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Pour obtenir la courbe courant–potentiel du système étudié, on impose une valeur constante E = ET à
l'électrode de travail et on mesure l'intensité du courant i qui la traverse après obtention d'un état
stationnaire. On peut à l'inverse imposer le courant puis mesurer ET – Eréf. Le fonctionnement du
système est soit un fonctionnement spontané soit un fonctionnement forcé (par le générateur).
Par convention,
i > 0 si l'électrode de travail est le siège d'une oxydation, cette électrode est alors l'anode,
i < 0 si l'électrode de travail est le siège d'une réduction, cette électrode est alors la cathode.
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II.3. Systèmes lents et systèmes rapides
Au système étudié (couple plus électrode ou couple dont électrode) correspond un potentiel d'équilibre
Eeq donné par la formule de Nernst et dépendant des activités des espèces présentes et de la température.
Si on impose à l'électrode de travail un potentiel E > Eeq, on tend à oxyder le réducteur.
Si on impose E < Eeq, on tend à réduire l'oxydant.
Le système est lent si la réaction attendue n'est pas observée pour E peu différent de Eeq et il est rapide si
on observe la réaction attendue pour E peu différent de Eeq. La réaction est "observée" si le courant
associé est mesurable.
Ces deux situations correspondent à deux types de courbe expérimentale i-E.
Pour le système lent, il faut E > Eeq + ηa(0) pour observer l'oxydation, donc pour qu'elle se produise à
une vitesse non négligeable. La grandeur ηa(0) est appelée surtension anodique seuil ou surtension
anodique à courant nul (en volt). Si E augmente encore, le courant augmente et on définit une surtension
ηa(i) qui apparaît comme la valeur supplémentaire (par rapport à Eeq) que l'on doit donner au potentiel
pour observer une oxydation à la "vitesse" i. Une surtension anodique est positive.
On définit de même des surtensions cathodiques négatives ηc(0) et ηc(i).
Un système rapide est un système correspondant à des surtensions seuil anodique et cathodique
négligeables (par rapport à 1 V) et éventuellement non mesurables. La courbe courant-tension n'étant pas
verticale (cela correspondrait à une vitesse infinie), il existe des surtensions non négligeables ηa(i) et ηc(i)
même pour les systèmes rapides.
Les surtensions à vide dépendent du solvant (l'eau le plus souvent), du couple rédox, de la nature et de
l'état de surface de l'électrode et de la température.
Les surtensions traduisent la lenteur de la réaction électrochimique. La réaction électrochimique
s'accompagne d'une énergie potentielle d'activation car l'électron (ou les électrons) passe nécessairement
par un état de forte instabilité lorsqu'il n'est ni dans l'espèce chimique ni dans l'électrode.
Que la surtension soit positive ou négative (ie que l'électrode fonctionne en anode ou en cathode), que le
système soit lent ou rapide, on a par définition
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Quelques remarques
* Pour un système rapide, il n'existe "qu'une seule valeur de potentiel" pour laquelle i = 0, soit E = Eeq.
De tels systèmes peuvent être utilisés dans des dosages potentiométriques à courant nul car la valeur du
potentiel pour i = 0 est parfaitement définie et stable, c'est Eeq = ENernst.
* Pour un système lent, il existe un intervalle de potentiel pour lequel i = 0. Le potentiel mesuré à courant
nul s'avère instable et aléatoire, il est compris entre Eeq + ηc(0) et Eeq + ηa(0).
* On trace parfois des courbes densité de courant-potentiel (j-E) pour obtenir des courbes indépendantes
de la surface immergée de l'électrode. La caractéristique j-E dépend principalement du couple
envisagé, de la nature de l'électrode et du solvant, elle dépend aussi de la température.
* Pour un système lent, l'oxydation et la réduction ne sont jamais simultanées alors qu'elles peuvent l'être
pour un système rapide (schémas à représenter au tableau).
Conclusion
i > 0 et i augmente si E (> Eeq) augmente. De même, i < 0 et |i| augmente si E (< Eeq) diminue.
II.5. Courant limite de diffusion (concerne les systèmes lents et les systèmes rapides)
Si on envisage une oxydation et si le réducteur est une espèce dissoute, on conçoit que le courant
d'oxydation ne peut pas augmenter indéfiniment si E augmente. Il faut en effet que l'espèce Red ait le
temps de diffuser vers la surface de l'électrode pout y être oxydée. Au-delà d'une certaine valeur du
potentiel, on observe un palier (i = ia,max) correspondant au fait que l'étape cinétiquement déterminante de
l'oxydation n'est plus la réaction électrochimique. C'est la diffusion du réducteur vers l'électrode qui limite
la vitesse d'oxydation.
