Vous êtes sur la page 1sur 14

QUELLE MÉTHODOLOGIE POUR LA RECHERCHE SUR LE CONTRÔLE

INTERNE DANS LES BANQUES FRANÇAISES ?

Gregory Heem

Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité Contrôle Audit »

2000/3 Tome 6 | pages 43 à 55


ISSN 1262-2788
ISBN 2711734153
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2000-3-page-43.htm
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Association Francophone de Comptabilité.


© Association Francophone de Comptabilité. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


GrfuoryHenu
QUEI,LE MÉTHODOLOGIE POUR rA RECHERCHE SUR LE CONrRÔI"E rNrERbrE DANS t ES BÆ{QUES FRANçATSES ?

Qpelle méthodologie pour


la recherche sur le contrôle
interne darus les banques
françaises ?
Gt@tyHEEÀ,I
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

(onerpondame: laboratoire RODIGE


1361, route des Lucioles
SophiaÂntipolis
06560 Valbonne
email : heem@hivaoa.unice.fr

CoMyrâEnlTÉ - CoNrRôt"E - Ar.rDn / Num&o spécid - décembre 2fi)0 (p. $ f 55)


GrQory Hrru
QUELLE MÉTHODOLOGIE POUR tA RECHERCHE SUR LE CONTRÔI.E INTERNE DÂNS LES BANQUES FI{ANçAISES ?

Iæ paysage financier et bancaire français a connu une forte mutation depuis une dizaine d'années, avec
h loi bancaire de janvier L984,la fin de l'encadrement du crédit, l'apparition de nouveaux insuu-
ments financiers, la privatisation de grandes banques. Ainsi, la gestion et la maltrise des charges de
foncdonnement ont été au cæur des préoccupations des grandes banques après la période d'achève-
ment de la bancarisation des Français.

Dans un environnement devenu très concurrentiel, I'exigence de rentebilité s'est traduite Par une
meilleure appréhension des cotts bancaires, un développement du contrôle de gestion, une oPtimisa-
tion de la productivité, la maltrise des risques de crédit. Cette dernière est ainsi devenue I'un des axes
stratégiques majeurs de la banque, en grande partie en raison de la montée des contentietx. En effet,
depuii la fin des année.s 1980, les banques françaises ont été confrontées à la montée des créances
douteuses tant sur le marché des entreprises que sur celui des particuliers et elles ont été amenées à
faire évoluer leur contrôle interne.

Le contrôle interne, autrefois défini comme I'ensemble des procédures ayant pour objectif d'&iter
la fraude, désigne aujourd'hui un processus mis en Guvre par le conseil d'administration, la direction
générale...o* les niveaux du personnel. Il ne s'agit pas simplement d'une procédure ou d'une poli-
iique appliquée à un cerrain moment, mais plutôt d'un qrstème qui fonctionne en continu à tous les
niveaux de la banque.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Nous traiterons uniquement dans cet afticle de la méthodologie qui nous a permis d'appréhender
commenr a évolué le contrôle interne des risques de crédit dans quatre grandes banques françaises.
Dans une première perrie nous présenterons les différents paradigmes de la recherche en contrôle et
nous préciierons celui qui nous a semblé le plus adapté à notre recherche. Puis, dans une deuxième
parti., nous justifierons le choix de l'approche qualitative que nous avons adopté avec la méthode de
q$ comme stratégie de recherche.

ffi Épistémologie de la recherche : quel paradigme


pour la recherche en contrôle ?
Les recherches en sciences de gestion et en particulier en contrôle ont recours à des approches métho-
dologiques très différentes. Il est donc important, comme I'indique Koenig (1993), de préciser le
niveau épistémologique auquel nous nous situons pour permettre d'apprécier le travail relativement
aux auûes.

Nous considérons les paradigmes au sens d'appréhension de la réalité.

Une question se pose dans la recherche en gestion : dans quel cadre épistémologique se situer ? De
la réponsà à cette question vont découler les méthodes à utiliser. Il existe deux grands paradigmes en
sciences de gestion : I'objectivisme et le subjectivisme (tableau 1 ci-contre).

Lobjectivisme considère que le chercheur a une position d'observateur extérieur (on observe un
objet sans agir dessus), le subjectivisme considère à I'inverse que le chercheur a une position de parti-
cipant. Bouquin (1997, p. 679) nous indique qu il existe également deux courants dans la recherche
en contrôle: un courant structuro-fonctionnaliste et un courant interprétativiste ou constructiviste.

CoMprlBttrrÉ - Conrrnôre - Auorr / Numéro spécial - décembre 2000 (p. 43 à 55)


GrQoryHeru
QUELLE MÉTHODOLOGIE POUR I.A RECHERCHE SUR].E-. CoNTRÔLE TNTERNE DANS LEs BANQI,IES FRANÇAISES ? , .45 -
Tableau I
les paradigmes de la recherche en gestion
0srgcfMsur Suurcrmslrr
Perception de la réalité Rationnelle, structurée Complo<e, construite
Déterminée Interprétée
Types d'approches Positiviste Interorétative
Types de questions Combien ? Comment ?

Qui ? Pourquoi ?

