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Naoual Baghli-Merabet
Centre Universitaire Ain Temouchent
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Support du cours
Management intégré
des ressources en eau
Destiné aux étudiants en Master 2
Fait par
Mme BAGHLI – MERABET Naoual
2018/2019
Semestre : 3
Unité d’enseignement : UEM 2.1
Matière : Management intégré des ressources en eau
VHS: 45 h00 (Cours : 1h30, TD: 1h30)
Crédits : 4
Coefficient : 2
Objectifs de l’enseignement
Apprendre à l'étudiant les stratégies du concept du développement durable, les principes du
management intégré des ressources en eau en fonction de la demande et d'autres contraintes
d'ordre technique, socio-économique et environnementale. En plus, il pourra décrire et savoir
utiliser les principes et les méthodes de choix et d'optimisation pour une gestion durable de la
ressource en eau.
Contenu de la matière :
1
LISTE DES FIGURES
Figures Pages
Fig.1 L'homme et l’environnement 7
Fig.2 Interactions entre pédoshère (sols), biodiversité (faune et flore), 9
Lithosphère (roches), hydrosphère (eau), atmosphère (air)
Fig 3 Proportions des gaz atmosphériques 9
Fig. 4 Les grandes dates du développement durable 13
Fig.5 Schéma du développement durable 15
Fig.6 Arborescence thématique du développement durable 15
Fig.7 Cycle hydrologique schématique 27
Fig.8 Concepts de base de la GIRE 30
Fig.9 Processus de développement de la GIRE 32
Fig.10 Approche globale de la gestion intégrée des ressources en eau 33
Fig.11 Structures et institutions de la gestion intégrée des ressources en eau 34
Fig. 12 Processus d’agrégation de l’information 36
Fig.13 Les étapes d'un processus local GIRE 40
Tableaux Pages
Tableau 1 tâches nécessaires à un système 36
Tableau 2 Etapes nécessaires à l’articulation d’une vision à long terme 43
Tableau 3 Les volets cadres de la gestion intégrée des ressources en eau 47
2
TABLE DES MATIERES
1. L’eau ............................................................................................................. 8
2. Le sol............................................................................................................. 8
3. L’air .............................................................................................................. 9
4. La biodiversité ............................................................................................ 10
Chapitre 1 ........................................................................................................................ 12
le développement durable ............................................................................................... 12
1.5 Les principaux enjeux du développement durable dans les pays en développement
.................................................................................................................................... 16
Chapitre 2 ........................................................................................................................ 18
Stratégies du développement durable ............................................................................. 18
Objectif 1. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
19
3
Objectif 2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition
et promouvoir l’agriculture durable ........................................................................ 20
Objectif 3. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être
de tous à tout âge .................................................................................................... 20
Objectif 4. Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des
possibilités d’apprentissage tout au long de la vie .................................................. 20
Objectif 5. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les
filles 21
Objectif 6. Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et
d’assainissement gérés de façon durable ................................................................ 21
Objectif 7. Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables
et modernes, à un coût abordable............................................................................ 21
Objectif 8. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et
durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ........................... 22
Objectif 9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation
durable qui profite à tous et encourager l’innovation ............................................. 22
Objectif 10. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre .............. 22
Objectif 11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ............................................................... 23
Objectif 12. Établir des modes de consommation et de production durables ...... 23
Objectif 13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements
climatiques et leurs répercussions........................................................................... 23
Objectif 14. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et
les ressources marines aux fins du développement durable ................................... 23
Objectif 15. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les
exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la
désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre
fin à l’appauvrissement de la biodiversité .............................................................. 24
Objectif 16. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux
fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en
place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous
24
Objectif 17. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial
pour le développement durable et le revitaliser ...................................................... 25
4
1. Finances ...................................................................................................... 25
2. Technologie ................................................................................................ 25
3. Renforcement des capacités ........................................................................ 25
4. Commerce ................................................................................................... 25
5. Questions structurelles ................................................................................ 25
5
2. L’information sur l’eau ............................................................................... 34
chapitre IV ...................................................................................................................... 37
Mise en œuvre de la gestion intégrée.............................................................................. 37
des ressources en eau ...................................................................................................... 37
1. Réponses structurelles................................................................................. 37
2. Réponses institutionnelles........................................................................... 37
Bibliographie .................................................................................................................. 50
6
AVANT PROPOS
QUELQUES DEFINITIONS
Le management intégré des ressources en eau fait appel aux notions à la fois de de
l’environnement, des ressources en eau, du développement, du management, et de
gestion intégrée et des ressources en eau. Les définitions qui suivent constituent un
prérequis pour cette matière.
Lithosphère
(Sol)
L'homme
Atmosphère Hydrosphère
Sur
(Air) (Eau)
Terre
Biodiversité
7
L’environnement est constitué d’une diversité écologique :
1. L’eau
2. Le sol
8
Fig.2 Interactions entre pédoshère (sols), biodiversité (faune et flore),
Lithosphère (roches), hydrosphère (eau), atmosphère (air)
3. L’air
L’air est la couche gazeuse qui entoure le globe terrestre. Inodore et incolore, l’air est
responsable d'un effet de serre qui réchauffe la surface de la terre. La composition
chimique de l’effet de serre en grande proportion est: Diazote (N2), Oxygène (O2),
Argon (Ar). En petites proportions, on trouve : DiKrypton (Kr)Dioxyde de carbone
(CO2), Néon (Ne), Hélium (He) Méthane(CH4), Dihydrogène (H2),Vapeur d'eau (H2O)
Monoxyde d'azote, Xénon, Ozone, Dioxyde, d'azote, Iode, Monoxyde de carbone,
Ammoniac. Ces gaz sont à des proportions différentes.
