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OP 1 30 DA

3eme EMD
5eme année
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université d’Alger
Faculté de Médecine
Département de Médecine Dentaire

Pathologies parodontales chez l’enfant et


prise en charge

Cours de 5eme année Odontologie Pédiatrique. Présenté par Dr. S. HAMDI.


Année universitaire 2017 - 2018.

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Plan

Introduction.
1. Rappel.
2. Description des pathologies parodontales chez l’enfant et l’adolescent.

2.1. Epidémiologie des maladies parodontales chez l’enfant.

2.2. Pathologies gingivales.

2.2.1. Maladies gingivales induites par la plaque.

2.2.1.1. Sans influence de facteurs locaux.

2.2.1.2. Avec influence de facteurs locaux.

2.2.1.3. Pathologies gingivales modifiées par des facteurs systémiques.

2.2.1.3.1. Associées au système endocrinien.

2.2.1.3.2. Associées à un déficit immunitaire.

2.2.1.4. Pathologies gingivales modifiées par les médicaments.

2.2.1.5. Pathologies gingivales liées à une carence en vitamine C.

2.2.2. Maladies gingivales non induites par la plaque.

2.2.2.1. Infections candidosiques.

2.2.2.2. Aphtes récurrents.

2.2.2.3. Gingivostomatite de la primo-infection herpétique.

2.3. Parodontites.

2.3.1. Parodontite chronique.

2.3.2. Parodontites agressives.

2.3.3. Parodontites comme manifestation d’une maladie systémique.

2.3.4. Parodontites associées à une maladie génétique.

2.3.5. Maladies parodontales nécrosantes.

3. Traitement parodontal de l’enfant et l’adolescent.

3.1. Diagnostic.

3.2. Examen clinique.

3.2.1. Enregistrement des indices parodontaux.

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3.2.1.1. Indice de plaque.

3.2.1.2. Indice gingival.

3.2.2. Évaluation des facteurs locaux.

3.2.3. Sondage parodontal.

3.2.4. Examen parodontal simplifié.

3.2.5. Évaluation de la mobilité dentaire.

3.2.6. Évaluation du complexe muco gingival.

3.2.7. Examen des fonctions.

3.3. Examens complémentaires.

3.4. Traitement parodontal.


3.4.1. Traitement parodontal non chirurgical.
3.4.2. Réévaluation.
3.4.3. Traitement chirurgical.
3.4.4. Traitement Orthodontique.
3.4.5. Maintenance parodontale.

Conclusion.
Bibliographie.

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Introduction
De la naissance à l’âge adulte, le parodonte de l’enfant puis de l’adolescent est en perpétuelle
évolution. Il est important de bien connaître la normalité de ce parodonte afin d’en déceler les
altérations. La gingivite est fréquemment rencontrée, les parodontites sont plus rares que chez l’adulte
et la plus part du temps agressives. Ces dernières sont parfois le premier, voire le seul, signe d’une
maladie générale et place le médecin dentiste au cœur de ce qu’il doit être : un membre de l’équipe de
santé entourant l’enfant.

1. Rappel
La structure du parodonte de l’enfant est liée à l’apparition des dents sur les arcades qui s’étend de
l’éruption de la première incisive temporaire (06 mois) à la mise en occlusion de la 2 eme molaire
permanente (12 - 14 ans).

En denture temporaire, la gencive est souvent décrite comme plus rouge, du fait du réseau capillaire
abondant et d’un épithélium plus mince, plus translucide et pour certains auteurs, moins kératinisé.

L’éruption dentaire provoque des changements morphologiques et structuraux que le clinicien doit
connaître afin de distinguer une situation physiologique normale d’une pathologie.

Elle s’accompagne d’une tuméfaction gingivale inflammatoire transitoire et souvent de fièvre,


d’adénopathies locorégionales, de diarrhées et d’insomnies. Ces manifestations cèdent avec la
prescription de paracétamol et l’application locale de gel anesthésiant. De même, lors de leur
exfoliation, la mobilité des dents temporaires favorise l’accumulation de plaque dentaire et
l’inflammation gingivale. En outre, le passage d’une denture à une autre (temporaire, mixte,
permanente) s’accompagne d’une augmentation de l’indice de plaque et de tartre (liée à la fois aux
difficultés de brossage) et de la proportion des bactéries à Gram négatif.

