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©
Le sonnet, forme poétique chère à Pétrarque et à nos poëtes du
XVIe et du XVIIe siècle, fut abandonné au XVIIIe et repris au XIXe
par l'Ecole romantique. Il est aujourd'hui en pleine faveur. Chaque
muse lui rend hommage. Il a son almanach, son journal, son aca-
démie. Néanmoins les infractions à ses règles blessent fréquem-
ment les oreilles délicates, et nos richesses en fait de sonnets
curieux ou célèbres ne sont connues que d'un petit nombre d'a-
deptes.
C'est pourquoi j'ai réuni dans cette étude tout ce que l'ami des
lettres doit savoir sur le sonnet, sur ses qualités harmonieuses,
sur ses difficultés ordinaires et fantaisistes, sur le rôle qu'il a joué
du temps de Corneille et de Racine, et sur la place importante
qu'il a reconquise de nos jours dans la littérature.
Quatre érudits, MM. Assclineau, Alfred Delvau, Paul Gaudin et
Louis de Veyrières, ont depuis quelques années disserté sur ce lit
de Procusts; et, en dernier lieu, un libraire a publié le Livre des
Sonnets pour la plus grande gloire des poëtes qu'il édite. Ces
dissertations et celle anthologie ont chacune leur valeur. Je les ai
consultées avec fruit, et je reconnais volontiers qu'elles ont fourni
quelques épis à ma gerbe. Mais là ne s'est pas bornée mon explo-
ration.
1
—2 —
J'ai glané un peu partout, et j'ai librement recueilli comme
spécimens anciens et modernes, — depuis les sonnets en vers
coupés, fraternisés, anaphoriques, jusqu'au sonnet en vers d'une
seule syllabe, — depuisles sonnets d'Uranie eL de Job par Voiture
et Benserade, jusqu'au sonnet sur les Normaliens par le fougueux
catholique de l'Univers,—depuis les sonnets comiques de Scarron
et de Régnard, jusqu'au sonnet à la Vierge du fameux rédacteur
de la Lanterne.
Le lecteur trouvera donc ici des sonnets qu'il chercherait en
vain dans les études précédentes, notamment deux anciens
sonnets-rondeaux parfaitement tournés, qui me paraissent les
derniers représentants d'un genre oublié, digne d'être remis au
jour.
Les épis de ma gerbe sont distribués dans cinq chapitres : - Le
premier touche aux règles du Sonnet. — Le deuxième, à son ori-
gine et à son histoire. —Le troisième reproduit les sonnets remar-
quables des XVIe et XVIIe siècles. — Le quatrième donne un choix
de sonnets modernes. — Le cinquième conseille l'emploi de la
rime riche dans le sonnet.
Un appendice contient quelques sonnets inédits.
Deux index terminent l'ouvrage : l'un désigne les sonnets cu-
rieux et les sonnets célèbres; l'autre nomme dans l'ordre alpha-
bétique tous les sonnettistes mis à contribution.
—- nszm -—
SONNETS CURIEUX ET SONNETS CÉLÈBRES
-<— -
CHAPITRE PREMIER
RÈGLESDUSONNET.
Françoisde Maynard.
Ces sonnets faciles, ces sonnets qui ne sonnent pas, sont assez
communs dans la littérature actuelle. Prenons un exemple dans les
poésies de Beaudelaire. La pièce qu'on va lire n'a du sonnet que
l'apparence; c'est une belle cloche sans battant :
LES CHATS
A MALHERBE
mettre absolument à ses lois, ou bien, si l'on trouve ces lois suran-
nées, pédantesques et gênantes, ne pas écrire de sonnets du tout. »
Cette conclusion est très-juste. Théophile Gautier aurait pu l'accen-
tuer en disant avec Menzini :
MJA.MVSIQUEDO SONNET
(t) Voir &la fin du chapitre la note sur la disposition des rimes.
—9 —
Un poëto du XVIIe siècle les a gracieusement indiquées dans
une imitation de Lope de Véga, devenue classique (l) :
PierrePoupo.
Tout cela est très-bien dit, c'est la consécration des règles tradi-
tionnelles suivies par Pétrarque et les meilleurs sonnettistes. Mais il
(1)Boileau ne parle que du repos obligé après le premier tercet, parce que
le repos après chaque quatrain est de règle générale. Nombre de sonnets
modernes sont défectueux par l'oubli de ces repos.
(2) Parlicence Boileau entend ici les petits défauts de rhythmeet destyle
que l'on tolère dans les pièces de longue haleine, mais non dans celles de
quelques vers, et encore moins dans le sonnet qui tend à la beauté suprême.
Les imperfections de rhythme que l'on rencontre leplus fréquemmentsont:
— l'enjambement prosaïque, — l'assonance des rimes masculines et fémi-
nines,—l'assonance des rimes des quatrains avecceiles des tercets,—la
rime à l'hémistiche, - et l'assonance de l'hémisticheavec les rimes voisines.
Un sonnet, donné récemment commespécimen de l'ouvrage les Amoureux
du Livre, étale dans ses quatrains trois assonances d'hémistiche avec les
rimes des vers voisins. L'auteur est cependant l'un de nos habiles sonnet-
tistes, comme on le verra au chapitre V.
— 12 —
ne faut pas oublier que c'est un poëte qui parle. Ses paroles ne doi-
vent pas être prises à la lettre. La défense contenue dans ce vers:
ne doit s'entendre que des mots répétés par négligence, sans agré-
ment ni nécessité. On compte dix fois Rome dans un vieux sonnet
qui ne manque pas de beauté :
(t) Les vers sont dits anaphoriques lorsqu'ils commencent par le même mot.
— 14 —
Le sonnet suivant, malgré quelques mots répétés, ne laisse pas
que d'être un chef-d'œuvre de gracieuse ironie. On le lit dans le
premier numéro du Sonnettiste (5 juillet 1874) :
A VN ÉGOÏSTE.
Jacquesde Vallée,seigneurdesBarreaux.
DesPortes.
A MADAMED. P.
Un bon sonnet, Madame, est un problème ardu,
Si l'on veut de Boileau suivre l'art poétique.
Une règle surtout me paraît despotique :
C'est qu'un mot par deux fois ne puisse être entendu.