Azote (N2)
Oxygène (O2)
A,CO2,Ne,He,Kr,Xe,H2,
O3,Rn
9
4. La biodiversité
Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992, la
diversité biologique a été définie comme :« la variabilité des organismes vivants de
toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend
la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. » En
d’autres termes la biodiversité, ou diversité biologique, est une expression désignant la
variété et la diversité du monde vivant. Elle soutient la santé de la planète. Elle fournit
tout l'oxygène, vital, que nous consommons, tout ce que nous mangeons (cultures
vivrières, bétail, poissons...); elle contribue à l'épuration et au cycle de l'eau, ainsi
qu'aux grands cycles biogéochimiques et à la régulation climatique. Elle fournit des
fibres pour l'habillement, du bois-énergie pour le chauffage, la construction
d'habitations, la papeterie. Elle produit ou inspire des médicaments.
La biodiversité est subdivisée en trois niveaux :
diversité génétique : définie par la variabilité des gènes au sein d’une même
espèce ou d’une population
diversité spécifique : correspond à la diversité des espèces
diversité écosystémique : correspond à la diversité des écosystèmes, des
interactions des populations naturelles et de leurs environnements physiques
10
par individu
L’indicateur de développement humain (IDH) : prend en compte le niveau de
vie, l’espérance de vie à la naissance, l'alphabétisation des adultes
L’indicateur de pauvreté humaine (IPH) : mesure les privations ou exclusions
fondamentales que peut supporter une partie de la population
Les différents niveaux de développement :
‒ Les pays développés
‒ Les pays émergents (ou NPI)
‒ Les pays en transition
‒ Les pays en développement
‒ Les pays les moins avancés (PMA)
2. Le développement social
11
CHAPITRE 1
LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Entre 1960 et 1970, la communauté internationale, ayant réalisé que les impacts
anthropiques causés par le développement socio-économique traditionnel des
civilisations à travers des générations passées ont détruit la santé humaine et la
durabilité environnementale. En effet, ce mode de développement a épuisé les
ressources de l'écosystème planétaire qui possède une capacité limitée d'absorber les
déchets et de régénérer les ressources renouvelables. Ainsi, une production et une
consommation sans cesse croissantes entraînent une importante détérioration des
systèmes naturels.
Peu après le Club de Rome en 1970, lors de la conférence de Stockholm tenue en 1972,
les Nations Unies ont élaboré un modèle de développement respectueux de
l'environnement et de la gestion efficace des ressources naturelles. L’expression «
développement durable » a été proposée pour la première fois en 1980 dans la stratégie
mondiale de la conservation publiée par le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE).
« Notre avenir à tous » est l’expression parue dans le rapport Brundtland de la
Commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement lancé en 1987.
Cette formule vise à réconcilier le développement économique et social, la protection de
l'environnement et la conservation des ressources.
Le rapport Brundtland définit ainsi le développement durable : « Un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures
de répondre aux leurs ». La préoccupation pour les générations futures est devenue tant
importante qu’une expression plus philosophique est donnée par Saint-Exupéry qui
affirmait que « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos
enfants ».
En 1991, la nouvelle stratégie de développement durable se traduit comme : le fait
d'améliorer les conditions d'existence des communautés humaines, tout en restant dans
les limites de la capacité de charge des écosystèmes.
En 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, la communauté internationale a adopté
12
l’Agenda 21 ou action 21(programme d'actions pour le 21e siècle dans divers domaines
afin de s'orienter vers un développement durable de la planète, qui fait du principe de
durabilité la nouvelle ligne directrice du développement humain.
performance économique,
sociale et environnementale
scientifiques et ONG
évolution
des gouvernements, nations
acteurs entreprises
Convention consommateurs
Climat Protocole
d’après AFNOR de Kyoto Christian Brodhag, DIDD
13
site, la santé et les loisirs. Cette gestion cherche en premier lieu à atténuer
l’irréversibilité de certaines actions polluantes commises dans le passé et tient compte
du fait que nous ne disposons pas de substitutions pour certains écosystèmes à l’heure
actuelle.
14
Fig.5 Schéma du développement durable
Pour changer les modes de développement actuels, qui sont incompatibles avec la survie
de la Terre, et opter pour un développement qui ne soit pas pénalisant pour les
générations futures, certains principes sont nécessaires :
Développement durable
15
I.4.1 Principe Environnemental
- le principe du pollueur/payeur.
- l’internalisation des coûts environnementaux, sociaux, éco-fiscalité, ....
16
l’usage de stupéfiants
- L’instabilité politique, les conflits, les inégalités de revenus, la marginalisation de
certaines minorités
- l’épuisement des ressources naturelles par l’érosion des sols, la déforestation, la
destruction des habitats et de la biodiversité, l’épuisement des ressources halieutiques,
la pollution
- Le changement climatique
- La croissance démographique
- Le taux de mortalité infantile et maternelle.
- La marginalisation par la croissance économique vulnérable, l’endettement extérieur,
la corruption, les conflits violents et l’insécurité alimentaire.
17
CHAPITRE 2
STRATEGIES DU DEVELOPPEMENT DURABLE
II.1 Introduction
La stratégie du développement durable est basée sur 17 objectifs et 169 cibles qui
s’inscrivent dans le prolongement des objectifs du Millénaire pour le développement.
Intégrés et indissociables, ils concilient les trois dimensions : économique, sociale et
environnementale.
