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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit

ISSN: 2550-469X
Volume 4 : numéro 2

LE SYSCOHADA REVISE A L’EPREUVE DE TRANSPARENCE DES


ENTREPRISES : UNE ETUDE EXPLORATOIRE EN CONTEXTE
CAMEROUNAIS

THE REVISED SYSCOHADA TESTING OF TRANSPARENCY OF


BUSINESS : EXPLORATORY STUDY BACKGROUND CAMEROUN

NGA NGA Félicien


Docteur Ph/D en Sciences de Gestion, Département de Comptabilité-Finance
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA)
Université de Dschang-Cameroun,
flissonganga@yahoo.com

WANDA Robert
Professeur Titulaire des Universités, Agrégé des Sciences de Gestion
Université de Dschang Cameroun
Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA)
wandarobert64@gmail.com

Date de soumission : 20/02/2020


Date d’acceptation : 07/04/2020
Pour citer cet article :
NGA NGA. F & WANDA R. (2020) « LE SYSCOHADA REVISE A L’EPREUVE DE TRANSPARENCE
DES ENTREPRISES : UNE ETUDE EXPLORATOIRE EN CONTEXTE CAMEROUNAIS », Revue du
contrôle, de la comptabilité et de l’audit « Volume 4 : numéro 2» pp : 1053 – 1077

Digital Object Identifier : https://doi.org/10.5281/zenodo.3762366

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Volume 4 : numéro 2

Résumé :
L’objectif de ce papier est de vérifier si le SYSCOHADA révisé va améliorer la transparence
des informations comptables dans les entreprises au Cameroun. Pour atteindre cet objectif,
nous avons diligenté des entretiens semi-directifs auprès de 06 experts camerounais (expert-
comptable, expert banquier, directeur des impôts, comptables) suffisamment informés des
réformes OHADA et faisant usage régulier des états financiers fournis par les entreprises
camerounaises. Au terme des analyses, les premiers résultats suggèrent que, le SYSCOHADA
révisé ne pourra pas améliorer la transparence des états financiers fournis par les entreprises
locales camerounaises (PME, PMI). Par contre, les seconds résultats montrent que, le
SYSCOHADA révisé va améliorer la transparence des états financiers des entreprises
multinationales installées au Cameroun et faisant appel public à l’épargne. Ces résultats
montrent que, malgré la morosité des entreprises camerounaises à s’engager en bourse, le
marché financier pourrait être un atout de transparence et par ricochet de performance via la
confiance dans le financement dont elles pourraient en bénéficier.
Mots clés : Révision ; SYSCOHADA ; Transparence ; Entreprise ; Cameroun.

Abstract :
The objective of this paper is to verify whether the revised SYSCOHADA will improve the
transparency of accounting information in companies in Cameroon. To achieve this objective,
we conducted semi-structured interviews with 06 Cameroonian experts (accountants,
accountants expert, banker expert, Tax director) sufficiently informed of the OHADA reforms
and making regular use of the financial statements provided by Cameroon companies. At the
end of the analyses, the first results suggest that, the revised SYSCOHADA will not be able to
improve the transparency of the financial statements by local Cameroon companies (SMIs
SMEs, Public). On the other hand, the second results show that, the revised SYSCOHADA
will improve the transparency of the financial statements of multinational companies
established in Cameroon and making public savings. These results show that, despite the
gloominess of public companies to go public, the financial market could be an asset of
transparency and, by extention, performance via confidence in the financial from wich they
could benefit.
Key words : Revision ; SYSCOHADA ; Transparency ; Enterprise ; Cameroon

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Introduction
Les scandales financiers retentissants en Europe et aux Etats-Unis (Affaire Parmalat, Affaire
Worldcom, Affaire Enron…) ont mis sur la sellette la qualité des informations comptables
publiées par les entreprises (Djongoué, 2012). Cette situation n’a pas épargné les pays en voie
de développement1 en particulier le Cameroun, avec la relance de la fameuse « opération
épervier », plusieurs malversations comptables et financières ont été signalées tant dans les
sociétés publiques que privées (Nga Nga, 2019). D’après le rapport « Doing Business »
(2019)2 de la Banque Mondiale, le Cameroun connait un fléchissement de 3 points, de la
163ème à la 166ème sur les 190 pays évalués dans le cadre de la facilité générale des affaires. Le
pays occupe actuellement le 36ème rang sur les 54 pays d’Afrique et enregistre le plus grand
score en matière de fermeture et de privatisation des entreprises.
L’Institut National de la Statistique du Cameroun indique dans son rapport sur le recensement
Général des Entreprises (2009)3, que plus de 70% des entreprises nationales camerounaises
évoluent sans comptes « formels », Parmi celles-ci seulement 13% déposent une Déclaration
Statistique et Fiscale (DSF). L’Agence Française de Développement (AFD) (2006), soulignait
déjà que, 90% des personnes actives au Cameroun sont dans le secteur informel où
prédominent les organisations individualisées sans comptabilité formelle. Parmi les facteurs
explicatifs couramment évoqués pour justifier cette situation désagréable, l’on évoque
généralement le manque de maîtrise des règles comptables en vigueur.
Pourtant, depuis le 1er Janvier 2018, les entreprises de l’espace élaborent leurs états financiers
en conformité avec le SYSCOHADA révisé. Le nouveau référentiel comptable adopté marque
une évolution significative vers les normes comptables internationales. Par voie de
conséquence, tout le personnel comptable doit impérativement être recyclé. Sont donc
particulièrement concernés par cette réforme, les comptables de tous les niveaux, les
directeurs financiers, les responsables administratifs, les fiscalistes, les contrôleurs de gestion,
les auditeurs et les professionnels libéraux. Avant de dérouler notre problématique, il importe