Types de méthodes Quantitative Qualitative


Types de démarches Hypothético-dédu ctive Inductive

Source : Foncues, 1993, p. 64'


Le p aradigme s truc turo -fo ncti o nna lis te

Ce paradigrne a une essence positiviste, ce courant proêde à des méaphores mécaniques ou biolo-
giques. Ils utilisent une rystémique que Bouquin (1997) qualifie de " façade " car limitée à des rela-
tions figées. La méaphore des rystèmes naturels ne sen que d'alibi.
Ainsi se côtoient des recherches déterministes et d'autres qui ne reconnaissent les individus que
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


pour leur suPPoser un comportement rationnel de recherche de I'optimum. Ces auteurs ont décou-
vert le lien entre la stratégie et la structure mais également les problèmes de technologie ou d'incerti-
rude de I'environnement. Une auue forme de déterminisme de conts(te t éÉla culture, sous l'in-
fluence des sociologues (Ouchi, 1982; HoÊtede, 1978 ; Iribane, 1989). Puis des cadres plus formali-
s& importâ de l'économie des cota de transaction (Ouchi, 1979,l98O) et de la théorie de I'agence
(Baiman, 1982, 1990) ont expliqué les rystèmes de contrôle par la recherche de I'efficacité au cott
minimum, le contenu et la mesure de cette notion de cott constituant Ie cæur du problème.
Le paradigme intnpréutiahte ou constrac'tiuiste
I,e deuxième courant, plus récent, traite du contrôle par I'intermédiaire de cadres conceptuels
sociologiques. Il y a ainsi une forte pr&ence de I'individualisme méthodologique avec une part uès
fone donnée à I'individu plutôt qu'au groupe, à sa culture, à ses processus cognitifs, avec une impor-
ance donnée à I'apprentissage. On parle d'interpréativisme car cette démarche voit dans les phéno-
mènes I'objet de représentations et pas waiment des réalités. À la métaphore des systèmes naturels
(utilisée par Mélèse) se substitue celle de I'architecture (utilisée par Lemoigne). [.e contrôle est le résul-
tat d'un projet et d'un processus d'élaboration libre et non pas déterminé par des forces naturelles ou
par l'application d'un savoir unigue. Comme le dit Piaget (1967), n lJintelligence organise le monde
en s'organisant elle-même o, ce savoir est soumis à une reconsffuction p€rmanente. Des travaux socio-
logiques s€ sont démarqués du courant structuro-fonctionnaliste dominant, la sociologie a ainsi vu
apparalue un paradigme inteqprétativiste ramifié en actionnisme et ethnométhodologie. La râlité y
est vue comme une somme d'actions individuelles construites par des ecteurs en interaction qui inter-
prètent les situations au cours de leurs interactions et non pas selon des références communes et
stables.
[æ positivisme avait poussé les chercheurs vers des approches quantitatives (Tiahan, 1980) qui
tenaient de meme en évidence des relations statistiques entre différentes variables visant à établir des
relations causales. Iæ constructivisme réhabilite des recherches qualitativa (Bouquin, 1997) avec des

C.oMPrÂBulTÉ - C-oNrRôrE -AlrDrr I Numéro spdcid - décembre 2000 (p. 43 à t!)


., ouELLE MÉrHoDoLocrE pouR r *r."r*."r r8'ffiÏ#iSRôLE nffERNE DANS LEs MNeuEs FMNçAI'ES ?

46-
recherches ethnographiques à base d'études de cas qui cherchent à comprendre davantage le comment
que le pourquoi,-i'ambiiion étant de comprendre les processus (Dent, 1991). Certains ffavaux mobi-
lir"rrt l" methode génâogique de Foucault (1969) tentent de dépasser l'opposition struduro-fonc-
tionnaliste et interprétativiste en s'appuyant sur les ff:lvaux de Giddens (Macinrcsh et Scapens, 1990) ;
ces recherch., or,if"i.l'objet de différends autour du concept de valeurs partagées (Boland' 1996).
Ces travaux se fondent sur l',. ernlroweTrnenr, qui consiste à faire refluer vers les âcteurs une plus
large pan des décisions et de la crâtivité en s'appuyant sur des outils de gestion. Les outils de contrôle
n" rot, alors plus tournés vers la construction de personnes obéissantes et disciplinées, mais vers
l'émergence d'acteurs responsables et innovateurs. Ainsi, Simons (1990, l99L) emontré que l'utilisa-
tion dà systèmes d. contiôl. par les managers dépend de l'incertitude qui plane sur la mise en æuYre
de leur stratégie et sur leur pertinence.
Si I'on se réêre à Allard-Poesi et Maréchd (1999, p. 39), il faut en fait distinguer trois perspectives
(
épistémologiques : le positivisme, I'interprétativisme et le constructiûsme : Pour un chercheur posi-
,irnir,., de la recherche consiste principalement à interroger des faits afin_d'en découvrir la
I'o{.i
srrucrure sous-jacente. Pour un chercheur interprétatif, il s'agit de comprendre un phénomène de I'in-
térieur pour tenter d'appréhender les significations que les gens attachent à la râlité, leurs motivations
et intentions. Pour un chercheur constructiviste enfin, construire un objet de recherche consiste à
élaborer un projet de connaissance que la recherche s'efforcera de satisfaire. n
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Cette idée est résumée dans le tableau ci-dessous adapté de Girod-Séville et Perret (1999) et de
Allard-Poesi et Maréchd (1999).