2. Description des pathologies parodontales chez l’enfant et l’adolescent

2.1. Epidémiologie des maladies parodontales chez l’enfant

Les études épidémiologiques concernant la santé parodontale des enfants et des adolescents indiquent
que la gingivite, de sévérité variable, est quasi universelle. La prévalence des maladies parodontales
est plus faible chez les enfants et adolesents que chez les adultes. La présence d’une perte d’attache
sévère touche entre 0,2 et 0,5% des enfants et adolescent. Cependant, l’incidence de cette perte
d’attache augmente pour les adolescents de 12 à 15 ans par rapport aux enfants de 08 à 11 ans.

2.2. Pathologies gingivales

2.2.1. Maladies gingivales induites par la plaque

2.2.1.1. Sans influence de facteurs locaux

La gingivite est caractérisée par une réaction inflammatoire non spécifique de la gencive marginale
sans perte d’attache ou perte osseuse. La gencive marginale apparaît rouge, enflammée, et saigne au
sondage. D’un point de vue microbiologique, les études de gingivite expérimentales chez l’enfant ont
mis en évidence des espèces bactériennes différentes de celles de l’adultes: des Actinomyces, des
Capnocytophages, des leptotrichia et des Selenomonas. La prévalence des pathogènes majeurs semble
augmenter avec la quantité de plaque et le niveau d’inflammation gingivale.

La sévérité de la gingivite est moindre chez l’enfant que chez l’adulte, pour une quantité de plaque
identique.

2.2.1.2. Avec influence de facteurs locaux

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Chez l’enfant, des facteurs locaux comme l’éruption dentaire, l’exfoliation des dents temporaires, le
tassement alimentaire, les appareillages orthodontiques et la respiration buccale peuvent aggraver
l’inflammation gingivale. Les gingivites éruptives, créant des pseudopoches, se résolvent
spontanément lors de l’évolution de la dent permanente et d’une hygiène buccale efficace. Chez les
enfants respirateurs buccaux, la gencive marginale apparaît rouge, vernissée et épaisse, l’hygiène orale
seule peut ne pas être suffisante et une prise en charge oto-rhino-laryngologique (ORL) avec libération
de la filière aérienne s’avère parfois nécessaire.

2.2.1.3. Pathologies gingivales modifiées par des facteurs systémiques

2.2.1.3.1. Associées au système endocrinien

* Gingivite associée à la puberté

La modification des taux d’estrogènes et de progestérone conduirait à une altération de la perméabilité


des capillaires et à une augmentation de la quantité d’exsudat, provoquant une gingivite oedémateuse
et hémorragique.

* Gingivite associée à un diabète insulinodépendant (DID).

Lors de la persistance d’une gingivite chez l’enfant, il faut suspecter un diabète de type I. En effet, les
enfants atteints de diabète insulinodépendant présentent un degré d’inflammation gingivale supérieur à
celui d’enfants témoins.

2.2.1.3.2. Associées à un déficit immunitaire

Les déficits immunitaires primaires rencontrés chez l’enfant peuvent avoir des répercussions
parodontales.

La dépression immunitaire des leucémies aigues de type lymphoblastique (LAL), majoritaire chez
l’enfant, favorise l’apparition de lésions buccales tels que les gingivorragies, les hypertrophies
gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités dentaires.

2.2.1.4. Pathologies gingivales modifiées par les médicaments

Trois groupes de médicaments sont associés à l’hyperplasie gingivale : les anticonvulsivants, les
immunosuppresseurs et éventuellement les agents bloquants les canaux calciques. En pédiatrie, chez
les patients transplantés, le tacrolimus est préféré à la ciclosporine, car ses effets secondaires sont
limités. La gingivite et l’hyperplasie gingivale sont diminuées par rapport à la ciclosporine.

