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Chapitre 4 : Régime brusquement varié 2017-2018

Chapitre 4 : Régime brusquement varié

4.1. Introduction
Les écoulements rapidement variés se rencontrent soit en cas de changements de géométrie
brutaux en plan (convergents, divergents), soit dans le cas d’écoulements dont les lignes de
courant deviennent très courbes (en profil). Le principe de conservation de l'énergie ne permet
pas de conclure car la perte de charge dans le ressaut n’est pas connue. Nous appliquons alors le
théorème de la quantité de mouvement (ou théorème d’Euler), car il permet de nous passer de la
connaissance des forces de frottement internes au fluide.

4.2. Théorème d’Euler : En choisissant deux sections A1 et A2 suffisamment éloignées de


la zone perturbée, le théorème d’Euler s’écrit :

𝜛 𝜛
𝑄𝛽2 ⃗⃗⃗⃗
𝑈2 − 𝑄𝛽2 ⃗⃗⃗⃗
𝑈2 = ⃗⃗⃗⃗
𝐾𝑔 + ⃗⃗⃗⃗
𝐾𝑝 + ⃗⃗⃗⃗
𝐾𝑠 (4.1)
𝑔 𝑔

K g : pesenteur, K p : pression, K s ∶ réaction

Pour un canal de direction horizontale, projetons l’équation (4.1) sur l’axe longitudinal du canal en
faisant, en outre, l’approximation β1=β2=1 . Il vient :

𝜛
𝑄(𝑈2 − 𝑈1 ) = 0 + (𝑃1 −𝑃2 ) + 𝐾𝑠 (4.2)
𝑔

Ks est égale et opposé à la projection R de l’action du liquide sur les parois et le fond du canal.
𝜛
Posons : 𝑀= 𝑄𝑈 (4.3)
𝑔

La quantité de mouvement de la masse écoulée par unité de temps.

L’équation (4.2) devient :


R = (M1+ P1 ) − (M2+ P2 ) (4.4)

M+P
Posons : F= (4.5)
ϖ

La fonction F ainsi définie s’appelle l’impulsion totale du courant.


Dans le cas d’un canal de pente négligeable :

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𝜛 𝜛 𝑄2
𝑀= 𝑄𝑈 = et 𝑃 = 𝜛ℎ𝐺 𝐴 (4.6)
𝑔 𝑔 𝐴

L’impulsion s’écrit donc :


𝑄2
𝐹 = 𝑔𝐴 + ℎ𝐺 𝐴 (4.7)

hG : Profondeur du centre de gravité de la section.


Si entre les deux sections A1 et A2, on peut négliger les frottements des parois et du fond
du canal, on a Ks=R=0 et F=Cst c’est-à-dire :
𝑄2 𝑄2
+ ℎ𝐺1 𝐴1 = + ℎ𝐺2 𝐴2 (4.9)
𝑔𝐴1 𝑔𝐴2
Dans le cas particulier d’un canal de section rectangulaire de largeur b, en introduisant le
débit par unité de largeur, ou débit unitaire, q=Q/b et les profondeurs h1 et h2 , il vient,
tous calculs faits :
𝑞2 ℎ²1 𝑞2 ℎ²2
+ = + (4.10)
𝑔ℎ1 2 𝑔ℎ2 2

Ce qui exprime que l’impulsion par unité de largeur du canal reste constante entre les deux
sections A1 et A2 considérées, soit :
𝐹 𝑞2 ℎ²
= 𝑔ℎ + = 𝐶𝑡𝑒 (4.11)
𝑏 2

4.3. Ressaut hydraulique


Le ressaut hydraulique stationnaire est une brusque surélévation de la surface libre d’un
courant permanent occupant une position fixe dans un lit uniforme. Ce phénomène se
produit lorsqu’un régime torrentiel devient fluvial sur une courte distance, les surfaces libres
se situant nécessairement de part et d’autre du niveau critique.
La figure suivante montre un ressaut classique en canal horizontal.
Sur la figure 4.1, nous avons :
h1 et h2 sont les profondeurs conjuguées du ressaut,
h1 - h2 : est la hauteur du ressaut
Lj : est la longueur du ressaut
Lr est la longueur du rouleau de surface
Le rouleau de surface qui est le siège d’une grande
turbulence du mélange eau-air, entraîne une
dissipation d’énergie non négligeable.