Tableau 2
Approche de la réalité des différents paradigmes
Lts pmnotemrs
.::>--.-- ii porr*r",
'-' i: lrnnpnhnnvrsm: i coro*u.*r",
UPRqHE DE II
:

aùêièsr iôntaut i Èypothèse ontologique i Hypothèse phénoménologique


-
de la connaissance ? !i (il existe une essence propre ! L'essence
Uessence 0e l'objet ne peu
de I'ooJet être aflelnre
peut elre (constructivisme
atteinte (consrru
ja l'obiet de recherche) ! modéré or.l interprétativisme) ou n'existe pas (constructi-
i visme radical)

ilËiË'iî ËïéËiiiil ;uiét- inôépenffiiiô il suret -- - Dépendance du sujet et de l'objet


objet ? ! (l'observateur) et de l'objet
(la réalité)

Comment la connaissance La décowerte llinterprétation (on cherche à La construction (on cherche


est-elle engendrée ? (on cherche à décowrir comprendre la si gnification à donner à voir une réalité
la structure de la réalité) que les gens attachent à la élaborée par le chercheur)
réalité sociale, leurs motiva-
tions, leurs intentions)

Comment Ia connaissance a-t-ellz été engendrée dans notre rechnche ?


Selon nous, le monde social est fait d'interprétations : dans les quâtre cas de banques que nous
avons étudiés, nous avons souhaité interroger des individus de différentes régions pour observer s'il
apparaissait des différences d'interprétation. Notre but n'a pas été de découvrir des lois qui s'imposent
mais de chercher à comprendre comment les acteurs construisent le sens qu'ils donnent à
"iri "o.,rrr,
CoMrxaB[rrÉ - CoNrRôLE - AuDtr / Numéro spécial - décembre 2000 (p. 43 à 55)
Grftory Hneu
QUELLE MÉTI{OpOI.OGIE POUR l RECHERCHE SUR LE CONTRÔLE TNTERNE pANS LES BANQUES FRANçATSES }
L
la réalité sociale. Nous pensons ainsi que la méthode proposée par Huberman et Miles (1991), même
si ces auteurs se qualifient de o positivistes modérés u (Koenig, 1993), s'applique très bien dans un
-1/
paradigme interprétativiste, c:r la méthode des matrices qu'ils proposent permet de rester le plus
fidèle possible aux interpréations qu'ont les acteurs de la situation.

Qaellz a été la rehtion suja/obja dans nofe recherche ?

Nous ne pensons pas qu il eniste, en sciences sociales, une connaissance objective de la réalité, le
but de notre recherche e$ de proposer les représenations qu'ont les acteurs de la réalité. Laccès à ces
représentations iest faite à I'aide d'enuetiens semi-directifs avec le même guide d'entretien pour tous
les acteurs dans le but d'influencer au minimum notre objet de recherche. Mais l'indépendance totale
du sujet et de I'objet est selon nous une utopie en sciences sociales, en particulier dans le cas d'études
qudiatives.

ffi Quelle méthodotogil" pour la recherche en contrôle ?

Comme nous evons pu I'observer, l'état des recherches dans le domaine du contrôle interne bancaire
est insuffisant pour que notre recherche se fonde sur le test d'hypothèses issues d'un corps théorique
existant. Nous avons donc orienté nos travaux vers une logique de découverte. Par ailleurs, notre
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


recherche est orientée vers I'identificedon, la description et la compréhension de phénomènes proces-
suels. Il est alors nécessaire d'effectuer une recherche longitudinale afin de saisir les liens de causalité
mais également la dynamique des phénomènes étudi&. Ia recherche longitudinale nous a permis de
saisir des liens de causalité mais également la dynamique des phénomènes étudiés (Pettigrew, 1990).
Nous allons à présent justifier la méthode d'enquête que nous avons utilisée dans notre travail
empirique. Nous pr&enterons notre choix d'une méthode fondée sur des études de cas par rappon à
notre problématique (2.1.), ensuite nous évoquerons comment celle-ci fut mise en æuvre lors des
deux phases de l'enquête (2.2.). Enfin, nous donnerons le détail des techniques de recueil et d'andpe
de données (2.3.).

''lr.W"â Une méthodologie semi-inductive et qualitative


Notre objectif étant de construire une théorie à panir du vécu du terrain, nous nous sommes orientés
vers une recherche inductive (Glaser et Strauss, L967). Nous avons donc évité de nous lancer avec des
hypothbes ou des théories apriori, afin de conserver une certaine fleibilité théorique, c'est ce que
Glaser et Strauss 096n appellent u la théorie enracinée dans les faia ,.
Mais toute recherche doit cependant être précédée d'un minimum de bases théoriques afin de
juçr ce qui doit être exploré et selon quels critères (Yin, 1994). En réalité, aucun chercheur ne peur
avoir I'esprit vierge de toute théorie, notre recherche pourra être qualifiée de semi-inductive. Strauss
et Corbin (1990) reconnaissent également que la o grounded theorgu rfest pas totalement applicable
dans la mesure otr il est difficile pour un chercheur d'avoir fesprit vierç de toute théorie face à un
phénomène.
Le choix d'une métlode qualiative semi-inductive est justifié par la découverte d'informations
nouvelles et difficilement identifiables à I'aide d'un questionnaire directif ; par oilleurs, dans le secteur

CoMp:relurÉ - Corrrnôrc - Alnrr / Numéro spécial - décembre 2fi)0 (p, 43 à55)


- ouELLE MÉTHoDoLocrE pouR r-A, RECHER.HE r8'ffiflSffi*ol' INTERNE DAN' LEs BANeuEs FRANçAISE' ?

