SUJET :
L’ACCES AUX SERVICES FINANCIERS DECENTRALISES
PEUT-IL ETRE LE SOCLE DE LA LUTTE CONTRE LA
PAUVRETE ? (CAS DU SENEGAL)
i
Je dédie ce mémoire à tous ceux qui sont pauvres, afin de les encourager à considérer que la
pauvreté n’est pas un vice. Qu’ils se rendent compte que c’est un état qui, parfois, ne
dépend pas d’eux, mais dont on peut sortir.
Ce qui aide pour éliminer la pauvreté n'est pas d'avoir à l'esprit des images de pauvreté,
mais de faire entrer des images de richesse dans l'esprit des pauvres .
ii
REMERCIEMENTS
à mon père et ma mère, qui m'ont comblé de leur soutien et m'ont voué un amour
inconditionnel. Vous êtes pour moi un exemple de courage et de sacrifice continu.
à mon Directeur de Mémoire, M. ALIOU SY, qui m’a encouragé à réfléchir sur mon
sujet de mémoire ; merci à lui de s’être dégagé de ses lourdes responsabilités pour
m’encadrer ;
Mes remerciements vont aussi à tous ceux qui, financièrement, moralement ou d'une autre
manière, ont contribué à la réalisation de ce travail, et dont je n’ai pas mentionné les noms.
Qu'ils trouvent ici l'expression de ma sincère gratitude.
iii
SOMMAIRE
RESUME………………………………………………………………………………………i
DEDICACE………………......……………………………………………………………….ii
REMERCIEMENT……………...…………………………………………………………iii
LISTE DES TABLEAUX…………………………...…..…………………………………vi
LISTE DES ETUDES DE CAS……………………………………………………………vi
LISTE DES GRAPHIQUES…………………...………………………………………….vi
LISTE DES ABREVIATIONS…………………………......…….……………………..vii
INTRODUCTION GENERALE…..……………….. ……………..………………………1
PREMIER PARTIE : CADRE THEORIE…..…………………………………………....5
CHAPITRE1 : REVUE DE LA LITTERATURE……………………………………..5
1. Définition de la micro finance………..…………….…………………………….…7
2. Système financier décentralisé…………………..……………………………….…7
3. Le microcrédit………………………….……………………………………………8
4. L’épargne…………………………………………………………………………….8
5. La micro finance dans le monde……………………………………………………8
6. La micro finance en Afrique de l’Ouest……………………………………………9
7. La micro finance au Sénégal………………………………………………………..10
7.1. L’historique de la micro finance au
Sénégal……………………………………....10
7.2. L’évolution du secteur de la micro finance au Sénégal………………….….
…….11
7.3. Classification par région à l’accès des SFD au Sénégal entre 2014 et
2015……...12
7.4. L’enjeu du secteur de la micro finance au
Sénégal………………………………..13
7.5. Cadre réglementaire régissant les SFD au Sénégal…………………………..
……14
v
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution des SFD agréés de 2012/2013
Tableau 2 : Quelques chiffres clés du secteur
Tableau 3 : Indicateurs clés par région et par zone de résidence
Tableau 4 : évolution de la productivité de crédit en millions de F CFA
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
ACDI : Agence Canadienne de Développement International
ACEP: Alliance de Crédit et d’Épargne pour la Production
AFD : Agence Française de Développement
AFSSEF: Accès des Femmes Sénégalaises à des Services Financiers
APSFD: Association Professionnelle des Systèmes financiers décentralisés
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
CAURIE : Caisse Autonome pour le Renforcement des Initiatives Economiques
CLEC : Caisses Locales d’Epargne et de Crédit
CMS : Crédit mutuel du Sénégal
DID : Développement International Desjardins
DMF : Direction de la Micro-Finance
DSRP: Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
EDS : Enquête Démographique et de Santé
F CFA : Franc Communauté Financière Africaine
FIDA : Fonds International de Développement
FIDES : Facturation Individuelle des Etablissements de Santé
IFM : Institut Financier de la Microfinance
IMCEC : Institutions Mutualistes Communautaires d’Epargne et de Crédit
IMCEC : Institutions Mutualistes Communautaires d’Epargne et de Crédit
MECAP : Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Agents du secteur Public et
Parapublique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation Non-Gouvernemental
ONU : Organisation des Nations Unies
PAMECAS: Partenariat pour la Mobilisation de l'Épargne et le Crédit Au Sénégal
PAR : Portefeuille à Risque
PARMEC : Programme d’Appui à la Réforme des Mutuelles d’Epargne et de Crédit
PLCP : Programme de lutte contre la pauvreté
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD : Programme des nations unies pour le développement
SFD : Système Financier Décentralisé
TPE : Très Petites Entreprises
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
U-IMCEC : Union des Institutions Mutualiste et Coopératives d'Épargne et de Crédit
URMECS : Union Rurale des Mutuelles d’Epargne et de Crédit du Sénégal
vii
INTRODUCTION GENERALE
L’accès au financement des ménages et des entreprises (PME) est l’une des conditions
nécessaires au développement économique d’une nation. Pour Desai et Mellor (1993) et la
Banque Mondiale (2000), le développement est impossible sans un système financier efficace
et accessible. La finance facilite l’intermédiation financière entre unités de production
excédentaires et déficitaires, entre saisons, entre années, entre régions et entre sous-systèmes
économiques (Khandker, 1998). Pour Stiglitz (2000), le système financier est en plus de la
propriété privée et du système juridique, l’une des trois institutions du noyau d’institutions qui
permettent au libéralisme de fonctionner. C’est pourquoi la première littérature sur les
systèmes financiers considère qu’une politique monétaire et financière, modérément
expansionniste, mais régulée stimule la croissance économique et un niveau d’emploi plus
élevé et plus stable. L’importance qu’accordent les économistes à l’accès au financement
explique en partie le fait que la micro finance soit devenue l’un des principaux palliatifs à
l’échec social des programmes d’ajustement structurel dans les pays en voie de
développement. Ainsi, parmi les mesures incitatives en vue de remédier à cet échec, on note
depuis le début des années 90, l’émergence d’expériences de projets et programmes à volet
microcrédits visant à atténuer la pauvreté. Ces programmes se sont assignés pour mission de
fournir des services financiers de proximité aux populations démunies qui n’ont pas accès au
financement bancaire et de promouvoir les activités génératrices de revenus au sein de ces
populations. De ce fait, depuis quelques années, la micro finance est l'une des rares politiques
clairement identifiée dans les DSRP pour réduire la pauvreté.
Pourtant, l'idée de faciliter l'accès au crédit des populations pauvres n'est pas nouvelle.
Comme le souligne Morduch (1999), elle était même l'un des éléments centraux des stratégies
de développement mises en œuvre par de nombreux pays en développement dès les années
1950 et jusque dans les années 1980. Or, la plupart des expériences de programmes de micro-
finance menées au cours de cette période se sont soldées par des échecs soit pour raison de
taux de remboursement très faibles, ou d'une forte dépendance aux financements extérieurs ou
pour raison de mauvaise gestion.
Au Sénégal, certains SFD offrent des produits spécifiques aux petites et moyennes
entreprises et aux salariés. Pourtant la vocation de ces institutions c’est le financement des
populations pauvres qui n’ont pas accès aux services financiers bancaires. Cela pose la
problématique du choix de la cible idéal, de la qualité des services et du risque de dérive de
mission. Alors, au regard de ce qui précède, la micro finance contribue-t-elle à l’amélioration
des conditions de vie des membres ? Atteint-elle les plus pauvres ?