Or, pour vous rendre hommage autant qu'il vous est dû,
Il faudrait répéter, sans peur de la critique,
Les termes de charmant, gracieux, sympathique,
Qu'inspirent vos attraits à mon cœur éperdu
Oui, charmants sont vos yeux, charmant votre sourire :
Sympathique est votre âme; et l'on ne peut décrire
Votre taille et vos traits sans le mot gracieux.
Au diable donc Boileau! De sa règle assommante
Que l'on me blâme ou non d'être peu soucieux, ,.
Je veux vous dire encor que vous êtes charmante!
Ph. L. D.
(i) Cette épithète, répétée ici par négligence, va e retrouver quatre fois,
mais avec intention, dans le sonnet suivant.
— 20 —
OUiGINE DUSONNET.
ETHISTOIRE
A KVARISTEMOMLAV
PATV
Il est une contrée où la France est bacchante,
Où la liqueur de feu mûrit au grand soldi,
Où des volcans eteints fremit la cendre ardente,
Ou I'esprit des vins purs aux laves est pareil.
« Celuy qui premier aporta l'usage des sonnets, dit Pasquier, fut
le mesme du Bellay par une cinquantaine dont il nous fit present en
l'honneur de son Olive, lesquelz furent tres-favorablement receuz
p:r la France: Encore que je sache bien que Ronsard en une Elegie
qu'il adresse à Jean de la Peruse, au premier livre de ses poëmes,
l'attribue à Pontus de Thyard : mais il s'abuze et je m'en croy, pour
l'avoir veu et observé. L'Olive couroit par la France deux ans, voire
trois, avant les Erreurs amoureuses de Thyard. »
(1) On fit même dessonnets latins rimes. M. Paul Gaudin, p. 239, en cite
un de ce genre, place en tête des tragedies de Sénèque (édition de Leyde,
i678), par le célèbre savant hollandais, Hugo Grotius.
— 29 —
L'abbéGodeau.
A JULIE D'ANGENNES
VincentVoiture.
SONNETDE JOB
LeSage, dans Gil Blas, disait qu'un poëte produit parle duc d'Albe.
ayant récité devant le roi un sonnet sur la naissance d'une infante,
fut gratifié d'une pension de cinq cents ducats.
Nous verrons tout à l'heure ce que valurenta Des Portes ses sonnets
en l'honneur de Diane et d'Hippolyte, et à Laugier de Porchères son
sonnet sur les yeux de Gabrielle d'Estree. (Jrombaud recevait de Marie
de Médicis une pension de douze cents écus pour son sonnet sur la
mort d'Henri IV; Richelieu donnait à Claude Achillini une chaîne
d'or de la valeur de mille écus pour un sonnet italien sur la prise de
la Rochelle; Anne d'Autriche gratifiait de mille écus le sonnet de
Jean de Mairet sur le traité de paix du 7 novembre 1659. Ces mille
écus vaudraient aujourd'hui plus de dix mille francs. Le sonnet était
bon; mais plus de sept cents francschaque vers, c'était un beau prix:
— 34-
1 I.A REVF.
POURLAPAlXGÉNÉRALE
165
si n i. uort ne rh heliki'
16.2
Ip
— 36-
Tous les astres veilloient au soin de sa grandeur,
Augmentoient tous les jours sapourpre et sa splendeur,
Et rendoient en tous lieux sa puissance célèbre.
Claudede Mallvillc.
SONNETS
DUXVIeET DUXYIICSIECLE
n soiuior
AMOURSDE MARIE1'
(AMOURS
D'HELENE)
RemyBelleau.
Jacques Tahureau n'a pas été moins galant dans ses Sonnets, Odes
et Mignardises amoureuses de l'Admirée, publiés en 1554. Plu-
sieurs de ses sonnets sont écrits avec la liberté gauloise de l'époque.
Les deux qu'on va lire n'offenseront pas les oreilles délicates du
temps présent
I
II
La moite nuict sa teste couronnoit
De mainte estoille au ciel resplendissanto,
El, mollement a nos yeux blandissante,
Apres la peine mi doux somme amennit:
- 48-
Le gresillon aux prez rejargonnoit,
Perçant, criard, d'une voix egrissante;
Et aux forests jaunement pallissante
D'un teint blafard la lune rayonnoit :
EstienneJodelle.
4
— 50-
A -'NGÉLIQIJE
de Calignon
Soffrey (1).
(1) Ses poésies ont été mises au jour par M. Ie comte Douglas. 10.40
magnifique avec portrait et planches, Grenoble, 1874.
— 54 —
Au moins, Francine, au moins, si miens je nepuis dire
Ny mon coeur, ny mes yeux, ny mon ame, ny moy,
Puissé-je dire mien mon amoureux martire!
Au moins mespleurs soyent miens, mes soupirs,ma tristesse,
Pour te jurer par eux, d'inviolable foy,
Jamais ne te changer pour une autre maistresse.
AntoinedeBait
Son corps qui fut icy, tant qu'il vit ce beau jour,
D'une ame tres divine honorable sejour,
Est demeuré dans terre; au ciel l'ame est allee.
LA FEIIME ET LE PBOCES
JeanPasserat.
AmadisJamin.
de la Fresnay.
Vauquclin
A lU. QUENOILLE
LE NOWE4IJ CCPIDOU
LaugierdePorchères.
SONNETEfllAIROSTICIIE
Croix
Mesostiche, deSt-Andrfe •
et Lozenge.
ANNE DE MONTA VT
DONTANT VNE AME
se dessiner symé-
Le losange et la croix de St-André ne pouvaient
sur treize vers. L'auteur a complété son chef-d ceuvre
triquement que
de patience par deux vers au lieu d'un, afin de répéter l'anagramme
et le nom. Outre l'irrégularité dans le croisement des rimes (cæur
— 63 —
devait être avant âme), ce chef-d'oeuvre pèche donc contre la règle
des quatorze vers. Quelques Italiens se sont permis d'ajouter parfois
au sonnet un ou deux tercets supplémentaires. Mais Pétrarque, le
maitre sonneur par excellence, n'a jamais déshonoré les siens colla
coda.
Le lecteur préfèrera sans doute aux difficultes poétiques le sonnet
consacré par Agrippa d'Aubigné au chien Citron qui avait appartenu
à Henri IV.
LE CHIEN CITRON
Guillaume
deSallustedu Bartas.
