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Dan le chap. 1 (p. 33-73) sont passés en revue les divers jugements portés sur Néron lui-même, depuis
l’Antiquité jusqu’à la recherche récente. Parmi les sources qui retiennent YKB : le De Clementia de
Sénèque, Suétone, Tacite bien sûr, mais aussi H. Sienkiewicz. Ce chapitre inclut un survol des diverses
opinions modernes sur la date du quinquennium Neronis
Le chap. 2 (p. 75-118) envisage l’Histoire, comme genre littéraire dans l’Antiquité. YKB retient, pour
simplifier deux grandes tendances : l’une, attachées à des noms comme J. Marincola ou A. J. Woodman la
regarde comme un pur exercice rhétorique ; l’autre, représentée essentiellement par R. Syme voit l’écriture
de l’histoire comme une forme d’implication politique, intimement liée à la position sociale de l’historien.
La volonté de réconcilier ces deux tendances est sans doute une des caractéristiques les plus originales et les
plus fécondes des travaux issus, comme celui-ci, de l’Université d’Ouro Preto, sous l’impulsion notamment
des Prof. F. Duarte Joly et F. Faversani. Elle donne lieu ici à une intéressante histoire des études tacitéennes
jusqu’à l’étude majeure de D. Sailor (Writing and Empire in Tacitus, Cambridge, 2008). Il s’ensuit une
réflexion sur la “vérité” dans l’histoire antique, elle aussi menée avec beaucoup de mesure et de
pondération ; considérant le caractère subjectif de la “vérité” dans les écrits historiques anciens, YKB invite
à chercher les clés de lecture du Néron tacitéen dans le contexte de rédaction des Annales. Cette conclusion
conduit assez naturellement au chapitre suivant.
En conclusion (p. 235-239) se détache l’idée que l’image de Néron doit être lue à travers les
conceptions qu’avaient les Romains, et spécialement Tacite, du régime impérial. Si on peut comprendre
alors que le jugement de Tacite sur cet empereur soit mauvais, il reste que ce jugement, qui n’est pas en soi à
écarter, est le produit d’une lecture personnelle.
S’il fallait un seul adjectif pour qualifier ce travail, cela serait “historiographique” ; YKB s’y montre
attentif aux sources anciennes (surtout Tacite), à leur élaboration, aux conditions de leur rédaction, aux
thèses qu’elles ont suscitées chez les Modernes, et même ce qui est plus rare, à ce que la diversité de ces
thèses apprend sur les sources qui les ont inspirées ainsi qu’à la dimension historique du fait littéraire. Il en
ressort une réflexion intéressante et stimulante sur le travail d’historien et la nécessaire réécriture de
l’Histoire à travers les époques et les siècles. Néron lui-même apparaît davantage comme un prétexte à cette
réflexion qu’il n’en est l’objet. Certes, c’est surtout un état de la question qui nous est proposé, mais un état
de la question problématisé et porteur en lui-même de significations quant au personnage qui en est l’objet.
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