-6 pages); et,
• Être disposé à participer à une réunion de l’ECG en Allemagne (22-23/10/2007) afin
d’y discuter/présenter le rapport préliminaire.
24. Du fait que l’équipe se servira d’un nouveau cadre et adoptera une nouvelle approche
pour l’évaluation de l’aspect Voix des citoyens et Redevabilité, il importera de noter, tout au
long de l’exercice d’évaluation, les aspects du Cadre qui se révéleront les plus (ou les moins)
utiles ainsi que les domaines dans lesquels un accompagnement supplémentaire aurait été
profitable.
25. En sus du temps consacré à la mission sur place, du temps devrait également être
prévu pour la prélecture, la collecte des données et la rédaction du rapport d’évaluation. Un
groupe chargé de l’Assurance-qualité a été mis en place à cette fin et tous les rapports
d’évaluation doivent non seulement être soumis au donateur commanditaire, mais également
46
Les consultants sélectionnés pour l’équipe chargée de l’étude peuvent apporter ces connaissances mais il se
peut que l’équipe doive également commanditer auprès d’un expert national des recherches supplémentaires
(prévu dans les conditions du contrat de consultance).
68
transmis en copie, pour avis, au Groupe Qualité. Le chef de l’équipe chargée de la réalisation
de l’étude de cas pourra s’adresser (par téléphone) au Groupe Qualité pour tout avis en
matière de normes et pour toute question relative aux approches méthodologiques.
26. Un atelier d’un jour pourra être prévu, probablement lorsque toutes les études de cas-
pays seront achevées (mi – fin janvier 2008), afin de poursuivre les échanges d’expériences et
d’observations sur les études proprement dites, le Cadre et les méthodologies utilisées avec
les autres équipes de consultants, les pays membres de l’ECG, le Groupe Qualité et les
auteurs du rapport de synthèse. Tout ce processus doit contribuer à une meilleure
compréhension des problématiques et servir à l’établissement du rapport de synthèse.
Résultats et Réalisations
27. Les rapports et résultats suivants sont attendus d’ici à la fin de la mission:
• Atelier introductif sur place – chef de l’équipe chargée de l’étude de cas
• Rapport préliminaire – chef de l’équipe chargée de l’étude de cas (avant le début de la
seconde phase);
• Séminaire de compte rendu sur l’évaluation (avant la fin de la mission sur place)
• Note de compte rendu résumant les constats, conclusions et recommandations (à
présenter à la fin de la mission sur place, max. cinq pages);
• Projet de rapport d’évaluation (longueur indicative 40 pages) à fournir au donateur
commanditaire et au Groupe Qualité dans les trois semaines de la fin de la mission sur
place;
• Rapport d’évaluation final (longueur indicative 40 pages) à fournir au donateur
commanditaire et en copie au Groupe Qualité dans les deux semaines de la réception
des commentaires du donateur commanditaire sur le projet de rapport;
• Participation, selon les disponibilités, des chefs et des membres des équipes chargées
des études à un atelier de feedback (lieu et date à confirmer – probablement mi-janvier
2008); et,
• Une brève note "post-mortem" (max quatre pages) à l’intention du donateur
commanditaire comme feed-back sur le processus d’évaluation tel qu’expérimenté par
l’équipe.
28. Tous les rapports afférents aux études de cas-pays doivent se conformer aux normes et
conventions du CAD en matière d’établissement de rapports. Afin de faciliter l’établissement
et l’analyse du rapport de synthèse, la présentation suivante devra être adoptée:
• Résumé
• Partie 1: Introduction
• Partie 2: Processus suivi pour mener à bien la mission: justification du choix des
interventions et des méthodologies; difficultés rencontrées dans l’utilisation du Cadre
et du Guide méthodologique; déplacements sur le terrain, défis en matière logistique
etc.
• Partie 3: Contexte du pays/de la région pilote jouant un rôle dans la problématique
CV&A
• Partie 4 (PRINCIPALE): Évaluation des interventions. Utilisation du Cadre
d’évaluation et description des prestations, des résultats et des impacts en réponse aux
questions de l’évaluation, ainsi que des critères et indicateurs spécifiques utilisés à cet
effet. Illustration de problèmes clés en s’appuyant sur des interventions spécifiques.
Conclusions et recommandations ciblées selon les interventions.
• Partie 5: Enseignements tirés et recommandations générales
69
29. Le rapport principal aura une longueur indicative de quelque 40 pages ; les divers
documents requis (notamment les Cadres de référence, le rapport préliminaire, l’analyse du
contexte; les interviews/rencontres organisées etc.) pourront y être annexés.
31. Tous les membres de l’équipe doivent être en phase avec les problématiques qui
impliquent de travailler avec des populations pauvres, marginalisées et vulnérables.
32. La société de consultance sera désignée sur la base des compétences ressortant de la
composition de l’équipe, des coûts, de la disponibilité, de l’accès à l’expertise interne et de la
faculté de reach back.
33. Si le choix de la langue de travail est laissé au donateur commanditaire, tous les
rapports devront être traduits en anglais en vue de l’élaboration du rapport de synthèse. On
peut également envisager de traduire chacun des rapports et le rapport de synthèse subséquent
dans les langues les plus communément utilisées par les donateurs et les bénéficiaires.
34. Les consultants prendront en charge les questions de logistique et d’hébergement dans
le pays mais ils bénéficieront d’introductions dans les bureaux de développement et les
ambassades. Les partenaires de développement qui apportent leur soutien sont chacun pour
soi tenus d’établir le contenu de la clause d’obligation de diligence (« Duty of care ») qu’ils
souhaitent formuler.
35. La présente évaluation démarrera le 10 octobre et se terminera au plus tard fin janvier
2008.
36. Gestion de l’évaluation: Les divers rôles incombant à l’ECG, au leader thématique, au
donateur commanditaire, au Groupe Qualité, ainsi qu’aux représentants locaux du donateur,
sont décrits ci-après:
L’ECG (Evaluation Core Group) est compétent pour avaliser de manière générale et
superviser les composantes majeures de la présente initiative, à savoir le Cadre de
Référence, le calendrier, les décisions de publication et de diffusion des rapports, etc. Les
membres se partagent la Présidence du Groupe par rotation et assument également à leur
70
tour l’hébergement des rencontres de l’ECG. Les membres de l’ECG sont les
interlocuteurs clés entre les équipes de consultants et les représentants des donateurs dans
les capitales et les bureaux nationaux.
Le Groupe Qualité (Quality Assurance Panel) (cf. Cadre de Référence annexé sous forme
de fichier zip) a été chargé par le DFID, pour le compte de l’ECG, de veiller à ce que les
normes CAD en matière de qualité de l’évaluation soient prises en compte de manière
appropriée dans le Cadre d’évaluation final, l’approche méthodologique, les Études de
cas-pays et le Rapport de synthèse; et à ce que les normes en matière d’établissement de
rapports soient observées de manière uniforme conformément au Cadre de référence pour
les études de cas-pays. Le Groupe Qualité a un rôle consultatif et fait rapport à l’ECG via
le leader thématique.
37. Le service de l’évaluation spéciale, membre du groupe ECG, est responsable pour la
réalisation d’une étude pays dans la République démocratique du Congo dans le cadre de
l’évaluation de Voice & Accountability. Dans cette étude, non seulement les interventions de
la coopération belge seront retenues mais aussi les interventions des autres pays donateur qui
sont concernés par cette évaluation.
38. En choisissant les différents pays pour les études de pays, on a essayé de faire un mix
de pays avec un contexte clairement différent au niveau de voice & accountability. Dans ce
cadre la RDC, un pays en plein transition, offre l’opportunité d’évaluer un pays où le Voice &
Accountability est peu développé. Ainsi la RDC obtient un score de 5,8 dans le classement de
l’indicateur de Voice&Accountability, un indicateur de gouvernance, de la banque mondiale47
(sur une échelle de 0-100 avec 0 comme le plus faible et 100 le meilleur)
39. Etant donné que la RDC est un pays très étendu, cette étude pays n’a pas l’ambition
d’évaluer des interventions dans le pays entier. Pendant la première phase de l’évaluation
(etude + première mission) un nombre de régions sera choisi en concertation avec le Service
de l’Evaluation spéciale et la représentation de la coopération belge au RDC.
47
Kaufmann, Daniel, Kraay, Aart and Mastruzzi, Massimo, "Governance Matters VI: Governance Indicators for
1996-2006" (July 2007). World Bank Policy Research Working Paper No. 4280 Available at SSRN:
http://ssrn.com/abstract=999979
48
Voir points 20-27 ci-dessus dans le texte
71
Avec entre autre :
- apprentissage du framework et la méthodologie
- développer le contexte CV&A en RDC
- la préparation de la première mission
- première sélection des interventions et acteurs possible
Etape 3. réunion du groupe ECG à Bonn (22-23/10/07)
Etape 4. première mission + inception note (25/10-14/11/07)
Etape 5. mission principale + première version du rapport d’évaluation (15/11-14/12/07)
Etape 6. élaborer le rapport d’évaluation définitif (15/01/2008)
Etape 7. Participation à l’atelier final (fin janvier 2008)
41. Les rapports49 intermédiaires doivent être rédigés en Anglais ou en Français. Le rapport
final doit être rédigé en Français et Anglais. Les consultants doivent rapporter au service de
l’évaluation spéciale et le quality assurance panel.
Offre technique
42. L‘offre technique se compose :
- D’une note explicative relative au cadre de la mission faisant état de la compréhension
des termes de référence et de la matière à évaluer
- Preuve de compréhension de la méthodologie proposée (framework)
- D’un calendrier/calendrier de travail
- De la composition de l’équipe50 (organisation, tâche des membres de l’équipe et leur
curriculum vitae) L’offre identifie clairement le chef de mission.
- Des références de missions antérieures du bureau d’étude
- Du budget
49
Voir points 27,28 et 28 ci-dessus dans le texte
50
Voir points 30-31 ci-dessus dans le texte
72
Annexe B: Méthodologie
1. Cadre général de l’évaluation
Cette évaluation est une étude de cas/pays menée en RDC à propos de projets P&I. Elle
s’inscrit dans le cadre d’une évaluation conjointe menée par un groupe restreint de sept pays
partenaires du CAD/OCDE. Les différentes études de cas se sont basées sur une méthodologie
commune élaborée par ODI51. Deux missions pilotes ont été réalisées au Bénin et au
Nicaragua qui ont permis de réviser l’approche méthodologique sur base des premiers
résultats. La méthodologie a également fait l’objet de discussions concertées entre bailleurs et
consultants chargés des différentes études de cas/pays, lors d’une rencontre organisée à Bonn
en octobre 2007.
Question 2: Résultats
- Dans quelle mesure les différentes approches et stratégies adoptées par les
donateurs ont-elles contribué à améliorer l’aspect P&I dans les pays partenaires ?
Question 3: Des pistes vers des résultats et un impact plus larges en matière de
développement
- De quelles façons les interventions P&I permettent-elles de progresser dans la
réalisation d’objectifs de développement plus larges, tels que la réduction de la
pauvreté et les OMD ? En particulier, quels sont les principaux scénarios
permettant que les progrès réalisés en matière de participation citoyenne et de
responsabilisation aient des répercussions plus larges en matière de
développement ?
51
“Evaluation of CV&A – Evaluation framework. And Annexe A : Evaluation framework, Methodological
Guidance for Country Case Study – August 2007
73
La présente étude est le fruit d’un travail collectif des consultants sous la direction de Pierre
GREGA. L’équipe de consultants a été composée de manière telle qu’elle associe différentes
sensibilités culturelles (congolaise pour faciliter l’approche locale ; francophone et
anglophone pour maîtriser la diversité de perception du concept de P&I). Les consultants ont
travaillé en coordination permanente lors des missions de terrain et lors de la phase de
rédaction, multipliant les moments de discussion entre eux. Toutes les parties du rapport ont
été soumises à la relecture de tous les membres de l’équipe. Ce rapport illustre donc un point
de vue partagé par l’ensemble des consultants.
Les deux missions pilotes ont également révélé une compréhension mutuelle insuffisante du
concept de P&I au niveau des pays donateurs et des pays partenaires qui rendait difficile
l’identification des interventions pouvant servir de base pour l’étude. Il a dès lors été décidé
de scinder les évaluations pays en deux parties. Une phase de démarrage avait pour objectif
d’analyser le contexte, d’augmenter la compréhension mutuelle du concept « P&I », de
s’assurer d’une bonne appropriation de l’évaluation par les partenaires et de sélectionner les
interventions P&I qui allaient faire l’objet de l’analyse. La phase principale devait permettre
de réaliser une analyse approfondie des interventions sélectionnées et de tirer des conclusions
générales pour l’ensemble de l’étude.
2. Phase de démarrage
Cette première phase avait d’abord pour but d’explorer les différentes perceptions et
interprétations des concepts de P&I. Au cours d’interviews semi directives, les consultants ont
donc récolté des données qualitatives sur la manière dont ces concepts sont appréhendés par
les principales parties prenantes de la coopération en RDC, regroupées en quatre catégories :
- les Autorités congolaises rencontrées, tant politiques qu’administratives ;
- les Acteurs locaux congolais ;
- les Acteurs internationaux actifs en RDC (Organisations multilatérales, Agences
d’exécution bilatérales et ONG internationales) ;
- les Bailleurs.
Le second objectif principal de la mission de démarrage, retenus par les termes de référence,
était d’arrêter la sélection des interventions qui devaient être soumises à l’évaluation en
74
concertation avec les différents bailleurs concernés. Lors de la rencontre, à Bonn, des
bailleurs et des consultants, plusieurs critères de sélection ont été retenus qu’il s’agissait de
prendre en considération dans une approche globale. Dans un souci de cohérence avec les
autres études de cas, l’équipe de consultants en RDC s’est basée sur ces critères52.
L’équipe des consultants a ensuite confronté une nouvelle fois les différentes interventions
potentiellement évaluables en tenant compte des critères additionnels suivants :
- limiter la sélection à un maximum de dix interventions ;
- dégager un portefeuille d’interventions opérants sur deux localisations distinctes :
Kinshasa et une seconde implantation à l’intérieur du pays ;
- favoriser les interventions qui sont soutenues par plusieurs des bailleurs concernés par
l’évaluation ;
- sélectionner par priorité des interventions en cours d’exécution pour garantir une plus
grande accessibilité aux bénéficiaires.
En outre, dans cette première liste plus générale de 25 projets pré sélectionnés, certains
projets n’ont pu être finalement retenus, compte tenu :
- de leur localisation (lieu peu sécurisé ou localisation limitée à un endroit où la mission
ne se rendait pas) ;
- du fait qu’il faisait double emploi avec d’autres projets similaires parfois considérés
par les bailleurs comme plus pertinents ;
- de difficultés potentielles dans l’établissement de contacts.
Table 5 : Liste globale des 25 projets pré sélectionnés et détermination du choix final
52 Dispersion géographique ; diversité des bailleurs concernés ; diversité des acteurs intervenants (ONG,
Multilatéral, Gouvernemental) ; capacité des projets à atteindre des groupes vulnérables ; niveau d’intervention
(National/régional/local) ; possibilité de tirer des leçons de ces interventions ; domaines d’intervention (la P&I
comme thème central ou partiel) ; équilibre entre Participation et Imputabilité; équilibre entre l’offre et la
demande en matière de P&I ; considérations logistiques et opportunités spécifiques.
75
5 Initiative pour un leadership UK-SE Résolution des Kinshasa Sélectionné
collaboratif et la cohésion de conflits
l’Etat -WWICS
Décentralisation
11 Appui réhabilitation jeunes gens BE Résolution des Kivu Non sélectionné car situé en
et filles affectés de guerre au conflits zone insécurisée.
Kivu – Plateforme DIOBASS
12 Comité national Femme & BE Elections –appui Kinshasa + Non sélectionné car
Développement CONAFED- société civile - Genre Provinces difficultés dans
Femmes et Elections en RDC l’organisation
13 Prévention des conflits et BE Résolution des Nord-Kivu Non sélectionné car situé en
construction de la paix au Nord conflits zone insécurisée.
Kivu : S’entendre sur les Rives
du Lac – Pax Christi
14 Appui au renforcement du Sénat BE Renforcement Etat Kinshasa Non sélectionné car projet
par le Sénat belge très ciblé
17 REJUSCO – Réforme de la BE Renforcement Etat Nord et Sud Non sélectionné car projet
Justice au Congo Kivu démarré récemment
18 Appui à la Nouvelle Dynamique BE – UK Appui société civile Katanga Non sélectionné car
Syndicale principalement basé au
Katanga
76
19 Appui à ASADHO : ONG droit BE - UK Appui société civile Kinshasa + Non sélectionné car appui à
de l’homme Provinces ONG spécifique : en
comparaison avec
CNONGD
20 Appui via GLOBAL RIGTHS SE Appui société civile Kinshasa Non sélectionné car projet
aux OSC pour s’impliquer dans moins pertinent que d’autres
l’élaboration des lois projets sélectionnés
21 Appui via ICTJ pour renforcer SE Justice Kinshasa Non sélectionné car projet
le secteur de la Justice en RDC. moins pertinent que d’autres
projets sélectionnés
Finalement, une sélection d’une dizaine d’interventions a été retenue par l’équipe de
consultants et présentée pour approbation à la réunion de débriefing de la mission de
démarrage, qui a confirmé la sélection reprise ci-dessous, en proposant de retenir Mbuji Mayi
comme second lieu d’évaluation, en plus de la ville de Kinshasa.
77
Table 6 : Liste des interventions sélectionnées en fonction des critères de sélection.
53
ONGL = Organisation non gouvernementale locale, ONGI = ONG Internationale, OM = Organisation multilatérale, CB = Coopération bilatérale gouvernementale.
54
N/P/L = National / Provincial / Local
55
Localisation des lieux où les interventions ont été évaluées: beaucoup de ces interventions sont présentes dans différentes autres régions du pays que celles où elles ont été
évaluées (Ainsi par exemple: les projets dont le niveau d’intervention est N/P/L agissent en principe au niveau des différents chefs lieux de province et en outre à un niveau
plus local).
78
Cette sélection d’interventions finalement retenue rencontre ainsi la plupart des critères
retenus :
- trois interventions sont localisées uniquement dans Kinshasa, les sept autres
disposent, en plus de leur localisation dans la capitale, d’implantations ou de
réalisations similaires à l’intérieur du pays, parmi elles cinq pourront être évaluées à
Mbuji Mayi ;
- les interventions couvrent les différents types d’acteurs intervenants, même s’il y a
une majorité de projets exécutés par des ONG internationales, ce qui est d’ailleurs
représentatif de la modalité d’intervention en RD Congo durant cette période de
transition ;
- la majorité des projets concernent des populations vulnérables ;
- il existe un certain équilibre entre les projets axés sur l’offre et la demande, même si
les interventions d’appui à la seule imputabilité sont les moins fréquents, ce qui est
représentatif du contexte congolais de sortie de crise ;
- il existe un équilibre entre des projets financés par les différents bailleurs partenaires
de l’évaluation et près de la moitié de ces projets sont financés par plusieurs bailleurs,
ce qui est aussi caractéristique de la situation congolaise.
Toutefois, compte tenu des contraintes logistiques qui ne permettaient pas de visiter une
diversité de lieux et compte du contexte actuel de la RDC (Etat fragile au lendemain
immédiat du processus électoral), cette sélection couvre de manière probablement
insatisfaisante trois aspects :
- la réalité de la situation dans les zones rurales reculées : les contraintes de
communications ont limité les possibilités de déplacement de l’équipe dans des zones
rurales très reculés, même si le choix de retenir Mbuji Mayi comme seconde
localisation a pu pallier partiellement cette insuffisance ;
- les projets de renforcement de l’Etat (axés spécifiquement sur le volet imputabilité) :
ils sont moins bien représentés. C’est toutefois illustratifs de la situation congolaise du
moment : les priorités d’appui des bailleurs ne se sont pas focalisées sur ce volet. Les
quelques appuis parfois trop ponctuels (comme l’appui au Sénat) n’ont pu être retenus
compte tenu de la concurrence que représentaient les gros volumes d’appui au
processus électoral ;
- la dimension genre : elle est certainement trop peu présente dans l’échantillon des
interventions. Ici aussi cependant, cette situation est illustrative du contexte congolais
actuel : les priorités urgentes des bailleurs ont pour une part importante laisser de côté
des financements pour des groupes spécifiques, comme les femmes.
Pour la plupart de ces projets la date de démarrage est récente. Ce démarrage récent
s’explique pour partie par le fait que la stabilisation politique en RDC date seulement de 2003
après la Signature de l’Accord Global et Inclusif, ce qui a entraîné un démarrage/redémarrage
de plusieurs projets à partir de ou après 2004. Toutefois durant la période plus troublée qui a
précédé cette stabilisation, beaucoup de bailleurs ont financés des interventions du même
type, souvent avec les mêmes partenaires, mais avec des financements de plus courte durée
(généralement un an) : c’est au moins le cas pour la moitié des projets de l’échantillon. La
durée du partenariat entre bailleurs et exécutants du projet est donc souvent plus longue que
ce que ne laisse supposer la date de démarrage du projet. L’évaluation a donc examiné des
interventions et des appuis à la P&I qui possèdent souvent une histoire plus longue que la
seule durée de leur dernier financement. Les effets ou conclusions qui découlent de l’analyse
de ces interventions s’alimentent nécessairement de toute l’expérience accumulée dans les
79
phases précédentes, même si l’évaluation cherche à se concentrer au mieux sur l’analyse de la
seule phase du projet retenue dans l’échantillon.