Figure 4.1 : Ressaut en canal horizontal

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4 .4. Relation fondamentale entre les profondeurs conjuguées


A cause de la non- connaissance de la perte de charge entre les sections et du ressaut,
le théorème de Bernoulli ne serait pas d’un grand secours. Par contre le Théorème d’Euler
qui ne fait intervenir que les forces extérieures et qui ne met pas en cause les pertes de charge
dues à la turbulence et aux remous intérieurs à la masse liquide, sera ici particulièrement
précieux. Nous étudierons successivement les deux cas suivants :
➢ Section de forme quelconque
➢ Section de forme rectangulaire
Pour les deux cas, nous considérons les hypothèses suivantes :
• Le fond du canal est horizontal ou très faiblement incliné,
• Les frottements sur les parois et le fond du canal sont négligeable entre A1 et A2 par
rapport à la perte de charge due à la turbulence.
• La vitesse est répartie uniformément dans les sections A1et A2 (ie β1=β2 = 1 ).

Section de forme quelconque : Compte tenu des hypothèses simplificatrices précitées ci-
dessus, le théorème d’Euler conduit à la relation (49) déjà établie :
𝑄2 𝑄2
+ ℎ𝐺1 𝐴1 = 𝑔𝐴 + ℎ𝐺2 𝐴2 (4.12)
𝑔𝐴1 2

𝑄2
𝐹 = 𝑔𝐴 + ℎ𝐺 𝐴 (4.13)

Ce qui revient à dire que la fonction F (impulsion


totale), conserve la même valeur de part et
d’autre du ressaut. Si on se reporte à la courbe (F)
tracée pour le débit considéré (figure qui suit), cette
propriété se traduit par le fait qu’une sécante
parallèle à l’axe des profondeurs coupe la courbe
en deux points dont les abscisses mesurent les
profondeurs conjuguées h1 et h2 .
Figure 4.2 : courbe (F ) et
Profondeurs conjuguées

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Section rectangulaire : l’équation (49) du cas quelconque prend la forme (50) déjà
démontrée :
𝑞2 ℎ²1 𝑞2 ℎ²2
+ = 𝑔ℎ + (4.14)
𝑔ℎ1 2 2 2

Cette équation peut s’écrire :


ℎ2 2 ℎ2 𝑞2 ℎ
(1 − ℎ12 ) − 𝑔ℎ (1 − ℎ1 ) = 0 (4.15)
2 2 1 2

ℎ ℎ 𝑞2 ℎ
ℎ2 2 (1 − ℎ1 ) (1 ∓ ℎ1 ) − 𝑔ℎ (1 − ℎ1 ) = 0 (4.16)
2 2 1 2

Finalement :
𝑞2
ℎ2 2 + ℎ1 ℎ2 − 𝑔ℎ = 0 (4.17)
1
Seule la racine positive a un sens physique, soit :
ℎ1 8𝑞 2
ℎ2 = (√1 + 𝑔ℎ2 − 1) (4.18)
2 1
Posons y=h1/h2 comme le rapport des hauteurs conjuguées. En outre, le nombre de Froude

dans la section est donné par :


𝑄 2 (𝜕𝐴⁄𝜕ℎ) 𝑄2 𝑏 𝑞2
𝐹1 2 = = 𝑔(𝑏ℎ = 𝑔ℎ3 (4.19)
𝑔𝐴3 1 )3 1

L’équation (52) devient :


1
𝑌 = (√1 + 8𝐹𝑟 2 − 1)
2

L’équation (53) est connue sous le nom de « Equation de Belanger » (nom de l’auteur qui l’a
établie).

