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David Boilley1
Normandie Université et GANIL
Niveau M1
Parcours enseignement
Année 2017-2018
1
GANIL, BP 55027, F-14076 Caen cedex 05, boilley@ganil.fr, tél : 02 31 45 47 81
http://tinyurl.com/davidboilley
Introduction
Quand on frotte un morceau d’ambre avec une fourrure ou de la laine, il attire un brin de paille ou une plume. En
Europe, l’observation de ce phénomène date de l’Antiquité. C’est mentionné vers 600 avant J.-C. par Thalès de
Millet. Bien entendu, tous les hommes connaissent la foudre. En 1600, William Gilbert (1544 - 1603), publie De
Magnete, Magneticisque Corporibus, et de Magno Magnete Tellure (Du magnétisme et des corps magnétiques,
et de Grand Aimant de la Terre) dans lequel il étudie aussi le pourvoir de l’ambre et d’autres corps électrisables
par frottement. Il propose d’appeler ce phénomène électricité car l’ambre se nomme elektron en grec.
Des pierres originaires d’une région de l’Asie Mineure appelée Magnésie étaient connues pour attirer le fer
sans être frottées. Ce minerai est appelé magnétite de nos jours (Fe3 O4 ). Selon une légende chinoise, l’empereur
Hwang-ti fut guidé par une boussole dans le brouillard. Vers le XIe siècle, l’usage de la boussole était fréquent
chez les marins.
Le 21 juillet 1820, Hans Oersted (Hans Christian Ørsted, 1777 - 1851), physicien danois, publia Experimenta
circa effectum conflictus electrici in acum magneticam où il expliquait que certains phénomènes électriques (un
fil parcouru par un courant) sont capables de faire bouger une boussole. André-Marie Ampère (1775 - 1836)
étudia plus précisément le phénomène qui allait conduire à l’unification de ces deux forces distinctes et à la
naissance de l’électromagnétisme.
Il faudra attendre 1864 et les travaux de James Clerk Maxwell (1831 - 1879) pour avoir une formulation
mathématique unifiée de l’électromagnétisme. Ces équations seront reformulées plus tard par Heinrich Rudolf
Hertz (1857 - 1894), Oliver Heaviside (1850 - 1925) et Hendrik Antoon Lorentz (1853 - 1928) pour aboutir à la
forme dont on les connaı̂t aujourd’hui.
L’enseignement de l’électromagnétisme se fait souvent en partant des équations de Maxwell. Ce cours, qui
s’adresse aux étudiants se destinant à l’enseignement, privilégie l’approche historique qui doit être connue des
candidats au CAPES. La plupart des notions sont, bien entendu, supposées déjà connues.
Pour la partie historique, je me suis inspiré de :
• Harris Benson, Physique 2 : électricité et magnétisme, De Boeck Université (1999) ;
• Douglas C. Giancoli, Physique générale 2 : électricité et magnétisme, De Boeck Université (1993) ;
• Olivier Darrigol, Les équations de Maxwell, de MacCullagh à Lorentz, Belin (2005) ;
• Maxwell, Les génies de la science 24, Août - Novembre 2005 ;
• Gauss, Prince des mathématiques, Les génies de la science 36, Août - Octobre 2008 ;
• Wikipedia ;
• http://www.ampere.cnrs.fr/
Pour de nombreuses expériences pédagogiques ou historiques réalisables avec du matériel disponible dans
presque toutes les maisons, je recommande la lecture des deux volumes de Pierre Langlois, Sur la route de
l’électricité, éditions Multimondes (Québec, 2006). Ces livres sont excellents !
La “bible” de l’électromagnétisme est Electrodynamique classique : Cours et exercices d’électromagnétisme
de John David Jackson chez Dunod.
Presque toutes les illustrations de ce cours ont été trouvée sur Internet. Merci aux nombreux auteurs
anonymes.
Il s’agit d’une des premières versions de ce cours qui doit contenir encore de nombreuses coquilles. Toute
remarque est la bienvenue. Merci pour votre indulgence.
