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UNIVERSITÉ GASTON BERGER DE SAINT LOUIS

UFR des Sciences Juridiques et


Politiques

Histoire des Idées Politiques

TPE en Histoire des Idées Politiques

GROUPE N°22
Fatim LO P28 1270

Khady Bocar LO P28 1049

Ndiaga LO P28  152

Seynabou LO P28  465

El Hadj Baba LY P28  512

Sokhna Fatoumata Sarr LY P28 1290

Awa MANDIANG P28  431

Agholimagne Solange Gabriella MANGA P28  1576

Fatou MANGA P28 647

Seyni MAR P28 1212

Sujet : La souveraineté populaire.


Introduction :
Dans l'histoire, suivant les différentes conceptions politiques qui ont eu à se manifester, la
question de la souveraineté a toujours été une préoccupation très essentielle. Dans les
démocraties, le peuple à participer à l'exercice du pouvoir. Cette participation a pu prendre
plusieurs formes et a constitué un enjeu de souveraineté. Cette souveraineté appartient-il aux
citoyens ? Cette question implique une connaissance de la conception de souveraineté
populaire.
La souveraineté populaire est issue des idées de Jean-Jacques Rousseau. Cette théorie est née
au XVIII éme siècle et présente un système dans lequel chaque membre d’un peuple détient
une part de la souveraineté qu’il exerce de façon individuelle et sans représentants. Cette
théorie fut longtemps partie intégrante des débats conceptuels de la politique. Avec la
révolution française une seconde théorie apparaît, qui est celle de la souveraineté nationale.
Cette théorie fut développée par l’abbé Sieyès. Selon lui, la souveraineté populaire est
irréalisable au regard du nombre, l’état est trop grand et certaines personnes sont dans
l’incapacité de décider seul. Toutes les controverses de cette souveraineté du peuple ont
semé d’embûches le champ de mise en œuvre de cette dernières qui a connu beaucoup de
difficultés dans son application. Longtemps après sa création, la souveraineté populaire se
trouve mise en œuvre.
Jean Jacques Rousseau définit la souveraineté comme étant une volonté du peuple à prendre
une décision en dernier instance, le peuple étant le titulaire de la souveraineté, il est considéré
comme étant la totalité concrète des citoyens détenant chacune une fraction de cette
souveraineté dite populaire. La souveraineté populaire est donc la possibilité de décision du
peuple en dernier ressort. Chaque citoyen détient une part de souveraineté populaire dont le
titulaire est donc le peuple.
La souveraineté populaire repose ainsi sur le peuple, c'est-à-dire un ensemble de citoyens
actuels d'un pays. C'est donc un ensemble réel. Le peuple, car il est souverain, peut s'exprimer
directement.
Ce sujet soumis à notre étude peut revêtir une dimension large dans la mesure où il englobe
les différentes approches doctrinales de la souveraineté populaire, ses limites, sa consécration
au sein des Etats modernes à travers différents textes juridiques, mais aussi sa mise en œuvre,
de même que les critiques de la souveraineté populaire. Cependant pour des raisons d’ordre
pratique nous exclurons de notre travail l’évolution très poussée de la souveraineté populaire
ayant aboutie à conception mixte de la souveraineté, démocratie semi directe. Les avantages
de la souveraineté populaire ne seront pas également évoqués.
Ce sujet a un intérêt dans la mesure où il montre que le peuple a un véritable pouvoir.En effet,
c’est lui-même qui l’octroie à ses dirigeants à travers l’électorat et exerce aussi en retour un
véritable pouvoir de contrôle sur eux. Le peuple n’est pas alors passif, il défend ses intérêts :
l’intérêt général qui doit en principe profiter à tous. Cependant, ce n’est pas toujours le cas.
L’étude de ce sujet dévoile également la face sombre de l’effet de groupe, des choix parfois
périlleux de la majorité : la majorité n’a pas toujours raison. L’intérêt de tous n’étant pas
parfois mis en avant.
Il convient alors de nous poser la question de savoir : Quelle étude peut-on faire sur la
souveraineté populaire ?
Pour répondre à cette interrogation nous allons dire que pour faire une étude exhaustive de la
souveraineté il nous faut nous appesantir sur la conception, l’idéologie fondatrice de la
souveraineté populaire, ainsi les mutations qu’elle a engendrées, sans oublier ses limites.
Pour une meilleure approche de notre sujet, nous verrons dans une première partie une étude
basée sur les fondements historiques de la souveraineté populaire (I) et dans une seconde
partie une étude basée sur les caractéristiques de la souveraineté populaire (II).