De façon spécifique, il s’agira de répondre aux questions suivantes : Que signifie la micro
finance ? Contribue-t-elle à faire sortir durablement ses bénéficiaires de la pauvreté ? Que
revêt la notion de pauvreté ?
3
Quel est l’impact de la qualité des services dans la vie sociale et économique de la
population ?
Généralement les pauvres n’ont pas accès aux services bancaires classiques. La micro finance
apparait comme un levier de développement en leur accordant des microcrédits, leur
permettant de créer des activités créatrices de revenus. D’où notre thème « l’accès aux
services financiers décentralisés peut-il être le socle de la lutte contre la pauvreté ? ». Selon
notre première hypothèse, la micro finance contribue à lutter contre la pauvreté à travers les
services financiers adaptés aux personnes exclues des services bancaires classiques.
L’envahissement des SFD par des gros clients les contraint à reléguer les personnes
vulnérables en dernier plan. Le caractère social disparait au profit de la recherche du
maximum de profit. De ce fait, notre deuxième hypothèse soutient que la micro finance n’est
pas un outil idéal de lutte contre la pauvreté. Notre travail est ainsi structuré. Dans la première
partie de l’étude, il sera question de présenter le cadre théorique qui comporte deux chapitres :
définir au chapitre 1, les concepts liés à la micro finance ainsi que la pauvreté au Sénégal en
chapitre 2. La seconde partie portera sur le cadre pratique. Comprenant aussi deux chapitres :
la méthodologie de la recherche en chapitre 1 et le chapitre 2 qui présentera les résultats et les
recommandations pour améliorer la qualité des SFD en matière de réduction de la pauvreté.
3
PROBLÉMATIQUE
L’une des contraintes à l’atteinte de cet objectif est certainement l’absence des services
financiers inclusifs et donc la capacité de susciter une autopromotion par les activités
génératrices de revenus. Le secteur financier inclusif pouvant permettre l’accès d’une majorité
de la population aux services financiers, la micro finance est apparue comme un support
essentiel à la réduction de la pauvreté dans les pays en voie de développement. Par contre, ces
microcrédits n’ont pas encore permis d’améliorer la scolarisation des enfants ; la
problématique de l’accès à l’eau potable et à l’électricité reste non résolue ; la capacité
d’épargne et d’investissement ainsi que l’indépendance des débiteurs vis-à-vis du créancier
n’ont pas été assurées. Or, la problématique de la pauvreté s’apparente au manque de moyens
financiers. La population dispose d’immenses atouts et pleine d’initiatives dont la mise en
œuvre est handicapée par le manque de capital et le manque d’accès au marché financier.
L’insuffisance d’institutions bancaires ou leur inexistence pure et simple dans plusieurs
localités du pays, le dysfonctionnement de ce circuit et l’impossibilité d’y accéder pour la
majorité de la population sénégalaise est une réalité qui aggrave l’état de la pauvreté.
A la recherche de solution pour la survie, la population du Sénégal, surtout de la campagne se
livre à des activités du secteur informel (artisanat, petit commerce, agriculture,…) presque
sans encadrement ni soutien de l’Etat, ou de tout autre organisme. La micro finance surgit sur
ce terrain fertile comme une alternative apparemment salvatrice. Les hommes et les femmes
s’y livrent, parfois sans réflexion, comme poussés par cette croyance populaire selon laquelle
« qui ne risque rien n’a rien ». Mais, malheureusement la mesure du risque n’est pas toujours
prise de manière suffisante. Et l’Etat revient à la charge, tente d’organiser et de réglementer ce
secteur de la micro finance qui octroie de petits crédits à la population de manière plus facile
et plus inclusive que les banques traditionnelles. En outre, notre constat est également que
malgré la présence d’un certain nombre d’instituts de micro finance, la pauvreté semble
toujours présente.
OBJECTIF
L’objectif général de notre étude est de montrer l’impact réel de la micro finance à travers la
qualité des services dans la vie des Sénégalais sur le plan économique et social. De façon
spécifique, montrer le rôle de la micro finance, montrer la situation réelle de la pauvreté au
Sénégal. Cette étude est d’une grande importance pour le public et les acteurs du secteur de la
micro finance, car elle permet de mieux apprécier l’efficacité de la micro finance dans la
réduction de la pauvreté. Quant aux bénéficiaires des services et produits des SFD, cela leur
servira de source d’information afin de mieux appréhender la situation et de revendiquer au
mieux les meilleurs qualités de prestations de services.
INTERET ET JUSTIFICATION DU THEME
Le choix de ce sujet nous a été dicté par la situation économique du Sénégal avec comme
corollaire la pauvreté entrainant la difficulté des conditions de vie, la vulnérabilité, le manque
d’accès aux services sociaux de base, etc.
L’intérêt scientifique de notre travail est de contribuer à la compréhension du phénomène de
la pauvreté et du mécanisme de sa réduction par l’accès aux services financiers décentralisés
comme outil privilégié à la portée de l’Etat et des populations les plus démunies sur le plan
social, il pourra aider :
3
Les IMF à améliorer leurs méthodes de travail et bénéficier davantage du capital de
confiance populaire en apportant le plus de services à leurs clients ou membres et en
exploitant pleinement le potentiel du marché.
Et les bénéficiaires des microcrédits à comprendre le bien fondé du crédit et le
meilleur moyen de son bénéfice qui passe par une orientation par objectif de crédits
obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci.
3
PREMIER PARTIE : CADRE
THEORIQUE
La tendance positive
La tendance positive des incidences des programmes de microcrédit renvoie aux observations
et aux résultats d’études qui concluent que les IMF sont bénéfiques pour les participantes et
les participants. Les études d’impact de cette catégorie se sont le plus souvent employées à
collecter des données quantitatives telles que le nombre de bénéficiaires, l’augmentation des
revenus des bénéficiaires, les taux de remboursement, le nombre et les montants de prêts
octroyés par le programme de microcrédit.
À l’issue d’une série d’études d’impacts des actions de programmes de microcrédit établis
dans sept pays (Bangladesh, Bolivia, India, Indonesia, Kenya, Malawi and Sri Lanka), Hulme
et Mosley (1996) ont constaté que l’intervention des IMF a eu des incidences positives sur la
vie des bénéficiaires. L’analyse des chercheurs s’est basée sur deux enquêtes menées en 1989
et 1993 sur un échantillon aléatoire de 150 emprunteurs qui ont été comparés à un groupe de
non-emprunteurs ayant les mêmes caractéristiques en termes de conditions de vie (niveau de
revenu, nombre d’actifs, accès aux infrastructures). Les résultats ont révélé que le revenu des
emprunteurs avait évolué plus que ceux des non emprunteurs. Cette augmentation tournait
autour de 10 à 12 % en Indonésie et de 30 % au Bangladesh et en Inde. Les chercheurs
constatent aussi que les revenus des emprunteurs non pauvres avaient cru plus que le revenu
des emprunteurs qui sont en dessous du seuil de pauvreté (Hulme et Mosley, 1996). Selon
Mahammed AMINE BENJELLOUN le microcrédit est à lui tout seul, une stratégie de lutte
contre la pauvreté solide et fiable, malgré les difficultés qu’affrontent différentes associations
et fondations dans les initiatives (de la lutte contre la pauvreté) au Maroc.