3. Phase principale
La phase principale de l’évaluation a examiné en profondeur la situation générale de la P&I
en RDC. Une seconde mission de terrain a ainsi rencontré les points de vue d’un ensemble de
personnes ressources représentatives des autorités publiques, des ONG internationales et des
acteurs locaux. L’annexe E reprend la liste complète des personnes individuelles rencontrées
et interrogées pour la plupart suivant l’un des guides d’entretien repris en annexe F.
Une partie importante de la mission principale s’est focalisée sur les évaluations des dix
interventions retenues. Celles-ci ont été principalement réalisées en se basant sur l’examen
des cinq composantes des interventions P&I, telles qu’identifiées dans le guide
méthodologique de l’évaluation,56 et des critères du CAD (pertinence, efficience, efficacité,
impact, durabilité).
Pour chacune des interventions retenues dans l’échantillon, une consultation des documents
disponibles a été faite préalablement à la mission et souvent complétée par la récolte de
documents sur le terrain. Un contact préalable a été pris avec les personnes chargées du suivi
de ces projets au siège des différents bailleurs. Enfin une récolte de données systématique
pour les dix interventions a été effectuée sur le terrain. Les outils méthodologiques suivants
ont notamment utilisés pour la récolte des données sur le terrain :
- Consultation des sources secondaires (Documentation disponible)
- Focus group57
- Groupes de discussion
- Interview semi directive semi directive des bailleurs, de personnes ressources et des
intervenants dans les projets
- Observation passive.
En utilisant ces outils méthodologiques, l’équipe des consultants a pris les précautions
suivantes :
Method of evaluation: Selection of for all interventions the project team aimed to talk to the
founders (e.g. international NGOs, donor), the project implementer and the beneficiary/ies.
Special attention was paid to having separate interviews with the beneficiaries of the
intervention to allow them to speak freely about the benefits and problems. However, the
project team was often the only link between the consultants and the beneficiaries and—
given the short time-frame to evaluate ten projects—the evaluation team did not always have
total control over the selection of the beneficiaries.
56
A Opportunités, contraintes et points d’entrée de la P&I ; B. Capacités, institutionnelles, organisationnelles et
individuelles ; C. Canaux pour la Participation et l’Imputabilité ; D. Changements dans les politiques, les
pratiques, les comportements et les relations de pouvoirs ; E. Impacts plus larges en matière de développement
57
L’évaluation n’a rencontré aucun problème de participation dans les Focus group : la présence a été spontanée
dans chaque cas et l’implication dans la discussion élevée. Aucun participant n’a été rémunéré pour participer
aux Focus Group ; dans certains groupes (auditeurs de radio, CSC, PAIDECO) un remboursement des frais de
transport a été effectué. Ceci témoigne encore une fois de l’intense volonté de la population congolaise à donner
son avis et à participer à la chose publique.
80
Focus Group Discussion: In order to allow for a maximum diversity of focus group of the
Focus Group Participants the following factors were taken into account, both in Kinshasa and
Mbuji Mayi: gender of the participant, poverty status, education and age.
Focus Group Participants in Kinshasa—through the visual means of a Venn Diagram—
mapped landscape of radio stations in the capital along two actors: (1) the importance and
influence of the radio stations (How easily can this radio make its voice heard?) shown by the
size of the circle (and colour) and (2) the radio’s proximity to the citizens in terms of access
(How easily can citizens contact the radio stations and does the radio pass the complaint on?)
shown in the distance of the radio station to the community. See below for results.
Interview scripts: Different semi-structured interview scripts were developed for the key
informants’ interviews, the donor interviews and the focus group discussions, both in English
and French. While allowing the required flexibility the interview scripts were developed in
regards to the ODI framework and thus ensured comparability between the different
interventions.
Confidentiality: Confidentiality was assured to all resources persons, key informants and
focus group participants.
58
Ce tableau reprend les Interviews effectuées sur base de grilles d’entretien avec les parties prenantes des
projets. La récolte de données a été étoffées par les entretiens et contacts nombreux que les consultants ont eu
avec des représentants des bailleurs et de personnes ressources qui ont permis d’avoir une bonne vision du
contexte dans lesquels ces interventions analysées se sont déroulées.
59
ISD = Interview semi directive: généralement une ou deux personnes interrogées.
FG = Focus group : discussion avec un petit groupe (entre 5 et 8 participants)
DG = Discussion de groupe : entretien rassemblant plus de 10 participants
81
06 Casser le lien entre exploitation des o 2 ISD de collaborateurs d’ONG nationale Mbuji Mayi,
ressources naturelles, conflit et Kinshasa
corruption en RDC - GW
o 1 ISD de gestionnaire du projet (par téléphone) London
07 Appui au conseil national des ONG de o 1 ISD d’un bailleur Kinshasa
développement - CNONGD
o 1 ISD d’un gestionnaire du projet Kinshasa
o 2 ISD d’ONG bénéficiaires Kinshasa
08 Programme de formation syndicale – o 2 ISD de bénéficiaires et de gestionnaires du Kinshasa
CSC projet Mbuji Mayi
o 1 DG avec des bénéficiaires Kinshasa
09 Appui au renforcement de l’état de o 1 ISD avec des gestionnaires du projet Kinshasa
droit et à la restauration de la justice -
RCN o 1 observation (atelier police, société civile) Kinshasa
o 1 FG avec des bénéficiaires (police, société Kinshasa
civile)
10 PAIDECO - CTB o 1 ISD avec des gestionnaires du projet Kinshasa
o 1 ISD avec les autorités locales
o 1 DG avec les membres du CCD et du CLD Kinshasa
o 1 DG avec des bénéficiaires et ONG locales Kinshasa
Par ailleurs, pour plusieurs interventions, les récoltes de donnés qualitatives ont été
complétées par une visite du projet sur le terrain : visite de studios de la Radio Okapi, de
studios de radios diffusant les programmes de SFCG, de bureaux de la CEI, de la HAM, d’un
parlement et d’un gouvernorat provincial, d’un bureau régional du CNONGD, de lieux de
formation de RCN, de réalisation de développement du projet PAIDECO, etc.
82
une même intervention, diversification du portefeuille de la plupart des bailleurs,
etc.). La grande taille de cet échantillon et les conditions logistiques générales de la
RDC ont imposé de réduire le nombre de méthodes utilisées. Au niveau des
contraintes logistiques il faut notamment souligner : les limites de disponibilité des
personnes à interroger au mois de décembre, les distances et la mobilité réduite à
Kinshasa qui ont limité le nombre de rencontres possibles par jour, la difficulté pour
les personnes interrogées de disposer de données chiffrées et matérielles même après
plusieurs jours de recherche, la faible présence de certaines ONG internationale sur
place, etc.
Par ailleurs, l’équipe d’évaluation a privilégié en son sein le travail collectif. Dans la mesure
du possible, à chaque fois, les différents consultants de l’équipe qui étaient disponibles, ont
rencontré ensemble les personnes ressources, plutôt que de partager entre eux préalablement
les différentes interviews à réaliser. Cette modalité a permis d’obtenir, pour la plupart des
données récoltées, une vision multiple qui a permis de soutenir une analyse diversifiée et
complémentaire. Le choix de cette manière de travailler réduit le nombre potentiel de
rencontres réalisées.
Enfin, durant la mission principale sur le terrain, un représentant du SES du Ministère belge
des Affaires Etrangères a accompagné l’équipe des évaluateurs. Pour assurer une parfaite
transparence, cette personne a été présentée à chaque personne interviewée. Ce représentant
du SES n’était pas membre de l’équipe d’évaluation, il a gardé tout au long de la mission une
attitude d’observation, sa présence ayant pour but une meilleure connaissance personnelle des
mécanismes d’évaluation. Il est difficile de mesurer l’impact de cette présence sur les
réponses apportées, même si, a priori, cet impact semble faible, au vu du déroulement des
entretiens.
83
A la fin des deux missions (mission de démarrage et mission principale), une restitution des
premières conclusions a été présentée auprès de la plupart des parties prenantes qui ont pu
exprimer leurs observations et réactions (voir participants en annexe E). Le rapport a fait
l’objet d’un premier draft qui a été soumis pour commentaires à plusieurs parties prenantes
(Les représentants des bailleurs à Kinshasa, SEU de la coopération belge, SIDA, DFID,
11.11.11, etc.). Il a également été transmis au bureau chargé du suivi de la qualité des
différentes études de cas pays (PARC). Chacun des commentaires de ces différentes parties
prenantes a fait l’objet d’une révision argumentée dans la version finale du rapport.
Cependant, le guide s’avère très complexe et contient plusieurs niveaux d’analyse, à savoir :
les cinq composantes du guide, les quatre questions d’évaluation et les critères du CAD.
Alors que les composantes et les questions d’évaluation constituent un guide adéquat et utile
pour l’analyse des interventions P&I, les critères du CAD apparaissent parfois comme un
ajout superflu à la méthodologie. De plus, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une évaluation de
projets individuels, les critères du CAD ne sont pas nécessairement les plus appropriés pour
analyser le soutien général des bailleurs à la P&I dans un pays.
84
Annexe C: Analyse du contexte
1. Profil de la RDC
La RDC est le troisième plus grand pays du continent africain (après l’Algérie et le Soudan)
et le plus grand pays d’Afrique centrale. Le pays s’étend de l’océan Atlantique au plateau de
l’Est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Le Nord du pays est un des
plus grands domaines de forêt équatoriale au monde, l’Est du pays borde le grand rift Est
africain, domaine de montagnes, de collines, de grands lacs et aussi de volcans. Le Sud et le
centre, domaine des savanes arborées, forment un haut plateau riche en minerai. La position
centrale du pays en Afrique et sa richesse en ressources naturelles et en matières premières
ont toujours attiré les convoitises des puissances occidentales ainsi que de ses voisins
régionaux. Cette situation privilégiée est par contre en contraste total avec la pauvreté
généralisée du pays.
Près de quatre cents ethnies coexistent sur le vaste territoire de la RDC60. Le français est la
langue véhiculaire mais la RDC compte quatre langues vernaculaires (kikongo, lingala,
tshiluba, et swahili) ainsi que de nombreuses formes dialectales. Malgré cette diversité
ethnico linguistique, les Congolais sont fiers d’appartenir à un grand pays situé au cœur du
continent africain et les années de guerre ne semblent pas avoir affaibli ce sentiment national.
En 1997 une coalition dirigée par Laurent Désiré Kabila (AFDL) renverse Mobutu avec
l’aide d’alliés extérieurs. Cependant, Laurent Désiré Kabila fait très tôt preuve
d’indépendance vis-à-vis de ses alliés de l’Est (Burundi, Ouganda, Rwanda). Ceux-ci
prennent prétexte de l’incapacité de Kinshasa à contrôler les rebelles hutus Interhamwe
(exilés en RDC après le génocide commis au Rwanda en 1994) pour intervenir militairement
sur le territoire congolais. Une longue guerre divise le Congo jusqu’en 2003 qui coûta la vie à
plus de 3 millions de personnes61 et verra Laurent Désiré Kabila se faire assassiner à son tour
60
Chiffres rassemblés à partir de plusieurs données croisées sur Internet. Voir par exemple Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%C3%A9mocratique_du_Congo#_note-7 qui cite plusieurs
sources donnant de 200 à 450 ethnies. Les ethnies sont regroupées en plusieurs groupes (Les peuples Bantous,
Les Soudanais, Les Nilotiques, Les Chamites, Les Pygmées).
61
Parmi les études les plus sérieuses qui ont été menées sur la situation humanitaire de la RDC durant les années
de guerre, on citera notamment les rapports de l’ONG américaine International Rescue Committee. Ainsi entre
1998 et 2002, l’IRC avait estimé la mortalité excédentaire causée par le conflit congolais à 3,3 millions de
morts. Voir : International Rescue Committee, “Mortality in the Democratic Republic of Congo, Results from a
Nationwide Survey”, Conducted September-November 2002, reported April 2003.
Un nouveau rapport publié en 2007 montre que l’ampleur de la crise humanitaire n’a pas pris fin avec la
Transition politique puisque le nombre de morts excédentaires est maintenant évalué à 5,8 millions de
personnes. Voir International Rescue Committee, “Mortality in the Democratic Republic of Congo, An Ongoing
Process”, fifth and latest survey, covering the period from January 2006 to April 2007 (disponible sur le site:
85
en janvier 2001. Son fils, Joseph Kabila, lui succède à la tête de l’Etat. L’acceptation
inconditionnelle, en 2001, par Joseph Kabila des Accords de Lusaka (1999)62 a mis en place
une dynamique de paix vis-à-vis de l’extérieur et de partage du pouvoir interne, tandis que les
Nations Unies déployaient une importante mission de rétablissement de la paix, la MONUC.
L’Accord global et inclusif63 ratifié à Sun City en 2003 a marqué officiellement la fin des
années de guerre et a engagé la RDC dans un processus de transition politique. Celui-ci
prévoyait le partage du pouvoir entre les Kabilistes, les groupes rebelles (principalement le
MLC de Jean-Pierre Bemba et le RCD d’Azarias Ruberwa), l’opposition politique non armée
et les représentants de la société civile ainsi que la tenue d’élections démocratiques. Une
Constitution de la Transition a également été adoptée (2003). Pendant les deux premières
années de la Transition, les institutions du « 1+4 » ont été handicapées par leurs
contradictions internes64. Elles se sont révélées incapables de trancher dans plusieurs dossiers
et ont été freinées par plusieurs événements : les affrontements à l’Est (au Nord et au Sud
Kivus et en Ituri) ; la tentative de coup d’état de juin 2004 ; le retrait du RCD des institutions
en août 2004 ; le regain de tension avec le Rwanda fin 2004 ; et les menaces de retrait des
institutions du MLC, début 2005. Chaque fois, les tensions ont pu être apaisées notamment
grâce à l’intervention de la communauté internationale dont le rôle en RDC était d’ailleurs
inscrit dans les textes de Sun City qui prévoyaient un Comité International
d’Accompagnement de la Transition (CIAT)65 doté de pouvoirs intrusifs. Le référendum
constitutionnel, adopté au suffrage universel en décembre 2005, a marqué une avancée
décisive vers la tenue des élections pluralistes. Malgré les campagnes électorales marquées
par la prolifération des discours de haine et le déséquilibre des moyens à la disposition des
candidats, la population congolaise a démontré, avec dignité et détermination, son
attachement à un modèle démocratique et non-violent de désignation de ses dirigeants, lors
des élections organisées au courant du second semestre 2006.
Ces élections ont été l’aboutissement d’un long et difficile processus de retour à la paix et de
stabilisation des institutions politiques de la RDC. Elles ont permis le franchissement d’une
étape décisive vers la consolidation de la démocratie et vers une vie politique apaisée
impliquant l’ensemble des acteurs politiques congolais. Cependant de nombreux événements
ont démontré que le chemin vers la consolidation de la paix et de la démocratie reste long. En
effet, si les élections ont été tenues dans un climat de relative sérénité, sous les yeux de la
86
communauté internationale, les résultats du scrutin ont provoqué des troubles. On a
notamment assisté à des affrontements importants entre les groupes armés proches du
candidat malheureux (JP Bemba) et les troupes gouvernementales du président Kabila
(combats à l’arme lourde à Kinshasa entre les deux tours de l’élection présidentielle,
affrontements violents à nouveau à Kinshasa mais aussi au Nord Kivu en novembre 2006, et
très graves combats à Kinshasa en mars 2007).
Enfin pour ce qui est de la situation à l’Est du pays, théâtre des plus importants affrontements
entre groupes rebelles et des plus graves exactions sur la population civile, l’accord signé
entre le gouvernement de Kinshasa et les trois groupes rebelles en Ituri semble finalement
porter ses fruits. La situation est plus complexe dans les deux provinces du Kivu, l’accord de
« mixage » de janvier 2007 des rebelles du Tutsi mutin Laurent Nkunda et des FARDC a
échoué. Le président Kabila a alors décidé d’engager les troupes gouvernementales dans un
affrontement avec les rebelles qui s’est soldé par un échec relatif. Un nouvel espoir de sortie
de conflit a toutefois pris forme lors de la Conférence sur la paix dans les Kivus qui a
rassemblé les différentes parties encore belligérantes, les organisations de la société civile et
les représentants des autorités publiques. Cette conférence s’est soldée par la signature (le 23
janvier 2008 à Goma), par les groupes armés, d’un « Acte d’engagement » pour une cessation
immédiate des hostilités. « Cet acte, (…) représente, s’il est suivi d’effets, le plus important
effort de paix depuis la signature de l’accord de Sun City en 2002. Il devrait permettre de
rétablir la paix dans la dernière zone de la République encore théâtre d’affrontements
armés »66.
66
C. BRAEKMAN, Le Soir, mercredi 23 janvier 2008, 22h35
87
3. Le contexte socio-économique
La population estimée à 58 millions d’habitants vit pour la grande majorité sous le seuil de
pauvreté (71%)67. La mauvaise gestion des ressources nationales et les guerres successives
ont conduit à la détérioration générale de la situation socio-économique du pays :
délabrement des infrastructures économiques et sociales de base, rétrécissement du secteur
privé formel, pertes de vies humaines par millions, déplacements de populations par centaines
de milliers, baisse générale du niveau de vie de la population, émergence et développement
des activités des organisations de la société civile pour assurer la survie de la population face
à la démission de l’Etat dans ses missions essentielles de services publics. Par conséquent, la
RDC est l’un des pays les plus pauvres du monde, ce qui contraste avec les énormes
potentialités humaines et en ressources naturelles du pays.
Many commentators have remarked that conflict in the DRC has been partly driven by the
trade in natural resources. The UN Expert Panel reports on the illegal exploitation of
natural resources in the DRC in April and November 2001 and in May and October 2002,
all came to the clear conclusion that greed over the DRC’s natural resources has played a
significant role in prolonging the conflict. The conflict has become mainly about access,
control and trade of five key mineral resources: coltan, diamonds, copper, cobalt and gold.
The other resources of the DRC are:
- Cassiterite - Uranium, zinc and silver - Oil and gas – Manganese – Lead – Coal -
- Timber
Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) récemment estimé à 123 $US par habitant et par an69, le
pays est situé à la 168ème place (sur 177) dans le classement du développement humain en
200570. En effet, l’IDH de la RDC (0,411) se situe à la fois en dessous de la moyenne pour
l’Afrique subsaharienne (0,493) et en dessous de la moyenne des pays les moins avancés
(0,488). En outre, cette situation d’ensemble cache des disparités importantes entre provinces
allant d’un PIB/hab de 32 $US dans la province du Bandundu et la province Orientale à 138
$US dans les provinces du Bas Congo et du Katanga.
67
DSCRP, p.24
68
UN Security Council. (2001) Report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources
and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of the Congo. 12 April , S/2001/357. ; UN Security
Council. (2001) Addendum to the report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources
and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of the Congo. 13 November, S/2001/1072; UN Security
Council. (2002) Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of
the Democratic Republic of Congo, 23 October, S/2003/1027. Global Witness, Same Old Story, A background
study on natural resources in the Democratic Republic of Congo, June 2004
69
Indicateur de résultat économique (n°14) dans le Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008,
La lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, PNUD,
2007/2008.
70
IDH 2005 dans le rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, La lutte contre le changement
climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, PNUD, 2007/2008.
88
Table 8 : Statistiques socio-économiques de la RDC comparées à la moyenne de
l’Afrique subsaharienne71
RDC Afrique
subsaharienne
Population (en millions d’habitants) 54 659
PIB/habitant (en USD) 111,3 470
Croissance de la population (en %) 2,7 2,8
Taux de mortalité infantile (pour 1000) 128 91
Taux de mortalité des enfants (pour 1000) 207 162
Taux d’alphabétisation des hommes (en %) 49,7 85
Taux d’alphabétisation des femmes (en %) 44 71
Personnes souffrant de malnutrition (en %) 73 33
Taux de scolarisation primaire (en %) 51,6 59
Espérance de vie à la naissance (en années) 50 46,9
Taux d’accès à l’eau potable (en %) 26,1 54
Source : DSRP-I (2002), FMI (2003) et PNUD (2000 et 2003).
La pauvreté frappe tout le territoire national et toutes les catégories sociales, même si des
inégalités très marquées existent. Les femmes sont ainsi plus touchées que les hommes.
Selon la BAD, la femme en RDC présente une espérance de vie à la naissance limitée à 50
ans en 1999, un faible taux de couverture de soins prénataux (68%) et un taux de couverture
d’accouchement assisté par un personnel qualifié de 60% seulement en 200376. L’Analyse
participative menée en préparation de la rédaction du DSCRP dans chaque province en étroite
collaboration avec les OSC a mis en exergue de manière détaillée les différentes facettes de
cette pauvreté généralisée et les causes essentielles de cette détérioration77.
71
Arnaud Zacharie, La stratégie DSRP-PPTE en R. D. Congo, CNCD, Bruxelles – 2003, p.3
72
Les chiffres de la BAD diffèrent parfois quelque peu de ceux retenus par le DCSRP ou le PNUD, mais sont
tout aussi illustratifs de la situation socio-économique particulièrement dégradée du pays.
73
Groupe de la Banque Africaine de développement, « République Démocratique du Congo, Document de
stratégie par pays axés sur les résultats 2005-2007 », Département des opérations pays, Région centre, Octobre
2005. p. ii.
74
Idem, p. 10
75
Idem, p. 10
76
GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT, République Démocratique du Congo :
Document de stratégie par pays, 2003 – 2006, Département des Opérations, Tunis, Octobre 2003, p.7
77
« Pauvreté, Insertion et Exclusion, dans la Province de … » Comités provinciaux de lutte contre la pauvreté -
2007
89
vue par la très grande majorité des congolais comme le lieu d’épanouissement par excellence.
Les familles consacrent une partie importante de leurs revenus à l’éducation et à la santé et
compensent ainsi, tant bien que mal, la démission de l’Etat dans ces deux secteurs.