1
Chapitre 1
Electrostatique
2
devait être en 1/r2 comme la loi de Newton pour la gravitation. Henry Cavendish (1731 - 1810), qui avait
déjà déterminé en 1798 la constante de gravitation G, a aussi fait une étude expérimentale complète de la force
électrique. Mais il n’a jamais publié ses résultats, qui n’ont été connus que plusieurs années après sa mort. C’est
Maxwell qui les rendra publics.
C’est donc à Charles Augustin Coulomb (1736 - 1806) que l’on doit, en 1785, la première détermination de
la force électrique. Son idée fut de mettre en contact une boule de moelle de sureau plaquée d’or chargée avec
une boule identique non chargée. Si la charge initiale était Q, alors, par symétrie, la charge de chacune des
boules après contact devait être Q/2. En répétant l’opération, il était alors aisé d’obtenir des fractions de Q.
Pour mesurer la force, il s’est servi d’une balance de torsion pour mesurer la force. Voir figure 1.1. Le dispositif
est similaire à celui utilisé par Cavendish pour déterminer G.
Il a observé que la force électrique était proportionnelle au produit des charges et inversement proportionnelle
à leur distance au carré. Avec la constante de proportionnalité contemporaine, la force de Coulomb s’écrit donc
q1 q2
F~1→2 = ~ur . (1.2)
4π0 r2
C2
0 = 8, 85 × 10−12 . (1.3)
N · m2
On a donc approximativement que
1
= 9 × 109 USI. (1.4)
4π0
La loi de Coulomb a depuis été confirmée avec une très grande précision sur des échelles très grandes.
La loi de Coulomb ne s’applique qu’à des charges ponctuelles ou des répartitions sphériques de charge.
Comme les autres forces, les forces électriques obéissent au principe de superposition. On peut donc calculer la
force entre deux répartitions de charges par intégration.
~ = q
E ~ur , (1.6)
4π0 r2
3
où ~ur est le vecteur radial des coordonnées sphériques.
Connaissant le champ E ~ créé par une charge en tout point de l’espace, on peut en déduire la force subie par
une charge quelconque en ce point. Le même type de séparation avait déjà été fait pour la force gravitationnelle
F~ = m~g , où ~g correspond au champ gravitationnel dû à la Terre sur sa surface.
On appelle ligne de champ, les courbes qui sont en tout point tangentes au champ électrique et orientées
dans le sens du champ. La figure 1.2 représente les lignes de champ créées par une charge ponctuelle négative.
Pour une charge positive, les lignes sont identiques, mais orientées dans l’autre sens.
Figure 1.2: Lignes de champ créées par une charge ponctuelle négative.
Michael Faraday (1791 - 1867), physicien autodidacte, qui étudia les phénomènes électromagnétiques de
façon très intuitive, sans mathématiques, a introduit la notion de champ électrique, de ligne de force et de ligne
de champ vers 1840. Il les considérait comme des lignes réelles auxquelles il attribuait des propriétés élastiques.
Le principe de superposition qui s’applique à la force de Coulomb, s’applique de la même façon au champ
électrique. Soient E ~ 1, E
~ 2 . . . le champ électrique créé en un point donné par N charges qi , le champ résultant
est égal à la somme de ces champs individuels,
N
X
~ =
E ~ i.
E (1.7)
i=1
Les lignes de champ pour deux charges sont représentées figure 1.3. Attention, elles donnent accès à la force
ressentie par une troisième charge test en un point donné. Elles peuvent être visualisées à l’aide de limaille de
fer.
Figure 1.3: Lignes de champ créées par deux charges ponctuelles. Image extraite de http://fr.academic.ru.
En conclusion, on remarque que les lignes de champ vont toujours des charges positives vers les charges
négatives. Elles ne se coupent jamais.
4
1.4 Distributions de charges
A l’échelle macroscopique, on ne s’aperçoit pas que la charge est quantifiée. Si l’on considère un élément de
volume δτ , petit par rapport aux dimensions de l’objet, mais grand par rapport aux dimensions atomiques, on
peut définir une densité volumique de charge
δq
ρ= . (1.8)
δτ
La charge totale de l’objet en question vaut alors
ZZZ
Q= ρ dτ. (1.9)
τ
Il existe des situations où les charges sont concentrées vers la surface, sur une épaisseur très faible par rapport
aux autres dimensions. Dans ce cas, on définit plutôt la densité surfacique de charge σ. Dans le cas d’un fil très
fin, on pourra être amené à définir une densité linéı̈que de charge, λ.