L'allure de la caractéristique du système
Fe2+(aq)/Fe(s) est représentée à droite :
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Pour une électrode de surface immergée fixée, on montre que le courant maximum d'oxydation est
proportionnel à la concentration du réducteur en solution (la phrase se modifie facilement pour la
réduction).
La cinétique des réactions impliquant une électrode dépend donc aussi de la surface immergée et de la
concentration de l'espèce électro-active (qui intervient déjà dans Eeq). Elle dépend aussi de la vitesse
d'agitation de la solution qui joue sur l'épaisseur de la couche de diffusion.
III. Cas de plusieurs couples présents; vagues successives; mur du solvant; domaine d'inertie
électrochimique du solvant
L'intervalle de potentiel compris entre la courbe de réduction du solvant et la courbe d'oxydation du
solvant est appelé domaine d'inertie électrochimique du solvant. Dans des conditions données, le domaine
d'inertie électrochimique du solvant est plus étendu que son domaine de stabilité (thermodynamique)
compte tenu des surtensions anodique et cathodique seuil. Dans le domaine d'inertie du solvant, seules les
espèces dissoutes et les électrodes sont susceptibles d'être réduites ou oxydées. A l'extérieur de ce
domaine, aucune nouvelle réaction d'oxydation ou de réduction ne peut se produire avec un rendement
faradique satisfaisant car les courbes de réduction et d'oxydation du solvant ne comportent pas de palier.
Ces deux courbes constituent le mur du solvant et délimitent son domaine d'inertie électrochimique.
On s'intéresse ensuite au comportement d'un système complet : un électrolyseur, une pile, un fil
métallique plongé dans une solution …
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Avec des électrodes de platine, les deux courbes courant-potentiel qui interviennent ont l'allure suivante :
On peut avoir une infinité de couples de points de fonctionnement A et C avec ia = -ic > 0.
La tension seuil d'électrolyse Ue est la tension minimale que doit fournir le générateur pour observer les
réactions (dégagement gazeux).
Elle comprend un terme thermodynamique et un terme cinétique, elle est supérieure à la composante
thermodynamique : Ue = 1,9 V > 1,23 V.
La tension d'électrolyse U que doit délivrer le générateur pour réaliser l'électrolyse avec un courant i (= ia
= - ic) est :
On a donc U > Eeq(O2/H2O) – Eeq(H2O/H2). On retrouve bien, comme annoncé au paragraphe IV.3. du
cours sur la thermodynamique de l'oxydo-réduction, que la tension à appliquer est supérieure à la
composante thermodynamique. Le terme cinétique (surtensions) et le terme de chute ohmique (Ri)
correspondent à l'irréversibilité de l'électrolyse.
IV.2. Production de dichlore par oxydation anodique des ions chlorure en solution aqueuse
On revient sur l'exemple vu en introduction.
V. Transformations spontanées
Si on considère le fonctionnement d'une pile, le pôle positif de la pile attire les électrons qui arrivent par
le circuit métallique. Le pôle (+) de la pile est donc la cathode, siège d'une réduction avec i < 0. Les
électrons quittent le pôle (-) qui est donc l'anode, siège d'une oxydation avec i > 0. Les points de
fonctionnement se placent à "l'intérieur" des courbes.
Il n'y a pas de générateur et c'est la pile qui impose le sens du courant. On a donc réduction de l'oxydant le
plus fort (oxydant du couple de plus haut potentiel d'équilibre, O2) et oxydation du meilleur réducteur,
H2. Les points de fonctionnement se placent donc à "l'intérieur" des courbes.
Le pôle (+) est la cathode : 1/2 O2(g) + 2 H+(aq) + 2 e- H2O (l ou v).
Le pôle (-) est l'anode : H2(g) 2 H+(aq) + 2 e-.
La réaction globale est la formation de l'eau : H2(g) + 1/2 O2(g) H2O.
La grandeur ηa(0) est la surtension anodique seuil du système H+/H2/Pt …
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On identifie sur la courbe la tension à vide (ou tension en circuit ouvert) de la pile : EC° – EA° que l'on
peut noter (EC – EA)i = 0.
La tension U aux bornes de la cellule (ou tension utile aux bornes du récepteur) pour un courant i (= ia =
- ic) est :
On retrouve bien, comme annoncé au paragraphe IV.2. du cours sur la thermodynamique de l'oxydo-
réduction, que la tension utile est inférieure à la composante thermodynamique.
Le terme cinétique (surtensions) et le terme de chute ohmique (Ri) correspondent à l'irréversibilité de la
décharge.
La différence correspond à l'énergie perdue, par lenteur des réactions sous forme de chaleur et par effet
joule.
