Préface de
Jean-Louis Alcaïde
MANAGER
LA GENERATION
Y
V Comprendre les valeurs des 20-35 ^ns
T3
O
c V Recruter des jeunes Y
=3
û
un
tH V Déléguer en toute confiance
O
fNl
V Et la génération Z ?
ai
's_
>-
Q.
O
U
T édition
DUNOD
Tout le catalogue sur
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DUNOD
EDITEUR DE SAVOIRS
•O
c
O © Dunod, 2015
û
in
5 rue Laromiguière, 75005 Paris
O www. dunod.corn
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(y) ISBN 978-2-10-072535-9
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Le C o d e de la propriété intellectuelle n 'autorisant, aux term es de l'article
>-
Q. L. 1 2 2 - 5 , 2 ° et 3 ° a ), d 'u ne part, que les « co p ie s ou reproductions strictement
O
U réservées à l'u sag e p rivé du copiste et non destinées à une utilisation collective »
et, d 'au tre p art, que les a n a ly se s et les courtes citations d a n s un but d 'e xe m p le et
d'illu stratio n, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentem ent de l'auteur ou de ses ayan ts droit ou ayan ts cau se est
illicite » (art. L. 12 2-4).
Cette représentation ou reproduction, p a r quelque p ro céd é que ce soit, constitue
rait donc une contrefaçon san ction n ée p ar les a rtic le s L. 3 3 5-2 et suivants du
C o d e de la prop riété intellectuelle.
Sommaire
Préface................................................................................................................................ 6
Avant-propos................................................................................................................... 9
Introduction...................................................................................................................... 13
O
fM
1. Adopter une approche systémique................................... 136
2. L’orsanisramme devient plat................................................. 137
ai
>- 3. Investir sur les compétences................................................ 139
Q.
O 4. Optimiser les processus en continu................................... 140
U
T3
O Chapitre 12
______________ Les Z et le management 3*0.............................................. 209
c
=3
û 1. Les Z, une génération de mutants........................................ 212
Ln
tH 2. Une expérience sans frontière.............................................. 213
O
fM
3. Susciter leur envie de s'investir............................................. 214
4. L'entreprise devient virtuelle.................................................. 216
ai
>- 5. Vers un management 3.0........................................................ 217
Q.
O 6. L'égalité homme/femme pour la nouvelle génération ... 218
U
7. La cohabitation des Y et des Z ............................................. 219
Conclusion......................................................................................................................... 223
Préface
Si 1969 est considérée connme l'année de la naissance d'Internet, c'est
dans les années 1990 que le World Wide Web (www) s'est largement
répandu. Cela fait aujourd'hui une génération. La génération Y. Bien
sûr, cette classe d'âge n'a pas été influencée que par les technologies
de la communication où elle baigne depuis le berceau. Elle a grandi
dans un contexte historique très particulier - paix durable en Europe,
construction européenne, chute du mur de Berlin... -, mais aussi éco
nomique - restructurations, mondialisation, chômage élevé même chez
les cadres - et sociétal, avec un enfant devenu roi dans des populations
vieillissantes. Toutes ces évolutions se concentrent dans cette génération
Y dont le comportement est caractérisé, selon Benjamin Chaminade,
consultant en innovation sociale, par quatre tendances : l'individualisme,
l'interconnexion permanente avec sa «tribu» via Internet et les réseaux
sociaux, l'impatience avec «la volonté d'être écouté et pris au sérieux»
et l'inventivité.
ai
pression que les autres générations»^ «Aujourd'hui il n'est plus question
'i—
>•
CL
de chercher à garder le même travail tout au long de sa vie, écrivent
O
U
1. « Une g é n é ra tio n d é sen g ag ée». Étude de GfK Intern atio n al Em ployee E n g a g e m e n t
Survey, réalisée du 8 février au 4 avril 2011, par GfK Custom Research, auprès de
3 0 5 5 6 em ployés adultes, dans 29 pays d ifférents.
Préface
Jean-Louis Alcalde
Rédacteur en chef de La Tribune
T3
O
c
=3
û
un
tH
O
fNl
ai
's _
Q.
O
U
8
Avant-propos
10
Avant-propos
T3
Quelle que soit l'activité de leur entreprise, les managers trouveront
O
c des clés dans cet ouvrage pour gérer la génération Y, aussi bien pour
=3
û
un
tH
être reconnus, que communiquer ou faire appliquer leurs directives. La
O
fNl question du management de cette nouvelle génération des 20-35 ans
est abordée depuis le recrutement jusqu'à la promotion à des postes
ai
'i—
>•
CL
d'encadrement. Au fil des thèmes, les chapitres sont illustrés de témoi
O
U gnages de chefs d'entreprises, de DRH de grands groupes et de cabi
"O
O nets d'audit ou de formation. L'ouvrage donne aussi la parole aux jeunes
qui racontent leurs expériences et expriment leurs attentes vis-à-vis du
11
Manager la génération Y
TJ
O
c
D
Q
Ln
O
fM
O
ai
>-
CL
O
U
12
Introduction
13
Manager la génération Y
non plus seulement comme poste de travail. Pour les managers, cette
évolution appelle des changements d'attitude et d'organisation. Il s'agit
d'écouter, de comprendre et de prendre en compte, comme ils le font
déjà avec leurs amis ou les membres de leur famille. Sans tomber dans
le copinage, le métier demande plus de compétences relationnelles
qu'auparavant et une capacité à motiver. Les attentes de la génération
Y parlent à tous les salariés: respecter, partager, parler vrai, tenir ses
promesses... L'entreprise qui a déjà commencé à développer la gestion
des compétences et la considération des parcours individuels verra le
mouvement s'amplifier, sans réelle rupture avec le passé. Celle qui est
restée figée dans ses modèles devra sans doute accepter de se remettre
en question et d'écouter les suggestions de ses jeunes recrues. Dans
tous les cas, la communication est la porte d'entrée pour améliorer le
management de la génération Y. À condition qu'elle ne s'opère plus du
top management vers le bas de l'échelle, mais sous forme de dialogue
dans lequel chacun a droit à la parole.
T3
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c
=3
û
Ln
tH
O
fM
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>-
Q.
O
U
14
Chapitre 1
Qui sont
les jeunes de
la génération Y ?
Après les baby-boomers et la sénération X, adolescents des années
tés», les jeunes de 20-35 ans sont bien différents de leurs aînés. Ils
O et l’avènement du Web.
rsl
(y)
oi
'i—
Q.
O
U
epuis quelques années, on Elle n'a pas une confiance aveusie
O
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L.
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Q.
O
U
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
La génération suivante
Et la prochaine génération?
XJ
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ZJ
û
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SI
'l.
>-
Q.
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17
Manager la génération Y
J ♦ Q u ’e s t - c e q u ’u n e s é n é r a t i o n ?
La notion de génération n'est pas toujours très claire. Et pour cause, elle
possède différents aspects suivant que l'on est démographe ou socio
logue. Au sens sociologique du terme, une génération désigne une
classe d'âge, large d'environ vingt ans. Le concept est simple: il réunit
les individus ayant grandi pendant une période à peu près homogène.
Son environnement économique, technologique, culturel et social va
déterminer des tendances quant aux valeurs et aux habitudes de cette
génération. Et ces tendances la distinguent de la précédente, comme
elles la rendront différentes de la suivante.
O
rM
temps, les générations plus anciennes ont porté un jugement sur leurs
(y) cadets. À la fin du xix® siècle, l'écrivain irlandais Oscar Wilde affirmait
ai déjà: «La nouvelle génération est épouvantable. J'aimerais tellement
CL
O en faire partie.»
U
18
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
19
Manager la génération Y
Les enfants gâtés des Trente Glorieuses ont donné naissance à des jeunes
beaucoup moins bien lotis. Baptisés «génération X» par deux socio
logues américains, Neil Howe et William Strauss, auteurs de Generations:
the History of America's Future, 1584 to 2069\ ils ont été nommés ainsi à
cause de l'expression «né sous X». Une identité inconnue évoquant les
valeurs sociales et culturelles remises en question par le choc pétrolier
et la montée du chômage. À l'inverse de leurs aînés, les membres de
la génération X abordent l'adolescence dans un climat désenchanté et
anxiogène. Les parents divorcent, perdent leur travail. Dans les années
1980, le sida fait son apparition. Le chômage monte en flèche et trouver
un travail devient de plus en plus compliqué. Sur le plan technologique,
la génération X bénéficie toutefois des progrès dédiés aux loisirs. Elle a
testé les premiers jeux vidéo et voit apparaître les ordinateurs personnels
•O à la fin des années 1970. Musicalement, elle reste dans une veine mêlant
O
c
û désespoir et rébellion: ses idoles musicales ont successivement été les
LO
O figures néo-punk de la New Wave, puis du grunge.
fM
(y)
ai
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>-
Q.
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20
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y?
Les jeunes nés entre 1980 et 1995 ont reçu différentes appellations. Si
celui de génération Y est le plus connu, d'autres décrivent aussi leurs
•O spécificités:
O
c
û ■ les digital natives («natifs du numérique»): qui ont grandi avec le
LD
tH
O boom du numérique;
fNl
■ les «enfants du Net» ou «génération 2.0»: parce que l'explosion du
4-J
x:
ai
's _
Web 2.0 a accompagné leur adolescence;
>-
Q. ■ la génération Why (prononciation de y en phonétique anglo-
O
U
saxonne) : qui cherche un sens à toute action, à tout phénomène;
Q
1. Enquête emploi Insee.
21
Manager la génération Y
Pour leurs aînés, les Y forment une génération assez déroutante. Ils maî
trisent des outils numériques qui paraissent parfois sortir d'un roman
de science-fiction et semblent à la fois solidaires et individualistes.
Les quadras et les quinquas sont étonnés de les voir vivre encore chez
leurs parents à 25 ans, alors qu'ils font preuve d'une grande maturité. Ils
comprennent mal leur peu d'entrain à s'engager. La génération Y marque
une rupture par rapport aux précédentes. Peu crédules, prompts
à la remise en cause et habitués à trouver les informations qui fâchent,
les jeunes Y bousculent notamment les règles de l'entreprise. Pour Y,
la famille est un groupe multiforme, l'entreprise, un épisode temporaire
et la quête fondamentale est celle de l'identité. Même si chaque individu
est unique, cette génération des 20-35 ans possède des caractéristiques
communes qui lui sont propres.
22
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y
TétHoi^Hage
Annie Combelles, présidente de Inspearit, mentor au sein de Women Business
Mentoring Initiative et membre du comité directeur de Citizen Entrepreneurs
«Au travers mes activités bénévoles de mentorat, Je suis amenée à croiser
nombre de start-ups sur différents créneaux, toutes ou presque lancées par des
Jeunes Y. Certes, leur attitude est parfois déroutante. Les mots qui me viennent
pour les caractériser le mieux sont: passion, enthousiasme, prise de risques. Ils
n'ont pas peur de l'échec, ce qui ne veut pas dire qu'ils en ignorent le risque,
mais aller au bout de leur idée et de leur passion est plus Important. Ils ont bien
sûr une certaine arrogance si, passé quelques mois, l'idée créatrice « marche » et
écouteront alors difficilement un pair plus expérimenté. Mais ils croient en leur
équipe et sont parfois extraordinairement innovants dans le mode de fonction
nement. Ils n'hésitent pas non plus à «copier» un procédé ou un modèle qui a
fait ses preuves dans un tout autre domaine que le leur. Bref, ils soulèvent des
montagnes et travaillent comme des fous. Ils pensent aussi naturellement glo
bal très vite, au moins européen, et l'internationalisation est dans leurs gènes. Si
Je devais faire une distinction entre garçons et filles. Je dirais que les filles, tout
en s'autorisant d'intervenir dans n'importe quel segment du marché, même
peu ouvert aux femmes, prendront un peu moins de risques et valideront leurs
hypothèses plus complètement avant de se lancer. Aujourd'hui, ces Jeunes sont
les principaux vecteurs d'innovation du pays.»
23
Manager la génération Y
Cette pratique du Net les a aussi rendus quelque peu zappeurs. Ils
passent facilement d'une activité à une autre, voire mènent plusieurs
T3 activités en même temps, ce qui agace souvent leurs aînés qui ont l'im
O
c
Z3
Q
pression que ces jeunes font tout à moitié. Mais cela fait partie de leur
LD
tH mode de fonctionnement multitâche et ne les empêche pas de travailler.
O
rM
(y) Cette génération possède des spécificités de par le caractère numé
ai rique de son environnement. Selon une enquête BVA menée en
>-
CL
O 2010: «L'activité cérébrale [des jeunes], leur conscience du réel,
U
leurs capacités intellectuelles tout comme leur vision sociale ont été
24
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y?
S ^ D e s j e u n e s e n q u ê t e d e s e n s . ..
À l'opposé de leur côté zapping, les 20-35 ans ont une autre caractéris
tique: celle de vouloir donner un sens à leurs actions. Après des années
de démocratisation des pratiques psy, après l'avènement de la quête du
moi et des techniques analytiques, peut-être les jeunes ont-ils appris à
être en quête de leur personnalité. D'où l'autre nom de cette généra
tion: la génération Why («pourquoi»), phonétiquement identique au y
prononcé en anglais. Dans la vie courante et au travail, les 20-35 ans se
distinguent ainsi de leurs aînés par ce besoin de comprendre le pour
quoi de ce qui arrive et de ce que l'on doit faire.
Dans les années 1990, la génération Why a grandi entre deux injonctions
sociales: réussir sa vie professionnelle et devenir soi-même. Consciente
■O
O des limites de l'emploi et du salariat, elle a parfois tendance à se réfugier
c
D
Q
1Л
dans cette quête du destin personnel, tout en restant dans son monde vir
O tuel et numérique. Une autre explication à cette quête de sens relève de
Гч1
O
la multiplication des sources d'information auxquelles la génération Why
ai
>-
a eu accès. En ayant la possibilité de comparer des modèles et des argu
CL
O ments contradictoires, elle a pris l'habitude de chercher sa propre vérité.
U
Dans l'entreprise, cette quête de sens ne cadre pas toujours avec les
modèles établis. Les managers se plaignent souvent de devoir se justifier
25
Manager la génération Y
U
O En quête d'engagement...
c
Z3
Q
LD
rH Élevés avec la nnontée des préoccupations environnennentales et la mul
O
fM
tiplication des discours sur l'avenir de la planète, les jeunes Whyers ont
SI aussi le souci du développement durable. Ils se sentent concernés par les
oi
>-
Q.
solidarités humaines, comme par les missions écologiques. Et dans l'en
O
U treprise, cette préoccupation les pousse à demander à leur hiérarchie ce
qu'elle a entrepris dans ce sens. Le recyclage du papier leur semble la plus
naturelle des habitudes et leur réseau numérique au-delà des frontières
26
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
les rend sensibles au sort des jeunes ruraux chinois, comme à celui des
tribus amérindiennes peuplant la forêt amazonienne. Pour répondre à ce
fort besoin d'engagement et soigner son image auprès des Jeunes diplô
més, le discours institutionnel ne suffit plus. Ainsi, les entreprises qui en
ont les moyens ont multiplié les opérations de sponsoring et de parrai
nage d'activités solidaires. Dans cette optique, la majorité des cabinets
d'audit et de conseil, souvent à la pointe des tendances managériales,
possèdent des fondations. Par exemple, celle du cabinet Deloitte pro
pose à ses consultants de parrainer et de suivre le parcours de jeunes
du lycée de Sarcelle et du CFA football du Paris-Saint-Germain. Toutes les
actions de cette fondation sont basées sur le volontariat des collabora
teurs et certaines sont lancées à l'initiative de ces derniers.
7etHoi0nagû
Jean-Marc Mickeler, associé directeur des ressources humaines
dans le cabinet d'audit Deloitte France
«Au contact des jeunes consultants, nous avons modifié notre environnement
et le mode d'occupation des locaux afin de faciliter le travail collaboratif et les
rapports transversaux, qui sont propres à cette génération Y. Une des grandes
richesses de ces jeunes est leur capacité à zapper d'une problématique à l'autre.
Dans nos nouveaux campus, Ils disposent d'un espace industrie qui permet de
trouver toutes les informations nécessaires sur les différents secteurs de nos
clients. Ils peuvent s'y retrouver avec des consultants de tous services pour tra
vailler autour des problématiques propres à ces secteurs au-delà des frontières
habituelles des équipes. Nous avons aussi bien compris leur sensibilité aux nou
U
O velles technologies qui améliorent le travail au quotidien. Chez nous, les consul
c
Z3
Q tants sont équipés de tablettes et smartphones dernière génération et peuvent
LD
tH
travailler en WiFi dans tous nos locaux.
O
rM Nous encourageons également nos collaborateurs à se lancer dans des initia
(5) tives citoyennes en leur donnant la possibilité de travailler pendant certaines
gi périodes à temps partiel. Une quinzaine d'entre eux se sont préparés à partici
Q.
per au sommet «One Young World», une sorte de Davos des jeunes à Dublin. Ils y
O présenteront leurs travaux menés autour du thème de l'emploi des jeunes, une
U
belle façon de donner du sens à leur activité professionnelle en leur permettant
de contribuer plus largement à l'évolution de la société.»
27
Manager la génération Y
O ^ Q u i v iv e n t d a n s l’i n s t a n t ...
28
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
des missions assez diversifiées et pas trop répétitives. Dans l'idéal, la semaine
ne doit pas dépasser 40 heures de travail et le salaire évolue avec l'ancienneté.
L'intérêt du Job et l'ambiance de travail sont plus Importants que le niveau du
salaire. Je pense qu'un bon manager est dynamique, très organisé et encourage
ses employés. Il doit aussi avoir un bon moral.»