1
Pour la banque mondiale (2007), le Cameroun est un pays à revenu moyen dont le revenu annuel par tête est
de 1050 dollars US. Dans le Mémorandum économique (CEM) 2017 intitulé « Marchés, administration publique
et croissance », qu’elle vient de publier, cette institution a qualifié d’entreprise titanesque l’ambition de ce pays à
parvenir au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure en 20 ans. Après un succès initial entre
2009 et 2014, avec une croissance réelle passée de 1,9% à 5,9%, le pays est de nouveau confronté à des tensions
budgétaires, son risque de surendettement étant passé de «faible» à «élevé» en seulement 3 ans avec une faible
compétitivité économique à l’échelle nationale, régionale et internationale.
2
https://francais.doingbusiness.org
33
www.nada.stat.cm.index.php.catalog

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qu’on tire au clair la notion de transparence des entreprises du point de vue comptable et
financier.
Le sens étymologique de transparence signifie « laisser passer à travers la lumière ». Elle
voudrait dire communiquer volontairement les informations comptables de l’entreprise à
travers des sites « web », « internet » ou sur le marché financier (Trabelsi, 2016 ; Caudron,
1984-1993) repris par (Wanda & Guetsop, 2016). S’il est vrai que, l’exigence de transparence
des entreprises africaines dont on parle aujourd’hui comporte quelques limites. Car,
l’ouverture aux IFRS constitue à la fois un « dilemme » et un « grain à moudre », surtout
quand on sait que les IFRS fournissent une transparence pour les investisseurs financiers et
encore, ne concernent-t-ils qu’une partie d’entre eux. Ceux qui font quotidiennement le
commerce des titres financiers (Ben-Amar & Boujenoui, 2008). Considérant cela, l’Afrique
noire francophone avait-elle un autre choix ? Pouvait–elle résister ou refuser la mondialisation
comptable ? Seul le temps permettra de répondre avec certitude à ces interrogations
pertinentes. Néanmoins, la vraie question ne serait-elle pas aujourd’hui, au regard de sa faible
capacité de résistance à l’harmonisation comptable internationale, de chercher à savoir, si les
entreprises africaines pourront tirer l’épingle du jeu dans le processus
d’internationalisation du référentiel OHADA ? Fort de ce qui précède, cet article se charge
de vérifier si le SYSCOHADA révisé va améliorer la transparence des entreprises
nationales et multinationales installées au Cameroun.
Figure n° 1 : Modèle conceptuel de la problématique de l’étude

Les entreprises camerounaises pourront-elles tirer profit du


processus d’arrimage du référentiel OHADA aux normes
comptables internationales IAS/IFRS ?

Le SYSCOHADA révisé peut-il augmenter la


transparence dans les entreprises locales Le référentiel OHADA révisé pourra-t-il

camerounaises ? améliorer la transparence dans les entreprises


multinationales installées au Cameroun ?
Source : De l’auteur à partir de la problématique
Pour ce faire, ce papier s’articule autour de trois points majeurs : le premier aborde la revue
P2 : Le SYSCOHADA révisé ne va pas
de littérature, le second balise la méthodologie et le dernier présente les résultats de l’étude.
améliorer la transparence des
informations comptables dans les
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(PME, PMI, Publiques)


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1- Arrimage du SYSCOHADA aux IFRS : un débat contradictoire dans la littérature.

L’ouverture du référentiel OHADA aux normes IFRS a fait l’objet d’un vif débat
contradictoire. Pour certains auteurs comme Klush & Guema, (2010) ; Feudjo, (2010) ;
Khoury, (2014)…, le référentiel comptable OHADA des années 2000 limitait l’accès des
entreprises africaines aux marchés internationaux et inversement pour les investisseurs
étrangers qui souhaitaient s’installer en Afrique. C’est d’ailleurs, l’un des motifs phares qui
pousse la banque mondiale à recommander une évolution significative du SYSCOHADA vers
les normes comptables internationales IAS/IFRS. Klutsch & Nguema (2010), parlant de
l’avenir du droit comptable OHADA affirmaient que : « ces règles comptables sont restées
identiques alors qu’elles comportent des lacunes ». Ils déploraient malheureusement l’absence
des normes sectorielles dans le SYSCOHADA et émettaient vivement l’idée d’une
progression urgente et rapide vers les normes comptables IFRS.

De la même manière, Khoury (2014), expert-comptable sénégalais exigeait une révision


urgente et profonde du référentiel comptable OHADA. Sa réflexion portait sur les enjeux
techniques, culturels, juridiques et financiers de la convergence du référentiel comptable
OHADA aux IFRS. Pour lui, les règles comptables de l’espace OHADA dénaturent l’image
fidèle, appauvrissent les entreprises africaines et les excluent de la modernité comptable
mondiale. Une telle affirmation émane du fait que, les règles du SYSCOA (1996) et
SYSCOHADA (2001) paraissaient inachevées et inadaptées aux besoins des entreprises
africaines. Elles étaient plutôt basées sur une conception juridico-comptable et fiscale
totalement contraire à l’environnement financier mondial terriblement concurrentiel.
Feudjo (2010), moins catégorique que les auteurs précédents estimait que, le SYSCOHADA
doit éviter de tomber sous le coup de la loi Darwinienne. Il précise que, « si l’évolution du
référentiel OHADA n’est pas volontaire et anticipée par l’organisation elle-même, elle lui sera
imposée soit par l’environnement économique du regroupement des grands pays industrialisés
qui marginaliseront, naturellement les acteurs qui n’auront pas le même langage comptable et
les mêmes unités de mesures qu’eux, soit par les entreprises géantes des pays de l’OHADA
qui, se développant, vont forcément chercher à s’ouvrir ou à recueillir les nouvelles ressources
sur les marchés internationaux afin de financer leurs options de croissance ».

