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1. FISCAL
Mohamed EL JERARI Membre du Comité Scientifique d’ARTEMIS, ancien
Expert-comptable diplômé
membre de la Commission Nationale de Recours Fiscal.
L’Administration fiscale marocaine a lancé, voilà notamment, de se concentrer sur les seules déclarations
quelques années, plusieurs chantiers importants détectées par le système informatique de l’Administration
matérialisés notamment par le recrutement de fiscale présentant un risque de non-conformité ou des
insuffisances des bases déclarées. Ce procédé, une fois
nouvelles compétences et par la modernisation
stabilisé, sera de plus en plus source de proposition de
de ses méthodes et outils de travail. L’effet de ces dossiers pour un contrôle éventuel ou du moins la base
actions commence à se faire ressentir et plusieurs de discussion avec le contribuable pour s’expliquer sur les
entreprises ont en subit l’impact ces derniers incohérences relevées.
temps. Nous apporterons dans cette contribution le
maximum d’éclairage à des questions que se posent Parmi les indicateurs d’alerte pouvant être à l’origine d’une
les contribuables notamment sur les raisons qui proposition de contrôle, on peut en citer les suivants :
peuvent enclencher un contrôle fiscale, ses formes, • Une baisse significative des taux de marges par rapport
ses étapes, ce qu’il y a lieu de faire pour mieux à ceux déclarés par le passé, ou par rapport à ceux
défendre ses intérêts passant par les garanties observés dans le secteur d’activité du contribuable,
qu’offre la loi marocaine pour assurer les droits des • Des incohérences au niveau des soldes comptables ou
contribuables pendant la procédure de contrôle. discordances et erreurs pouvant entacher la déclaration
du contribuable,
• Des baisses des bases d’imposition suite à des
Question 1 : Quelles sont les raisons qui peuvent changements de méthodes comptables,
déclencher un contrôle fiscal ? • Des déficits chroniques déclarés sur de longues périodes,
• Des erreurs dans le tableau de passage du résultat
Il faut signaler tout d’abord, que le contrôle fiscal est une
comptable au résultat fiscal,
des missions dévolues par le législateur à l’Administration
• Des reports de déficits d’exploitation au-delà de la
Fiscale. Celle-ci trouve sa raison dans l’article 210 du CGI
période requise par la loi ou des crédits de TVA devenus
« Droit de Contrôle » en vertu duquel l’Administration
sans objet,
exerce son pouvoir, voire son devoir, d’examiner toute
• Etc.
déclaration déposée par un contribuable pour s’assurer
de sa conformité et de son exactitude. C’est le corolaire Aussi et en plus des indicateurs d’alerte sus mentionnés
du principe de l’équité devant la charge fiscale que doit pouvant être à l’origine d’un contrôle, l’Administration
supporter chaque contribuable en fonction des gains qu’il pourrait se baser sur des informations externes
a réalisé. pertinentes et vérifiables dont elle peut disposer par
les voies légales. En effet, la brigade de recherche et
La déclaration, une fois déposée par le contribuable, subit
de recoupement de l’Administration fiscale exploite
les premiers traitements au niveau de l’agent des impôts
les données fournies par d’autres administrations ou
gestionnaire du dossier fiscal du contribuable relevant du
déclarations de tiers en relation avec le contribuable,
secteur des services de l’Assiette. Il s’agit d’un contrôle dit
qu’elle confronte aux données déclarées spontanément
sur pièces qui consiste à vérifier notamment : les délais de
par ce dernier pour en conforter la cohérence.
souscription de la déclaration, les erreurs et discordances
éventuelles qui pourraient l’entacher sur le plan de la
forme ainsi que le caractère suffisant des bases de calcul Question 2 : Le contrôle fiscal prend différentes
de l’impôt déclaré et payé spontanément. formes. Pouvez-vous les résumer ?
A noter qu’à partir du 1er janvier 2017, il y a eu la Deux types de contrôle existent : Le contrôle sur pièces et
généralisation de la déclaration électronique qui permet le contrôle sur place.
l’automatisation du processus du contrôle et delà sa
démocratisation. Le nouveau processus automatisé La première forme de contrôle, dite sur pièces, soulignée
permet un gain de temps appréciable. Il permet en effet, ci-dessus se rapporte à l’examen critique des déclarations
à travers des indicateurs et ratios de comparaison dans basé sur des recoupements d’informations et de données
le temps et dans l’espace ainsi que des recoupements annexes propres aux dites déclarations. Elle est de plus en
et analyses des déclarations et de leurs annexes plus automatisée et se fait au niveau de l’Administration, le
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contribuable est sollicité lorsque le gestionnaire du dossier LA VÉRIFICATION PARTIELLE
a pu établir la présence d’incohérences ou de discordances
entachant la déclaration souscrite. C’est une vérification ciblée, elle peut se limiter, suite à un
avis de vérification, à l’examen sur place d’un ou plusieurs
La deuxième forme étant le contrôle sur place. Cette impôts ou taxes, ou même un ou plusieurs postes d’un
forme trouve son soubassement juridique dans l’article bilan ou ses annexes, voire uniquement une opération
212 du CGI qui stipule : « …..Les documents comptables ressortant d’une déclaration.
sont présentés dans les locaux, selon le cas, du domicile
fiscal, du siège social ou du principal établissement des Cette forme de vérification, basée sur l’analyse du risque
contribuables personnes physiques ou morales concernés, associé à un impôt ou une taxe quelconque voire une
aux agents de l’administration fiscale qui vérifient, la opération particulière, que l’Administration estime devoir
sincérité des écritures comptables et des déclarations examiner de façon éclaire sans s’attarder sur d’autres ne
souscrites par les contribuables et s’assurent, sur place, de présentant pas de risque à ses yeux.
l’existence matérielle des biens figurant à l’actif ».