Comme de nombreux pays en développement, la RDC connaît un exode rural important. Les
guerres et le délitement avancé des infrastructures de transport ont créé des conditions de vie
particulièrement dures dans les campagnes. Chaque année, les villes s’agrandissent de
nouveaux quartiers qui, le plus souvent, ne disposent pas des infrastructures de base (eau,
électricité, égouts).
La Mission d’évaluation ne s’est pas déployée dans cette province par hasard.
La province du Kasaï Oriental est dotée d’énormes richesses minières mais elle apparaît
aujourd’hui comme l’une des provinces les plus pauvres du pays. Cette Province présente le
paradoxe d’être le premier producteur en diamant dont l’essor industriel a été plombé par les
conflits politiques et ethniques ainsi que par une législation inappropriée aux investissements
étrangers et mêmes nationaux. En effet, la proportion de la population vivant avec moins
d’un dollar par jour, selon les critères de la Banque Mondiale, est estimée à 83 % (dont 69 %
en milieu urbain et 100 % en milieu rural). Le PIB par habitant est inférieur de 14 % à ce
qu’il était en 199978.
De 1996 à la fin de 2001, le Kasaï Oriental n’a pas échappé aux méfaits des différentes
guerres et combats dits de libération menés dans le pays. Toute sa partie Nord (les 6
territoires du District du SANKURU) et les territoires de LUBAO, une partie de KABINDA
et une partie du territoire de GANDAJIKA ont été entièrement occupés par les forces armées
de l’ex-rébellion. Pour contrer la rébellion, la Ville de Mbuji-Mayi a été transformée en
véritable base militaire où on a dénombré plusieurs Forces Armées alliées, notamment les
armées angolaise, zimbabwéenne et namibienne venues soutenir les troupes
gouvernementales.
Toutes ces guerres ont causé des dégâts énormes aux populations civiles et aux institutions
publiques et privées de la Province. Les ressources naturelles ont été exploitées à outrance
tant par les Forces alliées que par les Forces de la rébellion (notamment le diamant, le bois, le
cheptel, etc.). La plupart des infrastructures de base (hôpitaux, écoles, adduction d’eau,
électricité, routes, chemins de fer) ont été totalement délabrées.
90
Aujourd’hui, beaucoup de ces déplacés vivent dans des conditions infrahumaines. Aucune
indemnisation n’a eu lieu pour les biens et les personnes disparus ! La situation dans cette
province reste encore marquée par une forte intolérance. Les tracasseries policières, militaires
et administratives sont encore fréquentes, surtout dans les milieux ruraux.
Le processus électoral a failli être hypothéqué dans cette province fort acquise à l’opposition
non impliquée dans les institutions de la Transition. Une vive tension a caractérisé la période
2003 à 2006, faisant croire même à l’imminence d’une intervention armée, nationale et
internationale, pour garantir la tenue des élections. Grâce à la synergie de différentes
institutions d’appuis à la démocratie, notamment la HAM, la CEI, mais aussi l’Eglise
catholique et les médias, les opinions ont pu être apaisées pour permettre la tenue des
élections sans heurts majeurs même si le taux de participation y a été particulièrement bas.
Durant les années de troubles, la répartition des pouvoirs en RDC se caractérise par une
démission de l’Etat dans ses missions essentielles, l’absence de mécanismes de contrôle
nationaux et un cadre légal déliquescent. Le pouvoir est davantage détenu par les potentats
locaux et les chefs de clan, ce qui peut amener à des replis identitaires et à des conflits
interethniques violents (par exemple : conflit Kantago-Kasaïens). L’Est du pays (les deux
Kivus et l’Ituri) voit régner des chefs de guerre qui sèment la terreur parmi la population
civile et se livrent à des luttes sanglantes pour la maîtrise des richesses naturelles.
Dans leur combat pour la survie, les congolais peuvent néanmoins compter sur la dynamique
communautaire (voir §6) et la famille. En effet, malgré la situation économique désastreuse,
la solidarité interpersonnelle, favorisée par une conception large de la famille, reste un ciment
fort de la société congolaise qui permet d’atténuer l’acuité des effets de la crise économique.
Cette solidarité fait naître de nombreux réseaux de dons et de contre dons, parfois très étalés
dans la durée. La famille reste vue par la très grande majorité des congolais comme le lieu
d’épanouissement par excellence. Les familles consacrent une partie importante de leurs
revenus à l’éducation et à la santé et compensent ainsi, tant bien que mal, la démission de
l’Etat dans ces deux secteurs.
La religion constitue également un important refuge à la dure réalité quotidienne. Les églises
sont une des institutions parmi les plus influentes du pays. Le catholicisme, le protestantisme
et le kimbanguisme (communauté chrétienne de rite protestant, qui vénère la mémoire de
Simon Kimbangu, martyr de l’intolérance religieuse à l’époque coloniale) sont les religions
les plus pratiquées. L’Islam compte également plusieurs milliers d’adeptes. A côté de ces
grands cultes fleurissent en RDC des myriades d’églises du réveil et de sectes dont le
financement ne brille pas toujours par sa transparence… Dans l’ensemble, les Congolais
pratiquent leur culte de manière tolérante. La RDC ne semble pas être un terreau propice au
développement de communautés fondamentalistes. En revanche, la pratique religieuse se
juxtapose parfois avec les superstitions, le fétichisme, voire la sorcellerie. Il n’est pas rare que
des enfants, soi-disant ensorcelés, fassent l’objet de véritables sévices ou soient abandonnés
par leur famille.
91
A présent, la période de transition et les élections démocratiques offrent l’espoir d’un avenir
socio-économique meilleur. Le taux de croissance est reparti à la hausse avec la fin de la
guerre et pourrait s’envoler si les conditions d’investissements se clarifient et se stabilisent
dans le pays.
10
0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
1997
-5
-10
-15
4. Le contexte institutionnel
La période de Transition
L’Accord global et inclusif de Sun City entre le gouvernement, les différents groupes
rebelles, les forces politiques et les organisations de la société civile, a ouvert la période de
transition à partir de juin 2003. Les objectifs de ce processus du Dialogue Inter Congolais ont
été principalement l’instauration d’un nouvel ordre politique et institutionnel, basé sur la
légitimité populaire.
Pour y arriver le processus devait passer par la réalisation des objectifs intermédiaires ci-
après :
• La réunification, la pacification, l’instauration de l’intégrité territoriale, et le
rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ;
• La reconstruction du pays ;
• La réconciliation nationale ;
• L’organisation des élections libres, transparentes à tous les niveaux permettant la
mise en place d’un régime constitutionnel démocratique ;
• La formation d’une armée restructuré et intégrée.
92
L’Accord global et inclusif prévoyait également un parlement, composé d’une assemblée
nationale et d’un sénat chargé de voter des lois devant consacrer l’évolution du nouvel ordre
politique et de définir les moyens de fonctionnement de l’Etat. Il comprenait des membres
désignés par les différentes composantes signataires de cet accord.
Enfin, l’espace institutionnel de la RDC durant la Transition a vu naître des institutions dites
« d’appui à la démocratie ». D’une manière générale, elles étaient censées appuyer la
démocratie. Elles étaient considérées par les Congolais comme un rempart contre les dérives
des institutions politiques classiques. Il s’agissait de :
- la Commission Electorale Indépendante (CEI), avec la mission délicate et sensible
d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques ;
- la Haute Autorité des Médias (HAM), devant garantir le pluralisme et le caractère de
service public des médias, édicter des règles en matière d’exploitation des médias par
les divers opérateurs (politiques, économiques ou sociaux) ;
- la Commission d’Ethique et de Lutte contre la Corruption (CELC), garante de la
bonne gouvernance, de la transparence et de l’assainissement des mœurs publiques ;
- la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), avec pour mandat d’aider les
Congolais à relire leur histoire et à connaître la vérité sur les causes des violations des
droits de l’homme et crimes subis, en vue de les réconcilier par une catharsis
collective et éviter que pareils drames ne se reproduisent ;
- l’Observatoire National des Droits de l’Homme (ONDH), devant échapper à la
logique des composantes pour se conformer aux normes, universellement reconnues,
d’observation et de contrôle du respect des droits humains.
Toutes ces institutions étaient présidées par des acteurs de la société civile. Bien que les
acteurs politiques se soient arrogé le droit d’occuper la plupart des postes dans les bureaux
permanents de ces institutions, il reste que les assemblées générales devaient être composées
uniquement d’acteurs de la société civile.
Il ressort de nos entretiens avec des personnes ressources que si la CEI et la HAM ont été en
mesure d’assurer substantiellement les objectifs qui leur étaient confiés, grâce notamment à
un soutien important de la communauté internationale et des bailleurs, ce ne fut pas vraiment
le cas de la CECL, de la CVR et de l’ONDH, faute de moyens et parfois de volonté politique.
93
- Et dans chaque province du pays : un Gouverneur élu au suffrage indirect, une
Assemblée provinciale et un Gouvernement provincial.
Les élections législatives ont permis la désignation directe de 500 députés à l’Assemblée
nationale. Pas moins de 69 partis politiques y sont représentés, auxquels il faut rajouter 63
élus indépendants. Malgré cette grande fragmentation, une bipolarisation se fait jour.
Vainqueurs de l’élection présidentielle, les Kabilistes ont rassemblé une plate-forme,
l’Alliance pour la Majorité Présidentielle – AMP, qui revendique une majorité
gouvernementale de plus de 300 sièges, un chiffre confirmé à l’investiture du gouvernement,
le 25 février 2007. Candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle, Jean-
Pierre Bemba a créé l’Union pour la Nation – UN, qui a annoncé une opposition « forte et
républicaine ».
Les élections provinciales ont été organisées le 29 octobre 2006. Les conseils provinciaux ont
élu les gouverneurs et vice gouverneurs de neuf provinces le 27 janvier 2007 et ceux des deux
Kasaï le 10 février 2007. Le nombre de provinces sera progressivement augmenté de 11 à 26
selon le principe de la décentralisation adopté par la nouvelle constitution. Le 20 janvier
2007, les Conseils provinciaux ont élu les 108 membres du Sénat.
La légitimation par les urnes du paysage politique ne sera complète qu’après la tenue des
élections locales, municipales et urbaines. Initialement, ces élections étaient prévues en 2007,
mais elles ont été reportées à 2008, suite au retard dans la promulgation de la loi sur la
décentralisation et de la loi sur la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)80.
Il est important que ces élections aient lieu en 2008, car à la fin de son mandat en 2009, la
MONUC réduira ses effectifs, ce qui rendra l’encadrement d’élections plus difficile.
80
La CENI est l’institution qui remplace la CEI après la Transition.
94
5. La bonne gouvernance : défi du développement
Les décennies de dictature ont anéanti les principes élémentaires de la saine gestion publique
et la situation s’est encore dégradée au cours des années de guerre. Tous les indicateurs de
gouvernance sont au plus bas depuis 1998 et la RDC se place en dessous de la moyenne des
autres pays de la région. En 2006, la RDC obtient un score de 5,8 sur 100 au niveau de
l’indicateur « Voice and Accountability » de la Banque Mondiale81. Tous les indicateurs sont
dans le rouge pour le Global Integrity report de 2006 qui mesure le niveau de gouvernance et
la RDC est classée 144ème sur 158 pays dans le rapport de Transparency International82 qui
mesure le degré de corruption. Si, dans un tel contexte il faut réaliser en même temps une
réforme aussi importante que la décentralisation administrative, les méfaits de cette mauvaise
gouvernance pourront se multiplier considérablement et compromettre durablement tout
effort visant à améliorer le sort des Congolaises et Congolais.
81
Kaufmann, Daniel, Kraay, Aart and Mastruzzi, Massimo, "Governance Matters VI: Governance Indicators for
1996-2006" (July 2007). World Bank Policy Research Working Paper No. 4280
82
Transparency International, « Indice de Perceptions de la Corruption 2005 », Berlin, 2005
95
Table 11: Global Integrity Report sur la RDC
Au cours de la Transition certaines initiatives ont été mises en place pour tenter de redresser
le niveau de gouvernance des pouvoirs publics et leur capacité à répondre aux préoccupations
des citoyens. Ainsi, un Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités (SENAREC)
a été créé. Celui-ci avait notamment pour mission d’élaborer un Appui au Programme
National d’Urgence de Renforcement des Capacités en RDC (APNURC) avec le concours
des partenaires extérieurs83. Malgré les ambitions de ce programme financé par pas moins de
7 bailleurs84, on doit jusqu’à présent conclure à une portée limitée de l’APNURC. Cela
s’explique notamment par le fait qu’il était orienté exclusivement vers les activités de
renforcement des capacités relevant du domaine de la gestion macro-économique et, cela au
seul niveau de l’Administration centrale des services publics. D’après les personnes
ressources interrogées, cela s’explique notamment par le fait qu’il était orienté exclusivement
vers les activités de renforcement des capacités relevant du domaine de la gestion macro-
économique et, cela au seul niveau de l’Administration centrale des services publics. Certains
domaines du secteur public à l’échelle centrale et provinciale, le secteur privé ainsi que la
société civile n’ont pas été pris en compte dans l’APNURC, en dépit de leur rôle déterminant
dans la reconstruction du pays. Un manque de coordination et de dialogue entre les différents
83
Pour une présentation du SENAREC et du PNURC, voyez notamment : SENAREC, Note de présentaiton du
Secrétariat Général pour le Renforcement des capacités, Kinshasa, juillet 2003 (version disponible sur le site
http://www.ccre.cd/senarec/senarecapropos.pdf ).
84
PNUD, BAD, ACDI, ACBF, la France, la Belgique, la BM.
96
bailleurs et le manque de leadership congolais sont également à l’origine de la portée limitée
de la réforme85.
La nouvelle constitution place également la gouvernance au centre des priorités. Elle pointe
notamment les enjeux suivants comme fondamentaux : l’instauration de la bonne
gouvernance comme l’une des priorités de lutte contre la pauvreté ; le découpage territorial
avec de nouvelles provinces, la décentralisation et l’unité du pays.
85
Entretiens avec des membres de la CTB et du PNUD notamment.
86
Pour l’élaboration de ces rapports provinciaux, les enquêteurs fournis par les organisations de la société civile
et formés par les experts du Ministère du plan au niveau national ont d’abord conduit des discussions avec des
groupes sociaux hétérogènes (hommes, femme, jeunes, vulnérables et leaders d’opinion) sur cinq sites (villages,
en milieu rural, ou quartiers, en milieu urbain) par dans chaque Territoire ou Commune identifié sur l’ensemble
du pays. Ensuite, les cinq rapports des sites ont permis d’élaborer un rapport du Territoire ou de la Commune.
Dans la phase suivante, les rapports de tous les territoires ou des communes comprenant ces sites ont été
compilés en un rapport de la Province concerné ou de la Ville de Kinshasa. Ces trois phases ce sont déroulées
du mois d’octobre 2004 au mois d’avril 2005. Enfin, au cours d’un atelier national organisé par le ministère du
Plan, à Kisantu (Province du Bas – Congo, du 29 mai au 5 juin 2005, les rapports provinciaux ont été croisés
pour former un Rapport national. Au total, 35750 personnes dans 74 des 145 territoires et communes des 11
provinces du pays ont été ainsi consultées.
87
Gouvernement de la RDC, Programme du Gouvernement 2007-2011, Kinshasa, juillet 2007, p.39 disponible
sur le site http://www.un.int/drcongo/archives/ProgrammeGouvernementFinal.pdf
97
6. Une société civile au centre du développement88
Depuis la démission de l’Etat de ses fonctions de service public, le gel de la coopération
structurelle en 1990 entre le Zaïre et ses principaux bailleurs extérieurs et l’abandon du
monopartisme au milieu des années nonante, le pays a connu un développement important
des activités de la petite et moyenne entreprises du secteur informel et des organisations
inspirées des dynamiques communautaires au sein de la société. Le mouvement associatif a
ainsi ouvert des perspectives à la population et a permis de créer des emplois. De nombreux
citoyens ont d’ailleurs tenté de se créer leur propre activité dans le secteur, ce qui se traduit
par la multiplication des organisations aux moyens limités et dont les statuts et objectifs ne
sont pas toujours très clairs.
Si d’un côté il n’y a pas à proprement parler de véritable culture syndicale en RDC, le
nombre des syndicats n’en demeure pas moins très élevé mais avec des chiffres variant selon
les sources ; il n’est pas douteux qu’ils soient en tout cas plus de 200, certaines sources allant
jusqu’à parler de 380. Au plan officiel, le Ministère du Travail indique 117 syndicats
enregistrés lors des élections sociales de décembre 2005 qui ont vu la Confédération des
Syndicats Congolais (CSC) supplanter l’omnipotente Union Nationale des Travailleurs
Congolais, issue de l’ancien syndicat unique durant la période mobutiste (UNTZa)89.
La politique nationale de l’emploi en RDC est régie par la loi n°015/2002 portant révision du
code du travail qui s’inspire des conventions internationales du travail. Mais le contexte
socio-économique est particulièrement chaotique90. Dès lors, la représentation syndicale
demeure limitée. Une présence limitée par la faible proportion des emplois salariés formels.
Une présence plus massive dans le secteur public (principal pourvoyeur d’emplois restant),
secteur caractérisé par un important immobilisme, un niveau élevé de corruption et un
manque de clarté dans la représentation syndicale. Un manque de concertation et une
concurrence avec les autres acteurs de la société civile. Une précarité individuelle et
collective qui limite d’une part la militance des délégués distraits par leur recherche de
moyen de subsistance (salaires impayés) et d’autre part le niveau des revendications sociales
qu’on peut adresser à des entreprises hyper fragiles économiquement (choix souvent limité
entre : conditions d’emploi indécentes et perte de cet emploi).
88
L’analyse de la société civile a été réalisée par le consultant congolais de la mission. Elle se base sur sa
longue expérience dans le secteur au sein du réseau d’ONG SERACOB (Service de Renforcement des Appuis
aux Communautés de Base en Afrique Centrale).
89
Voir SPF Affaires Etrangères, Coopération syndicale Belge 2003-2005, Rapport de mission d’évaluation
République démocratique du Congo – Rwanda, mai 2006, p.11
90
La situation de crise qu’a connue le Congo a largement contribué à l’aggravation du niveau de chômage, du
sous-emploi et partant de la pauvreté humaine. La population potentiellement active représente plus de 48% de
la population totale. Dans cette population active ont compte 41,7% de femmes et la majeure partie de cette
population est sans emploi. La part de l’économie informelle dans la création des emplois s’est accrue
continuellement et la tendance à la baisse de l’effectif des travailleurs dans les secteurs publics amorcée depuis
le début de la décennie s’est poursuivie, de sorte que les employés du secteur formel ne représentent plus que
quelques 3,1% de la population active. Le secteur informel est largement dominant au niveau du commerce
(92,5%), de la construction (74,2%), de la manufacture (70,3%), des transports (55%). Voir : Groupe de la
Banque Africaine de développement, « République Démocratique du Congo, Document de stratégie par pays
axés sur les résultats 2005-2007 », Département des opérations pays, Région centre, Octobre 2005. p.11.
98
Malgré cette situation extrême, l’action syndicale demeure essentielle au niveau du dialogue
social. Les syndicats sont « vecteurs de paix et de réconciliation »91 notamment « en visant
l’accompagnement d’une globalisation plus juste, en intégrant l’égalité hommes/femmes, la
politique de genre et en luttant contre le travail des enfants. »92
Les organisations de la société civile ont notamment joué un rôle important dans le processus
de Transition. En effet, ce sont elles qui ont réclamé et obtenu la tenue de la Conférence
Nationale Souveraine. Dès la signature des Accord de Lusaka, elles se sont de nouveau
mobilisées pour la tenue du Dialogue Inter Congolais de Sun City (Afrique du Sud) ayant
donné naissance à l’Accord Global et Inclusif, cadre de référence du processus de Transition.
91
SPF Affaires Etrangères, Coopération syndicale Belge 2003-2005, Rapport de mission d’évaluation
République démocratique du Congo – Rwanda, mai 2006, p.4
92
Idem, p.4
99
1. Au niveau micro, soit celui des groupements plus informels et souvent plus
éphémères : exemple : syndicats d’initiatives et groupes d’entraide mutuelle. Ces
acteurs agissent au niveau des villages et quartiers ;
2. Au niveau méso, soit celui d’associations plus formelles : exemple : ASBL de divers
secteurs de la vie, agréées par le Ministre de la justice et/ou par leur ministère
sectoriel respectif. Ces acteurs agissent au niveau des Territoires et Communes ;
3. Au niveau macro, soit celui de grandes structures comme les Eglises, les collectifs,
les fédérations et les réseaux provinciaux, nationaux ou thématiques. Ce sont les
acteurs qui agissent à l’échelle provinciale et/ou nationale.
Malgré des moyens restreints, l’action des organisations de la société civile sur le
déroulement des élections, ainsi que sur les plans institutionnel, socio-économique et du
lobby politique tant durant la Transition qu’après cette période a très certainement été
essentielle93. Certaines Organisations de la Société Civile (OSC) aux capacités humaines et
institutionnels plus importantes ont assuré leur rôle de contre pouvoir avec détermination.
C’est notamment le cas du CNONG qui coordonne l’action des ONG en RDC depuis 1990.
Cependant dans ce foisonnement multiple d’organisations, nombreuses sont aussi celles qui
sont confrontées à des problèmes aigus qui réduisent leur capacité d’action.