7 . E t a p p r e n n e n t d a n s l'a c t io n
Une autre spécificité des enfants du Net vient de la manière dont l'école
a changé. Avec les nouvelles méthodes pédagogiques, les jeunes ont
suivi une scolarité moins linéaire qu'auparavant. À partir des années
1980, les programmes scolaires sont devenus souples avec des pos
sibilités de se concentrer sur telle ou telle partie du cours, suivant les
besoins. Plus question d'ânonner les cours dans l'ordre, sans tenir
compte du niveau et de la motivation des élèves. Les professeurs ont
suivi le mouvement et ont appris à s'adapter aux attentes plutôt que
d'imposer un programme. Avec Internet, les jeunes Y ont aussi pris
l'habitude d'aller chercher les informations dont ils ont besoin sur la
Toile et de piocher les connaissances au gré de leurs envies. À partir
de 1995, le phénomène Wlki rend toutes les informations accessibles
XJ et gratuites par le partage de connaissances. Ainsi, Y a pris l'habitude
O
c
d'être acteur et non plus simple spectateur de son apprentissage. Il
û
un
tH apprend au fur et à mesure de ses besoins dans un esprit d'adaptation
O
fNI
propre à cette génération. Pas question d'avaler des pages et des pages
4-1
x:
ai “D de cours théorique sans être sûr que cela servira effectivement à son
O
's _
>
Q. activité. La mémorisation de données abstraites n'est plus la règle. Avec
O
U
ses outils Informatiques préférés, la génération 2.0 trouve l'information
dont elle a besoin sur des forums spécialisés, puis met immédiatement
en pratique ce qu'elle vient d'apprendre. Une donnée qui va sans doute
29
Manager la génération Y
TétHoi^Ha^c
Gilles Raillard, directeur nouveaux médias AXXESS Groupe Digital
Ancien fondateur d'un média numérique qui produisait deux bouquets de podcasts
(programmes courts audio et vidéo) : « Neopodia Savoir & Connaissances » et « Neopodia
Maison & Loisirs ».
« Depuis la création de ma première société il y a dix ans, je travaille régulière
ment avec de jeunes collaborateurs. Sur les médias numériques, la proximité de
cette génération est essentielle car il s'agit de leur univers. Ils sont des usagers
très impliqués et m'apprennent beaucoup sur la réalité des usages. Du coup,
nos relations sont bien plus dans l'échange que dans la simple transmission. Chez
Neopodia, nos collaborateurs sont cadreurs ou monteurs vidéo. Ils ont grandi
avec la révolution de l'audiovisuel numérique et sont bien souvent à la pointe,
sur les tendances comme sur les techniques. Ils maîtrisent les derniers outils.
De plus, ces jeunes savent parfaitement se former aux évolutions technologiques,
permanentes dans notre domaine. Il s'agit de continuer à se former tout au long
de sa vie pour ne pas être dépassé. Ils ont bien compris que c'était la règle
du jeu et cette auto-formation permanente (à base de tutoriels et d'échanges
sur des forums sur Internet) est une spécificité de cette génération. »
© ♦ L e s s a la r ié s m u lt ig e n e r a t io n s
■a
O
c
Q
LD
tH
Certains salariés ont du mal à se retrouver dans la génération à laquelle
O
rsl
ils sont censés appartenir. Alors qu'il est né en 1960, celui-ci présente
O
toutes les caractéristiques et cultive les mêmes aspirations que ses
ai
>
CL
cadets de la génération Y. Ou au contraire, alors qu'il est né en 1985,
O
U celui-là devrait être un parfait Whyer, mais affiche la crainte du lende
main professionnel propre aux X. Dans toute génération, certains indi
vidus présentent des profils légèrement différents, ce qui s'explique par
30
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
9 . E t la p r o c h a i n e s é n é r a t i o n ?
U
rique, mais complètement dans l'ère digitale. Dès leur plus jeune âge,
O
c
Z3 ils jouaient sur Internet et avec leur tablette. Cette génération a été logi
Q
1Л
tH
quement baptisée «génération Z». De par son habitude du Web et de
O
ГМ
ses règles non hiérarchiques et faciles à mobiliser, elle sait qu'elle peut
(y)
entreprendre des projets sans forcément avoir besoin de suivre le par
gi
Q.
cours d'obstacles de ses aînés. Certains adolescents de cette génération
O
U montent des entreprises ou décrochent des prix de manière décon
certante pour leurs aînés. Nous verrons dans le chapitre 12 ce que l'on
pressent aujourd'hui de cette génération Z.
31
Manager la génération Y
10♦ Q u e l e s t l’in r ip a c t d u c h ô m a s e
d e s je u n e s ?
32
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
finissent par le faire, ils ne resteront pas longtemps sur place. En effet,
un autre phénomène renforce l'importance d'une prise en compte par
l'entreprise des attentes des jeunes malgré la montée du chômage. Il
s'agit de leur très grande mobilité. Selon une étude réalisée en 2011 par
l'AFIJ (Association pour faciliter l'insertion des jeunes diplômés), l'em
bauche d'un jeune diplômé se soldant par une rupture du contrat de
travail avant la fin de la période d'essai est de plus en plus fréquente.
D'après l'association, 12 % des entreprises disent y être confrontées avec
10 % à 20 % de leurs jeunes recrues. Et 6 % des employeurs subissent ce
phénomène avec plus de 20 % des recrutements. En outre, la fréquence
de ces ruptures de contrat semble augmenter. La séparation intervient
à peu près aussi souvent à l'initiative du jeune (31 % des cas) que de
l'entreprise elle-même (33 %). Dans 36 % des cas, elle est le fruit d'une
décision commune. Les raisons évoquées par les jeunes relèvent d'une
autre opportunité intéressante, mais aussi de la nature du poste: mau
vaise compréhension de la mission (29 % des cas), charge de travail trop
lourde (27 %), insatisfaction par rapport à l'activité (9 %). Quelques-uns
évoquent également les relations avec la hiérarchie et les collègues
(16%).
7étHOÎ0Ha0e
Luc Legardeur, président du cabinet conseil Xebia
U Cabinet franco-hollandais, Xebia est spécialisé dans les technologies informatiques java. Ses
O
c
Z3
salariés sont en majorité des jeunes consultants de la génération Y.
Q
LD «Il s'agit d'une génération habituée aux ruptures. Leurs parents ont connu le
tH
O chômage, ils ont une relation plus cynique au travail. Ils feront moins allégeance
rM
(y) à l'entreprise que leurs aînés. Avec eux, le pacte social est différent. Ils sont exi
geants et volatils. Ils ont besoin de beaucoup d'écoute et réclament une bonne
gi
démocratie dans l'entreprise.»
Q.
O
U
33
Manager la génération Y
O
rsl
(y)
ai
'i—
>•
CL
O
U
34
Chapitre 1 I Qui sont les jeunes de la génération Y ?
Les générations
en SIX points
La sociolosie estime qu'une La sénération X concerne
4
ron. Elle réunit des personnes dontration
jeunes années ont été marquées par
une atmosphère économique, cultu
les personnes nées antre
1965 et 1979. C'est la séné
les du choc pétrolier de 1974, de
la montée du chômase et du mou
vement punk dont le slosan était:
relle et sociale spécifique. no future.
6
T3
O personnes nées entre jeunes à partir de 1995. Il
c
rj 1946 et 1964. C'est la sénération de
û s'asit de la sénération de
Ln
l'après-suerre qui a salué l'apparition l'après 11 Septembre qui est en train
O
rsl du rock'n'roll, défilé dans les rues de srandir dans un monde d'insta
en Mai 1968 et bénéficié du plein- bilité internationale et d'annonce de
“D
O emploi. désastres environnementaux. Le fait
>-
Q. de vivre en partie sur le Web les rend
O
U très entreprenants, car il leur est facile
de monter un projet en trouvant des
investisseurs sur Internet.
35
Manager la génération Y
Mais alors qu'elle est mère d'un Jeune homme de 17 ans, elle a
décidé d'aborder la question avec son fils pour mieux saisir les
motivations de ses jeunes agents. Après quelques discussions
familiales, Catherine a décidé de mieux expliquer ses attentes. Si
pour elle, le respect des horaires, la coiffure soignée et la façon de
s'adresser aux clients faisaient partie des «bases», elle a compris
qu'il n'en était pas forcément de même pour les nouveaux. Plus
Intéressés par la vente que par le paraître, les jeunes collabora
teurs ont eu droit à un véritable cours sur la fonction du look dans
l'acte commercial. Catherine leur a expliqué l'Importance d'un
langage proche de celui des clients pour favoriser la confiance.
Mais lors de ces séances, elle a aussi dû accepter leurs remarques.
Car comme lui avait expliqué son fils, «reproduire une procédure
sans accepter de la faire évoluer peut se révéler contre-productif»
T3
O
c
(une formulation qu'il avait trouvée sur Internet). Ainsi, Catherine
:3
û a reconnu que certaines de ses pratiques n'étaient peut-être plus
un
tH
36
Chapitre 2
Recruter un Y :
un acte de vente
Les entreprises commencent tout juste à assimiler le recrutement 2,0
et les outils 3.0 sont déjà là. Le recrutement va devoir les intésrer,
sans oublier d ’y rajouter une bonne dose de relations humaines.
Quelques rèsles pour trouver de bons candidats labellisés Y
T3
O
c
=3
û
un
tH
O
fNl
ai
's_
>-
Q.
O
U
ecruter est un acte stratésique réseaux sociaux. Le plan de carrière
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
Recruter en terrain numérique
XJ
O
c
ZJ
û
O
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(y)
SI
'l.
>-
Q.
O
U
39
Manager la génération Y
J ♦ R e c r u t e r e n t e r r a in n u m é r i q u e
Les traditionnels Job Boards qui permettent de toucher des jeunes diplô
ai
's_
>-
Q.
més tels que Monster, CVaden, Keijob, CadresOnline, CmonJob restent
O
U également d'actualité car ils proposent des conseils que les jeunes vont
consulter avec intérêt. Mais ils n'ont plus le monopole. D'ailleurs, ils ont
revu depuis peu leurs tarifs à la baisse. Très récemment, un concept
40
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
•O
7eiHoi0Ha0e
O
c
û Didier Desert, associé en charge de l'offre performance
in des ressources humaines Ernst & Young
O «Nous devons tenir compte des manières de réagir de ces Jeunes. Dans le recru
rsl
(y) tement, nous effectuons de la prospection en ligne et convoquons les per
ai
sonnes sur une journée au maximum. Ils participent à des entretiens très variés
's_
>- tout au long de la journée, réalisent des exercices en ligne, en groupes et ren
Q.
O contrent des collaborateurs. Notre circuit de décision est réduit au maximum,
U
nous leur donnons une réponse en fin de journée.
"O
O
Plus largement, nous avons travaillé sur notre façon de communiquer et les
modes de management évoluent avec les jeunes qui arrivent à des postes
41
Manager la génération Y
42
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
Pour recruter des jeunes diplômés, il faudra donc aller les chercher sur
leur terrain de Jeu favori. Postée sur le site ou directement dans la boîte
mail d'un candidat intéressant, l'annonce sera enrichie. La «ric h jo b o ffe r»
doit associer à l'offre d'emploi tous les autres supports d'information qui
intéressent potentiellement le candidat: les activités de l'entreprise, les
filières métiers, la politique RH, les carrières, un mini-bilan social, la pré
sence nationale et internationale, les valeurs sociales et écologiques...
Il faut aussi lui offrir diverses modalités de mise en relation et de dia
logue en mode synchrone ou asynchrone. Pour attirer un candidat
talentueux, et donc en position de choisir, il faudra lui vendre le poste
pour le convaincre que c'est une véritable opportunité. Sa première
attente concerne l'intérêt de la mission. Ensuite, le salaire doit lui appa
raître cohérent par rapport à la mission proposée. Même si Y n'est pas
matérialiste, il veut être traité de manière équitable. Lui offrir un salaire
correct est pour lui un signe de respect. C'est un critère beaucoup plus
Important à ses yeux que l'évolution de carrière qui appartient à un futur
plein d'imprévus et d'incertitudes que ni lui, ni l'entreprise ne maîtrisent.
•O
Idéalement, le poste doit offrir une certaine stabilité, mais Y est réaliste
O
c
et il est prêt, en général, à accepter un contrat à durée limitée à condi
û
in tion qu'il considère le poste comme intéressant. Attention, devant la
tH
O
fNl somme d'informations disponibles sur le Net, Y a appris à zapper. Pour
~O
o attirer son attention, mieux vaut évoquer les points forts du poste et
ai
's_
>-
Q.
de l'entreprise dès le début de l'annonce. Il n'existe pas de méthode
O
U unique pour rédiger cette accroche. Par exemple, pour un poste dans la
communication et le marketing, cette définition devra contenir des don
nées globales, suffisamment abstraites pour créer de la vision et faire
43
Manager la génération Y
Le site Internet joue aujourd'hui le rôle que jouait hier la publicité télé
visée. Dans son design, dans les valeurs qu'il véhicule (contribution à
44
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
45
Manager la génération Y
Si elle a longtemps été en retard sur la qualité des sites Internet corpo
rate, la France améliore peu à peu sa position. En 2014, les étudiants et
les jeunes diplômés placent les sites carrières de Deloitte, du groupe
Crédit Agricole et de PwC en tête du palmarès 2014 établi par le cabi
net Potentialpark. Avec des sites clairs, bien organisés, réactifs et au
design très contemporain, les marques soignent leur vitrine numérique.
Attention, le site doit également prendre en compte le fait qu'Y s'ex
prime online. Il trouvera plus efficace de répondre directement sur le site
sans avoir à repasser par sa messagerie.
Q.
de la première rencontre: «Oh, la vache, elle date un peu votre photo
O
U sur...». Au-delà du recruteur, le candidat peut aussi être allé vérifier les
comptes de la société sur des sites économiques, lire les communiqués
de presse et les articles parus récemment... Et pour peu qu'il soit de
46
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
JéiHoi^Hage
Augustin Paluel-Marmont, co-fondateur de la marque Michel et Augustin
«Notre premier support de communication est le packaging de nos produits.
Mais nous nous sommes aussi fait connaître sur Internet grâce à différentes opé
rations. L'une d'elle a consisté à déposer nos yaourts "vaches à boire" sur les tables
des conférenciers lors du Salon des entrepreneurs auquel participait Bill Gates.
Du coup, le patron de Microsoft a été pris en photo à côté d'une "vache à boire".
Nous avons ensuite fait du marketing viral autour de la photo, pour faire sourire
les gens. Nous avons aussi tourné la vidéo où Je chante, à la façon de Michael
Jackson, dans un supermarché, à moitié nu et déguisé en vache. Ce type d'action
nous ramène pas mal de candidatures spontanées. Avec elles, nous incarnons une
nouvelle génération d'entrepreneurs positifs, qui ne se prennent pas la tête.
Pour recruter, les candidatures ne suffisent pas toujours. Nous lançons alors des
annonces sur les réseaux sociaux, les sites spécialisés et les blogs. Toute personne
qui nous oriente sur un candidat que nous décidons d'embaucher reçoit un petit
cadeau. Ainsi, sur Internet, chacun peut jouer le rôle de chasseur de tête. Ensuite,
en entretien, je suis direct. Nous cherchons des personnes motivées. Nous embau
chons des jeunes réactifs et rapides, nous leur laissons beaucoup d'autonomie,
mais nous sommes exigeants sur la qualité et la quantité de travail.»
•O
c
O TûtHoigHa^e
û
in Charlotte, 22 ans
O
rsl Charlotte vient de décrocher un Master en gestion des ressources humaines à Sciences Po
(y) Paris. Elle a passé un an en alternance en tant que chargée de recrutement et relation écoie
ai “D
O pour Avanade, fournisseur de solutions de technologie d'entreprise et de services de gestion
>- Microsoft. Pour choisir son premier Job, elle sait déjà quels seront ses critères.
Q.
O
U «Je serai attentive aux perspectives d'évolution du poste et aux parcours de
carrières proposés par l'entreprise. Avec, pourquoi pas, des possibilités de
reconversion en cours de route. L'ambiance de travail me paraît également
primordiale. Pour savoir comment ça se passe dans tel ou tel cabinet conseil.
47
Manager la génération Y
48
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
las de devoir encore passer des tests après avoir décroché leur diplôme.
Pour adoucir le phénomène, les entreprises auront peut-être intérêt à
proposer des business games à leurs candidats afin de rendre les tests
plus ludiques et moins rébarbatifs. D'autre part, ces jeunes Y fraîche
ment diplômés pensent que les entreprises s'intéressent avant tout
à leurs compétences. Ils arrivent en entretien d'embauche sans s'être
renseignés sur la société et les recruteurs leur reprochent alors de ne
pas être motivés par l'enseigne. Là encore, il s'agit d'un malentendu. Le
jeune vient proposer sa force de travail. Il n'a pas appris à vendre sa moti
vation pour une boîte qu'il ne connaissait pas une semaine avant. Cet
apparent détachement traduit surtout une méconnaissance des règles
de l'embauche. Pour mesurer la proximité du jeune avec l'entreprise et
ses capacités à s'y investir, les managers auront intérêt à leur présenter
leur enseigne de manière globale et concrète. En quoi est-elle utile à la
société? Par qui a-t-elle été fondée et pourquoi? Que fabrique-t-elle et
pour qui? Comment travaille-t-elle et avec quels types de personnes?
En décrivant l'entreprise comme une petite saga, le recruteur donnera
au candidat l'occasion de se projeter dans le futur emploi. Il peut aussi
proposer une journée type sous le statut de stage découverte pour don
ner l'occasion au candidat de tester ses métiers.
Contrairement aux Bac -h 4 et aux diplômés des grandes écoles, les can
didats de niveau Bac et Bac + 2 ont l'air moins curieux des valeurs de
■a l'entreprise lors du recrutement. Mais cela ne veut pas dire qu'ils ne s'y
O
c
D Investiront pas ni qu'ils ne s'en préoccuperont pas une fols en poste. Ils
Q
1Л
i-H n'ont simplement pas été bien formés aux techniques de préparation de
O
fM
(y)
l'entretien par leur cursus court. Ils resteront néanmoins exigeants sur
49
Manager la génération Y
7éfHoi0HO0e
Dominique Marty, DRH Leclerc
Cet hypermarché de 330 personnes mise sur le management intergénérationnel.
