Vous êtes sur la page 1sur 53

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/343403259

le management intégré des ressources en eau

Chapter · January 2019

CITATIONS READS

0 253

1 author:

Naoual Baghli-Merabet
Centre Universitaire Ain Temouchent
6 PUBLICATIONS   2 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

la problématique de la gestion de l'eau en Algérie View project

All content following this page was uploaded by Naoual Baghli-Merabet on 03 August 2020.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


‫الجمهىريت الجسائريت الديمقراطيـت الشعبيــت‬
République algérienne démocratique et populaire
‫وزارة التـعليــم العالـي و البحــث العلمــــي‬
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
‫المركس الجامعي لعين تمىشنت‬
Centre Universitaire Belhadj Bouchaib d’Ain-Temouchent
Institut de Technologie
Département de Génie de l’eau et de l’Environnement

Support du cours

Management intégré
des ressources en eau
Destiné aux étudiants en Master 2

Fait par
Mme BAGHLI – MERABET Naoual

2018/2019
Semestre : 3
Unité d’enseignement : UEM 2.1
Matière : Management intégré des ressources en eau
VHS: 45 h00 (Cours : 1h30, TD: 1h30)
Crédits : 4
Coefficient : 2

Objectifs de l’enseignement
Apprendre à l'étudiant les stratégies du concept du développement durable, les principes du
management intégré des ressources en eau en fonction de la demande et d'autres contraintes
d'ordre technique, socio-économique et environnementale. En plus, il pourra décrire et savoir
utiliser les principes et les méthodes de choix et d'optimisation pour une gestion durable de la
ressource en eau.

Connaissances préalables recommandées


L’étudiant doit au préalable connaître :
 Les bases sur les ressources en eau.
 Les bases sur les ouvrages de mobilisation et de production d’eau.

Contenu de la matière :

Chapitre I : Développement durable

Chapitre II : Les stratégies du développement durable

Chapitre III : La gestion intégrée des ressources en eau

Chapitre IV : La mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau

Mode d’évaluation : examens +Contrôle continu

1
LISTE DES FIGURES

Figures Pages
Fig.1 L'homme et l’environnement 7
Fig.2 Interactions entre pédoshère (sols), biodiversité (faune et flore), 9
Lithosphère (roches), hydrosphère (eau), atmosphère (air)
Fig 3 Proportions des gaz atmosphériques 9
Fig. 4 Les grandes dates du développement durable 13
Fig.5 Schéma du développement durable 15
Fig.6 Arborescence thématique du développement durable 15
Fig.7 Cycle hydrologique schématique 27
Fig.8 Concepts de base de la GIRE 30
Fig.9 Processus de développement de la GIRE 32
Fig.10 Approche globale de la gestion intégrée des ressources en eau 33
Fig.11 Structures et institutions de la gestion intégrée des ressources en eau 34
Fig. 12 Processus d’agrégation de l’information 36
Fig.13 Les étapes d'un processus local GIRE 40

LISTE DES TABLEAUX

Tableaux Pages
Tableau 1 tâches nécessaires à un système 36
Tableau 2 Etapes nécessaires à l’articulation d’une vision à long terme 43
Tableau 3 Les volets cadres de la gestion intégrée des ressources en eau 47

2
TABLE DES MATIERES

Avant propos ..................................................................................................................... 7


Quelques definitions ......................................................................................................... 7

Qu’est-ce que l’environnement ? .................................................................................. 7

1. L’eau ............................................................................................................. 8
2. Le sol............................................................................................................. 8
3. L’air .............................................................................................................. 9
4. La biodiversité ............................................................................................ 10

Qu’est-ce que le développement ? .............................................................................. 10

1. Le développement économique se traduit par ............................................ 10


2. Le développement social ............................................................................ 11

Chapitre 1 ........................................................................................................................ 12
le développement durable ............................................................................................... 12

I.1 Définition du développement durable ................................................................... 12


I.2 Approches du développement durable .................................................................. 13
I.3 Concepts du développement durable ..................................................................... 14
I.4 Grands principes du développement durable ........................................................ 15

I.4.1 Principe Environnemental ............................................................................. 16


1.4.2 Principe Economique ............................................................................... 16
1.4.3 Principe Social .............................................................................................. 16

1.5 Les principaux enjeux du développement durable dans les pays en développement
.................................................................................................................................... 16

Chapitre 2 ........................................................................................................................ 18
Stratégies du développement durable ............................................................................. 18

II.1 Introduction .......................................................................................................... 18


II.2 Objectifs et cibles de développement durable ...................................................... 19

Objectif 1. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
19

3
Objectif 2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition
et promouvoir l’agriculture durable ........................................................................ 20
Objectif 3. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être
de tous à tout âge .................................................................................................... 20
Objectif 4. Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des
possibilités d’apprentissage tout au long de la vie .................................................. 20
Objectif 5. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les
filles 21
Objectif 6. Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et
d’assainissement gérés de façon durable ................................................................ 21
Objectif 7. Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables
et modernes, à un coût abordable............................................................................ 21
Objectif 8. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et
durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ........................... 22
Objectif 9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation
durable qui profite à tous et encourager l’innovation ............................................. 22
Objectif 10. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre .............. 22
Objectif 11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ............................................................... 23
Objectif 12. Établir des modes de consommation et de production durables ...... 23
Objectif 13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements
climatiques et leurs répercussions........................................................................... 23
Objectif 14. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et
les ressources marines aux fins du développement durable ................................... 23
Objectif 15. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les
exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la
désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre
fin à l’appauvrissement de la biodiversité .............................................................. 24
Objectif 16. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux
fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en
place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous
24
Objectif 17. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial
pour le développement durable et le revitaliser ...................................................... 25

4
1. Finances ...................................................................................................... 25
2. Technologie ................................................................................................ 25
3. Renforcement des capacités ........................................................................ 25
4. Commerce ................................................................................................... 25
5. Questions structurelles ................................................................................ 25

chapitre III ...................................................................................................................... 26


Gestion intégrée des ressources en eau ......................................................................... 26

III.1 Le bassin versant ................................................................................................ 26


III.2 Les ressources en eau .......................................................................................... 26
III.3 Cycle de l’eau ..................................................................................................... 26
III.4 La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) .......................................... 27
III.5 Principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau .................................... 29

Principe 1. L'eau douce est une ressource finie et vulnérable, essentielle au


maintien de la vie, au développement et à l'environnement. .................................. 29
Principe 2. La mise en valeur et gestion de l’eau devrait se baser sur une approche
participative, impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs
politiques à tous les niveaux. .................................................................................. 29
Principe 3. Les femmes jouent un rôle central dans l’approvisionnement, la gestion
et la sauvegarde de l'eau.......................................................................................... 29
Principe 4. L'eau a une valeur économique dans toutes ses utilisations concurrentes
................................................................................................................................ 29

III.6 Concepts de la GIRE........................................................................................... 30

1. Équité sociale .............................................................................................. 30


2. Efficacité économique ................................................................................ 31
3. Durabilité écologique .................................................................................. 31

III.7 Les défis de la GIRE ........................................................................................... 31

1. Le Comité Technique du Partenariat mondial de l’eau, ............................. 31


2. Le Global Water Partnership (GWP) et le Réseau International des
Organismes de Bassins (RIOB) .......................................................................... 32

III.7 Objectif de la GIRE ............................................................................................ 32

1. Structures et institutions de la gestion intégrée des ressources en eau ....... 33

5
2. L’information sur l’eau ............................................................................... 34

chapitre IV ...................................................................................................................... 37
Mise en œuvre de la gestion intégrée.............................................................................. 37
des ressources en eau ...................................................................................................... 37

IV.1 Introduction ........................................................................................................ 37

1. Réponses structurelles................................................................................. 37
2. Réponses institutionnelles........................................................................... 37

IV.2 Mise en œuvre de la GIRE ................................................................................. 37

IV.2.1 Le manuel de formation (CAP-NET 2005) ................................................. 37

1. Un cadre politique et juridique où il faut : .................................................. 38


2. Un cadre institutionnel : .............................................................................. 38

IV.2.2 Le livret Logowater (2008).......................................................................... 39

1. Initier un processus local GIRE .................................................................. 39

Etape 1 Evaluation initiale .............................................................................. 40


Etape 2 Articulation d'une vision ................................................................... 41
Etape 3 Formulation d'une stratégie............................................................... 43
Etape 4 Exécution et évaluation du plan de gestion élaboré ........................... 43

IV.2.3 Le manuel RIOB_GWP ............................................................................... 43

1. Les questions clés ....................................................................................... 43


2. Volonté politique et systèmes de gestion par bassin................................... 44

IV.3 Les points communs des trois stratégies............................................................. 47

Bibliographie .................................................................................................................. 50

6
AVANT PROPOS
QUELQUES DEFINITIONS

Le management intégré des ressources en eau fait appel aux notions à la fois de de
l’environnement, des ressources en eau, du développement, du management, et de
gestion intégrée et des ressources en eau. Les définitions qui suivent constituent un
prérequis pour cette matière.

Qu’est-ce que l’environnement ?

Le système ISO 14001/1996 définit l’environnement comme le milieu dans lequel un


organisme fonctionne, incluant, l’eau, le sol, l’air, les autres ressources naturelles, la
biodiversité (flore et faune) les êtres humains et leurs interrelations. C’est le milieu dans
lequel les êtres humains, les écosystèmes et la biosphère évoluent dans un concept
spatio-temporel où la vie de l'homme sur terre incarne une diversité écologique
(environnement) et spécifique (espèces vivantes) en interactions dynamiques (fig.1).

