OBJECTIFS
1. Définir l’antibiothérapie
2. Enumérer au moins 3 familles d’antibiotiques
3. Citer les 7 règles de prescription d’une bonne antibiothérapie
4. Citer au moins 5 questions à se poser pour une antibiothérapie de qualité
5. Proposer un traitement antibiotique en fonction du site de l’infection
6. Présenter 3 indications de l’antibioprophylaxie en médecine
7. Citer les 6 conditions de l’antibioprophylaxie en chirurgie
PLAN
1. Introduction
1.1. Définition
1.2. Intérêt
2. Bases du traitement
2.1. Bases cliniques
2.2. Bases microbiologiques
2.3. Bases pharmacodynamiques
2.4. Bases pharmacocinétiques
2.5. Bases économiques
2.6. Bases écologiques
2.7. Bases toxicologiques
3. Traitement curatif
3.1. Buts et principes
3.2. Moyens
3.3. Indications et conduite du traitement
4. Traitement préventif
4.1. Buts
4.2. Moyens
4.3. Indications
5. Conclusion
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1. Introduction
1.1. Définition
L'antibiothérapie constitue la prescription et l'administration de substances naturelles,
synthétiques ou semi synthétiques capables d’inhiber la croissance ou de détruire certaines
espèces bactériennes, dans un but curatif ou préventif.
1.2. Intérêt
Épidémiologique :
Principal moyen de défense contre les infections bactériennes
Produits largement utilisés dans plusieurs secteurs : Médecine humaine,
Médecine Vétérinaire, l’Agriculture parfois de manière inappropriée
Utilisation anarchique
Pronostique
Leur efficacité est menacée car leur utilisation anarchique a déclenché un
phénomène de résistance aux antibiotiques
Les infections causées par des bactéries résistantes peuvent être difficiles,
parfois impossibles à traiter
Socioéconomique
Augmentation des coûts de traitement (du fait de la résistance)
Préventif
L’enjeu prioritaire est l’usage rationnel des antibiotiques en Thérapeutique
2. Bases du traitement
2.1. Bases cliniques
La clinique permet d’orienter le choix de l’antibiotique selon :
La localisation de l’infection :
Peau : staphylocoques, streptocoques
Tube digestif et voies biliaires : entérobactéries, entérocoques, anaérobies
Poumons : pneumocoques, K. pneumoniae
Cœur et vaisseaux : streptocoques, staphylocoques, entérocoques
Voies urogénitales : entérobactéries, Pseudomonas sp, entérocoques
Le terrain :
Drépanocytose, splénectomie : entérobactéries, pneumocoques, H.
influenzae
Myélomes : pneumocoques
Immunodépression : pneumocoques, entérobactéries, mycobactéries,
staphylocoques
Toxicomanie et tabagisme : staphylocoques, pneumocoques, P. aeruginosa...
Les circonstances de survenue : infections communautaires, infections nosocomiales
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d'antibiotique qui inhibe toute croissance visible d'un organisme après 24h
d'incubation dans un milieu de croissance spécifique.) et par la CMB (concentration
minimale bactéricide laissant un nombre de survivants 0,01% d’un inoculum
standardisé bactérien à 106). La détermination de la sensibilité en routine est
réalisée par l’antibiogramme réalisé sur boîte de Pétri par la méthode des disques,
par E-test et aujourd’hui par des automates. Ainsi on définit des espèces :
habituellement sensibles
de sensibilité intermédiaire
résistantes.
Spectre antibactérien : Il regroupe l’ensemble des bactéries sur lesquelles
l’antibiotique est habituellement actif. Il répartit les espèces bactériennes en :
Espèces habituellement sensibles
Modérément sensibles
Inconstamment sensibles
Résistantes
La résistance bactérienne : La résistance des bactéries aux antibiotiques est soit
naturelle, soit acquise.
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L’absorption : la biodisponibilité des ATB administrés par voie orale est variable selon
les produits. Certains antibiotiques ont une biodisponibilité nulle ou faible et doivent
impérativement être administrés par voie parentérale pour exercer un effet
systémique (aminosides, polypeptides). D’autres ont une biodisponibilité excellente
atteignant des taux sériques et tissulaires élevés aussi bien par voie orale que par
voie parentérale (rifampicine, fluoroquinolones…). Pour certains, l’absorption
digestive est diminuée par la prise d’aliments ou prise concomitante d’antiacides (Ex :
céphalosporine orale).