«Lorsque l'on a créé un second d riv e en juillet 2014, J'ai lancé un plan pour
recruter 11 opérateurs... et reçu plus de 150 CV avec une majorité de Y. C'est la
preuve que les Y ont vraiment envie de travailler, quelles que soient les inten
tions qu'on leur prête parfois... À l'issue des tests d'habileté, les Y sont sortis
majoritaires de cette sélection. On a décidé de relever le défi de recruter une
jeune équipe, même si c'est un véritable challenge dans une entreprise majori
tairement X! L'équipe s'est mise au travail avec enthousiasme et dans la bonne
humeur. En interne, les collègues appellent gentiment cette entité «le loft», en
référence à la série de téléréalité, car l'équipe est un peu atypique par rapport
aux autres entités (de par son activité, mais pas seulement). L'entreprise accorde
une grande autonomie au jeune responsable et cela contribue à décupler sa
motivation. Cependant, il s'agit d'une autonomie accompagnée puisque notre
jeune manager Y est coaché par un quadra qui lui transfère son savoir-faire sans
avoir l'air d'y toucher. L'équipe a aussi su intégrer quelques collaborateurs X qui
apportent de la prise de recul et du calme à cette équipe survoltée.»
50
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
T3
hésite à y recourir parce que le processus est souvent plus long. Les
O
c emplois du temps de tous sont très chargés et les entretiens sont menés
U
û
un
tH
au compte-gouttes, de façon isolée par chaque membre de l'entreprise
O
rsl participant au recrutement. Dans cette période de pénurie, le risque est
(y)
grand que les candidats se lassent avant même d'avoir reçu la proposi
ai
'i—
>•
CL
tion d'embauche et qu'ils acceptent une autre opportunité. Pour rester
O
U sur un recrutement collaboratif et optimiser le temps, on peut utiliser
"O
O l'entretien vidéo différé. Les candidats enregistrent avec leur webcam,
quand ils le peuvent et en une seule prise, les réponses aux questions
51
Manager la génération Y
Quand Google a mis en ligne les photos de ses différents bureaux sur le
U Net, la génération Y s'est mise à rêver d'intégrer le géant informatique.
O
c
D Avec des espaces ludiques, personnalisés, confortables et modernes,
Q
Ln l'entreprise a parfaitement compris comment attirer les meilleurs talents
O
fM
dans ses murs. Ses machines à bonbon, ses tables de ping-pong, ses fau
(y)
ai
teuils de massage au look spatial, ses toboggans intérieurs ou ses salles
52
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
lü iH o ig H a ^ ü
O par Jour mais les gens en font souvent plus. Et les heures supplémentaires sont
ГМ
(y) rémunérées. Le seul petit bémol réside dans les niveaux d'embauche: certains
"O
sont parfois un peu surdiplômés. On ne rentre pas à moins de Bac + 4 et en
gi O
même temps, certains postes sont un peu répétitifs et on a l'impression que
Q.
O n'importe qui pourrait le faire. Mais il existe des possibilités de mobilité. Enfin,
U
Google fait de plus en plus appel à des contractuels vio des sociétés d'intérim.
Ces derniers sont aussi diplômés que les salariés Google. Mais pour eux, c'est
parfois plus difficile de profiter de la mobilité.»
53
Manager la génération Y
•O la qualité de leur contact humain avec les jeunes. C'est aussi l'occasion
O
c
pour le service RH de repérer les managers avec qui aucune recrue Y ne
û
LO
souhaite travailler...
O
(N
ai
>-
Q.
O
U
54
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
© ♦ R e c ru te r e n m o d e У e s t u n je u
T3
O
c
=3
û
un
tH
O
fNl
/ ♦ D e s re to u rs a t t e n d u s s a n s d é la i
ai
>-
Q.
O
U
Avec Y, le tempo reste celui d'une danse rapide. Après le premier entre
"O
O tien, Y attend une réponse sans délai. En cas de silence prolongé, il
s'engagera ailleurs chez un recruteur plus motivant ou considérera
55
Manager la génération Y
l'employeur comme pas assez réactif pour avoir envie de travailler chez
lui. Pour rester dans le bon tempo, la décision le concernant doit être
prise dans les deux semaines qui suivent le premier contact. Les métiers
commerciaux, qui brassent une forte population de jeunes débutants,
sont concernés en premier lieu. En mars 2010, une étude menée par le
cabinet de recrutement Selexens pour Le Figaro a montré que 91 % des
candidats acceptent une proposition d'embauche lorsque celle-ci est
faite le jour même de l'entretien. Ils ne sont plus que 50 % au bout d'une
semaine et 9 % au-delà de quinze jours.
ai
>-
CL
O
U
56
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
7 é tH o i0 H a ^ e
«Chez Google, nous ne recrutons pas des profils, mais des personnes. Les
embauches ne sont pas réalisées pour des postes précis. Nous sommes à la
recherche de candidats qui ont une personnalité intéressante pour l'entreprise.
Ils pourront rejoindre différents types de postes. Ils sont surtout retenus pour
leur créativité et leur leadership. Dans le recrutement, le consensus est impor
tant: le candidat rencontrera les différentes personnes avec qui il sera amené
à travailler dans les différentes équipes, ce qui conduit à avoir environ quatre
entretiens. Chaque Googler peut aussi proposer des candidats et participer au
processus de recrutement.»
o ^ L e s P M E d a n s la c o u r s e a u r e c r u t e m e n t
Même si des entreprises comme L'Oréal ou Google font rêver les jeunes
diplômés, globalement, ces derniers sont plutôt rebutés par les valeurs
communiquées par les grands groupes. Bien qu'ils reconnaissent
que les grandes entreprises apportent des garanties d'emploi que ne
peuvent pas donner des structures à taille humaine, deux tiers d'entre
•O
O
£= eux cherchent en priorité un Job dans une PME et même dans une TPE
=3
û
un (moins de 20 salariés). L'entreprise parfaite qui leur donnera envie de res
tH
O
fNl ter sera celle qui rémunère bien, qui offre une bonne ambiance et où les
dirigeants sont accessibles. Dans une PME, ces jeunes ont le sentiment
ai
's_
>- qu'ils pourront plus facilement exprimer leur point de vue, influencer les
Q.
O
U prises de décisions stratégiques ou exprimer leur créativité. Ils pensent
aussi que ce type d'entreprise offre la possibilité d'accéder plus rapi
dement à des postes à responsabilité si on sait faire ses preuves. Et les
57
Manager la génération Y
PME sont prêtes à les accueillir puisque ce sont elles, et non les grands
groupes, qui créent l'emploi. Elles peinent d'ailleurs à trouver les compé
tences qu'elles recherchent... alors elles recrutent des Y. Il est vrai que
les patrons de ces entreprises sont parfois effrayés par les différences
culturelles qui existent entre eux et cette jeune génération, mais ils ont
sérieusement commencé à se remettre en question et sont prêts à conti
nuer pour assurer la pérennité de leur entreprise. D'ailleurs, les PME et
TPE ont embauché près d'un tiers des jeunes cadres recrutés sur le mar
ché de l'emploi 2013.
T3
O
c
ZJ
û
Ln
tH
O
fNl
ai
's_
>-
Q.
O
U
58
Chapitre 2 I Recruter un Y : un acte de vente
Recruter un Y
en huit points
Mettre en place des cam- Ne pas nésiiser une petite
I pasnes de recrutement
m créatives et innovantes à
travers réseaux sociaux et Job Boards.
4
quelques jours.
XJ
O être prosrammé dans la
c
ZJ semaine qui suit ce contact
û
téléphonique. Le candidat est reçu
O
fM comme un hôte de marque que le Si le candidat n'est pas
8
(y) recruteur cherche à séduire avec retenu, il faudra l'informer
sz
'l.
authenticité. rapidement de la déci
>-
Q. sion. La sénération Y est très com
O
U munautaire et les entreprises qui
ne respectent pas les candidats se
retrouvent rapidement blacklistées.
59
Manager la génération Y
5
O . Aurélien, 25 ans, est ingénieur en mécanique diplômé de TINSA
to (Institut national des sciences appliquées). Lorsque la grande
< entreprise de la région parisienne dans laquelle il effectuait son
KJ
stage lui a proposé une embauche au printemps, Aurélien a
demandé un délai. Il avait prévu de terminer ce stage en juin, puis
de partir trois mois pour visiter l'Asie, avant de lancer sa recherche
d'emploi. Malgré la proposition, il souhaitait tout de même réa
liser son projet. Après un moment d'étonnement, le recruteur a
accepté de le laisser terminer son stage et de patienter quelques
mois avant d'intégrer le jeune homme. Major de l'INSA Lyon avec
une spécialité en mécanique et résistance des matériaux, Aurélien
avait déjà choisi son école parce qu'elle lui donnait l'occasion de
passer quelques trimestres à l'étranger. Ouvert et curieux, il avait
effectué la quatrième année de son cursus à Los Angeles et passé
six mois de stage dans une société nord-américaine spécialiste
des attractions foraines, avant de rentrer en France et d'effec
tuer un nouveau stage dans l'entreprise francilienne qui vient de
l'embaucher. Pour la génération des baby-boom ers et celle des X,
•O la demande d'un délai de trois mois pour visiter l'Asie avant l'em
O
c
:3 bauche a de quoi surprendre. Elle peut même paraître un peu
û
in gonflée. Pourtant, l'attitude du jeune homme est plutôt sensée.
O
rsl
Elle a le mérite de respecter ses projets personnels afin de lui
(y)
ai
éviter d'avoir des regrets.
>-
CL
O
U
60
Chapitre 3
Se faire reconnaître
par ses jeunes
recrues
y va traiter son manaser en égal, mais en attendre beaucoup.
Pour cette jeune génération, le titre hiérarchique ne veut plus dire
grand-chose. C’est la compétence et le relationnel qui font l’auto
rité. Le manager idéal est donc hypercom pètent, il sait reconnaître
T3
les efforts et les progrès de son équipe et peut aussi venir donner
O
c
û
=3
un coup de main quand c’est nécessaire.
Ln
tH
O
fM
ai
>-
Q.
O
U
ien des manasers se plaisnent tives sans lui demander son avis, ces
B encore de l'attitude
20-35 ans dans l’entreprise.
Ils reprochent aux jeunes recrues de
des jeunes prennent des airs de rebelles.
Pour la majorité des sociétés encore
structurées de façon très pyrami
ne pas respecter la hiérarchie, de dale, cette attitude fait désordre et
se montrer désinvoltes, d'avoir une inquiète.
Sestion élastique de l’heure d’arrivée Pourtant, y respecte l’autorité dans
au bureau et de poser des ques la mesure où elle est basée sur une
tions impertinentes. En bref, ils ont vraie compétence. Il sera à l’écoute de
l’impression que ces jeunes ne sont son manaser si celui-ci connaît bien
pas prêts à se conformer aux rèsles, son affaire. Il l’appréciera s’il sait expli
qu’ils n’ont pas acquis la discipline quer les rèsles et leur raison d’être, lui
nécessaire à la vie en entreprise et apprendre des choses tout en recon
qu’ils prennent trop de libertés dans naissant ses propres qualités. Dans une
leur travail. Et surtout, trop de libertés relation moins verticale et plus convi
avec leur patron. En lui demandant viale, il sera prêt à s’investir, même s’il
de justifier ses consisnes, en remet a l’air très détendu par rapport à ses
tant en question certaines de ses aînés. Alors, comment se faire recon
affirmations et en prenant des initia naître en tant que manaser par Y?
TD
O
C
Û
Ln
O
fM
O
g>
>-
CL
O
U
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
Des jeunes mieux formés...
XJ
O
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ZJ
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O
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(y)
SI
'l.
>-
Q.
O
U
63
Manager la génération Y
1♦D e s j e u n e s m ie u x f o r m é s . ..
Les Whyers sont en décalage avec leurs aînés, ils n'ont pas les mêmes
codes de conduite ni les mêmes réflexes. Du coup, leur manière de se
comporter apparaît souvent incompréhensible aux collaborateurs
plus âgés. Ils ont l'impression que ces Y agissent comme des enfants
gâtés, remettent en cause l'ordre établi et ne reconnaissent pas l'expé
rience. Cette différence est accentuée par un niveau scolaire générale
ment supérieur à celui de leurs aînés: du Bac pro au Master. De plus, ils
affichent souvent plusieurs mois de scolarité à l'étranger et la maîtrise de
deux ou trois langues vivantes. Tout cela peut leur donner l'air un peu
arrogant face aux générations qui n'ont pas bénéficié des programmes
européens Erasmus, ni de l'anglais dès la maternelle. Mais ce qui étonne
surtout les collaborateurs plus âgés réside dans le fait qu'Y n'hésite pas
à dire ce qu'il pense et ce qu'il souhaite. Il demande des équipements
plus modernes, des liaisons plus rapides, des horaires mieux aménagés...
En bref, il exprime son désir d'un poste plus confortable et convivial à
son manager, sans avoir en rien l'impression d'exagérer. Et cela laisse
souvent pantois les plus anciens. Pourtant, les aspirations Y ne sont pas
si différentes de celles de la précédente génération X. Les X supportaient
U
O mal le carcan hiérarchique et rêvaient de plus de démocratie dans leurs
c
Z3
Q
1Л relations avec leurs managers. La différence vient du fait d'oser l'expri
tH
O mer. Né entre 1965 et 1979, X est arrivé sur le marché du travail quand
ГМ
(y)
l'incertitude s'apparentait encore à «la crise» et le chômage à un phé
gi
nomène passager et malheureux. Il n'a donc jamais osé exiger quoi
Q.
O
U que ce soit, même s'il en avait très envie. Il préférait garder le silence
de peur de perdre son emploi. A contrario, Y n'hésite pas à dire ce qu'il
désire. Choyé par des parents qui prenaient le temps de l'écouter, il s'est
64
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
JetHoignage
Valérie Belhassen, responsable de la formation et du développement
des compétences du groupe BNP-Paribas
La Management Academy du groupe a organisé une première série de conférences
de sensibilisation aux spécificités de la génération Y.
■O
O
c
D
Q
LD
tH
O
rM
2^Peu habitués à une hiérarchie riside
(y)
gi
>- Autre caractère générationnel: Y ne prend pas l'ordre établi comme
CL
O
U un fait inébranlable. Il a du mal avec l'autorité, surtout lorsqu'elle ne
lui semble pas justifiée. La première raison de cette spécificité est liée
à l'usage d'Internet. Avec l'accès au numérique, cette génération a pris
65
Manager la génération Y
66
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
O
fM
(y) Aux références numériques
ai
>-
CL
Lejeune Y a la conviction qu'il est possible de réussir si l'on sait saisir les
O
U opportunités. Pour cette génération, la réussite ne vient pas de l'ordre
établi, mais de la capacité à avoir de bonnes idées et à les mettre en
oeuvre. Ses modèles se trouvent surtout dans les arcanes du Web. Parmi
67
Manager la génération Y
7 é iH o ig H a 0 e
oi
>-
Q.
O
U
68
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
Afin de se faire reconnaître par les jeunes recrues, le statut ne suffit donc
plus. Le manager va devoir gagner leur respect en prenant en compte
leurs spécificités générationnelles. Et avant tout, le « chef institutionnel »
devra savoir être une autorité sapientiale et charismatique. En clair, la
sociologie des organisations reconnaît trois formes d'autorité:
Pour être crédible et respecté par les enfants du Net, le manager possé
dera non seulement le titre, mais aussi et surtout l'expérience et le lea
dership. Selon Y, un bon manager est incollable dans son domaine de
compétence (autorité sapientale). Il a des années d'expérience et il va
être possible d'en apprendre beaucoup auprès de lui. En se montrant à
l'aise sur le terrain comme dans son bureau, en face-à-face comme en
réunion, ce manager a aussi acquis une autorité charismatique. Ainsi, la
•O jeune recrue est fière de travailler dans son équipe et sera à son écoute.
O
c
D Mais ce manager devra aussi développer un mode de relation personnel,
Q
un
tH
car Y veut travailler dans un environnement « plus humain ». Il saura être
O
rM
proche de ses collaborateurs et enclin au dialogue. Car avec les digital
(y)
natives, il est important de savoir entrer dans une certaine intimité. Cette
oi
>-
CL
dernière peut apparaître déplacée pour les anciennes générations, mais
O
U elle est essentielle pour Y. Elle lui permet de se sentir en confiance et de
"D
O s'impliquer. Elle l'incitera peut-être aussi à s'engager plus durablement
dans l'entreprise.
69
Manager la génération Y
70
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
T é tH o ig n a g e
71
Manager la génération Y
la high-tech. Dès le départ, ces tandems ont été présentés comme des
binômes d'échanges de savoir. Pour le Red, il n'a jamais été question de
tutorat car les Jeunes ne sont pas très intéressés par ce type d'accompa
gnement qu'ils jugent souvent ringard. Dans le binôme, chacun a des
choses à apprendre à l'autre. Et chaque binôme est suivi par un coach
du réseau.
72
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
7ещ о10н а 0е
73
Manager la génération Y
T é ê H o i^ H a ^ c
74
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
O rique et leur capacité à s'adapter, les 20-35 ans peuvent apporter les
rM
(5)
moyens de faire évoluer les petites entreprises vers plus d'efficacité et
DI
de compétitivité. Les dirigeants des PME l'ont compris et sont en train de
Q.
O
U
revoir leur approche managériale pour les séduire, et surtout les garder.