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Paradoxalement, d’autres auteurs se sont opposés radicalement à l’arrimage du référentiel


comptable OHADA aux normes comptables internationales IAS/IFRS. A ce propos, Ampofo
& Sellani (2005) mentionnaient que, les pays en voie de développement doivent et peuvent
fonctionner avec des normes comptables moins globales que les IFRS à cause de leur
environnement d’affaires unique. Causse (2015) corroborait cette affirmation en disant que,
les normes comptables internationales IAS/IFRS reposent sur un modèle différent de celui sur
lequel est construit le SYSCOHADA et que le contexte économique africain a ses spécificités
dont les besoins économiques sont en décalage permanent par rapport à ce que peut offrir les
IFRS.
Dans le même sillage, Migan (2015), Président de la Commission de Normalisation
Comptable de l’OHADA (CNC-OHADA) estimait que, l’OHADA doit éviter l’effet de mode
et de mimétisme vis-à-vis des pays d’Afrique anglophone qui pourrait remettre en cause les
agrégats économiques de l’espace OHADA. Pour lui, il est prématuré voire inopportun de
faire converger totalement les règles du référentiel OHADA aux normes comptables
internationales IAS/IFRS. Il note par ailleurs que, la convergence des normes comptables
OHADA (les comptes personnels des entreprises (comptes sociaux) n’apportera pas plus de
pertinence aux états financiers des PME de la zone OHADA. Les IFRS sont destinés aux
besoins d’informations des investisseurs actuels et potentiels des sociétés cotées, alors que
dans la zone OHADA, les trois bourses de valeurs (BVMAC, DSX, BRVM)4 ont moins d’une
cinquantaine de sociétés cotées.

1.1- ARRIMAGE DU SYSCOHADA AUX IFRS : QUELS FONDEMENTS


THEORIQUES ?

L’ouverture du référentiel OHADA aux normes internationales d’informations financières


peut être appréhendée sous le prisme de la théorie de l’évolution des organisations de
(Aldrich, 1990 ; Cyert & March, 1963 & Simon, 1959) et celle de la dépendance envers les
ressources de (Pfeffer & Salancik , 1977).

4
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) UEMOA, commune à l’Union Economique et Monétaire
des Etats Ouest Africaine, la Bourse de Douala (DSX) et la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale
(BVMAC) de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale a rejoint depuis Janvier
2019 la bourse de Douala DSX suite aux décisions prises lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la
CEMAC tenu le 31 Octobre 2017 à Ndjamena Capitale de la République du Tchad.

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 La théorie de l’évolution des organisations : cadre explicatif du SYSCOHADA


révisé

La théorie de l’évolution des organisations apporte un éclaircit favorable au processus


d’harmonisation comptable internationale (Feudjo, 2010). Les travaux d’Aldrich, (1970)
surtout ceux de Hannan & Freeman, (1977) constituent une base théorique essentielle sur
l’évolution des organisations dans le monde. L’organisation doit s’adapter aux évolutions de
l’environnement national et international. Cette conception justifie le mieux le processus
d’adaptation des normes comptables africaines à celles internationales. Mais avant toute
évolution, les normalisateurs doivent mener une réflexion stratégique sur la conduite des
réformes à mettre en œuvre, afin d’adopter un management destiné à accompagner les
collaborateurs de façon à anticiper sur des perspectives futures. Dans un contexte de
mondialisation, les normalisateurs doivent adopter des modes de fonctionnement flexibles
(Damak-Ayadi, 2009).

 La théorie de la dépendance envers les ressources à la croisée des chemins de la


réforme OHADA/IFRS

Le cadre explicatif du contrôle externe de l’organisation justifie la nécessité de rendre


transparente l’information financière à l’endroit de ceux qui ont financé l’entreprise (banques,
actionnaires, bailleurs de fonds, investisseurs financiers internationaux). Le SYSCOHADA
révisé s’inscrit dans la logique de la dépendance de financement des entreprises africaines
envers les bailleurs de fonds internationaux. A ce propos, Feudjo (2010) relevait que,
l’évolution du référentiel OHADA vers les normes comptables internationales IAS/IFRS est
devenue une « exigence urgente pour l’Afrique »5, cette option doit être envisagée non
seulement comme un facteur de crédibilité devant les grands regroupements politiques et
économiques actuels, mais également comme un moyen d’attractivité économique dans les
grandes places financières mondiales. « Heureuses les sociétés appliquant les bons principes
comptables internationaux, le royaume des marchés sera à elles ». Cette phrase « d’évangile »
de Greling, (2000) repris par Feudjo, (2010) souligne la nécessité d’universaliser les principes
comptables afin de faciliter l’accès des entreprises locales africaines dans les grandes places
financières mondiales. Le financement des économies africaines dans leur écrasante majorité
étant assuré par des institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale, Union
5
Voir Niango Marie.Flora MEMOIRE UE 524.rtf

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Européenne), il parait assez légitime d’adapter les normes comptables africaines aux
nouveaux enjeux comptables internationaux.

2- Approche méthodologique

Cette session comporte respectivement la méthode de recherche utilisée (2.1) et la collecte des
données (2.2.).

2.1.- La méthode de recherche


La posture épistémologique retenue est l’abduction. L’abduction est définit par Alisada
(2006), comme un processus de raisonnement mobilisé pour expliquer une observation
surprenante. Dans le cadre de cette recherche l’abduction permettra de formuler les
présomptions nouvelles que celles présentes dans la littérature. L’abduction met en évidence
les mécanismes de la recherche qualitative (Dumez, 2016). L’objectif de la recherche
qualitative n’est pas la généralisation mais plutôt de modifier les idées théoriques admises.
Dans le cadre de notre recherche nous retenons l’étude de cas. Pour Stake (1995), l’étude de
cas invite à la modification d’une généralisation. Pour Yin (1981), l’étude de cas se définie
comme un phénomène contemporain dans son contexte réel surtout quand les réalités de ce
phénomène ne sont pas clairement identifiables. L’analyse exploratoire descriptive est
retenue, en raison du nombre limité des états financiers disponibles actuellement sous l’égide
du SYSCOHADA révisé.

2.2.- Collecte des données

L’outil de collecte des données est le guide d’entretien, qui a été préalablement conçu en
tenant compte de l’objectif de l’étude. Ce guide comporte deux grandes phases : la phase de
présentation de l’interviewé, la phase d’écoute active. Dans cet esprit, les interviewés
s’expriment mieux en donnant leurs opinions sur les perspectives réelles qu’offre l’application
du SYSCOHADA révisé en contexte camerounais.