2.2.1.5. Pathologies gingivales liées à une carence en vitamine C

La vitamine C contribue à la formation du collagène osseux et vasculaire. L’hypertrophie gingivale, le


saignement et les ulcérations peuvent être des manifestations d’une déficience en vitamine C.

2.2.2. Maladies gingivales non induites par la plaque

Chez l’enfant, la gencive ainsi que la muqueuse buccale peuvent être atteintes d’infections non liées à
la présence de plaque survenant plus fréquemment chez les enfants atteints de maladies chroniques.

2.2.2.1. Infections candidosiques

Les Candidats sont des germes pathogènes opportunistes détectés dans la cavité buccale de 50 à 60%
d’individus sains. Ils deviennent pathogènes lors de l’altération de la réponse immunitaire de l’hôte.
Chez l’enfant, la présence d’un appareillage orthodontique, la malnutrition, les maladies systémiques
comme une immunodépression (par exemple liée au virus de l’immunodéficience humaine ou VIH),

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un diabète, une endocrinopathie, une antibiothérapie, une corticothérapie au long cours semble
favoriser l’infection candidosique.

2.2.2.2. Aphtes récurrents

Les aphtes récurrents, s’ils sont isolés, se retrouvent chez les sujets présentant un déficit en vitamine
B12 et parfois en acide folique. Chez l’enfant, la présence d’aphtes au niveau muqueux ou gingival
peut être la manifestation buccale d’une maladie coeliaque. Dans le cadre d’un épisode fébrile
accompagné d’adénopathies cervicales, le diagnostic de fièvre aphteuse récurrente doit être considéré
(syndrome PFAPA: Periodic Fever Aphtous Stomatitis, Pharyngitis, Cervical Adenitis).

2.2.2.3. Gingivostomatite de la primo-infection herpétique

Causée par le premier contact muqueux du virus herpes simplex 1, la primo-infection herpétique
présente une symptomatologie très variée. Elle peut passer inaperçue, induire une fièvre et une
dysphagie avec risque de déshydratation ou même une encéphalite virale. La prescription d’acyclovir
chez l’enfant de moins de 6 ans dans la primo-infection herpétique limite le développement de
nouvelles lésions et diminue les difficultés d’alimentation et le nombre d’hospitalisations.

2.3. Parodontites

2.3.1. Parodontite chronique

La parodontite chronique est une forme qui touche principalement les adultes du fait de sa progression
lente dans le temps, alternant des périodes de stabilité et des périodes de destruction. La parodontite
chronique n’a pas fait l’objet de description spécifique à l’enfant ou l’adolescent.

2.3.2. Parodontite agressive

La parodontite agressive se caractérise par quatre paramètres : la présence de perte d’attache,


d’alvéolyse rapide, un état de santé non altéré et une susceptibilité familiale.

Rappelons que les parodontites de l’enfant peuvent aussi être le premier, voir le seul signe, d’une
maladie générale. Il est primordial pour le praticien de faire les analyses nécessaires pour évaluer cette
possibilité ou d’adresser le patient à un praticien en mesure de le faire et d’analyser les résultats.

* Aspects cliniques

En denture temporaire, mixte ou permanente, la parodontite agressive peut être localisée ou


généralisée avec des caractéristiques cliniques distinctes. Elle progresse à un rythme trois à quatre fois
plus rapide que pour les formes chroniques. La forme localisée de la parodontite agressive est
d’apparition précoce et se caractérise, quelle que soit la denture, par une inflammation réduite, peu de
dépôts de plaque et une absence de tartre, En denture temporaire, elle peut débuter très tôt, parfois
avant l’âge de 2 ans. La perte osseuse s’accompagne de mobilité dentaire, d’une perte des dents
temporaire et parfois des germes des dents permanentes. En denture permanente, elle apparaît dès la
préadolescence ou l’adolescence, avec une perte d’attache qui atteint les premières molaires
permanentes, les incisives et moins de deux des autres dents. Les formes généralisées des parodontites
agressives sont associées à la présence de plaque et d’inflammation gingivales. En denture temporaire,
elles sont le plus souvent associées à une maladie systémique.

