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Normes et pratigues
de I'audit e>ffernê légal
en matière dz préuention
et dn d,etection fu lrfrouda
David C,ARAssus*, Denis Conurrn**
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@uprmulrÉ - CoNrnôLE - AnDn / lbme 9 - Volume I -mai 2003 (p. t7l à 188)
David Clurrssus, Denis Coru'flER
NORMES ET PMIIQUES DE LAUDIT E)ffERNE T.ÉGAL
L72 EN MANÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉ'TECTION DE IA FMUDE
Remerdeneds 3 Iæs auteurs remercient le professeur Michel Magnan de la chaire Lawrence Bloomberg de I'uni-
versité Concordia (Canada) poru ses jirdicieux conseils.
ffi Introduction
La.notion de fraude fait aujourd'hui I'objet de nombreux débaa internationaux. Franck Harding,
président de I'Inrernational Federation of Accountants (IFAC) en 1999, mettait déjà l'accent sur la
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C-oMpranu.trÉ - CoNTRôB - AUDII / Tome 9 - Yolume I -mai 2003 (p. l7l à 188)
Dâvid CtRAssus, De'is Con-mBR
NORMES ET PRÂilQUES DE TAUDIT E)ffERNE LÉGAL
EN MATIÈRE DEPRÉVENTION ET DE DÉTECTION DE IA FRAUDE 173
100 millions de dollars). Dans plus de la moitié des cas de fraude, il y a constatation fictive des
produits ou constatation prématurée.
Plusieurs érudes, râlisées dans les pays anglo-saxons, monûenr pourranr que seulement 5 7o des
cas de fraude sont découverts par les auditeurs exrernes, malgré la présence d'inexactitudes dans les
états financiers dans 65 o/o de ces cas. Cette incapacité des auditeurs à déceler les nombreux cas de
fraude, et ceci malgré les évolutions engagées sur le plan des normes professionnelles, remer ainsi en
question un modèle d'audit lfual centré sur I'objectif plus global d'image fidèle et sur une approche
par les risques.
Dans cette optique, il semble alors nécessaire de savoir dans quelle mesure la démarche actuelle de
I'auditeur légal prend en considération cette notion sur le plan international (partie 1), avant de
décrire, d'une part, le comportement des commissaires aux comptes frangis en matière de prévention
et de détection de la fraude et, d'autre part, d'analyser l'influence de ces pratiques sur la présence et la
découverte de fraude (partie 2). En particulier, cette analyse technique et empirique liant I'audit
externe à la fraude permeftr:r de savoir si les récentes évolutions engagées sur le plan normatif améri-
cain peuvent ûouver un terrain d'application favorable dans le cadre d'un modèle frangis d'audit
externe visant à la certification des comptes.
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Laudit externe a connu des développemenm différents suivant l'influence de la législation, des besoins
du public d'ême protégé de la malhonnêteté des dirigeants, et des affaires de litige entre dirigeants,
actionnaires et auditeur*.
Au début du siècle dernier, l'objectif principal de l'audit, interne ou externe, étntIa,détection de
la fraude et sa prévention en servant de moyen de disst'asion. læs ouvrages d'audit de cette période
(Diclsee, 1905) maintiennent que l'objectif d'un audit était :
Corr,srlgu.trÉ - CoNrRôr.e - AIDtt / Tome 9 - Volume 1 -'JIt?d 200, (p. l7l à I 88)
David Cnnesus, Denis CorurasR
NORMES ETPRATIQUES DETAUDIT DffERNE LÉGAL
EN MANÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉTECNON DE tA FRAUDE 175
I]APPROCHE DE I.]AUDIT FXTERNE :
ConæterurÉ - CoNrnôr.E - ArDrr / Tôme 9 - Volume I -mai 2003 (p. 171 à l8B)
Dâvid CARAssus, Denis Conrrnrn
NORMES ET PRATQUES DE TAUDIT DfiERNE I-ÉGAL
176 EN MÂNÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉ"TECTION DE IÂFRAUDE
aux commissaires aux comptes en epplicâtion de l'article 225-240 du Code de commercé. Dans ce
cadre, ce dernier u révèle au procureur de la République les faia délictueux dont il a eu connaissance
dans l'exercice de sa mission dès lors que les faits constatés constituent une infraction visée par les
textes de base applicables à l'entité concernée ou une infraction prévue par d'autres textes ayent une
incidence sur les comptes, sont significatifs et délibérés u (CNCC, 2002). Si le fait délictueux répond
à ces caractéristiques, le commissaire aux comptes en donne une information dans la derxième partie
de son rapport génênl, sans polrr cela entrainer une réserve ou un refi.rs de cenifier.