5
— 66-
Pierre de Larivey, traducteur des Facétieuses Nuits de Strapa-
role, les a enrichies de soixante-douze énigmes-sonnets. La plupart
de ces énigmes sont à douhle sens. L'auteur débite d'énormes gail-
lardises sous le couvert d'un mot décent. L'équivoque de la suivante
est une des plus honnêtes; jugez des autres. Nous donnons cette pièce
à titre de spécimen; et, pour que le lecteur ne s'arrête pas au sens
apparent, nous le prévenons tout de suite qu'il s'agit simplement de
l'eau et du nageur. C'est l'eau qui parle :
EXICME
Pierrede Larivey.
sur deux rimes et les deux tercets qui caractérisent le sonnet, ron-
deaux par Je refrain ou répétition des premiers mots comme chute
après les quatrains et les tercets.
Les chercheurs de sonnets n'ont pas su découvrir ces deux-Ià, ou
du moins n'ont pas signalé la curieuse variété qu'ils constituent. M.
G. Servois, lui-même, qui a disserté sur ces deux pièces dans son
commentaire de La Bruyère, édition des Grands écrivains de la
France, n'a vu là que des rondeaux; et cependant la forme du son-
net est assez apparente par la disposition des vers en quatrains et en
tercets, respectée par les typographes.
Voici les deux sonnets-rondeaux, pastiches du vieux langage, at-
tribués à un évêque de Rieux par le Ménagiana, et cités tout au
long par La Bruyère à la fin de son XIVe chapitre :
[SONNETD'OGIER]
[SONNETOf; R If HARD
]
XVIIe SIÈCLE
l'amast ah desert
Ces vieux rochers tout nuds, glissant en précipice,
Ces chustes de torrents froissez de mille sauts,
Ces sommetsplus neigeux et ces monts les plus hauts
Ne sont que les portraits de mon cruel supplice.
Honorel'Urfé.
LES PlEBS
de Viau.
Theophile
— 76 —
L'ordre chronologique amène ici le fameux sonnet de la Belle
Matineuse dont il a été question plus haut. La Harpe, tout en criti-
quant les hémistiches affranchi du sommeil, d'une haleine feconde
et l'article au du septième vers, tout en trouvant ce sonnet fort au-
dessous de sa réputation et entaché, par suite de l'influence italienne,
d'une comparaison usée de bonne heure, avoue cependant qu'il n'est
pas mal tourné, et que du temps de l'auteur il a pu faire illusion :
LA BELLE JIATMEISE
I.ES CiOlftFRES
Charleval n'a pas la main aussi légòre lorsqu'il touche aux défauts
des femmes. Témoin son sonnet sur Livotine :
Quoy que Livotine vous die,
Ne faites point de fondement
Sur l'amitié d'une étourdie,
Sans honneur et sans jugement.
— 81 —
Sa langue a cette maladie
Qu'elle est toujours en mouvement,
Et son cceur de La perfidie
FaiL tout son divertissement.
6
— 82 —
Nous arrivons au menuisier-poëte de Nevers. Sa modestie de
menuisier et son orgueil de poëte se révèlent dans les vers suivants
qui n'ont du sonnet que l'apparence; car les deux quatrains ne sont
pas rimes dans les règles :
Pourvu qu'en rabotant ma diligence apporte
De quoy faire rouler la course d'un vivant,
Je seray plus content à vivre de la sorte
Que si j'avois gagné tous les biens du Levant.
Je ne recherche point cet illustre avantage
De ceux qui tous les jours sont dans des differents,
A disputer Vhonneur d'un fameux parentage,
Comme si les humains n'estoient pas tous parents.
LE DAV1SSEIIESTD'EUROPE
Après ces vers graves, on ne sera pas fâché de savoir quelle faveur
galante Mathieu de Montreuil obtint de son Iris :
Ne crains plus désormais, Tircis, que je soupire :
Mon bonheur a passé celui de mes rivaux.
J'ay bien des envieux, mais je n'ay point d'egaux ;
Et mon bien est si grand que je n'ose le dire.
Tu fus le confident de mon cruel martyre;
Sçache donc mes plaisirs puisque tu sçus mes maux.
Mon Iris, l'autre jour, paya tous les travaux
Que je souffris jamais sous son cruel empire.
La faveur que j'en eus eust contenté les Dieux
Elle eust charme les cceurs les plus ambitieux; :
J'en demeuray surpris, mon ame en fut ravie.
J'en retiendray toûjours et le temps et le lieu;
J'y songeray, Tircis, tout Ie temps de ma vie :
Elle me regarda quand je luy dis adieu.
H. de Montreuil.
— 88 —
Jean Henault ou plutôt Hesnault, que Boileau maltraita, s'est illus-
tré par son sonnet sur l'Avorton et par un autre contre Colbert.
Le premier a le tort de n'etre pas un sonnet (les quatrains sont en
vers boîteux sur quatre rimes au lieu de deux) et, de plus, il pèche
par une recherche d'antithèses qui ferait envie à Victor Hugo:
) SUR L'AVOKTON
Toi qui meurs avant que de naistre,
Assemblage confus de I'estre et du néant,
Triste avorton, informe enfant,
Rebut du neant et de l'estre.
Toi que l'amour fit par un crime
Et que l'honneur défait par un crime à son tour,
Funeste ouvrage de l'amour,
De Vhonneur funeste victime;
Donne fin aux remords par qui tu t'es vengé,
Et, du fond du néant ou je t'ay replongé,
N'entretiens plus Vhorreur dont ma faute est suivie.
Deux tyrans opposez ont décidé ton sort :
L'amour, malgré l'honneur, t'a fait donner La vie;
L'honneur, malgré l'amour, t'a fait donner la mort.
JeanHesnault.
Le second est une satire injuste contre Colbert. Mais l'auteur dé-
fendait son bienfaiteur Fouquet dont il partagea la disgrâce; c'est là
son excuse:
Ministre avare et lasche, esclave malheureux,
Qui gemis sous le poids des affaires publiques,
Victime devouee aux chagrins politiques,
Fantosme revere sous un titre onéreux !
Vois combien des grandeurs le comble est dangereux !
Contemple de Fouquet les funestes reliques,
Et, tandis qu'à sa perte en secret tu t'appliques,
Crains qu'on ne te prépare un destin plus affreux.
- 89 —
II part plus d'un revers des mains de la fortune;
Sa chute quelque jour te peut estre commune;
Nul ne tombe innocent d'où l'on te voit monte.
