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Economie Internationale Pr.

Chaimaa Bendahou

Les pôles de compétitivité


En juillet 2005, le gouvernement Français a décidé de donner une nouvelle impulsion à sa politique
industrielle en misant sur la création de « Pôles de compétitivité ». L’objectif est d’enrayer le puissant
mouvement de désindustrialisation qui marque l’économie française depuis les années 1980 et de
donner aux entreprises hexagonales les moyens de faire face à la concurrence accrue des pays
émergents en préservant leurs part de marché dans l’économie mondiale . L’idée phare qui a présidé
à cette politique ambitieuse repose largement sur l’existence d’économies d’échelles externes ? Il
s’agit en effet d’identifier des territoires, spécialisés dans des secteurs bien définis, afin de stimuler les
synergies et la coopération entre les entreprises, les laboratoires de recherche et les centres de
formation.

A l’évidence, il s’agit là d’un tournant significatif dans la politique française d’aménagement du


territoire. En effet, après des décennies de dispositifs favorisant la dissémination des entreprises dans
l’ensemble des régions, la politique des pôles de compétitivité vise, tout au contraire, à donner
davantage de moyens aux bassins d’emploi les plus dynamiques.

La première étape a consisté en la labellisation de 71 pôles de compétitivité repartis sur l’ensemble


du territoire. « Aerospace Valley », par exemple, est un pôle spécialisé dans l’aéronautique et basé
essentiellement en Midi-Pyrénées ; « Finance innovation » regroupe les activités financières de la
place de paris ; « Valorial », localisé en Bretagne, est centrée sur les industries agro-
alimentaires…Ensuite, l’Etat a lancé une première phase de distribution de subventions, à hauteur de
1 ;5 milliard d’euros sur la période 2005-2008, afin de financer des projets de coopération
interentreprises. Cette politique a été reconduite avec le lancement d’une seconde phase dotée de
nouveau de 1.5 milliard d’euro qui ont été distribués entre 2009 et 2012, puis d’une troisième phase
lancée en 2013 et devant se poursuivre jusqu’en 2018.

Regrouper sur un même territoire des sociétés qui ont une vocation à travailler en synergie,
encourager la recherche et le développement, mutualiser les compétences sont autant d’éléments
visant à pallier le déficit de croissance de certaines de nos entreprises. La proximité géographique de
sociétés évoluant dans les mêmes secteurs d’activités, loin d’être un frein à leur développement,
semble bien au contraire renforcer leur savoir-faire ou leur image de marque et les rendre ainsi plus
compétitives. On sait, par exemple, qu’elles envisageront plus facilement une activité à l’export au
contact d’autres exportateurs.

S’il est indéniable que la politique des pôles de compétitivité est –en théorie- séduisante, il convient
cependant d’en nuancer sa portée. L’Etat, au cœur du dispositif, peine parfois à identifier les secteurs,
les régions et les projets porteurs de croissance. Par ailleurs, il s’avère que les aides financières ne sont
que modérément incitatives dans les choix de localisation des entreprises. Seul le marché semble être
en mesure de jouer naturellement un rôle moteur, à plus forte raison lorsque les économies d’échelles
externes s’annoncent substantielles. C’est pourquoi, la mise en place d’infrastructures administratives-
forcément contraignantes- visant l’agglomération, au sein d’une même région, d’entreprises
mondialement reconnues ou, a fortiori, le développement de partenariats explicites avec le tissu
industriel local sont souvent aléatoires. En témoigne l’évaluation des systèmes productifs locaux(SPL)
menée par Duranton et al (2008). La politique des SPL, mise en œuvre en France en 1999 et 2000,
présente en effet nombre de similitudes avec celle des pôles de compétitivité, bien que plus modeste.
En définitive, il semblerait que le soutien apporté aux SPL n’ait quasiment aucun impact sur la
productivité des entreprises. Toujours selon cette étude, les SPL ont avant tout bénéficié aux sociétés
en difficultés ou à celles qui, ayant intérêt à se regrouper, avaient ou auraient franchi le pas
indépendamment des dispositifs mis en place .
Economie Internationale Pr. Chaimaa Bendahou

Source : Pamina Koening, Florian Mayneris et Sandra Poncet, « Economies d’agglomération à


l’exportation et difficulté d’accès aux marchés », Economie et Statistiques, Vol.435-436 ,2010 ,p.85-
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