Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
3/ Conduite à tenir
La conduite à tenir devant un coma est assez stéréotypée visant à faire face
à l’urgence neurologique en protégeant le patient des conséquences générales de
cette atteinte neurologique notamment au niveau de la respiration, mais aussi à
assurer ou maintenir une pression de perfusion cérébrale satisfaisante pour
minimiser les risques d’aggravation des lésions neurologiques éventuelles.
3.1/ Protection des voies aériennes
Les mesures de protections des voies aériennes sont guidées par la
profondeur du coma, et donc par le score de Glasgow qui typiquement lorsqu’il est
inférieur à 8 nécessite l’intubation pour protéger les voies aériennes. Cependant,
toute diminution de la vigilance ou syndrome confusionnel, même débutant,
nécessite d’évaluer précisément les capacités de déglutition du patient avant
d’autoriser l’alimentation. C’est pourquoi dans un premier temps ces patients sont
le plus souvent laissés à jeun, en position demi-assise pour minimiser les risques
d’inhalation du contenu gastrique. De même, tous les corps étrangers pouvant
obstruer les voies aériennes (prothèses dentaires…etc) doivent être retirés. En cas
d’atteinte plus importante de la vigilance, si le recours à l’intubation n’est pas
possible immédiatement, le patient doit être placé en position latérale de
sécurité. Eventuellement, en cas de bascule postérieure de la langue, une canule
de type Guédel peut être utilisée, de même qu’une sonde naso-gastrique peut être
nécessaire en cas de vomissement.
3.2/ Optimisation hémodynamique
La pression de perfusion cérébrale dépend directement de la pression
artérielle systémique, c’est pourquoi le maintien d’une hémodynamique
satisfaisante est indispensable lors de la prise en charge de ces patients. La
première étape de ce processus nécessite la mise en place d’une voie veineuse
périphérique de bon calibre permettant selon les cas de gérer l’expansion
volémique et/ou l’administration de catécholamines.
3.3/ Equilibre glycémique
L’équilibre glycémique est un élément important de la prise en charge de
ces malades. Le contrôle d’une hypoglycémie est une urgence absolue qui
nécessite parfois l’administration de perfusion de glucosé à 30%. En effet, le
glucose est indispensable au métabolisme cérébral et sa carence responsable de
destruction neuronale. L’urgence est donc à la correction la plus rapide possible de
toute éventuelle hypoglycémie. Passée cette phase initiale, l’hyperglycémie peut
également être toxique, c’est pourquoi les patients sont le plus souvent perfusés
avec des solutés salés isotoniques dans le but de maintenir une glycémie normale.
3.4/ Mesures symptomatiques
Ces mesures symptomatiques commencent par la nécessité d’hospitaliser les
patients dans une structure capable de réaliser une surveillance rapprochée qui
peut être selon les cas une unité de soins continus ou dans les cas les plus graves,
un service de réanimation. Dans ces structures seront réalisées les mesures de
surveillance hémodynamique, respiratoire et neurologique indispensables à la prise
en charge de ces patients.
Une des premières mesures symptomatiques à réaliser est d’assurer la
protection cornéenne. En effet selon leur niveau de vigilance, les patients perdent
les clignements des paupières indispensables à l’humidification de la cornée. Il faut
donc le cas échéant, assurer une occlusion palpébrale et administrer des collyres
de « larmes artificielles » associés à la mise en place de pommade ophtalmique à la
vitamine A.
Les patients comateux ayant une mobilité réduite, une prévention des
thromboses veineuses profondes doit être systématique. Les modalités exactes
dépendent souvent de l’étiologie du coma. Ainsi en cas d’accident cérébral
hémorragique l’anticoagulation prophylactique est parfois différée de quelques
heures ou quelques jours, et remplacée par une compression pneumatique
intermittente des membres inférieurs.
Une sonde vésicale est le plus souvent indispensable à la prise en charge de
ces patients à la fois du fait du risque de rétention d’urine, mais aussi afin de
surveiller la diurèse horaire et donc la perfusion rénale.
Le maintien de l’équilibre hydro-électrolytique, l’alimentation entérale par
sonde naso-gastrique sont également des éléments importants, de même que
l’administration de thiamine qui est réalisée le plus souvent dès le début de la
prise en charge.
Parmi les différentes mesures symptomatiques, le nursing est un élément
capital. En effet, c’est grâce au développement de matelas à air pulsé associés à
des soins fréquents (rotations régulières, kinésithérapie de mobilisation passive,
positionnement correct des articulations) que nous pouvons tenter de minimiser les
rétractions tendineuses et les séquelles musculo-squelettiques ultérieures.
