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j uillet 2010
L’École Biblique et archéologique française
Établie au couvent dominicain saint-Étienne de JÉrusalem
par
Dom Benoît standaert, O.S.B. SOMMAIRE
Pages
Un ensemble de trois volumes de 1.238 pages .................... € 156 M. Richelle. – Élie et Élisée, Auriges en Israël : Une Métaphore militaire oubliée en
2 R 2,12 et 13,14...................................................................................................... 321
B.A. Levine. – On the social aspects of sacrifice : A paradigm from the Hebrew Bible.. 337
Collection « Cahier de la Revue Biblique » É. Nodet. – Prières de Manassé (2 CH 33,13* ; TSK 1.144* ; 4 Q 381............................ 345
T. Murcia. – Le statère trouvé dans la bouche d’un poisson (Matthieu 17,24-27)........... 361
L. Devillers. – Le papyrus Bodmer II, Aujourd’hui comme hier : Fragments de correspon-
(N° 73) dance entre Victor Martin et Marie-Émile Boismard.............................................. 389
E. Friedheim - S. Dar. – Some historical and archaeological notes about Paganism in
Byzantine Palestine................................................................................................... 397
avant que se leve R. Beeri - D. Ben-Yosef. – Gaming Dice and Dice for prognostication in the Ancient East
in light of the finds from Mount Ebal...................................................................... 410
l’etoile du matin Notes philologique. – Le meurtre de Zacharie fils de Barachie (É. Nodet)...................... 430
Recensions : Michaël Langlois, Le premier manuscrit du Livre d’Hénoch. Étude épi
graphique et philologique des fragments araméens de 4Q201 à Qumrân. (É. Puech). 435
R evue biblique
Gérard N. Amzallag, The Copper Revolution Smelters from Canaan and the
Beginning of Civilization. (É. Nodet)....................................................................... 439
par Frédéric Alpi, La route royale: Sévère d’Antioche et les Églises d’Orient (512-
518) (J. Taylor)......................................................................................................... 452
P. GARUTI Bulletin................................................................................................................................. 456
Livres reçus......................................................................................................................... 477
Un volume de 184 pages . ....................................................... € 46
Publiée avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
et du Centre National du Livre
(N° 74)
par
É nodet
Pendé – LibraIrie lecoffre
Un volume de 117 pages . ....................................................... € 38 J. Gabalda et Cie, Éditeurs
*
Rue du Petit Pendé, 69
france
Prix : 45 e –
2010
RÉdaction
La Revue Biblique est l’organe de l’École Biblique et Archéologique
Française de Jérusalem. Elle publie des articles, des chroniques, des
recensions, des comptes rendus, concernant l’étude de la Bible et des
disciplines annexes : textes et inscriptions, histoire, géographie, langues
du Proche-Orient ancien, apocryphes, rabbinisme, archéologie de la
Palestine et des pays voisins (avec illustrations), théologie biblique,
patristique et herméneutique.
La revue publie en nombre limité des articles en langue étrangère.
Directeur : J.-M. de Tarragon.
Secrétaires : F. Gonçalves (A. T.) et H. Ponsot (N. T.).
Comité de rédaction : L. Devillers, C. Eeckhout, P. Garuti, J.-B. Humbert,
M. Leroy, J. Murphy-O’Connor, É. Nodet, J.-M. Poffet, É. Puech,
C. Rico, M. Sigrist, K. Sonek, G. Tatum, J. Taylor, O.-Th. Venard.
Directeur de publication : A.-S. Duplenne.
Administration
La Revue est trimestrielle
elle paraît en fascicules grand in-8° de 160 pages, avec illustrations
prix de l’abonnement 2010 : Pour la France ou l’Étranger : 180 e.
Prix du numéro séparé : 45 e port en plus.
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Les manuscrits et les livres envoyés pour compte rendu doivent être adressés à la Direction
de la « Revue Biblique ». Couvent des Dominicains de Saint-Étienne, P.O.B. 19053, JÉRUSALEM,
Israël.
SOMMAIRE
Dans le texte massorétique, une formule identique apparaît en 2 R 2,12 et
13,14∞∞: ָרשׁיו
ָ ָָראל וּפ
ֵ שְׂ ִ ֶרכב י
ֶ . Généralement, les commentateurs y voient la de-
scription d’une troupe militaire (traduite par exemple «∞∞chars d’Israël et sa
cavalerie∞∞») et une image appliquée à Élie puis à son disciple. On montre ici
que l’ancienne Septante, reflétée par la Vetus Latina, lisait en 2 R 2,12 une
leçon courte vocalisée ָראל ֵ שׂ
ְ ִ ַרכּב י
ָ et en 2 R 13,14 l’expression ָראל
ֵ שׂ ְ ִ ַרכּב י
ָ
$ וּפָרשׁו
ָ . On obtient alors une nouvelle interprétation, plus naturelle∞∞: dans les
deux cas, il s’agit d’un titre militaire qualifiant métaphoriquement l’homme de
Dieu.
SUMMARY
In the Masoretic Text, 2 Kgs 2,12 and 3,14 contain the same expression∞∞:
ָרשׁיו
ָ ָָראל וּפ
ֵ שׂ
ְ ִ ֶרכב י
ֶ . Commentators generally assess this as a description of an
army (translated e.g. “∞∞chariots of Israel and its cavalry∞∞”), an image applied to
Elijah and his disciple. This study shows that the ancient Septuagint, reflected
in the Vetus Latina, found in 2 Kgs 2,12 a short reading vocalized ָראל ֵ שׂ
ְ ִ ַרכּב י
ָ
and in 2 Kgs 13,14 the expression $ ָראל וּפָָרשׁו
ֵ שְׂ ִ ַרכּב י
ָ . One obtains a new, more
natural interpretation∞∞: in both cases, the text makes use of a military title,
metaphorically characterising the man of God.
I — TEXTE MASSORÉTIQUE
Traductions possibles
Considérons d’abord la formule dans le texte massorétique. Elle se
montre ambiguë, dans la mesure où trois choix, au moins, gouvernent sa
traduction. D’abord, רכבpeut désigner aussi bien un char qu’une
charrerie (sens collectif)∞∞; ainsi le Targum et la traduction syriaque pro-
posent deux pluriels∞∞:
(Peshitta)∞∞: chars d’Israël et ses cavaliers
1 Nous utilisons dans cet article les sigles suivants pour certaines traductions de la
cavaliers chevaux
char (1) suffixe référant à «∞∞char∞∞»∞∞: (5) suffixe référant à «∞∞char∞∞»∞∞:
• char d’Israël et ses cavaliers [i. • char d’Israël et son attelage
e. les cavaliers du char] (BJ)
• Du Wagen Israels und sein
(2) suffixe référant à «∞∞Israël∞∞»∞∞: Gespann (Luther, version
• char d’Israël et sa cavalerie révisée 1984)
(Darby, Segond, Segond Révisée • Wagen Israels und sein Gespann
1979, Osty) (Revidierte Elberferder, 1993)
• char d’Israël et ses cavaliers
(Crampon, Pléïade, Chouraqui, (6) suffixe référant à «∞∞Israël∞∞»∞∞:
traduction Bayard) • char d’Israël et son attelage
chars/ (3)suffixe référant à «∞∞char∞∞»∞∞: (7) suffixe référant à «∞∞char∞∞»∞∞:
charrerie • chars d’Israël et leurs cavaliers • chars d’Israël et leurs attelages
(4)suffixe référant à «∞∞Israël∞∞»∞∞:
• chars et cavalerie d’Israël (8) suffixe référant à «∞∞Israël∞∞»∞∞:
(TOB) • chars et attelages d’Israël
• the chariots and horsemen of (NBS)
Israel (NIV)
4
L. KOEHLER et W. BAUMGARTNER, The Hebrew and Aramaic Lexicon of the Old
Testament (abrégé en HALOT par la suite), vol. 3, Leiden, New York, Köln, Brill, 1996,
p. 977s.
5 Le dictionnaire de Koehler et Baumgartner conjecture ce sens (HALOT 3, p. 178),
Interprétations
Nous venons d’examiner le texte massorétique sous son aspect
grammatical. Il convient maintenant de déterminer s’il est possible de
trouver un sens cohérent, parmi l’éventail des traductions considérées,
pour chacune des deux occurrences de l’expression (2 R 2,12 et 13,14).
Commençons par 2 R 2,12, où c’est Élisée qui emploie la formule en
voyant Élie d’une part, des «∞∞char(s) de feu et chevaux de feu∞∞» de
l’autre. Supposons d’abord que notre expression désigne directement
6
P. JOÜON et T. MURAOKA, A Grammar of Biblical Hebrew∞∞: translated and revised,
Subsidia Biblica 27, Roma, Editrice Pontificio Istituto Biblico, 2006, §149a.
7 Par exemple en Ex 5,4 on lit∞∞: שׂיו ָ ע
ֲ מּ
ַ ִעם מ
ָ ה-ת
ָ ֶפִריעוּ א
ְ ַן תּ$הר
ֲ א
ַ ְ שֶׁה ו$מּה מ
ָ ל
ָ .
8 P. JOÜON et T. MURAOKA, A Grammar of Biblical Hebrew, op. cit., §129a. Ajou-
tons qu’on trouve une construction très proche de la nôtre en Ex 14,9∞: סוּס ֶרכֶב-כּל ָ
חי לוֹ
ֵ ְ ֵרשׁיו ו
ָ ָה וּפ$פְּרע
ַ (tous les chevaux, les chars de Pharaon, ses cavaliers et son armée).
Ici la présence du même suffixe accolé au mot «∞∞armée∞∞» conduit à comprendre que le
référent des deux suffixes est le Pharaon.
cette unité militaire, plutôt qu’Élie (par figure de style). Ce serait soit
une interpellation des attelages, soit une exclamation les désignant à
l’adresse de son maître. Mais dans le premier cas, comment compren-
dre, après la double apostrophe∞∞: «∞∞Mon père∞∞! Mon père∞∞!∞∞», qu’Élisée
puisse poursuivre en s’adressant à cet ensemble∞∞? Rien n’indique un tel
changement d’interlocuteur, et on s’explique mal pourquoi le prophète
parlerait à des véhicules et à des animaux. Voudrait-il plutôt dire à Élie,
par exemple∞∞: «∞∞ce sont les chars d’Israël et ses attelages∞∞»∞∞? La formule
serait alors bien elliptique. Quant à la proposition de la NLT∞∞: «∞∞I see
the chariots and charioteers of Israel∞∞», plus proche d’une glose que
d’une traduction, elle sollicite le texte∞∞; du reste, Élisée voit des chevaux
enflammés (v.11), pas des conducteurs de char.