De façon cohérente avec les évolutions concernant ses objectifs, l'approche de l'audit externe ne
privilégie pas une démarche spécifique en matière de prévention et de détection de la fraude. Le
modèle international d'audit, et par voie de conséquence le commissariat aux comptes français, lui
préfère une logique globale au sein de laquelle la fraude est considérée au même titre que l'etrreur.
Cependant, il apparalt que le risque d'audit est plus élevé dans le cas de fraude. En effet, comtne le
note I'IFAC (2001), u le risque de non-détection d'une anomalie significative résultant dune Êaude
est plus grand que celui résulant d'une erreur, car la fraude implique généralement des actes visant à
la dissimuler, par exemple : la collusion, un faux, une omission délibérée denregisuer des opérations
ou de fausses déclarations faites intentionnellement à l'auditeur u. Ilanalyse spécifique, et non plus
seulement globale, du risque de fraude semble alors être nécessaire, de façon identique à la démarche
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C-oMprÂBûrrÉ - Colrrnôrs - Aupn / Tome 9 - Volume I -mai 2003 (p, l7l à 188)
David Crnessus, DeniE CoRtl,artR.
NORMES ET PRATIQUES DE LAUDIT F)(TERNE LÉGAL
EN MATIÈRE DE PRÉ'I/ENTON ET DE DÉ"TECTION DE [A FMUDE r77
des fraudes. Iæ conseil des normes de I'AICPA a étâbli ceme dernière en féwier 1997 pov améliorer
la performance des audis et pour fournir aux auditeurs un cadre de travail additionnel spécifique.
Cette norme demande que I'auditeur prenne en compre, dans la démarche d'audit, le risque d'ano-
malies importantes dues à la fraude et fournit des catégories de facteurs de risque qui pourraient indi-
quer la présence de fraude.
Dans le cadre de cette norme, les auditeurs sont ainsi tenus de procéder à une évaluation spécifique
du risque d'incorrections dans les états financiers causées par la fraude. Pour cela, les auditeurs
doivent, tout d'abord, tenir compte des facteurs de risque liés aux anomalies provenant d'étaa finan-
ciers frauduleux, ceux-ci couvrant les caractéristiques de la direction et son influence sur l'environne-
ment de contrôIe4, les spécificités du secteur d'activité industriel5, et les caracéristiques opération-
nelles et de stabilité financièré. Pour r&Iiser ceae évaluation, l'auditeur €rfterne doit, ensuite, inter-
roger la direction de l'organisation auditée atn de se forger une opinion sur le risque de fraude.
Ces étapes successives normatives depuis le milieu des années 1950 ne sont pas éuangères au fait
qu'aux É,tats-Unis, en I992,la profession compable faisait déjà face à plus de 4 000 pouisuites judi-
ciaires Porrr un montant excédant 30 mllliards de dollarsT. Malgré certe longue liste, nous devons
tgltefois y ajouter la loi u Sarbanes-Oaxley u promulguée aux É,tats-Unis en aott 2002 après un
début d'annéemarqué par de nornbreusqs fraudes comptables. Ceme loi aborde, en effet, largement
le rôle des auditeurs externes vis-à-vis de l'information financière communiquée par les sociétés
américaines. Nous devons enfin mendonrner la norme SAS n" 99, promulguée en ocrobre 2002, qui
vient compléter la norme SAS n" 82 portant le même intitulé. Ce dernier standard, qui u meJh
fraude au centre des préoccupations de l'auditeur exrerne >, (AICPA, 2003), axe ses recommanda-
tions sur l'exercice d'un scepticisme professionnel plus important de I'auditeur vis-à-vis de la direc-
tion auditée. Des tests d'audit imprévus, des entretiens spécifiques avec la direction ou encore des
analyses sur la capacité de ceme dernière à outrepasser les qystèmes de contrôle interne mis en æuvre
constituent les principales indications de cette norme, qui poussent I'auditeur à ne plus assumer, u
?riori, l'honnêteté de la direction.
