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RESUME
Dans la présente communication, on s’intéresse à l’étude de la
fondation du siège des chèques postaux de Tunis (près de
l’avenue Med V), un bâtiment à dix niveaux (sous-sol, rez de
chaussée, huit étages). Le mode de fondation retenu pour
l’exécution de ce bâtiment est celui de pieux du type « foré-
boue », de diamètre 1 m, atteignant la profondeur de 52 m,
dont le coût s’élève environ à 40 % de celui du projet. Cette
solution onéreuse a été dictée en raison des tassements
inadmissibles compromettant la stabilité de l’ouvrage à long
terme. Cependant, en se référant à la descente des charges de la
structure, le bâtiment transmet une contrainte au sol quasi-
uniforme de l’ordre de 90 kPa. Dans une telle circonstance, et
en vue de proposer une solution de fondation à coût
raisonnable, la technique de renforcement par colonnes
ballastées s’avère efficace et faisable. Cette technique conduit
à une réduction significative du tassement à une valeur
admissible. Le recours à cette solution conduirait à une
réduction de l’ordre de 10 % du coût du projet.
1. INTRODUCTION
où :
pl : la pression limite équivalente du sol de fondation.
k0=0,5. désigne le coefficient de pression latérale des terres au repos
kp : le facteur de portance de Ménard, égal à 0,8, pour D/B=0,1
q0 et u sont respectivement la contrainte verticale (due au poids des terres) et la
pression interstitielle au niveau de l’assise de la fondation.
* G’
B= 30 m G
L=45 m
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2.2. Estimation du tassement du sol non renforcé
2.2.1. A l’aide de la méthode pressiométrique
Par cette méthode, le calcul du tassement du sol non renforcé (comportement
non drainé), tel que décrit dans [2], pour une fondation rigide, conduit à la valeur de 22
cm au niveau du point G (figure1).
C ci 'oi ch
si Hi log '
(2)
1 e 0i c
Le sol sous la fondation est découpé en sous-couches de même épaisseur Hi=10m
chacune. Le tassement sera calculé au milieu de chaque sous-couche, où la contrainte
due au chargement est notée ch ; la contrainte effective est ’0.
La valeur ch tient compte de la décharge effectuée sur trois mètres (estimée à 40 kPa)
pour réaliser le sous-sol du bâtiment.
Dans le tableau 1 sont résumées toutes les données permettant l’estimation du tassement
de consolidation.
sous- HiCc ’0 ch ch Tassement Tassement
couche 1 e 0 (kPa) (kPa) (kPa) dans l’axe au bord
s (axe) (au bord) (cm) (cm)
n°
1 0,561 32,8 83 20 30,0 11,9
2 0,561 133,5 64 16,5 9,5 2,84
3 0,561 226 44 11 4,3 1,16
4 0,561 311,5 24 6 1,8 0,4
Par la méthode oedométrique, le tassement à long terme du sol non renforcé est
l’ordre de 45cm, dans l’axe de la fondation, alors qu’au bord du radier, il est de 16.3 cm.
Compte tenu de ces valeurs du tassement, il y a un risque de basculement du bâtiment
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tel qu’il l’a été observé pour d’autres constructions dans la même région (cas d’un
bâtiment sis à la rue Zaghloul devenu non exploité à un certain moment).
Ces tassements sont inadmissibles pour garantir une stabilité suffisante de l’ouvrage à
long terme, d’où la nécessité de recourir à un autre mode de fondation, tels que les pieux
reposant sur un substratum, c’est la solution qui a été retenue pour la construction de ce
bâtiment. Cependant, il est opportun d’étudier la solution de renforcement du sol par
colonnes ballastées qui permettra, notamment, de réduire les tassements prévisibles à
des valeurs admissibles.
s
où : K p tg 2 = 4 K ps tg 2 =1 (s=0)
4 2 4 2
Cc (s) et c (s) désignent la cohésion et l’angle de frottement du matériau constitutif des
colonnes (respectivement du sol initial). Pour des mesures de sécurité, on prendra C=0,
pour le tout-venant.
La valeur de la résistance au cisaillement non drainée du sol Cs est obtenue, lorsque la
pression limite nette est inférieure à 300 kPa, à partir de la corrélation proposé par Amar
& Jézéquel, (1972) :
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pl p0
Cs (bars) (8)
5,5
Compte tenu des données géotechniques, on a Cs= 29 kPa.
A partir de l’expression (5), on détermine la contrainte admissible du sol renforcé, tel
que proposé par Bouassida et col (1999) :
c
q adm 1 s (9)
2 3
Soit en utilisant (6), on aura : q adm 3,84 0,83 1
Une contrainte admissible du sol renforcé de l’ordre 120 kPa est atteinte pour la
valeur minimale du coefficient de substitution du sol égale à min=0,13. En fonction des
paramètres géotechniques du matériau constitutif du sol renforcé, la variation de la
contrainte admissible, correspondant à l’équation dans (9) du sol renforcé en fonction
du facteur de substitution du sol est représentée sur la figure 2 :
260
240
220
200
qadm (kPa)
180
160
140
120
100
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
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B0= 0,6m, B=30m, c=1,1, d=1,12 sont les coefficients de forme.