"D
O
75
Manager la génération Y
Ayant toujours connu une relative abondance de biens, les jeunes n'ont
pas la même conscience du côté indispensable d'un revenu. Le salaire
n'est donc plus leur principal moteur. Ils demandent aussi à ce que l'en
treprise leur donne envie de s'y impliquer. Ainsi, si le manager selon Y
est celui qui décide et contrôle, il est aussi celui qui mobilise, entraîne et
T3
passionne. Sans promettre à l'équipe que son Implication débouchera
O
c forcément sur une réussite, il sait donner envie de relever des défis. Enfin,
ZJ
Q
LD
tH
la nouvelle génération a été élevée par des boomers. Ceux-là même qui
O
(N
piétinaient les règles de leurs aînés pendant Mai 1968. Comme leurs
parents ont eu tendance à les éduquer dans une grande liberté d'ac
ai
>-
Q.
tion, la soumission aux règles de l'entreprise ne leur est pas forcément
O
U naturelle. Ils sont moins habitués que leurs aînés à obéir sans sourcil
ler. Et pour ces jeunes recrues, le management ne se résume pas à les
accompagner dans l'action. Si les compétences en termes de savoir-faire
76
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
ne manquent pas parmi les jeunes diplômés, les managers vont devoir
aussi résoudre les problèmes humains. Pour y parvenir, ils pourront faire
appel aux sciences humaines. Dans notre époque très incertaine, elles
se révèlent souvent indissociables du management de la génération Y.
J é tH o iQ u a g û
•O
O
c
û
in ©♦Et donner du sens au travail
O
rsl
(y)
“D En choisissant son premier emploi, Y veut un emploi... mais pas seule
ai O
Q. ment. Comme nous l'avons noté dans le premier chapitre, cette géné
O
U
ration est aussi en quête de sens. Elle cherche une expérience de vie,
un destin. Pour Y, le sens signifie à la fois «direction» (les objectifs),
«signification» (les valeurs) et «expérience» (la culture). Parce qu'il a
77
Manager la génération Y
78
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
U
O réactivité, indispensable à notre économie actuelle. Y est convaincu de
l'importance de cette autonomie et souhaite mettre en pratique ce qui
n'a été longtemps qu'une théorie et un vœu pieu.
79
Manager la génération Y
Se faire reconnaître
par ses jeunes recrues
en huit points
Expliquer les rèsles si le Parler vrai, dans une rela
I manaser veut que Y les tion d'égal à égal, pour
I applique. L'entreprise a gagner la confiance de Y
besoin d'apprendre à faire preuve
de plus de convivialité et de nnoins
de risidité car Y demande à travailler
non pas pour, mais avec quelqu'un.
Donner du sens aux acti
2
Pour être crédible et res
pecté, le manager sait
s'appuyer sur son exper
6 vités confiées à Y en lui
expliquant sa contribu
tion à la réalisation globale de l'ob
jectif d e l'entreprise.
tise, mais surtout sur ses valeurs et
son humanité.
Il sait donner envie à Y d'apprendre et
de progresser.
Faire travailler cette géné
XJ
O
c
Û
O
3
Laisser le Jeune Y prendre
des initiatives pour l'en
courager à passer du rôle
d'exécutant à une posture participa
7 ration sur son propre com
portem ent dans la rela
tion manager/équipier. L'entreprise
devient apprenante, y compris dans
le positionnement sociétal.
fM tive et impliquée.
OJ
Entendre les remises en
4
>-
Q. Tirer parti des différences,
question de Y et les inté
8
O
U
grer quand elles sont Jus en favorisant la diversité
tifiées pour faire évoluer sa posture des savoirs, des opinions,
managériale. des personnalités et des nationalités.
80
Chapitre 3 I Se faire reconnaître par ses jeunes recrues
(y) plus motivée que jamais. Les projets sur lesquels elle travaille lui
4-1
ai plaisent beaucoup. Et son nouveau patron ne cherche jamais à
>-
CL
O Imposer, mais toujours à trouver un consensus. Il suffit d'aller lui
U
"D
parler pour trouver soi-même la solution. Voilà ce qu'elle attend
O
de son supérieur!
81
TD
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о.
о
и
Chapitre 4
Dialosuer
en mode Y
A vec un langase différent, une franchise désarmante, des préoccu
pations très personnelles et une attention qui sem ble parfois un peu
munication avec ces jeunes. Panorama sur les clés d ’un dialogue
T3
réussi en m ode Y
O
c
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Ln
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ai
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Q.
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'est comme ça depuis leur mal élevés. Les quadras les jugent
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Chapitre 4 1Dialoguer en mode Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
> L'entreprise communique en numérique
En face ou en ligne?
La soif de reconnaissance
XJ
O
c
ZJ
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O
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Q.
O
U
85
Manager la génération Y
1 ♦L’entreprise communique
en numérique
T3
Dans ce cas, elle aura intérêt à prévoir un espace pour les candidats
O
c potentiels et un autre réservé à ses collaborateurs et d'accès privé. Cet
U
û
in espace devra être conçu comme une plateforme délivrant des informa
O
rsl tions, mais proposant aussi aux visiteurs de participer au débat avec, par
(y)
exemple, un forum de discussion animé par un webmaster. Là encore, la
ai
'i—
>-
CL
modernité de la forme contribuera à améliorer l'Image de l'entreprise.
O
U En évitant les grandes phrases lyriques et les informations académiques
sur les valeurs de l'entreprise et l'excellence des parcours professionnels.
En adoptant un ton direct et en cultivant une certaine transparence, un
86
Chapitre 4 1Dialoguer en mode Y
La communication 2.0
Q.
évolutions. Et accepter de donner la liberté aux collaborateurs d'alimen
O
U ter une partie des messages sur les espaces Internet de l'entreprise qui
"O
O leur sont réservés. Cela évitera qu'ils expriment, avec un login anonyme,
leurs récriminations sur des forums et des sites accessibles à tous, même
87
Manager la génération Y
88
Chapitre 4 I Dialoguer en mode Y
Téüioi^êiagc
Céline Laurenceau, conseil en organisation et conduite du changement
chez Accenture, groupe de conseil international
«Chez Accenture, la moyenne d'âge est de 32 ans. Nous avons donc intégré
les outils de communication que nos jeunes collaborateurs et consultants sont
habitués à utiliser. Dans le réseau social d'entreprise baptisé Accenture People,
les consultants peuvent notamment partager des informations sur leurs exper
tises et expériences professionnelles. La génération Y a aussi besoin qu'on lui
parle d'elle. Nous effectuons des évaluations à chaque fin de mission pour leur
donner des retours sur eux et sur leur travail. Par l'intermédiaire de la Fondation
Accenture, nos employés ont aussi la possibilité d'intervenir sur des projets
humanitaires et environnementaux. Ces missions attirent tout particulièrement
la génération Y, soucieuse de donner du sens à ses engagements profession
nels. Au cours de leur carrière, nos consultants peuvent être affectés à un projet
de la fondation. Lorsque je communique avec un jeune collaborateur, je ne lui
donne pas une tâche à accomplir mais je l'intègre dans un objectif. Et je veille
à ce que la mission lui apporte une partie de ce qu'il cherche à acquérir cette
année. Nous fixons leurs priorités à chaque entretien annuel et elles changent
tous les ans. Une année, ils ont besoin de gagner beaucoup d'argent pour ache
ter un appartement. La suivante, ils veulent davantage de missions à l'interna
tional pour préparer un grand voyage en Inde.»
•U
O
c
û
in
^♦Communiquer au quotidien
O
rsl
(y)
“D
Dans la vie quotidienne de l'entreprise, le dialogue avec Y peut virer au
ai O
's_
>-
Q.
rouge. Avec les boomers qui terminent leur carrière, certaines conver
O
U sations tournent court. Les quinquas affirment que la jeune généra
tion n'est pas prête à écouter ou à comprendre des consignes pourtant
simples. Ils se plaignent de devoir répéter plusieurs fois la même chose.
89
Manager la génération Y
sans effet. Pour les managers X, le dialogue peut être aussi complexe.
Ces derniers reprochent parfois à leurs cadets de se montrer trop exi
geants. Ils restent sans voix devant des revendications qu'ils n'auraient
jamais osé formuler au même âge et trouvent que les trentenaires ont
tendance à surestimer leur valeur, alors que le chômage gronde aux
portes de l'entreprise. À l'origine de ces nombreuses incompréhensions,
le mode de communication mérite quelques adaptations. En compre
nant les habitudes et les attentes des Jeunes recrues, le manager s'évi
tera des moments de stress inutile et des heures de paroles inefficaces.
90
Chapitre 4 1Dialoguer en mode Y
(y)
Pour bien communiquer avec Y, le manager aura aussi intérêt à se mon
ai
>-
Q. trer réactif. S'il n'obtient pas de réponses rapides à ses questions, alors
O
U que les moyens de communication le permettent, Y a l'impression qu'il
"D
O y a un problème. Du coup, quand la réponse arrive, elle n'est pas vrai
ment prise au sérieux. Ou bien c'est le jeune collaborateur lui-même
91
Manager la génération Y
qui ne se sent pas bien considéré. Alors qu'il est capable de répondre
à un SMS amical en pleine réunion professionnelle, Y comprend mal
que son patron mette trois jours à répondre à une question qui appelle
seulement un oui ou un non. Avec cette génération, la frustration est
une arme à double tranchant. En laissant l'autre sur sa faim et en rete
nant des informations, le manager risque de perdre toute considération.
Enfin, le conflit est une situation que la génération Y a appris à éviter. En
communiquant à distance, il est facile de mettre fin à une dispute. Et sur
le Net, on peut échapper à un moment désagréable en un simple clic.
Pour communiquer avec ses Jeunes recrues, le manager aura intérêt à
réserver le conflit à des situations qui en valent vraiment la peine et dans
ce cas, à présenter ses arguments de manière cohérente et crédible. Car
quand Y a tort, il est généralement capable de l'entendre. Il suffit parfois
de lui dire clairement et calmement ce que l'on attend de lui et pour
quoi. Enfin, le manager de Y tient ses engagements et ses promesses.
Dans le cas contraire, il aura tout Intérêt à reconnaître qu'il ne l'a pas fait
et expliquer pourquoi, sous peine de rompre le dialogue et de perdre
toute crédibilité auprès de son jeune collaborateur.
92
Chapitre 4 1Dialoguer en mode Y
Attention, si leurs aînés n'y voyaient pas d'inconvénient, les 20-35 ans
n'apprécient pas les meetings qui traînent en longueur sans raison. Il est
préférable de terminer à l'heure prévue. Avant de se séparer, le manager
peut prévoir de prendre des photos numériques, moyen rapide de captu
rer les dessins faits au tableau ainsi que les notes de réunion. Enfin, pour
impliquer les jeunes collaborateurs au-delà du rendez-vous, le manager
peut demander un feedback sur la qualité de l'animation.
Dans les entreprises qui fonctionnent avec des petites équipes, le daily
stand up est une réunion quotidienne qui se déroule debout, en cercle et
à la même heure. Pendant environ 30 minutes, chaque membre répond
à trois questions:
7étHOÎ0Ha0e
Lætitia, 30 ans, chef d'atelier dans une PME de mécanique de précision,
sous-traitant aéronautique en Île-de-France
Après quatre années dans une entreprise de métallurgie dont elle a démissionné,
Laetitia a trouvé un employeur qui lui convient.
•O
O «Ma première boîte fonctionnait à l'ancienne, avec une direction rigide. Son
c
û mot d'ordre était: "Je suis le patron et vous faites ce que je dis de faire, point."
in Chez mon nouvel employeur, mon job a bien évolué. Le patron est plus jeune
O
rsl et il communique beaucoup avec l'atelier. Il explique la fonction des pièces que
(y) nous fabriquons et le milieu dans lequel elles seront assemblées. Du coup, nous
ai savons à quoi vont servir ces pièces et nous sommes plus précis. Mon nouveau
>-
Q.
boss prend aussi le temps de détailler les missions. Quand on manque une jour
O née, il ne nous la retire pas et nous laisse la rattraper. Et quand on en a besoin, il
U
"O accepte de nous donner des heures supplémentaires. Dans cette société, l'am
O
biance est conviviale, on peut dialoguer.»
93
Manager la génération Y
94
Chapitre 4 I Dialoguer en mode Y
Enfin, les SMS sont des mini-messages réservés à des informations très
courtes et pratiques (un rendez-vous, une confirmation, l'indication d'un
lieu, d'un interlocuteur...). Dans l'entreprise, ils sont à réserver à ce type
de précisions. Même avec la génération Y, des messages importants ou
sensibles transmis par SMS passent mal. Ce mode de communication est
habituellement dédié aux conversations sans enjeu, sauf cas particuliers
et dans une sphère privée.
O
fNl
se déplaceront au bureau de leur collègue. Une hiérarchie d'utilisation
des outils implicite pour tous les salariés.
ai
's_
>-
Q.
O
U
"O
O
95
Manager la génération Y
Les 20-35 ans ont envie d'avoir le sentiment d'être écoutés et considé
rés. Ils ont généralement été reconnus par leurs parents pendant leur
enfance et attendent la même chose de la part de leur manager. Avec
Y, le manager va donc devoir faire preuve de reconnaissance en quali
fiant son collaborateur et ses compétences. Sans cette reconnaissance,
la jeune recrue risque de se sentir ignorée et peut même avoir l'impres
sion d'être rejetée. Pour favoriser la motivation, le manager aura intérêt à
instaurer un climat permettant une certaine forme d'intimité. La
communication sera ouverte, basée sur l'acceptation de l'autre et
comportera des signes de reconnaissance positifs.
96
Chapitre 4 I Dialoguer en mode Y
gi
pour peu qu'on les utilise dans les règles de l'art. Fortes de ce constat,
Q.
certaines entreprises américaines comme General Electric ont impulsé
O
U un mouvement de «reverse mentoring» dès 1999. Un mentorat Inversé
où ce sont les jeunes qui concoctent les programmes de formation et
apprennent à leurs aînés à bien utiliser le Net pour servir leurs intérêts
97
Manager la génération Y
TetHoignaga
Christine Dehesdin, directrice des ressources humaines chez Cofely Services
«À l'origine de l'histoire était le défi pour Cofely Services d'incarner la digitali
sation de nos métiers, de nos façons de les exercer. Les acteurs: d'une part nos
dirigeants et nos cadres, qui n'étaient pas des «natifs» mais des «immigrants»
du digital, et qui n'auraient jam ais l'aisance des jeunes Y, et d'autre part de
TJ
jeunes collaborateurs, salariés ou en alternance et issus de toutes les filières de
O
c l'entreprise, passionnés par le monde digital et avec l'envie de partager leurs
û connaissances. C'est en rencontrant des cadres de Danone, qui avaient déjà
in
déployé le digital reverse mentoring, que cette option nous est apparue comme
O
rsl une idée innovante, que nous avons adaptée pour répondre à notre enjeu.
(y)
L'impulsion donnée par notre direction générale fut déterminante, la volonté
ai de notre ComEx de suivre également. Une de nos collaboratrices responsable
's_
>- de la communication digitale a pris en charge son organisation en étroite colla
Q.
O
U boration avec la direction des ressources humaines: identifier dans l'entreprise
des jeunes mentors, créer et structurer avec eux le parcours et les modalités de
déploiement, mettre en place une formation permettant aux jeunes de se mus
cler sur des notions de mentorat et d'assertivité, définir les règles du jeu entre
98
Chapitre 4 I Dialoguer en mode Y
99
Manager la génération Y
100
Chapitre 4 I Dialoguer en mode Y
Dialosuer avec Y
en neuf points
Développer la communi Privilésier les réunions
2
Privilésier l'approche
«plateforme» qui permet
de participer et d'intera- 6
Sir avec ses collaborateurs et ce, sur
Internet comme dans les réunions de
directives et les missions
confiées auront un impact
positif sur l'entreprise.
7
travail.
ment des retours au jeune
collaborateur. Reconnaître
la spécificité de ses compétences
O Délivrer des messases
et ne pas hésiter à le comparer de
manière positive.
brefs, directs et authen-
■O tiques. Être précis sur ses
O
c attentes et vérifier qu'elles ont été
û Organiser des sessions de
bien comprises.
formation au digital ani
O
(N mées par des jeunes.
CT
>- Poser des questions ou
CL
O Accepter de dialoguer de
9
U vertes.
manière plus informelle et
ne pas se montrer choqué
par le style direct et la franchise.
101
Manager la génération Y
102
Chapitre 5
Passer
des consisnes
T3
à un mode incitatif. Comment se faire comprendre et suivre par
O
c
=3
û ces nouveaux salariés?
un
tH
O
fNl
ai
's _
>-
Q.
O
U
es 20-35 ans arrivent sur le mar compter sur soi que sur les autres. Ils
•O
O
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rsl
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Q.
O
U
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
> Proposer un environnement flexible
XJ
O
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O
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SI
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Q.
O
U
105
Manager la génération Y
O
fNl trer en s'appuyant sur le cycle d'apprentissage.
ai
's _
>-
Q.
O
U
106
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
Le cycle d'apprentissage
4. Interdépendance 1. Dépendance
J'accepte de dépendre Imitation, j'observe.
^ parce que l'équipe m'apparaît j'apprends et je prends *
plus solide que l'individu mes repères
3. Indépendance 2. Contre-dépendance
J'ai rompu, je n'ai Conflit, je ne veux plus être
1 besoin de personne dépendant, je transgresse, >
je veux la rupture
107
Manager la génération Y
T3
ner l'impression de retirer du pouvoir. Dans un modèle classique, le fait
O
c de manager suppose un rapport de hiérarchie: je donne la consigne et
=3
û
un
tH
le collaborateur l'applique. Avec le mode de management plus proche
O
fNl
de l'accompagnement et du coaching, il implique un rapport d'égal à
(y)
égal. Pour se rapprocher de ce type de management plutôt bien adapté
ai
>-
Q.
aux attentes de la génération Y, il s'agit de trouver un juste équilibre.