Parmi ces problèmes, il convient de relever :
a) Au niveau de la gouvernance interne :
- Une pratique démocratique limitée, notamment dans le mode de décision et de
désignation des dirigeants ;
- Des faiblesses dans la capacité de mobilisation et de gestion des ressources
humaines, matérielles et financières ;
- Une forte dépendance de l’assistance extérieure.
b) Au niveau du rayonnement : le manque d’un cadre de concertation entre elles d’une
part et entre elles et les partenaires bi et multilatéraux ou même le gouvernement
national et les gouvernements provinciaux d’autre part.
c) Au niveau de la prise en compte de la dimension genre dans le fonctionnement des
structures organisationnelles.
d) Au niveau de l’impact : la plupart de leurs activités ont encore un caractère informel
et faiblement viable, ce qui empêche de peser de tout leur poids dans la lutte contre
l’accentuation de la pauvreté et dans le processus décisionnel au niveau public.
93
Interviews avec des responsables de la coordination de l’organisation des élections et des responsables
d’organisations internationales en RDC.
100
A l’instar de ce qu’il entreprend pour le secteur public, le Gouvernement compte, par le biais
du SENAREC, mettre en place un Programme national de renforcement des capacités
institutionnelles et humaines du secteur privé et de la société civile en vue de leur
transformation en véritables partenaires crédibles et responsables dotés des capacités
humaines, institutionnelles et financières nécessaires pour faire face aux différentes questions
d’intérêt national sur le plan économique, social ou politique.
94
Le dernier rapport sur l’aide extérieur en RDC date de 2002. Il a été réalisé avec l’aide du PNUD, voir CCRE,
Rapport sur les ressources extérieures mobilisées pour le développement de la RDC (exercices 2001-2002),
Kinshasa, décembre 2002. Nous avons également pu obtenir auprès du Ministère du Plan les données pour 2006
et les engagements pour 2007.
95
CCRE, Rapport sur les ressources extérieures mobilisées pour le développement de la RDC (exercices 2001-
2002), Kinshasa, décembre 2002, n°82
101
Table 13 : synthèse de décaissement durant les années quatre vingt (En USD millions)
ANNEES
RUBRIQUES 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
A. Ressources extérieures
remboursables 172,83 141,77 130,63 168,5 311,65 395,94 366,73 406,55
1. D'origine bilatérale 118,74 63,3 75,9 59,9 82,51 96,56 121,79 122,04
2. D'origine multilatérale 54,09 78,47 54,73 108,6 229,14 299,38 244,94 284,51
B. Donations 275,21 302,79 200,05 227,27 204,63 259,53 236,16 258,09
B.1. Donations d'origine publique 166,86 192,87 179,04 195,58 194,99 221,27 217,78 238,4
1. D'origine bilatérale 130,51 159,29 139,49 161,18 148,18 195,18 173,91 181,16
2. D'origine multilatérale 36,35 33,58 39,55 34,4 46,81 26,09 43,87 57,24
B.2. Dons d’institutions privées
extérieures 108,35 109,92 21,01 31,69 9,64 38,26 18,38 19,69
1. A l'Etat 4,4 2,72 0,98 2,29 9,64 0 0 0
2. Aux organismes privés locaux 103,95 107,2 20,03 30,4 0 38,26 18,38 19,69
TOTAL GENERAL (A+B) 448,04 444,56 330,68 395,77 516,28 655,47 602,89 664,64
Source : CCRE, rapport sur les ressources extérieures mobilisées pour le développement de la
RDC (exercices 2001-2002), Kinshasa, décembre 2002.
96
Idem, n°83
102
Les années 90 : le contexte politique
Au cours des années nonante, l’évolution des aides extérieures a été fortement influencée par
le contexte politique et institutionnel. Ainsi, à partir de 1991, le régime Mobutiste va mettre
fin à la plupart des coopérations d’Etat à Etat, ce qui va se traduire par le gel des aides
structurelles. Les activités du CCRE seront mises en veilleuse et le début des années 90 se
caractérise par le développement d’une forme de coopération financière axée sur l’allocation
presque exclusive des ressources extérieures au profit des ONG. De 1991 à 1993, le volume
des aides extérieures tend fortement à la baisse, suite à cette rupture. Dès 1994-95, une
augmentation du niveau des aides extérieures est à nouveau constatée mais cette tendance
repartira directement à la baisse dès le début de la guerre civile en 1996.
Durant cette période de troubles au niveau interne, on constate que l’origine de l’aide vient
principalement de dons (77%) plutôt que de ressources remboursables (23%) et ces dons sont
principalement affectés au domaine de l’assistance et du secours d’urgence ainsi que de l’aide
alimentaire. Les partenaires multilatéraux et bilatéraux sont intervenus à concurrence
respectivement de 60,65% et 36,80% de l’ensemble de ces aides, et les institutions privées
extérieures y ont contribué pour 2,55%97.
97
Idem, n°87-88
103
Table 16 : Principaux bailleurs des années nonante
L’aide récente à la RDC, à première vue importante, se caractérise surtout par des opérations
de remise de dette. C’est particulièrement le cas en 2003 lorsque la RDC va bénéficier d’une
importante réduction de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE. L’allègement de cette
dette, accumulée au cours des années de la dictature, était devenue indispensable pour la
survie même du pays. Cette initiative PPTE a évité au pays une faillite virtuelle et a
probablement contribué à mettre sur rail la fragile transition démocratique.
98
OCDE, Calculs effectués sur les décaissements bruts.
99
Les données reçues du Ministère du Plan de la RDC ne correspondent pas à ces données de l’OCDE. Pour
l’année 2006, le Ministère du Plan a enregistré des décaissements extérieurs de seulement 1.117,8 (millions
USD) dont 73% proviennent des bailleurs multilatéraux (Voir Ministère du Plan – direction de la coordination
des ressources extérieures, Statistiques de la RDC relatives aux décaissements extérieurs en 2006).
104
Table 18 : APD en RDC : 2001 - 2006
Cette proportion très importante d’opérations d’allègement de dette dans l’aide extérieure
récente de la RDC, incite cependant les ONG internationale à dénoncer une aide apparente à
la RDC qui ne profite nullement à la population et qui est destinée à rembourser des emprunts
accumulés durant les décennies par un régime autoritaire et ‘kleptocratique’. D’autant plus
que, malgré ces opérations d’allègement, le remboursement de la dette accapare, aujourd’hui
encore, 19,6% des dépenses totales de l’Etat100.
100
Budget 2008 : http://www.ministeredubudget.cd/budget2008/budget_2008_synthese_depenses.pdf. Voir à ce
sujet: CADTM, communiqué de presse : « Le CADTM dénonce le poids de la dette dans le budget 2008 de la
RDC et soutient la société civile congolaise pour un audit de la dette et des ressources naturelles », 8 janvier
2008
105
Table 19 : Top 10 ODA recipients in Africa
USD millions, receipts from all donors, net disbursements
3 year
2002 2003 2004 average % général
1. RDC 1 188 5 421 1 815 2 808 11%
2. Tanzanie 1 233 1 704 1 746 1 561 6%
3. Ethiopie 1 307 1 553 1 823 1 561 6%
4. Mozambique 2 203 1 039 1 228 1 490 6%
5. Egypt 1 239 988 1 458 1 228 5%
6. Ghana 650 954 1 358 987 4%
7. Ouganda 712 977 1 159 949 4%
8. Cameroun 657 900 762 773 3%
9. Zambie 641 581 1 081 768 3%
10. Madagascar 373 539 1 236 716 3%
Autres bénéficiaires 11 340 12 125 15 415 12 960 50%
21 540 26 781 29 080 25 800 100%
Source: OCDE, development aid at a glance, statistics by region, Africa
Table 20 : Top 10 ODA recipients in Africa with indication of debt forgiveness share
USD billion, current prices, net disbursements
Pour la période la plus récente (2004-2005), les principaux bailleurs de la RDC étaient par
ordre d’importance : la BM, l’Union Européenne, la Belgique, le Royaume-Uni, les Etats-
Unis et la France. La plupart de ces bailleurs étaient déjà présents durant les années nonante,
seul le Royaume-Uni est venu s’ajouter à ce groupe de tête.
106
Table 21 : OCDE: Aid at a glance
Même s’il est difficile de disposer de données précises, directement comparables, dans le
temps, sur la répartition sectorielle de l’aide, une évolution générale peut être remarquée.
Ainsi, durant les premières années du 21ème siècle, les opérations de remises de dette et l’aide
d’urgence ont donc représenté la plus grande partie de l’aide accordée à la RDC. Mais depuis
2006, des aides supplémentaires ont été dégagées pour soutenir le processus électoral et de
démocratisation. Ainsi la bonne gouvernance et l’appui à la Démocratie et à l’état de droit
sont des domaines particulièrement soutenus à partir de cette date.
107
Table 23 : Décaissement par nature d’aide
2006 %
Aide alimentaire 11,45 1
Aide budgétaire 0,36 0
Aide d'urgence 26,6 2
Aide humanitaire 299,97 27
Appui à la démocratie et Etat de droit 222,73 20
Renforcement des capacités 79 7
Assistance technique 18,1 2
Equipements et infrastructures 163,98 15
Microprojets 34,34 3
Projets de développement 168,62 15
Multi nature 93 8
Total 1 118,16 100
Source : Ministère du Plan (Direction de la coordination
des ressources extérieures), 2006
Après des années de guerres civiles et de transition politique, l’aide structurelle devrait
progressivement remplacer l’aide d’urgence. Le DSCRP, a d’ailleurs énoncé des stratégies
claires de réduction de la pauvreté articulées autour de cinq piliers :
1. Promouvoir la bonne gouvernance et consolider la paix par le renforcement des
institutions.
2. Consolider la stabilité macroéconomique et la croissance.
3. Améliorer l’accès aux services sociaux et réduire la vulnérabilité.
4. Combattre le VIH Sida.
5. Appuyer la dynamique communautaire.
Cette orientation stratégique devrait guider les futures contributions des bailleurs de la RDC.
La bonne gouvernance figure donc en bonne place dans cette stratégie de développement et
fait d’ailleurs déjà l’objet d’attention particulière de quelques uns des principaux bailleurs,
notamment ceux qui sont partenaires de la présente évaluation.
108
L’aide du Royaume Uni à la RDC a connu une croissance rapide passant de 5,6 millions de £
en 2001-02 à 62 millions de £ pour l’année 2006-07, avec une part importante dans le
rétablissement de la sécurité, la réforme du secteur de la sécurité, le soutien à la transition et
aux élections et à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles. En 2006, le Royaume
Uni a adopté sa nouvelle stratégie d’appui à la gouvernance dans le cadre de son aide à la
RDC103 pour les années futures. Ainsi, DFID participera au programme multi bailleurs avec
le PNUD qui se focalisera sur cinq axes de gouvernance :
- gouvernance politique (appui aux parlements et assemblée provinciale, aux
partis politiques, aux OSC et aux médias)
- gouvernance administrative (appui à la coordination interministérielle, à la
réforme de l’administration publique, à la rationalisation des effectifs de la
fonction publique et à la transparence dans la gestion publique)
- gouvernance économique (appui au pilotage budgétaire, au système de
statistique nationale, à la coordination de l’aide extérieure)
- gouvernance locale (appui à la décentralisation, au développement des unités
locales et provinciales)
- gouvernance judiciaire et sécuritaire (justice et SSR/DDR).
La Suède, a consacré ses dernières années (2005-06) 31% de son budget en RDC à deux
domaines d’appui à la gouvernance : 1) appui à la paix et la prévention des conflits et 2) les
droits de l’homme et la gouvernance démocratique. Elle devrait prolonger sa contribution
dans ces secteurs par un appui en particulier dans le domaine de l’appui aux médias (radio
Okapi).
Dans son appui à la gouvernance, le Canada a retenu trois axes d’interventions : 1) Femmes
et démocratie 2) Société civile et développement démocratique et 3) Gouvernance et
participation citoyenne. Les financements accordés se concentrent surtout sur la participation
citoyenne et la sensibilisation au processus démocratique. Pour les trois années à venir (2008-
10), le Canada prévoit de consacrer 20% de ses financements aux appuis à la gouvernance.
USAid réserve également une part très significative de son aide (près de 20% pour ses
budgets 2004-06) essentiellement sur deux axes : 1) la résolution des conflits et 2) la
démocratie et la bonne gouvernance. Ces actions menées exclusivement au travers d’ONG
sont encore programmées durant les deux prochaines années.
Conclusion : La gouvernance est donc clairement inscrite dans les programmes des
principaux bailleurs comme élément essentiel de leur soutien à la RDC, et cela conformément
aux souhaits des congolais (APP) et à la stratégie du nouveau gouvernement (DSCRP et
PAP). Toutefois la réussite des programmes dépendra en grande partie de la volonté réelle
des nouveaux élus congolais de transformer le système de gouvernance et de leur capacité à
assumer un leadership fort pour mener les réformes. Du côté des bailleurs une meilleure
coordination de l’aide sera essentielle pour apporter un appui efficace et cohérent. Un premier
pas en vue de cette harmonisation a été franchi avec l’adoption récente du Country Assistance
Framework (CAF) qui est un processus par lequel un certain nombre de donateurs ont
développé une approche stratégique commune d’assistance économique à la RDC pendant la
période post-élection.
103
DFID: “Eliminating world poverty: Making governance work for the poor. - Helping to build state s that
work for poor people” - Juillet 2006.
109
Annexe D: Description synthétique des interventions
Annexe D1: Project Radio Okapi
I: Profile of the Intervention
Efficiency
Radio Okapi has 26 partner radio stations and uses four different technological vectors to
cover all of DRC: FM, short wave, satellite (DSTV channel 69), broadcasting via the internet
(www.radiookapi.net). Using MONUC’s infrastructure Okapi does not suffer electricity cuts
and other infrastructural problems as local radios. From its headquarter in Kinshasa and 8
regional studies Radio Okapi provides programmes in French and all local languages
(maximising the outreach and minimise exclusion based on language barriers), such as news
magazines, one hour regional coverage, bulletins, interview with people on the streets.
Moreover, Radio Okapi has special coverage before the elections including debates between
candidates, programmes to explain the electoral process and general civic education
programmes and during the Election Day. The radio is probably the most efficient mean to
110
offer general civic education to a large public in a very large country composed in the
majority of illiterate people.
Effectiveness
During focus group discussions with radio listeners in Kinshasa and Mbuji May, Radio Okapi
emerged as the most popular radio station in DRC. Congolese are very fond of the radio and
are often ‘radio specialists’, knowing the programme of different radio stations by heart,
switching from one station to the other repeatedly during the day to follow their favourite
programmes (e.g. not to miss ‘Dialogue between Congolese’). It was in particular appreciated
that Radio Okapi broadcasts in all local languages and French and provides high-quality and
independent information people believed in, particularly before the elections. Little criticism
emerged during the group discussions; participants in Mbuji May requested more local
coverage not just an hour a day. While this project does not focus on any groups in particular
Radio Okapi successfully reached out to large parts of the population and managed to include
groups in all areas of the country—a large challenge in itself given the lack of infrastructure
in DRC.
There was awareness from the start that Radio Okapi runs the danger of being perceived as
the “Voice of MONUC”; and in fact 60.9% of respondents of one study replied with ‘yes’ to
this question. However, at the same time the association between Radio Okapi and MONUC
is perceived to be an essential guarantee for professionalism and credibility. On balance radio
Okapi—being aware of this danger—has now a reputation for credibility, accuracy and
impartiality.104 This was confirmed by the Focus Group discussions, both in Kinshasa and
Mbuji May.
Impact
Focus group participants stressed the impact Radio Okapi had on other radio stations that
increasingly try to copy some of Okapi’s reporting, e.g. interviews on the streets, radio
listeners clubs and the possibility to call the radio station. In addition to contributing to the
increasing professionalism among radio stations Radio Okapi reportedly has played a crucial
role in civic education before the elections contributing to the high participation in the
elections, the relatively peaceful process and the subsequent accepting of the results
(although isolating Radio Okapi’s impact from other civic education programmes is difficult).
In several occasions Radio Okapi was reported to have had direct impact on the state’s
willingness and ability to respond to citizens’ needs. Examples where citizens’ complaints via
Radio Okapi were successful include:
- Improved security on the streets of Mbuji May.
- Police reportedly asks for less bribes in Mbuji May.
- Increased and more regular water supply in Mbuji May after months of no or irregular
supply where individuals sold water on the streets (complaints to Okapi were
accompanied by other forms of protest, e.g. demonstrations of NGOs).
- An elderly woman in Kinshasa got her house and land back after a local politician
(Parliamentarian) took it away from her without legal basis.
- Complaints to Radio Okapi (and a subsequent discussion with listeners and officials
from the public authorities) about flooding due to lack of proper canalisation in
Kinshasa led to reparation and maintenance works.
According to focus group participants everybody—no matter of age, gender, and poverty
status—can call Radio Okapi: “If someone does not have a phone he or she can ask a
104
Myers 2005.
111
neighbour or friend and borrow one.” While these examples demonstrate the positive impact
and the increased citizens’ awareness about their right to hold the state into account, a general
increase of accountability is not reached yet; as one focus group participants in Kinshasa puts
it: “The Government keeps its ears closed.”
Sustainability
Radio Okapi is currently heavily dependent on the MONUC and the support by international
staff. The future support to national staff and handover over the next period (support proposal
by SIDA) will be crucial in order to transform Radio Okapi into a national institution run by
Congolese with sustainable financing. According to Mid-Term Evaluation (Myers 2005) “an
excellent sustainability study has been written” which outlines different scenarios for Okapi’s
future after the MONUC. While the mid-term evaluation provides further suggestions on
ensuring sustainability, no information was made available to assess if any steps towards
sustainability have been taken in the three years since the mid-term evaluation.
Lessons Learned
Use of popular medium: If V&A interventions are able to jump on a bandwagon of a popular
medium, as e.g. the radio, you can easily reach a large amount of people.
Careful analysis of V&A channel: A careful analysis on which channels are available to
which target groups can help the identification of the most appropriate channel for e.g. civic
education campaigns.
The power of information: Example what importance the availability of independent
information plays in the early steps of a democratisation process. People are hungry for
information. Moreover, a well informed population can make its voice heard better.
Capacity building & role model: While Radio Okapi does only limited direct capacity
building to other radio stations it has played a big role in setting standards for other radio
stations, thus acting as a role model for other radio stations during the development of
professionalism of DRC’s media. This shows the potential of spill-over effects of V&A
interventions.
105
Myers 2005, p. 5.
112
III: Model of Change
Assumptions V&A channels: activities V&A channels: outputs Changes in policy and
practice: outcomes
113
IV: Relevant Primary and Secondary data collected during the field work
114
Annexe D2: Projet d’Appui aux Institutions de la Transition – AIT
106
Ces cinq commissions sont aussi appelées les Institutions d’Appui à la Transition ou Institutions d’Appui à la
Démocratie. Voir point 5 sur la description des groupes cibles.
115
6. Liens principaux Dans le cadre de l’assistance générale des Nations Unies à la RDC,
avec d’autres le projet AIT est réalisé en parallèle au projet APEC (Appui au
interventions Processus Electoral au Congo). Le projet devait soutenir la CEI
avant l’arrivée du projet APEC, en Juillet 2004. Il a notamment
assuré à la CEI des formations en administration électorale, un
soutien à la communication et la mise en œuvre du Site Web.
Après le lancement du projet APEC, l’AIT a œuvré, à côté du
processus électoral, à la réalisation des mandats des autres IAD : la
HAM (régulation de l’accès des partis politiques aux médias, Bureau
d’information électoral (BIEL), etc.), la CVR (missions de
pacifications) et l’ONDH (table rondes sur les liberté publiques). Il a
aussi assuré des appuis au Parlement (législation essentielle:
constitution, loi électorale, loi référendaire).
7. Durée Trois ans
8. Date de démarrage Juin 2004
9. Budget total USD 5.524.761 soit EUR 4.032.672
Pertinence
En se basant sur les rapports annuels 2004 à 2006 du projet et sur les derniers rapports
d’évaluation de 2007 et en confrontant ces données aux éléments récoltés par interviews
auprès des personnes ressource, l’évaluation estime que le projet AIT apparaît pertinent en
matière de P&I. Il a été vital dans la mise en oeuvre des décisions prises par les participants
au « Dialogue inter congolais107 ». C’est au travers de ce projet que les institutions de la
transition ont acquis la majorité de leurs capacités opérationnelles et techniques. Il a
contribué à l’émergence d’institutions publiques congolaises plus représentatives de la
population que par le passé. Par ailleurs, le projet jouer un rôle de facilitateur et de catalyseur
dans plusieurs négociations avec d’autres bailleurs. Il a confirmé la plus-value du PNUD 108,
comme organisation d’interface, dans la facilitation des échanges entre partenaires bilatéraux
et multilatéraux.
Efficacité
Au-delà du processus électoral dont il a soutenu le démarrage, le projet AIT a surtout appuyé
les différentes Commissions Citoyennes dans la réalisation de leurs objectifs. Si des moyens
ont été décaissés pour les activités de la HAM, celle-ci a dû rechercher des financements
complémentaires pour assurer plus substantiellement son activité. Par contre, les appuis qui
ont été accordés à la CVR, à la CECL et à l’ONDH ont été limités, destinés surtout au
fonctionnement central de ces institutions, ce qui a rarement permis un réel travail au niveau
des provinces.
107
Une fois que l’accord international de cessez-le-feu a été signé à Lussaka, cette concertation interne a été
suscitée par la Communauté Internationale pour que toutes les parties belligérantes s’assoient progressivement à
la table de négociation. Ce processus de concertation interne au Congo a été appelé Dialogue Inter congolais et a
débouché sur la signature de l’Accord global et inclusif de Pretoria.
108
Pour le financement général de l’Appui à la transition, un Trust Fund a été constitué par le Gouvernement
congolais, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, la Belgique et le DFID, le PNUD étant chargé d’assurer la
coordination générale de ce Trust Fund.