Elle permet un gain de temps appréciable pour
Cette forme de contrôle s’inspire des normes de l’Audit l’Administration pour examiner un impôt déterminé
généralement admises puisqu’il est question de vérifier la pouvant être touché par la prescription, ce qui renforce sa
sincérité des écritures comptables et la réalité des biens présence chez un nombre important de contribuables et
figurant à l’actif du bilan du contribuable. La différence maximise le rendement attendu du contrôle.
est que le contrôle fiscal s’accompagne de sanctions
pécuniaires mises à la charge du contribuable pour les La vérification partielle peut être transformée, après avis
chefs de redressement soulevés. envoyé au contribuable, en vérification générale qui doit
tenir compte des résultats de la première vérification.
Le contrôle sur place prend trois formes : Dans ce cas, la durée de la première et la seconde
vérification ne peut excéder trois mois si le chiffre
• La vérification inopinée ou droit de constatation ; d’affaires est inférieur ou égal à 50 millions de dirhams
• La vérification partielle ; et ne peut excéder six mois dans le cas où le chiffre
• La vérification générale. d’affaires dépasserait 50 millions de dirhams.
1. FISCAL
réception
L’avis de constatation doit contenir l’identité des La durée de constatation est fixée au maximum
agents chargés d’effectuer la constatation à 8 jours ouvrables, à compter de la date de
remise de l’avis de constatation
Le droit de constatation s’exerce dans tous les locaux des contribuables concernés utilisés à titre professionnel et/
ou dans les exploitations agricoles aux heures légales et durant les heures d’activité professionnelle et/ou agricole.
Etape 1
Etape 2
Remise ou envoi d’un avis de vérification
Vérification et clôture de l’opération
accompagné de la charte du contribuable
Le contribuable doit être avisé au moins 15 jours La durée de la vérification ne peut excéder :
> 3 mois, si le chiffre d’affaires déclaré est
avant le début de la vérification, la remise de
inférieur à 50 millions de DHS HT.
l’avis est constatée par un certificat de remise
> 6 mois, si le chiffre d’affaires déclaré est
signé par le contribuable. supérieur à 50 millions de DHS HT.
L’avis est remis selon qu’il s’agisse : Dans le cas où il n’y a pas rectification des bases
> D’une personne physique à : d’imposition, une lettre de clôture est remise
- La personne elle-même ou un de ses parents ou envoyée au contribuable (les personnes
- Un de ses employés auxquelles la lettre peut être remise sont les
- Une personne travaillant ou habitant avec lui. mêmes que ceux indiquées à l’étape 1 pour l’avis
de vérification)
> D’une société ou un groupement de personne
physique à : La lettre de clôture doit comporter les indications
- L’associé principal suivantes :
- Le représentant légal > Le nom et la qualité de l’agent notificateur ;
- Un des employés > La date de la notification ;
- Une personne travaillant pour le contribuable > L’identité de la personne à qui le document a
été remis et sa signature.
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Schéma 3: Etapes de la procédure contradictoire
La procédure contradictoire est engagée suite à une rectification des bases d’imposition à l’issu de la vérification
1. FISCAL
Compétence de la CLT*
La CLT est compétente au titre :
> des déclarations des revenus :
Remise ou envoi d’une deuxième - professionnels selon le régime du
Taxation sur les bases de la lettre de notification
première lettre de notification bénéfice forfaitaire
60 jours après le rejet
- des profits fonciers
- des capitaux mobiliers
> des droits d’enregistrement et de
timbres
> Des déclarations au titre de l’IR ou
l’IS avec un CA < à 10 MDH
Rejet total ou partiel
Acceptation / pas de réponse ou Compétence de la CNRF**
par le contribuable
réponse au-delà de 30 jours
La CNRF est compétente au titre :
> de l’examen de la situation
d’ensemble prévue à l’article de 216
du CGI
> des déclarations au titre de l’IR ou
l’IS avec un CA > à 10 MDH
Taxation sur les bases de la Pourvoi devant la CLT * ou la CNRF **
>des recours pour lesquels la CLT n’a
deuxième lettre de notification voire tribunal administratif pas statué dans le délai de 12 mois
lettre@artemis.ma
accompagner par un spécialiste pour l’assister en cas
de présence de confusions dans les textes fiscaux qui
pourraient donner lieu à des divergences d’interprétation
et qui le plus souvent sont sources de conflits traités devant
les commissions et les tribunaux administratifs.
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