Conclusion : le rendement global de stockage et de récupération de l'énergie électrique dans une pile à
combustible O2/H2 est de l'ordre de 0,7/3 = 23% ! (si on suppose avoir chargé et déchargé la pile avec un
courant de même valeur).
Le fonctionnement d'un accumulateur (ou batterie) est donc renversable mais il est loin d'être réversible !
Aucun protocole industriel n'est à connaître. Il faut par contre savoir justifier certaines étapes d'une
synthèse industrielle avec les diagrammes potentiel-pH ou les courbes courant-potentiel. Une synthèse
industrielle est une chaîne de production dont chaque étape est conditionnée par des étapes en amont ou
des étapes en aval. Il est donc nécessaire de décrire le principe de la production de zinc par
hydrométallurgie dans sa globalité.
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Partant du minerai, il s'agit d'obtenir la solution aqueuse à partir de laquelle le zinc est produit par
réduction des ions Zn2+ à la cathode. On fournit donc un document succinct relatif à l'hydrométallurgie du
zinc et permettant de répondre à quelques questions.
Le minerai
Le minerai de zinc est principalement constitué de blende (ZnS) mais contient souvent de la galène (PbS)
et du sulfure de cadmium (CdS) et parfois de la pyrite (FeS2 ou Fe2+, S22-) ainsi que des impuretés. La
gangue est siliceuse ou calcaire. Les minerais contiennent environ 20% de zinc en masse. La plus grande
mine du monde se situe en Alaska.
Grillage de la blende
Le grillage est une oxydation par le dioxygène de l'air à chaud.
L'équation de la réaction principale est :
Cette réaction est une oxydation du soufre(-II) contenu dans ZnS; elle est fortement exothermique et
maintient une température de l'ordre de 700°C. Elle est totale et rapide à cette température et il n'est pas
nécessaire de travailler sous pression.
Cette transformation s'accompagne de la formation de FeO, SiO2 et CaO (qui forment un laitier fluide
éliminé par coulée) et de SO3. La formation de SO3 n'est pas gênante car on récupère SO2 et SO3 pour la
production de l'acide sulfurique via SO3.
Le grillage donne de la calcine, matériau solide constitué majoritairement de ZnO, mais contenant aussi
des oxydes de plomb, de fer, de cadmium, de cuivre… Ces éléments métalliques sont présents au nombre
d'oxydation II sous forme d'oxydes ou de sulfates sauf l'élément Fe présent aux NO II et III.
Lixiviations
Une lixiviation est une hydrolyse acide ou basique consistant à faire passer lentement un solvant à travers
un solide convenablement pulvérisé et déposé en couches épaisses pour en extraire un ou plusieurs
constituants solubles (dissolution partielle d'un minerai par attaque acide ou basique).
La lixiviation est effectuée par l'acide sulfurique 2 mol.L-1 et le système atteint une température voisine
de 60°C. On obtient une solution aqueuse concentrée de sulfate de zinc contenant des ions Fe2+, Fe3+,
Cu2+ et Cd2+.
Une deuxième lixiviation acide à chaud (90°C) permet de dissoudre la quasi totalité du zinc.
Cémentation
Une cémentation est la réduction d'un cation métallique par un métal. Ici, le métal est du zinc en poudre.
On réalise la cémentation de la solution issue des lixiviations en ajoutant de la poudre de zinc à la
solution. La cémentation s'opère entre 40 et 90°C pendant 4 ou 5 heures. Les métaux se déposent sur les
particules de zinc. On filtre ensuite sur une toile fine. Le solide obtenu, appelé cément, est traité pour
récupérer les métaux. Le filtrat constitue l'électrolyte; c'est une solution aqueuse plus ou moins acide de
sulfate de zinc contenant les ions Zn2+, H3O+ et HSO4-.
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La signification des termes lixiviation et cémentation doit être connue.
L'électrolyse
L'électrolyse est réalisée vers 30 ou 40°C dans des cuves en ciment revêtues de PVC. Les anodes sont en
plomb et les cathodes en aluminium. La solution contient initialement 2,5 mol.L-1 d'ions Zn2+ et 2 mol.L-1
d'acide sulfurique. Elle est recyclée en amont des lixiviations après électrolyse. La densité de courant est
comprise entre 400 et 700 A.m-2. Une cellule peut contenir 86 cathodes de 1,6 m2 ; la production peut
atteindre 3 t.jour-1.cellule-1. Le dépôt de zinc est décollé par pelage (stripping). Le zinc obtenu est très pur
(99,995%). La principale impureté est le plomb. Le rendement en courant est voisin de 0,9.