I- LES FONDEMENTS DE LA THEORIE DE LA SOUVERAINETE


POPULAIRE
La souveraineté populaire trouve son fondement, d’une part, à travers la conception de
Jean jacques Rousseau (A) et, d’autre part, par l’avènement de la prise en compte du choix de
la majorité à travers l’électorat (B).
A- La théorie Rousseauiste de la souverainete populaire

Pour certains auteurs, la souveraineté appartient au peuple. C’est-à-dire que cette souveraineté
appartient aux individus qui forment et composent l’Etat. Dans cette conception, chaque
individu a une fraction ou une part de souveraineté. C’est à Jean Jacques ROUSSEAU qu’on
doit cette théorie de la souveraineté populaire qu’il a développé dans son célèbre ouvrage du
contrat social publié en 1762. Ainsi pour lui la source du pouvoir c’est le peuple, donc il est le
titulaire de la souveraineté. Selon ROUSSEAU la volonté général peut être respectée car étant
fondement même de cette souveraineté. Ainsi le peuple et donc chaque individu accepte de se
soumettre à la volonté général. C’est tout simplement l’expression de la volonté général
puisse que chaque individu qui compose le peuple a une parcelle de souveraineté. Ainsi la
souveraineté populaire est inaliénable du fait que chaque citoyen doit en principe être consulté
pour toute décision politique.
Parce que chaque citoyen est titulaire d’une parcelle de souveraineté et que celle-ci est
inaliénable, le citoyen n’élit pas de représentants agissant pour la nation dans son ensemble.
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers». Par ce célèbre aphorisme de départ,
Rousseau constate l'incapacité de l’homme à être libre alors qu'il se croit naître en société.
Cette aliénation sociale est un fait millénaire et Rousseau ne prétend pas l’expliquer, mais il
propose de chercher ce qui pourrait être producteur de légitimité dans l’ordre politique. S’il
admet qu'on puisse, dans la pratique, vivre dans une obéissance aliénante, Rousseau évoque la
possibilité de changer la vision de cette obéissance afin de retrouver la liberté politique et
civile, après avoir perdu notre liberté naturelle en entrant en société. La légitimité de cette
liberté n'est pas d’ordre naturel, elle émane de conventions humaines: c’est le projet du
contrat social.
Rousseau considère comme premier modèle de société politique « la plus ancienne et la seule
naturelle »: la famille. La cohésion d’une telle société est garantie par la dépendance des
enfants vis-à-vis de leur père, d’ordre naturel: les enfants obéissent au père parce que le père
subvient à leurs besoins. Quand les besoins cessent, les enfants obtiennent leur indépendance,
et si les membres d’une famille restent ensemble, c’est par convention sociale, d’ordre
volontaire. La nature de l’homme veut qu’il s’occupe d’abord de sa propre conservation, tant
dans la dépendance que dans sa propre maîtrise. On observe ainsi le premier processus
d’aliénation sociale où l’on octroie sa liberté contre des services pratiques ; et si les liens de la
famille sont marqués par l’amour du père pour ses enfants, les liens entre l’État et le peuple
sont motivés par la jouissance du pouvoir chez l’État. Rousseau cite Grotius et Hobbes, qui
pensent le droit comme le fait de la domination des plus forts sur les plus faibles; les plus
faibles ayant intérêt à se soumettre aux plus forts pour leur conservation. Et cela irait de pair
avec l’idée que le chef est d’une nature supérieure à ceux qu’il domine. Avant eux, Aristote
pensait que certains étaient naturellement faits pour la domination et d’autres pour
l’esclavage. Seulement pour Rousseau, c’est confondre l’objet et la cause: un esclave naît
esclave et « perd tout jusqu’au désir d’en sortir », donc s’il veut rester esclave c’est parce
qu’il l’est déjà, et non par une libre décision ou par une prédisposition naturelle à être esclave.
L’aliénation en question, l’esclavage, ne provient que d’un acte social et non d’un état de