O
U Dans une posture d'accompagnateur, le manager va permettre à cha
cun de ses équipiers d'exprimer son potentiel. Et ce, tout en se montrant
productif au sens où l'attend l'entreprise.
108
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
109
Manager la génération Y
7étHoi0Ha0e
Michel Magot, directeur de la gestion des cadres du groupe Saint-Gobain
Soint-Gobain o été pionnier dans la prise en compte de la génération Y dans l'entreprise.
Le groupe fait partie des grandes entreprises qui recrutent le plus de jeunes en France. Depuis
2011, il a multiplié les actions pour adapter son management aux attentes de cette nouvelle
génération.
«La génération Y nous a conduits à faire évoluer notre mode de management.
Aujourd'hui, on n'entend plus les cadres et les quadras se plaindre de leurs
jeunes recrues. Ils nous expliquent: «Tu connais mon équipe, ce sont des jeunes
alors il faut de la flexibilité et du feedback». Nous avons structuré notre poli
tique RH autour de la diversité, de la mobilité, de l'engagement et de la pro
motion des talents. Cette diversité implique les différentes générations et nous
sommes attentifs à bien mixer les générations dans nos équipes. Le président
du groupe lui-même tient à s'entourer de collaborateurs seniors et expérim en
tés mais aussi de jeunes qui peuvent apporter au groupe une vision de l'exté
rieur. Dans notre école de management interne, nous avons créé un module
de formation d'une journée pour apprendre à manager la génération Y. Cela
implique d'avoir une politique ouverte sur le télétravail, le temps choisi, les
congés sabbatiques... Ce management implique aussi de la flexibilité, du chal
lenge et surtout, du feedback. Ces jeunes veulent avoir une vision large de leur
mission. À nous de nous montrer explicites sur nos valeurs comme sur nos choix
en termes de management. Ils veulent apprendre vite, recevoir un feedback per
manent, avoir accès à des réseaux sociaux, mieux connaître la personnalité et
les valeurs de leur n + 1...
En 2009, nous avons lancé l'obligation d'un entretien annuel pour lequel de
nombreux dirigeants étaient sceptiques, estimant qu'ils connaissaient leurs
équipes. Mais aujourd'hui, personne ne songerait à le remettre en cause.
Certaines sociétés en font même plusieurs par an. Ils permettent de commenter
les performances des jeunes, ce qui les motive et ce qui leur est nécessaire. Ces
U
O
jeunes veulent progresser, ils ont besoin de savoir là où ils sont bons et là où ils
c doivent encore travailler. Le principe de communauté et le Web 2.0 nous ont
=3
û
Ln beaucoup aidés à comprendre ces jeunes générations. Nous avons créé de très
O nombreuses communautés par thèmes sur le réseau d'entreprise interne. Ainsi,
rsl
les salariés peuvent poser des questions en direct et obtenir rapidement des
(y)
réponses. Ce type de fonctionnement abolit les différences d'âge et de généra
ai
tion. Nos métiers se digitalisent rapidement et les jeunes apprécient que l'entre
>-
Q.
O
prise développe des sites de e-commerce. La relation client a beaucoup évolué
U avec le digital et les jeunes sont bien entendu très à l'aise avec les procédures
numériques.»
110
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
n i
Manager la génération Y
7ещЫ0на0е
Charlotte, 29 ans, ingénieur en systèmes d'information
dans un petit cabinet de conseil
Elle participe au recrutement et travaille avec de nombreux consultants de moins de 30 ans.
«Il est parfois difficile de manager des personnes de mon âge car ils ont moins
de respect pour la hiérarchie. Il faut gagner leur estime pour se faire entendre.
Il est, de plus, nécessaire de mettre les formes en expliquant ce que Гоп attend
d'eux com m e: "Je te propose de faire telle action, utile pour le projet pour telle
raison, et sur laquelle tu es le plus compétent". Ma génération impose de nou
velles techniques de gestion de projet car il faut laisser les collaborateurs arriver
eux-mêmes à constater l'importance de certaines tâches. Après, en autonomie,
ils feront spontanément ce qui est nécessaire. Comme moi, ces jeunes collabo
rateurs veulent accéder à des responsabilités tout en exigeant que l'on respecte
leur vie privée. On veut le beurre et l'argent du beurre. Avec les nouvelles tech
тз
о nologies, les jeunes consultants vivent dans un paradoxe. Nous respectons nos
с
=3
Û aînés mais sommes forcément en avance sur eux car nous maîtrisons ces outils
1Л
тН numériques depuis notre plus jeune âge. Du coup, nos collaborateurs plus âgés
о sont frustrés. Ils n'ont pas la même agilité et ne parviennent pas à rattraper
Гч1
leur retard technologique.»
01
>-
CL
о
и
112
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
113
Manager la génération Y
T3
O
c Afin de se donner les meilleures chances d'atteindre ses objectifs, le
U
û manager cherchera à positionner chaque membre de son équipe dans
un
tH
O
fNl sa zone d'excellence. Pour les jeunes qui ont besoin d'être reconnus de
par leurs spécificités, ce mode de management convient parfaitement.
SI
CT
Il s'agit de les aider à tirer le meilleur d'eux-mêmes, tout en respectant
>-
Q.
O
U
leurs personnalités.
114
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
Le m anager coach doit aussi veiller à être réactif dans ses retours à
ses Jeunes collègues. Ces derniers sont habitués à l'instantanéité du
Net. Ils préféreront un feedback en flux RSS à une analyse à trois mois
de ce qui a ou n'a pas fonctionné. Pour eux, trois mois après, l'épisode
appartient déjà à la préhistoire. Enfin, la génération Y revendique aussi la
transparence et la communication totale. Inspirés par la conception du
droit à l'information, boostés par les sites Internet participatifs et l'expé
rience Wikileaks, les 20-35 ans supportent mal qu'on leur raconte des
mensonges, même si c'est pour la bonne cause.
•O
O
c
û
in
O
rsl
(S)
S evers une compétence
ai
's _
>-
“D
O de mandser coach
Q.
O
U
115
Manager la génération Y
116
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
7etHOÎ0Ha0û
Audrey Le Carour, directrice de la communication de CGI en France,
entreprise canadienne du secteur numérique qui emploie près de
10000 personnes en France
Audrey est une professionnelle de la génération X. À 42 ans, elle a apprécié l'arrivée
de la nouvelle génération Y en entreprise et estime que ses exigences ont assaini des aspects
•O
O d'organisation et de management. Mais elle souligne aussi une certaine ambivalence
c
117
Manager la génération Y
très sain. Ces jeunes parviennent rapidement à nouer le dialogue avec leurs
collaborateurs. Mais ils détestent la dimension politique du monde du travail,
comme s'ils ne voulaient pas grandir et qu'il était normal que l'entreprise soit
un monde idéal. Du coup, les compromis les enquiquinent, ce qui est parfois
un peu difficile à gérer. Il faut dialoguer pour leur faire comprendre qu'il y a
un compromis à trouver entre leur monde idéal et la réalité. S'ils parviennent à
en saisir la nécessité et le sens, ils acceptent plus facilement de dépasser leurs
blocages. Il est essentiel de les convaincre car en leur imposant sans leur expli
quer pourquoi, on n'obtient pas leur adhésion. Le pendant, c'est que ce type
de rapport nécessite de prendre le temps d'expliquer. C'est nouveau pour de
nombreux managers. Cette nouvelle génération dans l'entreprise fait évoluer
les rapports vers un mode collaboratif. Il n'est plus envisageable de présenter
un projet bouclé sans que personne n'ait son mot à dire. Mais cela vaut autant
pour eux que pour les plus anciens. Or si les jeunes réclament d'avoir leur mot
à dire sur les autres projets, ils n'ont pas toujours envie de partager leurs infos,
sous prétexte qu'elles s'inscrivent dans leur propre périmètre. Il faut les amener
à grandir sur ce point. Ils doivent comprendre que leurs projets seront forcé
ment meilleurs s'ils sont conçus à plusieurs. Une fois qu'ils ont compris cela, ils
évoluent très bien.»
Chez Ernst & Young, le cabinet met en place des formations « coaching »
sur une journée pour tous les consultants qui passent à un poste d'enca
drement (niveau manager). Selon Sylvie Magnen, associée en charge de
la stratégie des ressources humaines, « il s'agit de réaliser que le fait d'en
cadrer une équipe ne se résume pas à donner des consignes, mais aussi
à établir des priorités, à valoriser les personnes, à les aider à comprendre
les enjeux et à se développer. Pour les managers seniors, ces formations
■a durent deux jours. L'objectif est aussi de mieux se positionner et de réus
O
c
a
Q sir à faire participer les équipes au projet d'entreprise ».
Ln
O
fM
O
ai
>-
CL
O
U
118
Chapitre 5 I Passer des consignes adaptées
Passer des
consisnes adaptées
en six points
A ccep ter de faire le deuil Enrichir le manasem ent
I
I
du pouvoir hiérarchique
pour devenir le facilitateur
qui permet à chacun d'apporter ses
idées et de contribuer pleinement
au projet.
4
mettre au
avec des outils issus du
coachins qui vont per
manager d 'acco m pa
gner et de faire grandir ses jeunes
recrues.
2
Susciter la coopération,
5
en objectifs porteurs de
en sachant faire preuve
sens qui donnent à Y
d'une autorité factuelle
l'envie de s'investir: il n'y a plus de
pour qu'autonomie ne devienne
contraintes mais des défis qui vont
pas synonyme de contestation.
lui donner envie d e se dépasser
pour participer au résultat.
XJ
O
c
ZJ
û
O
3
Accepter le droit à l'erreur
où chaque difficulté ren
contrée se transforme en
opportunité d'apprendre et d'évoluer.
6
tives.
aider Y à cultiver son
em ployabilité sans tom
ber dans l'ennui des tâches répéti
fM
(y)
sz
'l.
>-
Q.
O
U
119
Manager la génération Y
■O
n'avait pas trouvé la coopération attendue et était déçu. La com
O
c préhension mutuelle des attentes et des limites a été salutaire.
D
Q
Ln Huit mois après cette première mésentente, le quinqua et la Jeune
O
rsl
avocate ont appris à travailler ensemble. Ils ont su intégrer leurs
(y)
attentes réciproques à leur fonctionnement. Jean-Pierre est passé
gi
Q.
de son rôle de manager à celui d'accompagnateur. Il a su choisir
O
U le moment opportun pour écouter Sophie et a accepté d'intégrer
ses remarques. Ainsi, elle s'est sentie respectée et a trouvé plus
normal de faire des compromis.
120
Chapitre 6
Déléguer à Y
Multitâche et impatient, Y fait preuve d ’une suractivité un peu non
chalante qui exaspère ses aînés. Les faits montrent qu’il est séné-
T3
O
c
=3
û
Ln
tH
O
fM
ai
>-
Q.
O
U
e jeune Y possède un fonction peut aussi laisser à penser qu’il est
XJ
O
c
ZJ
û
O
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(y)
sz
oi
>-
Q.
O
U
Chapitre 6 I Déléguer à Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
Accepter et apprendre à déléguer à Y
XJ
O
c
ZJ
û
O
fM
(y)
sz
'l.
>-
Q.
O
U
123
Manager la génération Y
XJ
système («ce que fera mon collaborateur»). Et la manière de procéder du
O
c jeune collaborateur pourra effectivement sembler bien différente. Avec
û
un
tH
Y, la mise en place d'un principe de délégation prend un certain temps.
O
fNl La mission à accomplir sera confiée là où le travail peut être réalisé de
manière compétente, au plus près du lieu où les problèmes se posent
ai
's _
>-
Q.
et où les informations sont disponibles. En déléguant, le manager aura
O
U intérêt à mettre en perspective les éléments de la stratégie d'entre
prise. Car ces derniers vont permettre à Y d'identifier les besoins réels
de l'organisation et de respecter les contraintes. La délégation avec Y
124
Chapitre 6 I Déléguer à Y
demande de passer par une vision globale. Bien sûr, il ne faut pas s'at
tendre à ce que tout ce qui est délégué soit parfaitement réalisé instan
tanément. Le manager devra cependant éviter de souligner trop dure
ment les erreurs au risque de décourager Y. Mais patience ne signifie pas
non plus complaisance. Il s'agit de continuer à challenger Y vers une prise
d'autonomie, tout en l'épaulant. Dans la délégation à Y, un soutien est
essentiel pour qu'il accomplisse au mieux la mission confiée. Le mana
ger a tout intérêt à mettre en place une assistance de type «hotline».
Ainsi, Y peut recevoir une aide psychologique et méthodologique quand
il en a besoin. Le manager prend soin d'accompagner Y avec son exper
tise, sa capacité de diagnostic et le recul qu'il peut l'aider à prendre.
1ciHoignage
Vincent Encontre, PDG de la société high-tech Intuilab à Labège
(Haute-Garonne)
Intuilab conçoit et développe des applications de surfaces computing (interfaces tactiles
d'ordinateur). 70 % des salariés appartiennent à la génération Y.
U «Lorsqu'on me demande un organigramme, j'explique que je n'en ai pas. Notre
O
c
Z3 business nous demande d'être flexibles. Il impose un mode de travail qui ne soit
Q
LD pas figé et organisé dans des structures compliquées. Nous avons aussi choisi
tH
125
Manager la génération Y
des bureaux. Pour que les processus mis en place soient bien suivis, il est néces
saire de parvenir à un haut niveau de responsabilité individuelle. Nous accordons
pas mal de liberté aux salariés et cette liberté couplée à une bonne compréhen
sion de la responsabilité induit des attitudes d'autorégulation dans l'interdépen
dance. Chacun se sent concerné et libre d'exercer aussi sa créativité au service de
l'entreprise.»
Développer l’autonomie
126
Chapitre 6 I Déléguer à Y
Pour une délégation efficace, le manager aura intérêt à définir les objec
tifs en concertation avec Y : « qui réalise quoi, pour qui, et quand ». Avant
la mise en œuvre, il sera essentiel de s'assurer que le jeune collaborateur
a bien compris ce que son manager attend de lui. Enfin, il faudra égale
ment veiller à ce que ce dernier dispose des moyens nécessaires pour
accomplir sa mission. Ces moyens concernent la logistique, mais aussi
le délai fixé (avoir assez de temps), les compétences, les ressources exté
rieures... Les moyens sont négociables et Y s'engagera d'autant mieux
qu'il possédera un certain contrôle sur ce qu'il entreprend.
O types de contrôle:
fNl
127
Manager la génération Y
O
fM
cela l'arrange. Chacun rend régulièrement compte de l'état de son pro
(y) jet, mais sans formalités excessives. Ce fonctionnement d'information
ai directe contourne les anciens niveaux hiérarchiques intermédiaires.
>-
CL
O
U
128
Chapitre 6 I Déléguer à Y
4 ^L’apprentissase orsanisationnel
Dans l'entreprise, la délégation peut doper l'innovation. Elle vulgarise des
modes opérationnels, permettant de diffuser les expériences intéressantes
à travers les réseaux. Ainsi, les nouvelles pratiques qui marchent se trans
forment rapidement en bonnes pratiques et se déploient à grande échelle.
Les échanges au sein des diverses communautés professionnelles (savoir,
pratiques, projets...) sont une source permanente d'innovation. Les entre
prises l'ont bien compris et certaines commencent à développer des orga
nisations du travail qui permettent d'innover sans forcément passer par la
hiérarchie. Toyota a ainsi mis en place une organisation collaborative en
apprentissage constant. Celle-ci permet d'optimiser la gestion du savoir
opérationnel. Dans l'entreprise comme dans les réseaux, le collectif permet
de démultiplier les compétences et leurs bénéfices. Le magazine 01.Net
Entreprise fait état d'une pratique chez Octo Technology. Lorsqu'un consul
tant doit rédiger une proposition commerciale ou un courriel critique, il sol
licite ses collègues pour recueillir leur avis. Ces derniers lui attribuent une
note et, surtout, formulent leurs critiques et les points d'amélioration. Ce
qui a été mis en place comme un Jeu est aujourd'hui entré dans les us et
coutumes. Les consultants considèrent qu'il s'agit d'une source importante
de partage de connaissances et d'un moyen de gagner en efficacité.
129
Manager la génération Y
Déléguer à Y
en six points
Le manager délègue des La délégation donne lieu
I
I
missions et pas seulement
des tâches. Il définit le
cadre de la délégation clairement,
tout en veillant à éviter des règles
trop formelles qui peuvent susciter
4 a un feedback à par
tir d es indicateurs mis
en place avec Y II aura à rendre
régulièrement com pte de l’état de
son projet, mais sans formalités
de la passivité, voire de la rébellion. excessives.
3
■O
O y vers une prise d ’auto
c
Û nomie avec un manager Une délégation réussie est
6
LO
qui est présent (mais discret) pour un gage d ’efficacité et un
O
fM
accom pagner son équipier tout au outil de gestion des res
(y)
long du projet. sources humaines.
CT
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CL
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130
Chapitre 6 I Déléguer à Y
131
TD
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х:
ai
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о.
о
и
Chapitre 7
Produire avec
la qénération Y
Pour navisuer en permanence dans un monde de changements et
d ’incertitudes, l’entreprise a besoin de souplesse. De plus en plus,
T3
attentes des jeunes Y
O
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=3
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'équipier Y ne veut pas être can der les jeunes à comprendre en quoi
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Q.
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Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
> Adopter une approche systémique
XJ
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'l.
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Q.
O
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135
Manager la génération Y
1♦ A d o p t e r u n e a p p r o c h e s y s t é m iq u e
Dans ce type de démarche, Y trouve son compte et adhère. Elle lui per
met de comprendre à quoi sa contribution personnelle va servir. Il n'est
plus seulement le rouage d'une mécanique répétitive et monotone,
mais il devient l'auteur d'un processus de production à part entière. Et
son process à lui s'articule dans un ensemble. L'approche systémique
donne lieu à un développement de l'autonomie des collaborateurs.