L’expression ne saurait donc directement désigner le(s) char(s) et les
chevaux contemplés par Élisée, et il faudrait par conséquent la compren-
dre comme une figure appliquée au Tishbite. On pourrait penser à une
métaphore ∞ : c’est la proposition de la traduction révisée de Luther
(«∞∞Du Wagen…∞∞») et du dictionnaire de Brown, Driver et Briggs9. Mais
l’image est incongrue, quelle que soit la traduction (un homme assimilé
à un ou des chars, des cavaliers ou des chevaux…). Il faudrait plutôt
supposer d’une part que l’expression «∞∞charrerie et cavalerie∞∞» était de-
venue une formule figée suffisante à elle seule pour désigner une armée
saisie comme unité (et non les éléments qui la composent), et d’autre
part qu’Élie se voyait assimilé à l’armée d’Israël. Ces deux hypothèses
manquent cependant de soutien dans les textes10. En outre, le propre
d’une métaphore est de confondre deux termes, qui seraient ici Élie
d’une part, l’unité militaire de l’autre. Or le v.11, où cet ensemble appa-
raît à côté d’Élie, montre que les deux termes en question sont à la fois
présents dans la scène et nettement distingués∞∞: il semble donc difficile
d’y lire une métaphore.
S’agirait-il plutôt d’une comparaison∞∞? C’est ce que suggère la BS∞∞:
«∞∞toi qui étais comme les chars d’Israël et ses équipages∞∞». À première
vue, cette figure de style s’accommoderait mieux de la présence dans ce
verset du comparant (char(s) et chevaux de feu) et du comparé (Élie).
Mais dans la situation concrète dont il est question, Élisée voit son maî-
9 F. BROWN, S. DRIVER et C. A. BRIGGS, A Hebrew and English Lexicon of the Old
Testament with an appendix containing the Biblical Aramaic, Oxford, Clarendon Press,
1966, p. 832.
10
On rencontre souvent les mots רכבet פרשׁdans les versets évoquant une armée, y
compris dans la stèle de Dan (datée de la fin du 9e s. av. J.-C.), mais il s’agit alors géné-
ralement d’une description des éléments composant la troupe, avec souvent une indica-
tion des quantités de chaque catégorie, plutôt que d’un syntagme figé.
Dans le passage de 2 R 13,14, c’est le roi Joas qui emploie cette ex-
pression à l’endroit d’Élisée. Reprenons les trois analyses possibles de
la formule∞∞: désignation directe de char(s) et de chevaux, métaphore et
comparaison. Par rapport au précédent, la différence principale de ce
verset est l’absence de chars et de chevaux dans la scène. Cette circons-
tance, qui rend la première option (désignation directe) absurde, permet
en revanche d’envisager les deux autres. La difficulté n’en est pas tota-
lement levée pour autant. Une figure rapprochant un homme de cet as-
semblage disparate de char(s) et de chevaux paraît peu naturelle, et il
faudrait à nouveau émettre la double hypothèse que «∞∞charrerie et cava-
lerie∞∞» constitue une expression figée désignant l’armée et qu’Élisée se
voit assimilé ou comparé à la force militaire israélite. Le rôle de ce per-
sonnage dans l’épisode de 2 R 6,8-23 (il informe le roi d’Israël des
plans des Araméens et lui livre une troupe ennemie), à une époque où le
pays était sans doute très affaibli militairement, pourrait peut-être justi-
fier sur le fond une telle manière de voir Élisée. Il n’en reste pas moins
que cela suppose sur la forme une façon très elliptique de s’adresser à
quelqu’un («∞∞Mon père∞∞! Mon père∞∞! Armée d’Israël∞∞!∞∞»), si tant est
qu’il faille comprendre ainsi sa seconde partie.
En fait, un autre passage du cycle d’Élisée (2 R 6,8-23) témoigne plutôt
d’une représentation de l’homme de Dieu entouré d’une armée de feu∞∞:
ישׁע
ָ לִ ֱת א$ביב
ִ ְכב אֵשׁ ס
ֶ לא סוּסִים ו ְֶר
ֵ ָהר מ
ָ ה
ָ la montagne était remplie de chevaux
et chars de feu autour d’Élisée(2 R 6,17)
Le parallélisme avec la scène de 2 Rois 2 est manifeste∞∞: il souligne le
caractère traditionnel, plutôt qu’occasionnel, d’une telle représentation
II — SEPTANTE ET VULGATE
La Septante et la Vulgate supposent toutes deux une Vorlage פרשׁו
(lue avec suffixe singulier), en 2 R 2,12 comme en 13,14∞∞:
†rma Israjl kaì ïppeùv aûtoÕ (LXX)∞∞: char d’Israël et son cavalier
currus Israhel et auriga eius (Vulgate)∞∞: char11 d’Israël et son conducteur
Le texte de la Vulgate trouve un correspondant moderne dans la tra-
duction allemande Einheitübersetzung (1980), qui propose∞∞: Wagen
Israels und sein Lenker. L’image obtenue est celle d’un ensemble cons-
titué d’un char et de son conducteur, ce qui reflète peut-être un souci de
cohérence et d’unité, mais ne suffit pas à produire une métaphore qui
puisse s’appliquer proprement à un individu. La leçon de la Septante
semble encore moins appropriée. Parler du «∞∞cavalier∞∞» d’un char n’a
guère de sens∞∞: un cavalier chevauche une monture, un conducteur de
char tient les rênes. L’expression signifierait plutôt «∞∞char et cavalier
d’Israël∞∞», ensemble peu homogène puisqu’il est question d’un véhicule
de guerre et du conducteur d’un autre moyen de locomotion.
la plus ancienne de la Bible grecque disparue des témoins dont nous dis-
posons∞∞»12.
Considérons les différents documents dont nous disposons pour éta-
blir le texte de cette version. En ce qui concerne 2 R 2,12 il s’agit des
sources suivantes∞∞:
– une citation de Lucifer de Cagliari (De Athanasio I, XX, l. 17)13∞∞:
pater, pater, agitator Israel∞∞;
– une citation d’Ambroise (De Nabuthae 15,64)14∞∞: pater, pater, agitator
Istrahel et eques ipsius∞∞;
– une citation du Pseudo-Augustin (Sermones a Caillau e codicibus
Cassinensis et Florentinis collecti 124,72)15∞∞: pater mi, pater mi,
currus Israel et auriga eius (cf. la Vulgate)∞∞;
– une citation d’Origène (Commentarius in Matthaeum 13,2)16∞∞: pater,
pater, agitator Israel∞∞;
– les gloses marginales de manuscrits espagnols de la Vulgate17∞∞: pater,
pater, agitator Israel.
Pour 2 R 13,14 on dispose∞∞:
– du Palimpsestus Vindobonensis18∞∞: rector Israel et eques eius∞∞;
– des gloses marginales des Vulgates espagnoles19∞∞: agitator Israel et
dux eius.
Deux premières remarques s’imposent∞∞: d’une part, tous les vocables
rencontrés (agitator, rector, eques, dux) évoquent l’activité d’une per-
12
P. HUGO, «∞∞Le Grec ancien des livres des Règnes. Une histoire et un bilan de la
recherche∞∞», dans Y. A. P. GOLDMAN, A. VAN DER KOOIJ et R. D. WEIS (ed.), Sôfer
Mahîr. Essays in Honour of Adrian Schenker Offered by Editors of Biblia Hebraica
Quinta, VTSup 110, Leiden/Boston, Brill, 2006, p. 139s. Cf. aussi J. TREBOLLE
BARRERA, «∞∞The Textcritical Value of the Old Latin in Postqumranic Textual Criticism
(1 Kgs 18∞∞:26-29.36-37)∞∞», dans F. GARCIA MARTINEZ, A. STEUDEL et E. TIGCHELAAR
(ed.), From 4QMMT to Resurrection. Mélanges qumraniens en hommage à Émile Puech,
StTDJ 61, Leiden/Boston, Brill, 2006, p. 313-331.
13 G. F. DIERCKS, Luciferi Calaritani opera quae supersunt, Corpus Christianorum,
que ce mot (désignant un char)21 ne peut être traduit par agitator (qui
vise le conducteur). Le substrat grec serait plutôt ärmatjlátjv ou
™níoxov, qui signifient tous deux «∞∞conducteur de char∞∞», ou encore
êpibátjv, qui désigne avant tout une personne montant sur un véhicule,
parfois un combattant se trouvant sur un char, voire son conducteur22.
Dans les livres historiques, ärmatjlátjv est très rare∞∞: on peut citer la
recension lucianique en 1 S 8,11, qui traduit ainsi l’hébreu בתּוְֹ ְרכּ
ַ מֶ בּ
ְ («∞∞il
les mettra sur ses chars∞∞»), et l’Alexandrinus en 2 M 9,4. De son côté,
™níoxov apparaît dans la Septante (tous manuscrits confondus) en 1 R
22,34 et 2 Ch 18,33 pour rendre ַרכּב ָ («∞∞conducteur de char∞∞» de Jéhu).
Quant à êpibátjv, il est aussi employé par la LXX à plusieurs reprises.
En 2 R 9,17-19, il traduit ַרכּב ָ (trois occurrences, tous manuscrits con-
fondus, sauf chez Lucien qui écrit ânabátjn ÿppou au v.19). En 2 R
7,14, il apparaît là où le TM porte ֶרכב ֶ (sauf dans la recension
lucianique, ânabátav ÿppwn)∞∞: les traducteurs grecs ont dû comprendre
ַרכּב
ָ . En 2 R 9,18 il désigne plutôt un cavalier (êpibátjv ÿppou pour
כֵב הַסּוּס$)ר, de même qu’en 2 R 18,23 d’après le contexte (et son pluriel
y correspond à בים ִ ְכ$)ר. Il semble clair que la Vorlage grecque devait
être ™níoxov ou êpibátjv.