4.5. Perte de charge due au ressaut


La perte de charge j due au ressaut est :

𝑈2 𝑈2
𝑗 = 𝐻1 − 𝐻2 = (𝑍1 + 2𝑔1 ) − (𝑍2 + 2𝑔2 ) (4.19)

Z1 et Z2 étant les côtes des surfaces libres en A1 etA2 ; U1 et U2 étant les vitesses
moyennes dans les sections A1 etA2 .

Pour un canal supposé horizontal entre A1 etA2 la perte de charge j peut encore s’écrire :

𝑗 = 𝐸1 − 𝐸2 (4.20)

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Ce qui montre que, dans le cas général d’un canal quasi


horizontal et de section quelconque, la perte de charge due
au ressaut sera mesurée sur la courbe (E) par la différence
des ordonnées des points d’abscisses et .

Pour un canal horizontal de section rectangulaire,


l’expression de j devient :

𝑞2 𝑞2
𝑗 = (ℎ1 + 2𝑔ℎ2 ) − (ℎ2 + 2𝑔ℎ2 ) (4.21)
1 2
Figure 20 : Courbe (E) et perte de charge
due au ressaut

En remplaçant q²/2g par sa valeur tirée de (4.17) on obtient, tous calculs faits, l’expression

classique de la perte due au ressaut en canal rectangulaire de pente négligeable :

(ℎ2 −ℎ1 )3
𝑗= 4ℎ1 ℎ2
(2.22)

Démonstration

Soit :
𝑞2 𝑞2
𝑗 = (ℎ1 + )− (ℎ2 + ) (éq.4.21)
2𝑔ℎ12 2𝑔ℎ22
Sachant que :
𝑞2
ℎ2 2 + ℎ1 ℎ2 − 𝑔ℎ = 0 (éq. 4.17)
1

Il vient :
𝑞 2 ℎ1 ℎ2 2 ℎ12 ℎ2
= +
2𝑔 4 4
En remplaçant cette équation dans (4.21), on obtient :

1 ℎ1 ℎ22 ℎ12 ℎ2 1 ℎ1 ℎ22 ℎ12 ℎ2


𝑗 = [ℎ1 + ( + )] − [ℎ2 + ( + )]
ℎ12 4 4 ℎ22 4 4
Qui s’écrit :

ℎ22 ℎ2 ℎ1 ℎ12
𝑗 = ℎ1 + + − ℎ2 − −
4ℎ1 4 4 4ℎ2
Ou bien :

ℎ1 4ℎ1 ℎ2 ℎ22 ℎ2 ℎ2 ℎ1 ℎ2 ℎ2 4ℎ1 ℎ2 ℎ1 ℎ1 ℎ2 ℎ12 ℎ1


𝑗= + + − − −
4ℎ1 ℎ2 4ℎ1 ℎ2 4ℎ1 ℎ2 4ℎ1 ℎ2 4ℎ1 ℎ2 4ℎ1 ℎ2

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On obtient :

ℎ23 − ℎ13 − 3ℎ22 ℎ1 + 3ℎ12 ℎ2


𝑗=
4ℎ1 ℎ2

Et enfin :
(𝒉𝟐 − 𝒉𝟏 )𝟑
𝒋=
𝟒𝒉𝟏 𝒉𝟐

4.4.Longueur du ressaut
La longueur du ressaut Lr est difficile à déterminer. Toutefois, elle peut être approchée par des
relations empiriques telles que :
- Formule de MIAMI : 𝐿𝑟 = 5(ℎ2 − ℎ1 ) (4.23)
- Formule de SMETANA : 𝐿𝑟 = 6(ℎ2 − ℎ1 ) (4.25)

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