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DOCUMENTATION
27/09/2008
Échange d’ions
Technologies d’applications
par François de DARDEL
Ingénieur-chimiste de l’École Polytechnique Fédérale de Zürich Rohm and Haas France SA
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 2 784 − 1
1. Mise en œuvre industrielle Nota : dans le cas d’une régénération à contre-courant (§ 1.3.1), le soulèvement n’est fait
que tous les 20 à 50 cycles.
1.2 Description du cycle complet La plupart des considérations exposées jusqu’ici se rapportaient à
la pratique traditionnelle où la résine était régénérée dans le même
sens qu’elle était saturée. La [J 2 783, figure 22] décrivait la satura-
Le cycle se décompose en plusieurs phases : tion du lit dans ce cas. Pour des quantités de régénérant économi-
quement acceptables, la base du lit n’était que très partiellement
— la saturation (ou production) ; régénérée, ce qui conduisait à une fuite élevée au cours du cycle, car
— le détassage (ou soulèvement) ; la solution épurée était en équilibre avec la couche la plus basse du
— la régénération ; lit. Ce phénomène est d’une importance primordiale en déminérali-
— le rinçage (ou déplacement). sation. Il y a heureusement une solution élégante au problème de la
fuite, en régénérant dans le sens inverse, de bas en haut, les cou-
■ Saturation ches de résine les plus basses atteignent l’équilibre avec de l’acide
frais (non utilisé), donc non contaminé, et sont ainsi converties tota-
La solution à traiter passe à travers le lit de résine, en saturant lement sous leur forme régénérée, donnant une fuite permanente
cette dernière. Au moment où la quantité d’ions fixes atteint la capa- minimale au cycle suivant.
cité utile, c’est-à-dire au point de percement où la fuite atteint une
valeur limite fixée à l’avance, on arrête la phase de production. La différence entre les deux systèmes de régénération et leurs
effets sur la qualité de l’eau traitée sont illustrés sur la figure 2. La
■ Soulèvement déminéralisation sur deux colonnes avec régénération à contre-cou-
rant produira une eau traitée d’une conductivité égale à 2,0 µS/cm
On détasse alors la résine pendant un quart d’heure environ par ou moins, même avec une eau brute riche en sodium, et la consom-
un courant d’eau ascendant, ce qui permet aussi d’éliminer les par- mation de régénérant sera bien moins élevée que dans les systèmes
ticules qui ont pu se déposer à la surface du lit ainsi que les éven- régénérés à co-courant.
tuels débris de résine. L’expansion du lit doit être de 50 à 100 % en
volume. On laisse ensuite décanter le lit. On voit aussi sur cette figure que, dans le cas de la régénération à
contre-courant, on désorbe les ions fixés par le plus court chemin au
lieu de leur faire traverser tout le lit et que les couches inférieures
sont en permanence bien régénérées.
Solution à traiter
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SATURATION RÉGÉNÉRATION
Sens de régénération
Sens de saturation
Régénération
à co-courant
Régénération
à contre-courant
Fuite ionique
(méq /L)
10–1
2
Contre-courant
10–3
0 20 40 60 80 100
Temps de saturation (%)
Figure 2 – Effets des régénérations à co-courant et à contre-courant sur la fuite ionique et représentation des lits de résines en cours de
saturation et de régérération
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d’échangeurs d’ions
PRÉTRAITEMENTS
(chaînages) Filtration Floculation Décarbonatation
2.1 Prétraitements CF CM CM
(NA)
DUC DUC
■ Filtration CM CM
Avant de percoler sur une colonne d’échange d’ions, la solution à CF CF
traiter doit être limpide, débarrassée des matières en suspension. Il CF CF CF CF CF CF
(NA)
faut donc assurer une bonne filtration.
■ Décarbonatation
CHAÎNE PRIMAIRE
Lorsque l’eau brute a une alcalinité élevée, on peut précipiter les
LM
carbonates à l’aide de lait de chaux et réduire ainsi partiellement la AM AF AM AM
salinité de l’eau.
CF
■ Floculation
On peut aussi éliminer en partie les matières organiques en les
précipitant à l’aide de chlorure ferrique ou de sulfate d’aluminium,
avec addition éventuelle de polyélectrolytes. DEG DEG DEG DEG DEG DEG DEG DEG
AF AF AF AF DUA DUA
2.2 Adoucissement AM AM
AF AF
FINITION
2.3 Décarbonatation-adoucissement
TR
LM CF CM Tampon
AF
AF
C’est le schéma CM (H) - CF (Na) - DEG de la figure 3. IN
Eau adoucie CF CF
On peut réduire la salinité d’une eau dure et alcaline et en éliminer décarbonatée
la dureté pour l’utilisation dans des chaudières à basse pression et TH = 0
comme eau de refroidissement. Il faut parfois ajuster le pH avec de TAC = 0,3 méq/L AF
la soude pour le remonter de 4,5 à 8 environ.
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qu’il y a un dégazeur dans tous les chaînages à l’exception des lits moins dense que la résine sulfonique. De plus, pour assurer une
mélangés. bonne séparation des deux couches après soulèvement du lit, on
À la sortie du dégazeur, l’eau débarrassée des cations contient 0,2 choisit une granulométrie fine pour CM et grosse pour CF.
à 0,3 méq de CO2 libre par litre. Le même raisonnement s’applique pour les échangeurs d’anions.
Ces systèmes n’ont un bon rendement que lorsqu’ils sont régénérés
à contre-courant. Ils produisent ainsi une excellente qualité d’eau
2.4.2 Schéma CF - AM - DEG (1 µS/cm, 5 à 20 µg SiO2/L) avec une consommation faible de régé-
nérant (les rendements de régénération sont proches de 100 %) et
Ce chaînage produit une eau contenant moins de 5 mg de sels dans une installation à deux colonnes d’échange seulement.
dissous par litre si l’eau brute est dure, auxquels il faut ajouter la À noter que le calcul des capacités et l’optimisation du chaînage
silice et environ 15 mg CO2/L. Si l’eau brute est douce, la fuite en sont complexes, mais peuvent être réalisés rapidement sur un ordi-
sodium peut être assez élevée, sauf si CF est régénéré à contre-cou- nateur convenablement programmé.
rant.
