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Introduction :

La crise financière mondiale de 2007-2009 a fait ressortir la nécessité d’une vaste réforme de
la réglementation du secteur financier et, en particulier, le fait que la préservation de la
solvabilité des institutions financières, aussi essentielle soit elle, ne suffit pas à prévenir les
crises systémiques. La récente crise a démontré à quel point les interdépendances et les
comportements homogènes à l’échelle du système financier peuvent favoriser le
développement de déséquilibres financiers ainsi que l’amplification et la contagion des chocs.
Il est donc indispensable que ces facteurs systémiques soient explicitement pris en compte
dans la conception et la mise en œuvre des politiques relatives au système financier.
Les leçons tirées de la crise trouvent leur aboutissement dans l’ambitieux programme de
réformes multiples approuvé par les dirigeants des pays du G20. Ces réformes visent à
accroître la résilience du système financier mondial en réduisant à la fois la fréquence et la
gravité des crises financières. Parmi les éléments clés de ce programme, mentionnons le
resserrement des normes prudentielles pour les institutions financières, le renforcement de la
capacité des infrastructures de marché à absorber les chocs et l’établissement d’un régime de
résolution crédible
Les grandes banques qui incarnaient le succès des principales places financières ont été
confrontées à des difficultés inédites, ayant mené certaines d’entre elles à la faillite. Les
gouvernements et les banques centrales sont intervenus massivement pour restaurer la stabilité
financière et soutenir le financement de l’économie. Malgré la réactivité des pouvoir publics,
le monde a été plongé dans une récession violente, particulièrement sévère dans les
économies développées.
Il semble en effet indispensable de poser en des termes communs la problématique complexe
du risque systémique, ses spécifications, son origine, ses conséquences ainsi comment le
gérer.
Pour cela La première partie du rapport sera consacrée à l’analyse du risque systémique.
Les mesures de politique publique peuvent avoir pour objectif de réduire le risque systémique
à travers, d’une part, des mesures de prévention des comportements à risque et, d’autre part,
des mesures de résolution de crise permettant de limiter la propagation du risque systémique
une fois qu’il s’est matérialisé.
Trois principaux axes de recommandations ont été retenus :
o La supervision du risque systémique :
C’est-à-dire les moyens d’intégrer dans l’organisation institutionnelle de la supervision
financière la surveillance du risque systémique. La supervision effective du risque systémique
par des autorités dotées de prérogatives suffisantes est un préalable indispensable à la
réduction et à la gestion du risque systémique.
La supervision micro-prudentielle des institutions financières et des marchés ne permet pas à
elle seule d’identifier le risque systémique, puisque celui-ci résulte de l’accumulation globale
de risques financiers insoutenables exposant l’ensemble du secteur à un risque de rupture
systémique.
Des réformes sont engagées dans les différentes places financières pour développer la
dimension macro-prudentielle de la supervision. Au niveau national, les mandats des
superviseurs ont été révisés pour inclure l’objectif de stabilité financière et donc le
développement d’une supervision macro-prudentielle : c’est le cas en France et au Royaume
Uni par exemple. Au niveau européen, la création d’un conseil européen du risque systémique
(CERS) décidée par le Conseil ECOFIN en décembre 2009 marque une étape importante dans
le développement de la supervision macro-prudentielle.
La supervision systémique doit s’attacher à analyser l’ensemble des évolutions susceptibles de
dégrader la stabilité financière. Il s’agit d’identifier les grandes tendances macroéconomiques
et macro-financières, notamment l’évolution générale du crédit et l’endettement des agents
économiques (ménages, entreprises, Etats) et leurs risques d’insolvabilité, l’évolution des prix
des actifs mais également le niveau global de transformation effectuée par le secteur financier
et les risques de liquidité qui en découlent.
o La régulation du risque systémique :
A savoir les mesures réglementaires pouvant contribuer à réduire le risque systémique. Ces
mesures s’articulent autour de mesures permanentes, notamment l’instauration d’une taxation
du secteur financier en complément du renforcement des règles micro-prudentielles, et de
mesures ciblées et temporaires de régulation.
 L’arbitrage réglementaire joue un rôle essentiel dans la dynamique d’accumulation du
risque systémique. Sous le contrôle du superviseur systémique tel qu’il vient d’être
défini, les superviseurs micro-prudentiels doivent veiller à ce que les règles qu’ils
appliquent n’incitent pas au développement artificiel d’activités dont les risques ne
seraient correctement pris en charge par les acteurs financiers.
 Imposer la consolidation des véhicules de titrisation : un moyen efficace de réduire les
possibilités d’arbitrage réglementaire sur les activités de crédit est d’imposer aux
banques la consolidation comptable et prudentielle des véhicules de titrisation et
d’investissement dans lesquels elles gardent une responsabilité en tant qu’originatrices
ou sponsors.
 Organisation des marchés. Les chantiers très structurants lancés par le G20 devraient
permettre de sécuriser le cadre réglementaire des activités de marché.