48
dans lequel nous travaillons (les banques), une relation de confiance doit s'instaurer afin d'obtenir des
informations ne correspondant pas uniquement au u discours officiel ,.
Ainsi, comme l'indiquent Huberman et Miles (1991, p.46) : u Une recherche plutôt inductive et
peu strucrurée à I'avance est justitée quand les chercheurs disposent de beaucoup de temps et qu'ils
explorent des cultures exotiques, des phénomènes mal connus, ou des réalités socides très complexes.
Mais lorsque I'on s'intéresse à cerains phénomènes sociaux déjà explorés, dans le cadre d'une culture
ou d'une sous-culture familière, une approche souple, fortement inductive e$ une pene de temPs. D
Par ailleurs, notre recherche esr orientée vers la description et la compréhension de phénomènes
processuels : il s'agit de chercher à décrire les variables ou mécanismes qui apparaissent ou changent
r,, du temps. La recherche longitudinale permet de saisir des liens de causalité au-delà des
"o.rm
simples corrélations, elle permet également de saisir la dynamique des sites érudi&. Comme le note
Pettigrew (1990, I992),la dimension temporelle d'un processus est cruciale, la méthode longitudi-
nale de cas nous a permis d'appréhender des phénomènes processuels et concePtualisés. Selon
Peaigrew (1990, p. 269) il est important d'étudier le changement dans un mode contortuel Pour au
moins quatre raisons, tout d'abord à cause de I'interconnexion des niveaux d'analyse, ensuite pour
saisir les interconnexions temporelles situées dans le passé, dans le présent et dans I'avenir, puis pour
comprendre la nécessité d'explorer le contexte et l'action (comment le contelfte est un produit de l'ac-
tion et vice versa), et enfin pour poser la question de la cause du changement qui n'est jamais linâire
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


ou unique.
Le recueil et l'analyse de données ont été effectués selon des procédures incrémentales et itératives
comme le proposent Huberman et Miles (1991, p.37),

W.r,W,ffi.r,#. Une recherche multi-cas


Noue travail empirique a été mené à panir d'études de cas. Celles-ci ont été conduites en deux temPs :
le premier remps a consisté en une étude exploratoire (2.2.L),le deuxième temPs a permis, après un
rerour à la théorie, d'approfondir sur un plus large échantillon les conclusions de l'étude de cas explo-
ratoire (2.2.2.).

,r.-trJffiïëiffi LÉruDE DE cAs


Si I'on reprend la typologie de Yin (L994),1'auteur nous propose de choisir entre cinq grandes straté-
gies de recherche : les enpériences, les enquêtes, l'andyse d'archives, les études historiques, les études
de cas.

Les études de cas comme les expériences ou les études historiques cherchent à répondre à des ques-
tions du rype ( comment )) et o pourquoi , ; à l'inverse les enquêtes et l'andyse d'archives répondent
plutôt à des questions du type u gui u, ., otr ,r, u combien >, < quoi o. læ but de notre recherche étant
d'étudier commenr les banques ont fait évoluer leur contrôle pour maltriser les risques de crédit, nous
avions le choix entre la méthode historique, I'expérience et l'étude de cas. la méthode historique
n était pas adaptée dans notre cas, ciu les événements étudi6 sont contemporains ; quant aux expé-
riences, il est impossible d'en faire car nous riavons pas la maltrise des phénomènes analysés. Notre
stratégie de recherche a donc tout naturellement été fondée sur l'étude de cas.

CoMpxABllrÉ - C-otvrnôre - AuDIr / Numéro spécial - décembre 2000 (p. 43 à 55)


GrQoqy Hreu
QUEITE MÉrHoDoLocIE PouR LA RECHERCHE suR LE CoNTRôLE TNTERNE DANS LEs BANeuEs FMNçAtsEs ?49

[æs citères de choix parmi les cinq stratfuies de recherche sont résumés par Yin (1994, p. O dans
le tableau 3.

Ibbleau 3
les situations adaptées aux différentes stratégies de recherche
NÉCESSfTÉ DE coNmôEn
FoCAUSAIIoN sUR DEs h'ÉilEMENls
Tvpr or Qursnon DE EEo{Eno{E US COMPOfiEMBIÎS
CoIIIEMPOMIÎ{S
0u us smrm{rils
Comment ? Oui Oui
ErcÉnna
Pourquoi ?

Qui ? Quoi ? Non Oui


EilquÈE
Où ? Combien ?

Qui ? Quoi ? Non Oui/Non


At{AtYsE D'ARo{vE5
0ù ? Combien ?

Comment ? Non Non


Hmons
Pourquoi ?

Comment ? Non Oui


Éruos or cns
Pourquoi ?
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Si I'on reprend ceme qpologie des suatégies de recherche, l'étude de cas est la plus adaptée à notre
démarche car elle répond aux uois critères suivanrs :
1) La question de recherche e$ de rype < comment ? o.

2) La recherche se focalise sur des événements contemporains.