L’expression grecque ™níoxov / êpibátjv Israjl, lectio brevior
qui représente le texte le plus éloigné du TM parmi les témoins de la
LXX, a toutes les chances de refléter ici l’ancienne Septante. Or, nous
l’avons vu, les substantifs ™níoxov et êpibátjv pointent tous deux vers
un hébreu רכב, à vocaliser ַרכּב ָ (ou même כֵב$)ר. Nous retenons donc
comme leçon hébraïque attestée par la Vetus Latina (indirectement) et
sans doute par l’ancienne Septante∞∞: רכב ישׂראל. Remarquons que ce
texte (consonantique) est identique au début de la formule dans le TM et
sans doute dans l’hébreu sous-jacent à la Vulgate et aux manuscrits
grecs de la Septante. Mais ce syntagme, avec la vocalisation attestée in-
directement par la Vieille Latine, offre en 2,12 une image parfaitement
cohérente∞∞: un char de feu apparaît avec son attelage23, Élie monte au
ciel, vraisemblablement dessus, et Élisée témoin de la scène l’interpelle
21
Par exemple, dans la recension lucianique de 1-2 Sam, 1-2 R, et 1-2 Ch, †rma ne
sert à traduire que ְרכּב
ָ ֶמ, בה ָ ְרכּ
ָ ֶמ, ֶרכב
ֶ , et ֶרכשׁ
ֶ (N. FERNANDEZ MARCOS, M.V. SPOTTORNO
DíAZ -CARO et J. M. CANAS REíLLO , Índice griego-hebreo del texto antioqueno en los
libros históricos, Vol. I∞∞: Índice general, Textos y Estudios “∞∞Cardenal Cisneros∞∞” de la
Biblia Políglota Matritense 75, Madrid, Instituto de Filologia des CSIC, 2005, p. 61).
22
H. G. LIDDELL, R. SCOTT, H. S. JONES et R. MCKENZIE, A Greek-English Lexicon.
With a Supplement, Londres, Clarendon Press, 19689, p. 625.
23
L’expression אשׁ וסוסי אשׁ- רכבau verset précédent peut désigner un char unique
avec ses chevaux d’attelage.
24
La BJ emploie parfois le terme «∞∞charrier∞∞» (e.g. en Jr 51,21). Le dictionnaire
d’ancien français de F. Godefroy en signale un emploi du 14e siècle∞∞: «∞∞officier préposé
au service des chars∞∞». Mais en français moderne, il désigne tout autre chose∞∞: «∞∞drap de
grosse toile sur lequel, dans la lessive, est placée la charrée∞∞», cette dernière étant la
«∞∞cendre qui reste sur la cuvée, après que la lessive est coulée∞∞» (Littré). Le terme
«∞∞aurige∞∞», qui désigne un «∞∞conducteur de char, dans les courses∞∞» (Petit Robert), nous
semble préférable.
25
P. G. W. GLARE, Oxford Latin Dictionary, op. cit., p. 1586.
26 Ibid., p. 582.
27 A. MORENO HERNANDEZ, Las Glosas Marginales de Vetus Latina, op.cit., p. 98
deux prophètes le signe de la fin d’une période de protection d’Israël, et plus précisé-
ment dans l’expression «∞∞chars et cavaliers d’Israël∞∞» une façon de dire que «∞∞la paix du
royaume et les victoires d’Israël dépendent de sa prière et son gouvernement∞∞» (nous
soulignons) (Sur le second livre des Rois, cité dans M. CONTI (ed.), Ancient Christian
Commentary on Scripture, Old Testament V. 1-2 Kings, 1-2 Chronicles, Ezra, Nehe-
miah, Esther, Downers Grove, InterVarsity Press, 2008, p. 197).
37
Ce sont bien la posture et le geste d’un archer qu’Élisée exige de la part de Joas au
v.17, quelle que soit la technique d’interprétation du résultat par l’homme de Dieu∞∞:
divination ou de bélomancie par exemple (sur ce sujet voir par exemple B. C OUROYER,
«∞∞A propos de II Rois XIII, 14-19∞∞», Liber Annuus 30, 1980, p. 177-196, ou encore
É. PUECH, «∞∞Les pointes de flèches inscrites de la fin du IIème millénaire en Phénicie et
the Meaning of רבה קשׁתin Gen 21∞∞: 20∞∞», RB 114, 2007, p. 321-332 que le syntagme
qualifiant Ismaël était originellement רכב הקשׁת.
39
Traité Shabbat, 109b.
40
Ml 3,23.
41 Mt 3,4∞∞; 11,14∞∞; 17,12∞∞; Lc 1,17.
42 Par exemple, il est le successeur de Jean-Baptiste et la scène du baptême dans le
Au-delà d’une élucidation des deux formules, notre lecture verse des
éléments nouveaux au dossier de la place primitive de 2 R 13,14-20.
Dans la Vetus Latina, cette péricope figure à la suite de 2 R 10,30 et
concerne donc Jéhu plutôt que Joas. J. Trebolle Barrera44 invoque plu-
sieurs arguments en faveur d’un ordre originel différent de celui du texte
massorétique, dont l’agencement actuel résulterait d’une transposition45.
Sans nous prononcer ici sur cette question difficile, nous remarquons
simplement qu’au plan narratif, le jeu sur les rôles d’aurige et d’archer
que nous venons d’évoquer résonne de manière significative à l’empla-
cement que lui confère la Vetus Latina, c’est-à-dire au sein de la section
concernant Jéhu. Ce dernier se déplace en char46, surtout pour exercer
son zèle meurtrier47, et il tue Joram en le transperçant d’une flèche de-
puis son char48. Un tel arrière-plan donne une profondeur accrue au récit
de l’entrevue avec Élisée. Sur les lèvres de Jéhu, qui se posait en
conducteur fougueux et fanatique de Yahvé, le titre prestigieux d’«∞∞aurige
d’Israël∞∞» accordé au prophète revêt une valeur éloquente. La «∞∞leçon de
tir à l’arc∞∞» que l’homme de Dieu lui prodigue en réponse constitue,
elle, un écho malicieux aux talents d’archer de Jéhu, voire à son régi-
cide…49
44
J. TREBOLLE BARRERA, Centena in libros Samuelis et Regum. Variantes textuales y
composición literaria en los libros de Samuel y Reyes, Textos y estudios «∞∞Cardenal
Cisneros∞∞» de la Biblia Políglota Matritense 47, Madrid, Instituto de Filología des CSIC,
1989, p. 177-183∞∞; Id. «∞∞Histoire du texte des livres historiques et histoire de la compo-
sition et de la rédaction deutéronomiste avec une publication préliminaire de 4Q481A,
‘Apocryphe d’Élisée’∞∞», dans J. E MERTON (ed.), Congress Volume Paris 1992, VTSup 61,
Leiden/New York/Köln, Brill, 1995, p. 339-341.
45
Pour la thèse d’une antériorité en 1-2 Rois de la Vorlage de la plus ancienne
Septante (que la Vetus Latina semble refléter souvent) sur le texte massorétique, voir
A. SCHENKER, Älteste Textgeschichte der Königsbücher. Der hebraïsche Vorlage der
ursprünglichen Septuaginta als älteste Textform der Königsbücher, OBO 199, Fribourg,
Academic Press Fribourg/Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2004.
46
2 R 9,16∞∞; 10,16.
47
2 R 10,16.
48
2 R 9,24-25.
49 Il reste à savoir si ces effets littéraires correspondent à un état très ancien du texte
conservé par la Vetus Latina (avec les questions historiques que cela soulèverait) ou au
contraire à une réorganisation de la matière narrative opérée pour créer ces effets. Mais
c’est une autre histoire…
SUMMARY
In most cultures, participation in the cult is an index of status as a member
of the religious community. Rather than being regarded as an onerous duty it
was a most welcome activity, and families would be motivated to qualify for it.
This was certainly true of ancient Israel, as an examination of the Pesah code in
Exodus demonstrates
SOMMAIRE
Dans la plupart des civilisations, la participation au culte est un indice du
statut comme membre de la communauté religieuse. Plutôt que d’être perçue
comme une tâche onéreuse, elle était une activité bienvenue, et les familles se
sentaient motivées pour se porter candidates. Cela était certainement vrai de
l’ancien Israël, comme l’examen du Code pascal, en Exode, le montre.
The Hebrew Bible provides valuable paradigms for the study of sacri-
fice in ancient cultures. We find codes of ritual practice- of sacrifice and
purification, of festival celebration and commemoration that are excep-
tional in their detail. These biblical texts resemble, in content and com-
position, those of similar provenience from the major, ancient Near
Eastern societies- Egyptian, Syro-Mesopotamian and Anatolian. When
correlated with the external evidence provided by archeological discov-
ery and by epigraphic sources, limited as they are, the biblical texts in-
form us about both the shared culture of ancient Near Eastern peoples,
and about distinctive features of Israelite religion.
for the nearness of the divine: “May Yahweh walk among us!” (Exodus
34:9). The prophet, Jeremiah, offers a reassuring response: “You are,
indeed, in our midst, Yahweh!” (Jer 14:9) (Levine 1970).
Finally, when speaking of the social aspects of sacrifice in the ancient
Near East, and more specifically, in ancient Israel, we can approach the
subject from two, functional perspectives. We can view cultic perform-
ance as a duty incumbent on members of the religious community,
whether clan, tribe, city, nation or empire; to put it another way, as a
requirement for being in good standing. Or, we can view cultic perform-
ance as the exercise of a right, or privilege restricted to those who be-
long to the community, however defined, and who are in good standing.
This latter perspective was characteristic of the ancients, who regarded
sacrifice as an act of legitimation more than as a burden. They feared
exclusion from participation in the cult, which would signify the loss of
social belonging, the loss of community. As has often been said, in dif-
ferent ways: Without community, there is no religion!
Conclusion
A full consideration of the social aspects of sacrifice in ancient Israel
would be based on the analysis of scores of paradigmatic texts, such as
the one examined here. Whether we are reading a ritual-legal text, or a
prophetic oration, or a narrative chronicle, the recommended method is
the same: We begin with philology, and move to larger textual units,
building our empirical model of the religious community as we go.
REFERENCES
DOUGLAS, Mary
1993 In the Wilderness: The Doctrine of Defilement in the Book of Num-
bers, JSOT Suppl.158, Sheffield: JSOT Press.
LEVINE, Baruch A.
1970 “The Presence of the Lord in Biblical Religion,” in Religions in
Antiquity: Essays in Memory of Erwin Ramsdell Goudenough, ed.
J. Neusner, Leiden: E.J.Brill, 71-87.
MEYERS, Carol
2005 Exodus, New Cambridge Bible Commentary, Cambridge: Cambridge
University Press.
VAN DER LEEUW, G.
1938 Religion in Essence and Manifestation, trans. J.E. Turner, London,
George Allen & Unwin.
PRIÈRES DE MANASSÉ
(2 CH 33,13*∞∞; TSK 1.144*∞∞; 4 Q 381)
PAR
Étienne NODET, o. p.
