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Ramdane Boukherrouf : Cours de linguistique textuelle, L3, S6 (Linguistique amazighe)

4. Types de liages des unités textuelles


La textualisation (la continuité et la cohésion textuelle) est assurée par six types de
liages. Chacun des cinq types de liage représente un facteur de textualité mais ils sont
complémentaires dans un texte. Par ailleurs, une seule opération ne pourra suffire à
assurer la cohésion textuelle. Ces liages fonctionnent selon les types d’écrits et la visée
des textes. (Cf. Adam, 2005).

 Les co-références et les anaphores qui regroupent toutes les reprises textuelles avec
les différents mécanismes ;

 L’isotopie du discours qui concerne les redondances de catégories sémantiques qui


assurent la cohésion textuelle ;

 Les parallélismes grammaticaux et allitérations : répétitions de phonèmes,


répétitions de syllabes, répétitions de lexèmes et répétitions de groupes
morphosyntaxiques ;

 L’implicite qui permet à l’auditeur de comprendre le non-dit et l’implicite ;

 Les connecteurs qui ont la fonction primordiale d’assurer la connexité entre deux
unités sémantiques pour assurer la structuration du discours ;

 Les Actes de discours : un texte est un tout, possédant une structure d’actes
hiérarchiques du discours.

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4.1. L’anaphore et la co-référence

Avant d’aborder la question des anaphores dans la perspective textuelle, il convient de signaler
que cette question a fait objet de la linguistique phrastique dans ses diverses approches
(distributionnalisme, grammaire générative, grammaire transformationnelle et fonctionnalisme)

Dans la perspective textuelle, la question des anaphores est dominée par deux approches
principales :

 Les approches textuelles : la localisation anaphorique et déictique se base sur le co-


texte et la situation d’énonciation pour être mentionnée.

Kleiber (2001 : « Micro-anaphorique et macro-anaphorique avec une vue spéciale sur les
noms de parenté en anaphore associative », Macro-syntaxe et macro-sémantique Actes du
colloque international d'Århus, Peter Lang, pp. 207-238.) définit l’anaphore ainsi :

Une expression anaphorique est une expression dont l’interprétation référentielle dépend d’une autre
expression (ou d’autres expressions) mentionnée dans le texte et généralement appelée son antécédent.
(2001a : 29)

 les approches mémorielles : se basent sur le mode de connaissance du référent que


partage le locuteur.

Kleiber, (1989, Reprise(s). Travaux sur les processus anaphoriques, Publications du Groupe
Anaphore et Deixis, Université de Strasbourg.) Signale que :
L'anaphore devient un processus qui indique une référence à un référent déjà connu par l’interlocuteur,
dans le sens où il est déjà présent (ou saillant) dans un focus d’attention […] (1989 : 246)

Par ailleurs, dans les perspectives textuelle et pragmatique de l’analyse des


discours, les deux approches se complètent. L’approche mémorielle dans le cas de
traitement de quelques cas où le référent est absent dans le texte, on fait appel à la
connaissance partagée avec l’interlocuteur pour l’identifier.

Marie-José Reichler-Béguelin (1988 : «Anaphore, cataphore et mémoire discursive


», Pratiques 57, pp. 15-40.) qui s’inscrit justement dans cette complémentarité, propose la
définition suivante : donne la définition de l’anaphore en signalant la complémentarité des deux
visions :

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Un phénomène de rappel informationnel complexe où sont susceptibles d’intervenir :
1) le savoir construit linguistiquement par le texte lui-même ; 2) les contenus inférentiels qu’il est possible
de calculer à partir des contenus linguistiques pris pour prémisses, et cela grâce aux connaissances lexicales,
aux prérequis encyclopédiques et culturels, aux lieux communs argumentatifs ambiants dans une société
donnée. (1988 :18)

4.1.1. L’anaphore : essai de définition

Globalement, les deux les deux approches (textuelle et mémorielle) convergent


globalement sur la définition générale de l’anaphore qui est la subordination
interprétative d’une unité par rapport à une autre.