La diffusion ou volume de distribution est variable selon la classe d’antibiotiques.
Elle correspond au volume fictif dans lequel serait dissoute la quantité d’antibiotique
administrée afin d’obtenir la concentration observée dans le plasma à T0. Les sites les
plus difficiles d’accès sont : le LCR, le cerveau, l’os, la prostate et les milieux oculaires.
Par ailleurs dans les endocardites seules les concentrations d’ATB élevées permettent
leur diffusion dans les végétations.
Demi-vie sérique : variable selon la nature, la voie d’administration. Elle doit être
connue pour déterminer à quelle fréquence sera prescrit l’antibiotique
Elimination : deux voies essentielles (urinaire et biliaire).
En cas d’insuffisance hépatique les antibiotiques à métabolisme hépatique
doivent être évités
En cas d’insuffisance rénale : le calcul de la clairance de la créatinine sérique
permet d’adapter les posologies pour les antibiotiques à élimination
urinaires (ex : Aminosides, Colistine, Glycopeptides, Ofloxacine…).
3. Traitement curatif
3.1. Buts et principes
Bloquer la croissance de certaines espèces bactériennes ou de les détruire sans intoxiquer
l’hôte.
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familles : Les pénicillines ou pénames, les céphalosporines ou céphèmes, les
carbapénèmes, les monobactames
Les aminosides : principaux aminosides utilisés : Amikacine (Amiklin®),
Gentamicine, Netilmicine , Spectinomycine, Streptomycine, Kanamycine, Autres
aminosides (Dibekacine, Isépamicine-Isépalline®, Tobramycine..)
Cyclines : Les cyclines sont habituellement bactériostatiques: doxycycline
Les macrolides et apparentés: Leur chef de file est l’érythromycine. On distingue :
clarithromycine, dirithromycine, érythromycine, roxithromycine, azithromycine,
josamycine, midécamycine et spiramycine
Les phénicolés : Chloramphénicol, Thiamphénicol
Les rifamycines : rifampicine, rifabutine
Les quinolones : les quinolones sont des antibactériens de synthèse bactéricides.
On distingue les quinolones de 1ère génération (ou quinolones urinaires) et les
quinolones fluorées ou fluoroquinolones ou quinolones de 2ème génération
autorisant leur utilisation dans les infections systémiques et actuellement les
quinolones antipneumococciques.
Oxazolidinones = Nouvelles classes d'antibiotiques agit par inhibition sélective de
la synthèse des protéines bactériennes. Linézolide – Zyvoxid
Les sulfamides : les sulfamides anti-infectieux exercent un effet bactériostatique
Les nitrofuranes et les quinoléines : antibactériens mineurs et bactériostatiques
utilisés dans les infections urinaires et intestinales
quinoléines :Hydroquinoléines (Tilquinol-tilbroquinol:Intétrix), Oxyquinoléines
(Nitroxoline-Nibiol)
Autres antibiotiques naturelles ou hémisynthétiques: les polypeptides
(polymyxine E ou colistine (Colimycine®), L'acide fusidique, Fucidine®,
fosfomycine(Fosfocine®):
Les glycopeptides : Vancomycine (Vanco®) , Teicoplamine (Targocid)
Les nitro 5 imidazolés : anti-bactériens et antiparasitaires ayant une bonne
diffusion tissulaire et actifs per os.*
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Respecter les indications des associations d’antibiotiques (obtention d’une
bactéricidie accrue, élargissement du spectre, risque d’émergence de
germes résistants aux antibiotiques)
Evaluer toute antibiothérapie initiale au bout de 3-5 jours
Justifier toute prolongation d’antibiothérapie au delà de 10 jours
Exemples
Infection ORL :
o Angine à Streptocoques : Amoxicilline 1g x 3/j pendant 6 jours ou Zithromax 500
mg/j pendant 3 jours.
o Sinusite aiguë : Augmentin pendant 7
Pneumonie Aiguë :
o Pneumonie Aigue typique : Amoxicilline 3g en 3 prises orales pendant 10.
o Pneumonie Aiguë atypique : Amoxicilline 3 g et/ou macrolide (spiramycine)
pendant 10 jours.