Agathe KALINDE MAKETA confirme dans son travail de fin de cycle sur le microcrédit et
la lutte contre la pauvreté, cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani que les
microcrédits accordés par le bureau Diocésain de Développement aux femmes maraîchères de
Kisangani ont produit des effets rentables pour leurs bénéficiaires qui arrivent à nourrir,
scolariser et soigner leurs familles.
3
Les enquêtes de la seconde période (1998-99) consolident les observations des enquêtes de
1991-92. Deux observations principales se dégagent de l’analyse des données de cette
dernière enquête. En effet, les données révèlent que lorsque les femmes accèdent aux crédits,
on observe une augmentation de la consommation du ménage ce qui n’est pas le cas lorsque
ce sont les hommes. Deuxièmement, une diminution de la pauvreté chez les récipiendaires de
crédits de l’ordre de 8,5% a été enregistrée chez les emprunteurs entre 1991-92 et 1998-99.
L’extrême pauvreté aurait quant à elle diminué de 18 % pour la même période (Khandker,
2003)
L’analyse effectuée par Pitt et Khandkher (1998) sur les mêmes données établit des liens
positifs entre la participation aux IMF et l’amélioration des indicateurs en éducation. En effet,
les auteurs notent une incidence positive de la microfinance sur la scolarisation des filles et
des garçons (Pitt et Kandkher, 1998 : 986).
La tendance négative
La tendance négative regroupe les recherches dont les résultats ont plutôt mis en avant les
effets négatifs tant du point de vue économique, social et politique des microcrédits sur les
bénéficiaires.
La pratique de la micro finance est officiellement liée à la lutte contre la pauvreté. Toutefois,
des chercheuses et chercheurs mettent en doute la prétendue capacité des programmes de
microcrédit à réduire de manière significative la pauvreté des populations bénéficiaires de
microprêts. Parmi eux, certains remettent en cause la capacité des programmes de microcrédit
à résoudre, à eux seuls, les problèmes de pauvreté des pays du Sud. Servet par exemple,
estime que, si la microfinance avait les vertus qui lui sont prêtées, le Bangladesh, qui compte
environ 12 millions de clients d’IMF, serait sorti du groupe des pays les « moins avancés »
(Servet, 2006b : 3). À son avis, « pour éradiquer la pauvreté, il faudrait une volonté bien plus
forte que de petits prêts, il faudrait une microfinance qui échappe aux préceptes néo-libéraux
et des interventions considérables notamment dans les domaines de la santé, de la formation et
des communications » (Servet, 2006 : 1).
Les conclusions auxquelles est parvenue la recherche menée par Amin et al. au Bangladesh,
portant sur la comparaison de deux villages desservis par des IMF fut à l’effet que le
microcrédit pouvait potentiellement aider les pauvres, mais pouvait aussi avoir des effets
négatifs sur les plus vulnérables, c’est-à-dire les individus qui éprouvent plus de difficultés à
faire face à la variation de leur revenu. (Amin et al. 2003 : 59).
Joujou MENNIKO NDIBO a constaté pour sa part, que les institutions de microfinance n’ont
pas permis la croissance des PME par une augmentation de capital de base de microcrédits
octroyés. Au contraire, ces crédits ont une allure croissante tandis que les remboursements ont
baissé pendant la même période, signe que l’obtention de crédit n’a pas favorisé
l’accroissement de capital, encore moins le pouvoir d’investissement de leurs bénéficiaires.
Notre point de convergence avec ces auteurs se situe au niveau de notre thème
qu'est « l’accès aux services financiers peut-il être le socle de la lutte contre la pauvreté ».
Autrement dit, la question commune qui nous préoccupe consiste à examiner si la
décentralisation des services financiers peut être le levier de la lutte contre la pauvreté.
3
1. Définition de la micro finance :
Mot composé de deux termes clés, la micro finance pourrait être entendue dans l’esprit du
Dictionnaire le Petit Robert selon le sens de chacune de ses composantes. D’abord Micro
dérivé du grec MIKROS qui signifie petit. Et Finance qui signifie ressources pécuniaires, de
l’argent.
La micro finance est un phénomène au plan historique. Si l’on se réfère à son expérience la
plus médiatique, ses débuts remontent en 1976, l’année de création de la Grameen Bank est
venue de Muhammad Yunus, lorsqu’il prêta de sa poche l’équivalent de 26 dollars à 42
femmes exploitées rempailleuses des chaises. Face à leur enthousiasme et au fait qu’elles
remboursent toutes leur prêt au délai prévu, il décida d’étendre son système à plusieurs
villages du Bangladesh. En 1983, l’institution devient une banque. Sous l’effet d’une
médiatisation croissante, la micro finance est entrée dans le domaine public, diffusant un
certain enthousiasme auprès des intervenants du développement international.
Selon (SINE.NDE.2008 :4) « La micro finance est ainsi vue comme un outil transversal qui,
par effet d'entraînement, peut avoir des impacts sur différents aspects du développement et
pas seulement sur les activités économiques. En effet, les créations d'activités et de revenus
peuvent induire des changements dans les comportements de ceux qui en bénéficient ».
Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro finance se
confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits
crédits (microcrédit) à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités
productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites
entreprises.
Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le
monde, y compris dans les pays développés, la micro finance s'est élargie pour inclure
désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent
etc.) et une clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la micro finance ne se limite plus
aujourd'hui qu'à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de
produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.
L'expérience montre que la micro finance peut aider les pauvres à augmenter leurs revenus,
créer des entreprises viables et sortir ainsi de la pauvreté.
Elle peut également constituer un puissant instrument d'émancipation en permettant aux
pauvres, et en particulier aux femmes, de devenir des agents économiques du changement. En
effet, en donnant accès à des services financiers, la micro finance joue un rôle important dans
la lutte contre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Par exemple, les revenus générés
par une activité non seulement permettent à cette activité à se développer mais ils contribuent
également au revenu du ménage, et par là même à la sécurité alimentaire, à l'éducation des
enfants, à la prise en charge des soins de santé, à l'amélioration de l'habitat, etc.
3. Le microcrédit
Selon Guérin, « Le microcrédit est une composante de la micro finance, défini comme
l’ensemble des services financiers (crédit, épargne, assurance, transferts de fonds pour les
migrants), généralement de faible montant, destinés aux populations exclues des institutions
financières classiques »
4. L’épargne
L’épargne est considérée comme la part du revenu non consommé autrement dit, il est gardé
sous réserve dans des établissements financiers (moyennant des intérêts) en général telles que
les institutions de micro-finance. Ces dernières distribuent une partie de ces fonds sous forme
de crédit permettant ainsi aux individus en besoins de financement de mener leurs activités
économiques.
7. LA MICROFINANCE AU SENEGAL
La micro finance au Sénégal est marquée essentiellement par trois périodes. Elle marque
l’apparition de la micro finance, sa croissance fulgurante, et sa phase de consolidation. Mais
quelle place occupe-t-elle actuellement au Sénégal ? La réponse à cette question nous
amènera à montrer l’évolution du secteur de la micro finance au Sénégal.