Lithosphère
(Sol)

L'homme
Atmosphère Hydrosphère
Sur
(Air) (Eau)
Terre

Biodiversité

Fig.1 L'homme et l’environnement

7
L’environnement est constitué d’une diversité écologique :

1. L’eau

L’eau est une substance essentielle à la survie, au développement et à nombre


d’activités et de réalisations humaines. Sous des conditions particulières de température
et de pression qui règnent sur terre, l’eau y est présente dans ses trois états sous forme :
 de vapeur d’eau dans l’atmosphère qui enveloppe la planète
 de liquide sur la surface et dans la croûte terrestre et dans tous les organismes
vivants
 de glace dans les pôles ou aux sommets des hautes montagnes.
On distingue quatre grands réservoirs d’eau :
 les mers et océans
 les eaux continentales (superficielles et souterraines)
 l’atmosphère
 la biosphère.

2. Le sol

Le sol appelé pédosphère représente la couche superficielle meuble de la lithosphère


résultant de la transformation de la roche mère. Il est constitué d’une fraction minérale
résultant de la dégradation physique puis chimique de la roche mère suivant des
diamètres décroissants (les sables, les limons, les argiles), et d’une fraction organique
carbonée provenant de la décomposition d'êtres vivants végétaux et animaux constituant
l'humus, lequel est composé de carbone, d'hydrogène, d'oxygène et d'azote, et
d'éléments secondaires :le soufre, le phosphore, le potassium, le calcium et le
magnésium. Il est enrichi par des apports organiques, la présence des végétaux, des
animaux et des micro-organismes. Il permet l'ancrage des racines ; retient l'eau pour les
plantes et stocke les éléments nutritifs nécessaires à la vie. Le sol constitue donc le lieu
d’interaction entre la lithosphère, l’hydrosphère, l’atmosphère et la biodiversité.

8
Fig.2 Interactions entre pédoshère (sols), biodiversité (faune et flore),
Lithosphère (roches), hydrosphère (eau), atmosphère (air)

3. L’air

L’air est la couche gazeuse qui entoure le globe terrestre. Inodore et incolore, l’air est
responsable d'un effet de serre qui réchauffe la surface de la terre. La composition
chimique de l’effet de serre en grande proportion est: Diazote (N2), Oxygène (O2),
Argon (Ar). En petites proportions, on trouve : DiKrypton (Kr)Dioxyde de carbone
(CO2), Néon (Ne), Hélium (He) Méthane(CH4), Dihydrogène (H2),Vapeur d'eau (H2O)
Monoxyde d'azote, Xénon, Ozone, Dioxyde, d'azote, Iode, Monoxyde de carbone,
Ammoniac. Ces gaz sont à des proportions différentes.

Azote (N2)

Oxygène (O2)

A,CO2,Ne,He,Kr,Xe,H2,
O3,Rn

Fig 3 Proportions des gaz atmosphériques


https://eduscol.education.fr/obter/appliped/circula/theme/atmos22.htm

9
4. La biodiversité

Au cours de la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue le 5 juin 1992, la
diversité biologique a été définie comme :« la variabilité des organismes vivants de
toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend
la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. » En
d’autres termes la biodiversité, ou diversité biologique, est une expression désignant la
variété et la diversité du monde vivant. Elle soutient la santé de la planète. Elle fournit
tout l'oxygène, vital, que nous consommons, tout ce que nous mangeons (cultures
vivrières, bétail, poissons...); elle contribue à l'épuration et au cycle de l'eau, ainsi
qu'aux grands cycles biogéochimiques et à la régulation climatique. Elle fournit des
fibres pour l'habillement, du bois-énergie pour le chauffage, la construction
d'habitations, la papeterie. Elle produit ou inspire des médicaments.
La biodiversité est subdivisée en trois niveaux :
 diversité génétique : définie par la variabilité des gènes au sein d’une même
espèce ou d’une population
 diversité spécifique : correspond à la diversité des espèces
 diversité écosystémique : correspond à la diversité des écosystèmes, des
interactions des populations naturelles et de leurs environnements physiques

Qu’est-ce que le développement ?

Le mot développement vient de l’action de développer et/ou de se développer. Le


développement est l’évolution naturelle qui induit le changement et le progrès
économique et social.

1. Le développement économique se traduit par

Le développement économique se traduit par


 La hausse du taux d’alphabétisation
 Le développement du système de santé
 La construction d'infrastructures
 L'urbanisation
Les indicateurs du développement économique sont :
 Le PIB par habitant : permet de mesurer la richesse produite par la nation et

10
par individu
 L’indicateur de développement humain (IDH) : prend en compte le niveau de
vie, l’espérance de vie à la naissance, l'alphabétisation des adultes
 L’indicateur de pauvreté humaine (IPH) : mesure les privations ou exclusions
fondamentales que peut supporter une partie de la population
Les différents niveaux de développement :
‒ Les pays développés
‒ Les pays émergents (ou NPI)
‒ Les pays en transition
‒ Les pays en développement
‒ Les pays les moins avancés (PMA)

2. Le développement social

Le développement social se traduit par :


 Favoriser une citoyenneté active par laquelle les individus deviennent acteurs et
auteurs dans le développement de la cité. ‰
 Créer les conditions d’une véritable expression des habitants et générer des
modes de coopération et de concertation entre habitants, élus locaux, institutions dans
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques territoriales
 Contribuer à la lutte contre toute forme d’exclusion en aidant les hommes et les
femmes à jouir de leurs droits et assumer leurs devoirs vis à vis de la société
Les indicateurs du développement social sont :
 ICB : Indice des capacités de base indiquant les taux
de mortalité des enfants de moins de cinq ans,
de suivi de la maman et de l’enfant
et des enfants atteignant la cinquième année à l’école
 IEG :Indice d’équité de genre
indice qui sert à analyser la dimension de l’écart entre les genres (homme-femme)
Dimension Empowerment : écart entre professionnels et techniciens, écart entre
managers et directeurs, écart entre parlementaires, écart ministériel,
Dimension Activité économique : écart de taux d’activité, écart de revenus,
Dimension Éducation : écart d’alphabétisation, écart d’inscription en primaire, écart
d’inscription en secondaire, écart d’inscription en tertiaire.

11
CHAPITRE 1
LE DEVELOPPEMENT DURABLE

I.1 Définition du développement durable

Entre 1960 et 1970, la communauté internationale, ayant réalisé que les impacts
anthropiques causés par le développement socio-économique traditionnel des
civilisations à travers des générations passées ont détruit la santé humaine et la
durabilité environnementale. En effet, ce mode de développement a épuisé les
ressources de l'écosystème planétaire qui possède une capacité limitée d'absorber les
déchets et de régénérer les ressources renouvelables. Ainsi, une production et une
consommation sans cesse croissantes entraînent une importante détérioration des
systèmes naturels.
Peu après le Club de Rome en 1970, lors de la conférence de Stockholm tenue en 1972,
les Nations Unies ont élaboré un modèle de développement respectueux de
l'environnement et de la gestion efficace des ressources naturelles. L’expression «
développement durable » a été proposée pour la première fois en 1980 dans la stratégie
mondiale de la conservation publiée par le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE).
« Notre avenir à tous » est l’expression parue dans le rapport Brundtland de la
Commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement lancé en 1987.
Cette formule vise à réconcilier le développement économique et social, la protection de
l'environnement et la conservation des ressources.
Le rapport Brundtland définit ainsi le développement durable : « Un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures
de répondre aux leurs ». La préoccupation pour les générations futures est devenue tant
importante qu’une expression plus philosophique est donnée par Saint-Exupéry qui
affirmait que « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos
enfants ».
En 1991, la nouvelle stratégie de développement durable se traduit comme : le fait
d'améliorer les conditions d'existence des communautés humaines, tout en restant dans
les limites de la capacité de charge des écosystèmes.
En 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, la communauté internationale a adopté

12
l’Agenda 21 ou action 21(programme d'actions pour le 21e siècle dans divers domaines
afin de s'orienter vers un développement durable de la planète, qui fait du principe de
durabilité la nouvelle ligne directrice du développement humain.

Les grandes dates du développement durable


1972 Conférence des Nations 1992 Sommet
Unies sur l’environnement, de la Terre, Rio
Stockholm 2002, Sommet mondial
1987
Commission
du développement
Brundtland durable, Johannesburg
Rio +5
1970 1980 1990 2000
CDD6
halte à la croissance et
protection de l’environnement développement durable
évolution
écodéveloppement RSE
des
concepts Responsabilité Sociétale des Entreprises

performance économique,
sociale et environnementale
scientifiques et ONG
évolution
des gouvernements, nations
acteurs entreprises
Convention consommateurs
Climat Protocole
d’après AFNOR de Kyoto Christian Brodhag, DIDD

Fig. 4 Les grandes dates du développement durable d’après AFNOR

I.2 Approches du développement durable

Afin d’assurer un développement économique suffisant aux besoins actuels tout en


cherchant constamment à améliorer la condition humaine et à protéger l’environnement
et à préserver les ressources naturelles, le développement durable doit être axé sur
plusieurs approches résumées comme suit :

 Approche mondiale qui cherche à dépasser le clivage Nord-Sud en insistant


sur le fait que la dégradation de l'environnement a une dimension planétaire. Au
nord, c’est la limitation des déchets et des agents polluants comme le CO (dioxyde
de carbone), qui est prioritaire, tandis qu'au Sud c'est la maîtrise de la croissance
démographique qui capte l'attention.

 Une gestion écologique a comme objectif la transmission intergénérationnelle


du capital naturel. Elle vise à promouvoir de nouvelles images sociales de la nature
qui voient dans les ressources naturelles une source de bien être comme la beauté d’un

13
site, la santé et les loisirs. Cette gestion cherche en premier lieu à atténuer
l’irréversibilité de certaines actions polluantes commises dans le passé et tient compte
du fait que nous ne disposons pas de substitutions pour certains écosystèmes à l’heure
actuelle.