Les données primaires obtenues découlent de l’observation participante et des entretiens semi
directifs effectués auprès de 06 acteurs faisant usage régulier des états financiers produits par

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les entreprises camerounaises. Précisément, il s’’agit de 03 comptables en service dans les


entreprises camerounaises (PME, PMI, Publiques, Multinationales) et 03 acteurs externes
faisant usage régulier des états financiers fournis par les entreprises camerounaises (01
Expert-comptable membre de l’ONECCA, 01 Inspecteur vérificateur de la Direction Générale
des impôts et 01 Expert banquier membre de la commission d’octroi des crédits aux
entreprises).
Les tableaux ci-dessous regroupent les caractéristiques des entreprises et des experts
interviewés.
Tableau 1: Caractéristiques des entreprises interviewées
Cas étudié Date de Statut juridique Secteur Nombre Capital Social
création de l’entreprise d’activité d’employés estimatif
Entreprise 1 1969 S.A Nationale Secondaire ou 1326 Plus de 200
(parapublique) industrielle 000 000 000
Entreprise 2 S.A.R.L Primaire ( Plus de 50 Près de 20
nationale (PME) 000 000

Entreprise 3 - S.A Secondaire Plus de 5000 -


Multinationales (Industrielle)

Source : De l’auteur à partir de l’échantillon d’entreprise retenu6.

Tableau 2 : Description des responsables ayant fait l’objet de l’interview


ACTIVITE ÂGE DOMAINE NIVEAU EXPERIENCE
D’ETUDE D’ETUDE PROFESSIONNELLE
Comptable 58 Gestion Bac+ 12 ans
Comptable 50 Gestion Bac+ 15 ans
Comptable 45 Comptabilité BTS 10 ans
Adjoint
Directeur des 49 Economie Licence 15 ans
Impôts
Expert- 65 Comptabilité Diplôme 20 ans
comptable d’expertise-
comptable
Responsable 35 Gestion DEA 10 ans ET PLUS
Banque
Source : De l’auteur à partir des experts interviewés.
Après cette brève présentation des intervenants dont la compétence n’est plus à démontrer, il
convient de transcrire et interpréter les résultats obtenus auprès des interlocuteurs.

6
Il est à noter que trois comptables et trois experts ont répondu favorablement à notre entretien.

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3- Résultats et discussions
Cas 1 :
De manière générale, la première question « Q02 ».
L’interviewé déclare que :
« Nous sommes au courant du nouveau référentiel mis en application du SYSCOHADA
révisé. Nous avons une grande espérance quant à l’implémentation réussie des
nouveautés introduites. Désormais, nous parlerons un même langage comptable avec les
autres. Ce qui est susceptible de faire un écho à l’international ; les multinationales
détenaient déjà des plans de Reporting permettant une compréhensibilité de leurs états
financiers à l’international… ».

Cette réponse est obtenue par le truchement de la question « Q03 » où il estime que :
« Les normes du SYSCOHADA révisé constituent sans aucun doute une aubaine pour
les multinationales installées au Cameroun. Désormais, ces entreprises ne feront plus
beaucoup d’efforts pour lever les fonds à l’international. C’est une bonne décision car
les nouvelles règles comptables introduites viendront booster à coup sûr la transparence
de l’information comptable des multinationales… ».

Au regard de ces deux réponses, l’interprétation que l’on puisse faire comporte deux volets
majeurs. Le premier volet rejoint les travaux de Bampoky, (2013) visant à donner une
orientation claire pour la production d’une information financière transparente en Afrique. Ce
qui suppose l’existence d’un grand espoir en matière de transparence des informations
comptables des multinationales installées au Cameroun. Cette remarque semble précurseur
aux analyses préalablement formulées par la théorie de l’évolution des organisations qui
préconise des avantages de l’ouverture des structures nationales à l’environnement
international.

Le second volet met un point d’honneur sur le caractère opportun des normes comptables
internationales IFRS en contexte camerounais. Il suppose des avantages mutuels de l’arrimage
progressif des normes comptables africaines vers les normes comptables internationales. Ce
constat laisse présager une portée utilitaire du SYSCOHADA révisé en matière de clarté des
informations comptables des multinationales installées au Cameroun. A ce propos, cette

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vision stratégique sur le processus d’internationalisation des normes comptables africaines est
susceptible de favoriser l’attractivité de financement de l’économie camerounaise et rejoint
ainsi les propos signalés par Cormier, Magnan & Zéghal, (2000) ; Escaffre & Sefsaf, (2011)
selon lesquels, la transparence de l‘information comptable est tributaire de l’orientation des
normes comptables en vigueur.

De manière péremptoire, les réponses issues de ces deux questionnements posent des jalons
d’une possibilité d’atteindre nos objectifs en ce qui concerne les multinationales installées au
Cameroun. Mais avant cela, il convient d’interpréter des réponses données sur les autres
questions.
Des questions « Q04 » et « Q004 »
Le répondant estime que :
« Le nouveau cadre récemment mis en vigueur dans l’espace OHADA a tellement allégé les
procédures comptables avec par exemple la suppression du régime simplifié, les états
financiers des entreprises sont devenus moins encombrants. Car, seuls le Système normal et le
Système minimal de trésorerie restent admis (Art. 11 de l’AUDCIF). Ce mode de présentation
et de tenue des comptes reste très pertinent dans notre contexte (Compte de résultat en deux
pages au maximum, bilan en deux pages au maximum, l’introduction du TAFLUT…). Nous
pouvons aussi relever que, ces normes ouvrent un champ libre aux multinationales
d’appliquer non seulement les normes du SYSCOHADA mais également des normes
IFRS… ».

Cette réponse confirme à nouveau la dimension internationale des nouvelles normes


comptables adoptées. Désormais, les entreprises de l’espace utilisent un langage comptable
commun aux investisseurs. Ce processus de convergence du référentiel OHADA aux IFRS
offre une lisibilité au niveau international.