3
contrôles efficaces du personnel des réseaux, la recherche d’un meilleur équilibre
institutionnel et financier (SAVADOGO.soum.2014 : 15).
7.3. Classification par région à l’accès des SFD au Sénégal entre 2014 et 2015
Selon la DRS des SFD le secteur de la microfinance reste dominé par la région de Dakar qui
totalise, en 2015, 44,8% du sociétariat national, 49,3% de l’épargne totale et 42,3% du
montant total de l’encours de crédit. Cette région est également le siège de cent vingt-quatre
(124 SFD dont, cinq (05) faitières, cinquante (50) IMCEC affiliées, soixante-quatre (64)
IMCEC non affiliées et cinq (05) sociétés commerciales.
La région de Thiès avec 18,8% du sociétariat, 17,0% de l’épargne et 16,7% de l’encours de
crédit, vient en deuxième position en accueillant les sièges de cinquante-six (56) SFD et
faitières.
Le reste des régions enregistrent des parts inférieures à 10% du sociétariat, de l’épargne et de
l’encours de crédit au niveau national. Parmi elles, seules les régions de Kaolack, Saint-Louis,
Louga et Ziguinchor font ressortir des contributions dépassant 5% pour au moins un des
principaux indicateurs.
Selon le milieu de résidence, 90% du sociétariat est urbain sur la période 2014-2015. Quant
aux encours de crédit et d’épargne, ils tournent, en moyenne, autour de 95% des montants
globaux (voir le classement pour toutes les régions ci-dessous).
1. Notion de la pauvreté
Selon l'usage le plus courant, la pauvreté caractérise la situation d'un individu qui ne dispose
pas des ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une société et dans un
contexte qui caractérise cette société. La société peut lui fournir une assistance, ou devrait lui
3
fournir une assistance, pour tenir son rang. C’est donc une personne qui souffre d’une
insuffisance de ressources financières, matérielles affectant la nourriture, l’accès à l'eau
potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en général, mais également une
insuffisance de ressources intangibles telles que l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens ou encore le développement personnel. Cette
situation non-désirable et génératrice de souffrances touche des personnes isolées ou des
groupes, des segments de population dans les pays développés, une proportion importante de
la population dans certains pays en développement, et la majorité de la population des pays
les moins avancés, en Afrique notamment. Des analyses économiques et des débats portent
sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en œuvre pour la réduire :
économie du développement, aide sociale, contrôle des naissances, etc. Les termes misère,
précarité sont généralement des termes voisins ou connexes de la notion de pauvreté. La
pauvreté, prend un sens différent, voire vertueux, dans un contexte religieux ou spirituel :
Ainsi le vœu de pauvreté dans des ordres catholiques, défini la pauvreté comme : « la volonté
d'être plus libre par la renonciation aux « biens matériels », afin d'être en position optimale
d'écoute et de rencontre avec Dieu et le prochain ».
2. Types de pauvreté
On distingue deux types de pauvretés : la pauvreté relative et la pauvreté absolue.
3
CHAPITRE1 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Toute recherche en sciences sociales fait nécessairement appel à une méthode scientifique en
vue de produire des informations valides et fiables. Cependant, la rigueur et la fiabilité des
résultats obtenus exigent une démarche fondamentale constituée de différentes. Ainsi, dans le
cadre de notre travail, nous avons opté pour les étapes suivantes :
le choix du thème
la revue documentaire
le choix de la méthode et du type d’évaluation
les cibles d’enquêtes
l’échantillonnage
la collecte de données
le traitement et l’analyse de données
les difficultés et limites rencontrées
1. LE CHOIX DU THEME DE RECHERCHE
La réduction de l’extrême pauvreté et de la faim faisant partie des Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD), elle devient de ce fait une préoccupation majeure pour les
organismes de développement. La micro finance qui est un outil parmi tant d’autres
permettant d’atteindre cet objectif visé devient un secteur sur lequel se tournent les aspirations
des autorités publiques soucieuses d’améliorer la situation socio-économique des couches les
plus vulnérables, et ceci, particulièrement dans les pays en développement. Ainsi, diverses
structures qui mettent en avant l’accès aux services financiers naissent de part et d’autre.
Cependant, l’offre de ce type de services nécessite le respect de certaines normes à l’exemple
des normes déontologiques et des normes de gestion, surtout en matière d’épargne et de
crédit.
Au regard du nombre à croissance exponentielle des structures qui œuvrent dans cette lancée
d’après les statistiques données, il s’y impose une organisation et structuration et surtout des
appuis venant premièrement de l’Etat et éventuellement des partenaires extérieurs dans le but
de les rendre plus performants et de répondre aux besoins des populations qui en sont les
ultimes bénéficiaires. A cet effet, au Sénégal, il a été érigé un Ministère de l’Entreprenariat
Féminin et de la Micro finance avec une forte Direction (Direction de la Micro finance) dont
la vocation principale est d’assainir, de promouvoir et de restructurer le secteur de la micro
finance. Celle-ci s’est engagée dans cette dynamique à travers l’érection de la Lettre de
Politique Sectorielle qui renferme les lignes directrices du secteur. La promotion et la
restructuration de ce secteur passe par un encadrement et un accompagnement des Mutuelles
d’Epargne et de Crédit encore fragiles qui sont surtout les mutuelles isolées et dont on compte
un grand nombre dans la région de Kaolack plus précisément dans la commune, ville
économique très dynamique.
C’est pour cela que nous avons jugé utile de porter notre réflexion sur les apports de la DMF
dans le renforcement de la viabilité des Institutions de la Microfinance.
2. Revue Documentaire
Cette partie a consisté à consulter les différents ouvrages et documents étant en rapport avec
notre sujet d’étude. Ces écrits ont servi de guide, de moyens de clarification et de
compréhension du sujet. Ils ont également servi d’orientation dans la composition et la
3
structuration du travail à aborder. A cet effet, divers centres de documentation ont été visités,
à savoir : le Centre de Ressources et de Documentation en Micro finance où nous avons pu
consulter les ouvrages qui ont porté sur le thème de la micro finance en général et en
particulier sur la genèse de la micro finance, sa situation actuelle, ses perspectives. Entre
autres ouvrages consultés, nous pouvons citer les suivants : « microfinance et lutte contre des
services et amélioration des conditions de vie des bénéficiaires » de SAVADOGO, « Micro
finance en Afrique de l’Ouest : quelle viabilité ? » de Fodé NDIAYE », « le guide de la
microfinance : microcredit et épargne pour le développement » de Sébastien BOYE,
« microfinance et création de richesses : entre logiques et performances »de Ndeye SINE etc.
N’oublions pas la Direction de la Micro finance qui nous a fourni un certain nombre de
documents (Rapports et études réalisées) sur le secteur de la Micro finance au Sénégal. Ils ont
généralement porté sur les principales innovations, à savoir : la loi portant réglementation des
SFD au Sénégal, les règlements et principes de la micro finance, Lettre de Politique
Sectorielle etc. Ces documents ont été une bonne source d’informations pour notre travail car
nous permettant d’avoir une connaissance générale du secteur.
Nous avons également usé de certains sites internet comme Wikipédia, Google et le portail de
Micro finance qui sont venus renforcer nos informations concernant le secteur de la micro
finance au Sénégal.