École biblique, POB 19053 Jérusalem-IL
nodet@ebaf.edu
RÉSUMÉ
Flavius Josèphe a connu une forme de 2 Ch 33,13s qui incluait la Prière
du roi Manassé. Elle s’est conservée ailleurs sous diverses formes, en grec, en
syriaque et en hébreu.
SUMMARY
Josephus Flavius used a version of 2 Ch 33∞∞:13f including the Prayer of
King Manasseh, which is known from other sources in Greek, Syriac and
Hebrew.
I
Selon 2 Ch 33∞∞:11-17, le roi Manassé, fils d’Ézéchias, connut l’exil
en réponse à sa perversité (rapportée parallèlement en 2 R 21,1-16 et
2 Ch 33,1-10). Dans sa détresse il pria Dieu, qui l’exauça∞∞; renvoyé à
Jérusalem, il ôta les idoles qu’il avait faites puis mena ensuite une vie
exemplaire. Les v. 18-19 indiquent que sa prière, qui n’est pas citée fut
conservée dans les archives royales et chez certains prophètes. Par
ailleurs, il existe une Prière de Manassé, réputée canonique dans le
monde orthodoxe, qui figure aussi dans un recueil d’hymnes annexé à la
LXX. Ses plus anciens témoins connus sont des ouvrages chrétiens pos-
térieurs au IIe siècle.
Elle passe pour une composition tardive destinée à combler la lacune
de 2 Ch. L’objet de cette note est de montrer qu’il s’agit d’une œuvre
II
Le plus ancien témoin de la Prière est la Didascalie des Apôtres,
composée en grec, mais conservée seulement dans une traduction syria-
que du IVe siècle et par des fragments latins. Dans le cadre d’une exhor-
tation aux évêques, l’auteur prend l’exemple du roi Manassé, le criminel
repenti. Il en raconte toute l’histoire, d’après 2 R 21,1-18 et 2 Ch 33,1-
20, cités expressément, et il insère la prière après «∞∞et il le pria∞∞» de
2 Ch 33,13. Toute l’exhortation est reprise dans les Constitutions Apos-
toliques 2.22.3-18, ouvrage en grec daté du IVe siècle et bien conservé1.
La Prière est un psaume de repentance prononcé par le pire des rois de
Juda∞∞; elle prend sens en considérant d’abord ses méfaits, puis son com-
portement après sa conversion, ce qui explique la présentation de la
Didascalie, qui donne le contexte narratif.
Le texte grec2 de la Prière, sans récit englobant, est donné avec de
menues variantes par divers mss de la LXX, parmi d’autres hymnes3
(cf. Rahlfs, II∞∞:180-181 «∞∞Ode 12∞∞», ci-après PM, avec sa division en
versets). On peut la décrire en quatre parties, ou quatre moments.
a) PM 1-5, une invocation au «∞∞Seigneur, Dieu de nos pères, d’Abra-
ham, Isaac, Jacob et de leur juste postérité∞∞», qui est aussi l’auteur d’une
Création somptueuse devant qui tout tremble.
1
Les textes sont donnés par F.-Xavier FUNK, Didascalia et Constitutiones Aposto-
lorum, Torino, Bodega d’Erasmo, 1979 (original 1905), I∞∞:81-89, qui signale d’autres
attestations anciennes. Pour les légendes relatives à Manassé, cf. Louis GINZBERG, The
Legends of the Jews, Philadelphia, 1909-1938, IV∞∞:277-281 et VI∞∞:370-376. Une discus-
sion du sens des récits est donnée par Innocent HIMBAZA, Le roi Manassé. Héritage et
conflit du pardon (Essais bibliques, 40), Genève, Labor et Fides, 2006.
2
Diverses versions sont signalées par Albert-M. DENIS, Introduction aux Pseud-
épigraphes grecs de l’Ancien testament, Leiden, Brill, 1970, p. 177-181.
3 Une présentation et une double traduction (littéraire et littérale) sont données par
4 La revue la plus récente des opinions est donnée par Reimund LEICHT, «∞∞The
pères et de leur juste postérité∞∞»∞∞; le seul péché majeur est l’idolâtrie (les
patriarches n’ont pas péché)∞∞; la damnation comme disparition dans lles
«∞∞profondeurs de la terre∞∞» (cf. Tb 13,2∞∞; Ps 139,5).
Cependant, on ne peut entièrement exclure que ce soit une composi-
tion chrétienne finement intégrée au contexte de 2 Ch, faite par un bon
connaisseur de la LXX5. Quant aux thèmes développés, on peut obser-
ver que Clément de Rome parle de «∞∞notre père Abraham∞∞» (31∞∞:2) et
identifie l’Église avec l’Israël biblique (29∞∞:1-3).
Pour avancer, il faut considérer le contexte le plus ancien dans lequel
la Prière a été transmise. Elle figure isolée dans des listes d’hymnes
apparentées à la LXX, comme bien d’autres pièces bibliques poétiques,
mais cela ne prouve pas qu’elle ait été composée isolément.
III
Le récit encadrant la prière combine 2 R 21,1-18 et 2 Ch 33,1-20 lors-
qu’ils sont parallèles, et juxtapose les parties propres∞∞; certains détails
ne sont pas bibliques, et quelques singularités textuelles méritent exa-
men. Voici l’essentiel de ces écarts.
a) CA §4-8a reprend les récits parallèles 2 R 21∞∞:1-10 et 2 Ch 33,1-
10, sur la chronologie et les méfaits de Manassé∞∞: les détails divergents
des deux sources sont additionnés, ce qui donne des effets de doublets.
Le texte suit la LXX, avec de menues différences∞∞:
– 2 R 21,1 uïòv dÉdeka êt¬n Manass±v, CA uïòv Manass±v…
dwdekaetßv «∞∞le fils Manassé avait 12 ans∞∞»∞∞; le sémitisme n’est
pas perçu, mais le v. précédent a mentionné Ézéchias, père de Ma-
nassé, et on peut comprendre qu’il s’agit ici de son fils. La Didas-
calie ne commet pas l’erreur (filius erat duodecim annorum
Manasses).
– Ibid. Eciba Hephçiba, mère de Manassé, LXX Oc(e)iba, Aciba,
Ofsiba, Luc. Eciba.
– 2 R 21,4 et 2 Ch 33,4 «∞∞Et il construisit des autels dans la maison
de Yhwh, où (lit. “∞∞que∞∞”) Yhwh avait dit∞∞: À Jérusalem je mettrai
Prayer of Manasseh∞∞», dans∞∞: Pieter W. VAN DER HORST & Judith H. NEWMAN, Early
Jewish Prayers in Greek, Berlin – New York, Walter de Gruyter, 2008, p. 145-180∞∞; les
plus anciens commentateurs ont cru que la Prière avait été composée par l’auteur de la
Didascalie.
5
Telle est la prudence de James R. DAVILA, «∞∞Is the Prayer of Manasseh a Jewish
Work∞∞?∞∞», dans∞∞: Lynn LIDONNICI & Andrea LIBER (Ed.), Heavenly Tablets (JSJ Suppl.,
119), Leiden, Brill, 2007, p. 75-85.
IV
Dans sa paraphrase biblique, Josèphe rapporte les méfaits de Manassé
et l’intervention des prophètes, puis sa capture, sa supplication, son re-
tour et sa vie exemplaire ensuite (AJ 10∞∞:37-46). Selon sa manière un
peu approximative, il combine manifestement 2 R 21,1-18 et 2 Ch 33,1-
20, mais avec quelques additions.
a) La plus caractéristique est la conclusion, après les réformes à Jéru-
salem (§45)∞∞:
Dans tous ces aspects, il fut vraiment transformé (metabol±Ç xrjsámenov)
et passa ainsi le reste de sa vie, au point d’être considéré (logihómenov)
comme bienheureux (makaristóv) et envié (hjlwtóv) à partir du moment
où il commença à révérer Dieu.
Josèphe a composé un discours d’adieu de Moïse aux Israélites, où il
les exhorte à la fidélité∞∞; ils seront alors «∞∞bienheureux et enviés de
V
Parmi les trouvailles de la geniza du Caire, on a retrouvé trois frag-
ments d’un recueil de prières et autres textes magiques (TSK 1.144,
1.95.T et 21.95.P, regroupés sous le sigle TSK 1.144*), parmi lesquels
figure la Prière en hébreu7, de la page 2b ligne 18 à 3a l. 2 (ci-après
6
Cf. Étienne NODET, «∞∞Josephus and the Pentateuch∞∞», JSJ 28 (1997), p. 154-194∞∞;
ID. «∞∞Josephus and the Books of Samuel∞∞», dans∞∞: Shaye J. D. COHEN & Joshua
SCHWARTZ (ED.), Studies in Josephus and the Varieties of Ancient Judaism. Louis H.
Feldman Jubilee Volume (AGAJU, 67), Leiden, Brill, 2007, p. 141-167.
7
Peter SCHAFER & Shaul SHAKED, Magische Texte aus der Kairoer Geniza, Tübin-
gen, Mohr-Siebeck, 1997, II∞∞:32 et 51-53.
«∞∞TSK page∞∞: ligne∞∞»). Elle est précédée d’un titre «∞∞Prière de Manassé
( )תפלת מנשהroi de Juda, au temps où il fit retour (»∞∞)עשה תשובה, avec le
sens rabbinique usuel de תשובה. Le recueil est analogue aux séries
d’hymnes des mss de la LXX∞∞: ce sont des pièces détachées de leur con-
texte d’origine. Sauf la seconde partie de deux lignes successives, le
texte de la Prière est lisible ou aisé à rétablir.
Il s’agit d’une variante de la Prière telle qu’on la lit en grec ou en
syriaque∞∞; les écarts ne sont pas plus importants que les différences entre
PM et l’hymne rattaché à la LXX∞∞: stiques redondants ajoutés ou retran-
chés, variations de vocabulaire, ajustements sur le TM. Le sens général
est analogue, mais quelques détails méritent d’être relevés.
– PM 6 «∞∞infinie et immense est la miséricorde de ta promesse
(êpaggeleíav)∞∞» TSK 2b∞∞:4 met ∞∞« צדקותיךde tes justices∞∞», puis
ajoute ∞∞« לישרי לבpour les cœurs droits∞∞» (cf. Ps 36,11), et ensuite
omet les deux lignes qui ne figurent que dans les CA et la Didas-
calie.