116
Le projet a connu des retards dans la mise en œuvre de certaines activités dus notamment à la
composition des institutions de la transition et à la complexité des structures109. Cependant, vu
les objectifs généraux du projet, il était difficile d’avoir une autre approche. La mise en place
d’autant d’institutions différentes pour appuyer la transition, avec des structures relativement
importantes (au plan national et provincial) avait été une décision politique qui avait été prise
sans avoir mesuré les coûts qu’une telle décision impliquait ni avoir vérifié la probabilité de
dégager les moyens pour couvrir ces coûts. Il était donc difficile d’imaginer des approches
alternatives pour atteindre ces résultats mais pour beaucoup d’observateurs cette décision
politique a entraîné un coût particulièrement élevé pour cette intervention : « ce fut une des
plus importante contribution de la Communauté Internationale à un processus électoral ».
Efficience
Compte tenu de l’ampleur et de l’ambition de cette intervention, il est difficile de dire que
l’objectif dans son ensemble a été atteint.
Le travail en particulier de la CEI (au niveau de l’organisation des élections, leur sécurisation,
leur préparation matérielle) et de la HAM (notamment en matière de régulation et de contrôle
de la qualité des informations, la gestion des opinions autour du processus électoral) ont
sécurisé le processus et permis son aboutissement même dans les zones à risques (les deux
provinces du Kivu où des poches de rébellion persistaient et les provinces du Kasaï
considérées comme le bastion de l’opposition anti-Transition).
Le processus électoral, considéré comme priorité absolue par la Communauté internationale
dans cette transition, a fait l’objet dès 2005 d’un financement séparé d’une autre dimension.
En dehors de l’aboutissement du processus électoral, d’autres résultats ont pu être atteints de
manière beaucoup plus partielle :
- Renforcement institutionnel et organisationnel des institutions appuyées;
- Transfert partiel de compétences au sein du personnel des institutions appuyées;
- Renforcement de certaines capacités même en province, surtout dans les assemblées;
- Début timide mais appréciable de vulgarisation des principes de bonne gouvernance;
- Un processus électoral qui a pu bénéficier, en partie grâce à l’activité de ces
institutions, d’un apaisement du climat politique et d’une meilleure information;
- Un rétablissement d’institutions élues essentielles à la démocratie que sont:
l’Assemblée nationale, le Sénat et les assemblées provinciales.
En outre le Projet AIT a offert un forum qui a permis aux dirigeants congolais, à des
représentants de la population de mener des réflexions et d’échanger afin de suggérer des
pistes pour la promotion d’une culture et d’une pratique de la Bonne Gouvernance.
Le fait que la réussite n’a été que partielle peut s’expliquer en fonction du contexte politique
et du nombre élevé d’obstacles rencontrés au cours de la réalisation du projet : sécurité
intérieure et extérieure régulièrement remise en question, volonté très inégale des acteurs du
dialogue inter congolais à faire aboutir le processus de transition, infrastructures et organes
publics très largement déficients, pratiques de corruption et de népotisme largement
répandues, tradition de transparence et de bonne gestion longtemps abandonnées,
infrastructures générales totalement dégradées, dimension du pays, etc.
109
Appui aux Institutions de la Transition, DEX REPORTING SHEET, Novembre 2006
117
Impact
L’impact essentiel qu’il faut mentionner en premier est évidemment la tenue dans des
conditions satisfaisantes du processus électoral d’ensemble (recensement des électeurs,
référendum constitutionnel, élections présidentielle, législatives et provinciales)110.
Sont issus de ce processus, une loi fondamentale, des institutions nationales et provinciales
légitimes et des ressources tant humaines que matérielles pouvant servir efficacement la
période post-transition.
Les synergies autour du processus électoral ont permis de constituer un réseau d’acteurs ce
qui a permis une bonne gestion de l’information et une complémentarité entre les institutions
de la transition.
Durabilité
Les enjeux cruciaux de meilleure gouvernance que représentaient ces élections, ont suscité un
grand intérêt et une adhésion des électeurs. Ceci a facilité l’appropriation des appuis de l’AIT
par les différentes parties prenantes (membres du gouvernement, du parlement, des
institutions d’appui à la démocratie).
Enseignements tirés
Coordination ou concurrence des acteurs : un important travail de coordination a été assuré
par le PNUD pour cette intervention. Toutefois, une certaine concurrence entre les acteurs a
souvent été signalée : lutte d’influence entre organisations multilatérales et ONG
internationales, d’une part et entre ONG internationales et nationales, d’autre part. L’urgence
et l’apport massif externe n’ont pas favorisé significativement la coordination des acteurs.
Appropriation : une des critiques les plus régulièrement entendue est que l’intervention a eu
trop peu recours à l’expérience locale, particulièrement en matière de formation électorale et
de sensibilisation de la population : création de matériel pédagogique nouveau sans utiliser ce
qui existait déjà, instrumentalisation des acteurs locaux sans réelle implication, etc.
Implication de la communauté internationale (notamment au travers du CIAT) : elle a
certainement contribué à la réalisation d’une partie des objectifs de l’intervention dans un
110
Le taux de participation au processus électoral fut globalement élevé : 62% au Référendum du 18/12/2005,
70,54% au premier tour des élections présidentielles et aux élections législatives du 30/07/2006 et 65,36% au
deuxième tour des élections présidentielles et aux élections provinciales du 29/10/2006.
118
délai raisonnable, mais ce fut en même temps un facteur de risque et de frein, par la méfiance
que suscitait toute interpellation externe sur ce processus.
Genre : la prise en compte de l’aspect Genre, reste un défis majeur dans la mise en oeuvre de
tout programme de développement et le projet AIT n’a pas échappé à cette règle : la
participation des femmes aux élections et à la gestion des institutions de la transition et leur
représentativité dans les institutions élues reste faible.
119
III: Modèle de Changement
Changements de
Hypothèses Canaux de P&I: Canaux de P&I: politique et de
Activités Résultats pratiques : résultats
Reconnaissance de la
Mise en place d’un cadre légitimité des institutions
législatif et organisationnel d’appui et de leurs
Les institutions de la pour faire fonctionner le missions Tenue des élections
Transition mises en place parlement (Assemblée démocratiques dans des
par les accords politiques Nationale et Sénat) et les cinq conditions de transparence
doivent être soutenues et institutions d’appui à la Réalisation du travail et de sécurité suffisante.
encadrées pour atteindre démocratie. législatif préparatoire à la
leurs objectifs. tenue des élections Mise en place des
institutions législatives et
Renforcement des différentes exécutives
La réussite de cette Acceptation par la majorité
institutions parlementaires démocratiquement élues.
transition induira la des composantes politiques
dans leurs fonctions
désignation démocratique et de la population des
normatives et de contrôle. Adoption d’une loi
des futures institutions modalités du processus
publiques de la RDC. fondamentale et d’un cadre
électoral.
légal de référence.
Organisation et encadrement
Il existe une volonté
du processus électoral et Réhabilitation de la fonction
suffisante au sein des
régularisation de la diffusion Début de vulgarisation des de régulation par des
autorités politiques et de
de la communication principes de la bonne organes indépendants (CEI
la population de mettre en
place le processus de gouvernance. et HAM essentiellement)
démocratisation.
Développement d’une Mise en place de procédures
stratégie de communication en administratives et
Transfert de compétences
appui du travail des financières transparentes
aux personnels des
institutions d’appui à la
différentes institutions de la
transition
transition.
120
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
1. Documents pertinents consultés
AIT/PNUD, Rapport annuel 2004, Kinshasa, février 2005.
AIT/PNUD, Rapport annuel 2005, Kinshasa, décembre 2005.
AIT/PNUD, Rapport annuel 2006, Kinshasa, décembre 2006.
PNUD, Evaluation du Projet d’Appui aux Institutions de la Transition (AIT), Kinshasa,
décembre 2007.
PNUD, Rapport d’évaluation du Projet d’Appui au Processus Electoral au Congo (APEC),
Kinshasa, mai 2007.
PNUD, Dex reporting sheet, Novembre 2006
A Mbuji Mayi :
Interview de Ghislain BANZA KAMUELA, Coordinateur provincial, BIEL, 06/12/2007.
Interview de Kabala ILUNGA MBIDI Président, Assemblée provinciale, 04/12/2007.
Interview de Faustin MUTEMBO HANSHI, Coordinateur provincial, HAM, 06/12/2007.
Interview de Alphonse NGOY KASANJI, Gouverneur, Province du Kasaï Oriental,
06/12/2007.
Interview de Stanislas TSHIONGO, Coordinateur provincial, ONDH, 05/12/2007.
121
Des tentatives d’intimidation, il y en a eu beaucoup, mais cela n’a jamais abouti à de
véritables blocages du processus. Parfois du matériel a été incendié, on a tout de suite
cherché à le remplacer… Pour montrer que le processus avançait… » (Coordinateur
provincial CEI, Mbuji Mayi).
« S’il n’y avait pas eu cet appui, les élections n’auraient pas eu lieu » (Coordinateur
provincial de la HAM, Mbuji Mayi)
« Réduire la pauvreté, cela participe du renforcement de la démocratie : réduire la pauvreté
des gens, c’est aussi leur donner plus de liberté de choisir leur représentant en fonction de
leur propre opinion » (Parlementaires provinciaux, Mbuji Mayi)
« On a été roulé, on nous avait annoncé qu’on devait s’engager pleinement dans le mandat
de membre du bureau de la CVR, qu’on allait avoir les moyens de travailler,… il était mis
sur papier que nous devions obligatoirement démissionner de nos fonctions antérieures pour
assumer ces responsabilités dans la CVR. Certains l’ont fait… et puis plus rien le PNUD n’a
jamais assumé ses engagements. On a déjà interpellé, sans réponse… » (Membre de la CVR,
Mbuji Mayi)
« Il était pas possible d’être partout… mais on était chargé d’écouter le plus possible : à
Lodja la situation était tendue, trois politiciens avaient chacun une radio qui diffusait des
discours de haine, on les a interpellés, ce n’était pas facile, un seul des politiciens a accepté
d’entendre nos avis et nos suggestions » (Coordinateur provincial de la HAM, Mbuji Mayi)
« Malgré de fait que la HAM a cessé de fonctionner depuis la fin de la transition le
31/12/2006 et qu’on attend toujours la mise en place effective de l’institution qui doit la
remplacer, la Commission de suivi de l’audio visuel, les discours de haine et les dérapages
n’ont pas sensiblement augmenté… les radios ont gardé un certain comportement de réserve,
de plus de professionnalisme… » (Coordinateur provincial de la HAM, Mbuji Mayi)
« Grâce à la mise en place des Bureaux d’informations électorales à travers le pays, les
spéculations de la radio – trottoir sur les résultats des élections qui auraient pu exacerber
des tensions post-électorales, n’ont eu aucune influence sur l’opinion publique »
(Coordinateur Régional du BIEL, Mbuji-Mayi)
« Laisser le Gouvernement transitoire financer les organes les plus critiques à son égard
(contrôle des médias, de la corruption, des droits de l’homme…) c’est prendre le risque que
rien ne serait fait et que le blocage serait complet…. La communauté internationale a donc
appuyé le fonctionnement de ces 5 commissions. Dans la nouvelle constitution, seules 2
commissions sont formellement reprises pour reprendre les responsabilités de la HAM et la
CEI. Mais le parlement pourrait en créer d’autre s’il en a la volonté… il pourrait créer une
commission d’observation des droits de l’homme, il y a d’ailleurs une discussion sur une
proposition de loi en cours actuellement… » (Conseiller Gouvernance au PNUD, Kinshasa)
« Dans toute initiative internationale, il faut impliquer les nationaux » (Conseiller à la
MONUC, Kinshasa)
« L’influence de projet comme l’AIT est perceptible : au niveau de la participation, la
population congolaise est plus volontaire, elle souhaite intervenir plus dans le champ
politique, des organisations de la société civile, surtout les Eglises se sont impliquées plus
dans le processus…au niveau de l’imputabilité de l’Etat aussi, il y a des débuts de
changements… les actes clairement arbitraires tendent à diminuer, le rapport entre les
parlementaires se modifie, il y a un changement d’attitude politique : il y a chez eux une prise
de conscience de la nécessité de gérer l’Etat… » (Conseiller Gouvernance au PNUD,
Kinshasa)
122
Annexe D3: Projet de renforcement des capacités des Intervenants des
Institutions, des Organisations de la Société Civile et des Partis
Politiques dans l’organisation des élections démocratiques, crédibles et
transparentes – EISA
I: Profil de l’Intervention : Ce projet est directement lié à la problématique P&I dans la
mesure où il est entièrement consacré à l’organisation d’élections démocratiques.
1. Bailleurs DFID, SIDA (et dans une proportion moindre Suisse, DGCD et
PNUD)
2. Partenaires / Electoral Institute of Southern Africa - EISA
Agence d’exécution
3. Objectifs Appuyer les Institutions de la Transition (Parlement de la Transition
et CEI en particulier), les Organisations de la Société civile et les
Partis politiques à organiser des élections démocratiques, crédibles et
transparentes.
4. Principales Renforcement des capacités des Sénateurs des lois essentielles à
activités P&I et autres l’organisation des élections.
Formation des membres du Bureau de la CEI par des missions
régionales (SADC).
Concertation entre la CEI et Société Civile dans la préparation des
élections (sensibilisation et éducation électorale).
Mise sur pied d’un Réseau National des Observateurs Nationaux
(RENOSEC) pour les élections.
Encadrement d’un groupe d’observateurs internationaux pour les
élections.
Création d’un panel de médiation des conflits électoraux.
Formation des témoins des partis politiques.
5. Groupes cibles / Les membres du Parlement de Transition, de la Commission
Bénéficiaires Electorale Indépendante, des partis politiques et des OSC.
6. Liens principaux Projet n°02 : Appui aux Institutions de la Transition.
avec autres Et très ponctuellement : Projet n°07 : Appui au CNONGD
interventions
7. Durée Deux ans
8. Date de démarrage 2005 (Une phase antérieure de ce programme avait été financée par
DFID seul durant l’année 2004 pour un montant de 604.217 €)
9. Budget total USD 6.960.000 soit EUR 5.080.000
Pertinence
Notre évaluation a confronté les données rassemblées dans les fiches du projet et les rapports
nationaux et internationaux d’évaluation sur le déroulement des élections, aux informations
récoltés par interviews auprès des membres du projet mais aussi des ONG locales critiques
par rapport à celui-ci. Sur base de ces éléments, l’équipe des consultants estime que ce projet
possède une réelle pertinence dans le contexte préélectoral congolais. Il s’adresse à la
population congolaise dans son ensemble et vise, en partie, à toucher les personnes les plus
vulnérables dans les zones rurales en travaillant avec les OSC locales pour assurer une
meilleure éducation électorale. En effet, tirant profit de son expérience de suivi de processus
123
électoraux en Afrique australe et de l’envoi d’observateurs et de médiateurs congolais dans
d’autres scrutins électoraux (notamment en Haïti, Ile Maurice), l’organisation EISA111 a été
invitée à appuyer l’organisation des élections.
L’intervention est exclusivement focalisée sur l’aboutissement des élections : renforcement
des institutions parlementaires lors de la discussion sur la constitution et l’élaboration des
textes légaux organisant les élections, facilitation de l’acceptation du processus par les
parlementaires par la prise de connaissance d’expériences comparables (benchmarking),
soutien à la société civile pour participer aux élections (éducation aux élections),
renforcement des institutions chargées d’encadrer le processus des élections, observation,
formation de membres de partis politiques.
Le projet se base sur l’hypothèse que la réussite des élections dépend du bon encadrement et
du suivi de toutes les phases du processus.
Efficacité
L’originalité de l’intervention se situe d’abord dans l’apport d’expériences venant d’autres
pays de la région qui a permis de donner des points de comparaison à un processus dont peu
d’acteurs locaux avaient une expérience. Les contributions financières dans ce projet ont été
significatives et décaissées à un rythme soutenu dépendant partiellement de l’avancée du
processus. Une approche alternative aurait pu être de travailler plus directement avec des
acteurs locaux (ONG, universités, etc.) tant pour l’éducation électorale que pour la formation
des cadres politiques : ceci aurait nécessité probablement plus de temps mais renforçait les
chances d’une plus grande appropriation.
Efficience
L’intervention concerne un processus électoral qui a pu se réaliser grâce à une multitude de
contributions. Il est dès lors difficile d’isoler les effets précis que cette intervention a induits
dans la réalisation globale des élections. L’intervention a certainement contribuer à cette
réalisation globale qui a atteint une bonne part de ses objectifs dans la mesure où les
institutions et acteurs qui devaient s’impliquer dans le processus ont pratiquement tous
participé (seules limites : un parti significatif a boycotté, dans deux provinces les taux de
participation ont anormalement faible).
Toutefois, compte tenu des objectifs annoncés, le volet de participation des populations et
d’implication des ONG locales dans le processus électoral a sans doute encore été trop faible
(exemple : les gens ont participé au référendum sans être encore tout à fait conscient du
contenu de leur démarche). Par ailleurs, peu de données permettent de mesurer l’impact sur
les personnes les plus vulnérables et de faire une distinction au niveau du genre.
Bien évidemment les obstacles rencontrés par cette intervention ont été nombreux : absence
d’expérience dans le domaine électoral pour la plupart des institutions et personnes chargées
d’intervenir, méfiance à l’égard d’une procédure de démocratisation fortement stimulée et
souhaité par la Communauté internationale, le recours aux discours haineux et xénophobes de
certains politiciens peu formés au débat politique.
Impact
En organisant un séminaire national à Kisangani, l’intervention a suscité le débat entre
Sénateurs et experts étrangers, ce qui a brisé la méfiance des parlementaires à l’égard de
l’insistance de la Communauté internationale à voir le processus de la Transition aboutir.
Cette approche d’ouverture a permis de finaliser l’élaboration des textes législatifs. Le projet
111Le Conseil d’Administration de EISA est présidé par Ketumile MASIRE, ancien président du Botswana,
facilitateur du dialogue inter congolais (2001 – 2002).
124
a fourni les connaissances de base à une partie des agents de la CEI pour leur permettre
d’assumer leurs responsabilités et aux représentants des partis politiques qui ont pu mieux
prendre conscience de leur rôle (exemple : continuité du travail législatif entre le parlement
de transition et celui élu ; meilleure conscience du rôle que joue les partis au moment des
élections ; etc.). L’organisation d’équipes de médiateurs de conflits électoraux et la
participation au déploiement d’observateurs nationaux et internationaux ont contribué à la
tenue d’élections, dans des conditions de stabilité et de transparence suffisante. C’est fort
probablement au niveau de l’éducation électorale que le projet a moins atteint ses objectifs :
ne connaissant pas le terrain, il a fait appel à des ONG locale pour réaliser cette éducation de
manière sans doute trop peu coordonnée et stratégique.
L’intervention a facilité différents changements de comportement : participation libre à un
processus électoral, pratique de la logique d’observation des élections, du contrôle des
témoins de partis, familiarisation de parlementaires avec l’élaboration participative des textes
législatifs, avec la comparaison et l’intégration d’expériences similaires étrangères. Toutefois,
comme l’ont souligné plusieurs rapports d’observateurs, le bon déroulement du processus
électoral résulte aussi, et peut-être surtout, de la volonté généralisée d’une grande partie de la
population de quitter dans un délai raisonnable la période de transition, période non légitime
et période qui ne permettait pas une réelle relance du développement.
Durabilité
Grâce à sa réussite, le processus électoral a induit la mise sur pied des pouvoirs législatifs et
exécutifs légitimes. La mise en fonction rapide du pouvoir législatif en particulier a permis
d’asseoir la durabilité des résultats (traitement des contestations, confirmation formelle des
résultats, mise en activité des élus, etc.)
Parmi les institutions qui ont participé au processus électoral, la CEI est l’une des deux
institutions (parmi les 5) a être formellement reconduite dans le cadre des nouvelles
institutions de la IIIème République par la création de par la loi de la Commission Electorale
Nationale Indépendante (CENI). C’est un indicateur de durabilité. Un processus électoral au
niveau local est prévu en 2008, ce qui clôturerait l’ensemble du processus électoral à tous les
niveaux de pouvoir. Mais des facteurs d’instabilité persistant (insécurité dans certaines
provinces notamment) font peser un risque sur ces résultats qui peuvent encore être contesté
par la force même si ce risque tend à diminuer.
Enseignements tirés
Benchmarking: dans un processus instable et encore faiblement approprié par les acteurs
locaux, le recours à des expériences externes peut être un moyen d’accélérer la mise en
œuvre.
Impact de la communauté internationale : dans un contexte d’Etat fragile, l’impact et la
pression de la communauté internationale reste important dans la mise en place des
institutions démocratiques. Cependant, le risque d’une faible appropriation reste latent.
Priorité des interventions : face au défi énorme que représentait la tenue de ces premières
élections libres en RDC depuis des décennies, des choix de priorités privilégient souvent la
logistique et la sécurisation au détriment d’une participation approfondie, c’est un choix qui
handicape la durabilité de l’intervention.
125
électeurs mieux informés et formés, absences de tensions et d’insécurité) qui ont permis la
tenue des élections avec une participation significative de la population.
126
III: Modèle de Changement
Formation de témoins de
partis politiques.
127
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
128
Annexe D4: Supporting Congo’s Transition Towards Sustainable Peace -
Search for Common Ground/Centre Lokolé
I: Profile of the Intervention
Efficiency
The mid-year review (March 2006) reported progress against the following outputs:
129
- Weekly radio programmes which are distributed to a total of 84 radio stations
(including the production of six weekly radio programmes broadcast through around
35 stations in the Kiswahili zone). In return the radio stations receive in-kind support
from CL, e.g. CD player, mixer, microphone etc.
- Other media activities which reinforce messages on the transition, e.g. comic strips or
posters around the referendum/elections.