En ce qui concerne des questions « Q06 » et « Q07 »


La réponse est la suivante :
« J’estime qu’avec la mise en application du SYSCOHADA révisé, les opérations de
consolidation deviendront allégées et les écarts d’évaluations et de consolidations seront
réduits. La maison mère devrait établir les états financiers consolidés incluant les activités

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menées par ses filiales locales. Cependant, que ces états financiers consolidés soient établis ou
non, la maison mère du fait qu’elle contrôle les filiales dont le siège social est dans l’espace
OHADA, doit obligatoirement établir des comptes combinés regroupant uniquement les
filiales camerounaises conformément aux règles prévues par le dispositif comptable relatifs
aux comptes consolidés et combinés du SYSCOHADA révisé. Vous constaterez comme moi
que, la qualité de l’information comptable produite va s’améliorer. Dernièrement, nous avons
paramétré notre logiciel en tenant compte du nouveau cadre en vigueur dans l’espace
OHADA ».

Encore une fois, les réponses apportées par cet interlocuteur donnent un éclaircit utile sur la
capacité du SYSCOHADA révisé à améliorer la transparence des informations comptables
produites dans les multinationales installées au Cameroun. Ce qui suppose le développement
du marché de capitaux avec une recrudescence des multinationales. L’homogénéité de
l’information financière produite garantit une plus grande efficacité dans la comparaison des
performances entre les filiales. Grace à une meilleure comparabilité des informations
comptables fournies par les filiales camerounaises, les maisons mères pourront déployer des
allocations sectorielles destinées au développement de ces filiales.

De ce qui précède, en scrutant les deux réponses reçues, la reconnaissance internationale de


l’information financière des entreprises africaines est sensée booster l’attractivité de
financement. La clarté des états financiers ce qui offrira probablement plus d’opportunités
aux entreprises (financement boursier, financement bancaire, financement par des
investisseurs internationaux). Malheureusement, l’interlocuteur n’a pas daigné répondre à la
question relative à l’avantage/coût concernant la convergence totale du SYSCOHADA aux
IFRS. Par conséquent, on va s’orienter aux réponses données par le second acteur interviewé.

Cas 2
Des questionnements « Q02 » et « Q03 »
Pour le premier questionnement, le Comptable interviewé estime que :

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« Jusqu’à présent, ce nouveau Système comptable n’est pas encore maitrisé par les praticiens
que nous sommes. Néanmoins, nous ferons un effort supplémentaire de tenir une comptabilité
conforme au SYSCOHADA révisé… ».
Pour le second questionnement, l’interviewé déclare que :
« Pour l’instant, moi en tant que Comptable de cette entreprise j’estime que la mise en
application du référentiel OHADA révisé ne viendra pas booster la transparence de
l’information financière de notre entreprise. Car, notre entreprise n’est pas cotée à une bourse
de valeur. Les nouveaux concepts sur lesquels repose le SYSCOHADA révisé restent
difficiles à appréhender pour les non spécialistes que nous sommes et de surcroît, l’instabilité
des normes comptables en Afrique noire francophone remet en cause d’une année à l’autre ce
que nous avons péniblement commencé à apprendre… ».

Au regard des réponses issues de la deuxième entreprise interviewée, on constate


malheureusement que, l’acteur nous fait état de son ignorance des nouveautés introduites dans
le référentiel OHADA révisé. Encore une fois, on note une absence de formation des acteurs
en présence. Mais avant cela, intéressons-nous à l’incapacité de ce cadre à pouvoir relever le
niveau de transparence de l’information financière des PME locales. Comment comprendre
qu’un Directeur Financier d’une entreprise s’estime être un non spécialiste de la
comptabilité ? Ou alors, quelle est la compétence réelle des acteurs assurant la tenue de la
comptabilité au sein des PME camerounaises ? Mais avant cela, privilégions un tant soit peu
la suite des réponses données.

Des questions « Q04 » et « Q004 »,


L’interviewé répond :
« Au-delà de la complexité et des difficultés de mise en application du SYSCOHADA révisé,
nous sommes un peu déçu de la manière dont la réalité économique de nos entreprises
familiales sera transcrite dans les états financiers. Car, beaucoup de nos PME sont dirigées et
contrôlées par le fondateur, ce fonctionnement n’épargne pas aussi notre entreprise.
Seulement dans notre cas, l’entreprise est gérée politiquement et toutes les grandes décisions
proviennent des autorités politiques…».

Au regard de ces réponses, l’analyse que l’on puisse faire se veut succincte.

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De prime à bord, il convient de noter les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises
familiales en matière de Corporate Governance. Il est clair que, la transparence de ces
structures reste un slogan malgré les efforts déployés par les normalisateurs. Désormais, l’on
doit renoncer aux délices de l’abstraction et de l’élégance des grands discours pour nous
tourner résolument vers la transparence managériale des organisations locales.

Au second abord, l’opacité des procédures comptables est dénoncée ici à travers une
prédominance des décisions du fondateur dans la présentation de l’information comptable. De
même, la prédominance des membres de la famille du fondateur sans aucune compétence au
sein des instances managériales. En plus, on note aussi une influence négative du politique et
du capital social dans le management des entreprises familiales. D’où les réponses issues des
questions posées à l’interlocuteur 3.

Cas 3
Des questions « Q02 » et « Q03 »
Le responsable de la comptabilité de cette structure affirme que :
« Actuellement, nous sommes en train de réfléchir sur la mise en application de ce nouveau
cadre comptable dans notre entreprise. Cependant, nous déplorons l’absence des séminaires de
formation… ».
Pour la deuxième question, le répondant déclare que :
« La transparence de l’information financière des entreprises camerounaises est tellement
complexe à cause du climat des affaires qui n’est pas serein. Du fait que, nos PME et PMI
disposent parfois plusieurs bilans destinés aux partenaires multiformes. C’est le Directeur
général qui fixe toutes les décisions comptables. C’est le cas du bilan destiné à
l’administration fiscale qui n’a souvent rien à voir avec l’activité réelle de l’entreprise…».

