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energetiques-d-une-nation-emergente

Maroc : enjeux énergétiques d’une nation


émergente
La situation de l’énergie au Maroc est liée à la singularité du contexte local. Le Maroc est
un pays confronté à la quasi-absence de ressources énergétiques fossiles identifiées
(hydrocarbures, charbon) et à une lourde dépendance des importations qui couvrent plus
de 90 % des besoins énergétiques.

Pays en développement, le Maroc a connu depuis le début du 20e siècle une croissance


continue de la demande d’énergie, liée à l’industrialisation, au développement global de
l’économie et à l’augmentation du niveau de vie. Au cours des vingt-cinq dernières années,
la progression de la demande a été de 6-7 % par an en moyenne. Parallèlement, une
nouvelle menace a fait son apparition : le dérèglement climatique, dont l’impact peut être
potentiellement catastrophique, dans un pays où l’eau joue un rôle central.

Les autorités marocaines ont mis en place une stratégie volontariste et ambitieuse, dont le
principal pilier est le développement des énergies renouvelables. Le Maroc s’est
véritablement donné les moyens de réussir ses ambitions et commence à engranger les
premiers fruits de cette stratégie.

Fin 19e-début 20e siècle : les premières concessions


1-Dans la partie du Maroc administrée par la France dans le cadre du protectorat, des concessions sont
octroyées pour la production (petites usines hydroélectriques, chaudières à vapeur ou moteur diesel et
la distribution à des sociétés privées dans les principales villes du pays. La Société marocaine de
distribution d’eau, de gaz et d’électricité (SMD) est créée en 1914.

1924 : la création de l’Énergie Électrique du Maroc (EEM)


2-La situation change pendant les années 1920. L’exploitation à grande échelle des gisements de
phosphates, les plus importants de la planète, nécessite la mise en place d’un réseau ferroviaire pour
écouler la production vers le port de Casablanca. L’insuffisance et la faible qualité du charbon local incite
à utiliser l’électricité pour la traction, ce qui va donner une impulsion décisive à la production d’énergie
électrique. C’est la mise en valeur du potentiel hydroélectrique du Maroc qui retient l‘attention des
ingénieurs français. Il s’agit d’exploiter la pluviométrie élevée des montagnes de l’Atlas, qui peut
atteindre jusqu’à 1 500 mm/an, soit un volume identique à celui des zones les plus humides du Pays
basque, alors que la pluviométrie moyenne du Maroc (346 mm/an) est inférieure de plus de la moitié à
celle de la France (836 mm/an). Cette mise en valeur est rendue possible grâce à la « pacification »
complète de l’Atlas qui est traversé par les principaux cours d’eau utilisables pour les grands travaux
hydrauliques. La société Énergie électrique du Maroc (EEM) est créée en 1924 : elle sera dédiée à la
production et au transport de l’électricité.

1929 : l’inauguration de la première usine hydroélectrique du Maroc


3-Les travaux de la première centrale hydroélectrique, celle de Sidi Machou (4 x 5,5 MW) construite sur
l’Oum Errabia, situé dans la zone du moyen Atlas marocain, commencent en 1925 et s’achèvent en
1929. Celles d’El Kansera (14 MW) et de Kasba Zidania (7 MW), sont mises en service respectivement en
1934 et 1936. En 1953, le projet de Bine el Ouidane, un barrage et une usine hydroélectrique (40 MW
initialement, 135 MW actuellement) sur l’oued el-Abid, principal affluent de l’Oum Errabia, est mis en
service. Le barrage a une hauteur de 132 mètres et demeurera longtemps le plus élevé d’Afrique.
L’hydroélectricité est la source d’énergie privilégiée mais celle-ci a des limites : l’eau n’est pas toujours
disponible en quantité souhaitable, au moment voulu. L’hydraulique sera complété par le thermique
(fioul et charbon). En 1954, la puissance installée atteint 249 MW dont 144 MW d’origine hydraulique
(58 %) et 105 MW d’origine thermique (42 %).

1963 : la naissance de l’Office National de l’Électricité (ONE)


4-L’indépendance, en 1956, entraîne une nouvelle organisation du secteur électrique. L’État met fin
progressivement aux concessions et prend le contrôle du secteur de l’électricité, considéré comme
stratégique. L’Office National de l’Électricité (ONE) est créé en janvier 1963. Il est chargé du « service
public, de la production, du transport et de la distribution de l'énergie électrique » selon le Dahir (décret
royal) n° 1-63-226 du 5 août 1963 portant création de cet organisme. Il est par la suite devenu l’Office
National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE). Cet organisme est placé sous la tutelle administrative
du Ministère de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement (MEMEE).

1974 : Hassan II accélère la construction des barrages


5-Après l’indépendance, un coup d’accélérateur est donné à la construction des barrages. Hassan II, qui
règne de 1961 à 1999, annonce en 1974 l’objectif d’atteindre le million d’hectares irrigués. Un effort
financier conséquent accompagne cette stratégie qui vise à construire des grands barrages. L’eau est
essentiellement destinée à l’agriculture et à l’alimentation en eau des villes.