4/ Orientation diagnostique
4.1/ Examen d’un patient comateux
L’examen clinique du patient comateux comporte deux phases.
Une première évaluation urgente, dont le but est de s’assurer de l’intégrité des
fonctions vitales (ventilation, pression artérielle, rythme cardiaque, température).
Ainsi, nous recherchons : une raideur de nuque, une hémiplégie, des troubles
oculomoteurs évidents et nous réalisons un examen général (auscultation cardiaque
et pulmonaire, palpation abdominale). Dans le même temps, une glycémie
capillaire est pratiquée pour éliminer une hypoglycémie. Le malade est déshabillé
à la recherche de toutes indications externes : traumatisme, purpura, trace de
piqûres, etc… Un élément également très important consiste à obtenir auprès de
toute personne (famille, médecin, pompiers, voisins) le maximum de
renseignements médicaux : antécédents, circonstances entourant le coma, prise de
toxique, mode d’installation progressif ou brutal, signes d’accompagnement, crises
convulsives, traumatisme…
Secondairement, une fois que les fonctions vitales sont stabilisées, un examen
neurologique détaillé et systématique est réalisé afin d’orienter la démarche
étiologique et d’évaluer plus précisément le pronostic.
Cet examen neurologique comporte en particulier l'examen du tonus musculaire
(membres, nuque, paupières), la recherche de signes neurologiques focaux ou
signes de localisation, l'examen attentif des pupilles et de leur réactivité, et
l'évaluation des réflexes du tronc cérébral. Cependant cet examen comporte
également l’analyse : de la relation verbale (langage, exécution des gestes), des
réactions d’éveil (ouverture des yeux selon les stimuli), des mimiques ou grimaces
à la douleur couplée avec l’analyse de la réactivité motrice. Les réflexes ostéo-
tendineux et cutanéo-plantaires sont indispensables à analyser de même que les
nerfs crâniens (clignement à la menace et réflexe cornéen, fronto-orbiculaire,
diamètre des pupilles, réflexe photo-moteur, position et mouvements des globes
oculaires, réflexes oculo-moteurs, oculocardiaque). Par ailleurs l’observation de la
respiration (fréquence, amplitude, rythme), et la recherche de réflexes de toux
permettent d’évaluer le retentissement respiratoire.
4.2/ Examens complémentaires
Les examens complémentaires sont réalisés en fonction du contexte.
Cependant, les principaux examens demandés sont :
- des examens biologiques (glycémie, ionogramme, fonctions rénale et
hépatique, gaz du sang, numération formule sanguine, bilan d’hémostase,
amoniémie…)
- la recherche de toxiques dans le sang et les urines a globalement très peu
d’indication en dehors du dosage du monoxyde de carbone.
- des hémocultures seront systématiquement prélevées en cas de fièvre et
une ponction lombaire effectuée devant toute suspicion de méningite.
- un ECG et une radiographie de thorax.
- Un scanner cérébral sera réalisé en urgence en l’absence de cause évidente
même en l’absence de signes de focalisation.
- Un électroencéphalogramme présente un intérêt en cas de coma
métabolique ou en cas de suspicion de crise convulsive.
4.3/ Principales étiologies
De nombreuses étiologies existent, ainsi que de nombreuses classifications et
regroupements (cf. tableau 3).
5/ Références
- Young, GB. Stupor and coma in adults. In: UpToDate, Basow, DS (Ed), UpToDate,
Waltham,
MA, 2011. http://www.uptodate.com/index
- Conférence de consensus sur la prise en charge des méningites bactériennes aiguës
communautaires. 2008.
http://www.srlf.org/Data/ModuleGestionDeContenu/application/787.pdf
- Recommandation pour la pratique clinique sur la prise en charge et prévention du paludisme
d’importation à Plasmodium falciparum. 2007.
http://www.srlf.org/Data/ModuleGestionDeContenu/application/701.pdf
- Recommandations formalisées d’experts sur la prise en charge en situation d’urgence et en
réanimation des états de mal épileptiques de l’adulte et de l’enfant. 2009.
http://www.srlf.org/Data/ModuleGestionDeContenu/PagesGenerees/Bibliothèque%20-
%20Référentiels/Référentiels/Recommandations/RF/624.asp
- Recommandations formalisées d’experts sur la prise en charge de l’accident vasculaire
cérébral chez l’adulte et l’enfant par le réanimateur. 2010.
http://www.srlf.org/Data/ModuleGestionDeContenu/application/876.pdf