Les objectifs et les cibles guideront l’action à l’horizon 2030 dans des domaines qui
sont d’une importance cruciale pour l’humanité et la planète :
L’humanité
L’action consistera à éliminer la pauvreté et la faim, sous toutes leurs formes et dans
toutes leurs dimensions, et à faire en sorte que tous les êtres humains puissent réaliser
leur potentiel dans des conditions de dignité et d’égalité et dans un environnement sain.
La planète
La prospérité
L’action consistera à faire en sorte que tous les êtres humains aient une vie prospère et
épanouissante et que le progrès économique, social et technologique se fasse en
harmonie avec la nature.
La paix
18
libérées de la peur et la violence car il ne peut y avoir de développement durable sans
paix ni de paix sans développement durable.
Les partenariats
Les objectifs et les cibles de développement durable tiennent compte des réalités, des
capacités et des niveaux de développement des différents pays et dans le respect des
priorités et politiques nationales. Chaque pays peut choisir, en fonction de sa situation et
de ses priorités nationales, entre plusieurs approches, stratégies, modèles et outils
différents pour parvenir au développement durable. A l’horizon 2030, la stratégie du
développement durable est constituée des 17 objectifs suivants, où il faudra :
Objectif 1. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
- tous les hommes et les femmes vulnérables auront les mêmes droits ux
ressources économiques et l’accès aux services de base, à la propriété foncière, au
contrôle des terres et à d’autres formes de propriété, à l’héritage, aux ressources
naturelles et à des nouvelles technologies et des services financiers adaptés à leurs
besoins,
19
Objectif 2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer
la nutrition et promouvoir l’agriculture durable
- les pauvres, les femmes, hommes et enfants auront accès toute l’année à une
alimentation saine, nutritive et suffisante
20
Objectif 5. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes
et les filles
- entreprendre des réformes visant à donner aux femmes les droits aux ressources
économiques, à la propriété et à la direction à tous les niveaux de décision dans la
vie politique, économique et publique,
- adopter la gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux et protéger
les écosystèmes liés à l’eau,
21
Objectif 8. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et
durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous
Objectif 10. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre
22
Objectif 11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables
- assurer l’accès de tous aux des services de base et à un coût abordable : les
logements, les systèmes de transport accessibles et viables, ..
- renforcer l’urbanisation durable, les capacités de planification et de gestion
participatives, protéger et préserver le patrimoine culturel et naturel mondial,
- réduire l’impact environnemental négatif des villes par habitant et porter
l’attention aux espaces verts, aux espaces publics sûrs, à la qualité de l’air et à la
gestion des déchets,
- Favoriser liens économiques, sociaux et environnementaux positifs entre zones
urbaines, périurbaines et rurales,
Objectif 13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements
climatiques et leurs répercussions
Objectif 14. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers
et les ressources marines aux fins du développement durable
23
scientifiques en faveur de leur restauration,
- mettre un terme à la surpêche, à la pêche illicite, aux pratiques de pêche
destructrices
- approfondir les connaissances scientifiques, renforcer les moyens de recherche
et transférer les techniques marines dans l’objectif d’améliorer la santé des océans
et la biodiversité marine
24
Objectif 17. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial
pour le développement durable et le revitaliser
1. Finances
2. Technologie
Appuyer les plans nationaux visant à atteindre tous les objectifs de développement
durable,
4. Commerce
5. Questions structurelles
25
CHAPITRE III
GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU
Le bassin versant, appelé aussi bassin hydrologique ou bassin hydrographique, est une
unité topographique dans laquelle se produisent les entrées d’eau sous forme de
précipitations et des sorties d’eau par un exutoire. C’est une surface délimitée par une
ligne de crête, ou ligne de partage des eaux, drainée par un cours d'eau et ses affluents.
Son homologue souterrain est appelé bassin versant souterrain, désignant la zone dans
laquelle toutes les eaux souterraines s’écoulent vers un même exutoire ou groupe
d’exutoires. L’analyse des phénomènes hydrologiques dans le bassin versant dépendent
de sa morphologie (superficie, topographie, réseau hydrographique), ses caractéristiques
physiques (types de sols, géologie/hydrogéologie, taux et nature de la couverture
végétale), des conditions climatiques (pluviométrie, paramètres climatiques, variabilité
spatiale et temporelle) et des conditions initiales.
Le bassin versant est considéré comme une unité géographique globale et cohérente
pour appréhender la gestion des ressources en eau. C’est un lieu de rencontre entre des
phénomènes naturels et humains où tout est intimement lié.
Une ressource est une richesse naturelle possédée et exploitée. Les ressources en eau
constituent la quantité d’eau nécessaire pour couvrir les besoins des usages
domestiques, agricoles et industriels. L’eau, élément naturel, a été appelé ressources en
eau avec la prise de conscience de sa rareté et de la nécessité de l’évaluer précisément
pour la gérer au mieux.
26
ruissellement, infiltration et percolation, l’écoulement souterrain, le retour en surface
(sources, puits..), les écoulements de surface (rivières, fleuves et leur décharge dans les
lacs, les mers et les océans) et, de nouveau l’évaporation et la répétition du cycle.
Atmosphère
S'évapo
Atteint le sol Ruisselle
transpire
Atteint les
S'infiltre S'écoule
océans
La GIRE a été évoquée pour la première fois lors de la Conférence internationale sur
l’eau et l’environnement qui s’est déroulée à Dublin en janvier 1992. Depuis, les
organisations non gouvernementales internationales ont donné différentes définitions
dans le cadre de leurs missions de développement et d’échange des connaissances au
niveau international :
→ A la conférence de Dublin en 1992, la déclaration sur l'eau dans la perspective
d'un développement durable énonce le principe n° 4 : « L'eau, utilisée à de multiples
fins, a une valeur économique et devrait donc être reconnue comme bien économique.