Un sonnet de l'abbé Cotin est resté célèbre, c'est celui que Molière
a si drôlement disséqué dans les Femmes savantes :
AMme DE LONGIIEVILLE
Apresent duchesse
(1659) deNemours,
sursafUvre
quarte.
Vostre prudence est endormie,
De traiter magnifiquement
Et de loger superbemenl
Vostre plus cruelle ennemie.
Cet abbé, tympanisé par Molière et Boileau, n'est pas aussi mau-
vais poëte qu'on pouvait le croire. C'est lui qui composa cet ingé.
nieux quatrain :
— 90-
Philis s'est rendue à ma foi.
Qu'eut-elle fait pour sa défense ?
Nous n'étions que nous trois: elle, l'Amour et moi,
Et VAmourfut d'intelligence.
Nous avons sous les yeux son Recueil des Enigmes de ce temps,
édition de 1638. La plupart empruntent la forme du sonnet et ne sont
pas sans mérite. Quand on aura le mot de la suivante, on lui trou-
vera del'esprit et de la finesse.Ce mot,vous le rencontrerez plus loin,
à la dixième rime des trois sonnets échangés entre MmeDeshoulières,
le duc de Nevers et les amis de Racine :
ENIGHE
A .11. I,%MOTim-LE-VAYEB
Surla mortdesunfi's,—1664.
Aux larmes, Le Vayer, laisse tes yeux ouverts ;
Ton deuil est raisonnable, encor qu'il soit extresme ;
Et, lorsque pour toujours on perd ce que tu perds,
La Sagesse, croy-moy, peut pleurer elle-mesme.
LE CHAT PERUtI
Aimable Iris, honneur et fleur de la Bourgogne,
Vous pleurez vostre chat, plus que nous Philippsbourg;
Et, fussiez-oous, je pense, au fond de la Gascogne,
On entendroit de la vos cris jusqua Fribourg.
Sa peau fut à vos yeux fourrure de Pologne;
On eust chassé pour luy Tìti (1) du Luxembourg.
II feroit I ornement d'un couvent de Cologne.
Mais quoy! Vonvous Va pris? Vona bien pris Strasbourg.
D'aller pour une perte, Iris, comme la Sienne
Se percer sottement la gorge d une Vienne (épée),
II faudroit que l'vn eust la cervelle à l' Anvers.
Chez moy,le plus beau chat,je vous le dis,ma Bonne,
Vaut moins que ne vaudroit une orange à Narbonne,
Et qu'un verre commun ne se vend à Nevers.
VoiCÎ la belle réponse prêtée à Louis XIV, sur les mêmes rimes :
A CIVAMI SKXA6EIKAIRE
DjIPHli
« Je suis J>crioit jadis Apollon à Daphné,
Lorsque, tout hors d'haleine, il couroit après elle,
Et lui contoit pourtant la longue kyrielle
Des rares qualites dont il estoit orné ;
« Je suis le Dieu des vers, je suis bel esprit né. »
Mais des vers n'estoient point le charme de la belle.
« Je sçais jouer du luth. Arrestez. » Bagatelle !
Le luth ne pouvoit rien sur ce cceur obstiné.
* Je connois la vertu de la moindre racine;
« Je suis par mon sçavoir Dieu de la Médecine. »
Daphné fuyoit encor plus vite que jamais.
Mais s'il eût dit : « Voyez quelle est vostre conqueste ;
« Je suis un jeune Dieu toujours beau, toujours frais »;
Daphné, sur ma parole, auroit tourné la teste.
De Fontenelle.
CHAPITRE QUATRIÈME
SONNETS
MODERNES
StJXAMME
DEWORDSWORTH)
(IMITÉ
Ne ris point des sonnets, ô critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare;
C'est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cceur.
Camoens de son exil abrèúe la longueur,
Car il chante en sonnets l'amour et son empire;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mele au cyprès qui ceint son front vainqueur.
niOBTFOXTAlXE
Fort
Belle,
Elle
Dort.
Sort
Frêle !
Quelle
Mort!
Rose
Close
La
Brise
L'a
Prise.
Paul de Rességuier.
BIEN PERDIJ
Entre quinze et vingt ans, le coeur tout neuf, qui sort
De sa torpeur première et qui commence à vivre,
S'enflamme quelquefois tout de bon, et s'enivre,
Dans un profond secret, d'un amour grand et fort.
Heureux de laisser voir cette ardeur qui le mord,
C'est sous un dehors calme et serein qu'il s'y livre;
Et l'on se dit, craignant les troubles qui liont suivre :
N'éveillons pas trop tôt le coeur d'enfant qui dort.
Grâce aux cachets, fermoirs et scellés qu'on y pose,
Homme et fernme, à cet age, ont Vdme si bien close,
Qu'on ne peut soupçonner les intimes combats.
On serait bien surpris si l'on pouvait y lire.
Combien, dans leur jeunesse, ont aime sans le dire !
Combien furent aimés qui ne le sauront pas!
Amédée Pommier.
d'Auguste Barbier sur Le Dominiquin doit être cité comme une belle
inspiration :
LE OOMINIQIJIW
LA. DEMOISELLE
A IMAOIHE G.
C'est mon avis qu'en route on s'expose k la pluie,
Au vent, à la poussière, et qu'on peut, le matin,
S'éveiller chi ffonnée avec un mauvais teint,
Et qu'à la longue, en poste, un tete-k-tete ennuie.
— 117 —
C'est mon avis qu'au monde il n'est pire folie
Que d'embarquer l'amour pour un pays lointain.
Quoi qu'en dise Héloïse et madame Cottin,
Dans un miroir d'auberge on n'est jamais jolie.
JosephinSoulary.
Un poëte estimé, mais que tout le monde n'aime pas à suivre dans
ses poëmes indiens, hérissés de mots bizarres, a écrit un gracieux
sonnet, pas trop chargé de couleur orientale :
LE (OLIBRI
Ll DEESSE
TRAVAILLONSPOUR LI POSTERITY
Ne les imitons point, ces bandits au coeur lâche,
Ces hommes en qui brûle une soif de démons,
Et qui, pour un peu d'or, vous saisissent la hache
Et frappent sur les rois, sur les dieux de nos monts.
LES CALCULATEURS.
Jk BEATRICE
I
Vous qui pouvez m'ouvrir la céleste demeure,
Vous qui tenez la clef des hautes regions,
Ne vous étonnez pas de mes ambitions,
Et si, n'esperant rien, je demande à toute heure.