Le champ E ~ dans la matière est aussi un champ moyenné sur un élément de volume δτ de façon à gommer
toutes les aspérités dues à la structure atomique de la matière et à se concentrer sur l’effet de la répartition
volumique de charge.
1.5 Symétries
Pierre Curie (1859 - 1906) a énoncé en 1894 un principe qui porte son nom, à savoir que
“lorsque les causes d’un phénomène possèdent des éléments de symétrie, ces éléments de symétrie
se retrouvent dans les effets”.
Il l’a appliqué en particulier aux champs électrique et magnétique.
Ainsi, le champ électrique en un point M situé sur un plan de symétrie de la répartition de charge sera
contenu dans ce plan. Et le champ électrique en un point M situé sur un plan d’anti-symétrie sera orthogonal
à ce plan.
Pour deux charges ponctuelles, les lignes de champs ont bien les symétries énoncées. Voir figure 1.3.
5
Localement, sur une boucle élémentaire, cela conduit à
−→ ~ ~
rot E = 0. (1.13)
Figure 1.4: Lignes de champ (bleu) et surfaces équipotentielles (rouge) créées par deux charges ponctuelles.
Images extraites de http://www.mathcurve.com.
A partir des travaux de Lagrange, Pierre-Simon de Laplace (1749 Beaumont-en-Auge, 1827) montra pour
la gravitation qu’en tout point extérieur au corps massique,
6
La force électrique subie par la charge test étant, comme la force gravitationnelle, conservative, elle dérive
aussi d’une énergie potentielle électrique
−−→
F~q→qt = −gradEp. (1.17)
En rapprochant cette équation de celle qui définit le potentiel, éq. (1.10), on en déduit que Ep = qt V , où V est
le potentiel électrique créé par la charge q.
1.7 Energie
Comme pour les forces et les champs, le principe de superposition s’applique aussi au potentiel : en un point
donné, le potentiel électrique créé par plusieurs charges est égal à la somme des potentiels créé par chacune des
charges.
Ainsi, une charge donnée, q, interagissant avec d’autres charges créant un potentiel total V à l’endroit où
elle se trouve, aura une énergie potentielle
X
Ep = qV = q Vi , (1.18)
i
où Vi est le potentiel à l’endroit où se trouve q dû à une charge extérieure.
Maintenant, si l’on considère un système de N charges qi en interaction, l’énergie qu’il a fallu fournir pour
les approcher et qui est emmagasinée sous forme d’énergie électrique vaut
1X
U= qi Vi , (1.19)
2 i
avec Vi qui est le potentiel créé par toutes les autres charges qj6=i à l’endoit où se trouve qi . Avec une simple
somme l’interaction entre qi et qj est comptée deux fois. D’où le facteur 1/2.
Pour des distributions continues de charges, cette relation se généralise en
ZZZ
1
U= ρ V dτ. (1.20)
2
La démonstration n’est pas immédiate, sauf dans le cas des conducteurs.
~ · dS
~= q ~ = q dΩ,
E ~ur · dS (1.21)
4π0 r2 4π0
~ Par conséquent, le flux à travers une surface fermée qui
où dΩ est l’angle solide qui s’appuye sur la surface dS.
entoure la charge, vaut par intégration,
I Z
~ · dS
E ~= q dΩ =
q
4π = .
q
(1.22)
4π0 4π0 0
Si la surface n’entoure pas la charge, E~ traverse deux fois une surface vue sous le même angle solide, mais avec
des conventions d’orientation opposées. Le flux sera donc nul.
Ainsi, on obtient le théorème de Gauss qui relie le flux du champ E~ à travers une surface fermée à la somme
des charges intérieures :
I P
~ ~ qint
E · dS = . (1.23)
0
Attention, le champ E ~ ainsi obtenu est bien le champ total créé par toutes les charges en équilibre, y compris
celles à l’extérieur de la surface fermée choisie.