Une difficulté peut se présenter avec certains échangeurs
Ce type de chaînage produit de l’eau pour les chaudières à d’anions faiblement basiques dont la différence de densité avec
moyenne pression et pour certains procédés industriels. On place le leurs homologues basiques est trop faible (résines polyacryliques).
dégazeur après l’échangeur faiblement basique pour en obtenir la
capacité maximale (cf. § 3.2.5).
2.5 Finition
2.4.3 Schéma CF - DEG - AF
Ce schéma simple produit de l’eau très pure utilisable dans la plu- En aval de la chaîne primaire de déminéralisation, on peut instal-
part des applications. La qualité de l’eau produite dépend du sys- ler des échangeurs de finition destinés à éliminer les dernières tra-
tème de régénération et des quantités de régénérant. À co-courant, ces de salinité.
on obtient une conductivité de 1 à 10 µS/cm et une teneur en silice ■ Filtre tampon
de 50 à 200 µg/L selon l’eau à traiter. À contre-courant, ces chiffres
peuvent atteindre 1 µS/cm et 5 à 25 µg de silice par litre d’eau trai- Un échangeur carboxylique ou parfois sulfonique peut neutraliser
tée. la fuite en soude d’une résine échangeuse d’anions (cf. § 1.3.3).
De petites installations sont souvent construites sans dégazeur. ■ Finition en lits séparés
Une finition en deux colonnes séparées était souvent utilisée à
l’époque où la régénération à contre-courant était peu répandue.
2.4.4 Lit mélangé de travail (CF + AF) Les fuites en sodium et en silice étaient retenues respectivement sur
un échangeur fortement acide et une résine fortement basique en
Ce système produit de l’eau très pure (0,1 à 1 µS/cm, 10 à 100 µg série. La régénération se faisait dans le sens AF2 - AF1 et CF2 - CF1,
SiO2/L), mais son taux de régénération est médiocre, d’autant plus sorte de contre-courant rustique.
qu’on ne peut pas installer de dégazeur.
Aujourd’hui, on trouve des systèmes de finition régénérés à con-
Il est donc réservé aux petites installations (laboratoires) ou à des tre-courant en lits compacts (§ 5.2.4) soit en colonnes séparées, soit
eaux très peu salines. dans une seule colonne compartimentée (système Amberpack
Sandwich ou Bayer Multistep).
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1,0
1,2 Polystyréniques de type 2
Polystyréniques 0,9
1,0 Polyacryliques
0,8
0,8
0,7 Polystyréniques de type 1
0,6
10–1 2 5 10–0 2 5 10 0,6
K
K = [CO2] (C ) – 2
104 V
[SAF] 0,5
SAF sels d'acides forts (§ 3.1.2)
CV charge volumique en h–1 0,4
50 100 150 200
Figure 4 – Capacités utiles de différents échangeurs d’anions NaOH (g/L résine)
faiblement basiques
Figure 5 – Capacité utile de base de différents échangeurs d’anions
fortement basiques, en fonction de la quantité de régénérant
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Dureté
+ +
Ca+ Mg+ + éventuellement TAC
polyacryliques temporaire
OH– et CO3––
0,8
Dureté
Polystyréniques permanente
Cl–
de type 1
0,6
NO3– SAF
Na+
0,4
SO–4–
3.1.2 Éléments de l’analyse d’eau Les matières organiques présentes dans les eaux naturelles sont
le plus souvent constituées d’acides humiques et d’acides fulviques,
Pour les calculs d’échange d’ions, il est nécessaire de connaître la qui sont de grandes molécules d’acides carboxyliques à plusieurs
composition exacte de la solution à traiter. fonctions. Ces grandes molécules pénètrent dans les échangeurs
d’anions, viennent se fixer sur les zones les plus fortement réticu-
En traitement d’eau, les ions que l’on rencontre habituellement lées et y restent prises au piège, leur propre chaîne s’emmêlant
sont : autour du squelette de la résine. Ceci réduit à la longue la capacité
— les cations Na + , Ca ++ , Mg ++ ; des échangeurs d’anions, car on n’arrive plus à les « décrocher », et
conduit à des difficultés de rinçage et à des problèmes de qualité
— les anions OH Ð, CO 3= , HCO 3Ð , Cl Ð , NO 3Ð , SO 4= .
d’eau traitée en raison des fonctions carboxyliques des matières
D’autres ions peuvent être présents ( K + , NH 4+ , Mn ++ , Fe ++ ), mais organiques qui fixent puis relarguent la soude selon le pH.
leur concentration dans les eaux naturelles est le plus souvent très À ces acides organiques naturels peuvent s’ajouter des produits
basse. Bien évidemment, l’équilibre ionique exige que la concentra- tensioactifs ioniques synthétiques qui aggravent le problème.
tion totale des cations soit égale à la concentration totale des
anions. Bien que la mesure qualitative et quantitative de ces substances
Les ions Ca ++ et Mg ++ (et éventuellement Fe ++ et Mn ++ ) sont soit difficile, on a coutume d’en exprimer la concentration en milli-
regroupés sous le nom de dureté, mesurée par le titre hydrotimétri- grammes de KMnO4 nécessaire, par litre d’eau, pour les oxyder
que TH (en méq/L). dans des conditions données (généralement en milieu acide à ébul-
lition). Il faut surtout éviter de laisser de trop grandes quantités de
Les ions OH Ð , CO 3= et HCO 3Ð sont regroupés sous le nom ces matières se fixer à chaque cycle. Le facteur d’empoisonnement
d’alcalinité totale, mesurée par le titre alcalimétrique complet TAC N peut être estimé par le rapport entre la pollution organique : Org
(en méq/L). (exprimée en mg KMnO4 par litre) et la salinité à fixer : ST (total des
Dans les cas, assez fréquents, où TH > TAC, on appelle dureté per- anions, en méq/L) :
manente la valeur TH - TAC et dureté temporaire, dite aussi dureté
carbonatée, la valeur TAC qui représente la partie de la dureté liée à Org
N = ----------
l’alcalinité. Dans les cas où TH < TAC, il n’y a pas de dureté perma- ST
nente, mais seulement de la dureté temporaire.