 Une prise de conscience des inégalités sociales et d’une éthique


nouvelle cherche à remédier aux conditions inégales dans lesquelles s’expriment les
choix économiques individuels. Seul, le choix libre et non contraint par la pollution, la
famine et l’ignorance est pertinent pour le fonctionnement des marchés. Et, seule la
réduction des inégalités des revenus et des fortunes permet de légitimer le
développement durable à grande échelle. Ces caractéristiques principales ont conduit à
définir le développement durable en termes interactifs des dimensions économique,
écologique et sociale.

I.3 Concepts du développement durable

Le concept développement durable signifie:


 le rythme d'utilisation des ressources naturelles renouvelables n'excède pas celui
de leur régénération;
 le rythme d'épuisement des ressources non renouvelables ne dépasse pas le
rythme de développement de substituts renouvelables ;
 la quantité de pollution et de déchets ne dépasse pas celle que peut absorber
l'environnement.
 la conciliation entre l’économie, l’écologie et le sociétal. Le développement
durable est un développement économiquement efficace, socialement équitable et
écologiquement soutenable. Schématisé par les trois cercles sécants, devenue classique,
affirme une approche double et conjointe dans l'espace et dans le temps.

14
Fig.5 Schéma du développement durable

I.4 Grands principes du développement durable

Pour changer les modes de développement actuels, qui sont incompatibles avec la survie
de la Terre, et opter pour un développement qui ne soit pas pénalisant pour les
générations futures, certains principes sont nécessaires :

Développement durable

Environnement Economie Social

cadre de vie Ressources Activités économiques Equité sociale Gouvernance


Emploi
et commerciales
- Services
- Solidarité
Equipement
- Logement Espace Cohésion
Ressources - Education
- paysage Optomisation sociale
formation
- santé_Hygiène - Participation
- Habitat
- déplacement
- Air - Patrimoine naturel
- bruit - Patrimoine architectural
- Sécurité

fig.6 Arborescence thématique du développement durable

15
I.4.1 Principe Environnemental

La protection de l’environnement dans un développement durable se traduit par la


recherche d’un cadre de vie de qualité, des équilibres écologiques, de la maîtrise des
risques naturels et technologiques et de la sécurité environnementale et sanitaire.
Ce qui signifie
- une exploitation rationnelle des ressources renouvelables, notamment en énergie
et en eau, afin de permettre à la nature de les renouveler.
- la pollution ne doit pas être supérieure à la capacité de l’air, de l’eau et du sol à
l’absorber et à la traiter.

1.4.2 Principe Economique

La dimension économique du développement durable suppose une meilleure répartition


et gestion des ressources avec une plus grande efficacité. Elle vise à favoriser une
gestion optimale des ressources humaines, naturelles et financières, afin de permettre la
satisfaction des besoins des communautés humaines, et ce, notamment, par la
responsabilisation des entreprises et des consommateurs au regard des biens et des
services qu'ils produisent.
En ce sens, cela signifie :

- le principe du pollueur/payeur.
- l’internalisation des coûts environnementaux, sociaux, éco-fiscalité, ....

1.4.3 Principe Social

Ce principe place l’homme, sa dignité et la satisfaction de ses besoins au centre des


préoccupations. En ce sens, l'accent est mis sur :

‒ l'amélioration des conditions et du cadre de vie des générations actuelles et futures.


‒ l'accès assuré aux ressources (économiques, sociales et physiques)
‒ le maintien du lien social dans le cadre de l'aménagement, la production et le
style de vie respectant les écosystèmes.

1.5 Les principaux enjeux du développement durable dans les pays en


développement

- La pauvreté, les maladies, l’éclatement de la cellule familiale, la délinquance et

16
l’usage de stupéfiants
- L’instabilité politique, les conflits, les inégalités de revenus, la marginalisation de
certaines minorités
- l’épuisement des ressources naturelles par l’érosion des sols, la déforestation, la
destruction des habitats et de la biodiversité, l’épuisement des ressources halieutiques,
la pollution
- Le changement climatique
- La croissance démographique
- Le taux de mortalité infantile et maternelle.
- La marginalisation par la croissance économique vulnérable, l’endettement extérieur,
la corruption, les conflits violents et l’insécurité alimentaire.

17
CHAPITRE 2
STRATEGIES DU DEVELOPPEMENT DURABLE

II.1 Introduction

La stratégie du développement durable est basée sur 17 objectifs et 169 cibles qui
s’inscrivent dans le prolongement des objectifs du Millénaire pour le développement.
Intégrés et indissociables, ils concilient les trois dimensions : économique, sociale et
environnementale.
Les objectifs et les cibles guideront l’action à l’horizon 2030 dans des domaines qui
sont d’une importance cruciale pour l’humanité et la planète :

L’humanité

L’action consistera à éliminer la pauvreté et la faim, sous toutes leurs formes et dans
toutes leurs dimensions, et à faire en sorte que tous les êtres humains puissent réaliser
leur potentiel dans des conditions de dignité et d’égalité et dans un environnement sain.

La planète

L’action consistera à lutter contre la dégradation de la planète, en recourant à des modes


de consommation et de production durables, en assurant la gestion durable de ses
ressources naturelles et en prenant d’urgence des mesures pour lutter contre les
changements climatiques, afin qu’elle puisse répondre aux besoins des générations
actuelles et futures.

La prospérité

L’action consistera à faire en sorte que tous les êtres humains aient une vie prospère et
épanouissante et que le progrès économique, social et technologique se fasse en
harmonie avec la nature.

La paix

L’action consistera à favoriser l’avènement de sociétés pacifiques, justes et inclusives,

18
libérées de la peur et la violence car il ne peut y avoir de développement durable sans
paix ni de paix sans développement durable.

Les partenariats

L’action consistera à mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre d’un


Partenariat mondial revitalisé pour le développement durable, qui sera mû par un esprit
de solidarité renforcé, où l’accent sera mis sur les besoins des plus démunis et des plus
vulnérables, et auquel participeront tous les pays, toutes les parties prenantes et tous les
peuples.

II.2 Objectifs et cibles de développement durable

Les objectifs et les cibles de développement durable tiennent compte des réalités, des
capacités et des niveaux de développement des différents pays et dans le respect des
priorités et politiques nationales. Chaque pays peut choisir, en fonction de sa situation et
de ses priorités nationales, entre plusieurs approches, stratégies, modèles et outils
différents pour parvenir au développement durable. A l’horizon 2030, la stratégie du
développement durable est constituée des 17 objectifs suivants, où il faudra :

Objectif 1. Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde

- l’extrême pauvreté dans le monde entier sera éliminée,

- tous les hommes et les femmes vulnérables auront les mêmes droits ux
ressources économiques et l’accès aux services de base, à la propriété foncière, au
contrôle des terres et à d’autres formes de propriété, à l’héritage, aux ressources
naturelles et à des nouvelles technologies et des services financiers adaptés à leurs
besoins,

- leur exposition aux phénomènes climatiques extrêmes et à d’autres chocs et


catastrophes d’ordre économique, social ou environnemental et leur vulnérabilité
sera écartée,

19
Objectif 2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer
la nutrition et promouvoir l’agriculture durable

- les pauvres, les femmes, hommes et enfants auront accès toute l’année à une
alimentation saine, nutritive et suffisante

- la productivité agricole sera intensifiée par l’investissement dans


l’infrastructure rurale et la mise en œuvre des pratiques agricoles résilientes qui
permettent d’accroître la productivité et la production tout en contribuant à la
préservation des écosystèmes et en renforçant la capacité d’adaptation aux
changements climatiques,

Objectif 3. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être


de tous à tout âge

‒ baisser le taux de mortalité des mamans, des nouveau-nés et des enfants

‒ mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies


tropicales négligées et combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau, les
substances chimiques dangereuses et par la pollution de l’eau et du sol et autres
maladies transmissibles en donnant l’accès à des services de santé essentiels de
qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et
d’un coût abordable

‒ diminuer la consommation des stupéfiants, le tabac et de l’alcool

‒ sensibiliser à la planification familiale et à l’éducation.

Objectif 4. Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des


possibilités d’apprentissage tout au long de la vie

- assurer un cycle d’enseignement pré-primaire, primaire et secondaire gratuit et de


qualité pour filles, garçons et enfants vulnérables (pauvres, handicapés..)
- éliminer l’analphabétisme et assurer pour les femmes et les hommes et
personnes vulnérables un enseignement technique, professionnel et universitaire
de qualité et d’un coût abordable pour un emploi décent,
- promouvoir l’éducation pour le développement durable en faveur du
développement, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la culture, de la
paix, de la citoyenneté, de la diversité...