o La résolution du risque systémique :


Qui recouvre les moyens de gestion par les autorités publiques des défaillances des
institutions financières.
L’adoption de mesures visant à faciliter la résolution des crises systémiques figure parmi les
priorités internationales en matière de traitement du risque systémique. Lors du sommet qui a
eu lieu le 25 septembre à Pittsburgh, les chefs d’État et de gouvernement du G20 se sont
engagés à agir ensemble pour «…créer des instruments plus puissants pour assurer que les
grandes sociétés multinationales assument la responsabilité des risques qu’elles prennent» et,
plus spécifiquement, pour «développer des outils et des cadres pour un règlement efficace des
faillites des groupes financiers afin d’atténuer les perturbations résultant des faillites
d’institutions financières et de réduire l’aléa moral à l’avenir».
La crise financière a en effet démontré les limites des dispositifs de gestion de crise actuels
pour éviter la propagation du risque systémique. Non seulement les dispositifs nationaux
divergent sensiblement dans leurs objectifs et dans les moyens à la disposition des autorités en
charge de la gestion de crise (superviseur, banque centrale, trésor), mais ces dispositifs
présentent surtout de notables faiblesses tant en termes de réactivité, que de coordination entre
autorités.
Afin de remédier à ces lacunes, trois voies doivent être privilégiées :
 Développer des régimes efficaces et harmonisés de résolution de crise
 Résoudre les questions spécifiques aux groupes transfrontières
 Définir les modalités de financement de la résolution de crise
Il ressortirait de la responsabilité de chaque État de mettre en place un dispositif national de
gestion de crise complet correspondant aux standards internationaux et européens.
Il conviendra toutefois de trouver un équilibre entre la protection des intérêts légitimes des
actionnaires et la capacité des autorités chargées de la résolution à intervenir rapidement.
Les instruments de résolution qui impliquent le transfert d’actifs peuvent aussi empiéter sur
les droits des créanciers et des contreparties du marché.
Conclusion.

La prévention et la régulation du risque systémique ont nettement progressé ces dernières


années. De nombreuses législations ont été mises en place auxquelles, de nombreux
mécanismes de résolution possibles ont été étudiés et de nouvelles exigences ont été
instaurées pour les établissements financiers d’importance systémique.
Les institutions financières doivent être régulées pour leurs risques individuels mais
également pour le risque qu’elles représentent à un niveau plus large : le risque systémique.
De plus, une dimension macro-prudentielle a été ajoutée à la régulation micro-prudentielle, ce
qui constitue une grande avancée au niveau réglementaire. À travers ces mesures, les
régulateurs et superviseurs espèrent assurer la stabilité financière et limiter l’effet de
contagion du risque systémique. Néanmoins, il ne suffit pas d’introduire de nouvelles
réglementations en continu. Il faut surtout que les établissements financiers respectent ces
nouvelles règles. De plus, au fil du temps, il conviendra de faire évaluer ces différentes règles
afin de les rendre plus efficaces.
Nous avons donc encore beaucoup de défis à affronter. C’est pourquoi nous ne pouvons pas
exclure qu’une nouvelle crise systémique frappe le système financier, bien que nous soyons
maintenant mieux armés pour lutter contre la contagion de ce risque systémique. De surcroît,
l’innovation financière permettra certainement de contourner les réglementations mises en
place et, le temps que ces innovations soient régulées, une crise systémique pourrait éclater.

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