7
Dans la pratique, le théorème de Gauss n’est utile que pour des géométries simples pour lesquelles le flux est
facile à calculer. Et dans ce cas, il est très utile, car il ne demande pratiquement aucun calcul. Son application
nécessite de connaı̂tre a priori la direction du champ E ~ pour choisir astucieusement la surface de Gauss. Cela
se fait en utilisant les propriétés de symétrie de la répartition de charges et donc du champ. Voir les TD pour
des exemples d’application.
Pour une surface infiniment petite, le théorème de Gauss devient localement,
~ = ρ
div E , (1.24)
0
avec ρ la densité volumique de charge. Il s’agit d’une des équations de Maxwell, appelée Maxwell-Gauss.
8
Figure 1.5: Electroscope à feuilles. Image extraite de Wikipedia.
E=0
Figure 1.6: Continuité du champ E ~ à la surface d’un conducteur. La partie inférieure est dans le métal et la
partie supérieure est à l’extérieur. Les courbes ou surfaces considérées sont infiniment proches de la surface du
conducteur.
~ à travers la surface fermée représentée sur la partie droite de la figure 1.6, on
Si on calcule le flux de E
obtient que la composante normale de E ~ vaut σ/0 , par application du théorème de Gauss.
Finalement, on a démontré qu’à proximité de la surface d’un conducteur, le champ E ~ total est normal à la
surface et vaut
E~ = σ ~n, (1.25)
0
avec σ la densité surfacique de charges et ~n le vecteur normal orienté vers l’extérieur. Il s’agit du théorème de
Coulomb.
σ2
dF~ = σdS E
~e = dS~n. (1.26)
20
Cette force est toujours orientée vers l’extérieur, quel que soit le signe de σ.
σ2
p= (1.27)
20
9
est appelée la pression électrostatique.
1.10.2 Généralités
De nos jours, on appelle condensateur, un ensemble de deux conducteurs en influence totale, c’est à dire quand
toutes les lignes de champ quittant un des conducteurs arrivent à l’autre. On peut alors montrer aisément à
l’aide du théorème de Gauss que les charges portées par chacun des conducteurs sont opposées.
On définit la capacité d’un condensateur comme étant
Q Q
C= = . (1.28)
V+ − V− ∆V
10
L’unité SI est le farad qui correspond à un 1 C/V. Cela correspond à une valeur très grande et dans la pratique,
on utilise le picofarad ou le microfarad. La capacité d’un condensateur dépend de sa géométrie.
Le cas du condensateur plan est traité en détail plus loin. D’autres géométries sont traitées en TD.
On montre aisément que quand on associe des condensateurs en parallèle, les capacités s’ajoutent, alors que
si on les associe en série, c’est l’inverse des capacités qui s’ajoutent.
L’énergie emmagasinée dans un condensateur vaut, d’après ce que nous avons vu,
1 1 1 1 1 Q2
U= (QV+ − QV− ) = Q(V+ − V− ) = Q∆V = C∆V 2 = . (1.29)
2 2 2 2 2 C
Q -Q
⃗
E
s
Q -Q
⃗
E ⃗
E
Figure 1.8: Condensateur plan. Haut : Réalisation d’un condensateur plan sans effet de bord et choix de la
surface de Gauss. Bas : Utilisation du principe de superposition.
Pour utiliser le théorème de Gauss, il faut définir une surface fermée à travers de laquelle le calcul du flux
~ et dS
se fera sans calcul. C’est le cas si les vecteurs E ~ sont colinéraires ou orthogonaux. Et pour choisir cette
~
surface, il faut donc connaı̂tre la direction de E. Pour cela, on utilise les symétries du condensateur (voir la
figure 1.8, en haut à droite) :
~ Il contient donc
• Le plan de la feuille est un plan de symétrie passant par le point où l’on veut calculer E.
~
E.
11
• Idem pour le plan perpendiculaire. E ~ appartient donc à chacun de ces plans et va donc appartenir à leur
intersection, comme représenté sur la figure 1.8.
~ = Ex (x, y, z)~ux .
• On a donc, pour le moment, E
• Si l’on néglige les effets de bord, il y a invariance par translation suivant les axes Oy et Oz.