EA est le module du sol renforcé correspondant au domaine sphérique tel que
défini par Amar et Col (1995).
Vase grisâtre
coquillière Domaine
sphérique
Domaine
déviatorique
Argile grisâtre
vaseuse
Tuf blanchâtre
S g 10.S c
Emoy désigne le module pressiométrique moyen : E moy E 0
Sg Sc
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de
e
de=1,13 e
Fig.4. Emplacement des colonnes sous la fondation
q
donc : s r H r 2,9 cm
E éq
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4. APERÇU SUR LE MODE D’EXECUTION DES COLONNES BALLASTEES :
Pour le projet étudié, en vue de ne pas recourir à un procédé nécessitant
l’acquisition d’un matériel nouveau, le procédé retenu pour l’exécution des colonnes
ballastées est similaire à celui testé avec succès en Inde appelé « puits ballastés », Datye
et col (1981). C’est un procédé qui consiste à utiliser un tubage introduit par fonçage
jusqu’à la profondeur voulue, qui est 10 m pour le projet étudié.
On procède ensuite à l’excavation du trou de forage à l’aide d’un godet, puis, on
déverse le matériau d’apport, qui sera compacté à l’aide d’un mouton en trois phases. La
récupération du tubage en entier se fait après remplissage avec le matériau compacté.
Lors de l’exécution de la colonne, on procède à un contrôle du degré de compacité de
son matériau constitutif au tiers et aux deux tiers de sa longueur (figure 5).
godet mouton
tubage
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Par rapport aux procédés vibratoires, celui des puits ballastés est le plus économique.
Après exécution de l’ensemble des colonnes ballastées, on procédera à la mise en place
d’une couche drainante, d’épaisseur 30 à 40 cm, constituée de préférence par le même
ballast constitutif des colonnes. Cette couche joue le rôle d’un tapis drainant permettant
l’évacuation des eaux récupérées à partir des colonnes ballastées suite à la consolidation
du sol.
5. ESTIMATION DU COUT :
Elle est détaillée dans [11]. Pour le lot fondation (y compris les ouvrages
enterrés), le coût des pieux au nombre de 69 est de l’ordre de 1310330 dinars. Alors que
pour les colonnes, en tout-venant au nombre de 486, le coût est de l’ordre de 717810
dinars ( en raison de 87,11 dinars le mètre linéaire). Soit une réduction de 37 % de gain
sur le coût de la fondation et de 11 % de gain sur le coût de l’ouvrage.
6. CONCLUSION
L’analyse du projet de fondation du siège de des chèques postaux au centre de
Tunis a permis de vérifier l’intérêt économique, que présente la technique de
renforcement par colonnes ballastées par rapport à celle de fondation sur pieux du type
« foré-boue ».
L’étude de ce cas incite à envisager davantage le renforcement de la vase de Tunis par
colonnes pour tout type d’ouvrage (remblai, bâtiment, ouvrage d’art…), en raison des
avantages qu’elle procure : à savoir l’augmentation de la capacité de portance, la
réduction notable du tassement tout en évitant le tassement différentiel et l’accélération
de la consolidation, tel qu’il l’a été confirmé à travers les expériences menées dans
plusieurs pays.
REFERENCES :
[1] Amar S. , Jézéquel J. (1972), « Essais en place et en laboratoire sur sols cohérents,
comparaison des résultats », Bull. Liaison L.C.P.C., n° 58, pp 97-108.
[2] Amar S. et col. (1995), «Utilisation des résultats des essais pressiométriques pour le
dimensionnement des fondations en Europe, 1ère partie ». pp 25-47
[3] Bouassida M. (1998), « la détermination de la capacité portante des sols renforcé par
colonnes », les Annales de l’Equipement, vol VIII, n°2, pp 55-74.
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[4] Bouassida M., Hatira M. (1999). « Modèle de dimensionnement d’une fondation sur
sol renforcé par colonne », séminaire « la stabilisation et le renforcement des sols»,
ISET Sfax et Radès, Hammamet, 02 et 03 février.
[5] Bouassida M. , Guetif Z. , P. de Buhan, L. Dormieux, (1999), « estimation du
tassement d’un sol renforcé par un groupe de colonnes en élasticité linéaire », Rapport
interne. 99 /UR/11-10 (ENIT)-CERMMO (ENPC).
[6] Bouassida M. (2000), Bearing capacity of soils reinforced by floating columns »,
Proc. 4 th Int GIGS., Helsinki-7-9 juin, pp 439-448.
[7] Costet J., Sanglérat G., (1983), « Cours pratique de mécanique des sols ». « Calcul
des ouvrages » Edit. Dunod.
[8] Datye K. R., Nagaraju S. S., (1981), « Design approach and field control for stone
columns», Proc. 10 th I.C.S.M.F.E., Stockholm, vol 3, pp 637-640.
[9] Documents Techniques Unifiés, Travaux de fondations profondes pour le bâtiment
[10] Fascicule 62, titre II, (20 Décembre 1993).
[11] Moussa Néjib, (2000). « Etude comparative de différents modes de fondations »,
Projet de fin d’études ; département de génie civil, ENIT.
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