- 3 training opportunities per year for a total of 200 journalists/writers in ‘common
ground’ journalism and conflict transformation approaches, writing for specific
formats such as talk shows, vox pop and soap operas, technical processes (e.g. digital
editing). Five ‘joint reporting weeks’ were held for journalists from Burundi, Rwanda
and DRC.
- Promotion of cross-border dialogue through radio outputs and support to partner
organisations which have regional communication/reconciliation goals. While
activities have taken place these are hampered due to the conflict.
- Community awareness-raising on children’s rights and the demobilisation process in
the east. The main element is the ‘Sisi Watoto’ radio magazine, a programme which is
designed and made by a team of around 12 child journalists under CL supervision.
- Training and capacity-building for local peace leaders, though an item in the original
proposal, was de-prioritised due to funding constraints (see below).
- Cultural activities to increase social harmony: 4 facilitated community reconciliation
projects, 2 theatre troupes specialising in participatory theatre for conflict
transformation, 2004 peace song contest publishing 11 best songs on CD.
Funding/disbursement: The programme did not originally receive 100% funding because
DFID agreed to partially fund the proposal on the understanding that Search would seek
complementary co-funding; other funding took some time to materialise (e.g. USAID
suspended funds to DRC), so before this happened, the situation required a slight re-
prioritisation of activities, e.g. less training and capacity building.
Effectiveness
The intervention’s underlying assumptions is that tensions can be decreased and violent
conflict can be prevented through provision of high-quality information and community-level
activates which aim at strengthening communication between different actors. Peace-building
in turn is seen as prerequisite of accountable and functioning institutions.
The mid-year review (March 2006) reported: “SFCG is making a significant contribution to
building popular information resources by distributing audio material to key local radio
stations in all provinces. There is evidence that the material is widely appreciated for its
informative and entertainment value and its positive influence on attitudes.” Furthermore an
evaluation of Mopila112 has shown that the sketch has increased the understanding of the
length and nature of the transition.
DFID’s summary review stated in February 2007: “All its outputs are on track but the reason
they are likely to be largely rather than completely achieved is because of the very difficult
country context, and because cause-and-effect relationships between the outputs and the
purpose are very hard to attribute specifically to the project activities.”
Impact
The mid-year review reported: “It is not possible to judge exactly how far SFCG contributed
to the high turn-out or the calm conduct of the referendum, but it certainly contributed. It
112
Soap opera exploring topics around the transition through the adventures of Mopila, a taxi-driver
130
remains a key partner for the Independent Electoral Commission (CEI) in the run-up to the
elections.” There is evidence that SFCG has supported a behavioural change in several
instances, e.g.
- Military commanders have brought children forward for demobilisation.
- Violence was headed off as a result of CL programmes, e.g. student elections in
Bukavu.
- Sisi Watoto, which explorers topics around child demobilisations prepared by
children, has been found effective in promoting the release of child soldiers and
discouraging them from re-enlisting.
However, the overall increase/decrease of violent tensions in the East is impossible to be
attributed to one single intervention given the complexity of the conflict.
Sustainability
Given the recent increase in tensions in the East or the outbreak of violence in March 2007 in
Kinshasa, the sustainability of CL’s contribution to peace-building remains unclear.
However, CL’s contribution to raising the quality standards of radio emissions is likely to
last, also given the training they provide to journalists and writers.
Lessons Learned
Innovative use of a mass medium: Innovative methods (e.g. participatory theatre, radio
sketches) work for civic education and attract a large number of people, thus increasing
outreach at a low cost.
Careful analysis of V&A channel: A careful analysis on which channels are available to
which target groups can help the identification of the most appropriate channel for e.g. civic
education campaigns.
Targeting and languages: Donors must be aware of language barriers in targeting V&A.
SFCG/CL produces most emissions in French and all four national languages (not in any
dialects though) to avoid excluding people from listening to the programmes because of
language barriers. However, the radio stations decide in which languages to broadcasts and
more importantly, some of the programmes are seen as ‘intellectual’ and thus do not reach all
segments of the population.
Focus: If budget constraints exist donor need to be realistic and focus on one activity using
the comparative advantage of the project implementer. While SFCG’s radio emissions are
very successful fewer efforts were placed in the community development aspect and the
capacity building for local peace leaders. While SFCG’s strength lies with the radio
emissions, other organisations may be more appropriate to support communities.
Realistic funding assumptions: Realistic project logframes means that funding is available for
all objectives. Constraints around funding (and relying that SFCG/CL finds other funders in
addition to the DFID grant) have led to re-prioritising of capacity building and community
development initiatives.
131
III: Model of Change
Assumptions V&A channels: activities V&A channels: outputs Changes in policy and
practice: outcomes
Awareness rising through
radio emissions, posters,
comic strips
A well informed
population and increased Availability of information Better informed citizens that
Listener feedback on radio
participation around the which is appreciated for its understand the transition
emissions to influence
transition process are the value and entertainments better
upcoming programmes
foundations for by a wide audience
sustainable peace. Inclusive and viable
Training for journalists transition (high
Sustainable peace is a participation in the
Alternative (non-violent)
prerequisite of stable and Participatory theatre for referendum and peaceful
means are available to solve
accountable institutions. conflict transformation elections)
conflicts and contribute to
building a peaceful society
Radio is the right medium Youth journalists producing Sustainable peace in DRC
(e.g. through de-
to transmit information. their own programme (Sisi mobilisation of child
Watoto) soldiers)
132
IV: Relevant Primary and Secondary data collected during the field work
133
Annexe D5: Initiative pour un Leadership Collaboratif et la Cohésion de
l’Etat (ILCCE) - Woodrow Wilson International Center for Scholars.
1.Donor Agency DFID, EC, Canada, SIDA, Norway, Netherlands (funds managed
by UNDP), USA, Canada (bilateral). US$ 2.6 Mio (through
UNDP fund), 345,000 (bilateral)
2.Partners/implementing Woodrow Wilson International Center for Scholars (WWICS) in
agency partnership with the Institut pour la Recherche et l'Education sur la
Négociation en Europe (IRENE) based at Paris's ESSEC business
school
3.Objectives Seeks to enable leaders from the main political parties and civil
society groups to meet four principle challenges in achieving
durable peace: shift from a zero-sum mindset to one that
recognizes interdependence, rebuild trust between leaders, which
had been shattered by war, strengthen communication and
negotiation skills; and rebuild a consensus on how power should
be organized and decisions made.
4.Main CV&A and Workshops
other activities
5.Target Group / Leader from political parties, civil society, media / Congolese
Beneficiaries population if conflict is reduced due to more collaborative
decisions-making
6.Key linkages of The initiative is modelled on the Burundi Leadership Training
intervention with other Programme.
programmes An evaluation encouraged the WWICS to build closer ties with the
UNDP governance programme.
7.Duration 2 years
8.Starting date October 2005
9.Total budget USD 2,945,000 or EUR 4,035,000
134
Efficiency
19 training workshops involving almost 460 individual leaders from both the political class
and civil society, including leaders of national and provincial influence, and across ethnic and
political affiliations, have been conducted in Kinshasa, Goma, Bukavu, Butembo, Uvira, and
Minembwe.
The workshops use a combination of single and multi-day trainings that include case-studies,
simulations, collaborative exercises, and problem solving. They include opportunities for
leaders of diverse communities to meet and discuss the conflicts between them. Participants
are taught critical negotiation and mediation skills, such as the importance of active listening.
According to the independent evaluation the fact that three entities (WWICS for overall
strategy, IRENE provided the trainers, ILCCE for organisation of the workshop) on three
continents have to come together to organise a workshop transaction costs were high and
numerous coordination problems were observed. Moreover, there have been problems with
timely disbursements of funding due to delays in donor payments; the complex partnership
agreement (donor, UNDP as separate fund manages, WWICS as main contractor, in
collaboration with IRENE and a national team, ILCCE) further aggravates this. Delays in the
programme realisation were the result; between August and November 2006 only three
compared to the six planned workshops have been organised. This raises the question if the
same aim could have been achieved with different means and lower transaction costs;
however, due to the nature of this evaluation (V&A rather than a programme evaluation) it is
hard to make this judgement given the data available.
Effectiveness
The workshops enabled previously antagonist figures that had played, or are still playing,
important roles in local (often violent) conflicts. In some cases these actors have never met
before or have never had an opportunity to talk to each other. E.g. in the first workshop in
Kinshasa in January 2006, Gabriel Kyungu wa Kumanza, the former Governor of Katanga,
met several long-time bitter antagonists, most notably Jean-Claude Muyambo, who was one
of the victims of the 1992 expulsions of Kasaians from Katanga. The workshop brought these
two together for the first time and, by the workshop’s last day, both leaders were publicly
affirming their desire to work together in addressing the problems of Katanga and Kasai, and
were urging the application of what they had learned in the workshop to a resolution of the
conflicts within their area.
An independent evaluation found, that leaders attending the workshop have mostly spoken
positively of their experience and are convinced that the training changed their thinking about
finding collaborative solutions to problems.
Impact
An independent evaluation found that “72% of interviewed participants say they have
contributed to the reduction of all kinds of conflicts around them […] due to a reinforced
negotiation and listening capacity that they acquired during training.” Feedback at the end of
workshops/follow-up workshops and observation show an increase in collaborative decision-
making skills of participants and increased networking. People, sometimes former enemies,
were reported to pick up the phone and discuss rumours e.g. about troop movements.
However, a capacity building initiative on its own may have limited influence on the overall
peace-building efforts without a wider mediation process.
135
Sustainability
The next phase of the initiative plans to use increasingly national trainers (compared to the
entirely international team in the past). Sustainability—after the withdrawal of funds for
WWICS—will heavily depend on the degree national training organisations are increasingly
involved in the intervention and parallel conflict mediation processes and capacity building
initiatives (e.g. an independent evaluation has encouraged increased collaboration with the
UNDP governance programme).
Lessons Learned
Copy & paste: While the experience from Burundi helped in the implementation of the DRC
training programme, donors should be careful in copying programmes from one to another
country. While learning from other experiences can add value, there may be the danger to
neglect the contextual differences which were found to play an important role in making
V&A interventions work.
Transaction costs: A complex management agreement with donor, separate funds manager,
international contractor, international partners and national organisation can considerably
increase the (transaction) costs of the intervention. Cost-benefit and added value of two
international entities?
Realistic expectations: The programme is realistic that its interventions need to be tied into
wider efforts to strengthen V&A (i.e. mediation process).
136
III: Model of Change
Assumptions V&A channels: activities Capacity of key actors: Changes in policy and
outputs practice: outcomes
137
IV: Relevant Primary and Secondary data collected during the field work
138
Annexe D6: Breaking the links between natural resource exploitation,
conflict and corruption in the DRC – Global Witness
I: Profile of the Intervention
Relevance
DRC has Africa’s richest mineral deposits of copper and cobalt, as well as abundant reserves
of gold, diamonds and coltan. Although potentially a very wealthy country, DRC is in fact
one of the poorest countries in the world. Traditionally the country’s natural resources have
benefited a small elite (national and foreign) rather than the Congolese population and
corruption is rife in the sector including a huge informal economy existing around natural
resource extraction (income frequently been used to finance and fuel conflict). In general
decisions around natural resources are made among a small group of insiders and lack
transparency.
While the ongoing transition have provided an entry point for GW’s campaign (GW’s DRC
campaign was officially launched in July 2004) the programme’s goal—“reaching
fundamental changes in the way natural resources are exploited” (Logframe, 09/10/06)—is
highly ambitious. The programme’s logframe clearly lists major risks, including ongoing
conflict, the outcomes of the elections, etc but does not mention one major risk, namely the
“lack of political will” which was mentioned as main obstacles in interviews with project
staff. It is unclear how realistic GW’s objectives are given the complex environment and
GW’s traditional approach to raise awareness without engaging in direct dialogue with the
Government of DRC.
As this main phase of the Global Witness DRC campaign (2006-2009) has been ongoing only
for one year we focus on two interventions, namely (1) the support to the implementation of
139
the Extractive Industries Transparency Initiative (EITI), more specific the review of the
mining contracts113 and (2) the campaign for the trial of Kilwa massacre.114
Efficiency
In its first year under the current contract GW has published numerous report and press
releases (in French and English), e.g. “Kilwa Trial: a Denial of Justice”, or “The Congolese
Mining Sector in the Balance. Lack of transparency risks undermining review of mining
contracts” for a national and international audience, has had meetings with DRC government
officials and international organisations/donors on natural resource issues. However, Global
Witness’ narrative report states that many of the activities outlined in the 2006-2007 plan
were not carried out, given that GW acts flexibly, e.g. responds to requests from NGOs or
campaigns on unforeseen activities, e.g. the Kilwa trial.115.
The question is also if national NGO’s couldn’t have been funded to do the same work.
Effectiveness
EITI and the ‘revisiting’ of the mining contracts: GW has issued press releases and has had
discussions with embassies of those countries who are driving the EITI (e.g. UK, US, SIDA)
and the World Bank who then brought this to the Government’s attention; direct negotiations
between GW and the Ministry have not taken place. On a parallel initiative a group of
national NGOs and parts of the extractive industry approached the Minister (Memo). Most
importantly, there was the danger that DRC would have been excluded from the EITI process
if it had not cooperated with civil society, so clear external pressure.
Kilwa massacre and trial: GW’s lobbying activities around the trial and support for ACIDH
and ASADHO/Katanga have contributed to greater national and international awareness of
the Kilwa incident, and of the failure of the Congolese government to make significant steps
to address the culture of impunity in the country. Despite the acquittal of those accused, the
evidence gathered (e.g. eyewitness testimony, evidence of inconsistencies in the statements of
some of the defendants) could benefit the appeal.
National organisations face obstacles of publishing sensitive information on resource
extraction themselves, the most frequently cited being the lack of financial resources and the
professional means to widely distribute information. Despite this high need of support the
intervention does not envisage formal capacity building while in the past GW has
successfully collaborated with national NGOs, e.g. the court case of the Kilwa massacre. The
Global Witness campaign in DRC is thus not a typical V&A intervention as the ‘voice’
mainly comes from the outside, i.e. an international NGO.
113 The EITI is an international, voluntary mechanism aimed at encouraging transparency in the extractive
industries through the full publication and verification of payments by companies to government and
government revenues from the extractive industries. Launched at the World Summit for Sustainable
Development 2002 the EITI brings together governments, companies and representatives of civil society. The
DRC officially signed up to EITI in 2005. However, implementation has been severely hampered by a number
of factors, including attempts by the government to interfere with the process by imposing representatives on the
national EITI committees and adopting regulations without consultation. In April 2007, the Government of DRC
announced the creation of a commission to review mining contracts signed between private companies and
state/public enterprises. Again, this process suffers from a lack of transparency, limited involvement of civil
society and there are concerns that the independence of the Commission is not adequately protected.
114
In 2004 a massacre took place in Kilwa (Katanga) during which more than 70 people were estimated to be
killed in the mining town. The subsequent court trial at the beginning of 2007 was held against Congolese
soldiers and employees of Anvil Mining, an international mining company accused of helping the Congolese
military in committing this massacre.
115
This evaluation cannot and does not want to make a judgement if this re-prioritisation is appropriate and
demonstrates a flexible response to a rapidly changing environment or hints towards problems in the programme
implementation.
140
Impact
While an overall increase in transparency in the extractive industry is hampered by vested
interests in the current allocation of resources and the project is in an early status to assess
impact, GW’s campaign has contributed to an increased attention of the Government to
resource issues. However, it is hard to isolate GW’s contribution to the increased dialogue
with civil society in the review of the mining contracts (and the subsequent appointment of
the EITI coordinator with agreement from all actors) given the high external pressure on
DRC around the EITI. While international attention to the Kilwa trial can in part for sure be
attributed to GW the appeal of the case will show the whole impact of the initiative.
Sustainability
There are many questions around sustainability of the programme. Given that the V&A
channels are external (though international actors) rather than national, the sustainability of
any improved transparency once the international actor’s support ceases will depend very
much on DRC’s adherence to its commitments and agreements, e.g. the EITI. Moreover,
national NGOs will need to take the role Global Witness is playing at present, which will be
challenging given the current capacity and funding constraints.
Lessons Learned
External pressure to strengthen Government transparency and accountability: A widely
known international organisation can successfully use its name to lobby for more
transparency.
External accountability: Is strengthening government transparency through external actors an
effective and sustainable way to strengthen a country’s accountability to its citizens? Is there
the danger that national governments listens to international actors rather than to its citizens?
Flexibility versus programme log frames. The programme shows that there is a certain
conflict between the need to act and respond flexibly to a rapidly changing environment and
timeframes and programming/planning needs of donor-funded V&A interventions.
How much can a project achieve on its own? An ambitious project aiming at improving
transparency and accountability in an area, i.e. natural resources where many actors have a
vested interest and benefit out of a lack of accountability. Is it realistic that a project
intervention on its own can overcome these major obstacles?
Capacity building and collaboration with national organisations: The intervention does not
envisage formal collaboration with national organisations apart from information sharing. As
closer collaboration between GW and national NGOs has worked very well in the past rising
the question if partnership between international and national NGOs increases the potential
for the success and sustainability of V&A interventions.
141
III: Model of Change
Assumptions V&A channels: activities V&A channels: outputs Changes in policy and
practice: outcomes
Improved collection of
natural resource revenues
Increased international
by government
awareness of the link
External pressure through between extractive Improved governance and
international NGOs and industries and conflict state control over natural
Making information publicly
international resources and border
available
organisations and Increased engagement of controls
Governments can put the government and Commitment to natural
pressure on the DRC Dialogue with Government of parliament in natural resource management by
government to increase DRC resource issues, e.g. review international community,
transparency of mining contracts, donors and companies
Parliamentary Commission working in the DRC
Increased transparency Dialogue with international on natural resources
will lead to a more equal organisations/donors to put Increased state investment
distribution of resources pressure on Government of in social development
for the benefit of the DRC Government of DRC has
Increased transparency in
population decided to publish a
natural resource
number of mining contracts
management
End to impunity for those
engaged in and/or
benefiting from illegal
extraction of natural
resources
142
IV: Relevant Primary and Secondary data collected during the field work
143
Annexe D7: Appui au Conseil National des ONG de Développement –
CNONGD
I: Profil de l’Intervention : il s’agit d’un appui au fonctionnement de la principale
coordination des ONG de Développement en RDC. Il s’agit principalement d’un appui aux
fonctions de lobbying et de plaidoyer des membres dans leurs rapports aux autorités
publiques. La majeure partie de cette intervention soutient donc les activités de P&I du
CNONGD.
Pertinence
La société civile congolaise possède une longue tradition d’interventions dans le débat
politique, depuis la Conférence Nationale souveraine, au milieu des années nonante,
particulièrement. Dans ce rassemblement assez hétéroclite que représente la société civile, les
ONG de Développement constituent un groupe structuré, à la représentativité organisée, qui
s’appuie sur un large réseau de membres décentralisé. Cet acteur de la société civile a assumé,
depuis de nombreuses années, une fonction de lobby et de faiseur d’opinion qui lui est
reconnue, en particulier par le rôle joué dans l’Analyse Participative de la Pauvreté menée au
cours de l’élaboration du DSCRP.
144
Le point d’entrée de cette intervention se situe donc au niveau de cette relation entre l’Etat et
le citoyen qui existe au travers de ces structures intermédiaires de la société civile, tant au
plan national que régional. La notion d’ONG est utilisée en RD Congo pour désigner une
diversité d’acteurs non étatiques dont la notoriété et la qualité est inégale. Dans ce contexte, le
renforcement de la cohérence, de la spécificité et de la qualité des OND de Développement
passe avant tout par cette stratégie de renforcement des capacités coordonnée par la structure
nationale.
L’intervention intègre également l’évolution actuelle des structures de l’Etat vers une
probable décentralisation et un probable élargissement des possibilités de concertation avec
des autorités maintenant démocratiquement élues.
L’intervention émet l’hypothèse que le renforcement de la Coordination nationale de ces
ONG permettra de soutenir les ONG membres dans leur capacité d’interpellation des autorités
publiques et de défense des intérêts de leurs membres.
L’évaluation basée principalement sur la récolte de données qualitatives par interviews
conclut à la pertinence de cette intervention qui travaille dans une perspective de durabilité de
la P&I. Par ailleurs, c’est une des interventions, parmi celles étudiés, qui s’adresse le plus
directement aux personnes vulnérables de manière générale : il ne s’agit pas d’un groupe
particulier mais de la masse de la population congolaise qui vit en dessous du seuil de
pauvreté, sans distinction de genre.
Efficacité
L’intervention diversifie les domaines dans lesquels elle organise les formations de
formateurs afin de renforcer la capacité des ONG : éducation civique en préparation des
élections, analyse du suivi budgétaire, formation aux lois organiques de décentralisation,
exercice interne de bonne gestion. Ces formations ont pu être mise concrètement en
application :
- tribunes d’expression populaire avec les candidats aux élections qui étaient interpellés
par les ONG sur leur gestion,
- présentation publique de la manière dont les ONG sont gérées au Ministère de tutelle
(du Plan) pour montrer l’exemple et forcer d’interpellation sur la gouvernance.
Les moyens financiers dégagés pour ce programme restent limités proportionnellement aux
coûts logistiques nécessaire pour travailler sur un programme national associant des
représentants de toutes les provinces. La diversité des bailleurs et de leurs exigences rend le
financement de la coordination peu harmonisé.
C’est surtout au moyen de formations que l’intervention assure le renforcement de
l’organisation : il s’agit là d’un moyen classique régulièrement utilisé mais dont l’efficacité
est difficile à mesurer. Pour atteindre cet objectif, il serait peut-être utile de réfléchir à
d’autres approches plus alternatives axées sur des réalisations plus concrètes : favoriser de
manière plus régulière, la production d’outil ou de plaidoyer par les différents CRONGD
réuni par exemple.