3
situation ou de la problématique des potentialités et limites de la microfinance. Ils n’ont pas
non plus la même expérience, le même vécu, les mêmes informations, ni les mêmes
contraintes. Mais cette diversité de point de vue est une richesse pour l’analyse. C’est
précisément la confrontation des points de vue qui permet de mener à bien l’analyse et
d’avancer, non pas une vérité universelle
5. L’échantillonnage
L’échantillonnage est la sélection d’une partie dans un tout. Il s’agit d’une notion importante
en métrologie : lorsqu’on ne peut pas saisir un événement dans son ensemble, il faut effectuer
des mesures en nombre fini, afin de représenter l’événement.
La méthode
La technique de sondage, utilisée en particulier en sciences sociales mais pas seulement,
consiste à établir des mesures statistiques sur un échantillon seulement de la population
étudiée et à en étendre l'interprétation à la population elle-même. Les conditions de validité de
cette extension sont établies par la discipline mathématique des statistiques et des probabilités
L'incapacité à interroger toute la population pauvre nous a amené à choisir entre méthode
probabiliste et méthode non probabiliste. Du fait de l'avantage reconnu de la première
méthode (produire des échantillons représentatifs), nous avons arbitré en faveur de la méthode
qui nous éloigne le plus possible des risques plus élevés de biais et d' «erreurs
d'échantillonnage ».
De plus, l'avantage de la méthode probabiliste c'est qu'elle permet d'apprécier la marge
d'erreur si l'on est tenté par l'interprétation des résultats et la généralisation.
La technique d’échantillonnage
Ainsi donc la méthode choisie et la taille retenue, notre préoccupation a été également de
recourir à une technique qui donne à chaque élément de la population une chance égale d'être
inclus dans l'échantillon, et, en conséquence chaque combinaison possible ou nombre voulu a
le même degré de probabilité d'être choisi. Cette exigence est dictée, moins par la cible elle-
même qu'à l'intérêt qu'elle porte sur les services de la caisse. A partir de ce moment, il nous
été plus opportun de nous orienter vers l'échantillon de hasard simple. La technique du hasard
simple a consisté à mener les opérations suivantes :
1. Nous attribuons à chaque unité de la population pauvre un numéro. (Ceci a été rendu facile
par la taille de la population pauvre mais aussi grâce à l'outil informatique).
2. Les unités numérotées sont ensuite mises dans une caisse.
3. nous tirons enfin au hasard 150 unités qui vont constituer notre échantillon.
6. La Stratégie de collecte de donnés
Cette étape du travail nécessite des descentes sur le terrain en vue d’obtenir des informations
fiables. Elle a été réalisée grâce aux outils de collecte de données tels que l’entretien et le
guide d’entretien.
Le guide d’entretien
Les guides d’entretien qui sont au nombre de 2 ont été élaborés non seulement pour les
responsables des mutuelles enquêtées mais aussi pour les responsables de la DMF. Celui
destiné aux responsables des mutuelles nous renseigne sur l’identification des répondants
mais en grande partie sur le dynamisme économique et financier des dites structures et de leur
organisation même. Quant au guide des responsables de la DMF, il nous édifie en grande
3
partie sur la nature de l’encadrement qu’offre la DMF à travers son programme dédié aux
institutions de Microfinance.
Les entretiens
Ce fut le moment des rencontres et de larges discussions avec les personnes ciblées. Ces
dernières nous ont permis d’avoir des opinions diverses par rapport à l’encadrement de la
DMF surtout au niveau des mutuelles d’épargne et de crédit. Chaque personne avec laquelle
nous nous sommes entretenus a pu donner sa position. Quelques responsables de la Direction
de la Micro finance ainsi que les membres du programme mis en place nous ont édifiés sur la
nature de cet accompagnement ainsi que les activités réalisées surtout en termes de
renforcement des capacités. Ce qui a été vérifié et apprécié au niveau des responsables des
différentes mutuelles enquêtées. L’ensemble des idées recueillies a été très important pour
l’analyse des données.
L’observation directe
Cette dernière nous permet d’avoir des informations en plus de celles obtenues à travers le
questionnaire et le guide d’entretien. Grâce à notre présence sur les lieux, nous avons pu avoir
les informations par nous-mêmes, surtout en ce qui concerne la durée d’attente des clients
avant de se rendre à la caisse pour effectuer leurs opérations, le niveau d’équipement des
mutuelles , l’état des bâtiment, le nombre de caisses disponibles et bien évidemment l’effectif
du personnel.
7. Traitement et analyse des donnés
Le traitement et l'analyse des données ont suivi aussitôt l'étape de la collecte. L'élément ayant
servi de support pour le traitement et l'analyse des données est l'outil informatique. Les
données obtenues ont été classées, dénombrées puis ont servi de base dans la construction des
graphiques d'analyse des données recueillies.
Quant aux outils d'analyse statistique utilisés, il s'agit des graphiques et tableaux
confectionnés à partir des informations recueillies à l'issu des enquêtes d'une part, les résultats
de la recherche documentaire d'autre part.
Le traitement des données
Le traitement des données a consisté d'abord à faire le dépouillement des questionnaires.
L'opération a permis d'extraire les données et les regrouper par centre d'intérêts. Les données
recueillies ont permis de confectionner les tableaux et graphiques à partir du Logiciel Excel.
3
Les limites et les difficultés de la recherche n’ont pas manqué du fait des caractéristiques
inhérentes à toute œuvre humaine et particulièrement de l’activité de recherche.
Les difficultés
La première difficulté à laquelle on se heurte quand nous avons porté notre choix sur un sujet
aussi passionnant que le secteur de la microfinance c’était de savoir par où commencer, tant le
champ est vaste et peu familier pour nous.
Cependant, notre vif intérêt pour la recherche sur notre sujet« l’accès aux services financiers
décentralisés peut-il être le socle de la lutte contre la pauvreté ? » a eu raison de ces obstacles.
Passé cela, il nous fallait passer par une procédure administrative longue et non fructueuse
pour avoir l’aval de la première structure que nous avions ciblée pour y mener notre étude.
Cette impossibilité de mener le travail dans la première structure initialement ciblée nous a
même porté un grand préjudice quant à l’avancée de nos travaux, nous obligeant alors à nous
rabattre sur une autre.
Mais ces difficultés n’ont pas en réalité constitué de réelles limites pour la recherche que l’on
a entreprise.
Les limites
La seule limite a été vraiment le facteur temps. En effet, l’immensité de la question et son
importance nous ont confortées à l’idée que si on disposait de plus de temps, le travail en
serait davantage bonifié, ceci d’autant plus que nous étions obligé d’annuler de nombreux
rendez-vous avec des spécialistes de la microfinance, faute de temps.
3
micros entreprises et aux personnes bénéficiaires ou d’une assistance financière pour couvrir
les besoins essentiels, les dispositifs de microcrédit et de micro finance facilitent l’échange de
données d’expérience et de connaissances au sein du groupe. On peut ajouter aussi
l’établissement de l’histoire de la solvabilité d’une personne et de ses rapports avec le secteur
financier, et l’acquisition de compétences de survie et même d’une information sanitaire.
Certaines institutions intègrent cette acquisition des compétences et de connaissances dans les
programmes de microfinance, pour résoudre ainsi les problèmes de pauvreté qui ne sont pas
liés directement au revenu et faire acquérir aux pauvres des compétences leur permettant de
montrer avec succès une entreprise.