Fort de ce qui précède, la première réponse donnée fait état du retard en matière de formation.
Malgré cela, on remarque une recrudescence des efforts visant à la tenue des états financiers
d’ici la clôture des exercices 2018 et 2019. Dans un sens similaire, la deuxième réponse
souligne la difficulté de produire une information comptable transparente en contexte
camerounais. Le climat des affaires est un facteur gênant sur la crédibilité des comptes. Ce qui
rejoint la vision développée par Ndjanyou (2001) selon laquelle, « tout projet de nature à

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favoriser la transparence de l’information comptable et financière dans les entreprises


camerounaises est perçu comme une épine dans le pied des managers dont il faut tout faire
pour s’en débarrasser ». Cette défaillance amène les dirigeants de ces structures à gérer les
informations comptables comme bon leur semble. Une fois de plus, cette déclaration remet au
grand jour l’incapacité des locales (PME, PMI, Publiques) camerounaises à fournir des
informations comptables transparentes suite à la mise en application du SYSCOHADA révisé.

Ce résultat montre à quel point certains dirigeants d’entreprises nationales continueront de


gaspiller les ressources de l’entreprise en mettant en mal la rentabilité des capitaux investis.
Ceci, sous le regard passif des mécanismes de gouvernance mises en place. Encore une fois,
rien ne saurait justifier ce type de comportement malsain. Cet opportunisme managérial reste
défavorable pour l’émergence du Cameroun.

Tout compte fait, les acteurs interviewés semblent maitriser parfaitement le sujet. Ils
fournissent des informations utiles pour la continuité de notre analyse. Qu’à cela ne tienne,
tous les regards sont à présent orientés vers les réponses fournies par les interlocuteurs
externes. Pour ce faire, on va diligenter raisonnablement notre entretien auprès d’un expert
banquier membre de la commission d’octroi des crédits aux entreprises (Acteur 4), d’un
expert-comptable membre de l’ONECCA (Acteur 5) et enfin auprès d’un représentant de la
Direction Générale des Impôts des grandes entreprises (Acteur 6).

 Membre de la commission d’octroi des crédits aux entreprises : Cas 4

Avant d’entamer cette entrevue, il convient de mentionner que, le crédit est le fait qu’une
personne physique ou morale (prêteur/banque) mette des fonds à la disposition d’une autre
personne physique ou morale bénéficiaire (client/emprunteur) à un taux d’intérêt précisé et
remboursable à une certaine échéance (Djongoué, 2015). Le banquier qui octroi des crédits
court un risque. L’information comptable issue des états financiers étant la matière première
que les banques utilisent pour savoir la situation financière du client demanderesse de crédit.

Fort de ce qui précède, notre entrevue s’articule autour des questions suivantes : Q001,
Q0001, Q02, Q002, Q003, Q0004, Q005, Q006, Q007, Q09, Q020, Q11 et Q024. De toutes
ces questions, notre interlocuteur a préféré répondre à quelques questions en fonction de ses

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connaissances pratiques comme membre de la commission d’octroi des crédits aux entreprises
camerounaises.
De la question « Q02 »,
Le répondant déclare :
« Actuellement, les états financiers annuels des entreprises camerounaises que nous
parcourons dans notre commission ne reflètent pas la réalité du patrimoine... Nous sommes
obligés de porter une attention particulière sur d’autres indicateurs comme l’existence des
capitaux propres, le champ relationnel et des garanties pour l’octroi des crédits ».

Cette réponse va en droite ligne avec les résultats des études antérieures. Elle laisse présager
qu’il est difficile de parler de transparence des états financiers en contexte camerounais. Dans
la plupart des pays d’Afrique Subsarienne, l’accès au crédit bancaire est l’une des contraintes
majeures de l’entreprenariat (Ngoa Tabi & Niyonsaba Sebigunda, 2013). Malheureusement,
de nombreuses entreprises rencontrent d’énormes difficultés dans l’obtention du financement
auprès des structures bancaires à cause du défaut de transparence des états financiers (Bekolo,
2003 ; Wanda, 2007 ; Djongoué, 2015 ; Feudjo & Tchankam, 2013). Wanda (2001-2007)
remarquait que, malgré le fait que les établissements de crédit soient dans un état de
surliquidité générale, les banques camerounaises n’accordent toujours pas des crédits
sollicités par les entreprises à cause de la restructuration du secteur bancaire camerounais
initiée à la fin des années 80. Les résultats des études indiquent plus de 77,1% des PME
camerounaises connaissent des problèmes de financement bancaire à cause de l’absence de
clarté des états financiers.

Ce résultat heuristique se justifie par la prédominance des PME et PMI dans le tissu
économique camerounais dont les états financiers ne reflètent pas toujours la réalité du
patrimoine et des résultats de l’entreprise. Cet état de chose trouve une justification
fondamentale sur le déficit crucial en connaissances managériales (faible niveau des
comptables exerçant au sein des entreprises nationales camerounaises) une incapacité à tenir
convenablement la comptabilité.

Pour la question « Q005 »,


Le répondant suggère que :

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« L’exploitation des nouvelles règles comptables de l’espace OHADA surtout en ce qui


concerne le bilan, le TAFLUT, la nouvelle nomenclature du compte de résultat et les notes
annexes seront d’une importance capitale pour l’analyse bancaire des entreprises
demanderesses des crédits. De même, les informations sur les moyens de production, les
fonds propres, la capacité d’autofinancement, le niveau d’endettement, la qualité de l’outil de
production et les hypothèques passeront au peigne fin lors de la tenue de nos commissions
d’octrois des crédits aux entreprises camerounaises clientes de notre banque. Par ailleurs,
nous avons moins de difficulté avec les états financiers des entreprises multinationales car,
celles-ci s’ajusteront très rapidement ».

Les informations reçues laissent entrevoir l’idée selon laquelle, le référentiel OHADA révisé a
une forte chance d’améliorer la transparence des informations comptables contenues dans les
états financiers des multinationales installées au Cameroun. Cependant, on regrette la fragilité
managériale des structures locales. Ce problème est d’autant plus profond lorsqu’on constate
leur absence au niveau du marché financier communautaire. Ce type de remarque rejoint les
travaux de (Ndjanyou, 2001 ; Souleymane, 2010) estimant que, le financement des PME
camerounaises au cours de la période précédente est au centre d’un débat concernant leur
fragilité face à une conjoncture défavorable de l’économie camerounaise. Cette fragilité des
PME au Cameroun se concrétise par leur incapacité à produire des états financiers crédibles
pouvant encourager le banquier à leurs accorder des crédits.