C-otrrpresruTÉ - Cournôn - Auprr / Tome 9 - Volume I -maj 2003 (p. 171 à ISS)
David Cenasus, Denis Conmen
NORMES ET PRÂTIQUES DE ÛÂUDIT D(TERNE L"ÉGAL
178 EN MANÈRE DE PRÉVENTON ET DE DÉTECTION DE IA FMUDE
laconsidération de la notion de fraude dans la démarche actuelle des auditeurs légaux est, au total,
différente aux niveaux international et américain. Dans le premier cas, la fraude est considérée comme
une des anomalies possibles des états financiers sans attention particulière de la part de l'auditeur
exrerne. Dans le serond cas, de nombreuses normes s'aftachent à définir de manière spécifique une
démarche d'audit adaptée à la prévention et à la détection de la fraude. Ces décalages existant aussi
avec le commissariat aux comptes compte tenu de la transposition des normes de |IFAC à la France,
la seconde parde de cette étude s'atcachera à préciser l'aaitude et le comPortement des commissaires
aux comptes français en matière de fraude, ainsi que l'influence de leurs pratiques sur la présence et la
découverte de fraude.
cinquante ans ,, la plus grande parde des répondants ayânt entre dix et vingt ans d'ancienneté ;
concernant la structure et l'organisation des répondants, plus des deux tiers d'entre eux ne font
partie daucun râeau de cabinet d'audit ;
o/o d'entre eux ayant plus de
les cabinets répondana sont de taille relativement petite, moins de 40
vingt mandaa de commissariat aujr comPtes ;
o/o des cas,
cegx-ci exrcrcent d'ailleurs cette activité en pardlèle de I'expertise compable. Dans 80
la quote-parr du chiffie d'affaires de commissariat âux comptes est en efFet inférieure ou égale à
En ce qui @ncerne spécifiquement la frarlde, plus d'un tiers des répondants nous indique avoir audité
une organisation ayant fait l'objet d'une fraude. Dans près de deux tiers de ces cas, la situation de
fraude, principalement liée à des détournemenc d'acdfs, a été détectée par le répondant. la relative
importance de ces deux fréquences montre l'intérêt pour ce sujet sans que ces taux soient forcément
représentatifs de la population totde de l'échantillon. La communication du commissaire aux
comPtes à ce propos s'est alors dirigée vers la direction ou./et le procureur de la République. Seul un
quart des répondants, qui ont audité une organisation eyant âit l'objet de fraude, a mentionné cet
événement d'importance dans le rapport d'audit. Il est d'ailleurs surprenant que les actionnaires ne
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Plus des deux tiers des répondants pensent que l'auditeur externe doit jouer un rôle plus imporant
dans la prévention et la détection de la fraude. La question sur l'évolution de la responsabilité du
commissaire aux comptes recueille des suftages encore plus importants. Ainsi, près de la moitié des
répondants Pensent que leur responsabilité doit évoluer vers l'obtention d'une assurance raisonnable
de l'absence d'anomalies significatives dans les éaa financiers causées spécifiquement par des fraudes.
Plus de trois quams des répondants considèrent que c€fte assurance raisonnable serait obtenue en
engageant des procédures spécifiques. læs différents tlpes d'actions pouvanr être engagés sonr, dans
l'ordre d'importance et pour plus de la moitié des répondans :
C-otrrmestuTÉ - CoNTRôt.e - ArDrr / Tome 9 - Volurne I -mai 2003 (p. l7l à 188)
David Canassus, Denis CoRMER
NORMES ET PRÂTIQUES DE I.:AUDIT DffERNE I.EGAL
180 EN MANÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉTECTION DE I.A. FMUDE
CoMFnaBIurÉ - C.oNTRôt.e - AuDtr / Tome 9 - Volume f -mai 2003 (p. l7l à 188)
David Crnesus, Denis CTRNflER
NORMES ETPRÂTIQUES DELAUDIT DffERNE LÉGAL
EN MATIÈRE DE PRÉVENTION ET DE DÉTECTION DE IÂ FRAUDE t8I
ANALYSES DESCRIPTWES
Dans le tableau 1, nous présentons les différences de moyennes pour les variables indépendantes
supposées influencer I'existence ou la découverte de fraudelt. En ce qui concerne l'existence de cas de
fraude, laplupan des faceurs organisationnels possèdent une influence significative. Il ressort noam-
ment de nos résultats que les grands cabinets d'audit ont plus souvenr été confrontés à des cas de
fraude que les Plus petir cabinets (p < 0,05). Un cabinet d'audit est considéré de grande aille lorsque
son chifte d'affaires de commissariat ar.f,K comptes excède la médiane de l'échantillon, soit six cent
mille euros. lJn autre r&ultat, plus évident celui-là fait apparalue que les commissaires aux compres
les plus âg& et les plus expérimentés ont été confrontés à des cas de fraude. En revanche, si ces faceurs
organisationnels influencent la confronation des commissaires arlx comptes à des cas de fraude, ils ne
semblent pas P€rmeftre leur découverte. À ce prolrcs, il est surprenanr que les grands cabinets d'audit,
souvent membres de réseaux et développant eux-mêmes des méthodes spécifiques en marière d'éva-
luation du risque de fraude, ne se différencient pas d.s petits cabinea en matière de découverte de la
fraude.