o Pneumonie avec co-morbidités :
Hospitaliser le malade
Amoxicilline-Ac. Clavulanique 3g ou Ceftriaxone 1g ou cefotaxime 2 g
pendant 10 jours (Si allergie : macrolides ou fluoroquinolone).
o Inhalation, Pleurésie, Abcès du poumon : Amoxicilline-Acide. Clavulanique
(Augmentin®) IV + gentamicine /j pendant 10 jours
Infections urinaires :
o Cystite non compliquée : oflocet 200 mg x2 ou noroxine 400 x 2 /j ou Cefixime
(Oroken®) pendant 5 jours
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o Pyélonéphrite : [Céfotaxime (100 mg/kg/j) ou Ceftriaxone (30 mg/kg/j)] ET
[gentamicine (5 mg/kg/j) ou ciprofloxacine (400 mg/12h)] pendant 10-21 jours
Infection de la peau et des tissus mous
o Cellulite ou Staphylococcie de la Face ou Erysipèle : Bristopen 50mg/kg/j +
gentamicine 5mg/kg ± métronidazole (0,5g x3/j) OU Clindamycine 600 mg x 3/j ±
métronidazole (0,5g/j) pendant 15 jours ou 10 jours (érysipèle)
o Morsure animale : Augmentin ou Pristinamycine (Pyostacine®) pendant 5 jours
Infections graves sans porte d’entrée : Cefotaxime 25 mg x 4/j ou Ceftriaxone 2g /j IV
ET gentamicine 5 mg/kg IV (arrêt 3 jours) ou ciflox 400 x2/j pendant 14 jours
Infections ostéo-articulaires : Cefotaxime 150-200 mg/kg + gentamicine (pendant 5
jours) et monothérapie pendant au moins 21 jours relais 10-14 jours après per os
selon l’antibiogramme pour les arthrites et pour les ostéites 3-6 mois.
Infections neuro-méningées : Amoxicilline ou Cefotaxime 50 mg/kg toutes les 6
heures/j ou ceftriaxone pendant 7-10 jours
Infections génitales
o Syphilis : I-IIaire Retarpen 2,4 Millions dose unique, IIIaire à répéter toutes les 3
semaines ou Doxycline 100 mg x 2 ou Erythromycine 500 mg x 4/j pendant 15
jours
o Urétrite ou cervicite aiguë : Monodose prise unique (Ceftriaxone 250 mg IM et
Zithromax 1g), alternative Doxy 100 mg x 2 ou Erythromycine 500 mg x 4 /j
pendant 15 jours ou bien Oroken 400 mg prise unique ET Rulid 150 mg x 2
pendant 10 jours
o Chancre mou : Ceftriaxone 500 mg IM dose unique ou Ciprofloxacine 500 mg x
2/j pendant 3 jours
Endocardite : [Péni G 200 000-400 000 UI/Kg ou Amoxicilline 100-200 mg/kg/j ou
Ceftriaxone 2g/j ou Vancomycine 30 mg/Kg/j] ± gentamicine 3 mg/kg/j 2 semaines de
bithérapie et 4-6 semaines de Monothérapie. Si E. à Staphycoques remplacer
Amoxcilline par oxacilline (Bristopen ®) 150 mg/kg/j
Fièvre chez le neutropénique (< 500 PN/mm 3) : [Céfotaxime (100 mg/kg/j) ou
Ceftriaxone (30 mg/kg/j)] ET [gentamicine (5 mg/kg/j) pendant 3 jours] pendant 10
jours après apyrexie
Suivi
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o Eléments de surveillance cliniques et paracliniques:
o Modalités évolutives
Efficacité de l’antibiothérapie. Elle se juge sur :
Amélioration clinique rapide
Stérilisation du foyer
Normalisation du bilan biologique et hématologique
Disparition des anomalies en imagerie
Tolérance détecter les effets indésirables d’une antibiothérapie (Voir tableau II)
Echec thérapeutique défini par une persistance des signes locaux et généraux de
l’infection après 48 à 72 heures, apparition d’une nouvelle localisation ou
générale (emboles septiques), Persistance de ou des bactéries malgré
l’antibiothérapie
4.1. Buts
Empêcher l’apparition d’une maladie infectieuse, soit en éradiquant(ou en diminuant
fortement) une population bactérienne potentiellement pathogène déjà présente au
sein de l’organisme, soit en empêchant l’implantation d’une population bactérienne
exogène (milieu extérieur, contagion interhumaine, iatrogénie).