~ = Ex (x)~ux , même près des bords.
• Finalement, E
La surface de Gauss doit passer par le point où l’on veut calculer E ~ et doit englober des charges. Dans le
cas présent, le plus judicieux est représenté sur la figure 1.8. A l’inérieur de l’armature, le champ étant nul, on
a immédiatement,
σs
Ex s = , (1.30)
0
et donc le champ entre les deux armatures est uniforme et vaut
~ = σ ~ux ,
E (1.31)
0
avec σ la charge surfacique.
Ce champ est-il le champ total règnant entre les armatures ou n’est-il que la contribution de l’armature de
gauche et il faut encore lui ajouter la contribution de l’armature de droite ? Le théorème de Gauss prend bien en
compte toutes les charges, même celles qui sont à l’extérieur de la surface choisie. Pour comprendre, supposons
que l’armature de gauche soit seule dans l’espace. La charge Q se répartirait sur les deux faces verticales.
On aurait alors Q/2 sur chacune de ces faces et le calcul précédent aboutirait à E ~ = σ ~ux . Dans le cas du
20
condensateur avec deux armatures en influence totale, la charge Q est entièrement sur la face de droite car elle
est attirée par l’autre armature. Et donc le calcul du champ E ~ fait ci-dessus prend en compte indirectement le
fait qu’il y a des charges sur l’armature de droite.
On peut voir le condensateur plan d’une autre façon. Considérons d’abord un plan infini uniformément
chargé. A l’aide des mêmes symétries que pour le condensateur plan et les mêmes invariances, le champ E ~ est
suivant l’axe des x, mais orientés différemment de chaque côté du plan chargé. On obtient donc, de la même
~ = ± σ ~ux de part et d’autre du plan.
façon, E 20
Si l’on met deux plans avec une charge opposée en regard l’un de l’autre et que l’on applique le principe de
superposition, les champs créés par chacune des armatures sont représentés sur la figure 1.8 en bas à droite : la
somme donne bien le résultat de l’équation (1.31) entre les armatures et zéro ailleurs.
Entre les armatures, le potentiel vaut, par intégration, V (x) = − σ0 x + cte et la différence de potentiel
V+ − V− = σ0 e où e est l’écartement entre les plaques.
On en déduit immédiatement que la capacité de ce condensateur est
0 S
C= , (1.32)
e
résultat qui doit être connu.
12
Chapitre 2
Magnétostatique
13
Figure 2.1: Lignes de champ magnétique visualisées avec de la limaille de fer.
un pôle nord.
En étudiant les sédiments des vieux lacs des Apennins, en Italie, des chercheurs ont pu montrer que l’inversion
Matuyama-Brunhes, qui s’est produite il y a environ 780 000 ans, s’est produite à l’échelle d’une vie humaine, ce
qui est très rapide. A notre époque, le champ magnétique terrestre diminuerait de 5% par décennie, et certains
se demandent s’il n’est pas en train de s’inverser.
Gilbert confirma sa proposition sur le magnétisme induit en utilisant des cordes pour suspendre 2 barreaux
de fer en parallèlement au-dessus d’un aimant, et remarqua qu’ils se repoussaient l’un l’autre. Sous l’influence
de l’aimant, chacun des barreaux devient un aimant temporaire avec des polarités identiques, et les pôles
temporaires de chaque barreau repoussent ceux de l’autre barreau. Quand on retire l’aimant, les barreaux se
rapprochent. Voir figure 2.3.
Une vidéo de cette expérience est disponible ici :
http://www.ampere.cnrs.fr/parcourspedagogique/zoom/video/gilbert/video/gilbert.php
Contrairement au champ électrique pour lequel il existe une relation simple entre le champ et la charge,
l’expression de champ créé par un aimant dépend de sa géométrie et il n’existe pas d’expression analytique
simple. Dans l’éducation, l’utilisation des aimants a donc un intérêt essentiellement qualitatif. Ce n’est pas
le cas pour les champs magnétiques créés par des courants électriques, pour lesquel il existe des expressions
mathématiques quantitatives.