Efficience
Renforcer les capacités d’un réseau d’ONG aussi vaste est un travail permanent dont
l’intervention analysée ici n’est donc qu’une contribution partielle.
Au niveau des activités nationales, le CNONGD multiplie le suivi des engagements des
autorités publiques : DSCRP, budget national, négociation internationale telle que les APE,…
Il renforce la capacité de plaidoyer des leaders intermédiaires des ONGD qui s’adressent
maintenant de manière plus particulière aux autorités élues (spécifiquement le parlement).
Une contrainte importante pour cette intervention est la diversité des acteurs de la société
civile. Leur représentativité et leur finalité sont souvent contestées : ONG comme tremplin
145
vers le pouvoir, ONG comme canal de création d’un emploi personnel, instrumentalisation
des organisations la société civile comme faire valoir (ONG comme opérateur de programme
gouvernementaux). Le CNONGD et ses ONG membres s’efforcent de se démarquer par
rapport à ces critiques notamment par une qualité de travail plus professionnelle et par une
plus grande transparence interne.
Impact
Cette intervention se situe délibérément dans une perspective de long terme dont il est souvent
plus difficile de déceler les impacts ou effets immédiats alors que dans une situation d’état
encore très fragile comme en RDC, la perspective est encore souvent de travailler dans
l’urgence. Cette tendance se répercute sur l’évolution du monde des ONG. Dans un tel
contexte on voit souvent des organisations existantes (ou qui se créent) aborder
ponctuellement les sujets cruciaux du moment (élections, puis décentralisation, puis…) sans
vraie stratégie de long terme. Dans un contexte de fragilité, les autorités publiques et la
Communauté internationale ont aussi plus souvent recours aux acteurs de la société
civile pour mettre en œuvre certains programme (en particulier durant les élections : éducation
civique, observation, etc.) : ceci accentue cette tendance à la prolifération des réseaux, à
l’émergence de nouveaux groupes ou réseaux parfois éphémères, à une certaine confusion et
fragilisation dans la représentativité de la société civile.
Le travail de plus long terme au niveau du CNONGD a pour sa part un effet de stabilisation
d’un réseau bien ancré localement, dont l’expertise se renforce durablement (comme par
exemple lors de l’analyse participative préparatoire au DCRSP) et qui mène des stratégies de
lobby sur les questions que ses propres membres identifient comme prioritaires.
Durabilité
La pratique et la tradition de l’implication des ONG (et particulièrement des ONG de
développement) dans le débat avec les autorités est renforcé par la légitimité de ces dernières :
les ONGD interpellent maintenant des autorités qui doivent rendre des comptes en fin de
législature. En soi cette situation nouvelle tend à renforcer la durabilité de cette relation.
Au plan financier par contre, l’activité d’une coordination reste par nature dépendante de
financement externe : à court et moyen terme il est difficilement envisageable que l’Etat
congolais puisse disposer lui-même de moyens suffisants pour subsidier le monde associatif.
La longue expérience de structuration des ONG de développement sur l’ensemble du territoire
national et leurs liens permanents avec les ONG internationales, sont des éléments qui
peuvent assurer une durabilité de leur intervention.
Enseignements tirés
L’appui dans la durée : dans un contexte caractérisé par l’urgence, le soutien continu au
CNONGD permet de renforcer ses capacités et d’asseoir sa légitimité en tant qu’un des
interlocuteurs privilégiés auprès des autorités publiques. Il est sans doute pertinent dans le
programme d’appui à la P&I d’un donateur de diversifier ses soutiens en combinant les appuis
plus ponctuels à des activités délimitées dans le temps et le renforcement durable des
organisations.
Transparence interne : le CNONGD travaille à une amélioration de la transparence et de la
bonne gouvernance interne de l’ensemble des ONGD, en estimant que cela renforce leur
capacité d’interpellation des autorités publiques. Il est difficile de mesurer cet impact de la
« force de l’exemple », mais on peut estimer que cela renforce globalement le mouvement des
ONG qui dispose ainsi d’organisations plus fiables, etc. Le renforcement de la transparence et
de la bonne gouvernance interne des ONG est certainement un axe à prendre en considération
par les bailleurs.
146
Implication politique des ONG : le monde des ONG a fourni de nombreux candidats lors des
premières élections démocratiques, ce phénomène du passage des individus de l’association
vers le politique est assez communément répandu. Il illustre la représentativité et la notoriété
des organisations dont sont issus les candidats. Dans un Etat fragile, cela pose néanmoins la
question de l’affaiblissement des organisations de la société civile par le départ de leur cadre
les mieux formés ou les plus ambitieux.
147
III: Modèle de Changement
Changements de
III:Hypothèses
Model of Cha Canaux P&I : Canaux P&I :
politique et de
Activités Résultats
pratique : résultats
Formation de formateurs et
création de noyaux Professionnalisation des
d’expertises au niveau leaders d’ONG dans leur
provincial. manière d’interpeller les
Un appui à la autorités et de représenter
coordination des ONG de le point de vue des ONGD.
développement permettra Journées de réflexion sur des
un renforcement des questions de politique de Multiplication des
capacités d’interpellation développement en général Participation des ONG à interpellations des ONG à
de l’ensemble des ONG (décentralisation, droits l’analyse Participative de la l’adresse des autorités
membres. économiques et sociaux) Pauvreté dans le cadre du publiques.
DSCRP.
Les autorités politiques Action de plaidoyer et de Implication accrue des
élues de RDC sont lobby. ONGD dans le choix des
Renforcement des capacités
attentives aux positions et priorités politiques et dans
des ONGD à agir
recommandations leur conception.
Elaboration d’avis et collectivement dans leurs
adoptées par les ONG. d’analyses à la demande des différents domaines
Gestion plus transparente et
autorités. d’action (coordination au
La formation de leaders mode de fonctionnement
niveau provincial).
des ONG permet une plus opérationnel dans un
Encadrement des membres
meilleure nombre croissant d’ONGD.
des ONG en matière de Appropriation des
professionnalisation de gestion.
ces organisations. outils/instruments produits
par les autorités publiques
Echange d’expériences et (DSCRP, budget, etc.)
d’exemple de projets
« réussis ».
148
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
149
Annexe D8 : Programme de formation syndicale de la Confédération
Syndicale Congolaise – CSC
I: Profil de l’Intervention : cette intervention vise à renforcer globalement l’action du
syndicat. De part son rôle de représentant des travailleurs, de défenseur des intérêts d’une
catégorie de la population, le syndicat intervient comme interpellant du pouvoir politique et
l’intervention relève donc pour partie de la problématique de la P&I.
Pertinence
Le travail des syndicats est directement lié aux transformations socio-économiques qu’attend
la population congolaise maintenant que le processus électoral a permis la mise en place
d’autorités publiques élues. Les « dividendes socio-économiques » de la paix et de la
démocratie sont une urgence pour la population, compte tenu de son niveau de pauvreté
extrême.
Le renforcement des capacités d’intervention et de négociation des syndicats dans ce contexte
difficile est le point d’entrée de ce programme. Un embryon de dialogue social a été maintenu
durant la période de guerre et de transition, le pluralisme syndical est relancé depuis le milieu
des années nonante et le cadre juridique de cette concertation existe. De plus, les syndicats ont
été présents au sein de la délégation de la société civile dans les négociations avec le pouvoir
durant cette dernière décennie.
Sur base de l’analyse du projet, du rapport d’évaluation général de la coopération syndicale de
2006 et des données récoltées par interview, cette intervention apparaît donc pertinente pour
un renforcement de la P&I dans ce contexte congolais, même si elle intervient dans un
150
domaine assez spécifique. Une partie fort limitée de l’intervention s’adresse plus
particulièrement à deux groupes vulnérables spécifiques : les travailleurs du secteur informel
et les femmes.
Efficacité
Le syndicat a développé un programme interne de formations de base (rôle du syndicat,
capacité de négociation, etc.). A partir de ces acquis de la formation interne, le programme
s’axe sur la capacité de défense des travailleurs, la capacité d’analyse des plans de
développement, et la capacité d’analyse des effets de la libéralisation et de la mondialisation
(privatisation, APE, etc.) : en 2007 quelques 14 sessions de formation de ce type ont été
réalisées et ont concerné plus de cinq cents délégués et permanents.
Le retard dans la mise à disposition du financement (accordé souvent au second semestre de
l’année) contraint le syndicat à réaliser la plupart des formations de manière concentrée sur
les derniers mois de l’année, ce qui réduit l’efficience de ce travail. Par ailleurs comme pour
l’appui du CNONGD, on constate que c’est surtout la formation qui est utilisée comme
moyen très classique de renforcement de l’organisation. Une approche alternative serait ici
aussi d’utiliser des moyens débouchant sur des actions plus concrètes : les cellules locales
juridiques, les enquêtes sur les indicateurs sociaux sont des exemples qu’on retrouve dans le
dossier technique du projet mais qui n’ont jusqu’à présent été que très peu concrétisés.
Efficience
La formation a permis d’améliorer les connaissances des délégués syndicaux et de leur donner
ainsi des moyens d’agir dans les lieux de négociation : au niveau de l’entreprise et au niveau
des structures de concertation avec l’Etat (exemple : COPIREP – Comité de Pilotage de la
Réforme des Entreprises Publiques).
Les interpellations en matière de gouvernance sont directement applicables à la gestion des
entreprises publiques : non paiement des salaires, recours au « pouvoir discrétionnaire de
l’employeur », non exécution des missions de ces entreprises, etc. sont des lacunes concrètes
des entreprises publiques sur lesquelles les délégués interpellent sur base de leur formation.
Les obstacles à la réalisation des résultats sont nombreux. Une présence syndicale limitée par
la faible proportion des emplois salariés formels. Une présence plus massive dans le secteur
public (principal pourvoyeur d’emplois), secteur caractérisé par un important immobilisme,
un niveau élevé de corruption et un manque de clarté dans la représentation syndicale. Un
manque de concertation et une concurrence avec les autres acteurs de la société civile. Une
précarité individuelle et collective qui limite d’une part la militance des délégués distraits par
leur recherche de moyen de subsistance (salaires impayés) et d’autre part le niveau des
revendications sociales qu’on peut adresser à des entreprises hyper fragiles économiquement
(choix souvent limité entre conditions d’emploi indécentes et perte pure et simple de cet
emploi).
Parmi les objectifs prévus par l’intervention, la réalisation des formations est le plus atteint
alors que la création de cellules d’études, de banque de données sur la situation de l’emploi et
la production de documents éducatifs sont très peu réalisés notamment suite au retard dans les
financements reçus.
Impact
Dans la mesure où les formations ont été menées, « nous pouvons formuler l’espoir que les
techniques de concertation, de négociation et de résolution de conflits acquises par les
formations de la coopération syndicale viendront à profit pour apaiser les tensions post-
151
électorales qui ne servent pas la cause syndicale »116, cependant l’impact des formations sur
le changement de comportement reste, de manière générale, difficilement vérifiable.
Cette intervention a toutefois contribuer à dynamiser l’action syndicale après la période de
guerre : mobilisation et interpellation du gouvernement sur les effets négatifs sur l’emploi des
politiques de libéralisation et de privatisation, sur la mauvaise gouvernance dans les
entreprises publiques, sur la réforme proposée des entreprises publiques, sur les choix
budgétaires du gouvernement. Ces mobilisations ont induits des changements de
comportement des autorités publiques qui commencent à associer ou au moins à consulter le
syndicat au moment de prendre des décisions en matière de politique d’emploi. Cette
évolution est encore imparfaite : les points de vue syndicaux sont écoutés mais encore très
rarement réellement pris en compte par les autorités.
La capacité de négociation des syndicats est également relancée : 93 Conventions collectives
du Travail existent actuellement, signées par la CSC qui vise à atteindre le chiffre de 168
conventions signées à la fin du programme en 2011.
Sur base des dernières élections sociales la CSC est devenue la principale confédération
congolaise : elle préside donc l’intersyndicale au Congo et dispose ainsi d’un levier
supplémentaire de mobilisation. Ce renforcement syndical constitue un élément du rapport de
force qui doit nécessairement s’instaurer entre travailleurs, employeurs et autorité publique
pour assurer une redistribution de la future croissance économique de la RDC.
Durabilité
La durabilité des effets de l’intervention dépend de la capacité du syndicat à développer
réellement les autres volets du programme parallèlement à la formation : cellules d’études au
niveau provincial, production de documents pédagogiques, mise en place d’une banque de
donnée. La formation en soi n’est pas suffisante pour permettre un renforcement durable de la
capacité d’interpellation du syndicat.
Le fait que la législation congolaise définit de manière plus précise les conditions et modalités
de la reconnaissance des syndicats et du dialogue social, est un facteur de stabilité et de
durabilité pour les activités syndicales.
La diversification des secteurs d’activités dans lesquels le syndicat est présent est une autre
condition de la durabilité des effets de l’intervention : l’action démarrée au niveau du secteur
informel poursuit cet objectif.
Enfin une relation renforcée avec les autres acteurs de la société civile et une clarification des
rôles et relations de ces différents acteurs est de nature à mieux stabiliser les effets de
l’intervention : ce volet est probablement trop peu développé dans cette intervention.
Enseignements tirés
Lien entre économie et politique : les lacunes de la gouvernance dans les entreprises
publiques mises en évidence par cette intervention soulignent l’utilité d’une réflexion sur la
gouvernance tant dans le secteur politique que le secteur économique. C’est un élément
essentiel d’une gouvernance durable. Ceci nécessite une réelle reconnaissance de droits
économique et sociaux encore trop fragiles dans un état comme la RDC où la militance et de
la mobilisation des délégués syndicaux est bridée par leur extrême pauvreté personnelle
(recherche de revenus de remplacement pour les salariés impayés) et par l’hyper fragilité
économique des entreprises (revendications sociales qui risquent de provoquer une fermeture
de l’entreprise).
116
SPF Affaires Etrangères – Coopération syndicale belge 2003-2005 – Rapport de mission d’évaluation RDC –
Rwanda , mai 2006, André Niemegeers et Floriane Bacconnier, Ramboll Management. p.60
152
Diversité des acteurs de la société civile : alors qu’ils abordent des thématiques proches
(mondialisation, libéralisation, etc.) syndicats et ONG paraissent agir encore en parallèle,
chacun exprimant une certaine méfiance à l’égard de l’autre. La cohérence de la stratégie des
différents acteurs de la société civile est un enjeu de court terme qui est trop peu pris en
compte par les bailleurs en RDC.
153
III: Modèle de Changement
Changements de
Hypothèses Canaux P&I : Canaux P&I :
politique et pratiques
Activités Résultats
: Résultats
154
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
155
Annexe D9 : Appui au renforcement de l’Etat de droit et à la restauration
de la Justice dans la ville de Kinshasa et dans les provinces du Bas-
Congo et du Bandundu
I: Profil de l’Intervention : cette intervention concentre son action essentiellement sur des
aspects de P&I, spécifiquement dans le domaine de la Justice.
Pertinence
Au moment où les institutions politiques sont élues démocratiquement et assoient ainsi leur
légitimité, la notion d’état de droit reste largement discréditée en RD Congo, notamment du
fait du dysfonctionnement généralisé de la justice et de la prédominance de l’impunité.
L’intervention rencontre certaines des multiples causes du dysfonctionnement de la justice
congolaise : la carence de compétences du personnel judiciaire (manque de formations
117
Le programme réalisé par RCN au Katanga se déroule sur deux années (mai 2005-avril 2007) avec un
soutien de 1.453.500 € de DFID.
156
initiales et continues), l’absence de collaboration entre services des Cours et Tribunaux, ainsi
que les difficultés d’accès à la justice d’une population souvent victime, par ignorance, d’abus
émanant des autorités judiciaires et de la police.
Le programme part de l'hypothèse selon laquelle une population mieux informée de ses droits
peut plus facilement se protéger contre les pratiques abusives de l'autorité publique
(arrestations arbitraires), et qu’une meilleure formation des personnes responsables de la
Justice peut mieux leur faire comprendre que leur rôle essentiel est de répondre aux besoins
réels de la population d’être mieux protégée.
Sur base des documents du projet, des résultats de l’évaluation FNED et des données
récoltées par interview auprès des personnes ressources, notre évaluation estime que ce projet
en pertinent en matière de P&I, surtout dans la mesure où il réalise sur différents aspect ce
lien entre la Participation et l’Imputabilité. Il s’agit d’intervention limité dans l’espace, mais
dont il serait utile de tirer les leçons pour une application plus généralisée sur l’ensemble du
territoire congolais.
Efficacité
L’intervention agit sur les différents pôles de relation de justice : renforcement des capacités
du personnel de justice, éducation civique pour les leaders de la société civile, les personnes
ressources, et information sur les questions générales de droit auprès de la population en
général (information sur les limites du droit coutumier auquel il est encore fait appel souvent
par habitude, par proximité, alors que celui-ci est parfois moins avantageux et contraire au
droit).
Cette intervention s’articule sur un travail de rapprochement du citoyen et de la justice par un
travail à la base, sur le terrain, dans quelques provinces (Kinshasa, Bas Congo et Katanga
pour l’intervention similaire financée par DFID). Une approche alternative aurait pu être une
activité au niveau central du Ministère de la Justice, comme l’a entamé un projet d’appui de
l’Union européenne (REJUSCO) : ceci nécessiterait des moyens financiers colossaux que
même le projet européen ne peut dégager (il n’intervient pas sur l’ensemble du territoire mais
se concentre sur la partie orientale du pays).
Efficience
En recourant surtout à du personnel de justice locale (avocat, officier de police judiciaire, etc.)
proche de la population, et donc plus facilement acceptable par celle-ci, l’intervention est
mieux susceptible d’atteindre ses objectifs. Pour les personnes ressources l’intervention a eu
recours d’abord au CRONG puis aux ONG spécialisées dans les questions de droit de
l’homme pour identifier les personnes reconnues comme représentative par la population.
Les obstacles sont cependant nombreux : mauvais fonctionnement de la Justice formelle
(impunité, corruption et népotisme), large recours à la justice coutumière même dans les
villes, encore trop peu de conscience ou volonté de la nécessité de modifié les mentalités du
secteur de sécurité (rôle de protecteur de la population et non plus de prédateur de celle-ci),
manque de moyens accordés à la réhabilitation de la Justice en général (manque d’ouvrage de
référence, d’infrastructure), personnel de justice largement sous ou non payé (nourrit et
renforce largement la corruption), méfiance généralisée de la population à l’égard de la justice
en général et des forces de sécurité en particulier.
Impact
Les intervenants du projet constatent que les formations des professionnels ont un impact plus
positif auprès des officiers de police judiciaire que des magistrats, moins prompts à adapter
leur comportement. Les officiers de police disposent via le projet de textes de lois qu’ils
n’avaient jamais pu consulter auparavant.
157
Les ateliers qui mettent en présence le personnel de justice et les représentants des citoyens
permettent d’aborder ensemble des questions concrètes de droit : de débattre et de comprendre
le point de vue de l’autre, de lever les équivoques, de renforcer la confiance. Dans des
ateliers, le personnel de justice justifie son attitude, les représentants de la société civile
demandent des comptes mais comprend aussi mieux où sont les niveaux de responsabilité.
Cette stratégie de proximité renforce les relations interpersonnelles entre professionnels de
justice et citoyens, relations qui réduisent les pratiques d’abus de pouvoir.
Les campagnes de communication, permettent aux populations de mieux comprendre la
pertinence et de la plus value de certains éléments du droit positif par rapport à la coutume.
Durabilité
Le fait que les formations induisent des changements de comportements et d’attitudes au
quotidien et un renforcement de la proximité des relations entre justice et justiciable, est un
gage de durabilité en soi.
Par contre, la poursuite des formations et des ateliers, dépend encore pleinement des
financements extérieurs : le Ministère de la Justice ne semble pas avoir intégré cette démarche
dans sa stratégie globale encore fort axée actuellement sur la réhabilitation des infrastructures
générales et sur la réorganisation opérationnelle des Cours et Tribunaux. Par contre, la norme
d’un secteur de sécurité (tant police que armée ou justice) au service de la population plutôt
qu’au crochet de la population semble de plus en plus s’imposer et constitue un élément
constitutif de l’Etat de droit même si son application est encore largement aléatoire.
Enseignements tirés
Force de la proximité (Bottom up) : partir des cas concrets en formant en parallèle des
professionnels et des justiciables permet une appropriation immédiate et une implication forte
de la population. Comment transposer ces résultats issus d’interventions concrètes dans une
stratégie globale du Ministère de la Justice, reste une question que cette intervention laisse
ouverte, mais qui est incontournable pour généraliser ces changements de politique et de
comportement. Cette question devrait être saisie par les bailleurs qui souhaitent soutenir un
véritable changement dans la Justice congolaise.
Mise en relation : créer des mécanismes structurés pour se faire rencontrer des groupes
(professionnel de la justice et population) entre lesquels une méfiance est fortement ancrée
permet d’établir des modalités de compréhension mutuelles, de mise en situation, de
possibilité de se mettre progressivement dans la situation de l’autre. Ces mécanismes se
réfèrent partiellement à la logique des commissions vérité et réconciliation.
158
III: Modèle de Changement
Changements de
Hypothèses Canaux P&I : Canaux P&I :
politique et de
Activités Résultats
pratiques : Résultats
159
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
160
Annexe D10 : Programme d’Appui aux Initiatives de Développement des
Communes de Kisenso et de Kimbanseke - PAIDECO-Kin
I: Profil de l’Intervention
Cette intervention est un appui général au plan de développement de deux communes de
Kinshasa pour améliorer l’accès aux services sociaux de base, lutter contre l’érosion et
dynamiser les activités économiques. Certains volets de cette intervention relèvent plus
directement des aspects de P&I : 1) la création d’un mécanisme de concertation entre
représentants de la population et autorités locales 2) la réhabilitation d’infrastructures
communales et la mise à disposition de personnel administratif communal et 3) la promotion
d’une politique communale de communication.