La notion d’anaphore est identifiée selon la localisation de l’antécédent dans le


texte. On parle d’anaphore lorsque l’interprétation d’un segment est présente dans le co-
texte gauche, de cataphore, lorsque l’antécédent est dans le co-texte droit et d’exophore
lorsque l’antécédent est présent dans la situation d’énonciation.

Etymologie des notions :


- le terme « anaphore » vient de la rhétorique où il désigne un procédé stylistique, à savoir
toute répétition du même mot (ou groupes de mots) en tête de phrase ou en début de vers,
pour créer un effet de parallélisme ou de symétrie. L’anaphore implique le renvoi à un
élément antérieur du texte comme son étymologie l’indique ( ana-signifie « en arrière », «
en remontant ».
- le terme cataphore désigne le renvoi à un élément postérieur dans le texte (cata-« en bas
», « en descendant ».

Par ailleurs, Halliday et Hasan (1976: Cohesion in English, Longman, London-New York.)
Ont différencié l’endophore de l’exophore. Il est question d’endophore (anaphore et
cataphore), lorsque le référent est présent dans le texte, d’exophore (référence
contextuelle), lorsque le référent est localisé en dehors de l’espace textuel.

Quant à Michel Maillard (1974 : «Essai de typologie des substituts diaphoriques (Supports d’une
anaphore et / ou d’une cataphore) », Langue française, N°21. Communication et analyse
syntaxique, pp. 55-71.) Regroupe les deux termes d’anaphore et de cataphore sous le terme générique
de diaphore.

En conclusion, le référent établit deux relations. Il peut désigner un élément présent


dans le contexte d’énonciation ou renvoyer à un élément présent dans le co-texte.

 Le contexte d’énonciation revoie aux connaissances de l’émetteur et du


récepteur ;
 Le co-texte (et/ou le contexte) désigne les éléments qui suivent ou qui précédent
une unité dans le texte, son environnement.
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4.1.2. Co-référence et anaphore

L’anaphore et la co-référence sont deux mécanismes qui assurent la reprise de


l’information dans un texte.
 La relation de co-référence, les deux signes sont indépendants
sémantiquement, ils désignent le même référent et ne sont liés par aucun
signifiant.

Adam J-M.,(2005 : La linguistique textuelle, introduction à l’analyse textuelle des


discours, Paris, Armand Colin, « Cursus ».) considère
La co-référence est une relation d’identité référentielle entre deux ou plusieurs signes sémantiquement
interprétables indépendamment l’un de l’autre (à la différence d’un pronom, vide de sens sans son
référent). (2005 : 86)

Yuli-d wagur d tziri. Agur-nni, yezwar-d.

, Corblin (Corblin, Francis, 1995 : Les formes de reprise dans le discours. Anaphores et
chaînes de référence, Presses Universitaires de Rennes.

Signale à son tour que l’anaphore est une :


relation symétrique d’identité référentielle entre des termes interprétables indépendamment l’un de
l’autre. (1985 : 178).

Toutefois, Kleiber(Kleiber, Georges, 1991 : « Anaphore-deixis : où en sommes-nous ? »,


L’information grammaticale vol 51, pp. 3-18.) exige que le référent soit identifié par le
contexte.
Il n'y a anaphore que lorsque le marqueur référentiel exige que l'identification du référent
soit assurée par le contexte. (1991 : 7)

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4.2. Les mécanismes de la continuité référentielle.

Les reprises de la continuité textuelle sont prises en charge par des mécanismes
anaphoriques, assurés par plusieurs catégories grammaticales et lexicales ::
pronominalisation, définitivisation, référencialisation, déictique co-textuelle et co-
référence lexicale .