On appelle alcalinité caustique mesurée par le titre alcalimétrique On peut classer les résines échangeuses d’anions selon leur résis-
TA la concentration en ions OH Ð et CO 3= pour les eaux de pH alca- tance à l’empoisonnement (N maximal), en commençant par les
lin. moins résistantes (tableau 1).
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On trouve dans le paragraphe 2 les différents types de chaînages, Ceux-ci, ayant aussi une cinétique lente, sont sensibles au débit.
les critères de choix des résines et les conditions opératoires recom- Leur capacité dépend en outre de la composition de l’eau : elle est
mandées. d’autant plus élevée que la concentration en acides forts est basse.
Les acides faibles ne sont que très peu fixés.
Les fabricants de résines échangeuses d’ions fournissent pour
chaque type de résine des jeux d’abaques et de courbes, permettant La présence de dioxyde de carbone a cependant une influence
de calculer le volume de chaque résine, sa quantité de régénérant, positive sur la capacité, ce qui fait qu’il vaut mieux placer le déga-
la capacité utile et la fuite dans tous les cas usuels. En général, on zeur atmosphérique, s’il y en a un, entre l’échangeur faiblement
part d’une courbe valable pour des conditions standards et l’on basique et l’échangeur fortement basique.
applique des corrections pour chaque critère différant de ces condi- La quantité de régénérants (exprimée en équivalents par litre) uti-
tions standards. Pour effectuer le dimensionnement complet et pré- lisée habituellement est de l’ordre de 130 % de la capacité utile de la
cis d’une installation, on se référera donc aux courbes fournies. Le résine.
cheminement du calcul est trop complexe pour pouvoir être résumé
ici. Nous nous contenterons donc de mettre en lumière les facteurs
principaux à prendre en compte.
3.2.6 Échangeurs fortement basiques
Nota : les méthodes de calcul présentées par chaque fabricant sont malheureusement,
bien que peut-être à dessein, différentes dans le détail.
Ils fixent les acides forts et faibles. La silice étant moins bien rete-
nue que les autres anions, c’est elle qui fuit en premier. Le taux de
3.2.2 Adoucissement régénération dépend donc de la fuite en silice acceptable. Par
ailleurs, la silice ayant tendance à polymériser sur la résine, on a
parfois intérêt à régénérer avec de la soude chaude. Mais seuls les
La capacité utile est d’autant plus élevée que : échangeurs de type 1 résistent bien à la température [J 2 783,
— la quantité de régénérant est élevée ; § 2.3.2].
— la concentration en ions sodium (autorégénérants) est faible ; En pratique, on utilise des taux de régénération de 150 à plus de
— la vitesse de percolation est faible. 1 000 % donc le rendement de ces résines est médiocre.
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3.2.7 Calcul des volumes de résine Le calcul conduit à la détermination des volumes de chaque
résine, de leur capacité utile et des taux de régénération. De plus, les
D’après les capacités utiles calculées. Le volume de chaque type diamètres de chaque filtre peuvent être calculés en fonction des
de résine pourra être calculé, en fonction de la durée de fonctionne- volumes.
ment choisie entre deux régénérations, par la formule suivante : Une série de critères limitatifs conditionnent le calcul. Ce sont par
exemple :
QtS
V = ----------- — les charges volumiques sur chaque colonne, qui doivent être
C
comprises entre 4 et 40 h−1 ;
avec V volume de résine (en m3), — les hauteurs de couches de résines, comprises entre 0,7 et
Q débit (en m3/h), 2,5 m ;
t temps de fonctionnement (en h), — la quantité de matières organiques qui conditionne le choix
des échangeurs d’anions (cf. § 3.1.3).
S salinité à fixer par la résine considérée (en éq/m3
d’eau ou méq/L),
C capacité utile de la résine (en éq/m3 de résine) Nous avons considéré un exemple de déminéralisation de
80 m3/h, d’une eau de 8 méq/L de salinité.
3.2.8 Eaux de service Commentons point par point les données de base (tableau 2) et
les résultats du calcul : poste de déminéralisation (tableau 3) et
On a vu dans le paragraphe 1.2 que le cycle de fonctionnement poste de finition (tableau 4).
comporte des étapes de soulèvement, de régénération et de rinçage
qui consomment de l’eau. Cette eau ajoutera donc sa salinité à la
charge ionique considérée pour la production et diminuera donc la
3.3.2 Données de base
capacité. Il sera donc nécessaire d’augmenter proportionnellement
à ces eaux de service le volume de résine pour assurer la production
nette (Qt) envisagée. Selon la salinité de l’eau brute, la correction de ■ Analyse d’eau
volume peut varier entre 5 % (eau peu saline) et 35 % (eau semi-sau- Pour permettre le calcul complet, l’analyse d’eau doit être
mâtre). détaillée et équilibrée, c’est-à-dire que la somme des cations doit
être égale à la somme des anions. Silice et matières organiques sont
comptées à part.
3.2.9 Vérification des charges volumiques
et de la durée du cycle ■ Débit net
C’est le débit dont l’utilisateur a besoin. Le débit réel, ou débit
Une charge volumique trop faible peut créer des irrégularités brut, est supérieur en raison des eaux de service (cf. § 3.2.8) que doit
d’écoulement ; trop élevée, elle créera une perte de charge exces- produire la chaîne.
sive.
On vérifiera, à la fin du calcul, que la charge volumique Q/V est ■ Qualité requise
bien supérieure à 4 h−1 et inférieure à 40 h−1 pour chaque résine. Si Elle est exprimée par la conductivité électrolytique de la solution
ce n’est pas le cas, il faudra diminuer ou augmenter le volume V cor- traitée et sa concentration résiduelle de silice, car cette dernière ne
respondant, en faisant au besoin diminuer ou augmenter le temps modifie pas la conductivité mais est importante pour une eau d’ali-
de fonctionnement. mentation de chaudière.
■ Neutralisation
3.3 Exemple de calcul Si l’on désire que les effluents de régénération soient neutres, on
calculera l’excès d’acide sur les échangeurs de cations et l’excès de
soude sur les échangeurs d’anions à la fin du calcul ; selon le cas, la
neutralisation exigera davantage d’acide ou de soude. Ce régéné-
Nous présentons ci-après le calcul d’une chaîne de déminéra- rant supplémentaire, au lieu d’être utilisé en neutralisation pure,
lisation d’eau sur échangeurs Amberlite. sera passé sur les résines et en augmentera donc la capacité ; il fau-
dra alors recommencer le calcul des volumes.
