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Au Kenya, la « Silicon Savannah » contribuera

à hauteur de 2% au PIB et créera 200 000


emplois d'ici 2030

https://www.agenceecofin.com/revue-de-presse/0504-55882-au-kenya-la-silicon-savannah-
contribuera-a-hauteur-de-2-au-pib-et-creera-200-000-emplois-dici-2030

(Ecofin Hebdo) - En plus de créer sa « Silicon Valley », le Kenya lance


un programme nommé « Ajira » destiné à créer 1 million d'emplois
dans le numérique pour la jeunesse.

Konza Technology City, vitrine du Kenya 2.0


REPORTAGE. Initiée en 2008 mais en construction depuis 2013, la Konza Technology
City, ou "Silicon Savannah”, projet phare de la vision Kenya 2030, se veut être la vitrine
du Kenya de demain, innovant et high tech.

À 60 kilomètres de Nairobi, sur la route de Mombassa. À l'approche du site, on ne voit pas


encore grand-chose si ce n'est l'étendue du terrain sur lequel doit s'ériger la future Konza
Technology City (KTC). Après avoir traversé le portail et réalisé encore quelques kilomètres,
les contours d'un bâtiment se dessinent. Les ouvriers travaillent sur les derniers
aménagements. « Nous sommes en plein cœur de Konza city. Un site de 2 000 hectares. Tous
les immeubles de Konza doivent être construits sur le modèle de ce bâtiment, Technopolis,
construit au cœur du site, et entièrement contrôlé par les NTICS. Pour l'accès à l'eau, à
l'énergie, tout. Un ouvrage également entièrement vert  », détaille Annah Musyimi, directrice
de projet au sein de la Konza Technolopolis Development Authority. Puis elle
poursuit : « Nous fonctionnons avec l'énergie solaire car elle est renouvelable. Pour l'eau,
nous avons mis en place un système qui permet de contrôler son débit et d'arrêter
automatiquement le robinet après consommation pour éviter le gaspillage. Enfin, notre
émission de carbone est régulée et contrôlée depuis un centre de contrôle qui enregistre nos
émissions de carbone dans une database. C'est un projet résolument tourné vers l'écologie.
Nous répondons à toutes les normes environnementales. Cela permet de lutter contre le
gaspillage énergétique », souligne-t-elle. « J'ai conçu tous les plans de ce bâtiment »,
glissera-t-elle non sans fierté. Sur 8 étages, l'édifice prévoit un parking dans son sous-sol, un
restaurant panoramique au dernier étage, et entre les deux doivent s'installer des sociétés high
tech.

Une smart city

Démarré il y a deux ans, la construction doit être achevée cette année, en novembre 2018.
D'ici là, les promoteurs du projet doivent attirer les sociétés qui vont participer à faire de ce
site un hub numérique. Et ce jour-là, John Tanui, CEO de Konza Technopolis Development
Authority, porteur du projet, et son équipe fait visiter les lieux à une délégation de Huawei.
Objectif, les convaincre de prendre part au projet. « Nous sommes ici sur le site de Savannah,
une nouvelle cité où les gens vont vivre et travailler. Une smart city. » C'est en effet l'idée :
une ville nouvelle entièrement dédiée à la technologie, avec des starts-up, des bureaux, des
universités mais aussi des logements.

Projet phare de la vision Kenya 2030, Konza City s'en veut être la vitrine. « Le
développement du programme Vision 2030 est un chantier qui intègre une vision globale de
développement. Konza city apportera sa contribution en apportant une plus-value par la
technologie et l'innovation pour transformer notre pays. Certains secteurs comme
l'agriculture et les services seront renforcés par la technologie », indique John Tanui.