– PM 7 metano¬n êpì kakíaiv ânqrÉpwn «∞∞tu te repens (= lèves
une condamnation) pour les péchés des hommes∞∞»∞∞; TSK 2b∞∞:5-6
met ∞∞« )תינחם עלר (עת העםle mal du peuple∞∞», de sens plus res-
treint.
– PM 8 à l’expression oûk ∂qou metánoian dikaíoiv «∞∞tu n’a pas
mis de “∞∞repentir∞∞” aux justes (Abraham etc.)∞∞» correspond ולא
∞∞« תינחם על טוב הצדיקיםet tu ne te repens pas (= ne reviens pas sur
une condamnation) pour le bien des justes∞∞», de sens plus naturel.
Dans la suite, cependant, TSK 2b∞∞:7 met comme PM ושמתה תשובה
∞∞« לי החוטאtu as mis un “∞∞repentir∞∞” à moi le pécheur∞∞», avec תשובה
de même sens que metánoian, puis il ignore les deux phrases addi-
tionnelles de CA.
– PM 10 «∞∞(J’ai fait le mal) en dressant des idoles et des abomina-
tions∞∞»∞ ; TSK remplace par des généralités sur le péché, coupant
ainsi tout lien avec l’histoire de Manassé, centrée sur l’idolâtrie.
– PM 13e «∞∞Ne me bannis pas aux profondeurs (katwtátoiv, )תהום
de la terre∞∞»∞ ; TSK 2b∞∞:17 ajoute «∞∞n’apporte pas devant moi mes
péchés pour le Monde qui vient (»∞∞)לעולם הבא. C’est un dédouble-
ment, avec une allusion au débat rabbinique sur le destin de Ma-
nassé (cf. ci-après §VI).
– PM 13f «∞∞(Car tu es, Seigneur, le Dieu) des repentants∞∞»∞∞; TSK
2b∞∞:18 met ∞∞« לבני אדם שיתחרטו ממעשיהם הרעיםdes hommes qui re-
grettent leurs actes mauvais∞∞», ce qui maintient תשובהde la l. 7 au
sens «∞∞invitation au repentir∞∞» (différent du sens dans le titre).
VI
Or, il se trouve que la grotte IV de Qumrân a livré les restes d’un
recueil d’hymnes non canoniques qui inclut une Prière de Manassé11
8
Reimund LEICHT, «∞∞A Newly Discovered Hebrew Version of the Apocryphal
“∞∞Prayer of Manasseh∞∞”∞∞», JSQ 3 (1996), p. 359-373.
9 Cf. Dominique BARTHÉLEMY, «∞∞Notes en marge de publications récentes sur les
Holy Scripture, London, Nelson, 1969, p. 541-562 (§441-443). L’étude classique reste
celle de Rudolf SMEND, Die Weisheit des Jesus Sirach, Berlin, Vlg G. Reimer, 1906.
11
Eileen SCHULLER, «∞∞4QNon-Canonical Psalms B∞∞», dans∞∞: Qumran Cave 4 – VI
(DJD XI), Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 87-172 (fr. 33+35 p. 123-126, et fr. 45
p. 132-134).
VII
Les conclusions précédentes ne seraient que des hypothèses invérifia-
bles s’il n’y avait le témoignage de Josèphe∞∞: il a connu la Prière dans
son contexte narratif, et très probablement en hébreu, puisqu’on y a re-
levé des hébraïsmes.
On peut alors se demander s’il l’a tirée d’un document annexe, ou si
elle figurait tout simplement dans son exemplaire des Chroniques. La
seconde hypothèse est manifestement la plus simple. La même question
se pose d’ailleurs pour la Didascalie, qui affirme citer 4 Règnes et
2 Paralipomènes, mais qui en fait cite 2 Ch et l’orne avec 2 R LXX13.
Le problème implicite est celui de la formation finale et de l’autorité
du livre hébreu des Chroniques. Trois observations peuvent être avan-
cées à ce propos.
a) Josèphe dispose d’une documentation plus vaste que ce qu’on
lit dans 1-2 Ch. Par exemple, la liste qu’il donne des dix-huit grands
prêtres, de Sadoq à l’exil (AJ 10∞∞:152-153, cf. 20∞∞:231), est bien plus
longue – et moins invraisemblable – que celles de 1 Ch 5∞∞:30-41 et
Esd 7,1-5.
b) La Mishna déclare que trois rois d’Israël sont condamnés∞∞: ils
n’ont pas part au «∞∞Monde qui vient∞∞» (העולם הבא, Royaume, résurrec-
Manasseh∞∞”∞∞», ZAW 108 (1996), p. 105-107, a voulu y voir le reste d’un document pré-
exilique. C’est plus qu’improbable, car la mention «∞∞Assur∞∞» fait allusion au récit de
2 Ch, et celui-ci présente des signes proprement légendaires∞∞: 1. rien n’est dit de l’expé-
dition assyrienne, ni des conditions de retour de Manassé (Josèphe recrée tout un
récit militaire)∞∞; 2. la captivité à Babylone est un anachronisme, puisque la capitale
assyrienne était Ninive. Apparemment, le récit est né de la longévité scandaleuse d’un
roi impie, qui régna 50 ans, alors que son père, le pieux Ézéchias, ne régna que 29 ans
(2 R 18,2)∞∞; de même, confronté à la stupidité de la mort de Josias, le grand réformateur,
2 Ch 35,20-25 explique qu’il a désobéi à Dieu.
13
À la suite de raisonnements complexes, Henry H. HOWORTH, «∞∞Some Uncon-
ventional Views on the Text of the Bible. VIII – The Prayer of Manasseh and the Book
of Esther∞∞», Proceedings of the Society of Biblical Archæology 31 (1909), p. 89-99,
concluait qu’il s’agit de la véritable LXX, traduite de l’araméen original, le TM étant
une traduction rabbinique censurée au IIe s., traduite ensuite en grec. Dans les conclu-
sions présentées ici, la «∞∞véritable LXX∞∞», attestée par la Didascalie, ne serait autre que
la traduction de l’hébreu qu’à connu Josèphe (antérieur au TM).
14
Le compromis tombe ensuite, car la discussion se conclut dans la Tosefta avec la
référence aux «∞∞paroles de Hozeh (ou “∞∞du voyant∞∞” »∞∞)חוזהde 2 Ch 33,19 (t.Sanh
12∞∞:11). Cf. b.Sanh 102b-103a, où le débat porte la possibilité du repentir pour l’Israélite
devenu idolâtre∞∞: Agadat Bershit 9∞∞:23 et 2 Baruch §64 affirment que non (Manassé
n’était pas sincère). Il est possible que la prière ait été retirée de 2 Ch (tout en restant
signalée deux fois) pour alléger cette controverse.
15
Cf. Étienne NODET, «∞∞Samaritains, Sichem, Temple∞∞», RB (à paraître).
LE STATÈRE TROUVÉ
DANS LA BOUCHE D'UN POISSON
(MATTHIEU 17,24-27)
PAR
Thierry MURCIA
Université de Provence-CNRS (UMR 6125)
SOMMAIRE
Cet article présente une analyse de la péricope matthéenne (Matthieu 17, 24-
27) relative à l’impôt du didrachme et au miracle du statère qui lui est directe-
ment attaché. Après avoir discuté la pertinence des différentes explications
savantes proposées jusqu’ici de l’épisode et du miracle, l’auteur arrive à la
conclusion que les consignes données à Pierre par Jésus sont certainement
métaphoriques et qu’elles s’intègrent manifestement dans une période anté-
rieure à la destruction du Temple (70 apr. J.-C.). Il montre également que pour
être mieux compris, les textes du Nouveau Testament doivent être confrontés
avec d’autres sources antiques et, en particulier, avec la littérature talmudique.
SUMMARY
This study presents an analysis of Matthew 17, 24-27 concerning the tribute
for the temple and the miracle of the stater. I discuss the pertinence of the dif-
ferent scholarly explanations proposed about the episode and the miracle and
arrive at the conclusion that the instructions given to Peter by Jesus are cer-
tainly metaphorical and that we have here the situation before 70 A.D. I also
show that to be better understood, the texts of the New Testament have to be
confronted with others ancient sources, particularly with talmudic literature.
1. – APPROCHE LITTÉRALE.
a. Approche littérale traditionnelle.
Cette approche est censée reposer sur une lecture littérale du texte. Il
s’agit en réalité d’une impression car l’approche littérale a elle aussi
grandement recours à l’interprétation. Elle postule que l’épisode est un
récit de miracle. Le lecteur peut y croire ou ne pas y croire. Selon La-
grange∞∞: «∞∞Ce qui suit est un miracle, raconté comme tel, miracle à tout
le moins de science qui fait connaître à Jésus qu’un poisson a avalé une
pièce de monnaie, et qu’il se laissera prendre.∞∞»2 Selon Pirot, «∞∞le mira-
cle consiste dans la réalisation d’une prophétie particulièrement circons-
tanciée. On sait que les poissons goulus avalent tout ce qu’ils rencon-
trent∞∞: celui-là aurait avalé un statère qu’il ne pouvait pas rejeter.∞∞»3 On
1 La traduction est celle de la BJ. La numérotation des chapitres de la Mishna corres-
pond à celle de J. NEUSNER, The Mishnah a new translation, New Haven/London, 1988.
Idem pour la Tosefta∞∞: J. NEUSNER, The Tosefta translated from the Hebrew with a new
Introduction, Massachusetts, 2002.
2
M.-J. LAGRANGE, Évangile selon Saint Matthieu, Paris, 19416, p. 342.
3 L. PIROT (dir.), La Sainte Bible. Texte latin et traduction française d’après les tex-
Quoique littérale, cette explication qui fait intervenir une espèce par-
ticulière de poisson se veut néanmoins rationalisante. Elle est certes in-
génieuse et on comprend qu’elle ait pu séduire. Mais elle produit l’effet
d’un deus ex machina∞∞: trop d’obstacles doivent être surmontés et trop
de conditions réunies pour parvenir au résultat attendu. L’approche litté-
rale, qu’elle soit traditionnelle ou alternative, pose en réalité plus de pro-
blèmes qu’elle n’en résout.
2. – APPROCHE COMPARATISTE.
