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1- La position de la Commission Théologique Internationale sur

quelques questions concernant l’Eschatologie

 La résurrection du Christ et la nôtre.

En partant de 1 Co 15, 3-4 et Jn 11, 25, la Commission Théologique


International fait remarquer non seulement l’effectivité de la Résurrection du
Christ mais aussi que le Christ lui-même est « la résurrection et la vie ». Il est
également l’espérance de notre résurrection. Cette foi est bien professée dans le
crédo de Nicée-Constantinople. La résurrection du Christ n’est pas fermée sur
elle-même. Bien plus, elle s’étendra un jour à tous ceux qui lui appartiennent.
Cette résurrection de ceux qui appartiennent au Christ est comme le sommet du
mystère qui a déjà commencé au baptême.

Face aux perplexités de notre monde actuel, l’opposition actuelle ne doit


pas davantage nous effrayer. La réponse chrétienne à la perplexité de l’homme
contemporain, comme à l’homme de tous les temps, a pour fondement le Christ
ressuscité, et elle est contenue dans l’espérance de la glorieuse résurrection
future de tous ceux qui appartiennent au Christ. Ce sera une résurrection à
l’image de celle du Christ lui-même.

Dans sa résurrection, le Christ a pris un corps glorieux et touchable.


Cependant, il n’a pas repris son état de vie terrestre et mortel. Il en sera de même
pour nous à la résurrection. Il s’agit d’une vérité digne de foi car, seul Dieu
possède la science du futur qu’il peut aussi révéler à l’homme comme vérité
digne de foi. Ainsi, reçue par la foi, la résurrection du Christ signifie quelque
chose de définitive également pour la résurrection des morts. Notre communion
dans le Christ ressuscité sera complète lorsque, nous aussi, nous serons
corporellement ressuscités. Le corps qui vit maintenant et celui qui ressuscitera
est le même.

1
 Le ciel

Il faut souligner que « Dieu est la “réalité ultime” de la créature. Notre


aspect de communion et d’association avec Dieu dans le Christ est la fin ultime
de l’homme, de l’Église et du monde. Le ciel c’est parvenir à lui Dieu.
Commencée sur terre, cette communion avec le Christ est proclamée comme
l’unique objet d’espérance dans l’état après la mort : ‘’être avec le Christ’’.
Après la mort, la communion devient plus intense : aussi cet état après la mort
est-il désirable.

On ne parvient à cet aspect positif de la mort que par la manière de mourir


que le Nouveau Testament appelle « la mort dans le Seigneur » (Ap 14,13). La
résurrection finale glorieuse sera donc la communion la plus parfaite, y compris
corporelle, entre ceux qui sont au Christ, déjà ressuscités, et le Seigneur
glorieux. À partir de tout cela, il apparaît que la résurrection du Seigneur est
comme l’espace de notre future résurrection glorieuse, et que notre résurrection
future elle-même doit être interprétée comme un événement ecclésial.

 Le purgatoire c’est Dieu en tant qu’il purifie.

Le Nouveau Testament affirme un certain stade intermédiaire de ce genre


puisque la survie immédiatement après la mort y est enseignée comme un thème
différent de celui de la résurrection, laquelle n’est manifestement jamais posée
par le Nouveau Testament au moment de la mort. Il faut ajouter que, lorsqu’on
affirme cette survie, on souligne, comme idée centrale, la communion avec le
Christ. Commencée sur terre, cette communion avec le Christ est proclamée
comme l’unique objet d’espérance dans l’état après la mort. Aussi l’état
intermédiaire est-il conçu comme transitoire, sans doute désirable par l’union
avec le Christ qu’il implique, mais de sorte que l’espérance suprême demeure
toujours la résurrection des corps (1 Co 15, 53).

2
En ce qui concerne les âmes des défunts qui ont encore besoin de
purification après la mort, « l’Église, en ses membres qui cheminent sur la terre,
offre pour eux ses suffrages à travers le sacrifice de la messe, les prières, les
aumônes et les autres œuvres de piété que les fidèles ont l’habitude d’offrir pour
les autres fidèles.

Pour ceux qui ne l’ont pas fait suffisamment sur terre par la pénitence,
l’Église croit qu’il existe un état de purification après la mort 1, c’est-à-dire « une
purification préalable à la vision de Dieu2 ». Puisque cette purification a lieu
après la mort et avant la résurrection finale, cet état appartient au stade
eschatologique intermédiaire ; plus encore, l’existence de cet état montre
l’existence d’une eschatologie intermédiaire.

Quand le Magistère affirme que, immédiatement après la mort, les âmes


des saints jouissent de la vision béatifique de Dieu et de la communion parfaite
avec le Christ, il présuppose toujours qu’il s’agit des âmes qui se trouvent
purifiées. Aussi, bien que les paroles du Psaume 14 [15], 1-2 se rapportent au
sanctuaire terrestre, elles ont une profonde signification pour la vie après la
mort. Elles précisent que rien de souillé ne peut être introduit dans la présence
du Seigneur.

 L’enfer

L’enfer, c’est perdre la communion avec Dieu. De fait, la mort dans le


Seigneur implique la possibilité d’une autre manière de mourir : la mort hors du
Seigneur, qui conduit à la seconde mort (Ap 20, 14). Dans cette mort, la force du
péché, par lequel la mort est entrée dans le monde, manifeste au suprême degré
sa capacité à séparer de Dieu.

