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Olivier Rigaud
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Notre démarche est avant tout un acte citoyen. Il s'agit d' une sorte de cahier de doléances
dans lequel nous souhaitons exprimer nos inquiétudes et nos craintes quant à notre avenir. Ce court
document se veut l’écho d’une frange de la jeunesse diplômée française arrivant sur un marché du
travail bien préoccupant et incertain. Je vous remercie d’avance de bien vouloir prêter l’oreille à une
situation inquiétante qui frappe de nombreux jeunes gens. Les étudiants titulaires du niveau Master
dans les facultés de Lettres et de Sciences Humaines s'inquiètent en raison de leur avenir
professionnel. En effet, beaucoup d'entre nous se retrouvent après l'obtention de leur diplôme à
cheval entre deux réformes ; celles-ci apportent une nouvelle dimension au sein de l'université par
rapport à l'orientation professionnelle avec pour but d'éviter le cumul des échecs dans ses cursus, et
cela dès la licence. Mais après plusieurs années de longues études, nous sommes confrontés à la
réduction du nombre de postes proposés aux concours de la fonction publique et aux perspectives
Nous avons grandi avec deux chimères, véhiculées à la fois par l'Education Nationale et par
notre entourage : celle des diplômes, tout d'abord, qui seraient des sésames pour notre avenir et
professionnellement que nous avons opté pour ces études. Lorsque l'on atteint le niveau Master en
Université, nous n'en sommes plus à nous demander ce que l'on veut faire, car nous faisons déjà ce
Se réorienter après un long cursus universitaire n'est pas un choix aisé, ni une chose facile.
Pourtant cela devient quasiment une obligation tant l'ouverture au marché du travail pour les
diplômés de Lettres et de Sciences Humaines est devenu extrêmement difficile. Les entreprises
françaises ne font pas confiance à ces diplômes, pourtant nous avons des compétences
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professionnelles à proposer, nous sommes des personnes très polyvalentes qui avons développé un
sens de la curiosité et de l'adaptation. Choses relativement bien comprises dans le monde anglo-
saxon et outre-Rhin, où l'accès au marché du travail n'est pas un problème pour les étudiants ayant
suivi des cursus comme le nôtre. En France, nous souffrons beaucoup de cette image de milieu
contestataire et doux-rêveur, qui ne représente en fait qu'une minorité d'agitateurs, loin de la réalité
Ce que nous tentons d'exprimer ici ce sont nos craintes et nos peurs quant à notre avenir qui
se fait de plus en plus incertain. Bien que notre propos s'appuie essentiellement sur le témoignage et
le vécu des étudiants d'Histoire-Géographie, ces doléances peuvent également s'étendre aux autres
cursus de Lettres et Sciences Humaines qui n'en sont pas moins polyvalents.
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I - Vers les métiers de l'enseignement
nouvelle réforme en cours, la formation des futurs enseignants est laissée aux bons soins de
l'Université. Sans nous permettre de juger le principe des réformes, ni leur contenu, elles nous
temps est nécessaire avant que la machine se mette en marche, ce qui de fait crée des difficultés
pour les personnes à la charnière entre l’ancien système et le nouveau ; ce qui est le cas de nombre
d’entre nous. De plus nous voyons s'accumuler toute une série de réformes qui semblent s'empiler
comme un mille-feuille. Cette impression n'est pas seulement perceptible dans l'enseignement ou le
milieu universitaire, mais paraît s'étendre à l'ensemble du secteur public à l'image des gouvernances
territoriales ; une accumulation de services dédoublés ayant les mêmes objectifs et drainant
d'importants budgets et personnels. Si l'on devait prendre une image symbolique, le système
français serait un peu comme sa personnification, Marianne, dont la chevelure couverte du bonnet
phrygien n'aurait pas vu l'ombre d'un peigne depuis des décennies. Imaginons un instant le résultat,
cela donnerait un paquet de noeuds que l'on tenterait de démêler mais à chaque fois on se
La « masterisation » s'applique logiquement pour les étudiants qui en sont au début de leur
cursus, mais pour ceux qui ont été formés dans l'ancien système, nous assistons à un cumul de
diplômes et de formations qui sont démodés avant même que l'étudiant devienne un actif ; ainsi,
nous possédons un Deug, qui n'a plus de valeur depuis le passage au système LMD et un Master
universités doivent donc « bricoler » pour s'adapter à ces changements, comme pour les modalités
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d'inscriptions de la session 2010-2011 au Capes d'Histoire-Géographie : Les titulaires d'un Master
ne peuvent dorénavant plus s'inscrire en préparation Capes (comme cela était possible lorsque la
préparation s'effectuait dans le cadre des IUFM), Ces étudiants titulaires doivent alors s'inscrire en
préparation Agrégation, pour avoir une inscription administrative, donc une couverture sociale, et
pour pouvoir suivre les cours de Master préparant au Capes. D'autre part, l'application de la réforme
actuelle, fixant à Bac + 5 le niveau pour enseigner, a mis sur le côté des titulaires de Licences
travaillant déjà comme vacataires. Puisqu'ils ne sont pas à niveau, ils doivent ainsi reprendre leurs
« professionnalisation », certains éléments du programme ne sont pas abordés durant tout le cursus,
à l'image de l'empire des « Han » en Chine, de la dynastie des « Gupta » en Indes ou encore des
empires africains précédents la période coloniale. Pourtant ces enseignements sont obligatoires dans
les programmes du secondaire. Durant notre formation aux concours, il nous est spécifié qu'un
enseignant ne doit pas consacré plus de quatre heures à la préparation d'une heure de cours, mais
lorsque nous somme totalement ignorant sur un sujet, l'acquisition des bases ne peut se faire
qu'après l'étude d'au moins un manuel, qui dépasse très largement ce temps de préparation.