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Résine Amberlite IRC 86 1200 IRA 96 IRA 458 ■ Rôle de chaque résine
● L’Amberlite IRC 86, échangeur de cations faiblement acide, fixe
Volume par chaîne .............. (m3) 3,28 4,56 5,92 2,02
la dureté temporaire, c’est-à-dire les ions calcium et magnésium
Total d’eau produite............ (m3) 1 292 1 292 1 292 1 292 jusqu’à concurrence du TAC, soit 4 méq/L.
● L’Amberjet 1200, échangeur de cations fortement acide, fixe le
Volume percolé ................... (m3) 1 411 1 410 1 365 1 324
reste des cations (Ca + Mg + Na), soit 8 − 4 = 4 méq/L.
Débit brut .......................... (m3/h) 80,7 80,7 80,7 80,7 ● L’Amberlite IRA 96, échangeur d’anions faiblement basique,
fixe le SAF (Cl + NO3 + SO4) soit 4 méq/L.
Durée de production .............. (h) 16,0 16,0 16,0 16,0
● L’Amberlite IRA 458, échangeur d’anions fortement basique,
Charge ionique ..................... (éq) 5 644 5 312 5 460 662 fixe les autres anions, après dégazage, plus le dioxyde de carbone
résiduel (0,3 méq/L) et la silice (12 mg/L de SiO2, soit 0,2 méq/L
Capacité utile .................. (éq/m3) 1 720 1 164 922 328
d’acide silicique H2SiO3 que l’on considère comme monovalent en
Régénération par HCl NaOH (25 °C) raison de sa faible acidité).
Quantité totale 485 292 En outre, les deux échangeurs d’anions fixent une partie impor-
106 144 tante des matières organiques contenues dans l’eau. Leur quantité
par cycle ...................... (kg 100 %)
initiale étant assez élevée, on a choisi un échangeur fortement basi-
(kg/m3) que de type polyacrylique pour éviter l’empoisonnement.
Taux de régénération........... (%) 121 119
Concentration du régénérant (%) 7,0 7,0 4,0 4,0 3.3.3 Poste de déminéralisation
Système de régénération (1) ...... CFR RFR CFR CFR
■ Durée de production
Diamètre suggéré...............(mm) 1 600 1 800 2 000 1 400
On a choisi 16 h pour des raisons hydrauliques : en effet, la
Surface .................................. (m2) 2,01 2,54 3,14 1,54 charge volumique ne doit pas excéder 40 h−1 ; un cycle plus court
donnerait des volumes de résine trop faibles pour respecter cette
Hauteur de résine ............... (mm) 1 632 1 794 1 884 1 311 condition.
Vitesse linéaire ................... (m/h) 40 32 26 52 ■ Production nette
(1) CFR : régénération à co-courant Nous n’entrerons pas dans le détail du calcul des eaux de service.
RFR : régénération à contre-courant Celles-ci, nécessaires à la dilution des régénérants et aux étapes de
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rinçage, doivent impérativement être prises en considération, Si l’on utilise de l’acide sulfurique, il faut veiller à ce que son titre
même approximativement, car elles augmentent la charge ionique. soit suffisamment faible pour éviter la précipitation de sulfate de
calcium sur les échangeurs de cations.
■ Charge ionique totale
Souvent, on régénère alors en plusieurs étapes, avec des por-
C’est le produit de la production brute (volume percolé, en m3), tions d’acide de titres massiques croissants, de 0,8 à 7 % d’H2SO4.
par la salinité à fixer sur chaque échangeur (en éq/m3).
■ Matières organiques
Exemple : l’échangeur faiblement basique (Amberlite IRA 96) fixe
4 éq/m3 de SAF (Cl + SO4). La charge ionique est donc : L’indice d’empoisonnement N (§ 3.1.3) est, pour l’échangeur fai-
(1 365 m3)(4 éq/m3) = 5 460 éq. blement basique, égal à :
(10 mg KMnO4/L)/(4 méq d’anions par litre) = 2,5
■ Capacité utile
Exemple : si l’on estime que cette résine retient 60 % des matiè-
Elle est calculée pour chaque résine d’après les courbes du fabri- res organiques, la quantité restante sera de :
cant.
10 (1 − 0,6) = 4 mg KMnO4/L sur l’échangeur fortement basique,
■ Volume et le nombre N pour ce dernier sera égal à :
Le volume de chaque résine se calcule en divisant la charge ioni- 4/0,5 = 8, nombre compatible avec le type d’échangeur choisi.
que par capacité utile. (4 est le SAF à fixer sur l’échangeur faiblement basique, 0,5 la
concentration d’acides faibles (CO2 + SiO2) à fixer sur l’échangeur for-
Exemple : le volume de résine faiblement basique est de tement basique).
(5 460 éq)/(922 éq/m3) = 5,92 m3 d’Amberlite IRA 96.
■ Diamètre des colonnes
■ Quantité de régénérant
Le diamètre est choisi en fonction du volume de résine et du débit
On la détermine sur les courbes du fabricant en fonction de la de façon à obtenir une vitesse linéaire comprise entre 10 et 50 m/h
composition de l’eau brute et de la qualité de l’eau à obtenir. et une hauteur de couche comprise entre 0,7 et 2,5 m de résine.
Exemple : on a trouvé 106,5 g d’acide chlorhydrique par litre
■ Vitesse linéaire d’écoulement
d’Amberjet 1200, soit :
(106,5 kg/m3)(4,56 m3) = 485,6 kg d’HCl au total. C’est le rapport entre le débit (en m3/h) et la surface du filtre (en
m2).
■ Taux de régénération
C’est le rapport entre la quantité de régénérant (en équivalents) et
la charge ionique. Il mesure donc le pourcentage de régénérant en 3.3.4 Optimisation de la chaîne
excès par rapport à la quantité stœchiométrique.
Le calcul ci-dessus a été fait en considérant les charges ioniques
Exemple : un équivalent d’acide chlorhydrique correspond à exposées à l’alinéa « Rôle de chaque résine » du paragraphe 3.3.2.