1. Bailleurs La Coopération belge (DGCD)
2. Partnaires / Agence La Coopération Technique Belge (CTB)
d’exécution Le Ministère du Plan
Le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
Le Gouvernorat de Kinshasa
Les communes de Kisenso et Kimbanseke
3. Objectifs Améliorer de manière durable les conditions de vie des populations
des communes de Kisenso et de Kimbanseke au travers d’une
meilleure gouvernance locale.
4. Principales 1. Mise en oeuvre du plan communal et local de développement par
activités P&I et autres un fonctionnement participatif des CLD et CCD.
2. Réhabilitation des infrastructures publiques et parapubliques
3. Promotion du développement local
4. Renforcement des capacités de gestion des acteurs locaux
5. Promotion de la communication publique
6. Mise à disposition de personnel communal
5. Groupes cibles / La population et les autorités communales de deux communes semi
Bénéficiaires urbaines en périphérie de Kinshasa :
- Kisenso : commune de 230.000 habitants, la plus pauvre de la
capitale.
- Kimbanseke : commune de 700.000 habitants, la plus peuplée de la
capitale, avec un niveau de revenus parmi les plus faibles.
6. Liens principaux Appui au renforcement de l’Etat de droit et à la restauration de la
avec autres justice en RDC – RCN Kinshasa/Bas Congo.
interventions
7. Durée Quatre ans
8. Date de démarrage Janvier 2006.
9. Budget total EUR 5.950.000118
Pertinence
PAIDECO est une intervention qui poursuit un appui de développement communautaire mené
par le Fonds de Survie de la Coopération belge dans la commune de Kisenso depuis 2001.
118
Cette intervention fait partie d’un programme global financé par la coopération belge qui regroupe trois
PAIDECO (Kinshasa, Bas Congo/Bandundu et Katanga) qui ensemble représente un montant de 18.400.000 €.
Les trois interventions évoluent chacune à leur propre rythme. L’évaluation porte sur le seul PAIDECO
Kinshasa.
161
Cette continuité a permis de tenir compte précisément des caractéristiques de l’environnement
dans lequel se déroule l’intervention.
Au-delà des logiques de participation et de renforcement des capacités des acteurs locaux,
déjà promues depuis 2001 dans une des deux communes, le projet PAIDECO s’intègre dans la
logique politique et institutionnelle choisie par la RDC de développer une administration
décentralisée du territoire.
Ainsi le projet PAIDECO utilise sa démarche participative de développement local pour tester
et préfigurer d’éventuelles futures modalités de décentralisation qui pourraient découler des
textes légaux récemment adoptés en matière de décentralisation. Il s’attache ainsi à renforcer :
- une stratégie de responsabilisation des acteurs locaux et de renforcement de leurs
capacités,
- une nouvelle relation de collaboration avec les représentants du pouvoir central axée
sur une reddition des comptes vers la population,
- une mise en cohérence de la politique communale entre les choix infra communaux
(quartier) et les politiques supra communales (province et administration centrale),
- le respect des principes liés à une gouvernance démocratique qui ont eux-mêmes
inspirés et fondés l’option pour une administration décentralisée du territoire.
Ce projet est mis en œuvre avec un niveau de pouvoir, la commune, qui traditionnellement n’a
eu que très peu d’autonomie, de capacité et de responsabilité depuis l’indépendance de la
RDC. Il intervient dans la périphérie la plus pauvre de Kinshasa : c’est à la fois une
opportunité (forte demande) et une contrainte (besoins énormes, conditions d’intervention
matérielles et logistiques très difficiles).
L’intervention part de l’hypothèse que la mise en application des principes de la
décentralisation adoptés dans la constitution de la RDC, sera effective à court ou moyen
terme.
En confrontant l’analyse des documents du projet aux données récoltées par interviews et
dans les groupes de discussions, notre évaluation à la pertinence de ce projet. Il vise à
améliorer la gouvernance locale en agissant sur la manière de gérer les plans de
développement. Ce projet touche des couches de populations vulnérables : les quartiers les
plus pauvres de Kinshasa, des groupes de femmes organisées en ONG, etc., sans se focaliser
sur l’un ou l’autre groupe vulnérable en particulier.
Efficacité
L’intervention PAIDECO a investi, au départ, une majorité de ses moyens dans l’amélioration
des infrastructures sociales et des infrastructures publiques communales. Cette stratégie a
permis de répondre à des besoins immédiats de la population (écoles, centres de santé, lutte
anti-érosive, salles communales, etc.). Sur cette base, les structures de concertation mises en
place (Comités Locaux de Développement - CLD et Comités Communaux de Développement
– CCD) ont pu se concentrer directement sur des problèmes utiles à la population.
Les moyens réservés au fonctionnement des mécanismes de participation et de gouvernance
(fonctionnement des CLD et CCD, communication communale, capitalisation et diffusion des
acquis) peuvent ainsi apparaître limités et cette modicité est d’ailleurs critiquées par les
membres de ces structures de concertation. Des moyens supplémentaires pour le
fonctionnement direct des structures communales sont néanmoins dégagés dans un second
temps avec la mise à disposition de personnel communal.
Une approche alternative aurait pu être d’instituer d’abord sous forme de loi les mécanismes
de concertation communaux et de les mettre ensuite en œuvre. L’approche pragmatique
utilisée ici est probablement la plus efficace, dans la mesure où elle permet une plus grande
implication de la population locale.
162
Efficience
Le PAIDECO mise sur le bon fonctionnement des structures participatives de concertation
locale et communale pour induire des changements de politiques, de comportement et de
pratiques. Cet objectif est partiellement atteint, au niveau des comportements et des pratiques
par une gestion plus objective, plus collective et plus structurée des choix de développement
communal.
Plusieurs obstacles viennent néanmoins freiner la réalisation de cette intervention :
- la lourdeur de la gestion en régie belge de cette intervention,
- le fait que les autorités communales sont encore désignées et non élues119,
- l’incertitude sur la manière dont les leçons de ce projet pilote seront prises en compte
pour une éventuelle généralisation de leur application (les fonctions du CCD seront-
elles absorbées par les futurs conseils communaux élus ou comme le prône le projet se
transformeront-elles en conseils consultatifs permanents ?).
Impact
L’intervention PAIDECO a certainement permis un réel choix participatif des investissements
de développement qui sont faits au niveau communal et des quartiers. Ce fonctionnement est
en soi un processus d’apprentissage de la gouvernance locale : choix démocratique des
projets, notation objective des priorités, utilisation de la procédure des marchés publics,
publicité des décisions et des raisons des choix, etc.
L’intervention a également introduit une pratique de la communication au niveau de la
commune (publication d’un journal, émission de radio, affichage public, etc.) même si cette
communication est encore, pour certains représentants de la société civile, insuffisante et trop
exclusivement porteuse du point de vue des autorités locales. Cette stratégie de la
communication est reprise plus globalement par la CTB qui mène ainsi une politique de
transparence (d’imputabilité) sur son propre travail. Elle intègre là une dimension innovante
en matière de P&I, soulignant que l’exigence de l’imputabilité ne se limite pas uniquement
aux autorités publiques mais concerne aussi les autres intervenants dans les projets.
Les analyses d’identification préalable à cette intervention ont mis en exergue l’impact des
appuis antérieurs (2001 à 2005) qui n’avaient été menés que sur la seule commune de
Kisenso : l’amélioration de l’accès à l’eau et à la scolarisation sont significativement plus
importante à Kisenso par rapport à Kimbanseke où le projet ne démarre qu’à partir de 2006.
En outre une différence significative est aussi constatée dans la perception de bien-être et dans
la confiance accrue dans les autorités communales120. L’intervention, en poursuivant ce projet
sur Kisenso et en l’élargissant à Kimbanseke, vise à démultiplier ce type d’effets.
L’impact de cette intervention sur les changements de comportements en général ne sera
réellement possible que si cette expérience pilote est prise en compte par les autorités
nationales et les bailleurs pour en assurer la généralisation.
119
Les premières élections communales sont prévues en RDC dans le courant de l’année 2008.
120
Evolution de 2002 à 2005 :
Accès à l’eau : Kisenso : 68% 81% Kimbanseke : 59 % 55 %
Perception de bien être : Kisenso : 65% 75% Kimbanseke : 62 % 61 %
Confiance dans les agents communaux : Kisenso : 13% 17% Kimbanseke : 12 % 8 %
163
Durabilité
La réhabilitation et la construction d’infrastructures communales, les mécanismes de
concertation et de communication entre les autorités communales et la population, sont de
nature à renforcer la durabilité du projet.
Toutefois cette durabilité est dépendante de trois facteurs au moins :
- les élections locales, prévues en 2008, qui risquent de remettre en question les
structures de concertation lorsque les conseils communaux seront installés,
- la capacité politique et administrative du Ministère de l’Intérieur à généraliser la mise
en place de structures de concertation locale telles qu’elles existent dans le cadre de
cette intervention,
- l’impact budgétaire de la décentralisation sur les finances communales qui devrait
permettre aux communes de palier à la disparition à terme du financement extérieur.
Enseignements tirés
Actions de développement concrètes : dans une société de très grande pauvreté, la prise en
compte des besoins essentiels est un facteur de mobilisation qui dynamise la réalisation
d’action de P&I. Ceci interpelle la stratégie des bailleurs : est-il plus opportun de mener des
interventions d’appui à la P&I consacrée exclusivement à cette problématique ou mener des
appuis à la P&I à l’intérieur de projets de développement plus globaux ?
Impact des changements législatifs : l’adoption d’une législation qui transforme le système
politique peut induire des aspirations aux changements, qui peuvent s’avérer difficiles à
prendre en charge lorsque les outils administratifs ne sont pas renforcés. Ici, dans le contexte
de grande pauvreté de l’administration congolaise, les premiers textes sur la décentralisation
ont créé des attentes au niveau provincial mais aussi local qui ne sont pas rencontrées.
Rapprocher changements législatifs et capacité administrative de mise en œuvre est
certainement un enjeu crucial à prendre en compte par les bailleurs.
Limite de l’intervention locale et des activités « pilote » : L’objectif du PAIDECO dépasse les
moyens et les responsabilités tant du projet lui-même que des autorités locales (certaines
parties du plan communal de développement dépendent d’action à réaliser au plan provincial
ou national) : la méthode participative permet aux acteurs du projet de mieux percevoir les
responsabilités respectives mais induit des frustrations dans la mesure où les niveaux
supérieurs responsables ne sont pas impliqués dans l’intervention. Ceci interpelle les bailleurs
sur la nécessité, lorsqu’ils appuient des interventions pilote comme PAIDECO, de soutenir en
parallèle un programme d’intégration de ces initiatives dans une stratégie législative et de
développement plus large.
164
III: Modèle de Changement
Changements de
Canaux P&I : Canaux P&I :
Hypothèses politique et de
Activités Résultats
pratiques : Résultats
165
IV: Données primaires et secondaires pertinentes récoltées sur le terrain
«Les autorités publiques ont pris connaissance du fonctionnement des CCD et des CLD. C’est
au Ministère de l’Intérieur de pérenniser et de reconnaître maintenant ces structures pour le
futur. C’est une question plus politique qui relève maintenant plus des services de l’attaché de
coopération de l’Ambassade de Belgique. » (Assistant technique, CTB)
« La participation des représentants de la population dans les CLD et les CCD, c’est toujours
sur base volontaire : pour nous qui devons chaque jour subvenir à notre survie, une demi
journée ou une journée de réunion sans revenu, c’est dur, cela manque de motivation. »
(Représentant dans le groupe de discussion des CCD)
« Les formations que nous suivons sont positives mais alors les personnes se méfient parfois
de nous. Il reste encore beaucoup à faire par rapport aux autorités locales, qui ne sont pas
encore habituées au changement, qui s’en méfient.” (Bénéficiaire lors de la discussion de
groupe)
Annexe E: Liste des personnes consultées/interviewées
167
International Governmental & Multilateral Partners
168
International NGOs
Resources Persons
169
Project Stakeholders
170
Training BIUMA Constantin, Secretary, CSC, Mbuji Mayi
program of
CSC KAMANGA Basile, Secretary, CSC, Mbuji Mayi
LOFETE Martin, in charge of the training program, CSC, Kinshasa
MAYOMBE Jean, Vice-Chairman, Public Sector, CSC, Kinshasa
MBUANDI Hilaire, Vice-Chairman, CSC, Kinshasa
MWAMBAY Célestin, Vice-Chairman, CSC, Kinshasa
1 GROUP DISCUSSION with 22 people (delegates and permanent
members of the Trade Union in the Public Sector)
RCN DECARNIERES Aurore, Deputy Coordinator, RCN, Kinshasa
LABORDE Michèle, Legal expert, RCN, Kinshasa
MUDINDI Benoît, in charge of pedagogy, RCN, Kinshasa
MUPEPE Odon, Project Officer, RCN, Kinshasa
SOLLOWAY Harriet, Rule of Law, MONUC HQ, Kinshasa
1 OBSERVATION : workshop with 30 people (10 policemen, 18
representatives of civil society and 2 moderators)
1 FOCUS GROUP with 9 training beneficiaries (policemen, civil society)
PAIDECO ABDUL RAZAC Mussa, Mayor of Kisenso City
CORBEL Hervé, Technical Advisor, PAIDECO, Kinshasa
DICKENS Erwin, Senior Technical Advisor, PAIDECO, Kinshasa
NYANGE Marie, Advisor, PAIDECO, Kinshasa
1 GROUP DISCUSSION : 24 people of the local council of Kisenso
1 GROUP DISCUSSION : 20 beneficiaries and civil societies of Kisenso
171
MABAYA Jean Paul, DFIFD
MASIALA Innocent, NADYC
MAYEMBA Célio, BDC
MAYOMBE Célestin, CSC
MIAGALA Jacques, Christian Aid
NGIMBI Hector, EISA
NGONGO René, OCEAN
NSIMBA Sosthène Serge, Centre LOKOLE
RUKENGWA Pascal, CEI
SWINNEN Johan, Ambassador of Belgium
TSHIONZA MATA Georges, SERACOB/DRIS
172
Annexe F: Guides d’interviews
1. Evaluation P&I : étude de cas RDC. Mission principale : guide d’entretien pour
l’évaluation des interventions.
3. Quels sont les problèmes et les contraintes que vous rencontrez pour réaliser ce projet ?
Quels sont les opportunités et les atouts sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour
réussir ce projet ?
Point d’entrée :
o Décentralisation, élection, transition
173
o Forces : changement de politiques, stabilité politique, appui extérieur
o Contraintes : corruption, Etat fragile, conflit, institutions instables, contraintes
financières
4. Quels sont les résultats attendus par ce projet (au regard du renforcement de la
participation des citoyens et de la capacité de réponse et de transparence des autorités) ?
o Quels sont les résultats concrets déjà réalisés ? Est-ce conforme avec ce qui avait été
prévu ?
o Ces résultats sont-ils proportionnels aux moyens mis en œuvre pour les réaliser ? Y
aurait-il d’autres manières d’utiliser plus efficacement ces moyens pour atteindre les
résultats ?
o Comment expliquez-vous que certains résultats ne sont pas atteints ou ne rencontrent
pas les objectifs ? Certains résultats non prévus ont-ils été atteints et pourquoi ?
(efficience)
2. Evaluation P&I : étude de cas RDC Mission principale : guide d’entretien pour la
rencontre avec les bailleurs.
1. Présentation rapide de l’objectif de l’évaluation (en principe inutile car ils connaissent
l’évaluation, mais si jamais il y avait encore des questions à ce propos…) :
o améliorer la compréhension de l’aspect CV&A au niveau des partenaires du
développement en détaillant les approches et stratégies qui sont utilisées pour
améliorer l’aspect CV&A dans un éventail de contextes de pays en
développement ; et tirer dans le même temps des enseignements quant aux
approches qui ont le mieux fonctionné, à quel endroit et pourquoi ;
o évaluer les effets d’un éventail d’interventions CV&A de donateurs au niveau de
la gouvernance et de l’efficacité de l’aide, ainsi que la durabilité desdits effets ;
o évaluation se limite à une dizaine de projets soutenus par les coopération UK,
Suédoise et Belge.
174
2. En général, quels sont les canaux concrets – à savoir les acteurs, les forums et les
mécanismes – qui contribuent:
(i) à donner la parole aux citoyens et à renforcer leur autonomisation;
(ii) à accroître le rôle des populations elles-mêmes (en particulier les groupes de pauvres
et d’exclus, ainsi que le rôle des femmes ou de leurs représentants) dans les processus de
gouvernance; et
(iii) à responsabiliser les gouvernements vis-à-vis de leurs citoyens ?
3. Comment définir plus spécifiquement le rôle des différentes catégories d’acteurs qui
agissent dans ce contexte en RDC :
o société civile inorganisée
o ONG
o Médias
o Partis politiques
o Secteur privé – organisations patronales
o Syndicats – organisations sociales
o Autres : expliquez
4. Dans un pays qui sort de crise comme la RDC (Etat fragile), quelles sont les éléments
différents, spécifiques que vous voudriez souligner dans cette problématique de CV&A ?
5. Concrètement, quels sont les résultats en matière de CV&A que ces différents canaux
ont pu atteindre :
- durant la transition ?
- depuis la transition ?
Y-a-t-il une différence entre ces deux périodes ? Pourquoi ?
6. L’appui de votre pays dans ce secteur a-t-il eu un effet sur cette problématique de
CV&A en RDC ? Comment pouvez-vous décrire les particularités, spécificités de votre
appui ? En quoi vos approches et stratégies ont-elles un effet ? Quels sont les résultats
positifs qu’on peut en tirer ? Quelles sont les faiblesses qu’il faut éviter ? Existe-t-il des
contraintes internes, externes qui handicapent les résultats de cet appui ? Quelles sont les
opportunités sur lesquelles vous pouvez vous appuyer pour améliorer vos résultats ?
175
- en quoi vos appuis permettent une plus grande appropriation par les congolais eux-mêmes
(tant du côté voice –ONG, société civile, etc.- que du côté accountability : pouvoir public,
etc.) de cette logique de la CV&A ?
- comment vos appuis s’adaptent-ils aux modalités de gestion propres à la RDC
(alignement) ?
- comment vos appuis s’intègrent-ils/ se coordonnent-ils avec les appuis des autres bailleurs
internationaux (harmonisation) ?
- quels sont les mécanismes concrets qui dans les appuis que vous accordez, facilitent un
partage des responsabilités entre les bailleurs et les acteurs congolais ?
10. Dans un Etat fragile : quelle est, selon vous, la priorité ? Renforcer la société civile ou
structurer l’Etat pour qu’il assume ses responsabilités ? Comment établir un équilibre entre
les deux ? Cet équilibre existe-t-il en RDC ? En quoi votre appui facilite, favorise un tel
équilibre ?
176
Annexe G: Documents consultés
FORESTI, M., SHARMA, B., O”NEILL, T. and EVANS, A.: “Evaluation of Citizens’ Voice
and Accountability: Evaluation Framework”. ODI, August 2007
FORESTI, M., SHARMA, B., O”NEILL, T. and EVANS, A.: “Evaluation of Citizens’ Voice
and Accountability: Evaluation Framework, Annex A: Methodological Guidance for Country
Case Studies”. ODI, August 2007
O”NEILL, T., FORESTI, M., and HUDSON, A.: “Evaluation of Citizens’ Voice and
Accountability: Review of the Literature and Donor Approaches Report”. London, DFID,
August 2007
START, D, HOVLAND, H: “Tools for Policy Impact: a handbook for researchers”. ODI,
2004
Général
DFID: “Why we need to work more effectively in Fragile States”. London, January 2005
DFID: “Eliminating world poverty: Making governance work for the poor. - Helping to build
state s that work for poor people”. London, July 2006.
OCDE (CAD) : « Harmoniser l’aide pour renforcer son efficacité ». Document sur les bonnes
pratiques, 2003
177
CCRE : « Rapport sur les ressources extérieures mobilisées pour le développement de la
RDC (exercices 2001-2002) ». Kinshasa, décembre 2002
DE VILLERS Gauthier : “De Mobutu à Mobutu – Trente ans de relations Belgique - Zaïre »,
De Boeck Université, Bruxelles, 1995.
FRERES Marie Soleil : « Presse et démocratie en Afrique francophone. Les mots et les maux
de la transition au Bénin et au Niger. ». Karthala, Paris, 2001.
GLOBAL WITNESS: “Same Old Story, A background study on natural resources in the
Democratic Republic of Congo”. June 2004.
178
NDAYWEL E NZIE : “Histoire du Zaïre. De l’héritage ancien à l’âge contemporain ».
Duculot, Louvain-la-Neuve, 1997.
UN SECURITY COUNCIL : “Addendum to the report of the Panel of Experts on the Illegal
Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of
the Congo”. 13 November 2001, S/2001/1072
WILLAME Jean Claude : « L’Automne d’un despotisme : pouvoir, argent et obéissance dans
le Zaïre des années quatre-vingt. ». Karthala, Paris, 1992.
Internet
BELGIUM: www.dgcd.be
DANEMARK: www.ambmaputo.um.dk
DFID: www.dfid.gov.uk
GERMANY: www.bmz.de
KAUFMAN, Daniel, KRAAY, Aart and MASTRUZZI, Massimo : "Governance Matters VI:
Governance Indicators for 1996-2006" (July 2007). World Bank Policy Research Working
Paper No. 4280 Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=999979
179
NORWAY: www.norway.org.mz
SWEDEN: www.sida.se
ZWITSERLAND: www.sdc.admin.ch
180
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Federal Ministry
M for Economic Cooperation
and Development
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