20
Objectif 5. Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes
et les filles

- mettre fin à la discrimination, la violence et à l’exploitation à l’égard des


femmes et des filles,

- éliminer le mariage précoce ou forcé, valoriser les soins et travaux domestiques


par la mise en place de services publics, d’infrastructures et de politiques de
protection sociale,

- entreprendre des réformes visant à donner aux femmes les droits aux ressources
économiques, à la propriété et à la direction à tous les niveaux de décision dans la
vie politique, économique et publique,

Objectif 6. Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et


d’assainissement gérés de façon durable

- assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable, aux services


d’assainissement et à coûts abordables

- améliorer la gestion de l’eau pour une la qualité requise et quantité suffisante


en réduisant la pollution et les prélèvements et en augmentant le recyclage, la
réutilisation des eaux usées traitées et de l’approvisionnement en eau,

- adopter la gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux et protéger
les écosystèmes liés à l’eau,

- appuyer et renforcer la participation de la population locale à l’amélioration de


la gestion de l’eau et de l’assainissement

Objectif 7. Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables


et modernes, à un coût abordable

- accroître la part de l’énergie renouvelable et multiplier le taux mondial


d’amélioration de l’efficacité énergétique,

- renforcer la coopération internationale en vue de faciliter l’accès aux sciences et


technologies des énergies renouvelables et encourager l’investissement dans
l’infrastructure énergétique,

21
Objectif 8. Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et
durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous

- maintenir un taux de croissance annuelle du produit intérieur brut, un niveau


élevé de productivité économique par la diversification, la modernisation
technologique et l’innovation, l’accès aux services financiers, l’entrepreneuriat et
création des micro-entreprises et des petites et moyennes entreprises,
- dissocier croissance économique et dégradation de l’environnement,
- défendre les droits des travailleurs, y compris les migrants, les femmes, et ceux
qui ont un emploi précaire,
- développer un tourisme durable qui crée des emplois et met en valeur la culture
et les produits locaux,
- Renforcer la capacité des institutions financières nationales de favoriser et
généraliser l’accès de tous aux services bancaires et financiers et aux services
d’assurance,

Objectif 9. Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation


durable qui profite à tous et encourager l’innovation

- mettre en place une infrastructure de qualité, fiable, durable et résiliente et une


industrialisation durable qui contribue à l’emploi et au produit intérieur brut,

- renforcer la recherche scientifique, perfectionner les capacités technologiques


des secteurs industriels en encourageant l’innovation, la recherche-développement
et l’accès aux technologies de l’information et des communications,

Objectif 10. Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre

- assurer progressivement et durablement une croissance des revenus,


l’autonomisation et favoriser l’intégration sociale, économique et politique,
indépendamment de l’âge, du sexe, de l’handicap, de la race, de l’appartenance
ethnique, des origines, des religions ou du statut économique,
- éliminer les lois, politiques et pratiques discriminatoire et adopter des plans
budgétaire, salarial et dans le domaine de la protection sociale,

22
Objectif 11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables

- assurer l’accès de tous aux des services de base et à un coût abordable : les
logements, les systèmes de transport accessibles et viables, ..
- renforcer l’urbanisation durable, les capacités de planification et de gestion
participatives, protéger et préserver le patrimoine culturel et naturel mondial,
- réduire l’impact environnemental négatif des villes par habitant et porter
l’attention aux espaces verts, aux espaces publics sûrs, à la qualité de l’air et à la
gestion des déchets,
- Favoriser liens économiques, sociaux et environnementaux positifs entre zones
urbaines, périurbaines et rurales,

Objectif 12. Établir des modes de consommation et de production durables

- parvenir à une gestion durable, à une utilisation rationnelle des ressources


naturelles, à des modes de consommation et de production durables, à la réduction
des déchets et des pertes de produits alimentaires et chimiques tout au long des
chaînes de production, à favoriser le recyclage et la réutilisation et à la réduction
de leur déversement dans l’air, l’eau et le sol, afin de minimiser leurs effets
négatifs sur la santé et l’environnement,
- Mettre au point un tourisme durable créateur d'emplois et valorisant la culture
et les produits locaux,

Objectif 13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements
climatiques et leurs répercussions

- Améliorer l’éducation et la sensibilisation, renforcer les capacités individuelles


et institutionnelles et incorporer des mesures nécessaires dans les politiques
nationales face aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles liées au climat

Objectif 14. Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers
et les ressources marines aux fins du développement durable

- prévenir et réduire nettement la pollution marine de tous types, gérer et


protéger durablement les écosystèmes marins et côtiers afin d’éviter les graves
conséquences de leur dégradation et leur acidification en prenant des mesures

23
scientifiques en faveur de leur restauration,
- mettre un terme à la surpêche, à la pêche illicite, aux pratiques de pêche
destructrices
- approfondir les connaissances scientifiques, renforcer les moyens de recherche
et transférer les techniques marines dans l’objectif d’améliorer la santé des océans
et la biodiversité marine

Objectif 15. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les


exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la
désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre
fin à l’appauvrissement de la biodiversité

- garantir la préservation, la restauration et l’exploitation durable des


écosystèmes terrestres, des écosystèmes d’eau douce, des forêts, des zones
humides, des montagnes et des zones arides,
- lutter contre la désertification, la dégradation des sols, la sécheresse et les
inondations,
- Prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme au braconnage et au trafic
d’espèces végétales et animales protégées,
- mobiliser des ressources financières et intégrer la protection des écosystèmes et
de la biodiversité dans la planification nationale,

Objectif 16. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins


du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à
tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous

- mettre un terme à la violence, à la maltraitance, à l’exploitation, à la traite et à


la mortalité des enfants,
- réduire le trafic d’armes, la criminalité organisée, le terrorisme et la criminalité,
- garantir à tous une identité juridique, l’accès public à l’information et protéger
les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords
internationaux,

24
Objectif 17. Renforcer les moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial
pour le développement durable et le revitaliser

1. Finances

Améliorer la mobilisation de ressources nationales et supplémentaires en vue de


renforcer les capacités des pays en développement visant à encourager
l’investissement,

2. Technologie

Renforcer l’accès à la science, à la technologie et à l’innovation par la coopération


internationale dans les domaines de facilitation des technologies respectueuses de
l’environnement,

3. Renforcement des capacités

Appuyer les plans nationaux visant à atteindre tous les objectifs de développement
durable,

4. Commerce

Promouvoir un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert,


non discriminatoire et équitable

5. Questions structurelles

Cohérence des politiques et des structures institutionnelles mondiales du


développement durable et d’élimination de la pauvreté,

Renforcer le Partenariat mondial, public, public-privé permettant de mobiliser et


de partager des savoirs, des connaissances spécialisées, des technologies et des
ressources financières,

25
CHAPITRE III
GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU

III.1 Le bassin versant

Le bassin versant, appelé aussi bassin hydrologique ou bassin hydrographique, est une
unité topographique dans laquelle se produisent les entrées d’eau sous forme de
précipitations et des sorties d’eau par un exutoire. C’est une surface délimitée par une
ligne de crête, ou ligne de partage des eaux, drainée par un cours d'eau et ses affluents.
Son homologue souterrain est appelé bassin versant souterrain, désignant la zone dans
laquelle toutes les eaux souterraines s’écoulent vers un même exutoire ou groupe
d’exutoires. L’analyse des phénomènes hydrologiques dans le bassin versant dépendent
de sa morphologie (superficie, topographie, réseau hydrographique), ses caractéristiques
physiques (types de sols, géologie/hydrogéologie, taux et nature de la couverture
végétale), des conditions climatiques (pluviométrie, paramètres climatiques, variabilité
spatiale et temporelle) et des conditions initiales.
Le bassin versant est considéré comme une unité géographique globale et cohérente
pour appréhender la gestion des ressources en eau. C’est un lieu de rencontre entre des
phénomènes naturels et humains où tout est intimement lié.

III.2 Les ressources en eau

Une ressource est une richesse naturelle possédée et exploitée. Les ressources en eau
constituent la quantité d’eau nécessaire pour couvrir les besoins des usages
domestiques, agricoles et industriels. L’eau, élément naturel, a été appelé ressources en
eau avec la prise de conscience de sa rareté et de la nécessité de l’évaluer précisément
pour la gérer au mieux.

III.3 Cycle de l’eau

L’eau provient d’un cycle appelé cycle hydrologique subissant un processus de


transformations sous l’effet de l’énergie thermique fournie par le rayonnement solaire et
la gravité terrestre. Ce cycle se décompose en plusieurs phases : l’évaporation (des
océans, du sol et des plantes), la condensation dans l’atmosphère (nuages, brouillards et
leur transport par le vent), les précipitations (pluie de neige, de grêle…), les

26
ruissellement, infiltration et percolation, l’écoulement souterrain, le retour en surface
(sources, puits..), les écoulements de surface (rivières, fleuves et leur décharge dans les
lacs, les mers et les océans) et, de nouveau l’évaporation et la répétition du cycle.

Atmosphère

Précipitations Atteint les


S'évapore
plans d'eau

S'évapo
Atteint le sol Ruisselle
transpire

Atteint les
S'infiltre S'écoule
océans

Fig.7 Cycle hydrologique schématique (Laborde, 2000)

III.4 La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)

La GIRE a été évoquée pour la première fois lors de la Conférence internationale sur
l’eau et l’environnement qui s’est déroulée à Dublin en janvier 1992. Depuis, les
organisations non gouvernementales internationales ont donné différentes définitions
dans le cadre de leurs missions de développement et d’échange des connaissances au
niveau international :
→ A la conférence de Dublin en 1992, la déclaration sur l'eau dans la perspective
d'un développement durable énonce le principe n° 4 : « L'eau, utilisée à de multiples
fins, a une valeur économique et devrait donc être reconnue comme bien économique.
En vertu de ce principe, il est primordial de reconnaître le droit fondamental de l'homme
à une eau salubre et à une hygiène adéquate pour un prix abordable. Considérer l'eau
comme un bien économique et la gérer en conséquence, c'est ouvrir la voie à une
utilisation efficace et à une répartition équitable de cette ressource, à sa préservation et à
sa protection ».
→ A la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement
(CNUED), aussi connue sous le nom de "Sommet planète Terre" en 1992 à Rio de
Janeiro, dans l'Agenda 21, le Chapitre 18 dit : « L'eau doit être considérée comme une
ressource finie ayant une valeur économique et une importance certaine sur le plan
social et économique, compte tenu de la nécessité de répondre aux besoins
fondamentaux ».