0,0365 kg. La quantité équivalente d’acide est de 485,6/0,0365 = Le résultat conduit à un faible volume de résine fortement basique
13 300 éq. Le taux de régénération est donc pour l’Amberjet 1200 : (environ 2 000 L) et à un gros volume de résine fortement basique
13 300/5 312 = 2,50 = 250 %. (environ 6 000 L). Le calcul initial fait à la main donne un volume très
L’excès de régénérant (13 300 − 5 312 = 7 988 éq) est largement faible d’AF (environ 1 000 L) incompatible avec les recommanda-
suffisant pour régénérer l’échangeur carboxylique (Amberlite IRC 86) tions habituelles d’exploitation : on doit opérer avec une charge
qui n’a fixé que 5 644 éq de salinité. volumique de 40 h Ð1 au maximum. Le volume de résine est ainsi
Le taux global sur les deux échangeurs de cations est de : augmenté à 2 000 L pour que cette limite ne soit pas dépassée.
13 300/(5 644 + 5 312) = 1,21 = 121 %. En pratique, il est préférable, en raison de considérations hydrau-
Il faut évidemment vérifier, lorsque l’on fait le calcul à la main, que ce liques, de construite une installation avec des volumes d’AM et d’AF
taux global est supérieur à 10 956 pour le couple. sensiblement égaux. C’est possible dans la plupart des cas en lais-
Dans notre cas, la quantité de régénérant très élevée par litre de sant fuir une partie de la charge ionique de l’AM vers l’AF : l’AM est
résine fortement basique, qui représente un taux de : dimensionné à dessein trop petit, ce qui fait qu’une partie de la
charge ionique des acides forts ( Cl Ð et SO 4= ) doit être prise par l’AF.
(292/0,040)/662 = 11,03 = 1 103 % Typiquement, ce transfert de charge ionique est de l’ordre de 25 %.
s’explique par le fait que la quantité minimale requise est insuffisante On diminue ainsi d’environ 1/4 le volume de l’AM, ce qui conduira
pour régénérer l’échangeur faiblement basique. Le couple considéré dans notre cas à 4 500 L de résine, et le volume d’AF devra être
requiert un taux global minimal de 119 % pour bien désorber les matiè- recalculé pour absorber cette charge supplémentaire d’acides forts,
res organiques fixées. en tenant compte de la nouvelle composition moyenne de l’eau à
l’entrée de l’AF.
■ Température du régénérant
Pour améliorer l’élution de la silice, on peut chauffer la soude de
régénération jusque vers 45 °C, mais seulement si l’échangeur forte- 3.3.5 Poste de finition
ment basique est de type 1. Pour les échangeurs de type 2 ou poly-
acryliques, il est recommandé de ne pas dépasser 30 °C. L’Amberlite Le lit mélangé de finition (ici un Triobed) est calculé de façon à
IRA 458 étant une résine polyacrylique, nous avons choisi de régé- avoir une charge volumique de 40 h Ð1 .
nérer à 25 °C.
On régénère en général avec 80 à 100 g d’acide par litre d’échan-
■ Titre de l’acide geur de cations et 80 à 100 g de soude par litre d’échangeur
d’anions.
L’acide chlorhydrique est généralement utilisé à un titre de 5 à 8 %
et la soude caustique à 4 % en masse. On a choisi ici de l’acide à 7 % La capacité utile est, la plupart du temps, limitée par la teneur en
pour diminuer la quantité totale de solution régénérante. Lorsque silice, car l’échangeur d’anions du lit mélangé fixe presque unique-
l’on régénère un échangeur fortement acide avec moins de 75 g ment SiO2 qui a fui de la chaîne primaire. C’est pourquoi la capacité
d’HCl par litre, on prend de l’acide à 5 %. utile de l’échangeur de cations est très faible.
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Le diamètre de la colonne est souvent calculé pour obtenir une 4.3 Traitement des eaux saumâtres
hauteur de couche de 0,9 à 1,5 m et une vitesse linéaire de 30 à
60 m/h.
Longtemps, des eaux saumâtres contenant jusqu’à 2 500 mg de
sels par litre ou environ 50 méq/L de salinité ont été déminéralisées
partiellement sur des échangeurs d’ions, par exemple avec des cou-
ples CF - AM (cf. § 2). L’osmose inverse a fait des progrès tels, que
4. Procédés spéciaux l’échange d’ions est pratiquement supplanté par ce procédé pour
de traitement de l‘eau les eaux les plus chargées et que la limite économique se trouve
maintenant entre 10 et 20 méq/L.
Certains procédés d’échange d’ions sont néanmoins restés
Nous examinerons ici certains procédés par échange d’ions qui compétitifs :
sont des cas particuliers de la déminéralisation. — le procédé Desal de la Société Rohm and Haas [12] ;
— le procédé italien Sira [13] datant de 1975.
Dans certaines eaux à faible salinité, le facteur Le lecteur pourra se reporter à la référence [14].
d’empoisonnement N (défini au paragraphe 3.1.3) peut devenir très Les condensats de retour des ensembles modernes de
élevé. Pour protéger les échangeurs d’anions d’une chaîne de démi- chaudières à haute pression, couplées avec des turbines et un
néralisation, on peut placer en tête de la chaîne une colonne de condenseur, ne peuvent plus être recyclés en l’état pour alimenter
résine spécialement destinée à piéger les matières organiques. On ces chaudières. Ils contiennent en effet des produits d’érosion et de
l’appelle résine scavenger. Il en existe principalement de deux corrosion des matériaux de l’équipement, principalement des oxy-
types : des de fer insolubles et des traces de sels de cuivre et d’autres
— échangeur fortement basique très poreux, polystyrénique ou métaux en solution, ainsi que divers sels provenant de fuites minus-
polyacrylique, utilisé sous forme Cl Ð pour les eaux neutres ou alca- cules du système condenseur permettant l’entrée d’eau de refroidis-
lines, et régénéré avec un mélange de sel et de soude ; sement.