En 1785, Coulomb a montré qu’une loi de force magnétique simple pouvait être formulée de manière similaire
à la force électrique à condition d’introduire des “charges” magnétiques ou monopôles. De même, en physique
des particules, certaines théories prédisent leur existence lors du Big-Bang. Mais ces monopôles n’ont jamais
été observés. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché à les détecter.
L’absence de monopôle se traduit mathématiquement par
~ = 0.
divB (2.1)
14
Figure 2.2: Magnétisme terrestre.
15
Ampère introduit ce que l’on appelle de nos jours le bonhomme d’Ampère pour exprimer le sens et la direction
du champ magnétique créé par un fil rectiligne. Il s’agit d’un grande simplification par rapport à la description
d’Ørsted. Ampère est le premier à affirmer que “quelque chose” circule de façon continue entre les deux pôles
de la pile. Pour lui, des petits courants circulent dans les aimants.
dl sin θ
dB ∝ , (2.2)
r2
~ = µ0 Id~l ∧ ~r
dB , (2.3)
4π r3
16
htb
Figure 2.4: Représentation du fil infini, de la base choisie, du champ magnétique créé et de la courbe d’Ampère.
Figure trouvée sur Wikimedia.
−→ ~
rotB = µ0~, (2.6)
qui correspond à l’équation de Maxwell-Ampère pour des courants continus ou quasi-stationnaire (A.R.Q.S.).
Cette équation sera complétée par Maxwell, qui lui ajoutera un courant de déplacement. Les quatre équations
de Maxwell deviennent alors compatibles avec la conservation de la charge. Ce nouveau terme permettra de
décrire les ondes électromagnétiques. L’équation de Maxwell-Ampère complète s’écrit donc,
−→ ~ ~
∂E
rotB = µ0 (~ + 0 ). (2.7)
∂t
Le courant de déplacement est négligeable dans l’ARQS. Si le temps de parcours entre la source de champ
magnétique et le point où l’on évalue l’effet (P M ) est très petit devant le temps caractéristique des variations
du courant, on peut alors faire l’approximation que les changements de courant se propagent instantanément.
Ainsi, l’ARQS impose pour la fréquence des oscillations
c
ν . (2.8)
PM
Pour une distance de l’ordre du mètre, l’ARQS correspond à ν 108 Hz.
17
htb
Figure 2.5: Représentation du solénoı̈de infini, de l’axe z et de plusieurs courbes d’Ampère. Figure trouvée sur
Internet.
~ Pour cela, il faut donc commencer par déterminer la direction de ce champ à l’aide de considérations de
B.
symétrie.
Le plan qui contient le fil et qui passe par le point M , où l’on veut calculer le champ magnétique, est un
plan de symétrie. Comme B ~ est normal à ce plan, il est forcément orthoradial. Voir la figure 2.4. Son sens est
donné par la règle de la main droite. Comme le fil est invariant par translation le long de l’axe z, le champ ne
dépend pas de la coordonnée z. Et comme le fil est aussi invariant par rotation autour de l’axe z, le champ ne
dépend pas nn plus de θ. Ainsi,
~ = Bθ (r)~uθ .
B
La courbe d’Ampère la plus simple est donc le cercle C centré sur le fil et de rayon r passant par le point
M , comme représenté sur la figure 2.4. Alors,
I I I
~ ~
B · dl = Bθ dl = Bθ dl = Bθ 2πr.
La comme des courants enlacé est I en faisant attention aux conventions de signe. Finalement, on en déduit
que
~ = µ0 I ~uθ .
B (2.9)
2πr
18
Comme la somme des courants enlacés par ce contour est nulle, on en déduit que le champ magnétique est
uniforme à l’extérieur du solénoı̈de. On montre de même, avec le contour (1), qu’il est aussi uniforme à
~ int , n’est pas égal au champ à l’extérieur B
l’intérieur. Mais le champ à l’intérieur, B ~ ext .
Si l’on prend le contour (3), la somme des courants enlacés est −nhI où n est le nombre de spires par unité
de longueur de solénoı̈de. Le signe moins est dû au choix d’orientation du contour sur la figure 2.5. L’application
du théorème d’Ampère sur le contour (3) donne
−Bint h + Bext h = −µ0 nhI.