Ces résultats appellent quelques politiques managériales. Désormais, l’avènement du


SYSCOHADA révisé doit offrir une voie d’accès au crédit bancaire à travers une
amélioration substantielle de la transparence des informations comptables contenues dans les
états financiers (bilan, compte de résultat, TAFLUT, notes annexes). Avant d’envisager ce
type de scénario, privilégions à présent les attentes des agents du fisc camerounais quant à la
mise en application du SYSCHADA révisé dans les entreprises camerounaises.

 Inspecteur vérificateur de la DGI : Cas 5


Plusieurs questions ont été posées à l’interviewé parmi lesquelles : Q001, Q002, Q003,
Q004…

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De ces questions, l’interviewé est resté très discret avec une attitude désinvolte. Cependant, il
nous a fourni les informations présentées dans le tableau 3 en annexe.

Il en ressort que, le fisc camerounais bien qu’étant informé du référentiel OHADA révisé,
n’est pas à mesure de nous donner une orientation claire sur ses innovations majeures.
Pourtant, ce nouveau cadre comptable produira un impact fiscal considérable. Le fisc
camerounais se focalise sur les états financiers pour entrer en possession de l’impôt sur les
sociétés. L’analyse des réponses issues de cette entrevue avec le responsable fiscal laisse
prévaloir le fameux adage : « on lave l’œil qui a vu ». Ceci d’autant plus que, tous les organes
de contrôles semblent jouer un mauvais jeu afin de continuer de bénéficier abusivement des
ressources de l’entreprise.

Toutes choses étant égales par ailleurs, on note des pratiques honteuses telles que : refuser de
déclarer son vrai chiffre d’affaire, augmenter les charges de l’entreprise afin de diminuer la
base taxable, diminuer des produits… Ces différentes techniques de manipulation plombent
négativement la clarté des comptes au Cameroun. Malheureusement, les réformes comptables
n’entrainent pas les réformes fiscales. Cet état de chose provoque un environnement fiscal
sévère qui oblige les entreprises à développer les stratégies de contournement dans une
perspective de réduction des bénéfices comptables afin de payer moins d’impôts à l’Etat
camerounais. Dès lors, la manipulation des données comptables constitue la seule alternative.
Ainsi, on déplore l’environnement fiscal camerounais constitué des agents véreux
(comptables, agents des impôts, promoteurs) qui font des arrangements malsains affectant
considérablement la vérité des comptes. Avant de confirmer cet aspect sombre des choses,
intéressons-nous à l’entrevue accordée aux professionnels de la comptabilité exerçant au
Cameroun.
 Expert-comptable membre de l’ONECCA : Cas
Cette interview s’opère sur multiples questions dont les principales sont les suivantes : Q03,
Q003, Q004, Q005, Q06, Q013,
Q9, Q11, Q12, Q16, Q17, Q18, Q19, Q20, Q21, Q22, Q25, Q26 et Q28.

Le répondant a choisi de donner quelques réponses notées dans le tableau 4 en annexe.

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Dès l’entame de l’entrevue, l’expert est resté optimiste sur les effets futurs du nouveau
référentiel. Il admet que, ce nouveau cadre comptable constitue une aubaine pour
l’industrialisation de l’Afrique. La pertinence de son avis découle aussi de la maitrise du sujet.
Pour lui, le financement des PME africaines est tributaire de la transparence des états
financiers produits. Cependant, il déplore l’absence d’une comptabilité adaptée à cette
catégorie. Cette vision stratégique de la normalisation comptable africaine rejoint les travaux
de Causse, (1999) visant à identifier l’influence de la normalisation comptable dans les pays
d’Afrique francophones.

Par ailleurs, après avoir mentionné quelques critiques à l’égard du SYSCOHADA révisé,
l’interviewé note que, le référentiel OHADA révisé repose sur un certain nombre de principes
parmi lesquels ; l’approche bilancielle avec une priorité du bilan sur le compte de résultat, la
primauté de substance sur la forme, le principe de neutralité et celui de prudence, la
valorisation à la juste valeur des actifs et des passifs et la priorité accordée à la vision de
l’investisseur sans oublier la place primordiale accordée à l’interprétation des informations.

Pour toute fin utile, les experts interviewés semblent avoir une parfaite maitrise du problème
et proposent des solutions concrètes. La principale source de motivation de ces résultats est
liée à l’environnement managérial morose qui caractérise les entreprises locales (Publiques,
PME et PMI) dans un contexte sans marché financier. Toutefois, la présence des pesanteurs
culturelles, des facteurs économiques et financiers plombe négativement la gouvernance des
entreprises locales camerounaises (Feudjo & Tchankam, 2007). S’il est vrai que, le
SYSCOHADA révisé sera une force non négligeable dans la mondialisation, il n’en demeure
pas moins vrai que, l’information comptable qui sera issue des structures locales
camerounaises fera encore l’objet de nombreuses manipulations à dessein. L’incapacité de ce
nouveau cadre comptable à donner une image fidèle de l’entreprise locale camerounaise nous
amène à la formulation des présomptions de recherche suivantes :

P1 : Le SYSCOHADA révisé va améliorer positivement et significativement la


transparence des informations comptables dans les entreprises multinationales installées
au Cameroun.

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P2 : Le SYSCOHADA révisé ne va pas améliorer la transparence des informations


comptables dans les entreprises locales camerounaises (PME, PMI, Publiques).

Conclusion

Parvenu au terme de cette étude, il convient d’évoquer successivement ses apports et ses
perspectives.

 Contributions

Cette étude a mis en exergue le cadre explicatif des théories de l’organisation dans le
processus d’internationalisation du référentiel OHADA. Les instruments méthodologiques de
l’analyse exploratoire nous ont permis de déterminer l’inefficacité du nouveau cadre
comptable en contexte camerounais.