*Aspects bactériologiques

La microbiologie associe souvent la présence de souches virulentes de A.a aux parodontites


agressives, plus particulièrement aux formes localisées, bien que l’implication d’une seule souche
bactérienne soit rare.

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*Aspects immunologiques

Deux caractéristiques principales accompagnent les pathologies parodontales du sujet jeune : une
réponse humorale élevée (anticorps sériques et créviculaires) et une atteinte des cellules de défense.

En denture temporaire les formes localisées sont associées à une atteinte des neutrophiles ou des
monocytes, tandis que les formes généralisées peuvent associer des troubles des deux types de
cellules.

Les formes de l’adolescent sont, comme celles de l’adulte, associées à des atteintes à de nombreux
niveaux de la réponse immunitaire. Parmi les caractéristiques souvent observées : une anomalie
phagocytaire et un phénotype d’hyper-réponse macrophagique incluant des taux élevés de
prostaglandine E2 (PGE2) et d’interleukine 1B (IL-1B).

* Aspect génétique (familial)

Le caractère familial a été mis en évidence dans de nombreuses études, soulignant que le facteur
génétique reste la base de la susceptibilité aux parodontites agressives avant les facteurs microbiens,
immunologiques, environnementaux ou autres.

2.3.3. Parodontites comme manifestation d’une maladie systémique

* Neutropénie acquise

L’altération quantitative des neutrophiles est de sévérité variable et la symptomatologie buccale varie
de la gingivite à la parodontite précoce.

* Leucémies

Les saignements, les hypertrophies gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités
dentaires s’associent à cette maladie.

2.3.4. Parodontites associées à une maladie génétique

* Syndrome de Down (trisomie 21)

Classiquement associé aux parodontites précoces, le syndrome de Down se caractérise par :

- diminution du chimiotactisme et de la phagocytose des neutrophiles ;

- altération du fonctionnement des lymphocytes B et T.

* Syndrome de Papillon-Lefèvre et Hain-Munk

Ce sont des maladies héréditaires autosomiques récessives, qui se manifestent par :

- hyperkératose de la pomme des mains et de la plante des pieds ;

- parodontolyse très destructrice.

* Syndrome d’Ehlers- Danlos

Il regroupe 12 pathologies affectant la synthèse ou la sécrétion du collagène, entrainant ainsi des


modifications des tissus conjonctifs.

Seulement le syndrome de type IV et VIII sont associés à une parodontite précoce, parfois sévère.

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* Syndrome de Chediak Higashi

C’est une maladie héréditaire autosomique récessive est rare, qui se manifeste par:

- ulcération à répétition;

- exfoliation prématurée des dents temporaires;

- gingivite et parodontite sévères essentiellement liées au déficit immunitaire.

* Hyperimmunoglbulinémie E (syndrome de Job)

C’est une pathologie héréditaire, de transmission autosomique dominante. Elle se caractérisé par un
taux anormalement élevé en IgE et se manifeste principalement par:

- infections à répétition;

- Inflammation gingivale aigue et parodontite précoce.

2.3.5. Maladies parodontales nécrosantes

Les maladies parodontales nécrosantes sont des maladies rares. Elles se présentent généralement sous
la forme d’une gingivite ulcéronécrotique se limitant au parodonte superficiel sans perte d’attache
interproximale. En l’absence de traitement, elle peut évoluer vers une parodontite ulcéronécrotique
touchant le parodonte profond avec une perte d’attache et alvéolyse interproximale.

L’apparition de cette forme de maladie parodontale n’est pas liée à la seule présence de plaque
bactérienne, mais à des facteurs prédisposants, à une immunodéprèssion transitoire (stresse, infection
virale ou bactérienne, malnutrition) ou permanente (HIV, maladie systémique). Le diagnostic
différentiel se fait avec le déficit congénital en catalase, enzyme responsable de la décomposition du
peroxyde d’hydrogène. Cette affection rare se manifeste par des phénomènes de nécrose gingivale et
destruction de l’os alvéolaire.