3) [a recherche ne nécessite pas le contrôle des comportements et des situations.
tintérêt de I'approche de Yin (1994) est qu il ne limite pas les études de cas à la méthode de l'ob-
servation panicipante, il propose ainsi six sources d'évidences que sonr les documents, les données
historiques chiffrées, I'observation directe, l'observation participante, les interviews (entretiens), les
dispositifs.
Un autre evantage de cette approche st qdil n'assimile pas les études de cas à des études explora-
toirs. En effet, Yin nous indique qu'il existe des objectifs exploratoires, des objectifs descriptifs, des
objecti6 d'explication. Ainsi, selon lui, on pense généralement que les études de cas sonr adaptées à la
phase exploratoire d'une érude, que les enquêtes et les études historiques sont appropriées à la phase
descriptive et que les orpériences permettent de réaliser des études de causalité ou explicatives, ce qui
est Ëux.
Pour Wacheux (1996, p. 89), < le méthode des cas se définit comme une analpe spatiale et tempo-
relle d'un phénomène complene par les conditions, les événements, les acteurs et les implicarions ,.
Uétude de cas doit nous pernettre d'intégrer la dimension chronologique, de comprendre les causali-
tés, de repérer comment les configurations se forment et se déforment âu cours du temps dans le
contexte (Vacheux, 1996).Notre objectif est de découwir une problématique nouvelle p"r1'obr"r*-
tion des dimensions peu envisagées par des recherches antérieures, l'étude de cas présentée par Yin
(L994\ s'applique naturellement. Létude de cas se justifie par la complexité du phénomène à étudier.
la question de recherche doit ftalement, selon Vacheux (1996), êre du rype ( pourquoi , (causalités
récursives, configurations) ou ( comment, (processus, enchalnement des événements dans le temps).

CoMIro$rIJTÉ - Covrnû^e - Auon I Numéro spécial - décembre 2000 (p. 43 \ 55)


OUELLEMÉT}IODOLOGIE POURI.ARECHERCHE INIERNEDANS LES BAI'IQUES FMNçAISES ?

50 '8'ffiT#'TRÔI.E
Elle doit permerrre de suivre ou de reconstruire des événements dans le temps (monûer comment le
contrôle ir,t rrr. a évolué), d'évaluer des causalités locales (isoler ce qui est général des contingences
locdes propres à chaque établissement) et de formuler une explication (qui doit être ensuite testée
auprès des acteurs).
Ainsi, l'étude de cas est souvent assimilê à une entreprise, mais pour'W'acheux (1996), l'étude de
cas rt'est pas l'étude d'une entreprise, l'unité d'analyse détermine les frontières du cas.

Afin d'accroltre la validité externe de notre recherche, nous âyons opté pour une analyse de cas

multi-sites. la multiplication des sites permet d'élargir le champ de notre étude et ainsi de réduire le
risque d'une trop forte prise en compte d'une variable ou d'une relation. la comparaison entre les cas
va nous permemre de dégager des régularités qui fournissent une meilleure assise à nos conclusions
(nn, 19r/'i.,. La sélection des cas qui constitueront notre échantillon a été effecnrée de manière théo-
rique et non déatoire (Glaser et Strauss, 1967). ks nouveaux c:rs ont permis de répliquer les observa-
tions afin de gagner en validité interne et de compléter nos observations, mais également de détermi-
ner les éléments proPres à chaque cas (Yin, 1994).
Pettigrew (1990) recommande d'étudier des cas u polarisés ,, iest-à-dire des cas qui mettent en
doute les observations déjà râlisées. Le secteur bancaire frangis étant composé essentiellement de
deux types de banques, les banques mutualistes et les banques AFB (Association française de
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


banques), nous avons décidé d'étudier deux cas de chaque type.
Comme le précisent Glaser et Strauss (I967),la recherche touche à son but lorsque la saturation
théorique est possible. Par ailleurs, il riest pas nécessaire de tester la théorie constituée c:r son enraci-
,r"-.r,i mêmé dans la râlitéla valide. Ainsi, l'étude de cas nous permet d'étendre et de généraliser les
théories (généralisation analytique) mais pas d'énumérer des fréquences (généralisation statistique).

l!!*W#à.#ffi tiÉ,ruDE DE cAs DoLoRAroIREs (cAs PILorEs)


Au début de notre recherche, nous avons effectué trois études de cas exploratoires, sur deux banques
mutualisres er une banque AFB, qui correspondent aux < cas pilotes > proposés par Yin (1994). Ces
u cas pilotes n nous ont permis de mieux formuler notre problème afin de mener ensuite une investi-
gation plus précise. Les principaux critères pour sélecdonner nos cas pilotes ont été I'aspect Pratique
!t h proximité géographique. Le recueil d'informations issues de ces cas a été mené en parallèle de
l'étuJe de la littérature afin que notre problématique corresponde à la fois à un besoin de la théorie et
à des préoccupedons de la pan des praticiens. Llétude de la littérature et des cas piloto nous e permis
d'élaborer des propositions.
1a démarche est illustrée par la figure I ci-contre. Ainsi, les études de cas menées avec une logique
de répétition permeftenr de construire une théorie (Yin, 1994).Il faut considérer les cas multiples
comme une multiplicadon d'expériences et abandonner la logique d échantillon. Les cas doivent être
choisis selon Yin (1994) soit de façon à prédire les mêmes résultats (répétition littérale), soit pour
produire des résultats contraires pour des raisons prédictibles (répétition théorique). Si lescas se révè-
i.rra.o-^. correspondant aux prévisions, ils serviront de suppon aux propositions initiales. Dans le
cas otr ils sont coniradictoires, les propositions doivent être révisées et testées une autre fois avec un
nouvel ensemble de cas. Ces répétitions permettent le développement d'un cadre théorique riche qui
devient plus tard le véhicule d'une généralisation à de nouveaux cas.