En vertu de ce principe, il est primordial de reconnaître le droit fondamental de l'homme
à une eau salubre et à une hygiène adéquate pour un prix abordable. Considérer l'eau
comme un bien économique et la gérer en conséquence, c'est ouvrir la voie à une
utilisation efficace et à une répartition équitable de cette ressource, à sa préservation et à
sa protection ».
→ A la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement
(CNUED), aussi connue sous le nom de "Sommet planète Terre" en 1992 à Rio de
Janeiro, dans l'Agenda 21, le Chapitre 18 dit : « L'eau doit être considérée comme une
ressource finie ayant une valeur économique et une importance certaine sur le plan
social et économique, compte tenu de la nécessité de répondre aux besoins
fondamentaux ».
27
→ La déclaration ministérielle du 2ème Forum mondial sur l'eau à La Haye en 2000
annonce que : « Identifier et évaluer les différentes valeurs de l'eau (économique,
sociale, environnementale, culturelle) et tenter d'accorder les coûts de stockage et de
traitement des eaux aux objectifs d'équité et de réponse aux besoins des populations
pauvres et vulnérables ».
→ Le Global Water Partnership (GWP), en 2000, définit la GIRE comme une
gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources associées, en vue de maximiser
le bien-être économique et social qui en résulte d’une manière équitable, sans
compromettre la durabilité d’écosystèmes vitaux. Cette définition est celle adoptée par
la communauté internationale et la plus répandue.
→ L’organisation internationale de l’eau (OIEAU), en 2001, attribue à la GIRE
trois fonctions principales : (i) la satisfaction des besoins rationnels et légitimes des
différentes catégories d’usagers, en cohérence avec un aménagement approprié des
territoires de bassin, (ii) la préservation durable des ressources et des écosystèmes liés à
l’eau, et (iii) la protection contre les risques d’inondation, sécheresse, érosion.
‒ La déclaration ministérielle du 3ème Forum mondial sur l'eau à Kyoto en 2003,
ajoute une valeur économique à l’eau. La déclaration annonce que
des fonds devraient être collectés au moyen de méthodes de constatation après
recouvrement des coûts, adaptées aux facteurs climatiques, environnementaux et
sociaux locaux et du principe "pollueur-payeur", tout en tenant réellement compte des
populations démunies. Toutes les sources de financement, public ou privé, national et
international, doivent être mobilisées et utilisées de la façon la plus efficiente et la plus
efficace qui soit.
‒ En 2004, le GWP passe de la définition de la GIRE à la notion de sa mise en
œuvre et précise que la GIRE n’est pas un but en elle-même, mais un outil qui permet
de s’attaquer aux défis de l’eau et d’optimiser la contribution de l’eau au développement
durable. Elle consiste à renforcer des cadres pour la gouvernance de l’eau afin
d’encourager des prises de décision appropriées en réponse à des situations et des
besoins changeants.
‒ L’UNESCO en 2006 souligne l’importance des accords internationaux et déclare
que la GIRE sera efficace et équitable grâce à une coopération accrue.
28
III.5 Principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Principe 2. La mise en valeur et gestion de l’eau devrait se baser sur une approche
participative, impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs
politiques à tous les niveaux.
et devrait être reconnue aussi bien comme bien économique que bien social.
29
Dans ce principe, la valeur de l'eau, reconnue importante relativement à son allocation
comme ressource rare, est obtenue par des moyens de régulation ou des moyens
économiques. L'eau a une valeur en tant que bien économique de même que bien social.
Il est essentiel de reconnaître d'abord le droit fondamental de tous les êtres humains à
avoir accès à l'eau potable et à l’assainissement à un prix accessible. La facture de l'eau
s’applique pour soutenir les groupes désavantagés, affecter le comportement envers la
conservation et l'utilisation efficace de l'eau, offrir des incitations pour la gestion de la
demande et assurer un recouvrement des coûts.
L’objectif principal de la GIRE repose sur les concepts de l’équité sociale, l’efficacité
économique et la durabilité écologique :
1. Équité sociale
30
2. Efficacité économique
3. Durabilité écologique
La GIRE contribue à une gestion holistique des ressources en eau en prenant en compte
les divers intérêts sociaux, économiques et environnementaux. Elle reconnaît les
nombreux groupes d'intérêts divergents, les secteurs économiques qui utilisent et
polluent l'eau et les besoins de l'environnement.
L’objectif consiste à sortir de la gestion sectorielle au profit d’une gestion holistique
avec des actions concrètes telles que définies par :
Ce partenariat propose une stratégie qui permet de s’attaquer aux problèmes plus
efficacement, en identifiant les causes profondes et les solutions en dehors de tout cadre
monosectoriel. Cette stratégie permet d’éviter la situation où la solution d’un problème
dans un secteur entraîne un problème dans un autre secteur. Le comité recommande
d’utiliser les objectifs de développement national ou les défis liés à l’eau comme point
de départ, d’impliquer les hauts responsables des secteurs liés à l’eau dans des
processus décisionnels intégrés, de définir des rôles, les responsabilités, et les
financements visant à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement
31
Fig.9 Processus de développement de la GIRE (RIOB-GWP, 2009)
Le résultat des stratégies auront pour objectifs de convertir la gestion intégrée des
ressources en eau en une approche globale de l’eau, en termes d’usages et d’impacts, à
l’échelle du bassin versant (échelle minimale). Elle s’appuie sur une approche
transversale multi-sectorielle et verticale du local (rivière, ressource…) au global
(bassin versant, région) :
32
Fig.10 Approche globale
de la gestion intégrée des ressources en eau (Karambiri, 2007)
Afin d’atteindre une approche sectorielle et une gestion qui prendrait en compte les
deux systèmes il faut mettre en place des structures et des institutions ainsi que
l’information sur l’eau sous forme de base de
Le schéma suivant récapitule toutes les structures et les institutions nécessaires à la mise
en place d’une gestion intégrée des ressources en eau :
33
Infrastructures pour la gestion GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU
des crues et des sécheresses,
stockages multiples
Autres usages:
eau
Cadre institutionnel Irrigation
potable
et Energie Environnement Industrie
et
Drainage Navigation
Assainissement
Instruments de gestion ..........