27
→ La déclaration ministérielle du 2ème Forum mondial sur l'eau à La Haye en 2000
annonce que : « Identifier et évaluer les différentes valeurs de l'eau (économique,
sociale, environnementale, culturelle) et tenter d'accorder les coûts de stockage et de
traitement des eaux aux objectifs d'équité et de réponse aux besoins des populations
pauvres et vulnérables ».
→ Le Global Water Partnership (GWP), en 2000, définit la GIRE comme une
gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources associées, en vue de maximiser
le bien-être économique et social qui en résulte d’une manière équitable, sans
compromettre la durabilité d’écosystèmes vitaux. Cette définition est celle adoptée par
la communauté internationale et la plus répandue.
→ L’organisation internationale de l’eau (OIEAU), en 2001, attribue à la GIRE
trois fonctions principales : (i) la satisfaction des besoins rationnels et légitimes des
différentes catégories d’usagers, en cohérence avec un aménagement approprié des
territoires de bassin, (ii) la préservation durable des ressources et des écosystèmes liés à
l’eau, et (iii) la protection contre les risques d’inondation, sécheresse, érosion.
‒ La déclaration ministérielle du 3ème Forum mondial sur l'eau à Kyoto en 2003,
ajoute une valeur économique à l’eau. La déclaration annonce que
des fonds devraient être collectés au moyen de méthodes de constatation après
recouvrement des coûts, adaptées aux facteurs climatiques, environnementaux et
sociaux locaux et du principe "pollueur-payeur", tout en tenant réellement compte des
populations démunies. Toutes les sources de financement, public ou privé, national et
international, doivent être mobilisées et utilisées de la façon la plus efficiente et la plus
efficace qui soit.
‒ En 2004, le GWP passe de la définition de la GIRE à la notion de sa mise en
œuvre et précise que la GIRE n’est pas un but en elle-même, mais un outil qui permet
de s’attaquer aux défis de l’eau et d’optimiser la contribution de l’eau au développement
durable. Elle consiste à renforcer des cadres pour la gouvernance de l’eau afin
d’encourager des prises de décision appropriées en réponse à des situations et des
besoins changeants.
‒ L’UNESCO en 2006 souligne l’importance des accords internationaux et déclare
que la GIRE sera efficace et équitable grâce à une coopération accrue.

28
III.5 Principes de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau

La GIRE consiste à répondre à chacun des principes suivants:

Principe 1. L'eau douce est une ressource finie et vulnérable, essentielle au


maintien de la vie, au développement et à l'environnement.

Par rapport à ce principe, la GIRE rend nécessaire la coordination de la gamme


d’activités humaines qui créent des besoins en eau, déterminent les utilisations foncières
et génèrent des produits de déchets connexes à l’eau.

Principe 2. La mise en valeur et gestion de l’eau devrait se baser sur une approche
participative, impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs
politiques à tous les niveaux.

L’approche participative est le meilleur moyen pour réaliser un consensus et un accord


durable et commun. La décentralisation de la prise de décision au plus bas niveau
approprié est une stratégie pour une plus grande participation. La participation concerne
la prise de responsabilités, l’identification de l'effet des actions sectorielles sur les autres
utilisateurs de l'eau et les écosystèmes aquatiques et l’acceptation de la nécessité du
changement pour améliorer l'efficacité de l'utilisation de l'eau pour permettre le
développement durable de la ressource. Les gouvernements doivent aider à créer
l'opportunité et la capacité de participer, en particulier parmi les femmes et les autres
groupes sociaux marginalisés.

Principe 3. Les femmes jouent un rôle central dans l’approvisionnement, la gestion


et la sauvegarde de l'eau.

La GIRE exige une conscience du « Genre » en développant la participation entière et


efficace des femmes à tous les niveaux de la prise de décision. Faire participer
ensemble les hommes et les femmes dans les rôles influents à tous les niveaux de la
gestion de l'eau peut accélérer la réalisation de sa pérennité et permettre une gestion de
l'eau de manière intégrée et durable.

Principe 4. L'eau a une valeur économique dans toutes ses utilisations


concurrentes

et devrait être reconnue aussi bien comme bien économique que bien social.

29
Dans ce principe, la valeur de l'eau, reconnue importante relativement à son allocation
comme ressource rare, est obtenue par des moyens de régulation ou des moyens
économiques. L'eau a une valeur en tant que bien économique de même que bien social.
Il est essentiel de reconnaître d'abord le droit fondamental de tous les êtres humains à
avoir accès à l'eau potable et à l’assainissement à un prix accessible. La facture de l'eau
s’applique pour soutenir les groupes désavantagés, affecter le comportement envers la
conservation et l'utilisation efficace de l'eau, offrir des incitations pour la gestion de la
demande et assurer un recouvrement des coûts.

III.6 Concepts de la GIRE

L’objectif principal de la GIRE repose sur les concepts de l’équité sociale, l’efficacité
économique et la durabilité écologique :

Fig.8 Concepts de base de la GIRE

1. Équité sociale

Le concept de l’équité sociale concerne les conséquences de décisions et d’actions


auxquelles différents usagers de l’eau font face. L’accent est mis particulièrement sur
l’équité en ce qui concerne l’accès et l’usage des ressources en eau et les bénéfices
dérivés pour tous les groupes sociaux, indépendamment de leur statut économique,
emplacement géographique et des caractéristiques individuelles de leurs membres, telles
que les différences de sexe, âge, état de santé ou niveau de revenus.

30
2. Efficacité économique

L’efficacité économique traduit le besoin d’utiliser de la façon la plus économique


possible les ressources en eau pour maximiser les retours sur la valeur et ainsi atteindre
le plus grand bénéfice pour le plus grand nombre de personnes. Cette valeur ne se
calcule pas seulement en prix ; elle doit aussi comprendre les coûts et bénéfices sociaux
et environnementaux actuels et futurs.

3. Durabilité écologique

La durabilité écologique reconnaît l’environnement comme usage à part entière et exige


de maintenir les services fournis par les écosystèmes. Par conséquent, il ne faut pas
réduire les ressources en eau au-delà de tout espoir de réapprovisionnement par
procédés naturels ou intervention humaine. Ceci s’applique à la génération actuelle mais
aussi à celles qui vont suivre.

III.7 Les défis de la GIRE

La GIRE contribue à une gestion holistique des ressources en eau en prenant en compte
les divers intérêts sociaux, économiques et environnementaux. Elle reconnaît les
nombreux groupes d'intérêts divergents, les secteurs économiques qui utilisent et
polluent l'eau et les besoins de l'environnement.
L’objectif consiste à sortir de la gestion sectorielle au profit d’une gestion holistique
avec des actions concrètes telles que définies par :

1. Le Comité Technique du Partenariat mondial de l’eau,

Ce partenariat propose une stratégie qui permet de s’attaquer aux problèmes plus
efficacement, en identifiant les causes profondes et les solutions en dehors de tout cadre
monosectoriel. Cette stratégie permet d’éviter la situation où la solution d’un problème
dans un secteur entraîne un problème dans un autre secteur. Le comité recommande
d’utiliser les objectifs de développement national ou les défis liés à l’eau comme point
de départ, d’impliquer les hauts responsables des secteurs liés à l’eau dans des
processus décisionnels intégrés, de définir des rôles, les responsabilités, et les
financements visant à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement

31
Fig.9 Processus de développement de la GIRE (RIOB-GWP, 2009)

2. Le Global Water Partnership (GWP) et le Réseau International des


Organismes de Bassins (RIOB)

Le GWP et le RIOB recommandent un processus dynamique de création d’une stratégie


pour susciter et guider le changement qui prend en compte la dimension évolutive,
itérative et non linéaire de la GIRE afin que les systèmes de gestion des ressources en
eau s’inscrivent dans la durabilité.

III.7 Objectif de la GIRE

Le résultat des stratégies auront pour objectifs de convertir la gestion intégrée des
ressources en eau en une approche globale de l’eau, en termes d’usages et d’impacts, à
l’échelle du bassin versant (échelle minimale). Elle s’appuie sur une approche
transversale multi-sectorielle et verticale du local (rivière, ressource…) au global
(bassin versant, région) :

32
Fig.10 Approche globale
de la gestion intégrée des ressources en eau (Karambiri, 2007)

Deux systèmes sont identifiés :


Le système naturel (disponibilité, qualité de l’eau) →Enjeu = pérennité du système

Le système humain (utilisation de l’eau, production d’eaux usées..)→ Enjeu = bien


être socio-économique et de manière équitable

Afin d’atteindre une approche sectorielle et une gestion qui prendrait en compte les
deux systèmes il faut mettre en place des structures et des institutions ainsi que
l’information sur l’eau sous forme de base de

1. Structures et institutions de la gestion intégrée des ressources en eau

Le schéma suivant récapitule toutes les structures et les institutions nécessaires à la mise
en place d’une gestion intégrée des ressources en eau :

33
Infrastructures pour la gestion GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU
des crues et des sécheresses,
stockages multiples

Qualité de l'eau et protection


des ressources

Autres usages:
eau
Cadre institutionnel Irrigation
potable
et Energie Environnement Industrie
et
Drainage Navigation
Assainissement
Instruments de gestion ..........

Economie de gestion

Fig.11 Structures et institutions


de la gestion intégrée des ressources en eau (CAP-NET, 2005)

2. L’information sur l’eau

S’engager dans la GIRE commence par réaliser un inventaire sur l’état physique des
ressources en eau et des écosystèmes, des infrastructures locales, de la législation
concernée, des politiques existantes et des activités de gestion actuelles.
L’inventaire doit rassembler les informations nécessaires pour constituer une base de
connaissances qui donne une image globale de l’état de la gestion de l’eau. Ces
connaissances doivent être fiables et facilement accessibles et consultables par les
différents acteurs de la gestion de l’eau.
Le rôle du gouvernement local consiste à identifier les sources et les contacts
nécessaires à la collecte de toute information pertinente, de superviser, de coordonner,
de participer à la collecte des informations, de fournir les équipements et ressources
nécessaires à la mise en place d’un système efficace de stockage d’informations.
Il s’agit de mettre en œuvre un système d’informations d'aide à la décision concernant la
gestion des ressources en eau permettant de récolter, organiser, interpréter et divulguer
les informations indispensables aux décideurs.