Selon le rapport de l’ONU de 2010, dans de bonnes conditions, la microfinance peut
accroitre les revenus, améliorer le logement et promouvoir une meilleures pratiques sanitaires
et nutritionnelles, et même abaisser le taux de natalité et de mortalité. Cela ne peut se réaliser
qu’à travers des services de base répondant aux attentes des clients des SFD généralement
pauvres.
Si la microfinance répond à un besoin évident pour les personnes qui sont exclues du marché
du crédit, ses objectifs vont au-delà du développement de la seule activité économique. Elle
vise aussi à améliorer les conditions de vie de ses clients. Alors qu’il existe finalement peu de
preuves empiriques rigoureuses fautes d’évaluations vraiment convaincantes, le principe
même d’évaluation d’impact a suscité un nombre important de débats, aussi bien chez les
praticiens qu’auprès des universitaires.
Certains remettent, en effet, fondamentalement en cause l’intérêt même de l’évaluation
spécifique: la microfinance serait un marché comme un autre en ce sens, pas plus légitime à
être évalué. D’autres questionnent l’utilité des évaluations puisque l’impact du microcrédit ne
ferait aucun doute étant donné le nombre important de personnes qui utilisent les microcrédits
et restent dans le cycle d’emprunt. Certains, enfin, estiment qu’il est méthodologiquement très
difficile d’évaluer l’impact de la microfinance et qu’il est préférable d’utiliser des approches
de types Second Best, en se concentrant sur l’analyse de la clientèle, sur les performances
sociales des IMF et sur l’analyse des processus plutôt que sur l’impact lui-même.
Ces différents arguments comportent des limites. La microfinance contrairement à d’autres
marchés reste fortement alimentée par les fonds publics, notamment parce que les bailleurs
estiment qu’elle impacte fortement les conditions de vies en favorisant par exemple la sécurité
alimentaire, l’autonomie des femmes, l’éducation ou la santé. L’évaluation de cet impact
comporte donc de réels enjeux. Par ailleurs, il semble naïf de mesurer positivement l’impact
de la microfinance en se basant sur la présence durable des clients dans le cycle de crédit,
puisqu’on ne prend pas en compte la situation de ces clients s’ils n’y étaient pas entrés. La
microfinance peut avoir des, effets pervers, tels que le surendettement croisés ; enfin, si un
grand nombre de clients restent dans le processus de crédit, une forte proportion en sort. Ce
n’est pas sans doute pas sans raisons.
Compte tenu de la faiblesse de nos moyens et du temps imparti à l’étude, ce mémoire se
focalisera sur les personnes touchées par les Institutions de microfinance, le volume de crédit
consenti, l’épargne mobilisée et des témoignages recueillis auprès de la clientèle des
Institutions de Microfinance.
Les populations ciblées par les SFD sont assez diversifiées. Quelques expériences mettent
l’accent sur un groupe cible précis (femmes par exemple). Dans l’étendue du pays, les
activités financées couvrent une large gamme. Ces financements concernent davantage les
3
activités du secteur informel que celle du secteur dit moderne. Un intérêt particulier est porté
sur les activités génératrices de revenus des femmes.
Selon l’APSFD-SENEGAL durant la période d’analyse 2012-2013, la microfinance au
Sénégal est dotée de trois grands réseaux (CMS, PAMECAS ACEP) qui dominent le secteur,
de SFD émergents qui s’imposent de plus en plus dans le marché de la microfinance
(CAURIE, UIMCEC, MICROCED, MICROCRED, FIDES, URMECS) parmi lesquels les
Sociétés Anonymes tel que MICROCRED occupe une place importante et de plusieurs SFD
autonomes plus ou moins jeunes qui ne sont affiliés à aucun réseau. Malgré cette diversité, le
secteur de la Microfinance reste particulièrement dynamique et suffisamment porteur de
croissance à travers une offre de services diversifiés et segmentés. Selon le rapport de la DRS
de l’année 2013, le secteur a enregistré un encours d’épargne de 177 milliards, un encours de
crédit de 229 milliards de francs CFA avec une proportion de femmes qui font 56% des 422
600 emprunteurs actifs au 31 décembre 2013. Nous pouvons ainsi noter que la microfinance
est un secteur en pleine évolution. Il a permis à 1,9 millions de Sénégalais d’avoir accès aux
services financiers en 2013. La microfinance contribue au financement de l’économie
nationale à hauteur de 10,25%. Le taux de bancarisation est de 8% pour les banques, ce taux
est porté à 19% avec le concours des SFD.
Le secteur de la microfinance a beaucoup contribué à la lutte contre l’usure dont beaucoup de
gens notamment les fonctionnaires étaient victimes. La mise en place de la MECAP (Mutuelle
d’épargne et de Crédit des Agents du secteur Public et Parapublic) a été une tentative de
réponse réussie pour lutter contre ce phénomène.
Certaines structures de financement décentralisé incluent la lutte contre la pauvreté parmi
leurs objectifs principaux et d’autres n’ayant pas principalement cet objectif, contribuent à la
lutte contre la pauvreté en développant des programmes ou des produits spécifiques destinés à
toucher les populations les plus pauvres. Le programme AFSSEF (Accès des Femmes
Sénégalaises aux Services Financiers), initié par PAMECAS, les CLEC (Caisses locales
d’épargne et de Crédit), initiées par le PLCP, le Projet Jeunesse du CMS et les bancs
villageois de CAURIE IMF.
Les micro-finances visent à satisfaire les besoins des ménages et le financement des activités
économiques et professionnelles de ces derniers. Cependant, l’obtention d’un prêt de ces
institutions est soumise à des conditions quasi identiques à celles des banques commerciales.
Non seulement le client doit s’armer de patience, mais également surmonter l’obstacle des
garanties-hypothèques. Et se résigner finalement à honorer un taux d’intérêt quelque peu
démotivant.
Dans le cadre de notre mémoire, nous avons recueilli les témoignages des clients qui
affirment que les crédits octroyés par les SFD leur ont permis d’améliorer leur situation
financière.
Etude de cas 1: Une commerçante renforce ses activités avec la microfinance (marché
central de Kaolack)
Nous présentons ici une jeune commerçante qui tient une boutique de prêt à porter dans le
marché central de Kaolack. Elle vend des habits divers mais ceux des enfants sont plus
importants dans le magasin. Elle a une longue expérience de dix ans avec les mutuelles
d’épargne et de crédit. Elle était cliente du Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) depuis 2003 et
elle n’a jamais eu de crédit, elle ne faisait que de l’épargne.
3
En 2014, Microcred l’a démarché au niveau de son magasin au marché et lui a proposé de la
financer. Elle n’avait de garantie que le titre de propriété du magasin de son mari. « Au CMS,
je voulais du crédit mais on me demandait des garanties réelles notamment un titre de
propriété, une voiture … » nous dit la jeune commerçante. Avec cette garantie (papiers du
magasin), Microcred lui a octroyé un premier crédit de 500 000 F CFA, remboursable sur 11
mois.
Le montant des remboursements mensuels est de 55 000 F CFA dont 2 700 F vont à l’épargne
individuelle. Le microcrédit est associé à la constitution d’une épargne obligatoire à chaque
échéance de remboursement.