Economie de gestion
S’engager dans la GIRE commence par réaliser un inventaire sur l’état physique des
ressources en eau et des écosystèmes, des infrastructures locales, de la législation
concernée, des politiques existantes et des activités de gestion actuelles.
L’inventaire doit rassembler les informations nécessaires pour constituer une base de
connaissances qui donne une image globale de l’état de la gestion de l’eau. Ces
connaissances doivent être fiables et facilement accessibles et consultables par les
différents acteurs de la gestion de l’eau.
Le rôle du gouvernement local consiste à identifier les sources et les contacts
nécessaires à la collecte de toute information pertinente, de superviser, de coordonner,
de participer à la collecte des informations, de fournir les équipements et ressources
nécessaires à la mise en place d’un système efficace de stockage d’informations.
Il s’agit de mettre en œuvre un système d’informations d'aide à la décision concernant la
gestion des ressources en eau permettant de récolter, organiser, interpréter et divulguer
les informations indispensables aux décideurs.
34
Tableau 1 tâches nécessaires à un système d’informations (RIOB-GWP, 2009)
Taches-clés Description
Compilation d’une liste de sources Dresser une liste des institutions, organismes et toute autre source
d’information susceptible de fournir des informations utiles à la conduite de
l’évaluation initiale
Collecte d’informations Collecter des informations déjà disponibles dans les archives et
secondaires stocks de données de tous les services du gouvernement local
ainsi qu’auprès de certaines institutions et organismes extérieurs
identifiés. Cela devrait fournir une bonne compréhension de la
situation actuelle des ressources en eau tant au niveau physique,
au titre de la qualité, de la quantité et des tendances de la
demande, qu’au niveau juridique, à l’égard de la législation et de
la politique
Collecte de l’information primaire Collecter des informations au moyen d’enquêtes visant, par
exemple, à combler les lacunes sur les infrastructures et
l’environnement hydrologique locaux, et au moyen de
discussions avec la communauté locale afin de mettre en valeur
les préoccupations actuelles, tels les problèmes de santé qui
pourraient être liés aux ressources en eau locales
Stockage de l’information S’assurer que l’information est bien documentée et stockée d’une
manière systématique et structurée idéalement, cela devrait se
faire au moyen d’une base de données électronique toutefois,
cette tâche peut s’accomplir aussi à l’aide d’un système de
classement plus traditionnel pourvu qu’il soit bien organisé et
maintenu
Garantie de l’accès à l’information Assurer aux autres services du gouvernement un accès facile à
l’information compilée et, à l’extérieur, permettre à la société
civile de profiter du stock croissant de connaissances
Identification des parties Identifier les parties prenantes à un stade initial du processus en
prenantes vue de leur participation à l’élaboration d’un plan d’action local
pour la GIRE
Médias et relations publiques Annoncer l’intention d’entreprendre une évaluation initiale afin
de sensibiliser le public aux raisons de la collecte de
l’information et encourager le public à s’impliquer
35
Le processus de collecte et d’agrégation des informations de fait par étapes résumées ci-
dessous :
Exploitation de
l'information
Indice
36
CHAPITRE IV
MISE EN ŒUVRE DE LA GESTION INTEGREE
DES RESSOURCES EN EAU
IV.1 Introduction
La mise en œuvre d'une GIRE relève d'un défi auquel il ne peut pas exister de solution
unique compte tenu de la nature et de l’étendue des problèmes qui diffèrent d’un pays à
l’autre et d’un bassin à l’autre. La réponse à ce défi exige des réponses de deux types :
1. Réponses structurelles
Qui consistent à recueillir des données sur l’eau, à faire l’inventaire et connaitre l’état
des infrastructures et à lancer l'opération et la maintenance des ouvrages
2. Réponses institutionnelles
Qui consistent à définir les politiques liées à l’eau voire créer un mandat propre à l’eau,
examiner la tarification, rassembler les connaissances et les informations sur l’eau.
Parmi les manuels de la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau, 3
sont cités ci-après :
37
Le programme propose une planification ayant pour principes que l'Etat n'est pas le seul
responsable de la gestion des ressources en eau mais également la société, que la prise
de décision doit tenir compte d’un partage des résultats et des opportunités, procéder
d’une négociation transparente, d’une coopération et d’une action concertée plutôt que
centralisée afin que la planification soit entièrement intégrée et non sectorielle. Le plan
de la mise en œuvre de la GIRE proposé consiste à préparer :
2. Un cadre institutionnel
pour sortir d'une planification et d’une gestion des ressources en eau centralisée et
aboutir à une situation où la responsabilité du gouvernement est accompagnée de
structures autonomes et/ ou organisations communautaires de gestion des services
d’eau. Pour cela, il faut introduire le concept de la gestion intégrée des ressources en
eau, accompagné de la promotion du bassin fluvial comme unité géographique logique
pour sa réalisation. Les arrangements institutionnels permettent :
- Le fonctionnement d'un consortium de parties prenantes impliquées dans la prise
de décision avec la représentation de toutes les sections de la société et un bon
équilibre du « genre » ;
- La gestion des ressources en eau basée sur les frontières hydrologiques ;
- La prise de décision au niveau approprié le plus bas à partir de structures
organisationnelles au niveau du bassin et du sous–bassin ; La coordination, par
le gouvernement, de la gestion nationale des ressources en eau à travers les
secteurs d'utilisation de l'eau.