Les tâches nécessaires à la construction de ces systèmes d’informations se fait par


étapes, résumées Tableau et la figure suivants :

34
Tableau 1 tâches nécessaires à un système d’informations (RIOB-GWP, 2009)
Taches-clés Description
Compilation d’une liste de sources Dresser une liste des institutions, organismes et toute autre source
d’information susceptible de fournir des informations utiles à la conduite de
l’évaluation initiale
Collecte d’informations Collecter des informations déjà disponibles dans les archives et
secondaires stocks de données de tous les services du gouvernement local
ainsi qu’auprès de certaines institutions et organismes extérieurs
identifiés. Cela devrait fournir une bonne compréhension de la
situation actuelle des ressources en eau tant au niveau physique,
au titre de la qualité, de la quantité et des tendances de la
demande, qu’au niveau juridique, à l’égard de la législation et de
la politique
Collecte de l’information primaire Collecter des informations au moyen d’enquêtes visant, par
exemple, à combler les lacunes sur les infrastructures et
l’environnement hydrologique locaux, et au moyen de
discussions avec la communauté locale afin de mettre en valeur
les préoccupations actuelles, tels les problèmes de santé qui
pourraient être liés aux ressources en eau locales
Stockage de l’information S’assurer que l’information est bien documentée et stockée d’une
manière systématique et structurée idéalement, cela devrait se
faire au moyen d’une base de données électronique toutefois,
cette tâche peut s’accomplir aussi à l’aide d’un système de
classement plus traditionnel pourvu qu’il soit bien organisé et
maintenu
Garantie de l’accès à l’information Assurer aux autres services du gouvernement un accès facile à
l’information compilée et, à l’extérieur, permettre à la société
civile de profiter du stock croissant de connaissances
Identification des parties Identifier les parties prenantes à un stade initial du processus en
prenantes vue de leur participation à l’élaboration d’un plan d’action local
pour la GIRE
Médias et relations publiques Annoncer l’intention d’entreprendre une évaluation initiale afin
de sensibiliser le public aux raisons de la collecte de
l’information et encourager le public à s’impliquer

35
Le processus de collecte et d’agrégation des informations de fait par étapes résumées ci-
dessous :

Exploitation de
l'information
Indice

Information traitée, organisée et


stockée
Etablir un partenariat
d'échanges

Collecte de l'information brute de base


Evaluations scientifiques et socio-économiques

Fig. 12 Processus d’agrégation de l’information (Bockstaller, 2006)

36
CHAPITRE IV
MISE EN ŒUVRE DE LA GESTION INTEGREE
DES RESSOURCES EN EAU

IV.1 Introduction

La mise en œuvre d'une GIRE relève d'un défi auquel il ne peut pas exister de solution
unique compte tenu de la nature et de l’étendue des problèmes qui diffèrent d’un pays à
l’autre et d’un bassin à l’autre. La réponse à ce défi exige des réponses de deux types :

1. Réponses structurelles

Qui consistent à recueillir des données sur l’eau, à faire l’inventaire et connaitre l’état
des infrastructures et à lancer l'opération et la maintenance des ouvrages

2. Réponses institutionnelles

Qui consistent à définir les politiques liées à l’eau voire créer un mandat propre à l’eau,
examiner la tarification, rassembler les connaissances et les informations sur l’eau.

La mise en œuvre de la GIRE a suscité l’intérêt de plusieurs institutions, à l'échelle


internationale pour mettre au point des outils nécessaires à la mise en place d'une GIRE
au niveau local. Parmi ces institutions, on compte le GWP "partenaire mondial de
l'eau", créé en 1996, ainsi que des institutions en partenariat avec le GWP.

IV.2 Mise en œuvre de la GIRE

Parmi les manuels de la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau, 3
sont cités ci-après :

IV.2.1 Le manuel de formation (CAP-NET 2005)

Le document a été rédigé en collaboration avec l'Agence Canadienne pour le


Développement International (ACDI), le Global Water Partnership (GWP) et le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans le cadre d'un
« Programme pour le Développement de l'Eau en Afrique ».

37
Le programme propose une planification ayant pour principes que l'Etat n'est pas le seul
responsable de la gestion des ressources en eau mais également la société, que la prise
de décision doit tenir compte d’un partage des résultats et des opportunités, procéder
d’une négociation transparente, d’une coopération et d’une action concertée plutôt que
centralisée afin que la planification soit entièrement intégrée et non sectorielle. Le plan
de la mise en œuvre de la GIRE proposé consiste à préparer :

1. Un cadre politique et juridique où il faut

- Clarifier le droit et les responsabilités des utilisateurs et des fournisseurs de


l'eau ;
- Clarifier les rôles de l'Etat par rapport aux autres parties prenantes ;
- Formaliser le transfert des allocations de l’eau ;
- Offrir un statut juridique aux institutions de gestion de l'eau du gouvernement et
des groupes d'utilisateurs de l’eau ;
- Assurer l'utilisation durable de la ressource.

2. Un cadre institutionnel

pour sortir d'une planification et d’une gestion des ressources en eau centralisée et
aboutir à une situation où la responsabilité du gouvernement est accompagnée de
structures autonomes et/ ou organisations communautaires de gestion des services
d’eau. Pour cela, il faut introduire le concept de la gestion intégrée des ressources en
eau, accompagné de la promotion du bassin fluvial comme unité géographique logique
pour sa réalisation. Les arrangements institutionnels permettent :
- Le fonctionnement d'un consortium de parties prenantes impliquées dans la prise
de décision avec la représentation de toutes les sections de la société et un bon
équilibre du « genre » ;
- La gestion des ressources en eau basée sur les frontières hydrologiques ;
- La prise de décision au niveau approprié le plus bas à partir de structures
organisationnelles au niveau du bassin et du sous–bassin ; La coordination, par
le gouvernement, de la gestion nationale des ressources en eau à travers les
secteurs d'utilisation de l'eau.

38
IV.2.2 Le livret Logowater (2008)

Le livret intitulé « Gouvernement local et gestion intégrée des ressources en eau » a été
élaboré par l'association de ICLEI (Local Governments for sustainability, International
Training Centre, Africa secretariat), Oxford University Centre for the Environment
(OUCE), Institute of Natural Resources (INR), IRC (International Water and Sanitation
Centre), International Union for Conservation of Nature (IUCN), Kalahari Conservation
Society (KCS), Institute for Water and Sanitation Development (IWSD) et Foundation
for a New Water Culture (FNCA). La partie 3 du livret s'intitule « S’engager en faveur
de la GIRE – Mesures et outils pratiques à l'usage des gouvernements locaux ».

Sous le slogan « Le gouvernement local a besoin de la GIRE et la GIRE a besoin du


gouvernement local », le livret s'appuie sur l'influence qu'exerce le gouvernement local
sur les ressources en eau dans la mesure où un gouvernement local, n’ayant pas de
mandat spécifique pour gérer les ressources en eau, est dépendant de la disponibilité
d’une quantité suffisante d’eau de bonne qualité pour assurer différentes fonctions
autorisées. En cela, il peut influer sur l’état (quantité et qualité) de l’eau disponible pour
les usagers en aval par l’évacuation des eaux usées, l’aménagement du territoire
urbain… Le gouvernement a un rôle significatif à jouer dans la mise en œuvre de la
politique GIRE et dans la réalisation d’objectifs tels que les Objectifs de
Développement du Millénaire (ODM) fixés par les institutions GIRE au niveau
international. Le livret vise le "quoi" et le "pourquoi" de la GIRE et évoque un plan pour
que le gouvernement local puisse renforcer son engagement vis-à-vis de la GIRE :

1. Initier un processus local GIRE

Le processus local GIRE est une approche structurée de la planification, de la mise en


œuvre, du suivi et de l’évaluation de la GIRE au niveau local.
Le processus comporte une évaluation initiale de divers aspects des ressources en eau,
une évaluation qui porte sur les cadres juridiques et institutionnels afférents et sur les
usagers d'eau de la région. Sur la base de cette information, une plate-forme regroupant
de multiples parties prenantes est mise en place pour élaborer la vision d’ensemble,
laquelle sera traduite en objectifs, en indicateurs et en cibles plus spécifiques à la suite
de choix stratégiques faits par le gouvernement local en coordination avec les parties
prenantes. Le processus de planification requiert deux conditions : un soutien politique
qui aidera à favoriser une sensibilisation à la GIRE et à obtenir des allocations
39
budgétaires ainsi qu’une coordination interne par un réseau de communication entre les
différents services du gouvernement local. Le processus local GIRE se présente comme
une série d'étapes qui doivent être constamment suivies, évaluées et affinées.