L'aspect intellectuel de la formation d'enseignant n'est qu'une partie des compétences qu'il
doit développer, d'autant que depuis une vingtaine d'années le problème récurrent rencontré dans ce
métier est le problème de la discipline des élèves et de l'autorité de l'enseignant face à des classes de
plus en plus difficiles, tout milieu social confondu. Les professeurs réclament des « moyens
supplémentaires », un terme qui est souvent interprété par les différents interlocuteurs comme un
chèque de plus versé au budget. Ces « moyens » ne sont-ils pas d'ordre humain? A savoir le moyen
de redonner de l'autorité à l'enseignant. Dans ce cas, il s'agit d'un lourd combat à mener dans une
société où l'individualisme ambiant rechigne à la moindre autorité. Ce métier semble avoir perdu de
sa splendeur, l'enseignant n'est plus perçu comme une autorité morale fédératrice mais comme un
« poilu » de 1916 qu'on lance à l'assaut d'un nid de mitrailleuse. L'enseignant est pris dans un stress
multiscalaire, écrasé entre le marteau et l'enclume ; il est broyé à la fois, par une hiérarchie
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soucieuse de faire de meilleurs résultats en faisant le moins de vagues possible. Il se retrouve
ensuite concassé par des parents d'élèves très exigeants qui reportent leur propre ego sur des enfants
qu'ils ont couvés comme des rois. Il se retrouve, enfin, achevé par des élèves à l'égocentrisme
exacerbé, victimes de leurs différents familiaux ou clients d'un consumérisme superficiel, les
rendant allergiques à toutes critiques ou à tous sens des responsabilités. « Agir en fonctionnaire
éthique et responsable », selon l'intitulé de la nouvelle question du Capes, ne peut pas être possible
sans le soutien tacite des différents acteurs du milieu éducatif. L'enseignant devient alors la cible de
tous ces conflits d'intérêts auquel il n'est nullement préparé. Cet aspect « chair » à canon est,
probablement, l'un des principaux facteurs de la démotivation des enseignants et des candidats aux
nouvelle formule, qui devait bénéficier d'un soutien tutoriel dès la rentrée 2010-2011, pris dans le
blocage administratif habituel entre la réforme qui le lâche sur le terrain quasi sans expérience et ses
celui des Masters « Recherches » dont nous sommes tous titulaires. Ceux-ci avaient la vertu d'être
très formateur, comme le constate un étudiant issus d'un cursus professionnel ; le Master
« Recherche » lui a permis d'améliorer son aisance à l'écrit tout en développant sa curiosité ; des
compétences qui lui sont grandement utiles dans la préparation des concours. Son parcours
professionnel atypique, lui confère également une expérience qu'il pourra sans doute partager avec
certains de ses élèves dont l'avenir paraît assombri par des résultats scolaires chaotiques. Les
qualités de l'étudiant en master lui confèrent des points forts qui pourraient séduire des recruteurs
sur le marché du travail : un esprit d'analyse et de synthèse, une bonne compréhensions des
un esprit critique, une bonne expression écrite et orale de la polyvalence, etc. Tout un bagage
intellectuel qui fait l’atout majeur des formations du cursus Lettres et Science Humaines, mais qui
1 « Je n'ai pas la moindre idée de la réalité d'une classe » Le Monde.fr du 02/09/2010. Recueil de témoignage de
jeunes enseignants.
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est malheureusement trop peu mis en valeur est reconnu. L'adaptabilité étant peut-être la plus
nombreux domaines, à la fois politiques, culturels et économiques. En bref, il cumule toutes les
La tendance actuelle est censée rapprocher les entreprises de l'université et des laboratoires
de recherches, en cela certaines filières universitaires sont plus favorisées que d'autres. Dans le
cadre d'une économie de marché basée sur la libre concurrence, les entreprises ont besoin d'être à la
pointe de la recherche. L'autonomie des universités dont il était question avec la loi LRU va dans
cet objectif, ce qui est très respectable, néanmoins, les facultés de Lettres et de Sciences humaines
ne possèdent pas cet aspect stratégique, les notions de connaissances de l'Homme, de sa culture où
de son identité paraissent à mille lieux des intérêts économiques. Et pourtant, à l'heure de la
globalisation, les stratégies économiques poussent les entreprises à adopter une vision
internationale, à ouvrir des filiales dans de nombreux pays. Cette globalisation aurait tendance à
uniformiser les différents acteurs et les intégrer dans un même costard sans prendre en compte les
différences culturelles de ces pays. Est-ce qu'une entreprise peut s'exporter n'importe où sans avoir
marchés en Irak, or la population de ce pays est en proie à des tensions multiethniques qui
favorisent un sentiment identitaire exacerbé. Méconnaître ces facteurs serait dangereux pour toute
entreprise commerciale. Au travers de cet exemple, l'Université française pourrait intervenir comme
consultante auprès de ces firmes transnationales. Les facultés créditées du sérieux de leurs équipes
de recherches, deviendraient des prestataires intégrées au monde de l'entreprise, favorisant ainsi des
débouchés pour des étudiants dont l'avenir n'est destiné qu'aux métiers de l'enseignement. Bien
entendu, toutes les universités ne peuvent avoir un rayonnement suffisant pour se faire ainsi
connaître, mais dans le cadre de l'autonomie des Universités, chacune aurait la responsabilité de se
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spécialiser dans des domaines spécifiques susceptibles d'intéresser les entreprises. Cela
revaloriserait l'image des Lettres et Sciences Humaines, à la fois auprès des entreprises, mais aussi
du public. En effet, l'idée (très fortement répandue) selon laquelle les étudiants de ces filières ne
savent rien faire et sont inutiles est inadmissible et totalement infondée. Il faut absolument faire
Cette coopération existe peut-être déjà, mais l'image de marque de l'Université n'est pas la
sortant d'une « grande école » aura plus de facilités à s'insérer sur le marché du travail qu'un
étudiant sortant de la faculté. En effet, la faculté est le parent pauvre du « supérieur ». Il y a donc
une concurrence déloyale des « grandes écoles » à l'encontre de la faculté. Ces dernières, même si
elles forment de très bons étudiants et là n'est pas la question, possèdent surtout des moyens
supérieurs à l'université et bénéficient d'une image hautement valorisée. Sans compter qu'un certain
corporatisme entretient cette image. Pour faire simple : les étudiants sortant d'une grande école sont
considérés comme une élite, alors que ceux de la faculté sont perçus comme des bons à rien. La
caricature est facile, mais la réalité n'est pas si éloignée, tout du moins dans l'esprit de nombreux
employeurs. Il y a donc une université à deux vitesses : une garantissant des débouchés et l'autre un
Pour l'heure, les étudiants en fin de cursus universitaire semblent n'avoir d'autres alternatives
que les concours. Si l'on tient compte des chiffres de la session 2009-2010, des 5 000 candidats
inscrits, 3 500 se présentèrent aux épreuves écrits, 1472 furent admissibles et 620 ont obtenus leur
Capes. Du fait de la réforme qui avance le calendrier de l'écrit au mois de novembre les chiffres
cette année devraient être plus faibles, tandis que le taux d'admissibilité devrait être sensiblement le
même (toutefois légèrement inférieur). Il reste, néanmoins une incertitude pour les années
suivantes, que se passera-t-il si les effectifs repartent à la hausse alors que le nombre de postes
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pourraient encore diminuer?
Les huit cent et quelques recalés de la session 2009-2010 sont tout de même avantagés par
rapport aux nouveaux arrivants. Les chances d'obtenir le Capes en deux fois restent malgré tout
importantes, mais en cas d'une réduction continue des postes le niveau d'échec augmentera, et dans
ce cas le problème de réinsertion de ces étudiants sera plus criant. Quant à l'agrégation, inutile de
s'attarder dessus, plus de la moitié des reçus sont issus des Écoles Normales Supérieures de Paris ou
de Lyon. Face à des étudiants qui ont consacrés nombres d'années pour atteindre un tel niveau,
De nombreuses solutions nous ont été rapportées, ainsi ceux qui ne sont pas trop avancés en
âge se permettent de gagner du temps en préparant un doctorat, alors que ce diplôme de niveau
bac+8 n'a aucune valeur en dehors de l'université. Dès la licence des professeurs nous ont d'ailleurs
conseillé de choisir une voix « alimentaire », celle qui nous fera gagner notre pain quotidien, mais
c'est l'alternative des concours. Alors, les titulaires des doctorats se retrouvent à courir des petits
contrats dans les différents laboratoires, bénéficiant d'une reconnaissance tardive où servant de
« nègres » à leurs directeurs de recherche2. De ce fait ils rejoignent les cohortes « d'intello
précaires »3 qui mettent leur savoir et leur énergie pour la recherche nationale sans être reconnu à
En cas d'échec à un concours, certains vont tenter d'autres concours, ils vont s'inscrire dans
une autre formation et perdre encore un an voir plus à essayer de décrocher un sésame dans la
fonction publique. Les années s'écoulant, les malheureux candidats n'ont plus qu'à descendre les
échelons, passant à des concours de catégories A, puis B, et C....et on pourrait ainsi parcourir toute
catégories ne sont même plus conseillés, les candidats sont orientés vers les catégories inférieures,
avec des promesses, tout sourire, d'évoluer en interne ; une option qui se révèle difficile pour ceux
2 COMENGE, Yannick, « Harcèlement, précarité et solitude : les affres d'un chercheur », Rue 89 du 17/02/2009.
3 ARTUS, Hubert, « Les galères des intellos précaires, prolos du savoir », Rue 89 du 14/04/2009.
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Pour ceux qui ne peuvent continuer, c'est le marché de l'emploi qui les attend mais que vaut
diplôme intellectuel qui n'est pas réellement reconnu par les employeurs, il ne leur reste plus qu'à
faire comme nombre de diplômés du supérieurs, en falsifiant la réalité sur leur C.V., allant jusqu'à
omettre de mentionner le Master pour favoriser leur recrutement pour des emplois d'intérimaires,
afin qu'on ne se sente pas obligé de les rémunérés au-delà de toutes prétentions. Pour eux c'est le
D'autres, choisissent la reconversion par des Master plus flatteurs, ayant de meilleurs
débouchés. Cette option est une réorientation complète qui met l'étudiant à rude épreuve, en outre
ça lui permet de faire valoir ses propres polyvalences. Certaines de ces formations commencent à
Le fait de choisir une voie professionnelle et se réorienter par la suite est devenu chose
banale de nos jours. La réorientation est favorisée par des formations de type AFPA, mais
nombreuses sont les formations privées proposant le même type de services moyennant finance ;
chose souvent inaccessibles pour un jeune en reconversion fraîchement diplômé. Il manque peut-
être à l'Université française, un service actif qui pourrait venir en aide aux étudiants de ces filières
afin de faciliter les reconversions, par des Masters de reconversion par exemple, tournés vers
l'entreprise ou autres... Pourquoi ne pas aussi faciliter les ponts entre certaines filières, vers le droit
et la gestion par exemple. Un étudiant de formation littéraire pouvant faire prévaloir des
compétences (par des matières optionnelles hors de son cursus initial) juridiques ou autres lors d'un
entretien d'embauche pourrait ainsi être avantagé. Ce système se rapproche un peu d'un système à
« l'américaine » où les matières prisent séparément comptent autant que le cursus en lui-même.
Dans tous les cas il faut trouver des moyens de valoriser les facultés en général et surtout la filière
D'autre part, la France s’est souvent distinguée par son patrimoine et par sa culture. Notre
image de marque réside, en grande partie, dans cet aspect de notre société.
Le chercheur en histoire, ou autre discipline tout aussi valorisante, est un moteur essentiel pour
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développer cette culture, que beaucoup de pays nous envie. Le patrimoine et l'histoire sont liés
ensemble comme deux siamois. Ce secteur est un aboutissement logique des études d'Histoire, mais
ce choix d'orientation s'opère en Licence généralement. De plus pourquoi ne pas plus orienté les
étudiants en Histoire (par exemple) vers des métiers de mise en valeur du patrimoine, c’est-à-dire
relier patrimoine/Histoire et tourisme. La France est l’un des pays les plus visités du monde,
pourquoi ne pas faire des Historiens et Géographes le fer de lance d’une culture patrimoniale à la
fois tournée vers la recherche, mais aussi par une mise en valeur touristique de notre patrimoine et
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Nous avons parcouru un ensemble de situations exprimant un malaise au sein d'une
génération d'étudiants qui se sent un peu comme des laissés-pour-compte, une génération teste qui
expérimente régulièrement de nombreuses modifications dans le cursus, sans que cela n'améliore
leur situation. D'un côté, ceux qui choisissent la voie de l'enseignement, et dont beaucoup accèdent
à un métier auxquels ils ne sont nullement préparés et de l'autre ceux qui cumulent les échecs sans
C'est un choc psychologique de ce dire que nous n'avons peut-être pas fait les bons choix.
Devons-nous culpabiliser de s'être orienté sur une voie de garage (qui au demeurant ne l'est pas)?
Ne pouvons-nous nous en prendre qu'à nous même si nous avons eu la naïveté de croire qu'on nous
donnerai un emploi automatiquement grâce à l'obtention d'un diplôme. C'est justement la valeur
même du diplôme qui nous maintient à flot, nous sommes tout de même titulaire d'un niveau bac +
5. Il y a trente ans, un tel Curriculum Vitae aurait été perçu comme valorisant. L'obtention d'un
diplôme de ce niveau est récompensée par tout un cérémonial aux États-Unis. En France, on reçoit
ce papier plusieurs mois plus tard et par voie postale, comme un vulgaire prospectus. A notre
niveau, nous voilà rattrapé par la dévaluation des diplômes. Depuis des années le baccalauréat ne
vaut plus rien, alors qu'on lui accole très facilement cette image de cadeau. Aujourd'hui ce sont les
diplômes supérieurs qui sont touchés, à commencer par les moins « rentable » sur le marché de
l'emploi.
Alors que nous reste-il pour retrouver notre fierté? Partir à l'étranger? C'est pourtant ce qui
se passe avec la fuite des « cerveaux ». C'est un comble pour une nation qui avait la réputation
Nous sommes ainsi confronté à un malaise symptomatique fait de craintes pour notre avenir,
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car à 25 ans passés nous avons tous des espoirs et des rêves dont la réalisation semble de plus en
plus compromise. Peut-être que la précarité deviendra la norme pour ceux qui ne sont pas bien nés
ou qui n'ont pas la chance de bénéficier de réseaux pour les faire évoluer.
Près de 220 ans se sont écoulés depuis l'abolition des privilèges, en ce temps des hommes
avaient rêvés d'un idéal de liberté, d'égalité et de fraternité. Deux siècles de combats, de luttes, de
frictions, de sacrifices pour en arriver à ce point, pourtant ces mots sont encore d'actualité, notre
époque revendique toujours une certaine égalité des chances, d'ascenseur social...ce peut-il que ce
ne soit encore qu'un mirage? Doit-on cesser de rêver tout en lisant en toutes lettres les vertus de la
Si notre inquiétude est légitime pour notre propre sort, nous ne pouvons que constater une
généralisation de ce sentiment, on en vient à angoisser pour le destin de notre pays. L'Histoire nous
a appris que l'équilibre des nations et des États pouvait souvent basculer à cause des peurs. Nous
vivons dans une société où les failles paraissent de plus en plus nombreuses, où la méritocratie
recule face au népotisme ; une société où la souveraineté de l'État semble s'effriter. Qu'adviendra-t-
il de notre pays, confronté à des générations de citoyens perdus, d'un recul constant de l'autorité de
l'État, dans un monde où l'on ne sait même plus à quel saint se vouer? Les angoisses de la
population, font naître des peurs, et ces peurs ne sont-elles pas les plus dangereuses pour la sécurité
de tous? L'histoire ne nous a-t-elle pas appris les risques qu'encourent les nations à la dérives?
En espérant que ce court texte vous aura éclairé sur la situation de nombreux jeunes gens,
dont l’avenir semble incertain et qui ne voient que la précarité comme seule issue. Nos craintes sont
entre vos mains, il s’agit ici non pas d'un cri de révolte, mais d’un cri de désespoir d’une génération
abandonnée à elle-même.
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