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Politiques et management du développement

Potentiel Afrique

Executive Mastère Spécialisé®

Promotion 2020 - 2021

PREMIERE NOTE DE LECTURE

RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN 2019 (PNUD)


………………………………..
OUSMANE FAYE

Richard BALME, Directeur pédagogique


Au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent : les
e
inégalités de développement humain au XXI siècle.
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La présente note porte sur le rapport 2019 sur le développement humain mais va s’appesantir,
sans occulter le reste du rapport, sur les messages clés qui résultent des études et analyses de son
élaboration et portant principalement sur les inégalités au XXIe siècle.

En effet, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) publie depuis 1990 une
série de rapport sur le développement humain, il se base sur des études indépendantes à partir
de données empiriques analytiques sur les grandes problématiques, les tendances et politiques
publiques relatives au développement. C’est le rapport 2019 sur le développement humain, le plus
récent de la série, dont il est ici question pour la production d’une note de lecture.

Globalement, trois (03) grandes parties sont développées dans ce rapport : (i) les inégalités au-
delà des revenus avec les cibles mobiles au XXIe siècle, leur interdépendance et leur persistance ;
(ii) les inégalités au-delà des moyens avec un focus sur la mesure des inégalités de revenus et de
richesses ensuite l’inégalité de genre au-delà et des moyens (entre normes sociales et déséquilibre
de pouvoir) et (iii) les inégalités au-delà du temps présent sur les changements climatiques et les
inégalités dans l’Anthropocène avant d’aborder le potentiel de divergence et de convergence de
la technologie et pour terminer un point sur les politiques de réduction des inégalités de
développement humain au XXIe siècle.

Les inégalités au-delà des revenus, des moyens et du temps présent

Dans ce rapport il est question, sur les considérations de développement humain, dans toutes leurs
composantes, d’inégalités de développement. Ces dernières, selon le rapport, peuvent
commencer avant la naissance et les plus pernicieuses n’ont rien d’inévitables. Aussi, sont-ils
multiformes et se retrouvent à tous les niveaux de la société et quel que soit les pays.

Les inégalités de développement humain sont nocives pour toute cohésion sociale et causent des
déséquilibres dans les relations entre citoyens d’une part et d’autre part entre les citoyens et les
pouvoirs publiques. Par conséquent, cela est nuisible pour le développement économique et toute
paix sociale.

Dans une telle situation, il y a toujours un décalage profond entre les décisions des pouvoirs publics
et les attentes des citoyens, ce qui produit très souvent les interminables mouvements sociaux et
de conflits sociaux sans issue possible dans quasiment tous les pays au monde.

C’est ce qui explique notamment dans ce rapport la position selon laquelle les inégalités de
développement humain constituent une entrave à la réalisation du Programme de développement
durable à l’horizon 2030. Elles ne se résument pas à des écarts de revenus et de richesses, et l’on
ne peut en rendre compte au moyen de simples indicateurs synthétiques unidimensionnels.
Aussi, l’étude des inégalités de développement humain doit-elle aller au-delà des revenus, des
moyennes et du temps présent.

Cinq messages clés en sont dégagés :

 Les disparités de développement humain demeurent répandues, malgré des avancées


dans la réduction des privations extrêmes :

Il faut reconnaitre que les initiatives et actions menées dans la lutte contre les inégalités, ces
dernières années, ont produit des résultats appréciables. Toutefois, il reste encore beaucoup à
faire car les progrès réalisés n’ont pas atteint toutes les cibles de base avec ses lots de capabilités.
Ce qui constitue un frein réel pour l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon
2030.

 Une nouvelle génération d’inégalités se profile avec des divergences de capabilités plus
avancées, malgré une convergence des capabilités de base :

Malgré la réduction de certaines inégalités, d’autres apparaissent comme des mutants sous de
nouvelles formes. En effet, la combinaison entre changement climatique et bouleversements
technologiques ont vu naitre de nouvelles capabilités que nous pouvons considérés comme de
secondes générations.

 Les inégalités s’accumulent tout au long de la vie, traduisant souvent de graves


déséquilibres de pouvoir :

Les inégalités de développement humain semblent fortement ancrées dans nos réalités et dans
nos sociétés pour ne pas dire systémique et exacerbées par de profonds déséquilibres des forces
politiques et sociales. Ces dernières qui devaient être les leviers de corrections des déséquilibres
et de réduction de toutes les formes d’inégalités sont en réalités les facteurs et vecteurs
aggravants.