Cliniquement, les maladies parodontales nécrosantes se caractérisent par une décapitation des papilles
gingivales par nécrose et ulcération avec un enduit pseudomembraneux et des gingivorragies
spontanées. Elles sont généralement associées à une halitose et à des douleurs intenses, résistantes aux
antalgiques. Elles empêchent les patients de maintenir une hygiène buccale rigoureuse et efficace.
Parfois, des signes généraux sont observés : altération de l’état général avec fièvre et adénopathies
cervicofaciales.

3. Traitement parodontal de l’enfant et l’adolescent

3.1. Diagnostic

Toute anomalie du parodonte de l’enfant, qui ne peut être expliquée par des facteurs locaux ou
physiologiques, peut être l’expression d’une maladie systémique et impose une démarche diagnostic
spécifique. Toute exfoliation spontanée, mobilité non physiologique doit conduire à des investigations
sur la santé générale de l’enfant. En effet, la détermination du diagnostic d’une maladie systémique et
sa prise en charge thérapeutique amélioreront souvent l’état parodontal.

3.2. Examen clinique

Après un interrogatoire médical détaillé de l’enfant et des parents, l’examen parodontal du jeune
patient doit faire partie intégrante de son examen buccodentaire. Il se déroule en deux temps avec,
d’une part, l’observation globale de la cavité buccale de l’enfant, et, d’autre part, l’examen parodontal
proprement dit à l’aide des indices parodontaux simplifiés.

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3.2.1. Enregistrement des indices

3.2.1.1. Indice de plaque

Le premier indice à relever est l’indice de plaque bactérienne, qui permet une évaluation de l’hygiène
orale et de l’apprentissage du brossage. Chez l’enfant, l’indice d’O’Leary est le plus simple à utiliser à
l’aide de la sonde parodontale ou d’un révélateur de plaque.

Il permet de déterminer la présence de plaque supra gingivale, au niveau des 4 faces des dents, la
décision oui/non s’inscrit dans un schéma simple suivant la présence (+) ou l’absence (-) de la plaque
bactérienne. Cet indice est exprimé en pourcentage.

• (–) : absence de plaque dans la région gingivale marginale;

• (+) : présence de plaque détectable à la sonde et visible après coloration.

PI = nombre de faces avec plaque/nombre de faces observées × 100.

3.2.1.2. Indice gingival

L’inflammation gingivale est évaluée par la mise en évidence d’un saignement lors du sondage. Puis,
elle est quantifiée grâce à l’indice gingival de référence d’Ainamo et Bay, le Gingival Bleeding Index
(GBI).

0 : absence de saignement au sondage.

1 : saignement au sondage.

4 sites par dent sont évalués.

GBI = Nombre de sites avec saignement / nombre de site évalués x 100 = % de saignement.

3.2.2. Évaluation des facteurs locaux

L’évaluation des facteurs locaux est essentielle, car ils peuvent modifier le développement et la
progression des maladies parodontales. L’évaluation comprend l’observation des restaurations
dentaires (état de surface, situation anatomique du joint), des caries dentaires et des dispositifs
orthodontiques.

3.2.3. Sondage parodontal

Le sondage parodontal est l’élément de diagnostique crucial. Il permet la mise en évidence d’une perte
d’attache, et de poche parodontale, signes pathognomoniques de la maladie parodontale. À l’aide
d’une sonde parodontale droite graduée, l’atteinte sélective du parodonte superficiel ou du parodonte
profond est objectivée. La recherche de la jonction amélocementaire par la sonde permet le diagnostic

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différentiel entre une perte d’attache et une « fausse » poche liée à une inflammation temporaire. En
effet, celle-ci est fréquente chez l’enfant, lors de l’éruption dentaire.

3.2.4. Examen parodontal simplifié

L’examen parodontal simplifié ou dépistage proposé par Clerehugh et Tugnait est rapide à réaliser sur
les six dents de référence (16, 11, 26, 36, 31, 46). Il relève la présence de saignement au sondage, de
tartre, des facteurs de rétention de plaque et des pertes d’attache. Il permet de dépister les patients qui
nécessitent un examen parodontal détaillé et une prise en charge thérapeutique plus complexe.