38
IV.2.2 Le livret Logowater (2008)
Le livret intitulé « Gouvernement local et gestion intégrée des ressources en eau » a été
élaboré par l'association de ICLEI (Local Governments for sustainability, International
Training Centre, Africa secretariat), Oxford University Centre for the Environment
(OUCE), Institute of Natural Resources (INR), IRC (International Water and Sanitation
Centre), International Union for Conservation of Nature (IUCN), Kalahari Conservation
Society (KCS), Institute for Water and Sanitation Development (IWSD) et Foundation
for a New Water Culture (FNCA). La partie 3 du livret s'intitule « S’engager en faveur
de la GIRE – Mesures et outils pratiques à l'usage des gouvernements locaux ».
L’évaluation initiale rassemble les informations nécessaires pour constituer une base de
connaissances qui donne une image de l'état de la gestion de l’eau dans la région. Cela
comprend non seulement l’état physique des ressources en eau et des infrastructures
locales, mais aussi la législation concernée, les politiques existantes et les activités de
gestion actuelles. C’est aussi l’étape où les parties prenantes sont identifiées en vue de
leur intégration dans le processus de la GIRE et où une compréhension plus approfondie
40
des causes sous-jacentes aux problèmes actuels peut se dégager. Ces informations
doivent s'axer sur les catégories suivantes :
- La situation des ressources en eau locales, y compris l’évaluation de la quantité
et la qualité des sources d’eau souterraines et de surface, les taux de précipitation, la
demande moyenne et de pointe, ainsi que l’état des infrastructures hydrauliques ;
- La législation sur l’eau, telle que les lois sur l’eau et les procédures d’octroi de
licences ;
- Les parties prenantes clés, telles que les individus et les représentants de groupes
qui seront invités à participer à l'élaboration du plan d’action local pour la GIRE ;
- Les initiatives et institutions de gestion de l’eau, telles que les projets achevés et
en cours, et l’existence et les rôles des institutions au niveau du bassin, par exemple, qui
ont un impact sur les ressources en eau.
Pour effectuer cette étape, le gouvernement local doit identifier les sources et les
contacts nécessaires à la collecte de toute information pertinente, superviser, coordonner
et participer à la collecte des informations, fournir les équipements et ressources
nécessaires à la mise en place d'un système efficace de stockage d'informations qui soit
accessible aux habitants intéressés, établir une liste de parties prenantes et enfin mettre
en place une plate-forme à partir de laquelle elles pourront participer telles que les
universités et les institutions de recherche, ainsi que des consultants privés pouvant
aider le gouvernement.
L'avenir de la situation est une vision à long terme dans les 20 à 30 ans afin de dégager
un consensus avec les parties prenantes, donner une direction au processus GIRE et
favoriser l'appropriation du processus GIRE par le public. Le gouvernement doit
s'assurer, par l'organisation d'ateliers, de la participation et de la coordination des parties
prenantes pour aboutir à un consensus qui équilibre les différents besoins et intérêts des
usagers d'eau locaux. Ces actions sont résumées dans le tableau suivant sous formes de
tâches clés successives:
41
Tableau 2 Etapes nécessaires à l’articulation d’une vision à long terme (Logowater,
2008)
Tâches clés Description
Organisation L’organisation d’ateliers doit être la responsabilité du
d’ateliers gouvernement local, qui doit s’assurer que les parties
prenantes préalablement identifiées sont invitées. Un
facilitateur indépendant doit être nommé pour conduire les
ateliers et démontrer que les intérêts de tous seront également
pris en compte.
Il faut essayer de créer une ambiance informelle dans le cadre
clair et confortable. Des matériels tels que des chevalets de
conférence et des stylos doivent être fournis.
La désignation d’un haut fonctionnaire pour ouvrir la première
séance peut aider à mettre en valeur aux yeux des participants
l’importance du processus d’articulation d’une vision.
Création de la vision Le facilitateur de l’atelier doit recueillir les idées des
participants et celle-ci seront ensuite structurées, évaluées et
hiérarchisées par thèmes. Il n’y a pas de mauvaises idées, et
les thèmes risquent d’être très variés, mais plutôt discutés et si
possible, résolus.
A la fin des ateliers, la vision convenue doit être consignée
dans un document bref et bien rédigé. Ce document servira de
référence et devra être pris en compte au cours du processus
d’élaboration du plan d’action local pour la GIRE. L’unité de
coordination GIRE aura la responsabilité de s’assurer de
l’approbation de la vision par le conseil municipal.
Médias et relations La vision finalisée doit être activement diffusée dans toute la
publiques communauté locale. Cela peut se faire avec le concours des
bibliothèques, des écoles et des institutions publiques. Les
médias locaux doivent être sollicités en vue d’une bonne
couverture médiatique dans la presse locale ainsi qu’à la radio
et la télévision.
42
Etape 3 Formulation d'une stratégie
La stratégie à long terme rassemble les objectifs en matière de gestion locale des
ressources en eau à partir du diagnostic initial et de la vision à long terme qui s’en
dégage. Les objectifs sont spécifiés au moyen de cibles et d'indicateurs. L'élaboration
de la stratégie est nécessaire pour définir une approche cohérente vis-à-vis du plan
d'action local pour la GIRE, aider à maintenir l'orientation globale des politiques
locales, orienter et focaliser les initiatives et projets à effectuer dans le cadre du plan
d'action local pour la GIRE.