CoMrrABrurÉ - CorvrRôrr - AuDIr / Numéro spécial - décembre 2000 (p. 43 à 55)


GrftoryHnru
QUELLE MÉTIIODOLOGIE POUR rA RECHERCHE SUR LE CONTRÔLE INTERNE pANS LES BANQITES FMNçAISES ?
É r

Figure I
Déroulement des études de cas -)r

Exploration guidée par des questions générales du type :


Premiers cas
(cas exploratoires) -Qui contrôle les risques de crédit ?
-Comment les banques s'organiænt-elles pour contrôler les risques ?

Y
@
Premières propositions à la lecture de la théorie et des premiers cas

@
Y
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Étude des quatres cas
Investigations à partir des propositions issues des études de cas préliminaires
sélectionnés

w
Évaluation des propositions théoriques initiales

Pour augmenter la richesse du cadre théorique construit, nous avons choisi d'effectuer une ,é?éti-
tion théorQue en choisissant des éablissements mutualistes et AFB, mais ftalement linéralz en choi-
sissant deux éablissements de la même population (deux mutudistes et deux AFB).

il-*",.F-*',ffiffi[$'ll:-$.j*I La technique de recueil et danalyse de données


[^a technique de recueil de données a été privilégiée pour l'érude.

,ffi,#.Ï*,-ii,ffill LATECHNTeUE DE RECUETL DEs DoNNÉEs


Il est intéressant de présenter les sources d'évidence que nous avons résumées dans le ableau 4, page
suivante, adapté de'Wacheux (1996).

CoMp[ABurÉ - C,or.rrRôLE - ArrDrr / Numéro spécid - décembre 2000 (p. 43 à 55)


Grégory Herrt
t^: oUELLE MÉTHoDoLoGIE PoUR IA RECHERCHE sUR LE CONTRÔLE INTERNE DANS LES BANQUES FRANçAISES ?

tz

Tableau 4
lntérêt des différentes sources d'évidence
SouRcs Dssormon
Entretiens Relation de face à face avec des acteurs. i llspermettent de recueillir des opinions, d'où
i la nécessité de multiplier les interviews.

Ob*rrt,ot dir..te Situation privilégiée du chercheur, I Nécessité d'enregistrer et de codifier


il'observation.
i Cette technique permet I'observation
ides comportements.
Observation participante

d'un processus. Nécessite la reconstruction des données.

Documentation Analyse des traces écrites présentes Source à utiliser en complément.


d'un processus. Source essentielle pour retrouver
une chronologie.
Cette source doit être comparée
aux entretiens.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Ces sources sont complémentaires, Yin (1994) et IV'acheux (1996) nous indiquent qu'il faut en
mobiliser plusieurs. La diversification des sources répond au principe de triangulation qui est une
procédure de vérification de la vdidité des données. Patton (1987, cité par Yin, 1994) identifie quatre
types de triangulations : des données, des évaluateurs, des perspectives théoriques, des méthodes. En
otilir*t plusieurs sources d'évidences, nous nous intéressons à la triangulation par changement de
méthodei. Le but est alors de collecter les mêmes faits grâce à plusieurs sources. La triangulation
permer I'enrichissemenr, la mise en question, le contrôle et la vérification des données.
Nous avons ainsi employé trois des sources d'évidences : l'entretien, la documentation, l'observa-
tion direce. I"a multiplicité des sources a permis d'améliorer les deux critères de vdidité externe que
sont la complétude et la saturation. Les entretiens menés lors des études de cas de la deuxième phase
d'enquête ont été de type semi-directif grâce à l'élaboration d'un guide d'entretien afin de structurer
la collecte des données pour permettre une analyse inter-sites.
Les entredens ont été conduits à l'aide d'un guide d'entretien, dont l'objectif est de traduire les
objectifs de recherche en questions dont les réponses serviront à valider ou non nos propositions et à
explorer le champ visé par les objectifs de recherche.
læs études de cas exploratoires nous ont permis d'acquérir le vocabulaire employé par les inter-
viewés afin d'élaborer une guide suffisamment précis. Læ guide d'entretien aété établià partir des axes
de la limérature et des observations des cas pilotes.
É,tudions à présent la méthode d'andyse des données, analyse qui a démamé dès le début de l'en-
quête de terrain.

*ry..il.l#lf-,.iËli;ï',æ rA MErHoDE D'ANALYSE DE DoNNEES


IJandyse de données consiste selon W'acheux (1996) à réduire les informations pour les catégoriser et
les mettre en relation avant d'aboutir à une description, une explication ou une configuration. Pour

CoMprÂBrurÉ - CoNrRôLE - AuDlr / Numéro spécid - décembre 2000 (p. 43 t 55)


GrfuoryHnru
QUEIE MÉ'rHopoLocIE pouR IA RECHERCHE suR LE coNrRÔLE TI.ITERNTE pANs LEs BANquEs FMNçAISES ?53

Huberman et Miles (1991), l'analpe se compose de uois flux concourants d'activité : la condensation
des données, leur présentation, l'élaboration et la vérification des conclusions (figure 2).
Ia condensation
[æ but de la condensation est de sélectionner, transformer, simplifier des " données brutes " collec-
tées lors de l'enquête. læs données subissent une condensation anticipée (avant la période de recueil)
car le chercheur réduit le champ de ses investigations per sâ question de recherche, les sites rerenus, la
méthode de recueil des données.