LE SONNETUU 6EKTILHO.HMEPAIVBE
DEO CRtTIAS
LE BERCEAU
LG LAC DE BEL(EIL
Qui n'aime à visiter ta montagne rustique,
0 lac qui, suspendu sur vingt sommets hardis,
Dans ton lit d'algue verte, au soleil resplendis,
Comme un joyau tombe d'un ecrin fantastique?
Quel mystère se cache en tes flots engourdis?
Ta vague a-t-elle éteint quelque cratère antique ?
Ou bien Dieu mit-il la ton urne poétique
Pour servir de miroir aux saints du Paradis?
Caché, comme un ermite, en ces monts solitaires,
Tu ressembles, o lac, à ces âmes austères
Qui vers tout idéal se tournent avec foi.
Comme elles, aux regards des hommes tu te voiles;
Calme, le jour, — le soir, tu souris aux étoiles;
Et puisil faut monter pour aller jusqu'a toi!
Louis-H.Frechette.
Cet auteur écrit avec éIégance; mais parmi ses nombreux sonnets,
il en est peu qui disent quelque chose.
Un autre poëte, qui s'est fait un nom avec des vers dramatiques
dépourvus de césures et semés de trivialites, a ciselé quelques son-
nets. Le suivant montre qu'il n'est pas difficile sur Ie choix du pit-
toresque :
LE ( ABIRET
TERRA MATER
DELARIMEDUSONNET
A Pistoie, en m'éveillant
Un prurit soudain m'off usque;
Certain insecte grouillant
Vint-il pas se poser jusque
MOSPAXEMS
SONET ANACIRAlSIUE
lIarie-Aimer
A 1UVEDAIHB
lesoeuvres
Edluirenvoyant deVoiture
Voici votre Voiture et son galant Permesse.
Quoique guinde parfois, il est noble toujours.
Onvoit tant de mauvais naturel de nos jours
Que ce brillant monte m'aplu, je le confesse.
On voit (c'est un beau tort) que le commun le blesse
Et qu'il veut une langue à part pour ses amours ;
Qu'il croit les honorer par d'étranges discours ;
C'est là de ces defauts ou le coeur s'intéresse.
Les journaux de 1873 ont cité avec éIoge le sonnet suivant dont
l'auteur est mort à vingt-quatre ans. C'est une belle défense des
oeuvres d'art contre Ie dédain de Ia science; quel dommage qu'elle
soit habillee de si pauvres rimes masculines !
LE8 illV.iLVSEIJBS
Alfred de Musset rimait tantôt bien tantôt mal, suivant son caprice.
Dans son sonnet intitulé Tristesse, les rimes féminines des quatrains
sont à peine suffisantes, et mêlées irrégulièrement. Tout est permis
à un talent original. On l'admire malgré ses négligences. Mais on
l'admirerait davantage s'il prenait plus de peine:
TRISTESSE
J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis, et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierte,
Qui faisait croire à mon génie..
PROFESSION DE FOI
LA LAHDE MATAtLB
AugusteBrizcux.
SOCKET DE MICHtL-ASCC
ACTnUAUTTK
Elle évoque, les soirs, dans sa chaude insomnie,
Des palais, des valets; et, plus beaux que les fleurs,
Mille coupons d'emprunts de toutes les cOltleurs.
Dansent devant ses yeux une ronde benie.
- 148 -
Son espoir incessant, sa pensée infinie
Taillent des robes d'or aux immenses ampleurs ;
Sur l'argent qui lui manque elle répand des pleurs ;
Elle rit des amours de Paul et Virginie ;
AVATAR (1)
Près du Tigre, sous l'or des pavilions mouvants,
Dans un jardin de marbre oil chante une piscine,
Autrefois je dormis. Une jeune Abyssine
Fort chaste n'enivrait de ses baisers savants.
SONNETS INEDITS
Ø -
Les sonnets réunis dans cet Appendice sont publics pour la première
fois ou n'ont fait quunerapide apparition, tantót dans un journal, tantót
dans une revue. Aucun ne se trouve dans les recueils de l'auteur, sauf le
sonnet de PHYLLIS, deja inséré dans le commentaire des SONNETS DEPÉ-
TRARQUE, tomeI, p. 79,et reproduit iei, parce qu'il en est questionau
troisième chapitre de cette Étude.
SONNETS INEDITS
LE HOKDE
nunccredo
Omnia
Ov.
Non! je ne croyais pas, lorsque j'étais enfant,
Que jamais Vavenir pût tromper l'espérance,
Et qu'il fût ici-bas de plus longue souffrance
Que de pleurer, une heure, unjeu qu'on nous defend !
CORNÉLIE
Lapudeur
souriait
snrsalèvrevermeille.
A.deVIGNY.
Lli DEMI-REVEIL
SONNET
8ERPENTIN
(I)
Golden
dewofsleep.
Que j'aime, au point du jour, rn'eveiller à demi,
De ses rayons roses quand le soleil colore
Mes pauvres résédas que la bise deflore!
C'est alors que je reve aussi bien qu'endormi.
(1) Qui commence et finit par les mêmes mots ou par le même vers.
- 156 -
LE CIEL .'GITÉ
Destorrentsdelarmes
n'effacent
pasune
seuleIracedupasé.
ZlMM. L*SOLITUDE.
Il remit au milieu d'un jardin solitaire
Le vent soufflait au ciel et soufflait sur la terre.
Les nuages fuyant avec rapidite
Parcouraient d'un seul bond toute l'immensité.
NomeueYe.miDlos,paraquererte.
L^RRIBRE-SAISON
Cequinaildoitmourlr.
Cequimeurtdoit
renaitre.
ROUCHER.
Comme toi je suis triste en voyant revenir
L'automne, les vents froids et les breves journées,
Et les feuilles tombant sur les herbes fanées,
Et les plaines du del commençant à brunir.
1839.
Doual,
— 81 —
,.
Sa langue a cette maladie
Qu'elle est toujours en mouvement,
Et son cceur de La perfidie
Fait tout son divertissement.
6
- 82 —
Nous arrivons au menuisier-poëte de Nevers. Sa modestie de
menuisier et son orgueil de poëte se révèlent dans les vers suivants
qui n'ont du sonnet que l'apparence; car les deux quatrains ne sont
pas rimes dans les règles :
- Pourvu qu'en rabotant ma diligence apporte
De quoy faire rouler la course d'un vivant,
Je seray plus content à vivre de La sorte
Que si j'avois gagné tous les biens du Levant.