Une fois les objectifs bien définis, des indicateurs permettront le suivi de l’exécution du
plan et détermineront d’apporter des changements s’il y a lieu de le faire.
Pour ce faire il faut se poser les questions suivantes :
- Le plan GIRE définit-il des objectifs à long et moyen termes vers une gestion durable
des ressources en eau, y a-t-il du progrès, les cibles annuelles et de moyen terme sont-
elles atteintes? Les systèmes d’évaluation et de suivi sont-ils adéquats et durables?
Quelles sont les contraintes participatives qui sont traitées dans la nouvelle gestion des
ressources en eau?
43
commissions gouvernementales concernés par la gestion des ressources naturelles.
- Que le soutien des responsables politiques de premier plan soit essentiel à
l'établissement du cadre juridique, des institutions et des procédures de gestion sur
lesquels reposent les systèmes efficaces de gestion par bassin.
- Que la volonté politique rende possibles l'élaboration des politiques, des lois et
des modalités de financement, ainsi que la mise en place d'institutions publiques stables
dans le domaine de la gestion de l'eau.
- D'impliquer les décideurs, de leur expliquer l'importance de la gestion intégrée
des ressources en eau en vue d'obtenir leur soutien et leur engagement.
- De se détourner d’une gestion de l'eau qui reposerait uniquement sur une
approche hiérarchisée et exclurait la participation des acteurs de l'eau. Ceci implique la
participation et la prise de décisions relatives aux ressources en eau, ainsi que le libre
accès aux informations. La liberté d'information est essentielle à l'identification de
solutions adaptées. Il est par conséquent difficile d'appliquer l'approche GIRE lorsqu'il
n'y a pas de transparence ou d'obligation de rendre des comptes.
44
responsables sur le plan social ou environnemental (ministères de la santé et de
l'environnement). Les instances de coordination ministérielle telles que les comités
interministériels et les conseils des ministres, constituent des instruments de
coordination pour faire face à des situations conflictuelles en termes de consommation
d'eau domestique, d'irrigation, de protection de l'environnement, d'hydroélectricité et de
loisirs, de pollution ou de modification des débits. Ces instances ne sont efficaces que si
leurs actions bénéficient de l'engagement des ministres et un soutien au plus haut niveau
(par exemple, du Président, du Premier Ministre). Le dialogue consiste en des
plateformes intersectorielles et amont-aval impliquant les acteurs de l'eau dans la
définition des priorités et la planification du bassin. Un tribunal de l'eau, instance
indépendante dotée de pouvoirs judiciaires ou quasi-judiciaires, est mis en place pour
débloquer des négociations ou statuer sur des questions telles que le partage de l'eau, la
tarification de l'eau ou la modification du débit des fleuves. Les lois et politiques
nationales fixent les règles qui déterminent le rôle de tous les acteurs de l'eau dans
l'aménagement et la gestion des ressources en eau et précisent les responsabilités des
secteurs public et privé. Il est nécessaire au préalable de bien comprendre les trois volets
du cadre de gestion de l'eau dans lequel sont prises les décisions relatives à l'eau pour la
mise en œuvre d'une GIRE :
45
Tableau 3 Les volets cadres de la gestion intégrée des ressources en eau (RIOB-
GWP, 2009)
Un environnement Des institutions Des mécanismes
favorable de gestion
Lois et Politiques Rôles et responsabilités Mécanismes de gestion
pour :
Cadre de gestion Organismes de
des ressources en eau bassin et autres Evaluer les
d’un pays ou entre pays organisations du secteur ressources en eau
Dialogues entre usagers de l’eau à différents (disponibilité, qualité et
niveaux de secteurs besoins
de l’eau
public, non Mettre en place des
Dialogues trans- gouvernemental et privé systèmes de
sectoriels et amont-aval Mécanismes communication et
Comités de bassins efficaces de coordination d’information
Budgets Processus de Résoudre les
planification conflits liés à l’allocation
Agences de de l’eau
Financements
financements et
Etablir une
investissements règlementation
Coopération
Préciser les
Au sein des bassins modalités financières
fluviaux transfrontaliers Etablir l’auto
régulation (actions
volontaires)
Mener des
recherches
Réaliser des travaux
d’aménagements
Garantir
l’obligation de rendre
comptes
Renforcer les
capacités
organisationnelles
Coordonner les
acteurs
Il est peu probable que tous les éléments du cadre de gestion de l'eau soient en place ; en
conséquence, la mise en place et le fonctionnement d'un organisme de bassin se feront
par étapes en s'appuyant sur l'existant et en prenant les mesures suivantes :
- réaliser un inventaire de l'état des ressources en eau et des écosystèmes ;
- évaluer les besoins et les priorités d'intervention ;
46
- identifier les acteurs concernés pour l'ensemble des secteurs de l'eau et du
développement, qu'il est nécessaire d'associer à la gestion ;
- définir des systèmes d'échange des connaissances, des données et de
l'information ;
- établir des mécanismes visant à coordonner la prise de décisions entre les
différents niveaux et acteurs ;
- encourager le dialogue entre les acteurs de l'eau ;
- préciser les processus d'allocation de l'eau ;
- réduire la pollution de l'eau et restaurer les écosystèmes ;
- lutter contre les inondations et les sécheresses (variabilité climatique) ;
- assurer le financement de la gestion de l'eau.