Ainsi,
Bint = Bext + µ0 nI. (2.10)
Le champ magnétique externe pris égal à zéro car il faudrait une énergie infinie pour avoir un champ magnétique
uniforme non nul à l’extérieur.
On obtient finalement que
~ int = µ0 nI~uz et B
B ~ ext = ~0. (2.11)
Le solénoı̈de de longueur finie est aussi un classique, mais le calcul est beaucoup plus difficile. Il n’est donc
pas traité dans ce cours.
dF~ = I d~l ∧ B,
~ (2.12)
~ ~ =M
M ~ ∧ B,
~ (2.14)
F
19
Figure 2.6: Balance de Cotton pour mesurer le champ magnétique.
~ = IS
où M ~ est le moment magnétique et S ~ est la surface orientée du circuit. C’est facile à montrer sur une
spire rectangulaire. C’est un peu plus compliqué dans le cas général. Ainsi, l’action d’un champ magnétique
uniforme sur une spire fermée parcourue par un courant est de la faire tourner sur elle-même.
La principale application est le galvanomètre, ancètre de l’ampèremètre. Le nom est donné par Ampère
en hommage à Luigi Galvani (1737 - 1798) qui a découvert l’influence de l’électricité sur les grenouilles. Cela
inspira Volta qui découvrit ensuite les piles qui permirent de générer des courants. Le premier galvanomètre
fut construit par Johann Schweigger en 1820. Ampère contribua ensuite à son développement. Les versions
modernes bénéficient de l’apport de nombreuses autres personnes. Voir la figure 2.7.
où d~r correspond au déplacement élémentaire de l’élément de fil d~l. Le travail est donc égal à I fois le flux de
~ à travers dS
B ~c = d~r ∧ d~l qui est la surface engendrée par le déplacement du circuit. On l’appelle le flux coupé.
20
2.3.5 La force de Lorentz
~ et un champ électrique E,
Une charge ponctuelle q se déplaçant à la vitesse ~v dans un champ magnétique B ~
subit une force dite de Lorentz qui est égale à
F~ = q(E
~ + ~v ∧ B),
~ (2.16)
Autre conséquence : à partir de la force de Lorentz, on peut calculer la force subie par un élément de
conducteur filiforme parcouru par un courant I et retrouver l’expression de Laplace. On considère alors que la
force subie par les électrons du conducteur en mouvement est transmise à tout l’élément de fil.
Parmi les applications, il y a tout se qui se passe à l’intérieur des tubes cathodiques et dans les accélérateurs
(cyclotrons, . . . ).
21
Appendix A
Données
A.1.1 Définitions des unités mécaniques utilisées dans les définitions des unités
électriques
Unité de force - L’unité de force [dans le système MKS (mètre, kilogramme, seconde)] est la force qui com-
munique à une masse de 1 kilogramme l’accélération de 1 mètre par seconde, par seconde.
Joule (unité d’énergie ou de travail) - Le joule est le travail effectué lorsque le point d’application de 1
unité MKS de force [newton] se déplace d’une distance égale à 1 mètre dans la direction de la force.
Watt (unité de puissance) - Le watt est la puissance qui donne lieu à une production d’énergie égale à 1
joule par seconde.
Coulomb (unité de quantité d’électricité) - Le coulomb est la quantité d’électricité transportée en 1 sec-
onde par un courant de 1 ampère.
Farad (unité de capacité électrique) - Le farad est la capacité d’un condensateur électrique entre les ar-
matures duquel apparat une différence de potentiel électrique de 1 volt, lorsqu’il est chargé d’une quantité
d’électricité égale à 1 coulomb.
22
Henry (unité d’inductance électrique) - Le henry est l’inductance électrique d’un circuit fermé dans lequel
une force électromotrice de 1 volt est produite lorsque le courant électrique qui parcourt le circuit varie
uniformément à raison de 1 ampère par seconde.
Weber (unité de flux magnétique) - Le weber est le flux magnétique qui, traversant un circuit d’une seule
spire, y produirait une force électromotrice de 1 volt, si on l’amenait à zéro en 1 seconde par décroissance
uniforme.
23