Je ne recherche point cet illustre avantage
De ceux qui tous les jours sont dans des différents,
A disputer Vhonneur d'un fameux parentage,
Comme si les humains n'estoient pas tous parents.
LE BJVISSIE!tIIET D'EUROPE
Après ces vers graves, on ne sera pas fâché de savoir quelle faveur
galante Mathieu de Montreuil obtint de son Iris :
Ne crains plus désormais, Tircis, que je soupire :
Mon bonheur a passé celui de mes rivaux.
J'ay bien des envieux, mais je n'ay point d'égaux;
Et mon bien est si grand que je n'ose le dire.
Tu fus le confìdent de mon cruel martyre;
Sçache done mes plaisirs puisque tu sçus mes maux.
Mon Iris, l'autre jour, paya tous les travaux
Que je souffris jamais sous son cruel empire.
La faveur que j'en eus eust contente les Dieux :
Elle eust charmé les cceurs les plus ambitieux ;
J'en demeuray surpris, mon ame en fut ravie.
J'en retiendray toujours et le temps et le lieu;
J'y songeray, Tircis, tout le temps de ma vie :
Elle me regarda quand je luy dis adieu.
H. de Montreuil.
- 88 —
Jean Henault ou plutot Hesnault, que Boileau maltraita, s'est illus-
tré par son sonnet sur l'Avorton et par un autre contre Colbert.
Le premier a le tort de n'être pas un sonnet (les quatrains sont en
vers boîteux sur quatre rimes au lieu de deux) et, de plus, il pèche
par une recherche d'antithèses qui ferait envie à Victor Hugo:
SUR IAWORTON
Toi qui meurs avant que de naistre,
Assemblage confus de Festre et du néant,
Triste avorton, informe enfant,
Rebut du néant et de l'estre.
Toi que l'amour fit par un crime
Et que Vhonneur defait par un crime à son tour,
Funeste ouvrage de l'amour,
De Vhonneur funeste victime;
Donne fin aux remords par qui tu t'es vengé,
Et, du fond du néant où je t'ay replongé,
N'entretiens plus l'horreur dont ma faute est suivie.
Deux tyrans opposez ont décidé ton sort :
L'amour, malgré l'honneur, t'a fait donner la vie;
L'honneur, malgré l'amour, t'a fait donner La mort.
JeanHesnault.
Le second est une satire injuste contre Colbert. Mais l'auteur de-
fendait son bienfaiteur Fouquet dont il partagea la disgrâce; c'est là
son excuse:
Ministre avare et lasche, esclave malheureux,
Qui gemis sous le poids des affaires publiques,
Victime devouee aux chagrins politiques,
Fantosme révéré sous un titre onereux !
Vois combien des grandeurs le comble est dangereux !
Contemple de Fouquet les funestes reliques,
Et, tandis qu'à sa perte en secret tu t'appliques,
Crains qu'on ne te prépare un destin plus affreux.
— 89 —
Un sonnet de l'abbé Cotin est resté célèbre, c'est celui que Molière
a si drôlement disséqué dans les Femmes savantes :
A MmeDE LONGUEVILLE
Apresent duchesse
(1659) sursaflivrequarte.
deNemonrs,
Vostre prudence est endormie,
De traiter magnifiquement
Et de loger superbement
Vostre plus cruelle ennemie.
Cet abbé, tympanisé par Molière et Boileau, n'est pas aussi mau-
vais poëte qu'on pouvait le croire. C'est lui qui composa cet ingé-
nieux quatrain ;
— 90 —
Philis s'est rendue à ma foi.
Qu'eut-elle fait pour sa defense ?
Nous n'étions que nous trois: elle, I'Amour et moi,
Et VAmour fut d'intelligence.
Nous avons sous les yeux son Recueil des Enigmes de ce temps,
édition de 1638. La plupart empruntent Ia forme du sonnet et ne sont
pas sans mérite. Quand on aura le mot de la suivante, on lui trou-
vera del'esprit et de la finesse.Ce mot,vous le rencontrerez plus loin,
à la dixième rime des trois sonnets échangés entre MmeDeshoulières,
le duc de Nevers et les amis de Racine :
ENienc
Tandis que deux voisins sans se joindre vesquirent,
Tous deux également de tous furent aimez;
Tous deux, enflez d'orgueil et de grace animez,
Partagerent entr'eux tout l'honneur qu'ils acquirent.
A. n. LA.lUOTHE-LE-".YER
fils,- 1664.
SurlamortdeSOD
Aux larmes, Le Vayer, laisse tes yeux ouverts ;
Ton deuil est raisonnable, encor qu'il soit extresme ;
Et, lorsque pour toujours on perd ce que tu perds,
La Sagesse, croy-moy, peut pleurer elle-mesme.
MelleDESCHAMPS
CAKTATRICS
1876.
2 dtcembre
Boutg,
12
- 176 -
A MADAMEEYR.
All CHANOINEMARTIN
sonCOIIVOJ.
ENSVIYANT
S3avrll1877.
Bourg,
Ali CAXOXMOMARTI*
SECCENDO
1LSilO
FERETRO.
01
19mai1878.
Bourg,
- 180 -
LES FAROUCHESBllTS
lIai187S.
- 181 -
COLLOQIJEAVfct MA MDSE
PACE
82
PACE
66
13
INDEX
SONNETS CURIEUX
Lesplusancienssonnets.
Pages
Le plus ancien sonnetitalien: P. DESVIGNES. 24
Le plus ancien sonnetfrancais: G. DESAMALRICS. 25
Le rondel, présuméunedes formesprimitivesdu sonnet. 23
Sonnetssurlesonnet.
L'ordonnancedu sonnet : RÉGNIER-DESMARAIS. 9
Le style du sonnet
: PIERRE PouPO. 9
Les règles du sonnet
: HOUDAR DELA MOTTE. 10
La résurrectiondu sonnet: SAINTE-BEUVE. 107
L'originedu sonnet: A. DEVIGNY. 26
La musiquedu sonnet: PAULGAUDIN , 8
L'idée entrantdans le sonnet
: J. SOULARY. 135
L'élogedu sonnet: FERTIAULT. 136
Une règle du sonnetprise à la lettre : PH.L. D. 19
Les charmesdu sonnet : PH.L. D. 137
Sonnetsacrostlches
et anagrammatlques.