Figure 2
Les trois flux d'analyse
Période de recueil des donnêes

CONDENSATON DES DONNÉES

Après

PRÉSENTATION DES DoNNÉE5


© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


= Analyse
Après

ÉlRsoRAlowÉnrrrcRrroru DEs DoNNÉEs

Après

.Source : Husrnr\raN et MrIEs, 1991, p.34.

Glaser et Strauss (1967) distinguent trois opérations de recherche qui sont la collecte de données,
le codage et la rédaction de u mémos ,r. Même si la relation n'est pas linâire la collece de données
conduit à leur codage et à la rédaction des mémos.
Pour Huberman et Miles (1991, p.96), u Un code est une abréviation ou un qymbole anribué à
un segment de texte en vue d'une classification u. Lobjecif du codage est de pouvoir retrouver les
mots les plus significatiÊ, de réunir des parties de texte qui vont ensemble aûn de réduire les centaines
de pages dactylographiées en unités direcement analysables.
Iæs codes découlent de la question de recherche, des propositions, des thèmes imporrants ou des
concepts clés. Le but est de pouvoir identifier puis regrouper tous les segments des différents entre-
tiens liés à une question ou à un thème.
On distingue les codes selon que le niveau d'analyse est plus o descriptif n (tel rype de phénomène
appartient à tel segment de tente) ou u explicatif o, les codes o thématiques D permement d'indiquer
qu'un segment de texte appartient à un thème donné.
[æs codes sont appan$ à différents stades de I'and1ne, certains au début, d'autres plus ardivement.
À propor de la création de codes, Huberman et Miles (1991) nous indiquent qu il existe trois grandes
méthodes d'élaboration. la première consiste à établir une liste de codes avant de démarrer le uavail
sur le terrain, cette liste provient dors de la question de recherche, des propositions théoriques, du

C-oerpterurrÉ - CoNIRôLE - ArrDtr / Numéro sp&ial - décembre 2000 (p. 43 à 55)


Grégory Hrev
eUELLE METHODOLOGTE POUR LA RECHERCHE sUR LE coNTRÔt-E INTERNE DANS LES MNQUES FI{ANçAISES
?

cadre conceptuel, des variables clés. L^a deuxième méthode est plus inductive et ProPose de ne pas
codifier les Jonnées avant qu'elles ne soient collectées, I'objectif est dors que les codes essendels émer-
genr du terrain. La troisième méthode, à mi-chemin enûe les deux premières, est celle que nous avons
adoptée, elle consiste en un plan général de codage qui indique les grands domaines dans lesquels les
codes devront être conçus.

Les formats de présentation


laforme la plus fréquente de pr&entation des données pour les enquêtes qualitatives est le texte
narratif, Le texte se pr&ente sous la forme de notes de terrain transcrites que I'andyrcte parcouft' Pour
en e$reire des segments codés et en tircr des conclusions. Mais, comme le soulignent Huberman et
Miles (1991), le seul relûe narr:rtif est une forme de présentation peu puissante et difficile à manier. Il
est contraignant pour les analystes pârce que dispersé, étalé sur de nombreuses pages à consulter ; il est
séquentiel plutôique simultané et rend difficile la visualisation parallèle de deux ou trois variables ; il
rieit habituellement que vaguement structuré et peut devenir monotone et indigeste. Ces auteurs
préconisent donc de présenter les données sous forme de matrices, diagrammes ou tableaux. Ces outils
sont conçus pour rassembler I'information et I'organiser sous forme compacte, directement accessible.
Nous avons décidé de choisir pour chaque site des formats similaires afin de faciliter I'analyse inter-
sites. ks matrices que nous avons choisies sont les matrices d'évolution dont le but est de décrire les
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


changements, er de condenser des données liées au temps ; les matrices par rôles, qui constituent une
deuxième éape plus explicative, permettent de comprendre pourquoi les événements se sont déroulés
ainsi et comment les personnes sur le site interprètent et expliquent cette évolution : elles distribuent
ainsi les représentations en fonction du rôle occuff dans I'entreprise ; enÊn les matrices des effets qui
permement d'étudier les effets provoqués par I'apparition d'un événement particulier.

Conclusion
[,a réflexion conduite sur le contrôle interne dans les banques françaises privilégie une voie d'explora-
tion hybride (Chareire et Durieux, 1999, p.69). Nore recherche a consisté à procéder par aller et
rerour entre des observations et des connaissances théoriques. k
point de dépan qui a permis d'ob-
server les problèmes gue se posaient réellement les banques a aidé à développer une théorie fortement
enra.cinée derrs les faits considérés (Glaser et Strau ss, 1967), On pourrait dors qualifier notre recherche
d'abductive, puisque nous avons tiré de I'observation, des conjectures, testées et discutées ensuite
(Koenig, Ig93).Ie démarche est originde en ceci qtielle a consisté, à partir d'une exploration fondée
sur I'observarion de faits (cas pilotes), à proposer une explication conjecturale qui a ensuite été mise à
l'épreuve de la râlité.
J{otes (1999), Méthodes dc recherche en managenen4
Dunod, p.34-56.
1. Lauteur précise que ce tableau est très simplifié et
qu'il faut plutôt y voir un continuum. Benrms S. (19S2), o Ag"n.y research in managerial
accounting : a survey ,, Journal of Accounting
Litthature, volume l, p,154-210,