— échangeur formophénolique faiblement basique, pour les Le problème des fuites du condenseur est particulièrement criti-
eaux fortement sulfatées, que l’on régénère à la soude (cette résine que dans les centrales électriques du littoral, où le condenseur est
est aussi capable de retenir certains détergents). refroidi à l’eau de mer. Les fabricants de chaudières et de turbines
suivent les progrès de l’échange d’ions et exigent des normes de
plus en plus draconiennes pour la qualité de l’eau d’alimentation de
leurs installations. Il n’est pas rare que les limites de salinité tolérées
4.2 Élimination des nitrates en sodium et en chlorures soient inférieures à 1 µg/L.
Les condensats bruts eux-mêmes, tant que les fuites du conden-
seur sont faibles, ne contiennent que des teneurs très basses en
Dans de nombreuses régions d’Europe et des États-Unis, on cons- minéraux dissous ou en suspension, souvent de l’ordre de quelques
tate une tendance à l’augmentation des concentrations de nitrates à microgrammes par litre seulement. Dans les centrales électriques
la fois dans les eaux de surface et dans les eaux souterraines. Une modernes, les impuretés dans le condensat s’expriment de plus en
teneur en nitrates supérieure à 50 mg/L d’eau est dangereuse pour plus en nanogramme par litre [ou en p.p.t. (parts per trillion : 10-12)
la santé des enfants et l’on peut utiliser l’échange d’ions pour la dans les pays anglo-saxons].
réduire. N’importe quelle résine fortement basique sous forme Cl Ð
est capable de remplir ce rôle. Malheureusement, leur rendement En période de démarrage ou en cas de fuite sérieuse au conden-
est médiocre car la résine absorbe aussi les sulfates et un peu seur, ces teneurs peuvent augmenter jusqu’à des valeurs de l’ordre
d’hydrogénocarbonates, qui sont tous deux présents en concentra- de 1 à 5 mg/L. Il faut ajouter que le condensat est parfois condi-
tions plus élevées que les nitrates. Ceci représente un gaspillage de tionné par de l’ammoniaque ou de la morpholine pour en élever le
capacité et de régénérant et conduit à d’importantes fluctuations de pH et en limiter la corrosivité, à une concentration variant de 0,1 à
la qualité de l’eau traitée en termes de concentrations en sulfates 2 mg/L. La filtration et la déminéralisation de ces condensats posent
(pratiquement éliminés), en hydrogénocarbonates (réduits) et en des problèmes spécifiques et une abondante littérature existe à ce
chlorures (augmentés). On peut pallier en partie ces inconvénients sujet [15, 16, 17].
en régénérant la résine avec un mélange de chlorure, de sulfate et Il existe deux grandes catégories de procédés :
d’hydrogénocarbonate de sodium pour réduire les fluctuations de la — l’un fait appel à des résines classiques et à des installations
qualité de l’eau. analogues à celles utilisées en déminéralisation ;
Certaines installations ont été construites dans des régions du — l’autre fait appel à une boue de résines finement broyées,
monde où la contamination par les nitrates est particulièrement empâtées sur des filtres à précouche.
sérieuse. Par ailleurs, des résines, dont la sélectivité est meilleure Le tableau 5 donne un exemple de chaque catégorie appliqué au
pour les nitrates que pour les sulfates, ont été mises au point en traitement du même condensat.
1985 (Imac HP 555).
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Tableau 5 – Comparaison entre deux types de traitement d’un même condensat (1)
Résine en poudre Résine classique Triobed
Débit total............................................................................................... (m3/h) 3 000 3 000
Nombre d’unités.............................................................................................. 6 6
Débit p.u. (2) .......................................................................................... (m3/h) 500 500
Surface filtrante p.u................................................................................... (m2) 57 4
Vitesse linéaire ....................................................................................... (m/h) 8,8 125
Quantité de résine p.u..................................................................................... 55 kg (3) 4 m3 au total (4)
Type de résine ................................................................................................. Microionex MB 400 1,7 m3 Ambersep 252 H
+ 0,6 m3 Ambersep 359
+ 1,7 m3 Ambersep 900 Cl
Hauteur de couche ................................................................................. (mm) 6 1 000
Capacité de déminéralisation p.u. : 75 1 530
— cationique.......................................................................................... (éq) 25 630
— anionique .......................................................................................... (éq)
Capacité de filtration p.u................................................................................. 4,275 kg soit 75 g/m2 6 kg soit 1,5 kg/m2
Rétention effective .......................................................................................... 90 % 60 %
Durée de cycle en marche normale .............................................................(j) 21 45
Perte de charge à l’arrêt...........................................................................(bar) 1,8 3,5
(1) Source : Rohm and Haas
(2) p.u. : par unité
(3) en matière sèche, soit environ 120 kg de produit tel qu’il est livré
(4) soit environ 3 200 kg
Dans la plupart des centrales électriques modernes, la régénéra- dans une même colonne, remplis d’échangeur de cations, d’anions
tion des résines du traitement de condensat se fait après transfert et à nouveau de cations respectivement ; les hauteurs de couches
des résines dans un poste de régénération externe, pour éviter toute sont faibles (de l’ordre de 500 mm) et la vitesse de percolation éle-
intrusion accidentelle de régénérants dans le circuit du condensat. vée (120 à 200 m/h) ; les résines ne sont jamais mélangées et per-
Pour assurer une fuite ionique très faible, particulièrement à pH mettent néanmoins d’obtenir une eau de pureté extrêmement
très basique, diverses améliorations ont été apportée à la régénéra- élevée.
tion des lits mélangés, destinées principalement à limiter la conta- En traitement de condensats, les lits mélangés fonctionnent sou-
mination réciproque d’une résine par l’autre au moment de la vent à des charges volumiques très élevées (100 à 130 h Ð1 ) et avec
régénération. des cycles très longs. De plus, la régénération est souvent faite
Citons entre autres : après transfert des résines dans une installation spéciale de sépara-
— le procédé Seprex de Graver, où les résines sont séparées par tion et de régénération. Pour ces raisons, il faut des résines très soli-
différence de masse volumique dans une solution de soude à 15 % des, et on utilise souvent des résines macroporeuses.