nature (même si l’on naît souvent esclave de par les normes sociales, on ne choisit jamais
naturellement de le devenir). De même, tout homme fictif ayant été le premier ou le seul de sa
condition humaine pourra toujours se considérer comme maître parce que le fait lui fait croire
à sa liberté (comme Adam le premier homme ou Robinson seul sur son île).
Soumettre la puissance au droit et faire que la justice soit forte implique une démystification
de l’expression mal formée « droit du plus fort » qui aligne deux ordres hétérogènes: celui de
la réalité physique et celui de la moralité. Pour Rousseau, nul n’est vraiment maître en raison
de la réalité physique, on doit s’appuyer sur la réalité morale: « transformer la force en droit »
et « l’obéissance en devoir ». L’expression « droit du plus fort » est un oxymore: la force ne
peut relever du droit car obéir à la force n’est ni volontaire ni moral mais nécessaire voire
prudent. À supposer que la force soit un droit, aucun ordre politique ne serait possible puisque
la force ne tire sa légitimité que d’elle-même et de son avantage sur une autre force. Ainsi
l’obéissance stricte à la force nous détourne de tout sentiment de devoir moral, donc de tout
droit et de toute citoyenneté (ou du moins de tout sentiment d’appartenance à un État). «
Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on est obligé d’obéir qu’aux puissances
légitimes ».
B- L'avènement de l'électorat droit
"Toute loi que le peuple n'a pas ratifiée est nulle", d'aprés cet adage, le peuple à lui seul doit
voter les lois.On lui reconnait le suffrage universel et le droit d'exercer sa souverainté par le
vote qu'on appelle l'électorat droit défini comme la participation de chaque citoyen à
l'élaboration de la loi sans oublier le choix des dirigeants par le biais du vote. Quant au
suffrage universel, il consiste en la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyens
et citoyennes. Il est défini par opposition au suffrage censitaire ou suffrage capacitaire. Il est
l'expression de la souveraineté populaire et de la volonté générale dans un régime
démocratique. Dans sa version moderne, il est individualisé, c'est-à-dire qu'il s'effectue selon
le principe "une personne, une voix" contrairement au vote plural.
Donc avec l'avénement du suffrage universel, la faculté d'élir est un droit. Ainsi le droit de
vote permet aux citoyens d'un Etat d'exprimer leur volonté à l'occasion d'un scrutin, afin d'élir
leurs représentants et leurs gouvernants, de répondre à la question posée par un plébiscite ou
un référendum, ou encore de voter directement leurs lois. Pour les démocraties modernes, il
s'agit du principal droit civique considéré comme fondamental.
De par cette avènement naquît une élection considérée comme un des moyens privilégiés pour
la désignation des gouvernants dans les systèmes politiques, même lorsqu’ils se veulent, étant
donné que le vote est par essence un système aristocratique, ou seule une minorité est élue et
que les démocraties utilisent autant que possible pour la représentation du peuple, cette
procédure ne se fait plus donc comme pour un choix des jurés lors d’un procès. C’est
également à travers un système électoral qu’il est fixé l’élection d'une assemblée délibérante.
L’installation de l’organisme de gestion des élections est donc une étape très importante vers
l’organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas s’organiser des
élections. La plupart des pays qui sortent d’un dynamisme conflictuel ont des organes de
gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante. En outre, il y’a
l’avantage de la simplicité et permettant généralement la constitution d’une majorité stable et
capable de gouverner sans blocage. Sa limite est un moindre pluralisme donc une moindre
représentation de la diversité du corps électoral.
Cependant qu’en est-il des caractéristiques de la souveraineté populaire ?