• Analyser les ressources en eau


locales pour établir la
Evaluation situation actuelle
initiale

• Formuler une vision désirable


Articulation de l'état des ressources en eau
d'une vision

• Dresser une stratégie qui


Elaboration réalisera la vision en saisissant
d'une les opportunités disponibles
stratégie à
long terme

• dresser un plan ambitieux


Planification mais réaliste
de l'action

Affiner le plan d’action


(et si nécessaire, la • Exécuter les actions
stratégie) sur la base des Mise en
résultats et recommencer oeuvre

• verifier les progrès


Suivi et
évaluation

Fig.13 Les étapes d'un processus local GIRE (Logowater, 2008)

Etape 1 Evaluation initiale

L’évaluation initiale rassemble les informations nécessaires pour constituer une base de
connaissances qui donne une image de l'état de la gestion de l’eau dans la région. Cela
comprend non seulement l’état physique des ressources en eau et des infrastructures
locales, mais aussi la législation concernée, les politiques existantes et les activités de
gestion actuelles. C’est aussi l’étape où les parties prenantes sont identifiées en vue de
leur intégration dans le processus de la GIRE et où une compréhension plus approfondie

40
des causes sous-jacentes aux problèmes actuels peut se dégager. Ces informations
doivent s'axer sur les catégories suivantes :
- La situation des ressources en eau locales, y compris l’évaluation de la quantité
et la qualité des sources d’eau souterraines et de surface, les taux de précipitation, la
demande moyenne et de pointe, ainsi que l’état des infrastructures hydrauliques ;
- La législation sur l’eau, telle que les lois sur l’eau et les procédures d’octroi de
licences ;
- Les parties prenantes clés, telles que les individus et les représentants de groupes
qui seront invités à participer à l'élaboration du plan d’action local pour la GIRE ;
- Les initiatives et institutions de gestion de l’eau, telles que les projets achevés et
en cours, et l’existence et les rôles des institutions au niveau du bassin, par exemple, qui
ont un impact sur les ressources en eau.
Pour effectuer cette étape, le gouvernement local doit identifier les sources et les
contacts nécessaires à la collecte de toute information pertinente, superviser, coordonner
et participer à la collecte des informations, fournir les équipements et ressources
nécessaires à la mise en place d'un système efficace de stockage d'informations qui soit
accessible aux habitants intéressés, établir une liste de parties prenantes et enfin mettre
en place une plate-forme à partir de laquelle elles pourront participer telles que les
universités et les institutions de recherche, ainsi que des consultants privés pouvant
aider le gouvernement.

Etape 2 Articulation d'une vision

L'avenir de la situation est une vision à long terme dans les 20 à 30 ans afin de dégager
un consensus avec les parties prenantes, donner une direction au processus GIRE et
favoriser l'appropriation du processus GIRE par le public. Le gouvernement doit
s'assurer, par l'organisation d'ateliers, de la participation et de la coordination des parties
prenantes pour aboutir à un consensus qui équilibre les différents besoins et intérêts des
usagers d'eau locaux. Ces actions sont résumées dans le tableau suivant sous formes de
tâches clés successives:

41
Tableau 2 Etapes nécessaires à l’articulation d’une vision à long terme (Logowater,
2008)
Tâches clés Description
Organisation L’organisation d’ateliers doit être la responsabilité du
d’ateliers gouvernement local, qui doit s’assurer que les parties
prenantes préalablement identifiées sont invitées. Un
facilitateur indépendant doit être nommé pour conduire les
ateliers et démontrer que les intérêts de tous seront également
pris en compte.
Il faut essayer de créer une ambiance informelle dans le cadre
clair et confortable. Des matériels tels que des chevalets de
conférence et des stylos doivent être fournis.
La désignation d’un haut fonctionnaire pour ouvrir la première
séance peut aider à mettre en valeur aux yeux des participants
l’importance du processus d’articulation d’une vision.
Création de la vision Le facilitateur de l’atelier doit recueillir les idées des
participants et celle-ci seront ensuite structurées, évaluées et
hiérarchisées par thèmes. Il n’y a pas de mauvaises idées, et
les thèmes risquent d’être très variés, mais plutôt discutés et si
possible, résolus.
A la fin des ateliers, la vision convenue doit être consignée
dans un document bref et bien rédigé. Ce document servira de
référence et devra être pris en compte au cours du processus
d’élaboration du plan d’action local pour la GIRE. L’unité de
coordination GIRE aura la responsabilité de s’assurer de
l’approbation de la vision par le conseil municipal.
Médias et relations La vision finalisée doit être activement diffusée dans toute la
publiques communauté locale. Cela peut se faire avec le concours des
bibliothèques, des écoles et des institutions publiques. Les
médias locaux doivent être sollicités en vue d’une bonne
couverture médiatique dans la presse locale ainsi qu’à la radio
et la télévision.

42
Etape 3 Formulation d'une stratégie

La stratégie à long terme rassemble les objectifs en matière de gestion locale des
ressources en eau à partir du diagnostic initial et de la vision à long terme qui s’en
dégage. Les objectifs sont spécifiés au moyen de cibles et d'indicateurs. L'élaboration
de la stratégie est nécessaire pour définir une approche cohérente vis-à-vis du plan
d'action local pour la GIRE, aider à maintenir l'orientation globale des politiques
locales, orienter et focaliser les initiatives et projets à effectuer dans le cadre du plan
d'action local pour la GIRE.

Etape 4 Exécution et évaluation du plan de gestion élaboré

Une fois les objectifs bien définis, des indicateurs permettront le suivi de l’exécution du
plan et détermineront d’apporter des changements s’il y a lieu de le faire.
Pour ce faire il faut se poser les questions suivantes :
- Le plan GIRE définit-il des objectifs à long et moyen termes vers une gestion durable
des ressources en eau, y a-t-il du progrès, les cibles annuelles et de moyen terme sont-
elles atteintes? Les systèmes d’évaluation et de suivi sont-ils adéquats et durables?
Quelles sont les contraintes participatives qui sont traitées dans la nouvelle gestion des
ressources en eau?

IV.2.3 Le manuel RIOB_GWP

Le Global Water Partnership (GWP), en collaboration avec le réseau international des


organismes de bassin (RIOB), a produit un manuel qui apporte des conseils pour
améliorer la gouvernance des ressources en eau à travers la mise en œuvre effective de
l'approche de la GIRE. Le manuel s'adresse aux gestionnaires de bassin et aux
représentants des gouvernements. Le manuel, qui se veut concret et facile à utiliser, fait
le lien entre les défis à affronter et les réponses apportées par la GIRE et offre des
propositions pour mettre en place ou moderniser les organismes de bassin afin de
faciliter l'adoption d'une approche de la GIRE.

1. Les questions clés

Le plan du manuel s’appuie sur des questions clés qui exigent :

- D’établir des lignes de communication directes avec les ministères et les

43
commissions gouvernementales concernés par la gestion des ressources naturelles.
- Que le soutien des responsables politiques de premier plan soit essentiel à
l'établissement du cadre juridique, des institutions et des procédures de gestion sur
lesquels reposent les systèmes efficaces de gestion par bassin.
- Que la volonté politique rende possibles l'élaboration des politiques, des lois et
des modalités de financement, ainsi que la mise en place d'institutions publiques stables
dans le domaine de la gestion de l'eau.
- D'impliquer les décideurs, de leur expliquer l'importance de la gestion intégrée
des ressources en eau en vue d'obtenir leur soutien et leur engagement.
- De se détourner d’une gestion de l'eau qui reposerait uniquement sur une
approche hiérarchisée et exclurait la participation des acteurs de l'eau. Ceci implique la
participation et la prise de décisions relatives aux ressources en eau, ainsi que le libre
accès aux informations. La liberté d'information est essentielle à l'identification de
solutions adaptées. Il est par conséquent difficile d'appliquer l'approche GIRE lorsqu'il
n'y a pas de transparence ou d'obligation de rendre des comptes.

2. Volonté politique et systèmes de gestion par bassin

La mise en place de la gestion par bassin nécessite une volonté politique, un


engagement de haut niveau et un dialogue entre les usagers de l'eau. La gestion par
bassin est régie par la législation et les politiques nationales ainsi que par les accords
internationaux. Les organismes de bassin s'inscrivent dans un cadre tridimensionnel : un
environnement favorable, des dispositions institutionnelles (rôles et responsabilités) et
des mécanismes de gestion.
Pour la mise en place d'une GIRE dans les sociétés hiérarchisées, il convient de
procéder par étapes en commençant par réunir les acteurs de l'eau et identifier les
préoccupations communes. Les étapes suivantes peuvent inclure la collecte et l'échange
d'informations, puis la présentation de propositions au gouvernement pour son
approbation.
Pour la coordination des acteurs, l'intégration doit être à la fois verticale, de façon à
cibler différents niveaux hiérarchiques, et horizontale de façon à cibler différents
usagers de l'eau et groupes affectés. L'intégration horizontale réunit les ministères
responsables des activités qui ont un impact sur l'eau (ministères chargés des finances,
de la planification, de l'agriculture, du transport et de l'énergie) et les ministères

44
responsables sur le plan social ou environnemental (ministères de la santé et de
l'environnement). Les instances de coordination ministérielle telles que les comités
interministériels et les conseils des ministres, constituent des instruments de
coordination pour faire face à des situations conflictuelles en termes de consommation
d'eau domestique, d'irrigation, de protection de l'environnement, d'hydroélectricité et de
loisirs, de pollution ou de modification des débits. Ces instances ne sont efficaces que si
leurs actions bénéficient de l'engagement des ministres et un soutien au plus haut niveau
(par exemple, du Président, du Premier Ministre). Le dialogue consiste en des
plateformes intersectorielles et amont-aval impliquant les acteurs de l'eau dans la
définition des priorités et la planification du bassin. Un tribunal de l'eau, instance
indépendante dotée de pouvoirs judiciaires ou quasi-judiciaires, est mis en place pour
débloquer des négociations ou statuer sur des questions telles que le partage de l'eau, la
tarification de l'eau ou la modification du débit des fleuves. Les lois et politiques
nationales fixent les règles qui déterminent le rôle de tous les acteurs de l'eau dans
l'aménagement et la gestion des ressources en eau et précisent les responsabilités des
secteurs public et privé. Il est nécessaire au préalable de bien comprendre les trois volets
du cadre de gestion de l'eau dans lequel sont prises les décisions relatives à l'eau pour la
mise en œuvre d'une GIRE :