Plusieurs critiques ont noté que les histoires d’objets perdus (ou non)
et retrouvés dans un poisson ne sont pas rares dans l’Antiquité14. Héro-
dote raconte l’aventure bien connue survenue à Polycrate, tyran de Sa-
mos, qui passait pour particulièrement chanceux. Ce dernier décida un
jour de sacrifier son anneau, une bague en or sertie d’une émeraude, qui
était aussi son plus beau bijou. Il partit au large pour accomplir son vœu
et le jeta à la mer∞∞:
Récit a∞∞: «∞∞Quatre ou cinq jours après […] un pêcheur prit un énorme
et superbe poisson qu’il jugea digne d’être offert à Polycrate […] Les
serviteurs trouvèrent dans son ventre l’anneau de Polycrate […] et, tout
joyeux, l’apportèrent à Polycrate.∞∞»15
14
Trois des récits recensés ici ont déjà été signalés par les critiques pour l’étude de
cette question∞∞: a, 2, 3 (Van der Loos, 1965, p. 682-683). P. SAINTYVES, Essais de folk-
lore biblique. Magie, mythes et miracles dans l’Ancien et le Nouveau Testament, Paris,
1923, p. 374-375, propose une version sabéenne du récit no 1.
15
Hérodote, Histoires III, 42.
Cet épisode est le plus souvent cité. Mais on trouve dans la littérature
rabbinique et chez les conteurs arabes une histoire assez semblable dont
il existe de nombreuses versions.
Récit no 1∞∞: On raconte que Salomon possédait un anneau magique
sur lequel était gravé le Nom sacré. Asmodée s’en empare, le jette dans
la mer où un poisson l’avale. Mais la femme du roi récupère l’anneau
dans les entrailles d’un poisson acheté sur le marché16.
Récit no 2∞∞: Un non-Juif très riche vend tous ses biens, achète une
pierre précieuse et la place dans son chapeau. Le chapeau s’envole et un
poisson avale la pierre. Le poisson est pêché et vendu à un Juif qui
trouve l’objet dans le ventre du poisson et fait ainsi fortune17.
Récit no 3∞∞: Un couturier juif achète un poisson aux enchères. Il
l’ouvre et y découvre une pierre précieuse dont il tire subsistance le res-
tant de ses jours18.
Récit no 4∞∞: Le fils de Joseph b. Joezer offre un poisson à sa femme
qui vient d’accoucher. En l’ouvrant il y trouve une perle19.
Récit no 5∞∞: Un homme jette chaque jour du pain à la mer. Il achète
un poisson et découvre dans ses entrailles un objet précieux (sima, סימא,
littéralement∞∞: «∞∞trésor∞∞»)20.
Le thème de la pierre précieuse ou de l’anneau perdu et retrouvé dans
un poisson se rencontre jusqu’en Inde21. Il s’agit d’un topos, d’un lieu
commun, dont le récit, légendaire ou non, rapporté par Hérodote, sem-
ble être à l’origine. Ces histoires, qui reposent sur une observation faite
depuis longtemps, à savoir l’attirance des poissons pour ce qui est
brillant, ne sont pas nécessairement toutes imaginaires22. Si les récits
no 1 à 5 dépendent sans aucun doute plus ou moins directement de a, le
récit de Matthieu (récit b) est quant à lui le seul à s’en démarquer nette-
ment∞∞:
– Le poisson est pêché à la ligne (seul cas).
– L’objet n’est pas retrouvé dans les entrailles mais dans sa bouche
(seul cas).
– L’objet n’est pas un bijou mais une pièce de monnaie (seul cas).
16
Voir L’Ecclésiaste et son double araméen, Ch. MOPSIK (traducteur), 1990, p. 127-
129. Le Coran XXXVIII, 33-34, fait allusion à cette légende dont il existe de nombreuses
variantes.
17 B. Shabbat 119a.
18
Genèse Rabba XI, 4.
19
B. Baba Batra 133b.
20
Qohélet Rabba XI, 1.
21
Saintyves, 1923, p. 401-402.
22 Cf. Augustin, Cité de Dieu XXII, VIII.
«∞∞les anciens employaient des anneaux à clefs∞∞». Exceptionnellement, l’objet est diffé-
rent∞∞: un peigne, un joli soulier (p. 400-401).
28
Exceptionnellement dans la bouche (deux cas) voire dans les ouïes (un seul cas).
29
Plus rarement c’est l’influence directe de b qui se fait sentir∞∞: «∞∞ Dans un conte
portugais, le parrain est saint Antoine et parmi les tâches […] imposées il faut aller reti-
rer l’anneau du fond de la mer. Saint Antoine dit au page d’aller pêcher∞∞; le premier
3- récupéré dans les entrailles d’un poisson, 4- qui revient à son proprié-
taire initial). On notera également que l’objet égaré n’est jamais une
pièce de monnaie∞∞: il doit avoir, pour les nécessités de l’intrigue, des
caractères spécifiques qui permettent de l’identifier immédiatement et
avec certitude. Il s’agit toujours d’un objet personnel. Une pièce de
monnaie n’offre, de ce point de vue, aucun intérêt.
On conviendra donc aisément que l’approche comparatiste n’apporte
pas de solution réelle. En réalité, les différences entre les divers docu-
ments proposés (par nous-même ou par d’autres) l’emportent largement
sur les points communs. Le récit de Matthieu ne semble dépendre
d’aucun autre récit connu jusqu’ici et il n’y a en conséquence aucune
raison de penser qu’une légende vaguement similaire se soit glissée
dans le texte matthéen30. Il est clair en revanche que les récits d’Héro-
dote (a) et de Matthieu (b) en ont influencé beaucoup d’autres. Mais ce
sont deux récits archétypaux qui s’ignorent.
3. – APPROCHE FIGURATIVE.
Ph.-H. Menoud résume assez bien la situation∞∞: «∞∞Il est difficile de
trouver à ce miracle la signification des autres miracles des évangiles
malgré les explications proposées∞∞»31. Il en conclut que «∞∞le plus simple
est d’admettre que nous avons, à la base de la péricope, une parole pro-
noncée par Jésus et transformée en récit par la tradition, et par une tradi-
tion qui avait du miracle une notion différente de celle qui apparaît en
général dans les évangiles.∞∞»32 C’est aussi plus ou moins l’opinion de
H. Van Der Loos qui renvoie d’ailleurs à Menoud. Le miracle du statère,
en effet, diffère sur trois points de tous les autres miracles rapportés
dans les évangiles33∞ : tout d’abord, Jésus paraît ici réaliser un miracle
poisson qu’il prendra, il l’ouvrira, et l’anneau sera dedans.∞∞» (Saintyves, 1923, p. 382).
Comme dans a l’objet est un anneau, il est retrouvé dans les entrailles d’un poisson et
retourne à son propriétaire. Comme dans b le pêcheur doit suivre des consignes préci-
ses∞∞: il doit prendre sa ligne∞∞; l’objet se trouvera dans le premier poisson qu’il prendra.
On a ici une influence croisée des deux récits archétypaux a et b.
30
Le comparatisme fait encore des adeptes. Cf. P. DE BEAUMONT, Le Nouveau Testa-
ment, Paris, 1973, p. 76∞∞: «∞∞On peut penser que l’image du poisson est reprise d’une
légende populaire qui ne nous est pas parvenue.∞∞» On reste, bien sûr, libre de le penser,
mais il faut bien considérer qu’il ne s’agit là que d’une pure hypothèse qu’aucun élé-
ment ne vient étayer.
31
Ph.-H. MENOUD, «∞∞La signification du miracle selon le Nouveau Testament∞∞»,
dans Revue d’histoire et de philosophie religieuses 28-29, 1948-1949, p. 188.
32
Menoud, 1948-1949, p. 189.
33
Van Der Loos, 1965, p. 686-687.
abhanim) que voici, faire surgir des enfants/fils ( – בניםbanim) à Abraham∞∞» (Mt 3, 8).
On peut même ajouter qu’il s’agit ici d’une réponse du Baptiste aux pharisiens et aux
sadducéens qui disent∞∞: «∞∞Nous avons Abraham pour père ( – אבינוabhinou)∞∞». Il faut
bien sûr garder à l’esprit que toute proposition de rétroversion demeure conjecturale.
38
Van Der Loos, 1965, p. 687. Van Der Loos publie ses travaux en 1965. Il convient
de noter que la tendance actuelle est plutôt de considérer que tout ou partie de l’épisode
est directement issu de la communauté matthéenne et que, par conséquent, la probabilité
qu’il soit historique est faible. Voir P. BENOIT, M.-E. BOISMARD, Synopse des quatre
évangiles, Paris, 19962, t. II, p. 261-262.
39 M. Goguel, Jésus, Paris, 19502, p. 142.
40
Pirot, 1935, p. 233.
41
Van Der Loos, 1965, p. 686.
42
On peut toutefois voir que du temps d’Augustin (Cité de Dieu XXII, VIII) un très
gros poisson pouvait se vendre 300 oboles, soit 50 drachmes ou 25 didrachmes, autre-
ment dit 12,5 statères. 1 statère (= 1 sicle) pour un beau poisson du temps de Jésus ne
paraît donc pas être un prix exagéré.
cole (Mt 20, 2)43. On peut toutefois admettre, avec Strauss44 que Pierre
avait en fait pour mission de vendre sur le marché autant de poissons
qu’il pourrait jusqu’à obtenir un statère ou bien un seul poisson valant
cette somme.
Cette explication est, selon nous, la meilleure qui ait été proposée jus-
qu’ici. Nous n’en retenons que le principe directeur∞∞: la péricope
matthéenne ne doit pas faire l’objet d’une lecture au premier degré. Il
s’agit d’une parabole qu’il nous appartient donc de décrypter45.
43 À titre de comparaison∞∞: une miche de pain valait entre 1/96e et 1/48e de sicle
(M. Eroubhin VII, 10 et VIII, 2), un manteau entre 3 et 6 sicles (M. Meila 6, 4), une
paire de bœufs de labour 50 sicles (M. Baba Batra V, 1). À l’époque talmudique, un
sicle (quatre drachmes) correspondait au salaire d’un ouvrier (B. Baba Metsia 76a).
44
Van Der Loos, 1965, p. 684.
45 Tresmontant, 19962, p. 400∞∞: «∞∞Pourquoi ce détour par le poisson∞∞? Probablement
un mâschâl [i.e. une parabole] que nous, les païens de la fin du XXe siècle, nous ne
savons plus déchiffrer.∞∞»
46
Mc 4, 13∞∞; 7, 18∞∞; 8, 17, 18, 21. Cf. Mt 15, 16-17∞∞; 16, 9, 11∞∞; 19, 11∞∞; Mc 4, 10∞∞;
Lc 9, 45∞∞; 18, 34.