II- UNE ETUDE BASEE SUR LES CARCTERISTIQUES DE LA


SOUVERAINETE POPULAIRE
Si on connait, les fondements, l’historicité de la souveraineté populaire, on pourra, néanmoins
appréhender, ses caractéristiques que sont, l’expression d’une démocratie directe (A) et une
conception abreuvée d’obstacles (B).
A- L’expression d’une democratie directe :
Affirmer que le peuple est souverain, c’est poser le principe de la légitimité démocratique. Cet
idéal politique et philosophique revêt une participation directe du peuple, « un système où la
citoyenneté puisse exercer pleinement sa souveraineté sans qu’il n’y ait pour cela,
d’intermédiaires, d’organe représentatif ou de médiation hiérarchique pour la pratique du
débat et de la prise de décision collective ».
Ancienne et première forme de la démocratie, car, remontant à l’antiquité avec l’avènement
de la démocratie athénienne, la démocratie directe fait de chaque citoyen un membre actif du
corps social. Elle se préoccupe essentiellement de la promotion et de la protection du citoyen
grâce à un système de participation aussi directe, active et sincère que possible. Elle débouche
logiquement sur la démocratie directe dans la mesure où l'aménagement institutionnel du
pouvoir qu'elle implique fait du citoyen la source et la fin de toute organisation sociétale.
A la différence de la souveraineté nationale qui est compatible aussi bien avec la monarchie
qu'avec la république, la souveraineté populaire qui traduit la volonté momentanée des
citoyens vivants ne peut se mouvoir, s'exprimer et s'épanouir que dans un cadre républicain.
En effet, prenant en considération le peuple concret, elle vise à traduire objectivement la
volonté des citoyens qui vivent à un moment donné de l'évolution sociale.
L'élection est un droit destiné à garantir la participation indispensable de chaque citoyen à
l'exercice de sa part de souveraineté. On parle alors "d'électorat-droit". Le vote étant un droit
qui appartient à tout citoyen en tant que détenteur d'une parcelle de souveraineté. On ne peut
dénier à un individu, ayant l'âge requis et la capacité mentale, le droit de voter. N'étant pas
une fonction, le citoyen est libre d'exercer ou non de ce droit. La doctrine de la souveraineté
populaire conduit à la démocratie directe. Le peuple participe directement à l'exercice du
pouvoir politique en désignant ses représentants ou en s'impliquant dans le processus
décisionnel. La souveraineté populaire admet le système de la représentation politique.
Seulement, les représentants sont liés aux représentés par un mandat impératif qui permet aux
seconds de donner aux premiers des directives qu'ils sont tenus d'appliquer. L'élu peut être
révoqué s'il ne respecte pas les instructions de l'électeur. Il ne formule pas la volonté générale
mais expose la volonté de son mandant. En conséquence, l'élu est directement responsable
devant les électeurs qui peuvent le désavouer ou le sanctionner. C'est le principe de la
révocabilité des mandats qui justifie la perte du mandat d'un élu qui a été exclu ou qui a
démissionné de son parti car il est avant tout un mandataire des électeurs de sa circonscription
électorale. Les techniques d'expression du peuple sont nombreuses et variées.
Il y a d'abord le veto populaire, qui permet au peuple, par le dépôt d'une pétition revêtue du
nombre requis de signatures et suivie d'une consultation, de s'opposer à la mise en vigueur ou
d'obtenir l'abrogation totale ou partielle d'une loi déjà promulguée.
Une technique très proche est celle de la révocation populaire, qui permet aux électeurs d'une
circonscription, toujours par le dépôt d'une pétition donnant lieu à votation, de mettre fin
avant le terme normal à un mandat électif. La révocation populaire, individuelle ou collective
qui fut une pratique courante dans les démocraties socialistes, est rarement prévue par les
textes constitutionnels pluralistes, qui dans l'ensemble, proscrivent le mandat impératif.
Une troisième technique est celle de l'initiative populaire, qui permet au peuple de proposer
l'adoption d'une disposition constitutionnelle ou législative. La procédure commence là encore
par le dépôt d'une pétition. Ensuite le principe de la révision constitutionnelle ou de la
modification législative est soumis aux organes représentatifs et si ceux-ci sont défavorables à
l'ensemble des électeurs par un référendum de consultation. Il reste ensuite à élaborer et faire
ratifier le projet de révision ou de modification.
La quatrième et principale technique demeure tout de même le référendum, c'est-à-dire la