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*1 : 29 obsenntions et 0 : 51 observations.
**1 : 19 obseMtions et 0: 10 observations
CouprenurÉ - C.ournôlB -.Alprr / Tome 9 - Volume I -mai 2003 (p. l7l à lSg)
David CARAssus, Deois CoRr"lEn.
NORMES ET PRÂTIQUES DE LAUDTT DffERNE LÉGAL
182 EN MATIÈRE DE PP€VENTION ET DE DÉTTCTION DE Lq, FMUDE
8. Nombre de procédés analytiques utilisés t1a 0,07 (o1o) 4,16 0,88 (0,86)
3,67 4,10
D&mrche génénle
Nombre des procédures engagées dans la démarche 2,17 0,39 (0,49) 2,63 0,07 (0,10)
d'audit 1,78 1,30
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13. Désignation de personnels spécifiques 0,14 0,43 (0,39) 0,16 0,66 (0,67)
0,08 0,10
14. Analyse spécifique des principes comptables 0,41 0,88 (0,87) 0,47 0.38 (0,37)
0,43 0,30
15. Analyse spécifique du contrôle interne 0,59 0,2s (0,08) 0,68 0,16 (0,14)
0,43 0,40
16. Analpe du code de conduite de l'entrepriæ 0,07 0,32 (0,36) 0,1 1 0,16 (0,29)
0,14 0,1 0
Mmarûe contutuelle
Nombre de modifiætions de la démarche d'audit 2,39 0,30 (0,31) 2,43 0,57 (0,51)
2,17 2,25
18. Modification de la période des tests 0,61 0.s4 (0,s3) 0,71 olo (o10)
0,52 0,25
19. Modification de la nature des procédures d'audit 1,00 0,33 (0,43) 1,00 1,00 (1,00)
0,97 1,00
20. Modifiætion de l'étendue des procédures d'audit 0,78 0,37 (0,38) 0,71 0,04 (0p3)
0,66 1,00
* I : 2gobservations et 0 : 51 observ'ations -
** I : 19 observ"ations et 0 : 10 observations
ANALYSES MULTTVARIÉES
Dans le tableau 2, les résultats découlent d'une analyse factorielle en composantes principales. læs
relations enue les axes factoriels et les variables d'origine s'erprimenr par un coeffi.cient de corrélation.
Certains auteurs (Hatr et aL,1998, p. 111) affirment que pour un échantillon inférieur à 100 obser-
vations, les coefficients de corrélation inférieurs \ 3O o/o ne sonr pas significatifs. Afin d'avoir une
explication plus synthétique, nous choisissons de ne retenir que les variables dont le coefficient de
corrélation exêde 50 o/o.
l* uittgt variables explicatives représentant les facteurs organisationnels, liés à la mission d'audit
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CoMpuBrurÉ - C.rrNrRôr.e - ArDrr / Tome 9 - Volume I - mai 2003 (p. l7l à 1S8)
Devid Cenesus, Denis CoRt"ûER.
NORMES ET PRATIQUES DE TAUDIT DffERNE I-ÉGAL
IM EN MANÈRE DE PRÉVENTION ET DE DfiECTION DE I.A, FMUDE
Tableau 2
Analyse factorielle en Gomposantes principales
(rotation des axes Varimax, corrélations > 0,50)
Années d'ancienneté
dans le cabinet d'audit 0,83
Analyse spécifique
du code de conduite de l'entreprise 0,70
Dans le ableau 3, nous rerrouvons les analyses de régression logistiques dans lesquelles les facteurs
identfiés dans le tableau 2 servent de variables explicatives.