Sonnetacrostiche,mésostiche,croixde saint André,losangeet anagramme. 62
Sonnetacrostiche: PH.L. D. 160
Sonnet-anagramme(Marie-Aimer): G. GARNIER. 142
Sonnetsbouts-rimes.
Sonnet dont les rimesfont elles-mêmessonnet. 10
Sur le bel air: MOLIÈRE. 91
Le chat perdu, rimesà nomsde villeset de pays. 93
L'or : MMA DESHOULIÈRES..-. 93
Sonnets-rondeaux.
Sonnetd'Ogier. , .-.. 67
Sonnetde Richard. 68
Ma retraite
: Pa. L, D.,. 172
— 186 —
Sonnetsenverscoupfis,
fraternises,
rapportes, etc.
anaphoriques,
Pages
Sonnetsen vers coupés: ESTIENNE PASQUIER -4a
Autre, sur les Jé.:3uites.-. 50
Sonnet
eri vers fraternises: LASPHRISE 61
Sonneten vers rapportés : E. JODELLE 49
Sonneten vers anaphoriques,commençantpar 1&motBouche : BENSERADE. 42
Sonneten vers-anaphoriques,commemjant par' Ie motLouis. u - 13
Sonneten vers d'une seule syllabe : P.DERESS £ ~GUIER * 112
Sonneten vers de deux syllabes : GEORGES GARNIER. u. 112
Sonneten echo ». 103
Sonnet-enigme : L'ABBÉ COTIN.-.,.,.;. 90
Sonnet-énigme: PIERRE DELARIVEY. • - 66.
Sonnetserpentin : PH. L. D. i55
.Sonnetsur deuxrimes : CH.NODIER 108
Avatar, sonnet pastiche 149
SONNETS CELEBRES
PRbACE. , , , ,, , , , , 1
PREMIER. Règlesdu Sonnet.,.
CHAPITBE 3
CHAPITRE
DEUXIÈME.
Origineet histoiredu Sonnet.,. 22
CHAPITRE Sonnetsdu XVIe
TROlSIÈME. et du xvnesiècles. 38
CHAPXTRE Sonaetsmodernes.
QUATRIÈME. 106
CHAPITRE De la rimedu Sonnet.,
CINQUIEME. , , 134
Errata - 7 182
i
Indexdes Sonnetscurieuxet des SoQ ~!'ejc~S~
lbl~ , 185
Index des Sonneltistesadmisdans ^cueil : 187
- ,
14
INDEX DES SONNETS CURIEUX ET DES SONNETS CÉLÈBRES
SONNETS CURIEUX
Les plus anciens sonnets.
Pages
Le plus ancien sonnet italien: P. DES VIGNES
Le plus ancien sonnet français: G. DES AMALRICS
Le rondel, présumé une des formes primitives du sonnet
Sonnets sur le sonnet.
L'ordonnance du sonnet: RÉGNIER-DESMARAIS
Le style du sonnet: PIERRE POUPO
Les règles du sonnet: HOUDAR DE LA MOTTE
La résurrection du sonnet: SAINTE-BEUVE
L'origine du sonnet: A. DE VIGNY
La musique du sonnet: PAUL GAUDIN
L'idée entrant dans le sonnet: J. SOULARY
L'éloge du sonnet: FERTIAULT
Une règle du sonnet prise à la lettre: PH. L. D
Les charmes du sonnet: PH. L. D
Sonnets acrostiches et anagrammatiques.
Sonnet acrostiche, mésostiche, croix de saint André, losange et anagramme.
Sonnet acrostiche: PH. L. D
Sonnet-anagramme (Marie-Aimer): G. GARNIER
Sonnets bouts-rimés.
Sonnet dont les rimes font elles-mêmes sonnet
Sur le bel air: MOLIÈRE
Le chat perdu, rimes à noms de villes et de pays
L'or: MmeDESHOULIÈRES
Sonnets-rondeaux.
Sonnet d'Ogier
Sonnet de Richard
Ma retraite: PH. L. D
Sonnets en vers coupés, fraternisés, rapportes, anaphoriques, etc.
Pages
Sonnets en vers coupés: ESTIENNE PASQUIER
Autre, sur les Jésuites
Sonnet en vers fraternisés: LASPHRISE.
Sonnet en vers rapportés: E. JODELLE.
Sonnet en vers anaphoriques, commençant par le mot Bouche: BENSERADE
Sonnet en vers-anaphoriques, commençant par le mot Louis
Sonnet en vers d'une seule syllabe: P. DE RESSÉGUIER
Sonnet en vers de deux syllabes: GEORGES GARNIER
Sonnet en écho
Sonnet-énigme: L'ABBÉ COTIN
Sonnet-énigme: PIERRE DE LARIVEY
Sonnet serpentin: PH. L. D
Sonnet sur deux rimes: CH. NODIER
Avatar, sonnet pastiche.
SONNETS CÉLÈBRES
Sur l'Avorton: J. HESNAULT
La Belle Matineuse: C. DE MALLEVILLE
Phyllis: V. VOITURE
Caprice de jeune fille
Charlotte: GILLES DURANT
Contre Boileau: SAINT-PAVIN
Le Chien Citron: AGRIPPA D'AUBIGNÉ
Daphné: DE FONTENELLE
Eve coquette: SARRAZIN
La Femme et le Procès: J. PASSERAT
Le sonnet des Femmes savantes: L'ABBÉ COTIN
Les Goinfres: SAINT-AMANT
Grand Dieu! tes jugements. DES BARREAUX
Hélas! si tu prends garde.P. DESPORTES
A Dieu: OGIER DE GOMBAUD
Holà! Caron! Caron!.OLIVIER DE MAGNY
Jardin délicieux:REGNARD
Sonnet de Job: BENSERADE
Sonnet d'Uranie: VOITURE
Sur ces deux sonnets: P. CORNEILLE
Les Jobelins et les Uranistes; P. CORNEILLE
Ma vie a son secret. ARVERS
Sur les Normaliens: L. VEUILLOT
A Louis XIV, sonnet attribué à MlleDE LA VALLIÈRE
Réponse, sur les mêmes rimes, prêtée à LOUIS XIV
Le petit Lyré: J. DU BELLAY
Sur Phèdre de Racine: MmeDESHOULIÈRES
Sur la tragédie de Genséric: J. RACINE
Réponse sur les mêmes rimes au sonnet de Mme Deshoulières: LES AMIS DE RACINE
Réponse du DUC DE NEVERS
Pour un crime d'amour:LE COMTE DE L
Quand le Sauveur souffroit.COMTE DE MODÈNE
Quand vous serez bien vieille.RONSARD
Sur le Saint-Sacrement: DE GOMBERVILLE
Sur le sonnet: RÉGNIER-DESMARAIS
Sonnet de sainte Thérèse à Jésus crucifié: PH. L. D
Superbes monuments: SCARRON
Le Tabac: LOMBARD
Le Théâtre: L'ABBÉ GODEAU
Tristesse: A. DE MUSSET
Sonnet à la Vierge: DE ROCHEFORT
Sur les yeux de Gabrielle d'Estrée: LAUGIER DE PORCHÈRES
INDEX DES SONNETTISTES CITÉS DANS CE RECUEIL
Adam Billaut
Aguilhon (Mme d')
Alibray (Ch. Vion d')
Amalrics (Guilhem des)
Arnould (Edmond)
Arvers (Félix)
Aubigné (Agrippa d')
Autran (J.)