En faisant le calcul, notre jeune commerçante emprunte avec un taux de 5%.
Cette épargne calculée sur le remboursement sert de garantie en cas de difficulté de paiement,
mais même lorsque le client respecte les échéances, l’épargne servira de garantie pour le prêt
suivant.
L’épargne imposée constitue également une sorte d’éducation financière pour le client qui
doit apprendre à épargner en cas de besoin. Seulement, celle-ci n’est pas volontaire.
Avant d’être démarché par Microcred, la jeune commerçante utilisait le crédit familial ; « mon
mari me donnait de l’argent et je me débrouille pour faire du commerce » nous dit la jeune
commerçante.
Après avoir remboursé ce premier crédit, Microcred lui octroie un deuxième crédit plus
important de 600 000 F CFA, remboursable en 12 mois au lieu de 11. Les échéances de
remboursement mensuelles sont cette fois-ci de 60 000 F CFA. L’épargne obligatoire
mensuelle est de 3200 F/mois cette fois ci et le taux d’intérêt a nettement augmenté, il est
passé de 5% à 13.6% plus proche des taux pratiqués dans le milieu de la microfinance au
Sénégal.
On entrevoit dans cette approche une fidélisation du client et la constitution de liens avec ce
dernier. Pour la commerçante, le premier crédit était immédiatement octroyé, l’instruction du
dossier n’a duré qu’une journée après vérification de la garantie offerte (papiers du magasin)
et pour le deuxième crédit, le délai d’attente était de trois jours. Ce qui apparait très court
comme délai d’attente pour la cliente. « Dans les autres mutuelles de crédit, ce délai peut aller
jusqu’à un mois, là je trouve que ce n’est pas long », nous dit-elle.
Pour elle, le crédit a servi à développer son activité, à renouveler son stock de marchandises,
mais aussi à s’autonomiser. « Je pars tous les mois à Dakar, et je ne peux pas demander tous
les mois à mon mari de me financer, j’épargne au Microcred, je me sers de cette épargne et du
crédit pour travailler et développer mon activité » nous dit la commerçante. Elle
s’approvisionne auprès de commerçants grossistes à Dakar et achète au comptant avec le prêt
de Microcred.
La cliente de Microcred nous assure qu’elle regarde le taux d’intérêt débiteur qui est certes
élevé mais nous dit que c’est le plus cher du marché. « Je regarde le taux d’intérêt des autres,
mais je n’ai pas le choix, j’ai besoin d’argent pour bien travailler, renouveler le stock à un
rythme régulier », argue la commerçante, visiblement séduite par l’offre de Microcred.
Mais pour la commerçante, il faut surtout mesurer sa capacité d’endettement ou de
remboursement, « c’est très important dans le contexte actuel de la microfinance où le crédit
est plus facile qu’avant, où on voit tous les jours des agents des mutuelles de crédit qui
viennent jusqu’au marché pour démarcher des clients y compris ceux qui n’ont jamais pensé
prendre un crédit » dit-elle.
3
Le microcrédit a connu une véritable révolution au Sénégal avec l’arrivée des structures de
microfinance commerciales qui semblent plus agressives sur la conquête de part de marché.
Quelques jours avant notre passage, notre commerçante a reçu la visite des agents d’une autre
institution de microfinance (PAMECAS) et très réputée dans le démarchage de client pour
l’octroi de crédit. Les agents de PAMECAS, après une brève discussion avec la commerçante
et s’apercevant qu’elle a une expérience dans la microfinance, lui propose un prêt. Après une
brève réflexion et mesurant la charge des deux prêts à rembourser, la commerçante a
immédiatement refusé l’offre de prêt de cette mutuelle. « J’ai réfléchi, je connais ma capacité
financière et j’ai tout de suite vu que rembourser les deux prêts serait difficile, et j’ai dit non »
nous di-telle.
Visiblement, notre commerçante a une grande expérience dans le microcrédit et semble
raisonnable sur les offres de crédit. Pour elle, il y a beaucoup de femmes qui se constituent en
groupement et demandent du crédit. Mais ici, c’est la responsable du groupement qui est
responsable du respect des délais de remboursement et suit de très près tous les membres pour
le respect des délais de remboursement.
Elle affirme donner une grande importance au respect des délais de remboursement, car «
c’est un gage de confiance » nous dit-elle, avant de poursuivre, « moi, j’ai jusqu’au 13 du
mois pour rembourser mais j’arrive à rembourser toujours vers le 7 du mois ; dans la
microfinance, l’essentiel c’est de connaitre sa capacité d’endettement, c’est ce qui détermine
le montant du crédit ».
Elle nous raconte l’histoire d’une collègue commerçante qui a reçu un prêt à Microcred avec
elle, qui, par la suite est partie prendre un autre crédit à PAMECAS. Cinq mois plus tard, elle
a eu des difficultés pour faire face aux deux échéances de remboursement. « Elle a beaucoup
regretté car elle n’a pas fait attention à sa capacité de remboursement, elle a oublié que le
commerce pourrait être parfois aléatoire, on n’a pas toujours la recette espérée » nous
souligne la commerçante.
L’accès au crédit facilite le renouvellement rapide des stocks et enclenche un cercle vertueux.
Plus le stock est renouvelé rapidement, plus il y a de clientèle et plus les marchandises sont
écoulées rapidement. Le fait de disposer régulièrement de nouveautés contribue à la
réputation de la boutique.
3
Il nous explique que les marchands de bois et de cuir lui recommandent des clients qui sont
satisfaits de son travail. Les clients viennent avec des modèles copiés des produits étrangers et
adaptés au contexte africain.
Le menuisier conclut en nous disant que « dans la microfinance, les taux mêmes sont énormes
et ne sont pas inclusifs, si on réfléchit un peu, on s’en aperçoit. Je m’amuse des fois à lire les
propositions des mutuelles mais les phrases ne sont pas claires et les chiffres cachent des
mystérieuses réalités ».
Pour ce menuisier-tapissier, la microfinance n’a pas d’utilité. Ce type d’artisan utilise
exclusivement les financements informels pour son activité. Il s’appuie beaucoup sur les
relations de confiance et extra-commerciales. On est en présence de quelqu’un qui connait la
microfinance à travers ses dérives et apprends de cela. Il a développé des stratégies de
financement qui excluent la microfinance et semblent bien marcher pour son activité. Par
ailleurs, il renforce ses liens de confiance et financiers avec ses fournisseurs en épargnant
auprès d’eux et en retour ces derniers lui font bénéficier des nouveautés avant les autres. Ceci
lui permet d’avoir des matières premières de qualité.
En considérant ce cas de menuisiers, on peut dire que le menuisier a une très mauvaise vision
des IMF, de par son expérience ou celle de son entourage. On voit bien que l’adhésion au
microcrédit est à la fois liée aux contraintes spécifiques de chaque filière, à la situation
personnelle des entrepreneurs (position plus ou moins forte, régularité des commandes, etc.
mais aussi aux relations avec les fournisseurs et les clients) et enfin à la sensibilité
personnelle.
3
Le tailleur épargne toujours chez lui, avant il avait un « condané », maintenant il a un coffre-
fort et c’est par ce biais qu’il a développé son activité, ainsi que grâce à des avances
fournisseurs.