En ce qui concerne les cas de fraude, il apparalt que seuls les facteurs organisationnels influencent
significativement leur existence (p < 0,001). De manière cohérente avec les analyses descriptives
précédentes, ces résultats montrent que les cabinets de grande toille spécialisés en audit excerne et exer-
çanr avec des auditeurs expérimentés connaissent plus que les autres des cas de fraude. IJimportance
du volume d'activité semble jusdfier cette influence statistique. Iæs autres facteurs, relatifs à la
démarche d'audit externe, ne sont pas, ellrr, significati6.
Variables expticatives
Facteur 1
Démarche d'analyse des risques spécifique à la fraude 0,02 (0,934) 1,70 (0,015)
Facteur 2
Facteurs organisationnels 0,95 (0,001) - 1,31 (0,036)
Facteur 3
Facteurs généraux liés à la mission d'audit 0,30 (0,240) 0,24 (0,627)
Facteur 4
Démarche instrumentale en matière de fraude 0,13 (0,619) 0,6s (0,3s7)
Constante - 0,69 (0,009) 1,47 (0,026)
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N 80 29
*Stâtistique de Wald, bidirectionnelle.
Concernant la découverte de la fraude par le commissaire aux comptes, la démarche d'analyse des
risques spécifiques à l'évaluation du risque de fraude est reliée positivement au fait de découvrir la
fraude (p < 0'015). Les commissaires auxcomptes faisant preuve d'un scepticisme plus importantvis-
à-vis du risque de fraude, et pratiquant une analyse particulière des principes comptables et du
contrôle interne détectent ainsi la fraude plus fréquemment que les autres. Le fait de mettre en æuvre
les préconisations des organisations américaines d'audit en matière de détection de la fraude semble
donc pouvoir porter ses fruits. En outre, il ressort de cette analyse que les facteurs organisationnels
(ex. : trillç du cabinet, années d'ancienneté) sont reliés négativement au fait de découvrir la fraude
(p < 0,036). Ainsi, alors que les affaires de fraude sont plus Êéquentes dans les organisations auditées
par des cabinets spécialisés de grande taille, ceux-ci sont pourtant les moins à même de les détecter.
Malgré leur spécialisation et, dâns certains cas, la mise en place de démarches spécifiques, leur taille,
voire leur type d'organisation, ne leur permet apparemment pas de découvrir la fraude.
Conclusion
Dans un contexte marqué par des affaires de fraude impliquant des commissaires aux comptes, les
normes d'audit externe légal les plus récentes proposent une évolution vers la considération de cette
notion comme objet d'analyse spécifique. Au niveau français, la grande majorité de ces évolutions
recueille des opinions favorables auprès des commissaires aux comptes. La modification'de la
démarche d'audit, ainsi que la mise en place de procédures et actions permettant à l'auditeur d'obte-
nir une assurance rahonnable de l'absence d'anomalies significatives dans les éats financiers causées
précisément par des fraudes pourraient donc être engagées en France.
Dans la mesr.ue où les auditeurs externes ne participent, en moyenne, que faiblement à la décou-
verce des cas de fraude, les évolutions proposées apparaissent donc inélucables et participeraient sans
nul doute au comblement du fossé existant entre les modalités effectives de I'intervention du commis-
saire aux compres et les besoins des utilisateurs des rapports d'audit. Lintégration d'une démarche
spécifique à la fraude semble d'autant plus nécessaire que les bénéficiaires et prescripteurs des audits
externes considèrent, dans la majorité des cas, dé.ià comme acquise et appliquée l'assulance raison-
nable que les états financiers ne comportent pas d'anomalies dues à la fraude.
Notre étude empirique sur le marché Êangis de l'audit légal supporte la mise en æuvre d'une
démarche formelle et spécifique en matière d'évaluation du risque de fraude, à l'image de celle préco-
nisée par les récentes normes américaines SAS no 82 et SAS n" 99. ks résultats de cette étude réalisée
auprès des compagnies régionales de commissariat aux comptes du grand Sud-Ouest monûent en
effet que la mise en place d'une analyse des risques spécfiques à la fraude eugmente la probabilité que
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