Les organismes de bassin doivent non seulement respecter la législation nationale mais
également les accords internationaux ou régionaux. Les organismes de bassin doivent
pouvoir bénéficier de l'assistance d'experts en droit international, afin de s'assurer qu'ils
comprennent et respectent, le cas échéant, les accords juridiques internationaux ou
régionaux.
Les différentes méthodologies de la mise en place de la GIRE décrites dans les manuels
ci-dessus reposent sur deux cadres : un cadre structurel où l'unité "bassin
hydrographique" est pratique pour la mise en place de la GIRE et un cadre institutionnel
où la prise de décision est décentralisée, l'Etat n'étant plus le seul responsable de la prise
de décision, cette dernière relevant d'un partage, d'une coordination et d'une
concertation entre les parties prenantes identifiées préalablement et les organismes de
bassins créés pour accomplir cette mission. D'autre part, le lancement du projet GIRE
requiert, pour chacune des méthodes, une évaluation, laquelle est basée sur une collecte
de données et d'information sur l'état de la ressource eau, des besoins, des
infrastructures et des politiques locales. De ce fait, viser une GIRE représente un défi
puisqu'il faut une volonté de l'Etat, une réforme politique, une liberté et transparence
d'information et un redécoupage administratif.
La mise en œuvre de la GIRE peut être résumée par des plans élaborés par chacun des
manuels comme suit :
47
Le manuel CAP-NET créé en 2005 insiste sur le partage des responsabilités entre
l’Etat et la société et une prise de décision qui se fait suite à une concertation et non de
façon centralisée. Ce manuel propose la mise en place d’un :
- cadre juridique où sont clarifiés le droit et les responsabilités des utilisateurs et
des fournisseurs de l'eau, définis les rôles de l'Etat par rapport aux autres parties
prenantes, formalisés les transferts des allocations de l'eau, arrêtés les statuts juridiques
des institutions de gestion de l'eau du gouvernement et des groupes d'utilisateurs de
l'eau, tout cela pour assurer les utilisations durables de la ressource.
- cadre institutionnel pour sortir d'une planification et une gestion de ressources en
eau centralisée au niveau des frontières hydrologiques du bassin versant. Les décisions
proviennent d'un consortium de parties prenantes avec la représentation de toutes les
sections de la société et un bon équilibre du « genre », mais en même temps le rôle du
gouvernement est de coordonner la gestion nationale des ressources en eau.
Le livret Logowater en 2008 insiste sur le rôle significatif du gouvernement local qui,
n’ayant pas de mandat spécifique pour gérer les ressources en eau et étant dépendant de
la disponibilité d’une quantité suffisante d’eau de bonne qualité pour assurer différentes
fonctions autorisées, influe sur l’état (quantité et qualité) de l’eau disponible aux
usagers en aval par l’évacuation des eaux usée, l’aménagement du territoire urbain… la
GIRE étant un des objectifs de développement du millénaire (ODM).
La mise en place de la GIRE commence par une évaluation initiale de l’état physique
des ressources en eau, des infrastructures locales, des législations et des politiques ainsi
que l’identification des différentes parties prenantes. Cette première étape nécessite une
organisation de l’information appuyée par le gouvernement par rapport à la source, les
contacts et le stockage. La deuxième étape consiste en la formulation d’une stratégie
avec une vision à long terme sur 20 à 30 ans.
Le manuel RIOB-GWP s’adresse aux gestionnaires de bassins et aux représentants des
gouvernements comptant sur leur volonté politique et leur soutien pour l’établissement
du cadre juridique, des institutions, à élaborer des politiques, des lois et des modalités
de financement, d’impliquer les décideurs et de faire participer les acteurs. Pour ce faire,
le manuel insiste sur une liberté d’information et la transparence.
La mise en place de la GIRE repose sur une véritable volonté politique pour
l’élaboration des politiques, des lois, des modalités de financement, la mise en place des
institutions dans le domaine de la gestion de l’eau ainsi que la participation, appuyée sur
48
une liberté d’information de tous les acteurs de l’eau, sans quoi la GIRE ne pourrait
réussir.
La GIRE est mise en place dans un cadre de bassin versant nécessitant le dialogue entre
les usagers de l’eau. Elle est régie par la législation, les politiques nationales et les
accords internationaux.
Ce manuel propose donc 2 volets :
Au niveau gouvernemental
- Réunir les acteurs, instituer les instruments de coordination, définir la
planification du bassin.
Au niveau du bassin
- Elaborer des systèmes d’informations sur la base de données, hydrologiques,
géographiques, techniques, économiques, institutionnelles et juridiques relatives
à l’eau au niveau du bassin.
- Etablir des mécanismes visant à coordonner la prise de décisions entre les
différents niveaux et acteurs.
Dans les chapitres IV et V, nous évaluerons la gestion de l’eau en Algérie, au niveau
gouvernemental et au niveau du bassin de la Tafna, au regard d’une synthèse des
critères avancés dans ces différents documents.
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BIBLIOGRAPHIE
50
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développement : plan pratique de réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement, Projet Objectifs du Millénaire, 2005,
PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), 2005, Communiquer sur
le développement durable, Comment produire des campagnes publiques efficaces,
Futerra, sustainability communications ;
RIOB (Réseau International des Organismes de Bassins) & GWP (Global Water
Partnership), 2009, Manuel de gestion des ressources en eau par bassin, ISBN
978-91-85321-73-5 ?
UICN/PNUE/WWF, 1991, Sauver la planète, Stratégie pour l'avenir de la vie, Gland,
Suisse,
Vaillancourt J.-G, 1994, Penser et concrétiser le développement durable, Écodécision,
no 15.
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