Par conséquent, l’intégration sous régionale africaine a besoin d’un nouvel essor de
présentation de l’information financière. Certes, les efforts sont fournis par les pouvoirs
publics. Il y va de soi que, le Cameroun restera convoiter par les multinationales étrangères.
Ces résultats vont en droite ligne avec les prétentions de S.E. Paul Biya le 17 Mai 2016 lors
de son discours d’ouverture de la Conférence Economique Internationale « Investir au
Cameroun, terre d’attractivités ». Réputée « mal partie », l’Afrique serait devenue selon
certains commentateurs, un continent « d’avenir ». La jeunesse et le dynamisme de la
population africaine constituent pour les investisseurs étrangers une véritable aubaine. Quant
aux entreprises nationales, les mécanismes de gouvernance mises sur pieds par les pouvoirs
publics ne fonctionnent pas. Les entreprises publiques quant à elles sont devenues des
gouffres à sous en contexte camerounais dont la rentabilité entre librement dans les poches
d’une poignée d’individus véreux placés dans les postes stratégiques. Ainsi, les entreprises
locales camerounaises doivent passer du « cercle vicieux comptable » au « cercle vertueux
comptable ».
 Voies de recherche future

Pour toute fin utile, cette recherche s’inscrit dans une logique prospective, puisque celle
quantitative sera menée à la suite de celle-ci afin qu’elle lui soit complémentaire dans le but

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de comparer les prévisions à la réalité. A cet effet, la prochaine étude sera conduite sur un
échantillon d’entreprises assez larges et tiendra compte de toutes les catégories d’entreprises
existantes au Cameroun. Elle s’évertuera aussi à comparer l’impact du SYSCOHADA révisé
entre les entreprises de l’espace OHADA dans le but de donner un éclat considérable aux
résultats obtenus.

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ANNEXES

Tableau 3 : Verbatim obtenu auprès d’un expert-comptable membre de l’ONECCA


Questions Verbatim du répondant
1 Nous avons été représenté aux travaux de Brazzaville, je pense que l’ouverture du
SYSCOHADA aux IFRS est une bonne nouvelle pour les multinationales et les PME
camerounaises ; c’est une véritable aubaine pour l’industrialisation de l’Afrique. car les états
financiers étaient jugés trop volumineux avec un bilan et un compte de résultat difficilement
exploitables sur 4 pages chacun, un TAFIRE non compris par les utilisateurs qui le jugeaient
trop rébarbatif et indigeste , une simplification exagérée du système allégé qui conduisait à une
perte de pertinence de l’information comptable (allègement excessif), un système minimal de
trésorerie incompréhensible par la population visée et les états annexés étaient considérés
comme un documents comptables complémentaires et non explicatifs du contenu des trois autres
supports
2 Nous déplorons le fait que la transparence des états financiers reste encore un slogan pour les
PME et PMI camerounaises. Nonobstant, les efforts que nous déployons dans le cadre du
contrôle comptable auprès de ces structures.
3 Comme je l’ai dit dans mon propos liminaire, seules les grandes entreprises camerounaises qui
tiennent une comptabilité conforme aux règles pourront bénéficier d’une lisibilité internationale
de leurs états financiers. L’espace OHADA est en train de faire des efforts merveilleux en
matière de modernisation des normes comptables applicables aux entreprises. Les innovations
tels que la suppression du système allégé, le bilan sur une page (paysage) ou deux pages
(portrait), le compte de résultat en cascade sur une page (marge sur matière supprimée), le
remplacement du TAFIRE par le TAFLUT et les notes explicatives du contenu des trois états
financiers (analyse de l’activité, de la rentabilité, de la structure financière, de la variation de
trésorerie, de la variation d’endettement financier net) sont autant d’éléments nouveaux qui
peuvent apporter une amélioration des informations comptables contenues dans les états
financiers des entreprises camerounaises
4 Pourquoi pas, si elles fournissent un peu d’efforts pour une mise en application efficiente. Il
s’agit notamment de renforcer les capacités des personnels comptables (formation des acteurs en

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présence, des mises à jour des Plans comptables des entreprises, la modification rapide des
paramétrages informatiques au sein des entreprises, acquisition des nouveaux logiciels des états
financiers adaptés au SYSCOHADA révisé).
Source : De l’auteur à partir du verbatim obtenu auprès d’un expert-comptable membre de
l’ONECCA.

Tableau 4 : Verbatim obtenu auprès de l’inspecteur vérificateur de la DGI des Grandes entreprises du
Cameroun
Questions Réponses données par l’interviewé
1 Dernièrement, nous étions dans un forum consacré à ce nouveau référentiel en vigueur
dans l’espace OHADA.
2 En contexte africain, la notion est ambiguë. Cependant, le niveau de transparence
actuelle des états financiers des grandes entreprises camerounaises est plus ou moins
satisfaisant ; cela suppose que, certaines entreprises font des efforts remarquables
pendant que d’autres trainent le pas. D’autres plus encore jouent dans le dilatoire en
cachant le chiffre d’affaires de leur entreprise.
3 Pour l’instant, on ne s’est pas encore imprégné des nouveautés du SYSCOHADA révisé.
Néanmoins, nous avons un grand espoir en matière d’amélioration de la clarté des états
financiers des entreprises camerounaises. Le SYSCOHADA révisé a supprimé le régime
simplifié ce qui risque de produire un impact sur le passage du résultat comptable au
résultat fiscal. Les modes et durées des nouveaux systèmes d’amortissement des
immobilisations pourront aussi produire une incidence.
4 Nous sommes persuadé que les entreprises camerounaises ont un véritable souci de clarté
au niveau des états financiers cela est dû à l’ignorance des règles en vigueur. Sinon,
l’administration fiscale reste dans la logique de ramener ses partenaires fiscaux y compris
les entreprises à pouvoir s’acquitter du juste impôt afin que l’Etat camerounais puisse
faire face aux dépenses publiques.
Source : De l’auteur à partir des données issues de l’interview accordée à l’inspecteur
vérificateur de la Direction Générale des Impôts des Grandes Entreprises du
Cameroun.

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