Auanp.PoEslF. etManÉcHnrC. (1999), <C.onstruction Beruall S. (1990), u.Ag.n.y Research in Managerid


de I'objet de recherche in TutÉraxD RA. Accounting : a Second Look o, Accounting
",
CoMrnnrurÉ- CoNrRôLE-AuDIr / Numéro spécial - décembre 2000 (p.43 à 55)
GrftoryHrru
QUEIE lvtÉ"rHoooroclE poun LA REcHrRcHe sun LE cobffnôLE INTERNE oANs LEs nANeuEs rMNçArsEs I

Organizations and Society, vol. 15, n" 4, p.341- Mecrvrosn N.B. et SourNs R\q (1990), u Struc-
37r. turation Theory in Manaçment Accounting D,

Borero RJ. (1996), u \ù7hy Shared Meaning Have Accounting Organization and Sociay, vol. 15,
no Place in Structuration Theory : a Reply to n" 5, p. 455477.
Scapens and Macintosh D, Accounting OucHt \f.G. (1979), < A Conceptual Framework for
Organization and Sociay, n" 718, p. 691497 . the Design of Organizational Control
Mechanisms >, Management Scimce,vol. 25, n" 9,
Bouqrnn H. (1997-2), u Conrôle n, Encyclopédie dc
gation, Economica, p. 667 -686. P.833-848.
Oucru W.G. (1980), < Markets, Bureaucracies and
CHannsRE S. et Dururux F. (1999), < Explorer et
Clans u, Administratiae Science Quarteily, vol.25,
t€sr€r nr la TtrÉrano RÀ (1999), Métbodzs de
p. r29-r4r.
recberche en ntanagement, Dunod, p,57-80.

Drvr
Oucnt WG. (1982), La théorie Z InterÉditions,
J.F. (1991), Accounting and Organizational
<
Paris.
Cultures : a Field Study of Emergence of New
PsrncnswAM. (1990), o longitudinal Field Research
Organizationd Redity r, Accounting Organization
on Change : Theory and Practice ,, Organization
and SocieE, vol. 16, n" 8, p. 705-732.
Science,vol. l, n" 3,p.267-292.
Foncux B. (1993), <r Processus de décision en sirua- Psrncnsw y'-M. (1992), n The Character and
tion de crise >, thèse de doctorat en sciences de Significance of Stratery Process Research u,
gestion, Paris-DC Snategic Management Joanwl, vol. 13, p. 5-16.
© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)

© Association Francophone de Comptabilité | Téléchargé le 21/11/2020 sur www.cairn.info (IP: 41.202.207.6)


Fouceurr M. (1969), L'archéohgie du saaoir, Pracrr (1967), Logique et connaissance scientifique,
Gdlimard. Gdlimard.
GrRoo-SÉvrnE M. et PnnRnr V. (1999), Snaous R (1990), n The Role of Management
< Fondements épistémologiques de la recherche u, Control Systems in Creating Competitive
lz TnIÉreRo Râ.
(1999), Méthodcs de recherche Advantage : New Perspectives >, Accounting
en rlanagensnt, Dunod, p. 13-33. Organization anà Society, vol. 15, n" ll2, p. 127-
r43.
Gtrc,srn B.G et Srneuss AL. (1967), The Dircwery of
StvoNs R
(1991), n Strategic Orienation and Top
Groundcd Theory, Snategies for Qaaliutiae
Management Attention to Control Systems >,
Researcb, Chicago, Âdline publication.
Snategic Managernmt Journal, vol. 12, p, 49 -62.
Horsrr,on G. (1978), u The Poverry of Management
Srneuss A, CoRsrr.ù J. (1990), Basics of Qualitatiae
Control Philosophy >, Acadtmy of Mdnagement
Research : Groundzd Theory Procedures and
Reaieur, vol. 3, n" 3, p.450461.
Tèchniques, Sage publications, Newbury Park.
HUSTRMAN ÀM. et Mnrs M.B. (1991), Analyse de
Tneuan J. (1980), u Etude des processus de planifica-
dnnnées qulitatiuæ. Recueil de nouuelles mëtbodcs,
tion et de contrôle dans les entreprises : création
De Boeck Univenité.
d'une typologie et essai d'interprétation o, thbe de
IrureNe (o') P (1989), La lagique dz lhonnanr : gestion doctorat en sciences de gestion, université de
dzs entreprises a naditions nationahs, Le Seuil. Grenoble-II.
'WacHsttx
KorNtc G. (1993), o Production de la connaissance et F. (199O, Métbodzs qualiatiaa et recbercbe
constitution des pratiques organisationnelles r, en gation, Economica.
Revae da gestion des ressources burnaines, n" 9, YtN RK. (1994), Case Stordy Researcb, Design and
novembre, p.4-17. Mahods, 2' edition, Sage publication.

C.oMr[ABn,lTÉ - CoNrRôre - AnDrr I Numâo spécid - décembre 2000 (p. 43 à !5)

Vous aimerez peut-être aussi