Tableau : Examen parodontal simplifié pour les enfants et adolescents et traitement nécessaire
d’après Clerehugh et Tugnait.

Score/ grade Traitements nécessaires

0 : Sain. - Aucun.

1 : Saignement. - ICP.

2 : Tartre ou facteur de rétention du biofilm…. - ICP + surfaçage + élimination des facteurs de


rétention du biofilm.
3 : Poche de 4 à 5 mm
- Idem mais plus long.
4 : Poche parodontale de 6 mm ou furcation,
récession + sondage à 7mm. - Prise en charge parodontale complète + référer
à un parodontologiste.

ICP : instruction du contrôle de plaque.

Dans le cas des parodontites agressives, même si l’atteinte parodontale se situe au niveau des
premières molaires et incisives permanentes, le sondage en bouche complète est nécessaire. Avec six
mesures par dent, il fait apparaître l’étendue et la sévérité de l’atteinte parodontale. Et il sert de
référence à l’évaluation de la thérapeutique mise en œuvre.

3.2.5. Évaluation de la mobilité dentaire

L’examen parodontal inclut une évaluation de la mobilité dentaire. Celle-ci doit être en relation avec la
mobilité physiologique des dents temporaires selon leur degré de rhizalyse et des dents permanentes
selon leur degré d’édification radiculaire.

3.2.6. Évaluation du complexe muco gingival

L’examen du complexe muco gingival peut permettre le dépistage précoce de situations anatomiques à
risque (insuffisance ou absence de gencive attachée, insertion pathologique de freins).

3.2.7. Examen des fonctions

Il est nécessaire d’évaluer les fonctions et plus particulièrement la respiration. Une respiration buccale
et une xérostomie sont fréquemment associées à une gingivite marginale, surtout au niveau du bloc
incisivo-canin maxillaire.

3.3. Examens complémentaires

Chez l’enfant, les recommandations en termes de radioprotection imposent la réalisation des


radiographies nécessaires au diagnostic et au traitement et peu irradiantes (Haute Autorité de santé
(HAS), 2006). Celles-ci ne sont réalisées qu’après le bilan clinique. La radiographie panoramique,

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outil de dépistage de référence en odontologie pédiatrique, permet de visualiser d’éventuelles lésions
parodontales. Elle est associée à des clichés rétrocoronaires sur lesquels les septa interdentaires et le
niveau de l’os crestal sont observés. Les radiographies rétroalvéolaires faites avec un angulateur des
régions incisives et molaires informent sur l’état osseux et peuvent servir de référence.

Une analyse microbiologique constitue un des examens complémentaires initiaux à réaliser chez un
enfant ou adolescent présentant une parodontite agressive. Elle permet de préciser la flore microbienne
pathogène et de suivre son évolution au cours du traitement. Pour les autres formes de pathologies
parodontales, son intérêt est plus limité.

3.4. Traitement parodontal


Comme dans toute prise en charge parodontale, le traitement parodontal chez l’enfant et l’adolescent
s’organise en trois phases : une phase initiale de contrôle de l’infection, une phase de correction pour
restaurer la fonction et l’esthétique et une phase de maintenance pour prévenir la récidive. Cependant
certaines particularités doivent être prises en compte.