47
Mc 9, 32∞∞; Lc 9, 45. Il n’y a aucune raison de douter de l’authenticité de ces préci-
sions.
que fut pratiqué avec on ne peut plus d’âpreté∞∞; on dénonçait au fisc ceux qui sans pro-
fesser la religion juive vivaient selon ses rites, ou ceux qui dissimulaient leur origine
pour échapper au tribut imposé à cette nation. Je me souviens d’avoir été témoin dans
mon adolescence de l’examen auquel le procurateur, entouré d’un nombreux conseil, se
livrait sur la personne d’un vieillard nonagénaire pour s’assurer qu’il fût ou non circon-
cis.∞∞» Cf. Martial, Épigrammes VII, LV, 7-8 et LXXXII.
54
E. Beurlier, «∞∞Capitation∞∞», dans DB, t. 2, 1re partie, 1912, col. 215.
55
Pirot, 1935, p. 233.
56
Sœur JEANNE D’ARC, Les Évangiles – les quatre, Paris, 19924, p. 110, note à 26c.
Cf. A. CRAMPON, La Sainte Bible, 1923, p. 21∞∞: «∞∞Jésus se dit donc fils de Dieu∞∞». P. de
BEAUMONT, Le Nouveau Testament, Paris, 1973, p. 76∞∞: «∞∞Jésus qui n’est pas tenu de
payer cet impôt parce qu’il est Fils de Dieu conseille à ses disciples de l’acquitter pour
ne pas scandaliser.∞∞» Tresmontant, 19962, p. 400∞∞: «∞∞Lui, le Fils, en principe, du point de
vue théologique, n’est pas tenu de verser l’impôt pour le service du Temple de Jérusa-
lem.∞∞»
57 Lagrange, 19416, p. 342.
58 É. OSTY, J. TRINQUET, La Bible, Paris, 1973, p. 2120.
59
L. SEGOND, La Nouvelle Bible Segond, Genève/Paris, 2002, p. 1273∞∞: «∞∞Leurs fils∞∞:
l’expression peut signifier leur propre famille ou, moins probablement, leur propre peu-
ple.∞∞»
60
Van Der Loos, 1965, p. 681∞∞: «∞∞There is thus a distinction between the Jews and
the “∞∞sons∞∞”.∞∞» A. MELLO, Évangile selon Saint Matthieu. Commentaire midrashique et
narratif, Paris, 1999, p. 319∞∞: «∞∞La comparaison pourrait donc impliquer que les disci-
ples de Jésus, en tant que membres de la famille du Fils et employés à son service, sont
exemptés pour la maison de son Père∞∞!∞ » (L’exclamation est de Mello). Benoit,
Boismard, 1996, t. II, p. 262∞∞: «∞∞Le raisonnement de Jésus renverse les notions commu-
nément admises parmi les Juifs, qui se considéraient comme “∞∞enfants de Dieu ∞ ”, tandis
que les autres peuples n’étaient que des étrangers∞∞; pour Jésus, ce sont ses disciples qui
sont véritablement “∞∞enfants de Dieu ∞ ”, tandis que les Juifs ne sont que des étrangers.
Théoriquement, les disciples de Jésus pourraient se considérer exempts de toute rede-
vance envers le Temple∞∞». Cela supposerait que pour Jésus la rupture entre lui-même et
ses disciples, d’un côté et le monde juif, de l’autre, est définitivement consommée. C’est
historiquement difficilement concevable pour Jésus, mais cela reste envisageable si, à
travers Jésus, c’est la communauté matthéenne qui s’exprime (voir cependant la note
62).
61 ישׂראל בני מלכים הם- – כלM. Shabbat XIV, 4∞∞; B. Shabbat 67a et 111ab.
«∞∞Rois∞∞»∞∞: on remarquera, ici comme chez Matthieu, l’emploi du pluriel. Si tous les Juifs
sont «∞∞fils de rois∞∞», on lit également dans le Talmud que les rabbins doivent être consi-
dérés comme des rois (B. Gitin 61a). «∞∞Fils de rois∞∞» pourrait alors avoir un sens plus
restrictif et signifier «∞∞disciples des rabbins∞∞». Mais l’expression complète «∞∞rois de la
terre∞∞» désigne plus probablement Dieu et il est en outre plus vraisemblable que Jésus
lui-même se considère comme fils de Dieu que comme disciple de rabbin.
62 L’évangéliste lui-même est à peine plus restrictif∞∞: «∞∞Les artisans de paix […] se-
ront appelés fils de Dieu∞∞» (Mt 5, 9). Mais on notera que tous les Juifs sont appelés «∞∞fils
du Royaume∞∞», y compris ceux qui en seront finalement exclus (Mt 8, 12).
63
Lagrange, 19416, p. 342∞∞; Pirot, 1935, p. 233.
64
Interprétation rabbinique de la Loi ayant elle-même force de loi.
65
On notera que toutes les sources concordent sur ce point∞∞: juives, chrétiennes et
païennes.
66 Nous en sommes ici réduits à des conjectures mais on peut penser aux rois Asmo-
néens ou à Hérode qui, en 19 ou en 20 av. J.-C., avait lancé les énormes travaux de réno-
vation du Temple.
67
Antiquités juives XVIII, IX, 1, §312.
68
Le didrachme était censément versé pour l’entretien du Temple mais il est plus
que probable que ni Jésus, ni la communauté matthéenne, ne soutenaient l’administra-
tion du Temple qui gérait cet argent.
69 Is 2, 2-4 (= Mi 4, 1-3)∞∞; 56, 6-8∞∞; 60, 4-17∞∞; 66, 18-23∞∞; Jr 3, 17∞∞; Za 8, 20-23∞∞; 14,
16.
70
1 S 12, 12. Cf. Ps 5, 3∞∞; 10, 16∞∞; 24, 8-10∞∞; 47, 3-9∞∞; 68, 25∞∞; 74, 12∞∞; 89, 19∞∞; 95,
3∞∞; 99, 4∞∞; 145, 1∞∞; 149, 2∞∞; Is 33, 22∞∞; 44, 6∞∞; Jr 8, 19∞∞; 10, 7-10∞∞; 46, 18∞∞; 48, 15∞∞; 51,
57∞∞; Dn 4, 34∞∞; So 3, 15∞∞; Za 14, 4∞∞; Ml 1, 14.
71 La notion de craignant-Dieu, mal renseignée, est loin de faire l’unanimité. Tous
sont d’accord pour dire qu’il s’agissait de non-Juifs sympathisants du judaïsme. Il est
Jésus demande d’abord à Pierre d’aller «∞∞à la mer∞∞». Si, comme nous
l’avons dit, «∞∞la terre∞∞» (ha-arets) est synonyme d’Israël, «∞∞la mer∞∞», par
opposition, désigne symboliquement les nations païennes72. «∞∞Va à la
probable qu’il faille les distinguer des prosélytes qui, en principe, étaient circoncis. Mais
on peut aussi les considérer comme une catégorie particulière de prosélytes. M. SIMON,
Verus Israel. Étude sur les relations entre chrétiens et juifs dans l’empire romain (135-
425), Paris, 19833, p. 132, parle de «∞∞demi-prosélytes∞∞». Certains critiques refusent
d’opérer une distinction entre prosélytes et craignant-Dieu. Sur cette question voir
S. LIEBERMAN, Greek in Jewish Palestine, New York, 1942, p. 68-90 et Fr. BLANCHETIERE,
Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires (30-135), Paris, 2002, p. 122-124.
72 Ceci se vérifie dans la littérature de l’époque∞∞: «∞∞la mer∞∞» peut désigner tout autant
mer∞∞» reviendrait donc à dire∞∞: «∞∞Va vers les païens∞∞». Cette interpréta-
tion, comme nous allons le voir, semble être en parfaite harmonie avec
l’ensemble.
L’injonction qui suit∞∞: «∞∞Jette l’hameçon∞∞»73, est une expression ima-
gée bien connue des Anciens. Platon compare le sophiste au pêcheur à
la ligne74. Martial, raillant un jouisseur de ses connaissances, dit de lui
qu’«∞∞il présente l’hameçon au mulet et au loup∞∞»75, deux variétés de
poissons figurant ici des jeunes gens. Sénèque dit de celui qui se rend au
chevet des personnes malades ou mourantes que «∞∞s’il est hanté par
l’idée du gain, il n’est qu’un captateur et ne sait que jeter l’hameçon∞∞»76.
Lucien fait dire à l’un de ses personnages∞∞: «∞∞[Il] a maintenant toute ma
fortune∞∞; comme un vrai loup marin, il a avalé l’amorce et l’hame-
çon∞∞»77. Plutarque compare le condamné à mort s’étant laissé leurré par
l’«∞∞appât∞∞» de la transgression à «∞∞un poisson qui a avalé l’hameçon∞∞»78.
L’expression est également connue des auteurs juifs et chrétiens. Com-
mentant ce verset d’Isaïe (19, 8)∞∞: «∞∞les pêcheurs gémiront, et tous ceux
qui jettent l’hameçon dans le fleuve seront dans le deuil∞∞» un rabbin pré-
cise∞∞: «∞∞N’en résulte-t-il pas que l’on s’exprime de même pour déplorer
une perte d’argent∞∞?∞ »79 Et Ignace d’Antioche entend pour sa part éloi-
gner les fidèles «∞∞de l’hameçon d’ineptes doctrines∞∞»80. La formule «∞∞je-
ter l’hameçon∞∞» peut donc avoir, selon le contexte, plusieurs significa-
tions81. En connexion avec l’argent, comme dans le cas qui nous
les Grecs (Dn 7, 2-3) que les Romains (Ap 13, 1∞∞; IV Esdras 11, 1∞∞; Commentaire
d’Habaquq 3, 8-11).
73 Mt 17, 27. «∞∞Hameçon∞∞»∞∞: ágkistron, en grec, c’est-à-dire «∞∞crochet∞∞». Il s’agit
d’un hapax du NT mais on le rencontre dans la version des LXX (2R 19, 28∞∞; Is 19, 8∞∞;
Ez 33, 3∞∞; Ha 1, 15∞∞; Jb 40, 25). Il y en a deux autres∞∞: «∞∞didrachme∞∞» (dídraxmon) –
hapax du NT – et «∞∞statère∞∞» (statßr) – hapax du NT et de la LXX. On ne saurait en
déduire pour autant que l’épisode est interpolé vu la spécificité de son thème (le paie-
ment du didrachme correspond à une réalité pour tout Juif de cette époque et un statère
vaut effectivement deux didrachmes) et de son contenu (pour pêcher un seul poisson,
même au figuré, un hameçon suffit). Tous ces termes sont grecs puisque Matthieu est
rédigé (sinon traduit) en grec∞∞: statère est mis pour «∞∞sicle∞∞», didrachme pour «∞∞demi-
sicle∞∞».