Prévenir les complications infectieuses postopératoires
4.3. Indications
4.3.1. En médecine
Maladies Infectieuses
Méningite purulente
RAA
Immunodéprimé
Tuberculose et SIDA
Médecine Interne (prévention secondaire)
Maladies systémiques
Immunosuppresseurs, anti TNF, corticoïdes
4.3.2. En chirurgie
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En fonction du terrain
Le score ASA (American Society of Anesthesiologists) peut déterminer l’indication de
prophylaxie, même si l’intervention présente peu de risques infectieux. C’est le cas des
patients immunodéprimés, diabétiques, très âgés, obèses ou dénutris.
La dose utilisée ne doit jamais être inférieure à la dose thérapeutique standard.
L’antibioprophylaxie doit être limitée à la période opératoire (24 heures et au-
delà, jamais plus de 48 heures).
L’antibioprophylaxie doit s’adresser à une cible bactérienne définie, reconnue
comme la plus fréquemment rencontrée.
L’antibiotique devra atteindre une concentration tissulaire supérieure à la
concentration minimale inhibitrice (CMI) des germes habituellement
responsables de l’infection postopératoire au site de l’infection.
5. Conclusion
Le bon usage des antibiotiques sera facilité par l’établissement de liste des antibiotiques à
usage contrôlé, l’élaboration de recommandations pour guider la prescription selon des
consensus nationaux ou internationaux et l’évaluation régulière des pratiques.
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Tableau I : Familles des Bétalactamines
Pénicillines (Péname)
- Pénicilline M
. Oxacilline (Bristopen®))
. Cloxacilline (Orbénine®)
50-100 mg/kg/j
Céphalosporines (céphèmes)
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. Céfaclor (Alfatil®) Orale 3 fois/j 20-40 mg/kg/j
- C2G
. Céfamandole (Kéfandol®)
IM, IV 3-4 fois/j 50-100mg/kg/j
. Céfuroxime (Zinnat)
IM, IV 1 fois/j 30-50mg/kg/j
. Céfuroxime axétil (Cépazin®, Zinnat)
Orale 2-3 fois /j 8 mg/kg/j
- Céphamycine :
. Céfoxitine (Mefoxin)
. Céfotaxime (Claforan®)
. Ceftizoxime (Céfizox®)
IM-IV 3-4 fois/j 50-100mg/kg/j
. Céfopérazone (Céfobis®)
IM-IV 3-4 fois/j 2-4 g/j
. Céftriaxone (Rocéphine®)
IM-IV 3-4 fois/j 50-00 mg/kg/j
. Céftazidime (Fortum®)
IM-IV 1 fois/j 30-50 mg/kg/j
. Cefsulodine (Pyocéfal®)
IM-IV 3 fois/j 50-100mg/kg/j
. Céfépime (Axépim®)
IM-IV 3-4 fois/j 30-60 mg/kg/j
. Cefpirome (Céfrom®)
IV 2-3 fois/j 30-100mg/kg/j
Orales
IV 2-3 fois/j 30-60 mg/kg/j
. Cefixime (Oroken)
Carbapénèmes :
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- Ertapénem (Invanz ®) IM 2 fois/j 1 à 1,5 g/j
- Méropénem (Méronem®)
IV, 1 fois/j 1g/j (non enfant)
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Tableau II : Macrolides, lincosanides, synergestines
15 mg/kg/j Enfant
. Dirithromycine (Dynabac®)
Orale 1 fois 500 mg/j Adulte
20 mg/kg/sem enfant
. Azithromycine : Zithromax®,
Orale 1 fois 1200 mg/sem Adulte
Azadose®
Orale 1 fois/sem 20 mg/kg/sem enfant
- Lincosanides
. lincomycine
Orale 2 fois/j 20-50 mg/kg/j
IM-IV 10-30mg/kg/j
. Clindamycine
Orale, IM-IV 10-30 mg/kg/j
- Synergistines
. Pristinamycine
Orale 3 fois/j 50-75mg/kg/j
. Quinupristine-dalfopristine(Synercid®)
IV 3 fois/j 22,5 mg/kg/j
- Kétolides
. Télithromycine (Ketek®)
Orale 1fois/j 800 mg/j
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Tableau III: les quinolones
Urinaires et intestinales
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