L’Église croit qu’il existe un état de condamnation définitive pour ceux


qui meurent chargés d’un péché grave. Il faut absolument éviter de comprendre
1
Concile de Trente, Décret sur la justification, canon 30 (DS 1580).
2
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre Recentiores episcoporum Synodi, no 7 ; La Documentation
catholique 76 (1979), p. 709.
3
l’état de purification avant la rencontre avec Dieu de manière trop semblable à
celui de la condamnation, comme si la différence des deux ne consistait que
dans le fait que l’un serait éternel et l’autre temporaire : la purification après la
mort est « tout à fait différente du châtiment des damnés ». En réalité, on ne peut
pas comparer un état dont le centre est l’amour de Dieu et un autre dont le centre
est la haine. Celui qui est justifié vit dans l’amour du Christ. Son amour devient
plus conscient avec la mort. L’amour qui tarde à posséder la personne aimée
souffre et, par cette souffrance, se purifie. Saint Jean de la Croix explique que le
Saint-Esprit, comme « Vive Flamme d’Amour », purifie l’âme pour qu’elle
parvienne à l’amour parfait de Dieu, aussi bien ici sur terre qu’après la mort si
c’est nécessaire ; en ce sens, il établit un certain parallélisme entre la purification
qui a lieu dans ce qu’il appelle les « nuits » et la purification passive du
purgatoire[186]. Dans l’histoire de ce dogme, le manque d’application à montrer
cette profonde différence entre l’état de purification et l’état de condamnation a
créé de graves difficultés dans le dialogue avec les chrétiens orientaux. Cette
doctrine de l’enfer jette la théorie de la réincarnation.

 Le jugement

Le jugement, c’est le discernement de Dieu de ceux qui lui appartiennent.


Le rôle du Christ dans le jugement est de récupérer le corps du chrétien, par
opposition à la « donation »), présuppose cette foi. Dans le soin que l’on prenait
du cadavre, on voyait un « devoir d’humanité » combien plus le Christ exercera
son droit d’arracher à la damnation celui qui l’a choisi dans son existence
terrestre.

 La parousie du Christ
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la parousie du Christ est indiqué comme le moment de la résurrection des morts.
Cette résurrection sera d’une manière telle que l’on ne voit pas qu’il s’agit
réellement de « cette chair dans laquelle nous vivons maintenant ». Dans le
Nouveau Testament, la parousie est un événement concret qui conclut notre
histoire. On fait violence à ses textes quand on cherche à expliquer la parousie
comme un événement permanent qui ne serait rien d’autre que la rencontre de
chaque individu, dans sa propre mort, avec le Seigneur. Le refus de
l’atemporalisme, selon lequel les morts individuelles successives coïncideraient
avec la résurrection collective, doctrine étranger à la pensée biblique, implique
l’existence du temps intermédiaire entre les morts individuelles et la résurrection
collective.

2- Rapprochement de la position Rahner et celle de Ratzinger à la


doctrine chrétienne

La position de la Commission Théologique Internationale sur les fins dernières


rejoint celles de Rahner et de Ratzinger.

En effet, Rahner soutien que la doctrine sur les fins dernières a pour
fondement la foi en la mort et la résurrection du Christ. Il « reconnait à la mort
de Jésus une signification rédemptrice qui annule notre état de pécheur devant
Dieu et instaure entre Dieu et l’homme une relation de salut »3. Selon lui, cette
mort de Jésus est cause de notre salut.4 Étant partenaire de Dieu, l’homme,
malgré cela ne peut en aucun cas connaitre totalement la fin du monde.
L’eschatologie vient donc aider l’homme à appréhender les choses connues.
Rahner soutient également que l’eschatologie bien qu’étant individuel est
également collective.

Quant à Ratzinger, c’est dans son ouvrage La mort et l’Au-delà, qu’il


aborde les questions relatives à l’eschatologie chrétienne. Selon lui le Royaume
3
KARL Rahner, Traité fondamental de la foi, études sur le concept du christianisme, éd. Cerf, Paris, 2011, p. 316.
4
Idem. p. 317.
5
de Dieu, c’est Jésus Christ en tant que promesse faite par Dieu qui se réalise. Il
réhabilite la notion chrétienne de l’immortalité de l’âme, notion corrompue par
des pensées matérialiste et philosophique. Cette notion réhabilitée sera reprise
comme doctrine orthodoxe. De plus, pour lui la résurrection des mort trouve
sens et accomplissement dans le personne de Jésus Christ. La capacité de choisir
d’être avec ou sans Dieu détermine déjà le ciel. Car, pour lui « Dieu a un
respect absolu de la liberté de sa créature. L’amour peut lui être donné, et,
partant, la possibilité d’échapper à toute insuffisance qui est en elle-même. »5
Le cardinal soutient l’idée d’un état de purification à la communion parfaite
avec le Christ. Les âmes détenues dans cet état sont aidées par le suffrage des
fidèles et surtout par le sacrifice du l’autel qui est agréable à Dieu. aussi
soutient-il que la résurrection est totale dans la mesure où c’est l’homme tout
entier qui ressuscite.

5
Joseph, cardinal RATZINGER, la mort et l’Au-delà, éd. Fayard, 1994, p. 224.
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