L'idée est que chacun prenne en charge son process au mieux et sache
T3
O
c moduler ses actions en fonction de son environnement.
û
in
O
ГМ
(y) Développer l’auto-orsanisation
ai
>-
Q. L'auto-organisatlon est fondée sur la délégation, la confiance et l'inté
O
U grité de chacun. Responsable et auteur de sa partie, chaque collabo
rateur réalise sa tâche dans un souci de servir la qualité d'ensemble.
Certains secteurs d'Orange Business Services Online Multimedia ou de
136
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
137
Manager la génération Y
138
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
T c tH O Î0 H a 0 e
F r é d é r ic D u ffa u , c o a c h A g ile
« Les Y ne peuvent que trouver leur compte dans un environnement collabora
tif. Pour eux qui se posent toujours la question du « pourquoi » (pourquoi on fait
ce projet? pourquoi on a fait ces choix? pourquoi on a ce délai?), un projet en
mode collaboratif va tout de suite les embarquer parce qu'ils répondent eux-
mêmes à leur question. L'équipe est véritablement intégrée, elle comprend où
elle va et elle se challenge d'elle-même. Elle y croit et elle est prête à gagner
le match! Elle travaille en «co-élaboration». La plus forte résistance vient sans
aucun doute du middle management qui vit cette autonomie de l'équipe
comme une perte de sa responsabilité. Pourtant, tout le monde y gagne:
l'équipe, l'entreprise et le p r o d u c t o w n e r (le client final). Il est indispensable de
sortir des basiques du management traditionnel pour permettre à une orga
nisation horizontale d'exister. Peu à peu, l'entreprise est en train d'intégrer ces
changements.»
TJ
O
c
U
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un
tH
O
fNl
In v e s t ir s u r le s c o m p é t e n c e s
ai
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>-
Q.
O
U Dans ce type d'organisation, la fiche de poste est réduite au maximum,
c'est-à-dire aux trois items essentiels que sont la finalité du poste, les
Q
© responsabilités qui y sont attachées et les compétences requises. Alors
139
Manager la génération Y
140
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
DI
aura aboli les reportings vers la direction, plus l'énergie pourra se repor
>- ter sur les nouveaux projets, les nouvelles idées, l'Innovation.
CL
O
U
141
Manager la génération Y
T é m o ig n a g e
«Depuis quelques années, les jeunes recrues accèdent à des postes de chef de
projets. Ils ont beaucoup plus de mal que les générations précédentes à rentrer
dans les processus déjà Installés. En même temps, leur spécificité est porteuse
de nouvelles méthodes avant-gardistes. Avec les méthodes Agile, nous avons
mis en place des équipes de six à dix personnes qui vont travailler ensemble.
La réussite du casting est essentielle. Cela ne convient pas à ceux qui aiment
travailler seuls. Un certain nombre de structures guident l'équipe comme des
réunions journalières de 15 minutes où tous les membres expliquent pendant
2 minutes ce qu'ils ont fait la veille et ce qu'ils vont faire le lendemain. Cela
implique une grande entraide car toute l'équipe essaie de régler les problèmes
rencontrés par ses membres. Cette méthode plaît beaucoup et les managers
l'emploient également avec leurs chefs de projet. Une petite réunion mensuelle
d'une heure permet ensuite les retours d'expérience avec l'objectif de formuler
deux ou trois recommandations pour la période suivante. Dans le même esprit,
les services ont affiché des calendriers dans leurs bureaux. Tous les soirs, chaque
salarié y appose une gommette indiquant la couleur de sa journée: feu vert,
orange ou rouge. D'un seul coup d'œil, le manager sait si ça a été ou non une
bonne journée.»
5 ^ L e D es/ÿn Thinkins
U
O
c
L'agence web Nurun France, qui emploie 200 personnes en France,
û
Ln dans laquelle travaille Stéphane Bartolomucci, utilise principalement
O
(N
la méthode de travail Design Thinking comme base de son position
SI nement. Cette méthode ethnographique née en Californie dans les
ai
's_
>-
Q.
années 1990 est basée sur l'observation des gens in situ pour trouver des
O
U insights forts et comprendre ce qu'ils veulent vraiment, que ce soit sur
les réseaux sociaux comme dans les supermarchés ou les circuits tou
ristiques... Mais il s'agit aussi de comprendre ce qui bloque et ce qui
142
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
© ♦ L ’e x e m p l e d e s m o d è l e s A s i l e
143
Manager la génération Y
144
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
T3
T û t H o i^ H a g e
O
c
=3
Q T h ie r r y C o n te r , c o a c h A g ile c h e z T h a ïe s
LO
«Ces Jeunes sont en recherche permanente de sens. Ils veulent mesurer leur
O
rsl contribution au résultat en temps réel et s'exprimer librement sur ce qui va ou
(y) ne va pas. Les jeunes collaborateurs vivent le changement de manière beau
SI
gi coup moins anxiogène que leurs aînés. Ils s'adaptent rapidement, avec une
grande souplesse. Quelques organisations ont conscience des changements
Q.
O culturels en cours. Elles ont compris que, pour fidéliser et garder ces jeunes,
U
"O
D
l'entreprise devait devenir apprenante.»
145
Manager la génération Y
Les méthodes Agile ne sont que des outils qui peuvent aider l'entreprise
à acquérir plus de souplesse. Certains secteurs vont privilégier d'autres
approches. Par exemple, le monde bancaire préfère proposer aux mana
gers de faire évoluer leur pratique à leur manière. Valérie Belhassen,
responsable de la formation et du développement des compétences
du groupe BNP-Paribas, indique: «Notre M a n o g e m e n t A codem y a orga
nisé des conférences de sensibilisation pour aider les managers à com
prendre les motivations de la génération Y. Mais nous ne proposerons
pas de méthode formatée. Les managers intéressés pourront appro
fondir certains points afin d'adapter leur pratique en fonction de ce qu'ils
ont constaté. Avec la génération Y, il n'existe pas de recette miracle mais
un m ix de différentes méthodes et pratiques que chacun doit mettre en
œuvre au plus près de ses préoccupations. L'académie propose une série
de modules de formation en fonction des besoins.» Selon cette spécia
liste du monde financier, les clés du management de la génération Y
sont surtout à trouver dans la communication et dans l'écoute.
•O
O
c
û
LO
O
rsl
(y)
ai
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>•
CL
O
U
146
Chapitre 7 I Produire avec la génération Y
Produire avec
la sénération Y
en six points
Susciter l'ensasement de Y Offrir à Y un manaser
I en lui posant des questions
m plutôt qu'en lui proposant
des solutions.
4 accessible, qui commu
nique et qui lui permet
d'apprendre et de prosresser en per
manence.
délais...).
tout en le responsabili
sant sur la finalité (coût,
5 place des moyens ludiques
pour renforcer la cohésion
d'équipe. Ils seront plus efficaces que
les primes et sratifications que l'entre
prise n'a plus les moyens de distribuer.
XJ
O
c
ZJ
û
O
fM
la prise de décision et en
le laissant libre de s'orsaniser comme
il le souhaite.
6 Asile pour une entreprise
résiliente et capable de
passer les crises en souplesse.
(y)
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'l .
>-
Q.
O
U
147
Manager la génération Y
Coopération et auto-organisation
O pour gagner le match
5
Christophe est directeur d'un petit bureau d'études d'ingénierie
to aéronautique à Toulouse, comprenant 22 ingénieurs et techni
< ciens. Il y a quelques mois, suite à la crise que traverse ce secteur,
U
il a senti une démotivation parmi ses équipes. Conscient que la
pérennité du bureau d'études est liée au moral de ses équipiers,
qui doivent répondre à de nombreux appels d'offres et réussir à
se différencier pour être retenus par les prescripteurs, Christophe
a décidé de mettre en place un programme pour renforcer la
cohésion d'équipe. Il en a confié la mise en œuvre à un cabinet
de conseil qui propose un serio u sg am e intitulé «TeamBurger». Ce
jeu s'inspire des moments de rush dans un fast-food, lorsque les
opérateurs doivent prendre les commandes, préparer les hambur
gers à la demande, les mettre en boîte, encaisser, tenir le rythme,
garder le sourire... Pendant deux heures, l'équipe de Christophe a
été soumise à ce type de pression. Alors que le contexte était très
différent du cadre de travail des participants, la situation est deve
nue le reflet de leur quotidien anxiogène tel qu'ils le vivent dans
leur entreprise et le jeu les a confrontés à leurs propres limites. Au
TD cours des deux heures de jeu, l'équipe a pris conscience que pour
O
C
û
=3 gérer le stress et faire face, tous ses membres doivent se centrer
un
tH sur l'objectif commun, être individuellement garant de la cohésion
O
rsl
de l'équipe, oublier la hiérarchie, s'adapter, se responsabiliser dans
(y)
ai
les prises de décision et d'initiatives... À l'issue du jeu, l'équipe
Q. de Christophe était consciente des enjeux de la coopération et
O
U
de l'importance de l'auto-organisation... et prête à se serrer les
coudes pour surmonter la crise et gagner ensemble.
148
Chapitre 8
La motivation
selon y
Pour donner le meilleur de lui-même, le jeune Y doit avoir l'occa
sion d ’enrichir le projet tout en apprenant de cette nouvelle expé
T3
O
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Q.
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e jeune Y a srandi dans un en compte en tant qu'individu. Il sera
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L.
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Q.
O
U
Chapitre 8 I La motivation selon Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
> Proposer un travail «challenging »
XJ
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SI
'l .
>-
Q.
O
U
151
Manager la génération Y
! ♦ P r o p o s e r u n t r a v a il « c h a l l e n g i n s »
152
Chapitre 8 I La motivation selon Y
7 û tH O Î0 h a 0 e
F a b ie n n e , 31 a n s , t i t u l a i r e d 'u n D E S S s y s tè m e s d 'i n f o r m a t i o n e t c o m p t a b ilit é
A p rè s d e u x p re m iè re s a n n é e s d o n s la b a n q u e p u is tro is a n s c h e z un g ra n d n o m d e la
p ré v o y a n c e , la je u n e c h e f d e p ro je t m a îtrise d 'o u v ra g e a c h a n g é d e u x fo is d 'e m p lo i to u t en
re sta n t d a n s le s e c te u r d e l'a ssu ra n ce.
Donner du feedback
•O
O
c
Y a besoin de recevoir des retours sur le travail qu'il acconnpiit. Il a grandi
Q
Ln avec des parents qui comnnentaient le moindre de ses pas et il est habi
O
rsl
tué à exister dans la parole des autres. Dans les années X, le feedback
O
de la direction avait été Institué une fois par an et baptisé «entretien
ai
>-
CL
annuel». Aujourd'hui encore, la tradition se perpétue. Pour un jeune Y,
O
U
ce rythme est très insuffisant. Il a besoin de faire le point bien plus sou
vent pour soutenir sa motivation. À la fin de chaque action, il attend des
commentaires de la part de son supérieur hiérarchique pour l'inciter à
153
Manager la génération Y
154
Chapitre 8 I La motivation selon Y
155
Manager la génération Y
T3
à la gestion de projets. De plus, ces nouvelles façons de travailler per
O
c
mettent de mettre en évidence des potentiels passés inaperçus dans un
û
LO environnement conventionnel. Si la pratique des activités o u td o o r com
O
rsl
mence seulement à se développer en France, elle est déjà très répandue
(y)
dans les pays anglo-saxons.
ai
'i—
>•
CL
■ Enfin, l'entreprise marquera des points et soignera son image avec
O
U des équipements 2.0. Pour bien travailler, la génération Y a besoin de
moyens informatiques et d'outils collaboratifs aussi performants que
ceux qu'elle a l'habitude d'utiliser. Les investissements informatiques et
156
Chapitre 8 I La motivation selon Y
157
Manager la génération Y
3 ^ U n t r a v a il e n é q u i p e e t u n s a la ir e j u s t e
O
Facebook peuvent devenir des nouveaux collaborateurs ou des nou
ai
veaux clients.
>-
CL
O
U
Dans le panel des dopants de la motivation Y, le salaire rentre aussi
en compte. Mais pour Y, l'important n'est pas de gagner plus à n'im
porte quelles conditions. Il veut surtout toucher un salaire juste selon
158
Chapitre 8 I La motivation selon Y
7 e tH O i0 H a g e
S t é p h a n e B a r to lo m u c c i, D R H d e N u r u n F ra n c e
N u run F ra n ce e s t u n e a g e n c e d e c o m m u n ic a tio n e t stra té g ie d ig ita le , q u i e m p lo ie
2 0 0 sa la rié s en Fran ce.
û lution et de salaire. Quand ils partent à l'international, nos jeunes diplômés ont
Ln
tH
moins le souci du retour en France que leurs aînés. Ils sont sensibles aux pers
O pectives de développement des pays et comme ils sont nés avec la crise euro
fM
péenne, ils ne voient pas le bout du tunnel et n'hésitent pas à envisager leur
vie ailleurs. Enfin, dans nos métiers numériques, nos jeunes talents sont hyper-
ai
>- connectés mais peuvent être paradoxalement « physiquement» très isolés dans
Q.
O l'entreprise. Et peu habitués à travailler en équipe pluridisciplinaire. Il faut les
U
encourager à décrocher de leur écran et aller discuter avec leurs collègues plu
tôt que de leur envoyer des e-mails. »
159
Manager la génération Y
4 ^ D e s a v a n t a s e s à la c a r t e
160
Chapitre 8 I La motivation selon Y
5 ^ U n c a d r e c la ir e t l o s i q u e à r e s p e c t e r
Pour éviter que ces habitudes n'entraînent des problèmes dans les
équipes, il s'agit tout simplement de poser les règles et de les expliquer.
161
Manager la génération Y
Car ce qui est considéré comnne des bases indiscutables pour les plus
anciens (arriver à l'heure, mettre un costume quand on va chez le
client...) ne fait pas forcément partie de l'éducation du jeune. Le mana
ger devra donc Indiquer clairement le «protocole» de base à respecter
dans l'entreprise, à expliquer sa fonction et à le rappeler Jusqu'à ce que
son jeune collaborateur l'applique spontanément.
162
Chapitre 8 I La motivation selon Y
J é iH o iQ H a ^ e
A n n e - G a b r i e l l e D a u b a - P a n t a n a c c e , d i r e c t r i c e d e la c o m m u n i c a t i o n
e t p o r te -p a r o le d e G o o g le F ra n c e
«Aujourd'hui, le digital se répand progressivement dans toutes les entre
prises, induisant une évolution des rapports entre les salariés. À la création
de l'entreprise en 1998, les deux fondateurs de Google voulaient adopter
un mode de management centré sur les salariés et recréer l'ambiance qu'ils
avaient connue en tant qu'étudiants à Stanford (prestigieuse université de la
Silicon Valley). Leur modèle managérial était directement inspiré du monde
d'Internet avec une hiérarchie plate, une logique b o tto m / u p , une forte réac
tivité, une bonne capacité d'adaptation, une grande ouverture et une culture
d'initiative et de responsabilisation. Pour aider les Googlers à se concentrer
sur leurs missions, l'entreprise tient à les libérer de toutes les contraintes
matérielles afin de leur permettre d'être créatifs et d'atteindre les objectifs
fixés. Avec des cantines gratuites, des possibilités de se restaurer à n'importe
quelle heure et des locaux agréables avec des espaces de détente, les équipes
peuvent donner le meilleur d'elles-mêmes. L'entreprise propose aux salariés
de poursuivre des projets personnels dans le cadre de Google. Les ingénieurs
peuvent consacrer 20 % de leur temps de travail à ce type de projet et celui-ci
peut déboucher sur une nouvelle activité de l'entreprise, comme la création
d'un institut culturel à Paris.»
« ♦ U n e n o u v e lle p o s t u r e m a n a s é r ia le
T3
O
c Avec l'arrivée des Y, les pratiques managériales ont déjà évolué dans
U
û
un
tH
certaines entreprises. Elles sont notamment au service de la motivation
O
fM
des jeunes salariés, mais elles restent encore trop rares. Aujourd'hui,
SI en France, ces évolutions concernent surtout les cabinets de conseil et
ai
>-
Q.
les sociétés high-tech. Les grandes entreprises commencent à y réflé
O
U chir, sans avoir bousculé leurs méthodes. Car pour certains managers
"O
O «ancienne école», le changement ne semble pas encore indispensable.
La majorité d'entre eux estime que les jeunes s'adapteront aux règles de
163
Manager la génération Y
l'entreprise, connme ils l'ont fait eux-mêmes. Mais alors qu'Y cherche à
être perçu comme un être humain, et non pas comme une «ressource»
interchangeable, il s'agit de considérer que les personnes sont plus
Importantes que les processus. Ce changement n'est pas seulement
humaniste, il est aussi au service de la productivité. Avec cette nouvelle
génération, on n'attend plus d'un manager qu'il tienne le rôle du chef
d'orchestre, bien en vue sur la scène et face à son équipe. Il doit devenir
le directeur de l'opéra: celui que le public ne connaît pas, mais qui s'ar
range pour que tout fonctionne. Pour mobiliser au mieux les jeunes
talents et les intégrer à des équipes multigénératlons, les managers se
retrouvent aujourd'hui face à des évolutions incontournables. Certains
bloquent ou se sentent découragés, ce qui est bien normal face au chan
gement. Afin de les aider à évoluer vers un management convenant
et motivant pour Y, les entreprises auront intérêt à accompagner leurs
managers sans les bousculer.
■a
O
c
D
Q
Ln
1-H
o
fM
(5)
Ol
>-
CL
o
U
164
Chapitre 8 I La motivation selon Y
Motiver y
en six points
Apporter de la valeur à Offrir un environnement
Donner du fe e d b a c k : Y
2
Privilésier
quête de
un contrat
sasnant-sasnant : Y est en
connaissance
5 est plus dans «l'être» que
dans «l'avoir» et attache
de l'importance à la reconnaissance
et d ’apprentissase. Si l'entreprise lui respect de l'être humain.
et au
confie des missions où il se sent pro-
Sresser, il sera bien plus motivé.