environ (en masse) ;
— le procédé Ammonex de Cochrane, où l’on fait circuler une
solution d’ammoniaque après régénération de l’échangeur d’anions 4.4.2 Résines en poudre
pour déplacer le sodium de la résine échangeuse de cations
contaminante ; Le procédé lancé par Graver [31] sous le nom de Powdex met en
— le procédé Triobed de Duolite International [21], repris sous le œuvre des résines échangeuses d’ions complètement régénérées,
nom d’Ambersep par Rohm and Haas et sous d’autres noms par puis broyées sous forme d’une poudre de granulométrie comprise
d’autres fabricants, où une couche de résine inerte de granulométrie entre 20 et 200 µm. La poudre échangeuse de cations sous forme
et de masse volumique appropriées se place entre la résine échan- H + (parfois NH 4+ ) et la poudre échangeuse d’anions sous forme
geuse de cations, plus lourde, et la résine échangeuse d’anions, plus OH Ð , brassées dans l’eau, forment un floc volumineux que l’on
légère, au moment de la séparation (figure 8), permet de produire applique sur des colonnes à bougies (figure 9) ou à plateaux
une eau de conductivité théorique (0,055 µS/cm à 25 °C) grâce à la (figure 10) à raison d’environ 1 kg (exprimé en matière sèche)
réduction de la contamination réciproque des résines ; d’échangeur mélangé par mètre carré de surface filtrante.
— le système Conesep de Thomson-Kennicott, dans ce système,
Récemment, plusieurs fabricants de ces résines en poudre ont
le transfert de résine vers la station de régénération s’effectue par
mis au point des mélanges tout prêts facilitant la mise en
un cône dans lequel se trouve une sonde de conductivité ; celle-ci
œuvre [20].
réagit au moment où l’échangeur d’anions, transféré en premier,
fait place à un mélange de résines, puis à l’échangeur de cations ; Les échangeurs en poudre ont l’avantage de filtrer les matières en
ceci permet d’isoler la partie mélangée et de réduire la contamina- suspension dans les condensats avec beaucoup d’efficacité. Par
tion réciproque à un niveau extrêmement faible ; ailleurs, si des substances radioactives sont absorbées (cas des cen-
— le procédé Tripol de USF-Permutit [18], ainsi que le procédé trales nucléaires à eau bouillante), leur stockage ultérieur est facilité
Multistep de Bayer [30], comprennent trois compartiments séparés car elles sont fixées sur un matériau solide.
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Eau de soulèvement
HCl, H2SO4
rinçage rapide
Eau de soulèvement
Purge d'air Trou d'homme
Condensat
Condensat brut
NaOH traité
rinçage lent
Échangeur d'anions Figure 10 – Colonne à plateaux Funda-Filter (d’après un document
fortement basique Chemap)
Regards
NaOH
HCl, H2SO4
rinçage
Résine inerte vidange
L’inconvénient majeur des résines en poudre est leur faible capa-
cité de déminéralisation (tableau 5) en cas de fuite importante au
Échangeur de cations condenseur.
fortement acide
Eau de soulèvement
HCl, H2SO4 Eau traitée
rinçage lent
5. Principes de construction
Air
Vidange des installations
Les lits de résines sont représentés après régénération mais avant
mélange.
Les résines en poudre ne sont jamais régénérées. On décolle à Par ailleurs, les technologies modernes permettent d’obtenir une
l’air comprimé le gâteau de résine usée et l’on empâte une nouvelle très bonne qualité d’eau (conductivité toujours inférieure à 1 µS/cm)
tout en réduisant au minimum la consommation de régénérants.
couche. Le critère d’arrêt est la perte de charge due au compactage
de la couche filtrante sous l’effet du débit et des matières filtrées : Différents chaînages ont été présentés dans le paragraphe 2 ainsi
on limite habituellement cette perte de charge à 1,8 bar. En cas de que les critères de sélection des résines.
fuite au condenseur, l’arrêt se fait par saturation de la résine dont la
capacité de déminéralisation est d’environ 2 éq par kilogramme Nous examinerons maintenant certains détails de construction
d’échangeur d’anions sec. des installations.
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Hublot
Entrée Trou
du d'homme
régénérant Hublot
Hublot
Résine Hublot
Résine Résine
Résine
Plancher
avec
crépines
70
Fentes
de 0,2 mm 59 Eau traitée Régénérant frais
15 à 29
≈ 46
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Plancher supérieur
Résine inerte à crépines
(Amberlite RF 14 ) Entrée d'eau brute
Purge d'air
Sortie d'eau
Résine fortement acide de soulèvement
(Amberjet 1 200 Na )
(compactée) Distributeur
Résine fortement acide d'eau brute
(Amberjet 1 200 Na )
(fluidisée) Entrée de soude
Plancher médian caustique Distributeur
à crépines doubles de soude
Résine inerte
(Amberlite RF 14 )
Sortie de soude Collecteur
Résine faiblement acide
caustique usée intermédiaire
(Amberlite IRC 86 )
(fluidisée)
Sortie d'acide usé Plancher
à crépines
Plancher inférieur
à crépines Entrée d'eau
de soulèvement
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Eau à traiter
Air
NaOH
Air
Eau traitée Eau de
soulèvement
a b c d e
production séparation régénération régénération brassage à l'air pour
de l'échangeur d'anions de l'échangeur mélanger les résines Figure 17 – Différentes phases du cycle
de cations d’un lit mélangé
— régénération de l’échangeur de cations à l’acide, introduit par — une colonne de séparation servant aussi pour la régénération
le fond de la colonne puis extrait par le collecteur central, suivie d’un de l’échangeur de cations ;
rinçage lent ; — une colonne où est transféré l’échangeur d’anions pour y être
— mélange des résines à l’air comprimé, suivi d’un rinçage final régénéré ;
jusqu’à obtention de la qualité d’eau spécifiée. — une colonne de mélange et d’attente.
Il est recommandé d’appliquer une légère contre-pression d’eau Une installation de régénération séparée se justifie particulière-
pendant les deux phases de régénération, afin de limiter la diffusion ment dans les cas où elle peut servir plusieurs lits mélangés (jusqu’à
d’acide dans l’échangeur d’anions et celle de soude dans l’échan- 8), par exemple dans les centrales thermoélectriques de forte puis-
geur de cations. On peut aussi régénérer les deux résines simultané- sance.
ment en évacuant les deux régénérants par le collecteur central. Ce
procédé est très efficace, mais peut conduire à des précipitations de
carbonate de calcium ou d’hydroxyde ferrique au moment où
l’effluent acide, chargé de ces métaux, rejoint l’effluent alcalin (mais
5.3 Installations en continu
ce cas se présente surtout dans les lits mélangés de travail, et rare-
ment en finition).