consultation des électeurs sur une question ou sur un texte qui ne deviendra alors parfait et
définitif qu'en cas de réponse positive. Il peut s'agir d'un texte constitutionnel ou législatif.
B- Une conception abreuvée d’obstacles
La souveraineté populaire bien qu’elle fut intéressante, elle est chimérique et dangereuse,
c’est un idéal qui est impraticable dans les grands Etats. Les mécanismes juridiques qu’elle
implique sont difficilement compatibles avec les impératifs liés à la stabilité des décideurs et
des décisions politiques. La souveraineté populaire porte en elle un absolutisme qui peut la
rendre dangereuse pour les citoyens dans la mesure où elle est de nature à déboucher sur « la
tyrannie de la majorité ». Les droits de la minorité ne sont pas pris en compte dans la logique
de cette théorie. Dans son raisonnement, Rousseau postule déjà que « la majorité a toujours
raison » et « la minorité a tort », autrement dit la majorité est la raison et la minorité l’erreur.
A l’absolu, la souveraineté populaire prive l’opposition de tout moyen de défense contre la
majorité qui peut alors devenir oppressive sans rencontrer de limite ou d’opposition. Dans la
mesure où l’unanimité pratiquement impossible à obtenir sur un problème d’ordre générale,
on se réfugie alors derrière le vote majoritaire. La souveraineté populaire cristallise un mythe
véritable de la souveraineté de la loi qui, parfois, a freiné le développement de l’Etat de droit.
Ainsi si l’idée d’un contrôle juridictionnel de la constitutionnalité des lois n’avait pu prospérer
dans les démocraties européennes, c’est en raison du mythe de la souveraineté de la loi.
Certes, les garanties institutionnelles ne seront probablement pas suffisantes sur certaine
situation. Elles n’auront de force que si elles s’accompagnent de mobilisations populaires
importantes. Cependant, les garanties institutionnelles sont parties intégrantes de la
construction d’un rapport de forces. Ainsi, un vote majoritaire ne doit pas pouvoir remettre en
cause les libertés et droits fondamentaux, le droit des minorités et plus globalement ce qui fait
la substance d’un État de droit. Aujourd’hui, les Cours constitutionnelles sont censées jouer ce
rôle et on voit que des gouvernements autoritaires, comme en Hongrie ou en Pologne, s’en
prennent à leur indépendance. Cependant, le mode de nomination de leurs membres et le
caractère restreint de ces cours en affaiblissent considérablement la légitimité. Ainsi conçue
comme régime capable de s’autolimiter, et donc de créer des institutions qui le permettent, la
démocratie ne s’oppose pas au libéralisme politique, qui reprend la garantie de l’exercice des
droits fondamentaux est la condition de toute vie démocratique. Comme le résumait Rosa
Luxemburg dans sa critique du tour pris par la révolution russe : « Sans élections générales,
sans liberté illimitée de la presse et de réunion, sans lutte libre entre les opinions, la vie se
meurt dans toutes les institutions publiques, elle devient une vie apparente, où la bureaucratie
reste le seul élément actif. C’est une loi à laquelle nul ne peut se soustraire ». L’évocation du
peuple ne suffit donc pas à définir un projet politique même si on considère qu’un peuple est
simplement l’ensemble des individus soumis aux lois d’un État.
Les problèmes ne se laissent pas non plus résoudre facilement si l’on prend le mot « peuple »
au sens des dominés, du fait d’une multiplicité des oppressions croisées, d’une
déterritorialisation et Trans nationalisation des dominations. Apparaît aussi un décalage entre
le peuple dans son acception politique et le peuple dans son acception sociale. Le peuple
n’existe donc que sous des formes diverses, souvent contradictoires, et Chantal Mouffe a
raison d’affirmer qu’il faut « remettre en cause toute notion de « peuple » comme étant déjà
acquise et dotée d’une identité substantielle ». Il est illusoire de penser que le peuple puisse
parler d’une seule voix. Il s’agit d’un problème majeur pour toute stratégie politique de
transformation sociale. Un exercice pratique de la souveraineté différente de la théorie: des
limitations imposées ou désirées par les États. La souveraineté peut être nationale ou
populaire, selon les Constitutions, mais en réalité, des limites apparaissent dans les deux
conceptions, dès lors qu'il faut l'exercer. L'existence de la souveraineté populaire est
largement remise en question, lorsque le peuple affiche dans les rues par le biais de
mouvements de contestations son indignation.

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