6
■a
O Le manaser devient un faci- carte» : dans le respect de
c
ZJ
û litateur: Y veut établir un l'équité, l'entreprise mettra
1Л
rapport d'adulte à adulte en place un système dans lequel Y
O
ГМ
avec sa hiérarchie. Son manager est choisit ses avantages sociaux. Et ce,
là pour l'écouter et l'aider à trouver avec la possibilité de revenir sur ses
sz
CT la solution au problème auquel il est choix en fonction des changements
>-
CL
O confronté. dans sa vie personnelle.
U
165
Manager la génération Y
166
Chapitre 9
Quand y
entre en conflit
Convaincu de ses droits depuis son enfance et confronté à une situa
tion sur la Toile. Le risque: retrouver des mots peu aim ables à pro
TO3
c
=3
û
un
tH
O
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>-
Q.
O
U
entré sur ses besoins et ses à ses récriminations, le manaser
XJ
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ZJ
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O
fM
(y)
sz
oi
>-
Q.
O
U
Chapitre 9 I Quand Y entre en conflit
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
Les différents types de conflit avec Y
XJ
O
c
ZJ
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fM
(y)
sz
'l .
>-
Q.
O
U
169
Manager la génération Y
1♦ L e s d if f é r e n t s t y p e s d e c o n f lit a v e c Y
Dans une entreprise dynamique, le conflit est un phénomène normal.
De par l'augmentation de la pression concurrentielle et l'accélération
de l'innovation, le stress gagne les salariés. Avec la nouvelle génération
et les malentendus que suscitent les attitudes Y, les tensions peuvent
être amplifiées. Par manque de compréhension mutuelle, elles peuvent
même déboucher sur des conflits.
De nombreuses situations peuvent ouvrir sur un désaccord avec Y :
■ le fait d'avoir des opinions différentes peut déboucher sur un conflit
d'interprétation;
■ la confrontation de deux croyances peut engendrer un conflit de
valeurs;
■ des divergences par rapport à une situation et à des intérêts peuvent
déboucher sur un conflit d'intérêts;
■ le conflit peut aussi venir d'une mésentente entre deux ou plusieurs
personnes.
■O ger pour répondre à ses mails en direct plutôt que par la messagerie, Y
O
c peut le prendre en grippe.
D
Q
Ln Dans l'entreprise, les conflits de génération ne sont pas toujours traités avec
O
rsl
suffisamment de sérieux. En effet, bien des dirigeants ne perçoivent pas
la différence de points de vue qui existe entre eux et leurs collègues Y. Et
gi
Q.
cette méconnaissance peut avoir de graves conséquences, car le conflit non
O
U résolu va devenir source d'inefficacité et de démotivation. Il peut même
conduire à des situations extrêmes comme un procès pour harcèlement.
170
Chapitre 9 I Quand Y entre en conflit
T é tH o i^ H a g û
2 ^ R e c o n n a ît r e u n c o n f lit d e t y p e У
Dans le conflit avec Y, laisser du temps au temps n'est pas une bonne
idée. Impatient, le jeune collaborateur ne comprendrait pas que l'on ne
prenne pas son malaise ou son mécontentement au sérieux. Pour éviter
T3 de voir se scléroser des petits différends, le manager n'attend pas plu
O
c
=3 sieurs mois pour les repérer et tenter de les régler. Afin de comprendre
û
1Л
tH
les tensions et de les réguler, il doit rester proche de ses équipes. En pro
O
fM
posant des entretiens Individuels fréquents à l'ensemble des membres
de son groupe, en restant attentif aux malentendus qui naissent entre
ai
>-
Q.
les générations, il peut mesurer les différentes attitudes perçues au sein
O
U
de l'équipe. Ces points réguliers permettent d'évacuer les risques liés
aux malentendus, aux mauvaises interprétations et aux différentes posi
tions par rapport aux situations.
171
Manager la génération Y
S e v e r s la r é s o lu t io n d e c o n f lit
Avec Y comme avec ses aînés, le conflit impose du recul. En tant que
médiateur, le manager doit être vigilant à ne pas prendre parti. Il va
172
Chapitre 9 I Quand Y entre en conflit
4 ^ E x e m p l e d e c o n f lit X / Y
•O
O Entre un manager ôoomer fonctionnant au contrôle et son collaborateur
c
O Y en quête d'autonomie, les opportunités de conflit sont fréquentes.
LD
tH
O
rM D'un côté, le ôoomerveut que le schéma mis en place soit appliqué sans
prise d'initiative. De l'autre, Y va agir en respectant un cadre global, mais
SI
ai "O
O
>- il s'autorisera à sortir des procédures habituelles quand il l'estimera plus
Q.
O
U efficace. Le manager peut se dire: «Ce jeune blanc-bec ne respecte pas
les règles que J'ai pourtant bien détaillées, il ne m'écoute pas, il n'en
fait qu'à sa tête.» Il va alors se sentir menacé dans son fonctionnement.
173
Manager la génération Y
Mais Y n'en aura pas conscience. Il sera plutôt content de lui, se trouvant
professionnel en adaptant les meilleures méthodes possibles. Il y a de
fortes chances pour que le conflit éclate.
Lors d'un point, le manager peut commencer par dire: «Tu n'as pas res
pecté les règles que j'avais mises en place»; «Tu ne m'écoutes pas». Face
à ce discours, Y peut ressentir de l'injustice. Selon son point de vue, il a
réussi sa mission, même s'il n'a pas suivi les instructions à la lettre.
U
de ces procédures afin de les faire remonter à la direction. Ce dialogue
O
c permettra aux protagonistes d'exprimer leur vécu et leurs besoins, de
Z3
Q
1Л passer de l'émotionnel au factuel et de se lancer dans la recherche de
O
fM solutions. Le manager demandera à Y d'exprimer son point de vue et
(y)
prendra le temps de l'écouter. Dans ce type de dialogue, il est impor
ai
>-
CL
tant d'utiliser le «JE» pour bien faire comprendre ce que l'on ressent de
O
U manière personnelle. Lorsque les émotions auront été posées, lorsque
les protagonistes seront dans l'écoute, les faits reprendront leur impor
tance et le conflit trouvera sa résolution.
174
Chapitre 9 I Quand Y entre en conflit
le tH o i^ H a q e
«Je trouve la génération Y plutôt facile à nnanager. Elle sait ce qu'elle veut et pré
sente une grande honnêteté intellectuelle, même si elle fait peu de concessions.
Les Y sont dans des rapports de confiance qui sont très différents des habitudes
de la génération X qui fonctionnait en termes de donnant/donnant. Les prin
cipales difficultés managériales se concentrent d'ailleurs entre les X et les Y.
Les b a b y - b o o m e rs comprennent bien cette génération qui est celle de leurs
enfants. Pour les b a b y -b o o m e rs, le travail représente une souffrance mais ils se
placent dans une dimension sacrificielle pour reconstruire le monde ravagé par
la guerre. Les X sont davantage dans une logique de mercenaires. Ils travaillent
dur pour s'offrir le fun et profiter de la vie. Ils appliquent les règles sans en voir
forcément l'utilité ou le sens et parce qu'ils ont besoin de leur job pour avoir
les moyens de se faire plaisir. Ils ont du mal à appréhender cette jeune géné
ration qui conçoit le travail dans une ambiance agréable et veut comprendre
la raison des procédures et le sens de son travail. La génération X a un référen
tiel de valeur différent; pour elle, ces aspirations Y ne sont pas justifiées. Il faut
expliquer aux managers X pourquoi leurs jeunes collaborateurs Y ont besoin de
comprendre les règles et d'avoir leur mot à dire.
Chez nous, les Y sont en train d'accéder à des fonctions de management et
modifient les pratiques avec leurs propres approches. Nous avions déjà mis en
place un réseau social d'entreprise Accenture People, nous avons maintenant
un système de communication interne avec une messagerie instantanée, une
T3
O fonction visiophone et une possibilité de partage d'écran de type Snapchat.
c
U
û Nous avons créé de nombreuses apilications pour valider ses congés ou consul
Ln
ter le catalogue de formation depuis son smartphone. Par l'intermédiaire de
O
rsl la fondation Accenture, nos consultants ont la possibilité d'intervenir sur des
(y) projets humanitaires et environnementaux qui donnent du sens à leurs enga
ai “D
O
gements professionnels. Au cours de leur carrière, ils peuvent être affectés à un
>-
Q.
projet de la fondation.»
O
U
175
Manager la génération Y
I n t e r v e n t io n d ’u n t ie r s
L'intervention d'un tiers non investi dans le conflit est une solution inté
ressante. Sa présence a l'avantage de canaliser les forces, en cas de blo
cage sévère. Ce tiers joue un rôle de médiateur entre les deux parties
pour ébaucher les pistes d'une sortie de conflit.
O
rN
ai
's_
>-
Q.
O
U
176
Chapitre 9 I Quand Y entre en conflit
2
O
éclate, mais sans s'ensaser
à résoudre tous les conflits
de l’équipe.
XJ
O
c
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O
fM
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'l .
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Q.
O
U
177
Manager la génération Y
O
fNl
outil qui convient bien à la personnalité de Claude et qui répond
parfaitement aux attentes des jeunes Y.
gi
Q.
O
U
178
Chapitre 10
Le manaser
de type y
Depuis cinq ans, les premiers nés de la sénération Internet arrivent
certe et ne colle pas toujours au mieux avec les habitudes des plus
TO3
c
=3
û
un
tH
O
fNl
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Q.
O
U
rais émoulu de son école, Y des jeunes cadres affirmaient avoir
Û
LO
O
rsl
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Q.
O
U
Chapitre 10 I Le manager de type Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
Le rôle de manager selon Y
XJ
O
c
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O
fM
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'l .
>-
Q.
O
U
181
Manager la génération Y
1♦ L e r ô le d e m a n a s e r s e l o n Y
182
Chapitre 10 I Le manager de type Y
183
Manager la génération Y
7étHoi0Ha0e
Chez Octo Technology, cabinet de conseil en système d'informations, le kifo-
mètre (dans le L a ro u sse depuis plus de cinq ans) a été instauré. Dans une inter
view au M o n d e in fo rm a tiq u e du 14 avril 2011, David Alia, manager du pôle
Médias/Internet, explique l'utiliser pour sa réunion d'équipe mensuelle.
«Il mesure le kif de vos équipes et se pratique aussi souvent que nécessaire: tous
les jours sur un plateau projet, une fois par mois pour nos équipes en interne. De
la même manière que les méthodes Agile favorisent le fe e d b a c k utilisateur, un
kifomètre régulier favorise le fe e d b a c k des équipes. Cela permet de prendre la
température et de repérer les collaborateurs qui ne se sentent pas bien.»
2 ^ L e s r e la t io n s d u m a n a s e r V
et d e so n n + 1
Le manager de type Y a besoin d'avoir très rapidement une idée claire
de ce qu'il doit faire. Cela lui permet d'élaborer sa propre stratégie. Il ne
se considère pas «en poste» mais au service d'une mission. Il veut savoir
TO3 ce que l'on attend de lui en termes de résultats et de reporting, quels
c
U sont les moyens dont il dispose pour y parvenir... Il sollicite une vision
û
un globale pour pouvoir agir par lui-même, car il n'aime pas du tout être
tH
O
fNl piloté dans le micro-détail. S'il a l'impression que l'information n'arrive
pas assez vite, il ira la chercher à la source, interpellant son n + 1 dans
ai
>-
Q. une relation d'égal à égal. Ce comportement peut surprendre n -i-1 qui
O
U a l'habitude de relations plus formelles. Dans certaines sociétés, il n'est
pas rare de voir un jeune directeur de projet frapper à la porte d'un asso
cié pour le questionner sur tel ou tel point.
184
Chapitre 10 I Le manager de type Y
Tous les ans, Ernst & Young France organise des séminaires de quelques
jours pour réunir ses jeunes managers. Ils peuvent participer à différents
ateliers détaillant la stratégie du groupe et élargir leur réseau au sein
du cabinet de conseil. Pour Y, ces manifestations sont importantes; tout
comme les échanges culturels avec d'autres pays permettant aux jeunes
■a
O
c managers de rencontrer leurs homologues européens et de découvrir
D
Q
Ln de nouvelles pratiques professionnelles.
O
fM
O
oi La sestion des émotions
Q.
O
U Y a été élevé dans une quête d'idéaux et recherche le consensus. Il voit
son rôle comme celui d'un guide qui suscite l'adhésion et doit satisfaire
son équipe. Comme ses prédécesseurs, il vit assez mal le fait de se trouver
185
Manager la génération Y
«J'ai beau être proche d'eux en âge, je trouve que les Jeunes ingénieurs osent
plus. Quel que soit le projet proposé, ils sont partants et n'ont pas peur. Avec les
Jeunes consultants, la relation peut vite glisser vers un rapport de proximité : ils
tutoient rapidement, veulent du «fun», et ont besoin d'échanger, de négocier,
de donner leur envie. Il faut gagner leur confiance. Au siège, Je coache dix mana
TJ
O
c gers et ingénieurs d'affaires entre 25 et 32 ans. La société est construite sur la
û culture de l'excellence et de la performance; ces valeurs y sont très fortes. Une
LD
Journée commence à 8 heures et se termine tard. Ce type de managers a été
O
fNl recruté pour sa forte envie de réussir, de s'épanouir et de construire un projet
comme de véritables entrepreneurs. Ils supportent mal de se sentir dirigés. Mon
ai travail consiste à accompagner opérationnellement et à donner du sens à leurs
>-
CL
actions. Il faut comprendre leurs moteurs comme leurs croyances limitantes;
O
U la relation doit être faite dans le respect, la disponibilité et l'écoute. Dans un
cadre de bienveillance. Je dois les amener à prendre les bonnes décisions et à les
faire réussir sans leur donner la solution. Quand ils la trouvent par eux-mêmes,
celle-ci a bien plus de chance de fonctionner. Ils attendent beaucoup de moi.
186
Chapitre 10 I Le manager de type Y
ne pardonnent aucune erreur; ils veulent tout savoir et tout de suite. À nous
de garder la légitimité.»
3 ^ Q u a n d y m a n a s e s e s a în é s
De tout temps, les entreprises ont connu des managers plus jeunes
que certains membres de leur équipe. Mais avec le b o b y-b o o m ,
le phénomène s'amplifie. Ce retournement démographique et la fin de
la promotion à l'ancienneté amènent un nombre croissant de jeunes
à diriger des personnes plus âgées qu'eux. Dans ces équipes N ew Age,
certains problèmes apparaissent. Tout d'abord, les X comme les boom ers
n'acceptent pas si facilement d'être managés par leurs cadets. Après
avoir connu la progression hiérarchique à l'ancienneté, ils vivent assez
mal de voir des jeunes recrues promues à des postes d'encadrement.
Le manager Y peut alors être confronté à des situations d'opposition
ou de passivité de la part de ces aînés. De plus, le management selon Y
déconcerte les plus anciens. Certains ne sont pas enclins à voir évoluer
leur encadrement. Habitués à plus de formalisme, à moins de décontrac
tion et de proximité, ils prennent leurs managers « nouvelle école » pour
des rigolos et les respectent peu. Préférant les directives aux questions
ouvertes et à l'accompagnement vers l'autonomie, ils se sentent incom
T3
O
c pris et remis en question par leur jeune n -i-1.
=3
û
Ln
tH
Le conflit générationnel qui en découle est un point délicat. Il peut ame
O
fM
ner certains jeunes managers à se décourager. Dans ce cas, n + 1 doit
aider Y à comprendre les différences culturelles entre lui et ses collabo
ai
>-
Q.
rateurs X ou boom ers. Il peut lui expliquer pourquoi certains préfèrent
O
U
recevoir des directives plutôt que de s'engager de manière plus auto
nome. Sans accompagnement spécifique sur le terrain des conflits géné
rationnels, Y risquerait de jeter l'éponge.
187
Manager la génération Y
Soutenir le manaser Y
en six points
Accepter d'être là pour sou Faire des points résuliers
tenir, pas pour contraindre. pour aider à prosresser et
à s'améliorer.
Répondre rapidement en
parlant vrai, en donnant Soutenir y pour qu’il se
X3
O
c
ZJ
précises.
des informations claires et
û
O
fM
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DI
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Q.
O
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188
Chapitre 10 I Le manager de type Y
O
rM
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189
TD
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Chapitre tl
Les outils
de personnalité
a Iaqe Y
Face aux drôles d'oiseaux Y, les outils de personnalité peuvent
aider à déco der les com portem ents et les modes de fonctionne
T3
se sent reconnu.
O
c
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rois outils de personnalité com Ces typolosies ne classent pas
XJ
O
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>-
Q.
O
U
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
D e s p is t e s p o u r r é a s ir
YetleM BTr
Y et rEnnéagramme
XJ
O
c
ZJ
û
O
fM
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sz
'l .
>-
Q.
O
U
193
Manager la génération Y
O
les activités et les expériences (Extraversión) ou par l'univers intérieur
fNl
des idées, des souvenirs et des émotions (Introversion).
ai
's_ Chaque profil correspond à quatre lettres, une pour chaque bipolarité:
>-
Q.
O
U ■ EXTRAVERTIE (E)/INTROVERTIE (I): l'énergie est-elle projetée vers
l'extérieur et vers les gens (E) ou concentrée vers l'intérieur de la
personne (1)?
194
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
ESTP, le Pragm atique ESFP, le B o ute -e n -tra in ENFP, le Com m unicateur ENTP, l'Innovateur
ESTJ, l'O rganisateur ESFJ, le Nourricier ENFJ, l'A nim ateur ENTJ, le M eneur
Le MBTI® peut être utilisé dans le cadre d'un travail de cohésion d'équipe
où chacun fera l'évaluation de ses préférences. Il s'agit d'une séance de
travail, d'environ une journée, animée par un consultant certifié MBTI®.