1981 : l’impact du deuxième choc pétrolier


6-Entre la mi-78 et 1981, le prix du brut de référence (« Arabian Light ») est multiplié par 2,7 (de moins
de 13 à 34 USD/baril ). Ce deuxième choc, venant après celui de 1973, coïncide avec une détérioration
des indicateurs macro-économiques (augmentation du déficit budgétaire et de la balance des
paiements, endettement accru, etc.) et une baisse du prix des phosphates. A cela s’ajoute, en 1981, la
sécheresse qui affecte l’agriculture et, par ricochet, l’économie marocaine. Pour faire face à cette
situation, le gouvernement met en place un programme d’ajustement structurel (PAS), recommandé par
les organismes internationaux (FMI et Banque mondiale), qui allie ajustement économique et réformes
structurelles qui se poursuivront pendant la décennie 90 (privatisations, libéralisation du commerce
extérieur, etc.). Un nouveau cap économique est engagé.

1994 : la libéralisation de l’électricité


7-En 1994, le Décret Loi n° 2-94-503 permet le développement de la production électrique
indépendante au-dessus de 10 MW sous contrat avec l’ONEE. Cette mesure permet l’émergence des
producteurs privés, et notamment des premiers parcs éoliens du pays. En 2008, la loi 16-08 augmente
de 10 MW à 50 MW le seuil d’autoproduction. Les auto-producteurs industriels (exploitations minières,
usines de traitement des phosphates, sucreries et cimenteries) représentent actuellement moins de 1 %
de la production d’électricité. Les producteurs privés en fournissent plus de 40 %, le reste étant assuré
par l’ONEE (40 %) et les importations en provenance d’Espagne (un peu moins de 20 %).

1995 : l’électrification rurale, une vraie « success story »


8-Cette année-là, le gouvernement marocain lance le Programme d’électrification rurale global (PERG),
une initiative cruciale compte tenu du poids de la population rurale (48 % de la population totale en
1995). Le succès est au rendez-vous puisque le taux d’électrification en milieu rural passe de 14 % en
1990 à 98 % actuellement. Ce résultat a été salué par les économistes et les organismes internationaux.
Corollaire de cette réussite : le PERG a contribué au dynamisme de la demande d’électricité au Maroc
(+7 % par an entre 2002 et 2012).

2002 : la ratification du Protocole de Kyoto


9-Le Maroc est fortement engagé dans la lutte contre le dérèglement climatique. En 1995, la
Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est ratifiée et, en 2002,
c’est le tour du Protocole de Kyoto . En 1996, un Comité National sur les Changements Climatiques est
mis en place.

2004 : l’électrification des bidonvilles de Casablanca


10-La grande vague de privatisations du secteur énergétique des années 90 touche également le Maroc.
Dans la région du Grand Casablanca (4,2 millions d’habitants), un schéma original de concession est mis
en place puisque les services de distribution d’eau potable et d’électricité, la collecte des eaux pluviales
et usées et l’éclairage public sont attribués en 1997 à un exploitant unique : la Lyonnaise des Eaux
Casablanca (Lydec), filiale de Lyonnaise des Eaux (aujourd’hui : Suez Environnement). C’est la première
délégation de service public depuis l’indépendance. À l’époque, ce contrat est vu comme une sorte de
laboratoire de la gestion des services publics dans les grandes métropoles des pays émergents. La Lydec
va être confrontée au problème des réseaux informels et du piratage du courant dans les bidonvilles.
Non sans difficultés, la Lydec va aboutir à l’électrification officielle des trois quarts des bidonvilles de
l’agglomération entre 2001 et 2004.

2009 : le grand tournant


11-En 2009, le Maroc présente la Stratégie Énergétique Nationale à horizon 2020 qui comporte cinq
axes principaux : l’optimisation du bouquet énergétique dans le secteur de l’électricité ; l’accélération du
développement des énergies renouvelables , particulièrement éolienne, solaire et hydraulique ; le choix
de l’efficacité énergétique en priorité nationale ; l’attraction des investissements de capitaux étrangers
dans le pétrole et le gaz en amont ; et la promotion d’une intégration régionale plus poussée. L’objectif
principal est de faire en sorte que les énergies renouvelables (hydraulique, solaire et éolien)
représentent 42 % de la capacité installée en 2020. La même année, le Plan marocain de l’énergie
solaire est lancé. Cinq sites sont identifiés et l’objectif est d’atteindre une capacité de 2 000 MW en
2020. En 2009, également, le Plan National de Lutte contre le Réchauffement Climatique est présenté : il
fixe les premiers objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) dans les secteurs de l’énergie et de
l’industrie.

2010 : la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel des énergies


renouvelables
12-Les autorités marocaines mettent en place l’ensemble des outils nécessaires à la réalisation des
objectifs annoncés en matière d’énergies renouvelables. En 2010, la loi 13-09 relative aux énergies
renouvelables est promulguée. La même année voit la création de l’Agence Nationale de
Développement des Énergies Renouvelables et de l’Efficacité Énergétique (ADEREE) et de l’Agence
Marocaine pour l’Énergie Solaire (MASEN), une société anonyme chargée de promouvoir et de participer
aux projets d’énergies renouvelables. L’Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles
(IREEN) voit le jour en 2011. Le Maroc fait figure de pays pionnier au sein des pays en développement
pour ce qui est de la promotion des énergies renouvelables.

2015 : l’élimination des subventions aux produits pétroliers

13-Dans le cadre de la poursuite des réformes structurelles, le Maroc franchit une étape décisive, en
éliminant une série de subventions qui pèsent sur les finances publiques du pays. En 2014, les
subventions du supercarburant et du fioul sont supprimées. Le 1er janvier 2015, c’est le tour du gazole .
Désormais tous les produits pétroliers, à l’exception du butane, ne bénéficient plus de subventions. Le
gouvernement s’est engagé à poursuivre la réforme par le biais de la libéralisation complète du
mécanisme de fixation des prix des produits pétroliers.

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