3.4.1. Traitement parodontal non chirurgical chez l’enfant


Pour la phase initiale, l’obtention d’un contrôle de plaque efficace par l’enfant est complexe. En effet,
le temps de brossage est souvent très court et réalisé sans contrôle parental.
- Avant l’âge de 7 ans, le brossage doit être assisté, puis sous le contrôle d’un adulte car la dextérité de
l’enfant est insuffisante.
- Après 7 ans, l’utilisation d’un révélateur de plaque dentaire est un moyen ludique, efficace pour
capter la coopération de l’enfant.
- Une technique de brossage verticale simple est suffisante chez l’enfant et l’adolescent.
- Une brosse à dent électrique peut être conseillée chez les enfants peu coopératifs. Elle améliore
l’élimination du biofilm dans les zones difficiles d’accès comme les faces palatines/linguales et les
espaces interdentaires, peu nettoyées par les moyens conventionnels (fil dentaire, brossettes).
- Lorsque le risque d’ingestion est éliminé, après l’âge de 6 ans environ, l’utilisation de bains de
bouche antiseptiques (digluconate de chlorhexidine) peut être conseillée mais elle ne peut remplacer le
brossage.
- Selon un protocole guidé par le diagnostic parodontal, la thérapeutique non chirurgicale de détartrage
supragingival et de surfaçage radiculaire ne diffère pas de celle de l’adulte. Elle peut intervenir en
denture temporaire ou mixte.
- Pour un surfaçage radiculaire, l’anesthésie locale est préconisée. Chez l’enfant, la dose maximale
d’articaine à utiliser en anesthésie locale correspond à une cartouche pour 10 KG de poids.
- Dans les cas de parodontites agressives, une antibiothérapie systémique associant amoxicilline et
métronidazole est recommandée.

3.4.2. Réévaluation
Une réévaluation parodontale est nécessaire à 8 à 12 semaines pour décider la suite du traitement.
Si le patient présente une hygiène satisfaisante, une absence de poche parodontale et de saignement au
sondage, celui-ci est orienté vers une phase de suivi. Quand une poche parodontale supérieure à 4 mm
persiste, accompagnée d’un saignement au sondage, un traitement complémentaire est préconisé.

3.4.3. Traitement chirurgical


Cette phase intervient une fois l’infection parodontale est contrôlée afin de reconstruire une anatomie
dentaire et parodontale fonctionnelle et esthétique.

- Les gingivectomies permettent de retrouver une anatomie gingivale favorable à un bon contrôle de
plaque et leurs Indications sont limitées.
- Les chirurgies d’assainissement prennent place dans le traitement des parodontites agressives lors de
la persistance de poches parodontales supérieures à 5 mm après réévaluation.
Il est également possible d’associer des techniques de régénération ou de comblement pour les lésions
intra-osseuses des parodontites agressives ou celles qui font suite à des traumatismes dento-
parodontaux, fréquents chez le sujet jeune.

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En denture temporaire, il est préférable d’extraire les dents n’ayant pas répondu à la thérapeutique non
chirurgicale.

3.4.4. Traitement Orthodontique

L’orthodontie est primordiale dans le rétablissement d’une anatomie et d’une occlusion fonctionnelle.
Elle n’intervient qu’après les phases initiale et chirurgicale du traitement parodontal. Elle
s’accompagne d’un suivi régulier de l’enfant et d’un renforcement du contrôle de plaque.

3.4.5. Maintenance parodontale


Elle a pour but de prévenir la récidive de la maladie, de réduire le risque de perte dentaire, et de
diagnostiquer et de traiter les nouvelles pathologies dentaire et buccale. En dehors de la forme et de la
sévérité de la maladie qui conditionnent la fréquence des visites, celles-ci dépond également du
patient, de sa disponibilité, de son observance et de sa compliance.
En cas de risque parodontal, le rythme de 3 à 4 visites par an est nécessaire.

Conclusion
La maladie parodontale chez l’enfant risque d’évoluer en parodontite sévère chez l’adulte. Il est donc
nécessaire d’identifier les enfants, les familles ou les populations les plus susceptibles à la maladie
parodontale, afin de les suivre régulièrement et de prévenir le développement et l’aggravation de la
pathologie parodontale.

Bibliographie

1. Bailleul-Forestier, I., Noulin-Tfi, C. : Parodonte de l’enfant. EMC. 23-415- C-10. 2001.

2. Bouchard, P.: Parodontologie et dentisterie implantaire. Editions Lavoisier.

Volume1. 2015.

3. Brochery, D., Hennequin, A., Vaysse, F., Bailleul-Forestier, I. :

Parodonte de l’enfant et de l’adolescent. EMC médecine buccale. 28-270-B-10. 2013.

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