4.2.1. Les anaphores pronominales.

La reprise pronominale est l’un des mécanismes de la continuité référentielle, qui peut
être assurée par divers pronoms : personnel (pronom et indice), démonstratif, possessif,
relatif et indéfini. Globalement, l’ensemble des pronoms assurent un rôle primordial
dans la cohésion et la progression. Cependant, chaque type de pronom a son propre
rôle dans la construction textuelle.
 Anaphore pronominale totale si le référent est repris exactement par le pronom.

Dans l’exemple ci-dessous, le pronom (netta ) reprend totalement le nom


(argaz ).

Argaz yxla axxam, netta ihedder

 Anaphore pronominale partielle si le pronom reprend partiellement le


référent.

Dans l’exemple ci-dessous, les unités (yiwen et wayeḍ) reprennent


partiellement le référent (ilfan).

 Usan-d sin yilfan, yiwen iṣub wayeḍ yuli. Anaphore pronominale


conceptuelle si le pronom reprend juste le concept du référent.

Dans cet exemple, l’anaphore (ay-a) reprend ou synthétise le segment antérieur.

Teɣli-d twaɣit ɣef tmurt. Ay-a d aṭṭan.

4.2.2. Les anaphores nominales.

Les syntagmes nominaux anaphoriques contiennent plusieurs déterminants (définis,


possessifs ou démonstratifs). Ils peuvent entretenir plusieurs relations avec le référent
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:

 L’anaphore fidèle (totale) : l’anaphore reprend totalement le référent. Ce type


de reprise est caractérisé par un simple changement de déterminant. Il s’agit
d’un enchaînement de type de référent sous forme indéfinie repris par la même
unité lexicale définie.

Yusa-d uɣrib iḍelli d yimedukkal-is. Aɣrib-nni yuɣal, nettat teqqim.

 L’anaphore infidèle (partielle) : dans ce cas, la reprise est assurée par un groupe
nominal contenant des changements lexicaux par rapport au référent
(synonymie, hypéronymie, etc.).

Dans l’exemple ci-dessous, l’unité (leḥyuḍ ) représente une partie du référent


(axxam ).

Yekcem umɣar s axxam, yafen leḥyuḍ ɣlin.

 L’anaphore résomptive (résumante) : dans ce cas, l’expression nominale


résume ou synthétise un paragraphe ou segment entier du texte antérieur.

Aseggas-a, aṭṭan, yesseɣli ddunit. Tawaɣit-a, tenɣa imdanen

Par nominalisation

Yexdeɛ waṭṭan ddunit merra. Lexdiɣ-agi yexdeɣ yeǧǧa-d later.

 Anaphore associative : Dance cas, le référent est repris par plusieurs reprises nominales.
L’association des groupes nominaux se base sur la relation de type partie-tout qui s’appuie
pour être déterminée, sur les connaissances générales du monde partagé.

 Le démonstratif «nni»

Le démonstratif de proximité nni , peut être aussi inséré dans le nom pour reprendre
un référent déjà cité :
Argaz-argaz-nni

Par ailleurs, l’anaphore nominale définie avec le démonstratif pour renvoyer


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l’auditoire à leurs connaissances partagée (exophore)

Nugad ad teḍru yid-neɣ am wakken ay teḍra i tteryel-nni

4.1.1. Mi tkecmeḍ s axxam n leqbayel ad twaliḍ sdat-k aẓeṭṭa, ar tama ufella d


lkanun. Les anaphores adverbiales

La catégorie adverbiale peut à son tour assurer le rôle d’une reprise d’un segment d’un
texte antérieur (anaphore résomptive) ou une reprise d’une localisation mentionnée
antérieurement (adverbe de lieu).

Dans l’exemple ci-dessous, l’indicateur du lieu (anda/ où) reprend le référent

tamurt

Ufiɣ-d tamurt anda luleɣ

4.1.2. Les anaphores verbales

Les anaphores verbales se basent généralement sur le verbe « faire ».

Yeǧǧa urgaz taddart. Ad tt-ixdem.

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