Chaque participant pourra reconnaître son type et le valider à l'aide d'un
questionnaire. Il prendra conscience de la manière dont il fonctionne
U
O
c dans le groupe et de ce qui peut lui permettre d'optimiser ses capacités.
Z3
Q
LD
Et les autres comprendront et commenceront à accepter ses différences.
tH
O
rM Par exemple:
(5)
m Y de type ISTJ: il s'agit de veiller à mettre en place un cadre structuré,
DI
Q.
porteur de sens, avec des espaces d'intimité.
O
U
m Y de type ISFJ a besoin d'environnements organisés et structurés
"D
O et d'une ambiance chaleureuse où l'on donne et reçoit du soutien.
Le manager sera vigilant à entretenir un esprit d'équipe.
195
Manager la génération Y
196
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
m Y de type ENTP veut pouvoir se consacrer à son travail sans être distrait
par des difficultés extérieures. Il attend que son manager facilite son
quotidien et que l'organisation tourne bien.
m Y de type ESTJ est généralement perçu comme consciencieux. Il a
besoin d'un cadre bien défini où les systèmes et les procédures sont
éprouvés et fonctionnent bien.
m Y de type ESFJ n'aime pas le conflit et ne supportera pas un manager
polémique. Il aime les environnements organisés où les interactions
sont fréquentes et où les relations sont bonnes.
m Y de type ENFJ est capable d'improviser et possède une vraie curiosité
intellectuelle. Il sera démotivé par des instructions trop détaillées car il a
besoin d'une liberté de choix.
m Y de type ENTJ cherche systématiquement à atteindre les objectifs
dans les délais prévus. Attention aux cadres flous et aux risques impré
vus, il supporte mal la confusion ou l'inefficacité.
XJ
O
c
û
m
O
rsl
(y)
SI
2^ y et rEnnéasramme
ai
's _
>-
Q.
O
U Le mot «ennéagramme» vient du grec enna, qui veut dire «neuf» et de
grom m os, qui signifie «point». Il s'agit d'un symbole constitué de neuf
points autour d'un cercle et reliés entre eux.
197
Manager la génération Y
T3
Le type 2 redoute a solitude,
O
c Le type 3 redoute 'échec,
=3
û
Ln
tH
Le type 4 redoute a banalité,
O
fM Le type 5 redoute 'envahissement,
Le type 6 redoute a trahison,
ai
>- Le type 7 redoute 'isolement,
Q.
O
U Le type 8 redoute a faiblesse,
Le type 9 redoute es conflits.
198
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
La p erso n n alité d e ty p e 1
•O
O
c
û La p erso n n alité d e ty p e 2
LO
O
rsl Elle est serviable, cherche à plaire et à se faire accepter. Contente d'être
(y)
utile, elle tente de se rendre indispensable et en oublie parfois de faire son
ai
>-
CL
travail, tant elle est occupée à aider les autres. Elle se porte spontanément
O
U au secours des collaborateurs en difficulté. Le type 2 a du mal à dire non,
"D
O mais il a aussi parfois l'impression que les autres abusent de lui. Sa vertu
est l'humilité mais sous stress, le type 2 devient orgueilleux et argueux.
199
Manager la génération Y
La p erso n n alité d e ty p e 3
Elle souhaite être première en tout. Performante, productive, elle place
le travail au centre de ses préoccupations. Elle exprime peu ses senti
ments, tout en sachant faire preuve d'empathie vis-à-vis des autres. Elle
privilégie ce qui lui permet de grimper car elle nourrit une forte volonté
de réussir. Elle travaille rapidement et se montre efficace. Elle a besoin
d'évaluer régulièrement ses progrès. Sa vertu est la fidélité mais sous
stress, le type 3 n'hésitera pas à tricher pour tirer son épingle du jeu.
La p erso n n alité d e ty p e 4
•O
O
c
Elle désire ce qui est hors d'atteinte et difficile à obtenir. Son humeur est
û
LT)
tH
changeante. Elle cherche un travail spécial et créatif. Elle sera motivée
O
fNl
par la reconnaissance et les récompenses matérielles et sera meilleure si
elle a quelque chose à prouver. Elle aime tenir la place de vedette dans
ai
's _
>-
Q.
une équipe et se montre efficace dans les moments critiques. Si elle croit
O
U au projet confié, elle fera les efforts nécessaires pour le mener à bien. Sa
force principale est la créativité. La vertu du type 4 est le juste milieu.
Mais sous stress, il est jaloux et se compare sans cesse aux autres.
200
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
M a n a g e r un Y de type 4 : il sera motivé s'il estime que son travail est pal
pitant et original. Pour libérer son potentiel, le manager lui confiera des
tâches sans routine, qui ont du sens et lui permettent d'exprimer sa créa
tivité. Car il arrête d'agir s'il estime que les tâches confiées ne sont pas
dignes de son attention. Contrairement à d'autres, il n'agit jamais par
devoir. Pour lui, les signes de reconnaissance sont essentiels.
La p erso n n alité d e ty p e 5
4-J
SI
ai "O
O La p erso n n alité d e ty p e 6
>-
CL
O
U Elle est loyale et intègre, mais doute de tout. Elle passe beaucoup de
temps à scruter son environnement afin de détecter les menaces et
de contrôler toutes les sources de danger. Anxieux, le type 6 a besoin
201
Manager la génération Y
La p erso n n alité d e ty p e 7
Elle est optimiste et transmet son enthousiasme aux autres. Elle sait
associer des idées, planifier, trouver des solutions, mais elle évite de s'en
gager dans une seule direction pour ne pas se laisser enfermer. Dans
le travail, le type 7 est énergique, en mouvement et trouve un certain
plaisir à l'expérience professionnelle. Il aime passer d'une chose à l'autre
plutôt que de creuser un seul sujet, la nouveauté ne lui fait pas peur et
après une épreuve, il sait rebondir. La vertu du type 7 est la sobriété,
mais sous stress. Il joue l'Intempérance et fait le clown.
202
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
La p erso n n alité d e ty p e 8
Elle préfère attaquer plutôt que se défendre. Elle se bat pour réaliser
ses désirs, ce qui lui semble juste et cherche en priorité ce qui lui donne
le contrôle. Elle n'a pas peur de prendre des décisions. Elle n'accepte
pas d'être manipulée et aime exercer le pouvoir. Toujours prêt à s'affir
mer, le type 8 respecte ceux qui ne se laissent pas faire. Sa force princi
pale est le courage. Sa vertu est la simplicité mais sous stress, il devient
arrogant.
La p erso n n alité d e ty p e 9
O dérangé et a besoin d'avoir du temps pour réaliser ce qu'il doit faire. Il est
(N
203
Manager la génération Y
Dans les années 1970, la NASA eut à réguler des situations conflictuelles
dues au confinement des missions spatiales. Pour surmonter les difficul
tés relationnelles, le psychologue américain Taibi Kahler a mis au point le
modèle Process Com. Cette approche est basée sur un principe simple.
Si l'on n'utilise pas un mode de communication adapté à son interlocu
teur, il a des difficultés à comprendre le message, un peu comme si l'on
parlait une langue étrangère. Sous tension, cela peut conduire à une
Incompréhension où les événements sont perçus de manière déformée,
entraînant des prises de décisions inadéquates et des comportements
inadaptés.
T3
O
c
Le modèle Process Com est bâti autour de six types de personnalité:
U
û le Travaillomane, le Persévérant, l'Empathique, le Rêveur, le Rebelle et
un
tH
O
fNl
le Promoteur.
Chaque individu est une alchimie de ces six typologies. Mais il possède
ai
>-
Q.
une personnalité «de base» acquise et des personnalités «de phase»
O
U qui évoluent au cours des circonstances. La méthode représente la
personnalité d'un individu sous la forme d'un Immeuble de six étages.
Le rez-de-chaussée correspond à la base et les étages sont les phases.
204
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
O
fM
(y)
L'Em pathique
ai
Compatissant, sensible et chaleureux, son attitude est souvent hésitante
Q.
O
U et il emploie le conditionnel en utilisant des mots comme «un peu»,
«une petite»... En situation de stress, il oublie ses besoins pour se foca
liser sur ceux des autres.
205
Manager la génération Y
Le R ebelle
Le Travaillom ane
206
Chapitre 11 I Les outils de personnalité à l'âge Y
Le Persévérant
Le Rêveur
"O
O
207
Manager la génération Y
Le P rom oteur
208
Chapitre 12
Les Z et le
manasement 3.0
L’entreprise n’a pas encore tout à fait fini d ’intésrer la génération Y
T3
O
c
=3
û
un
tH
O
fNl
ai
's _
>.
Q.
O
U
n 2025, la relève économique technolosies de l'information pour
OI
L.
>-
Q.
O
U
Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
D e s p is t e s p o u r r é a s ir :
Les Z, une génération de mutants
L'égalité homme/femme
pour la nouvelle génération
XJ
O
c
ZJ
û
O
fM
(y)
SI
'l.
>-
Q.
O
U
211
Manager la génération Y
Quel que soit le nonn retenu pour appeler ces jeunes, les technologies
de Tinformation sont devenues pour eux une véritable extension phy
sique et intellectuelle. Ils sont impatients parce que tout leur est rapide
ment et librement accessible, qu'il s'agisse de la musique, des jeux, des
amis, des histoires... Ils n'ont jamais eu à utiliser un annuaire télépho
nique ou une encyclopédie pour obtenir des informations. Le rapport
«Apprendre autrement à l'ère du numérique»’ en parle comme d'une
génération avec des facultés d'attention limitées dans le temps. Pour
s'adapter à eux, les enseignants ont dû réduire les cycles d'apprentis
sage de 45 à 20 minutes. En contrepartie, ils sont capables d'effectuer
plusieurs tâches en parallèle et de traiter les données très rapidement. Ils
ont intégré le monde digital dans la vie réelle et, pour eux, il n'y a plus de
distinction entre contacts physiques et contacts virtuels. C'est la culture
digitale IRL (« in real life») qui n'a plus besoin du face-à-face pour faire
passer ses idées. Cependant, si les Z savent que se connecter est naturel,
ils savent aussi que c'est prendre un risque. Vigilants à se protéger, ils
se montrent plus prudents que les Y dans les informations communi
quées sur les réseaux sociaux. Il est logique d'imaginer que lorsque cette
génération trouvera sa place dans l'entreprise, elle mettra tout naturel
t3 lement Internet au sein du processus décisionnel pour accélérer l'accès
O
c
U à l'information.
û
un
tH
O
fNl
x:
ai
's _
>-
Q.
O
U
212
Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
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S t é p h a n e P io t, p r o p r ié t a ir e d e c in q fr a n c h is e s M a c D o n a ld 's
Il emploie une centaine de jeunes nés après 1995.
« Les Z marquent une étape par rapport aux Y. Plus rapides, plus pertinents, très
agiles par rapport au connecté de plus en plus utilisé dans la gestion des com
mandes, ce sont des rebelles au bon sens du terme. Pour eux, l'autorité n'est
jamais préétablie. Ils seront capables d'accepter une règle si elle est Juste, mais
ils n'hésiteront pas à la remettre en question si elle devient obsolète. Âpres au
travail, ils entrent dans l'action sans état d'âme et vont gérer de front plusieurs
commandes en multisupports avec une grande facilité, qui leur vient de leur
agilité vis-à-vis du digital et de leur forte adaptabilité. Cette génération n'a pas
de rapport ambigu avec l'argent et ose poser des questions directes quand il
s'agit de monnayer ses contributions. C'est confortable de travailler avec eux
car il y a moins de risque «de sortie de route» qu'avec les Y, qui ont plus d'états
d'âme. D'ailleurs, Y et Z ont parfois des difficultés à se comprendre et mes mana
gers, majoritairement Y, rechignent un peu à recruter ces nouveaux venus qu'ils
trouvent difficiles à gérer... peut-être parce que les Z sont beaucoup plus à l'aise
qu'eux avec un environnement de travail qui devient de plus en plus digital.»
O les attirent le plus. La génération Y leur a ouvert la voie avec Erasmus, les
fNl
cursus avec un semestre ou une année d'études à l'étranger. Les jeunes
gi de la génération Z partent souvent dès le Bac obtenu. Certains visent
Q. l'obtention d'un Bachelor, diplôme de 1®' cycle universitaire délivré dans
O
U
beaucoup d'universités étrangères, puis rentrent en France pour ter
miner leur Master. D'autres cherchent simplement à faire une coupure
après le Bac, pour voyager, améliorer leur niveau en langues. Avec eux.
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Manager la génération Y
214
Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
qu'il faudra séduire pour leur donner envie de revenir. La durée d'un
emploi se situera entre deux et six ans. Cette génération sera exigeante
en matière de conditions de vie au travail, même si l'environnement
est annoncé précaire par les économistes, car elle a Intégré que mobi
lité et périodes d'inactivité font parties d'une carrière professionnelle.
Les Z veulent une entreprise où le dirigeant dira: «Venez bosser quand
vous voulez, seule l'efficacité sera valorisée.» Ils imaginent leur entrée
dans la vie active comme une playlist dans laquelle ils peuvent piocher
les meilleurs morceaux. La journée de 9 h à 17 h ne signifie rien pour
eux, car ils ont à leur disposition tous les outils nécessaires pour faire
leur travail de n'importe où. À partir du moment où le travail est fait,
ils ne veulent subir aucune contrainte horaire, aucune obligation. Leurs
parents n'ont pas pu les éduquer comme eux-mêmes l'avaient été, car
les temps étaient trop différents et, très tôt, ils ont dû composer avec
eux. Les enseignants ont fait la même chose en adaptant le contenu de
leur cours à l'ère de la distraction. L'entreprise va aussi devoir s'adapter
à eux. Certaines ont déjà commencé. Chez Netflix, le site de streaming
payant américain, les salariés ont revendiqué un nombre de congés illi
mités et non contrôlés (qu'il s'agisse d'une absence d'une heure, d'un
jour, d'une semaine ou d'un mois) au motif que si la direction ne tenait
pas compte des heures travaillées sur le temps libre par des employés
de plus en plus connectés, il n'était pas équitable qu'elle comptabilise
leurs vacances. Netflix a accueilli positivement la remarque et changé
de politique, sans que son succès commercial n'en soit affecté. Une ini
T3
O
c
tiative que Richard Branson, le patron de Virgin, déclare être l'une des
Z3
û plus « intelligentes » jamais adoptées. Il a proposé d'accorder ce type de
LO
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Manager la génération Y
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Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
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Manager la génération Y
«♦L’égalité homme/femme
pour la nouvelle génération
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Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
■O cadre d'une alternance, soit dans le cadre d'un travail à temps partiel ont
O
c déjà un retour d'expérience les concernant. Le constat est général, des
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Q
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différences Importantes existent entre ces deux générations:
O
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Manager la génération Y
Les Y, surtout ceux nés entre 1980 et 1990, commencent à manager des
Z et ils les voient comme manquant de persévérance et beaucoup moins
engagés qu'ils ne l'étaient eux-mêmes en arrivant sur le marché du tra
vail. Le manager d'une équipe intergénérationnelle va devoir insuffler à
son équipe les bonnes règles de vie en communauté afin d'anticiper les
conflits qui pourraient éclater entre ces deux générations. Ils sont aussi
importants que ceux qui existent entre les X et Y.
TéfHoi^Ha^e
U
O J e a n n e D o u c h e , 3 3 a n s , i n g é n i e u r c o m m e r c i a l c h e z I n f o t e l , S S II t o u l o u s a i n e
c
û «J'ai choisi Infotel sur des valeurs humaines. J'y suis depuis six ans et j'occupe un
in poste d'ingénieur commercial. Mon leitmotiv, c'est d'avoir toujours plus, mais
O
fNl sans rien sacrifier! J'ai conscience qu'être une femme dans un milieu d'hommes
(l'aéronautique) reste un handicap. Ma volonté? M'épanouir dans mon travail
ai et profiter de ma vie de famille! Je manage des plus jeunes que mol (nés dans
>- les années 1990 et après) et j'ai l'impression qu'ils ne prennent pas le travail
Q.
O
U assez au sérieux, qu'ils abordent le monde professionnel avec une posture de
star, attendant ce que l'entreprise peut leur proposer mais sans vraiment faire
d'effort de leur côté. Je crois que nous, les jeunes des années 1980 (et surtout les
femmes), on avait vraiment envie de travailler! »
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Chapitre 12 I Les Z et le management 3.0
û
nir et sont très autodidactes. Aux États-Unis, les universités s'inquiètent car les
in jeunes Z ne ressentent pas le besoin de faire des études. Ils savent très bien qu'ils
O peuvent acquérir les compétences nécessaires sur le Net et pour eux, les compé
(N
tences comptent plus que les diplômes et les métiers. Les entreprises vont devoir
SI sérieusement modifier leurs modes de recrutement.»
ai
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Q.
O
U
1. Snapchat est une application de smartphone qui permet de poster des courtes
vidéos ou des photos qui resteront en ligne un temps limité.
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Manager la génération Y
Ma naser
la génération Z
en six points
Oser l'autocontrôlé: pour Mettre l'accent sur la per
I
m
être motivé, Z a besoin de
sentir qu'il a la confiance de
son manager. Avec lui, l'autocontrôlé
fonctionne mieux que le contrôle.
4 sonne: le Z n'est pas un
matérialiste, il a surtout
besoin de se sentir reconnu dans son
travail pour qui il est.
■O
O Mettre en place une com
6
c
Û Etre vrai dans la relation: munication digitale pour
LO
1-H Z a envie d'une commu- favoriser les échanges
O
(N
nication transparente, tant entre communautés et capitaliser la
sur les faits que sur les émotions. Il ne connaissance: c'est ce qu'utilise Z
sz
CT supporte pas la manipulation et il la depuis son plus jeune âge à travers
Q. détecte immédiatement. les réseaux sociaux.
O
U
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Conclusion
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