Pour y parvenir, les concepteurs du projet se sont inspirés de celui de la Research Triangle
Park en Caroline du Nord aux États-Unis « qui a participé avec la Silicon Valley et à la
transformation de l'économie américaine en une économie globale », souligne le
CEO. « Nous travaillons aussi à la construction d'une université spécialisée dans la
recherche. Avec le soutien du gouvernement coréen et les universités coréennes dont l'Institut
coréen des sciences et des technologies. Ils nous aident pour monter un institut similaire ici  »,
affirme-t-il avant de préciser que bientôt, « nous allons plancher sur la question du
financement, des process de conception et nous allons démarrer la construction de
l'université. »

Le gouvernement facilite mais le développement doit venir à 90 % du privé

La visite se poursuit. Entre perceuse et ponceuse, la délégation d'Huawei, observe, écoute,


silencieuse. «  Nous avons été invités à participer à la construction de la KTC, nous explique
Joseph Lei Lei d'Huawei Technology in Kenya. Konza est destiné à devenir un parc
technologique industriel et Huawei est une entreprise de télécommunications spécialisée dans
les data centers et ce type de solutions. Huawei veut coopérer avec Konza et contribuer au
développement du pays et de son industrie technologique. » L'entreprise chinoise prend déjà
part au projet Konza. « Nous avons engagé plusieurs travaux ici depuis 2015 et nous sommes
ici pour superviser les travaux au niveau de la conception du projet. » Mais désormais l'État
kényan attend plus de son partenaire, un investissement financier. Si Joseph Lei Lei
n'avancera aucun chiffre, pour John Tanui l'enjeu est clair. « L'approche adoptée à Konza est
nouvelle, nous n'avons pas l'habitude de travailler ainsi au Kenya. Le gouvernement facilite
l'accès à la zone, les infrastructures, l'énergie, l'eau, mais le développement doit venir à 90 %
du privé », nous indiquera, en marge de la visite le CEO.

Évalué à 400 millions de dollars, le site attend les investisseurs pour passer d'un stade encore
virtuel à sa matérialisation. Et à en croire le CEO, l'intérêt est bel et bien présent. « Nous
sommes en discussion avec quelques potentiels partenaires. Nous travaillons avec les
compagnies hi-tech locales ou celles qui sont implantées sur notre territoire comme Huawei,
Cisco, IBM, Microsoft. Nous avons engagé des discussions pour essayer de déterminer les
conditions sur lesquelles nous pourrions travailler ensemble. Ils sont tous très intéressés par
la construction d'un centre national de datacenter et connaissent le potentiel », nous
explique-t-il.

200 000 emplois doivent être créés d'ici 2030


Sachant que le Kenya fait déjà office de hub numérique. I Hub, M-Pesa ou encore Safaricom
ayant participé à le positionner sur la carte des pays les plus avancés dans le domaine en
Afrique. Mais avec Konza, l'ambition est plus forte. « Le Kenya a fait beaucoup de progrès
en termes d'infrastructures pour la constitution de villes intelligentes et connectées. Vous
avez une bonne pénétration des réseaux de télécommunications comme le démontre M-Pesa.
Ces avancées ont fait que le Kenya est devenu un pays leader de la région mais le rôle de
Konza est de fournir l'excellence. Maintenant le Kenya doit suivre l'exemple de l'Institut de
Caroline du Nord ou de l'Institut de Corée du Sud. Pour cela, nous avons le soutien des
leaders de notre pays car ils savent la contribution qu'apportera Konza à notre économie,
l'innovation et l'emploi. »

Pour ce dernier volet, en plus de contribuer à hauteur de 2 % du PIB, 200 000 emplois doivent
être créés d'ici à 2030 grâce à KTC. Un défi majeur pour un pays qui connait un chômage des
jeunes important (17 % selon la Banque mondiale). Décidé à éradiquer le problème en misant
sur les technologies, le gouvernement kényan a ainsi créé un programme, Ajira (emploi en
swahili), destiné à créer un million d'emplois dans le numérique pour des jeunes Kényans
destinés à devenir des cyberentrepreneurs en quelques mois…

En attendant, un autre projet tout aussi ambitieux est en train de sortir de terre. Kigali
Innovation city, une autre cité numérique destinée elle aussi à accueillir les leaders mondiaux
du secteur, un incubateur, une université américaine... et à transformer la capitale rwandaise
en un véritable pôle numérique régional. La course à l'innovation est plus que lancée entre le
Kenya et le Rwanda...

http://afrique.lepoint.fr/economie/konza-technology-city-vitrine-du-kenya-2-0--18-03-2018-
2203456_2258.php

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