L’achat de tissu à crédit ne constitue pas un problème pour le tailleur, il peut s’approvisionner
à crédit chez les commerçants avec qui, il a de très bonnes relations. En revanche, « tout le
monde ne peut pas le faire », nous dit-il ;
Sa perspective de développement est d’avoir la possibilité de vendre ses produits en Europe
mais il est confronté à la difficulté de décrocher un visa, ce qui constitue sa principale
contrainte.
Ici on voit nettement à travers ce cas, que le tailleur a la possibilité de s’approvisionner au
comptant avec son argent épargné dans son « condané » ou coffre-fort auprès des marchands
de tissu, et qui n’a pas besoin de microcrédit qu’il juge inutile.
Pour développer leur activité, les artisans peuvent s’associer avec des entrepreneurs qui
peuvent exposer, développer des marchés avec l’export. Dès lors, le financement n’est
qu’une contrainte parmi d’autres : le développement du marché est aussi une préoccupation
forte, et suppose surtout l’obtention de nouvelle clientèle, plus que l’accès au financement.
Dans le cas de notre enquête auprès des tailleurs, nous n’avons pas rencontré de cas qui ait
utilisé la microfinance. Ils estiment que la microfinance est trop risquée.
2.5
53.33%
2
1.5 3
1 13.33% 2
0.5 1
0
Entre 18 et 25 ans De 25 à 35 ans De 35 ans et plus
80% d’entre eux sont mariés, les veuves 8%, les célibataires 7,33% et les 4,7% de divorcées.
3
90%
80%
70%
60%
50%
40% 80%
30%
20%
10%
8% 7% 5%
0%
Marié Veuve Célibataire Divorcée
4.5
4 0.08
3.5
3 0.22
2.5
2 0.3 4
1.5 3
1 0.4 2
0.5 1
0
ne it it s
rg r éd r éd enu
a c c v
ép u et re
ra e es
de gn m
cé ar er
ac ép ris
cu
Sé
70%
60%
50%
40%
66%
30%
20%
10% 20%
12%
0% 2%
Très élevé élevé assez élévé abordable
Par rapport aux garanties, elles sont systématiques, soit sous forme d’apport avant crédit
(8%), garanties réelles (78%) et caution (14%). La caution est soit solidaire, soit
individuelle ou soit donnée par un tiers. Notons qu’en théorie, l’épargne est rarement
considérée comme une garantie formelle, mais qu’en pratique les femmes sont fortement
incitées à épargner pour obtenir leur crédit (ce qui explique qu’elles envisagent l’épargne
principalement comme une condition d’obtention du crédit).
3 0.08
2.5
2 0.14
1.5 3
0.78
1 2
0.5 1
0
Garanties réelles Caution Apport
60%
50%
40%
30%
52%
20%
28%
10% 20%
0%
Bonne Acceptable Mauvaise
3
En somme, dans cette section pour certaines personnes la microfinance est la solution pour
lutter contre la pauvreté, parce qu’elle satisfait leurs besoins. Par contre, d’autres personnes la
voient inutile car elle ne satisfait pas leurs besoins comme prévu.
3
• Les couts d’exploitation, élevés par nature, doivent être maitrisés. Il ne s’agit pas de se
rapprocher à tout prix des ratios d’exploitation bancaires ce qui pourrait facilement générer
des dérives (nombre trop important de clients par agent de crédit, augmentation du montant
unitaire des prêts sans vérification de l’affectation des fonds, etc.) mais simplement de
rationnaliser certains couts, quand cela a du sens. Il convient de signaler que les charges
d’exploitation ne doivent pas 60% des produits d’exploitation
Outre ces mesures, pour relever le défi de la viabilité, les IMF doivent aussi prendre les
dispositions suivantes :
Une meilleure organisation et structuration permettant une bonne gouvernance et une
vie associative dynamique. Cette dernière sera facilitée par une appropriation, une
participation et un fonctionnement démocratique des IMF.
Des produits financiers et non financiers adaptés aux besoins de la clientèle cible ;
2. L’Etat :
Il devra renforcer les capacités de la Directions en charge de la promotion et de la supervision.
Ces dernières doivent :
effectuer régulièrement des missions de contrôle et d’information dans tous les
réseaux de SFD et dans l’essentiel des caisses de base, au moins une fois par an
améliorer les liens de partenariat entre les SFD et les Banques en instituant des
rencontres périodiques entre l’APBF et l’APSFD ;
favoriser l’accès des SFD aux couches les plus défavorisées en renforçant les
ressources de ceux qui interviennent en faveur de ces groupes et en créant des
programmes spécifiques pour ces groupes au sein des autres SFD ;
3
améliorer la couverture géographique du pays en services de microfinance en
subventionnant l’extension des SFD existants aux zones défavorisées ;
aider les petites institutions de base à se regrouper en réseaux ou les appuyer à intégrer
les grands réseaux existants ;
augmenter les ressources destinées au refinancement des SFD par la mise en place
d’un fonds national pour la microfinance ;
aider les IMF à mettre en place une centrale de risques pour prévenir le
surendettement;
3
CONCLUSION GENERALE
Et pourtant aujourd’hui, c’est au sein de ces IMF que le rôle de microfinance par rapport à la
lutte contre la pauvreté semble être remis en cause. La plupart d’entre elles prétendent
dépasser ce stade de financement de la survie pour soutenir l’entreprenariat. Le souci de
pérennité est à la base des évolutions notées dans la conception de leur rôle par rapport à la
pauvreté.
Le constat est que l’offre sur le marché financier sénégalais est encore insuffisante par
rapport aux besoins exprimés et on relève une opinion généralement négative sur la façon
dont la micro finance a fonctionné jusqu’ici la petitesse de crédit octroyé et le délai de
remboursement jugé trop court.
Face à leurs difficultés de contribuer dans la lutte contre la pauvreté, certaines institutions ont
choisi d’élargir leur sociétariat à des cibles considérées comme moins pauvres ou en se
comportant comme des banques classiques.
Les IMF sont confrontées à un dilemme de rester autonome financièrement tout en offrant des
services financiers de proximité adaptés à leur clientèle. La question est sans état d’âme,
d’aucuns estiment qu’aujourd’hui "si les IMF veulent continuer d’exister et de rendre les
services qui sont attendus d’eux, elles ne peuvent le faire qu’avec des populations capables
d’épargner et de rembourser un crédit. Le risque est en effet grand à force de mettre l’accent
sur les pauvres, de ne plus exister, ni pour les pauvres, ni pour les moins pauvres".
Cette difficulté pour les IMF à réaliser ce double objectif est due en partie aux difficultés du
secteur qui, selon certains spécialistes, sont liées d’une part à l’insuffisance de ressources
financières adaptées pour la promotion du secteur, la faiblesse de certains crédits qui ne
contribuent pas à un impact significatif sur les populations et l’inadaptation du cadre
réglementaire dans le contexte actuel, et, d’autre part par la propension à créer de nouvelles
institutions peu viables au détriment des choix pouvant favoriser la synergie souhaitable avec
les réseaux existants pour le renforcement et la viabilité du secteur.
En vue de mieux garantir la viabilité des institutions de microfinance et leur permettre de
jouer un rôle important dans la stratégie de lutte contre la pauvreté, il s’avère nécessaire de
tenir compte des recommandations formulées.
3
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3
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