Baïf (de)
Balzac (Honoré de)
Banville (Théodore de)
Barbier (Auguste)
Barreaux (des)
Bar tas (du)
Baudelaire (Charles)
Bel'eau (Remy)
Bellay (Joachim du)
Belloy (A. de)
Benserade (Isaac de)
Berluc-Perussis (Léon de)
Blanchemain (Prosper)
Boileau
Boulay-Paty
Brébeuf (Guillaume de)
Brizeux (Auguste)
Calignon (Soffrey de)
Cantel (Henri)
Charleval (Ch. de)
Chassignet (J.-B.);
Choiseul (Gilbert de)
Colet (Louise)
Colletet (Guillaume)
Colin (Louis)
Coppée (François)
Corneille (P.)
Cotin (l'abbé)
Daudet (Alphonse)
Deschamps (Antoni)
Deschamps (Emile)
Deshoulières (Mme)
Des Portes (Philippe)
Dottin (Henri)
Drelincourt (Laurent)
Durant (Gilles)
Fertiault (F.)
Fontenelle (de)
Fréchette (Louis-H.)
Garnier (Georges)
Gaudin (Paul)
Gautier (Théophile)
Gères (Jules de)
Godeau (l'abbé)
Gombaud (de)
Gomberville (de)
Gramont (F. de)
Grécourt (J. de)
Guttinguer (Ulric)
Hervilly (Ernest d')
Hesnault (J)
Hugo (Victor)
Jamin (Amadis)
Jessée (Jean de la)
Jodelle (Estienne)
Juvigny (Adrien)
L. (le comte de)
Labé (la Belle Cordière)
La Boétie (de)
Lafond (Ernest et Edmond).
La Fontaine (Jean de)
La Fresnay (Vauquelin de)
La Monnoye (B. de)
Laprade (Victor de)
La Motte (Houdar de)
Larivey (Pierre de)
Lasphrise (de)
Latour (Antoine de)
Laugier de Porchères
La Vallière (Mlle de)
La Vigne (Anne de)
Leconte de Lisle
L. D. (Ph.)
Le Petit (Claude)
Lombard
Louis XIV (prêté à)
Magny (Olivier de)
Mairet (Jean de)
Malherbe
Malleville (de)
Manuel (Eugène)
Marot (Clément)
Maynard (François de)
Ménage
Méry
Méziriac (Bachet de)
Modène (comte de)
Molière
Monavon (Gabriel)
Monselet (Charles.)
Montreuil (Mathieu de)
Murger (Henri)
Musset (Alfred de)
Nevers (le duc de)
Nodier (Charles)
Notre-Dame (César de)
Orléans (Charles d')
Pascal (Jacqueline)
Pasquier (Estienne)
Pasquier (E., petit-fils)
Passerat (Jean)
Pellisson
Pommier (Amédée)
Poupo (Pierre)
Racan (de)
Racine (Jean)
Racine (amis de)
Ragueneau
Rancé (l'abbé de)
Régnard
Régnier (Mathurin)
Régnier-Desmarais
Rességuier (Jules de)
Rességuier (Paul de)
Rochefort (Henri de)
Roches (Catherine des)
Ronsard (P. de)
Roumieux (Louis)
Rousseau (J.-B.)
Saint-Amant
Sainte-Beuve
Saint-Evremond
Saint-Gelais
Saint-Henry (Sylve de)
Sainte-Marthe (Sc. de)
Saint-Pavin
Sarrazin
Scarron
Schelandre (J. de)
Sorel (Charles)
Soulary (Joséphin)
Soumet (Alexandre)
Sully Prudhomme
Tabourot (S. des Accords)
Tahureau (Jacques)
Tayssonnière (G. de la)
Théophile de Viau
Theuriet (André)
Thyard (Pontus de)
Tristan l'Hermite
Urfé (Honoré d')
Veuillot (Louis)
Veyrières (Louis de)
Vibert (Théodore)
Vignes (Pierre des)
Vigny (Alfred de)
Voiture (Vincent)
Inconnus
TABLE
PRÉFACE
CHAPITRE PREMIER. Règles du Sonnet
CHAPITRE DEUXIÈME. Origine et histoire du Sonnet
CHAPITRE TROISIÈME. Sonnets du xvie et du XVIIe siècles.
CHAPITRE QUATRIÈME. Sonnets modernes
CHAPITRE CINQUIÈME. De la rime du Sonnet
Appendice. - Sonnets inédits
Le monde
Cornélie
Le demi-réveil
Le ciel agité
Sonnet de sainte Thérèse
L'arrière-saison
A Phyllis
Fantaisie
La rose sauvage
Retour à Dieu
Le bouquet
Vir Bonus
Servum Pecus
La lutte
Aspiration
Utile dulci
Un histrion
Idania
Une émotion de Diderot
Ma retraite
Le château de Vongnes
Les jaloux
Mlle Deschamps
A Mme Eyr
Au chanoine Martin
Al canonico Martin
A Mlle Cordier
Les farouches béats
Colloque avec ma Muse
Errata
Index des Sonnets curieux et des Sonnets célébrés
Index des Sonnettistes admis dans ce recueil