 L’évaluation et la gestion des inégalités de développement humain exigent une


révolution des méthodes de mesure :

La nature des inégalités étant en perpétuelle évolution, il est inconcevable que les indicateurs et
instrument de mesures restent statiques. Dans ce rapport, il est fait état que des travaux novateurs
en cours indiquent que, dans de nombreux pays, l’accumulation des revenus et des richesses au
sommet de l’échelle de répartition pourrait être bien plus rapide que ne laissent apparaître les
indicateurs synthétiques. Les outils de mesures et de diagnostics doivent nécessairement
s’adapter aux nouvelles réalités.

 Nous pouvons corriger les inégalités si nous agissons maintenant, avant que les
déséquilibres des forces économiques ne s’enracinent dans les politiques :

Les réussites actuelles des initiatives et actions passées prouvent à suffisance que si nous menons
des actions aujourd’hui il y aura forcément des résultats demain. Cependant, les réussites actuelles
n’ont aucun effet sur les attentes présentes et celles futures. Il convient donc, pour éradiquer les
nouvelles inégalités dont beaucoup ne sont pas totalement apparues, d’agir autrement mais
surtout d’agir vite.

Changements climatiques et inégalités de développement humain

Dans ce rapport il est fait état que la nature et l’importance relative des inégalités varient d’un
pays à l’autre ; il devrait en être de même des politiques en la matière. Tout comme il n’existe pas
de remède miracle pour corriger les inégalités au sein d’un pays, il n’existe pas de trousse
universelle de politiques pour corriger les inégalités entre les pays. Quoi qu’il en soit et dans tous
les pays, les politiques devront confronter deux tendances qui influent partout sur les inégalités
de développement humain : les changements climatiques et l’accélération du progrès
technologique.

Les nouvelles inégalités sont fortement liées aux changements climatiques mais aussi fortement
liées aux bouleversements technologiques avec ce qu’on pourrait appeler la fracture numérique.
Ces nouvelles inégalités très disparates dans l’espace sont une illustration parfaite de ce qui se
passe dans les pays. Ce que le rapport montre c’est que les pollueurs ne sont ceux qui payent le
prix fort (les mauvaises récoltes, les catastrophes naturelles etc.).
En effet, ces changement causeront 250 000 morts de plus par an des suites de la malnutrition, du
paludisme, de la diarrhée et du stress thermique, entre 2030 et 2050. Des centaines de millions
d’autres personnes pourraient être exposées à une chaleur mortelle d’ici à 2050, et, selon toute
probabilité, la répartition géographique des vecteurs de maladies (par exemple, les moustiques
porteurs du paludisme ou de la dengue) évoluera et s’élargira. Les changements climatiques
frapperont tout d’abord les tropiques, et un grand nombre de pays en développement sont des
pays tropicaux.

En définitive, l’apport de ce rapport sur la question du développement humain et particulièrement


sur les inégalités trouve ses bornes dans les méthodes de définition des outils et indicateurs de
mesures des inégalités, que le rapport reconnait comme «…inadéquates pour guider le débat
public ou la prise de décision». Aussi, le rapport peine-il à répondre de manière précises sur les
bonnes méthodes de mesures et diagnostique à mettre en place. Il se pose également un problème
de généralisation des résultats, parfois taxés par les critiques d’être trop anecdotiques. Il nous
ressort, par ailleurs, la nécessité de prendre à bras le corps la question des inégalités de
développement humain en changeant absolument de trajectoire sans attendre. En effet, selon le
rapport, la transformation technologique demeurera probablement un moteur fondamental de
prospérité, qui permettra d’accroître la productivité et, espérons-le, d’évoluer vers des modes de
production et de consommation plus durables. Les effets de la transformation technologique sur
les marchés du travail suscitent une inquiétude grandissante, et l’on craint plus particulièrement
que l’automatisation et l’intelligence artificielle finissent par supplanter l’être humain pour
certaines tâches.

Et pour finir, notre position finale est totalement en phase avec celle du rapport qui dit très
clairement que l’avenir des inégalités de développement humain au XXIe siècle est entre nos
mains.

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