Le lecteur pourra se reporter à la référence [22].
Comme nous l’avons vu précédemment (§ 1.3.5), ces installations
5.2.5.2 Lit mélangé à trois composantes où la résine circule de façon continue ou intermittente doivent
Plus connu sous les marques Triobed ou Ambersep (Rohm and apporter les avantages suivants :
Haas), ce procédé surmonte le problème du mélange de résines à — occupation au sol plus faible ;
l’interface. Une couche de billes de polymère inerte, d’une granulo- — automatisation (obligatoire) ;
métrie et d’une densité intermédiaires entre celles de l’échangeur — installation unique permettant une production continue, donc
de cations et de l’échangeur d’anions, est mélangée à ces derniers. économie d’investissement par rapport aux installations conven-
Le soulèvement sépare le mélange en trois couches distinctes et tionnelles ou deux chaînes fonctionnent en alternance ;
conduit ainsi à une séparation totale entre les deux échangeurs — moindre volume de résine ;
d’ions, donc à une absence de contamination réciproque, permet- — qualité d’eau traitée comparable à celle des systèmes fixés à
tant ainsi un meilleur rendement de régénération et réduisant sur- contre-courant ;
tout considérablement les fuites ioniques [34]. — meilleur rendement de régénération ;
— production continue de régénération, évitant les rejets par à-
5.2.5.3 Régénération séparée coups et facilitant leur neutralisation ;
— moindre consommation d’eau de service (cf. § 3.2.8).
En traitement de condensats, ou même en finition derrière une
chaîne de déminéralisation, l’eau que doit traiter le lit mélangé est
extrêmement peu chargée en salinité. 5.3.1 Systèmes à circulation de résines
On a donc besoin d’une faible capacité d’échange par mètre cube
d’eau traitée et l’on cherche à construire des installations aussi peti- En réalité, ce sont des procédés semi-continus, comportant une
tes que possible, fonctionnant à des charges volumiques élevées chambre de contact où la solution à traité percole à travers une fai-
allant jusqu’à 130 h Ð1 . À ces débits, toute obstruction au sein de la ble quantité de résine, pendant une durée de quelques minutes. La
colonne est le siège de pressions élevées. On construit donc ces uni- résine est ensuite transférée vers une colonne d’élution ou de régé-
tés de la façon la plus simple possible (un plancher à crépines, une nération, et remplacée par de la résine fraîche.
hauteur de lit d’environ 1 m), et l’on transfère les résines dans une Les problèmes de transfert de résine, leur usure plus rapide que
installation de régénération séparée qui fonctionne à des débits plus dans les installations à lits fixes et la plus grande complexité de
bas. L’installation de régénération est spécialement conçue pour construction des systèmes continus ont limité leur succès et les pro-
optimiser la séparation des résines et le rendement de la régénéra- cédés à contre-courant sont nettement plus répandus à l’heure
tion. Elle comprend parfois plusieurs colonnes distinctes : actuelle. Il convient cependant de mentionner certains procédés
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■ Conductivimètres
continus dont de nombreuses installations sont effectivement en
service : Les déminéraliseurs sont normalement asservis par une mesure
de conductivité électrolytique. Des instruments simples et fiables
— le procédé Asahi [23], inventé au Japon, puis définitivement
peuvent être installés pour déclencher la régénération quand la
mis au point en France par la Société Degrémont sous le nom d’ECI ;
conductivité de l’eau traitée dépasse 0,5 µS/cm pour des lits mélan-
— le procédé Kontimat [24] développé par la Société Hager und
gés, ou 15 µS/cm pour des chaînes à deux filtres.
Elsässer ;
— le procédé Higgins de Chem-Seps [25]. Un problème se pose, dû à la silice qui n’a pas de conductivité
mesurable. Une solution relativement sûre, et souvent utilisée,
consiste à placer une sonde de conductivité à un point situé au-des-
5.3.2 Procédé ISEP sus de la base du lit, calculé de telle sorte que le front de chlorures
qui descend dans le lit atteigne la position de la sonde avant que le
C’est un procédé réellement continu, mis au point par la société front de silice n’atteigne le fond. Cette méthode n’est toutefois pas
Advanced Separation Technologies [26]. Il consiste en un ensemble suffisamment fiable pour l’eau des chaudières à haute pression,
de 30 colonnes en lit fixe installées sur un carrousel. La particularité pour lesquelles l’absence de silice est capitale.
de ce système réside dans le distributeur et le collecteur, qui sont
fixes, tandis que les colonnes tournent et leurs deux orifices glissent ■ Silicomètres
en continu, se plaçant en face de tel orifice distributeur ou collec- Ce sont des cellules colorimétriques automatiques fonctionnant
teur. Ce procédé a été appliqué à l’extraction de lysine à partir de comme les détecteurs de dureté et qui analysent habituellement de
moûts de fermentation, à la conversion de chlorure de potassium en l’eau provenant d’une prise d’échantillon située au-dessus du fond,
nitrate de potassium, et à la décoloration de jus sucrés. pour garantir qu’aucune trace de silice ne sort de l’unité.
■ Conductivité différentielle
5.4 Batterie de vannes et de tuyauteries Pour le contrôle des échangeurs d’ions en cycle hydrogène, on
installe une petite colonne d’échangeur de cations séparée, très
bien régénérée par un fort excès d’acide à chaque régénération de
Un exemple de dispositif est illustré par la figure 18. Dans le cas l’unité principale. Pendant la phase de production, un échantillon
des adoucisseurs d’eau automatiques, les vannes séparées peuvent d’eau continu provenant de l’unité principale passe au travers de la
être remplacées par une vanne à sorties multiples actionnée par un colonne témoin et la différence de conductivité est mesurée en per-
programmateur. Pour les grandes installations, on utilise des van- manence. Ce chiffre est faible et demeure constant ou diminue pen-
nes séparées, à commande pneumatique ou hydraulique. dant la durée de l’opération. Une augmentation soudaine indique la
fin du cycle, signalant le percement de l’installation [J 2 783,
§ 3.5.2.1].
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