45
Tableau 3 Les volets cadres de la gestion intégrée des ressources en eau (RIOB-
GWP, 2009)
Un environnement Des institutions Des mécanismes
favorable de gestion
Lois et Politiques Rôles et responsabilités Mécanismes de gestion
pour :
 Cadre de gestion  Organismes de
des ressources en eau bassin et autres  Evaluer les
d’un pays ou entre pays organisations du secteur ressources en eau
Dialogues entre usagers de l’eau à différents (disponibilité, qualité et
niveaux de secteurs besoins
de l’eau
public, non  Mettre en place des
 Dialogues trans- gouvernemental et privé systèmes de
sectoriels et amont-aval  Mécanismes communication et
 Comités de bassins efficaces de coordination d’information
Budgets  Processus de  Résoudre les
planification conflits liés à l’allocation
 Agences de de l’eau
 Financements
financements et
 Etablir une
investissements règlementation
Coopération
 Préciser les
 Au sein des bassins modalités financières
fluviaux transfrontaliers  Etablir l’auto
régulation (actions
volontaires)
 Mener des
recherches
 Réaliser des travaux
d’aménagements
 Garantir
l’obligation de rendre
comptes
 Renforcer les
capacités
organisationnelles
 Coordonner les
acteurs

Il est peu probable que tous les éléments du cadre de gestion de l'eau soient en place ; en
conséquence, la mise en place et le fonctionnement d'un organisme de bassin se feront
par étapes en s'appuyant sur l'existant et en prenant les mesures suivantes :
- réaliser un inventaire de l'état des ressources en eau et des écosystèmes ;
- évaluer les besoins et les priorités d'intervention ;

46
- identifier les acteurs concernés pour l'ensemble des secteurs de l'eau et du
développement, qu'il est nécessaire d'associer à la gestion ;
- définir des systèmes d'échange des connaissances, des données et de
l'information ;
- établir des mécanismes visant à coordonner la prise de décisions entre les
différents niveaux et acteurs ;
- encourager le dialogue entre les acteurs de l'eau ;
- préciser les processus d'allocation de l'eau ;
- réduire la pollution de l'eau et restaurer les écosystèmes ;
- lutter contre les inondations et les sécheresses (variabilité climatique) ;
- assurer le financement de la gestion de l'eau.
Les organismes de bassin doivent non seulement respecter la législation nationale mais
également les accords internationaux ou régionaux. Les organismes de bassin doivent
pouvoir bénéficier de l'assistance d'experts en droit international, afin de s'assurer qu'ils
comprennent et respectent, le cas échéant, les accords juridiques internationaux ou
régionaux.

IV.3 Les points communs des trois stratégies

Les différentes méthodologies de la mise en place de la GIRE décrites dans les manuels
ci-dessus reposent sur deux cadres : un cadre structurel où l'unité "bassin
hydrographique" est pratique pour la mise en place de la GIRE et un cadre institutionnel
où la prise de décision est décentralisée, l'Etat n'étant plus le seul responsable de la prise
de décision, cette dernière relevant d'un partage, d'une coordination et d'une
concertation entre les parties prenantes identifiées préalablement et les organismes de
bassins créés pour accomplir cette mission. D'autre part, le lancement du projet GIRE
requiert, pour chacune des méthodes, une évaluation, laquelle est basée sur une collecte
de données et d'information sur l'état de la ressource eau, des besoins, des
infrastructures et des politiques locales. De ce fait, viser une GIRE représente un défi
puisqu'il faut une volonté de l'Etat, une réforme politique, une liberté et transparence
d'information et un redécoupage administratif.
La mise en œuvre de la GIRE peut être résumée par des plans élaborés par chacun des
manuels comme suit :

47
Le manuel CAP-NET créé en 2005 insiste sur le partage des responsabilités entre
l’Etat et la société et une prise de décision qui se fait suite à une concertation et non de
façon centralisée. Ce manuel propose la mise en place d’un :
- cadre juridique où sont clarifiés le droit et les responsabilités des utilisateurs et
des fournisseurs de l'eau, définis les rôles de l'Etat par rapport aux autres parties
prenantes, formalisés les transferts des allocations de l'eau, arrêtés les statuts juridiques
des institutions de gestion de l'eau du gouvernement et des groupes d'utilisateurs de
l'eau, tout cela pour assurer les utilisations durables de la ressource.
- cadre institutionnel pour sortir d'une planification et une gestion de ressources en
eau centralisée au niveau des frontières hydrologiques du bassin versant. Les décisions
proviennent d'un consortium de parties prenantes avec la représentation de toutes les
sections de la société et un bon équilibre du « genre », mais en même temps le rôle du
gouvernement est de coordonner la gestion nationale des ressources en eau.
Le livret Logowater en 2008 insiste sur le rôle significatif du gouvernement local qui,
n’ayant pas de mandat spécifique pour gérer les ressources en eau et étant dépendant de
la disponibilité d’une quantité suffisante d’eau de bonne qualité pour assurer différentes
fonctions autorisées, influe sur l’état (quantité et qualité) de l’eau disponible aux
usagers en aval par l’évacuation des eaux usée, l’aménagement du territoire urbain… la
GIRE étant un des objectifs de développement du millénaire (ODM).
La mise en place de la GIRE commence par une évaluation initiale de l’état physique
des ressources en eau, des infrastructures locales, des législations et des politiques ainsi
que l’identification des différentes parties prenantes. Cette première étape nécessite une
organisation de l’information appuyée par le gouvernement par rapport à la source, les
contacts et le stockage. La deuxième étape consiste en la formulation d’une stratégie
avec une vision à long terme sur 20 à 30 ans.
Le manuel RIOB-GWP s’adresse aux gestionnaires de bassins et aux représentants des
gouvernements comptant sur leur volonté politique et leur soutien pour l’établissement
du cadre juridique, des institutions, à élaborer des politiques, des lois et des modalités
de financement, d’impliquer les décideurs et de faire participer les acteurs. Pour ce faire,
le manuel insiste sur une liberté d’information et la transparence.
La mise en place de la GIRE repose sur une véritable volonté politique pour
l’élaboration des politiques, des lois, des modalités de financement, la mise en place des
institutions dans le domaine de la gestion de l’eau ainsi que la participation, appuyée sur

48
une liberté d’information de tous les acteurs de l’eau, sans quoi la GIRE ne pourrait
réussir.
La GIRE est mise en place dans un cadre de bassin versant nécessitant le dialogue entre
les usagers de l’eau. Elle est régie par la législation, les politiques nationales et les
accords internationaux.
Ce manuel propose donc 2 volets :
Au niveau gouvernemental
- Réunir les acteurs, instituer les instruments de coordination, définir la
planification du bassin.
Au niveau du bassin
- Elaborer des systèmes d’informations sur la base de données, hydrologiques,
géographiques, techniques, économiques, institutionnelles et juridiques relatives
à l’eau au niveau du bassin.
- Etablir des mécanismes visant à coordonner la prise de décisions entre les
différents niveaux et acteurs.
Dans les chapitres IV et V, nous évaluerons la gestion de l’eau en Algérie, au niveau
gouvernemental et au niveau du bassin de la Tafna, au regard d’une synthèse des
critères avancés dans ces différents documents.

49
BIBLIOGRAPHIE

Bockstaller C., 2006, Méthodes d’agrégation de l’information, Ecolechercheurs7,


INRA,
Bockstaller C., 2006. Méthodes d’agrégation de l’information, Ecolechercheurs7,
INRA ;
Bravard J-P. & Petit F., 2000, Les cours d’eau : Dynamique du système fluvial, Edition
Armand Colin,
Brüschweiler Sabine, 2003, Gestion Intégrée des Ressources en Eau(GIRE) – La voie
du développement durable, focus N1/03, Inforessources,
CAP-NET, 2005, Plans de gestion intégrée des ressources en eau, Manuel de
Formation et Guide Opérationnel, Mars 2005;
Cemagref-Chercheurs d'eau, 2000, Comprendre le bassin versant,
Gangbazo G., 2004 , La gestion intégrée de l’eau par bassin versant : concepts et
application , Direction des politiques de l’eau, Bureau de la gestion par bassin
versant, Ministère de l’Environnement , Québec, Canada,
GWP (Global Water Partnership), 2004, Catalyzing Change: a handbook for developing
integrated water resources management (IWRM) and water efficiency strategies.
Stockholm, Elanders,
Harouna Karambiri, 2007, Introduction à la GIRE : définition et principes, Session de
formation « expertise hydrologique et gestion intégrée de l'eau aux échelles
nationale et régionale» Ouagadougou, du 26 au 30 mars 2007,
Laborde .J-P, 2000, Eléments d'hydrologie de surface, Equipe Gestion et Valorisation
de l'Environnement, U.M.R. 5651, Espace du C.N.R.S., Edition 2000,
LoGoWater (Gouvernement local et Gestion integrée des ressources en eau, 2008,
Parties, I, II, III et IV, Editeur: ICLEI (Local Governments for Sustainability,
Africa Secretariat),
Musy André, 1998, Hydrologie appliquée, Edition *H*G*A* Bucarest, ISBN : 973-
98530-8-0,
Nations Unies, 2015, Transformer notre monde : le Programme de développement
durable à l’horizon 2030, Soixante-dixième session sur la résolution de
l’Assemblée générale du 25 septembre 2015, A/RES/70/1*,

50
PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), 2005, Investir dans le
développement : plan pratique de réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement, Projet Objectifs du Millénaire, 2005,
PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), 2005, Communiquer sur
le développement durable, Comment produire des campagnes publiques efficaces,
Futerra, sustainability communications ;
RIOB (Réseau International des Organismes de Bassins) & GWP (Global Water
Partnership), 2009, Manuel de gestion des ressources en eau par bassin, ISBN
978-91-85321-73-5 ?
UICN/PNUE/WWF, 1991, Sauver la planète, Stratégie pour l'avenir de la vie, Gland,
Suisse,
Vaillancourt J.-G, 1994, Penser et concrétiser le développement durable, Écodécision,
no 15.

51

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi