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Dossier : aiguiller flux et données

e-business, EAI et Business Intelligence

Le triptyque
gagnant

Alain Fernandez
Consultant indépen-
dant, il intervient
depuis plus de 15
ans auprès des
grands comptes et
Afin de "coller" plus étroitement à la chaîne de valeur client, les technologies
des PME sur la
conception des sys- de "business intelligence" sont intégrées au cœur de la conception du
tèmes d’information système d’information. Les techniques de l’EAI permettent aujourd’hui de
stratégiques
bâtir des solutions viables et évolutives.

L
’arrivée de l’e-business boule- lisateurs en matière de coopération et
verse profondément les structures d’assistance à la prise de décision à
des organisations et par consé- tous les niveaux. Bref, il apporte toute
quence la conception des systèmes l’aide nécessaire à l’amélioration glo-
d’information. Traditionnellement bale de la réactivité du système.
Le système d’information
limités à un périmètre départemental et Prenons un exemple typique d’e-busi-
ne se contente plus de fonctionnel, les projets doivent désor- ness. Dans le cadre du B2O (Build-to-
traiter exclusivement les mais s’apprécier dans une dimension Order), le client potentiel a la possibi-
questions de
rationalisation des beaucoup plus large pour contribuer lité de concevoir, depuis son poste, un
processus efficacement à la construction de la produit personnalisé correspondant à
chaîne de valeur orientée client. Ainsi, son besoin ou son désir du moment.
le système d’information ne se Cependant, il souhaite autre chose
contente plus de traiter exclusivement qu’un simple choix articulé autour
les questions de rationalisation des pro- d’un catalogue d’options plus ou moins
cessus. En intégrant la business intelli- complet. Une fois le produit défini et
gence au cœur de sa conception, il personnalisé de façon interactive, avant
devient alors opérationnel pour de passer commande, le prospect
répondre aux attentes légitimes des uti- attend notamment en retour un devis

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FIGURE 1 • INTERCONNEXION AVEC LES SI


FOURNISSEURS ET CLIENTS
SI Fournisseurs SI Interne SI Clients

SCM ERM CRM


Il est temps d’abandonner
l’usine sans homme

Bus informationnel

Chaîne de valeurs

du fournisseur confirmant la faisabilité de la business intelligence, l’interve-


du choix, le prix et la disponibilité. Ces nant dispose des moyens pour répondre
informations ne pourront être produites à son client sans risque et en toute
qu’après analyse des disponibilités et connaissance de cause.
de l’état des ressources internes et D’une manière plus générale, et pour
après interrogation de l’ensemble des tous les secteurs de l’entreprise, il est
différents partenaires. Seule, l’inter- temps d’abandonner les schémas d’au-
connexion des systèmes d’information tomatisation absolue issus des aspira-
dans un esprit de coopération globale tions désormais dépassées de l’usine
permet alors d’apporter une réponse sans homme. La réussite de l’entreprise
rapide (voir figure 1). intégrée est fortement dépendante de sa L’incertitude est devenue
capacité à réagir face à l’imprévu. une constante
L’incertitude comme L’incertitude est devenue une constante
constante qui invalide tous les scénarios fondés
Mais tout ne peut être traité en automa- stricto sensu sur la prévision et la pla-
tique. A tout moment, l’échange peut nification. Les aléas de plus en plus
être récupéré manuellement pour fréquents contrecarrent les prévisions
répondre à des cas spécifiques et à des les plus fines. Il faut, au contraire, pri-
situations imprévues (Web Call Back). vilégier la réactivité des hommes sur le
Dans toutes les circonstances, l’inter- terrain. La technologie de la business
venant ayant repris l’échange en direct intelligence est maintenant opération-
devra être en mesure d’apporter rapide- nelle pour déployer à grande échelle
ment une réponse, que ce soit sur un les outils d’aide à la décision donnant
prix, une capacité ou un délai. Il aura les moyens aux hommes de réagir face
alors à s’engager vis-à-vis de son aux aléas. Les tableaux de bord par
client. Les décisions de ce type vont exemple, outils idéaux pour apprécier
très rapidement devenir de plus en plus une situation, contribuent à diminuer
courantes. Avec l’accès aux flux d’in- les risques de la prise décision lors-
formations délivrés par la technologie qu’ils sont bien utilisés.

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Pour bien maîtriser les enjeux de la business intelligence, il est important de considérer deux types de
flux informationnel distincts : le flux d’informations opérationnelles et le flux d’informations straté-
giques.
• Le flux d’informations opérationnelles qualifie les informations nécessaires pour intervenir au
niveau opérationnel et assurer une fluidité régulière tout au long du processus, depuis la comman-
de initiale jusqu'à la livraison. Ce sont des informations pratiques comme les états d’achèvement
des commandes en cours, les travaux en attente, la capacité des ressources, l’état des stocks, etc.
Ce sont aussi les informations qui composeront les tableaux de bord opérationnels et assureront la
recherche permanente de la performance pour une amélioration continue. Pour un fonctionnement
L’EAI réforme les optimum de la chaîne globale, ces informations seront aussi disponibles pour des utilisateurs
méthodes de conception externes à l’entreprise, chez les partenaires (avec un extranet ou un portail ouvert sur l’extérieur).
traditionnelles
• Le flux d’informations stratégiques définit l’ensemble des informations jugées comme stratégiques.
Ce sont le plus souvent des informations commerciales comme des analyses clients et des études
de marché. Ces informations d’une grande valeur seront, selon la politique interne de l’entreprise,
distribuées ou non auprès des collaborateurs. Ces informations sont importantes également pour
les partenaires car elles facilitent l’appréciation des tendances du marché et l’ajustement au plus
fin de la stratégie (cette question est particulièrement critique en période de crise latente, lorsque
les décideurs sont demandeurs d’informations qualifiées) . Avec la mise en place d’un extranet déci-
sionnel, l’entreprise pourra rentabiliser ces informations en les vendant aux partenaires et aux
clients.

L’EAI et le projet de business l’échange de services.


intelligence 1. Où trouver les ressources et les ser-
Les techniques de l’EAI (Enterprise vices ? Les annuaires standardisés et
Application Integration) arrivent à point leurs protocoles associés (DNS,
nommé pour déployer à grande échelle Active Directory, LDAP) repèrent et
l’accès à l’information. Classiquement, identifient les entités disponibles et
l’interconnexion des applicatifs et plus accessibles (ressources, services,
spécifiquement la réalisation d’inter- informations, métadonnées, etc.).
faces représentent un poste conséquent 2. Comment y accéder ? Les middle-
du budget informatique (en moyenne, wares de type asynchrone par mes-
40 % à 50 % du coût global du projet). sage (Message Oriented
L’EAI définit trois types
En plaçant la communication entre les Middleware, MOM), ou synchrone
d’interfaces applications comme principe de base du (Object Request Brocker, ORB)
système d’information, l’EAI réforme assurent l’acheminement des
les méthodes de conception tradition- demandes de services. Les princi-
nelles. Avec l’EAI, le système d’infor- paux applicatifs propriétaires du
mation sera perçu comme un ensemble marché (SAP, Peoplesoft, etc.) défi-
cohérent de producteurs et de consom- nissent leurs propres interfaces stan-
mateurs de services. Les réalisations dardisés (connecteurs) afin de per-
sont alors gérées avec une maîtrise plus mettre l’accès à leurs ressources.
efficace des questions de pérennité et Des outils plus sophistiqués comme les
de coût du changement. Les ressources serveurs d’application améliorent l’ap-
et les informations générées par les pel des services en gérant plus précisé-
applications de production sont plus ment les échanges (tendance vers un
faciles d’accès. L’intégration de la busi- niveau orienté métier).
ness intelligence au cœur du système 3. Comment les utiliser ? Le format
d’information est désormais réalisable. XML se généralise et devient le
Sur le plan du principe, L’EAI définit standard de description des docu-
trois types d’interfaces pour répondre ments et des services proposés.
aux trois questions essentielles de Pour l’entreprise étendue, et plus parti-

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culièrement dans le cadre de l’e-busi- porte quel terminal connecté sur l’in-
ness, la même logique est adoptée en ternet (PC, portable, assistant person-
univers web. Dans ce dernier cas, les nel...).
appels de fonctions externes sont tra-
duits comme des appels de services Précautions d’usage
web. On retrouve les trois principaux Si techniquement, nous sommes prêts à
standards des EAI : déployer l’aide à la décision au cœur
1. Standard pour repérer et identifier de l’entreprise étendue, certains points
les services : UDDI, par exemple de blocage inhérents à la distribution Avec SOAP/XML Analysis
(Universal Discovery Description de l’information risquent de contrarier l’ensemble des
informations du système
and Integration) ; la viabilité du projet. Ces obstacles d’information devient
2. Standard pour utiliser les services seront le plus souvent d’ordres culturel accessible depuis
n’importe quel terminal
comme : SOAP, par exemple et stratégique.
(Simple Object Access Protocol) ; Dans tous les cas, il est conseillé
3. Standard pour exploiter les informa- d’adopter une gestion patrimoniale de
tions fournies : XML. son capital informationnel. Autrement
D’autres standards sont en cours d’éla- dit, la collecte et l’utilisation de l’infor-
boration pour des services plus évolués mation doivent être créatrices de
et orientés métier. Relevons dès à pré- valeurs.
sent, dans le cadre de la business intel- Dans ce cadre, maîtriser la qualité de
ligence, les travaux de Microsoft pour l’information n’est pas un vain mot. Il
rendre accessible les services OLAP est indispensable pour chaque informa-
depuis des requêtes SOAP/XML tion communiquée aux décideurs d’en
Analysis (voir figure 2). garantir la fiabilité, la fraîcheur et le
Avec ce type d’architecture, l’ensemble sens porté. Ce dernier point est vrai-
des informations du système d’infor- semblablement le plus délicat. Il ne
mation devient accessible depuis n’im- faut pas que les informations puissent

FIGURE 2 • L’ACCES AUX INFORMATIONS ET RESSOURCES


Il est conseillé d’adopter
une gestion patrimoniale
de son capital
Services, documents, Informations... Ressources informationnel

XML, SOAP, UDDI .... Standards

Gestion des accès et des flux (Portail) Point d’entrée


utilisateurs

Utilisateurs internes et externes Liaisons sécurisées


Le portail définit le point d’entrée et gère les flux d’informations selon les droits d’accès de chacun des utilisateurs internes ou externes (Extranet)

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être mal interprétées par méconnais- duction des outils de la business intelli-
sance du contexte. C’est souvent le cas, gence accélère le changement des
lorsqu’il n’existe pas une vision unifiée modes de fonctionnement. Il sera de
dans l’organisation. Par exemple, est- moins en moins possible d’adopter une
ce que le front-office (CRM) et le démarche procédurale et de définir au
back-office (ERP) partagent la même préalable et exhaustivement les infor-
notion de " client " ? mations nécessaires pour l’accomplis-
Il faut définir avec précision la criticité sement d’une tâche. La business intelli-
Il faut définir avec des informations échangées. La criticité gence a justement pour objet de fournir
précision la criticité des ne doit pas être jugée subjectivement aux opérationnels les moyens de se
informations échangées
mais sera évaluée en fonction de la stra- connecter aux sources d’informations
tégie déclarée. Quelles sont les infor- et de faire ainsi face aux imprévus et
mations de type opérationnel dispo- autres aléas. Le changement de rôle et
nibles en interne ou communiquées aux la responsabilité induite sont bien
des partenaires pour la bonne marche moins insignifiants qu’il n’y paraît.
de la coopération ? Quelles sont les Alain Fernandez
informations jugées comme essentielles www.nodesway.com
et pouvant être valorisées commerciale- Revue d’auteurs, l’Informatique Professionnelle accueille
ment auprès des partenaires et des des opinions qui n’engagent pas la rédaction.

clients ? Quelles sont les informations


réservées à un usage strictement privé (1)?
Voilà quelques questions auxquelles il
faudra apporter des réponses précises.
Ce n’est pas toujours si simple d’appré-
cier le rôle opérationnel ou stratégique
d’une information lorsqu’il n’existe pas
de référentiel. BIBLIOGRAPHIE
Enfin, il est intéressant d’évaluer la
Les Nouveaux Tableaux de bord des
capacité (et la volonté) des hommes à
décideurs : le projet décisionnel dans sa
Il est intéressant d’évaluer
utiliser les outils de la business intelli- totalité, Alain Fernandez, Editions d’or-
la capacité (et la volonté) gence. Cette question est cruciale pour ganisation, 2000, 2e édition.
des hommes à utiliser les
outils de la business
la réussite du projet. En effet, l’intro-
intelligence

Sur le net

www.nodesway.com
www.nodesway.com est un site de référence sur les applications
de la BI à la construction des tableaux de bord.

www.uddi.org : le site de référence du format UDDI.

www.ietf.org : The Internet Engineering Task Force.

www.w3.org/TR/SOAP/ : documentation sur le format SOAP.

www.microsoft.com/data/xml/XMLAnalysis.htm :
1 Ce sont le plus souvent les
informations nécessaires à l’appli- SOAP et l’accès aux bases OLAP.
cation de la stratégie interne,
voire à son élaboration.

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