Pour une densité de courant constante et égale à 500 A.m-2, on obtient 1813 tonnes de zinc après 24h
d'électrolyse. La chute ohmique aux bornes d'une cellule est estimée à 0,75 V.
On donne M(Zn) = 65,4 g.mol-1.
Données supplémentaires
a) A l'aide des documents fournis, expliquer le principe de la lixiviation acide et écrire l'équation de
transformation de l'oxyde de zinc. Quel est le sel métallique solide formé lors de cette lixiviation ?
Comment peut-on l'éliminer ?
d) Expliquer la "nécessité de purifier la solution avant électrolyse". Les ions Mn2+, s'ils sont présents,
sont-ils gênants ?
i) Donner une deuxième raison expliquant la nécessité de la cémentation sachant que le couple H+/H2 est
moins lent sur du zinc impur que sur du zinc pur.
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Réponses
a) Lors de la première lixiviation acide de la calcine, on observe la dissolution de ZnO selon la réaction
exothermique : ZnO(s) + 2 H+ Zn2+(aq) + H2O. On dissout ZnO, forme déshydraté de Zn(OH)2 en
acidifiant le milieu ce qui fait passer du DE du solide au DP de l'ion dissous. Il se produit le même type
de réaction pour les autres éléments métalliques. Le solide formé est le sulfate de plomb, PbSO4, éliminé
par filtration.
b) Cette opération a pour effet d'oxyder le fer(II) en fer(III) tout en augmentant le pH vers 5, valeur pour
laquelle Fe(OH)3 précipite (voir E-pH). ZnO joue le rôle d'oxyde basique permettant de remonter le pH
vers 5 par la réaction : ZnO(s) + 2 H+ Zn2+(aq) + H2O.
L'élimination de Fe(OH)3 par simple décantation est impossible et il faudrait filtrer le système pour
l'éliminer. La filtration se révélant difficile, on procède un peu différemment.
c) Le zinc en poudre réduit les cations M2+ des ions dont la frontière M2+/M se situe au dessus de la
frontière Zn2+/Zn. Les espèces M2+ et Zn ont alors des domaines disjoints.
On a, par exemple, Cu2+(aq) + Zn(s) Cu(s) + Zn2+(aq).
d) L'étude thermodynamique à partir des diagrammes E-pH nous montre que les cations des métaux
moins réducteurs que le zinc (ceux dont les frontières M(II)/M sont situées au dessus des frontières
Zn(II)/Zn) seront préférentiellement réduits à la cathode de l'électrolyseur. En fonction de leurs teneurs,
soit on n'obtiendra pas de zinc à la cathode soit on obtiendra du zinc impur. Obtenir du zinc impur est un
inconvénient dans son utilisation (ou alors il faut ajouter des étapes de purification) mais c'en est aussi un
dans sa production car la surtension cathodique du couple H+/H2 dépend aussi de la pureté de la cathode
de zinc.
Il faut donc éliminer les cations plus oxydants que Zn2+.
La prise en compte des courbes courant-potentiel ne modifie pas ces conclusions. Ces courbes montrent
que les ions Cu2+ ou Cd2+ seraient réduits avant ou en même temps que Zn2+ lors de l'électrolyse. Elles
montrent aussi que Zn peut réduire les ions Cu2+ ou Cd2+ et expliquent ainsi la cémentation. On constate
que Mn2+ n'est pas réduit par le zinc métallique. Ce n'est pas gênant car on voit que la réduction
cathodique de Zn2+ est possible à un potentiel suffisamment élevé pour éviter la réduction de Mn2+.
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Rendement faradique = masse obtenue/masse théorique = quantité d'électricité utile/quantité totale
d'électricité. On a donc r = 1813/2015 = 0,90.
h) On a r < 1 car la cathode est le siège d'une réduction parasite, la réduction de H+(aq) en H2(g). Le
rendement faradique n'a rien à voir avec la chute ohmique qui intervient par contre dans la consommation
énergétique massique de production du métal, tout comme les surtensions. L'ion zinc(II) présentant un
palier de diffusion, il ne faut pas trop dépasser la valeur de 3,5 V pour conserver un rendement faradique
intéressant tout en évitant une dépense énergétique superflue.
i) On a ηc(0) = - 0,90 V pour le système H+/H2/Zn pur. Cette forte surtension cathodique permet la
formation de Zn avec un rendement raisonnable. La présence d'impuretés ramènerait la courbe de
réduction d'H+ en H2 vers la droite et une part plus importante du courant d'électrolyse serait alors
consommée par la production de dihydrogène. Le rendement faradique de production du zinc serait donc
plus faible entrainant un coût de production plus élevé.
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