74
Long développement sur ce thème en Sophiste 218e-222e. Chez Platon, la pêche à
la ligne est placée parmi les arts qui «∞∞se rapportent à l’acquisition∞∞» (Sophiste 219c).
75 Épigrammes II, 40.
76 Des Bienfaits IV, XX, 3.
77
Dialogues des morts 8.
78
Sur les délais de la justice divine X (Œuvres morales 554ef).
79
J. Pesahim VIII, 8.
80 Epître aux Magnésiens 11, 1.
81 Pour d’autres emplois figurés de «∞∞pêcher∞∞» ou de «∞∞prendre à l’hameçon∞∞» voir∞∞:
82
Mt 4, 19∞∞; 13, 47-50∞∞; Mc 1, 17∞∞; Lc 5, 10.
83
«∞∞Pourquoi les hommes sont-ils comparés aux poissons de la mer∞∞?∞ » demande-t-on
dans un commentaire talmudique de ce passage. «∞∞De même que dans la mer, les gros
poissons avalent les plus petits, ainsi les hommes les plus puissants, n’était-ce la crainte
des autorités, dévoreraient les autres.∞∞» (B. Abhoda Zara 3b-4a).
84
Qohélet Rabba XI, 1.
85
Les trois hommes sont romains ou susceptibles de l’être, y compris l’Édomite qui,
dans le récit, devient empereur (il est moins probable qu’il s’agisse d’Hérode). Édom,
dans le Midrash, désigne souvent Rome.
l’obole, dans la bouche des défunts. Cette piécette était censée permettre
au mort de s’acquitter du prix de la traversée vers l’autre monde auprès
de Charon, le nocher des Enfers89. À l’époque de Jésus cet usage s’était
répandu dans tout le monde grec et latin. Il perdurera jusqu’au moyen
âge. En Israël, il est attesté à Jéricho et même à Jérusalem où une pièce
de monnaie frappée au nom d’Hérode Agrippa et datée de 42/43 apr.
J.-C. a été retrouvée dans le crâne d’une femme d’une quarantaine
d’années90. On sait moins, en revanche, qu’en plaçant une pièce dans la
bouche des défunts, on ne faisait qu’appliquer aux morts ce qu’on vivait
au quotidien. La bouche paraissait être alors le mode de transport le plus
naturel et le plus pratique pour un objet de la taille d’une pièce de mon-
naie et il permettait de garder les mains libres. Cet usage est attesté
dès le Ve siècle av. J.-C. par plusieurs auteurs dont Aristophane91,
Théophraste92 et Artémidore93. Il était répandu dans tout le pourtour
méditerranéen et eut cours, en Orient, au moins jusqu’au début du
20e siècle94. On peut supputer que, du temps de Jésus, c’étaient surtout
les païens qui transportaient ainsi leur menue monnaie∞∞: certains rabbins
interdisaient absolument de transporter des pièces de cuivre dans la
bouche95 et on considérait qu’un Juif qui prenait un bain de purification
en gardant de la monnaie dans sa bouche demeurait impur96.
89 Aristophane, Les grenouilles 140-142∞∞; Strabon, Géographie VIII, 6, 12∞∞; Juvénal,
Satires III, 267∞∞; Apulée, Les métamorphoses 6, 18-19∞∞; Lucien, Charon ou les observa-
teurs 11, 17-19∞∞; La traversée pour les Enfers 1, 8-9∞∞; 18, 8-9∞∞; 19, 8-9∞∞; Dialogues des
morts 4, 1-2∞∞; 22, 1∞∞; Sur le deuil 10∞∞; Properce, Élégies IV, XI, 7.
90 É. PUECH, «∞∞A-t-on redécouvert le tombeau du grand-prêtre Caïphe∞∞?∞ », dans Le
Monde de la Bible 80, 1993, p. 42-47∞∞; G. COUTURIER, «∞∞Le tombeau de Caïphe∞∞», dans
Interbible (www.interbible.org), 17 mai 2002.
91
Les guêpes 605-609. Voir la traduction de H. VAN DAELE, Paris, 1924, et la note
de bas de page∞∞: «∞∞Les gens du peuple, à Athènes, portaient les menues pièces de mon-
naie dans leur bouche. Cet usage existe encore en Orient∞∞». Deux autres occurrences∞∞:
Les guêpes 788-791∞∞; L’assemblée des femmes 816-819.
92 Caractères VI, 9∞∞: «∞∞Et la monnaie qu’il recueille de ce trafic, il se la fourre dans
la bouche∞∞».
93
Onirocriticon I, 29∞∞: «∞∞Les mâchoires, il faut tenir qu’elles ont rapport avec les
dépôts∞∞».
94
Voir note 91.
95 J. Terumot VIII, 3∞∞: «∞∞Il est défendu de mettre dans la bouche des pièces de mon-
naie de cuivre∞∞».
96 M. Miqvaot VIII, 5 «∞∞Si une menstruée met des monnaies dans sa bouche pour se
baigner, elle est pure de son impureté, mais impure à cause de son crachat∞∞». Mais cela
n’est cependant pas lié, comme on aurait pu le supposer, à une éventuelle impureté
intrinsèque de l’argent. Tout ce qui est en contact avec une personne, un objet ou un ani-
mal impur, devient impur à son tour. Si une personne impure a de la monnaie dans la
bouche, cette monnaie est donc également impure. Si elle prend un bain, l’argent qui est
resté dans sa bouche n’a pas été pour sa part en mesure de profiter du bain purificateur.
Il est donc demeuré impur. Puisque la personne «∞∞purifiée∞∞» continue d’être en contact
avec cet argent impur, elle demeure elle aussi impure.
Mais comment obtenir de l’argent de la part d’un païen ou, plus pré-
cisément, d’un prosélyte ou d’un craignant-Dieu∞∞? La première idée qui
vient à l’esprit est la mendicité. Non seulement les moyens violents pour
s’en procurer ne correspondent à l’esprit ni de Jésus, ni des premiers
chrétiens, mais il est clair que tout le raisonnement repose sur l’idée
d’une contribution volontaire. Les auteurs païens du 1er siècle, qui
avaient généralement des Juifs une fort mauvaise opinion, leur repro-
chaient justement, entre autres griefs, de vivre de mendicité. Martial
stigmatise le «∞∞juif dressé par sa mère à mendier∞∞»97 et Juvénal laisse
entendre à plusieurs reprises98 que les mendiants juifs étaient monnaie
courante. Mais ces auteurs ne témoignent pas de la situation en Israël
dans la première moitié du 1er siècle. Ils rapportent seulement, sous
toute réserve, la situation à Rome, capitale de l’Empire, quelques années
après la terrible défaite juive de 70 apr. J.-C. Les conditions de vie des
Juifs, y compris dans la diaspora, ont pu considérablement évoluer en-
tre-temps. Un siècle plus tôt néanmoins, l’astronome et mathématicien
Clèomède signale également la présence d’«∞∞individus qui mendient aux
alentours des synagogues∞∞»99. Il est fort probable qu’il s’agit seulement
ici de Juifs nécessiteux désireux de profiter de la générosité de leurs
coreligionnaires. Concernant Jésus, Luc ne cache pas que plusieurs fem-
mes, dont certaines de condition, «∞∞l’assistaient de leurs biens∞∞» (Lc 8,
3). Et Celse, de son côté, accusait Jésus (et ses disciples) de vivre aux
dépens des autres en mendiant sa «∞∞subsistance d’une manière honteuse
et sordide∞∞»100 ce qu’Origène, d’ailleurs, ne tente pas de démentir∞∞:
«∞∞Qu’il nous dise d’où il tient le caractère honteux et sordide de cette
quête […] Quel est le philosophe ou le maître, consacré au service de
ses familiers, qui n’a pas reçu de quoi subvenir à ses besoins∞∞»101. Plutôt
que de réfuter l’accusation, l’exégète donne raison à Jésus. Puisque les
philosophes étaient rémunérés pour leur enseignement, pourquoi cela
serait-il honteux dans un cas, et pas dans l’autre∞∞? Jésus aurait donc très
bien pu dépêcher Pierre sur le chemin pour quémander auprès des
païens l’équivalent d’un statère102. On aurait certes raison d’objecter
97
Épigrammes XII, 57.
98
Satires III, 16, 295-296∞∞; VI, 543.
99 Th. REINACH, Textes d’auteurs grecs et romains relatifs au judaïsme, Paris, 1895,
p. 213.
100
Origène, Contre Celse I, 62.
101
Origène, Contre Celse I, 65.
102
À Rome, du moins après 70, il est probable que les Juifs les plus nécessiteux
étaient contraints de mendier pour s’acquitter de l’impôt du didrachme. C’est ce qu’on
peut supposer à la lecture de Juvénal, Satires III, 10-16. Olivier Sers, qui traduit ce pas-
107
Mt 8, 5-13∞∞; Lc 7, 1-10. Cf. Jn 4, 46-53. Pour une analyse circonstanciée de ce
miracle voir Th. MURCIA, «∞∞Une guérison à distance∞∞», dans Jésus – Les miracles élu-
cidés par la médecine, Paris, 2003, p. 93-102.
108 Voir note 85 et le texte supra.
109
Ce point est discuté. Voir Benoit, Boismard, 1996, t. II, p. 261∞∞: «∞∞Selon toute
vraisemblance, nous sommes devant un épisode qui, absent de Marc et du Matthieu-in-
termédiaire (Luc l’ignore), fut inséré par l’ultime Rédacteur matthéen qui réutilisa deux
des données de Mc 9, 33 (ignorées aussi de Luc). Bien entendu, il est possible que l’ul-
time Rédacteur matthéen ait utilisé, en le remaniant plus ou moins, un épisode apparte-
nant à une source connue de lui seul.∞∞»
110
Lagrange, 19416, p. 343∞∞; Van der loos, 1965, p. 680-681. Mello, 1999, p. 319∞∞:
«∞∞Évidemment, la situation supposée est celle du temps de Jésus, avant la destruction du
Temple, parce que, après 70, ce tribut deviendra le fiscus judaicus, à verser directement
à l’autorité romaine, comme signe de soumission du Dieu d’Israël à Jupiter Capitolin.∞∞».
Force est d’admettre que l’éventualité qu’il ait été composé après 70 ne peut néanmoins
être complètement écartée. L’action a très bien pu être replacée fictivement dans le
contexte précédant la destruction du Temple tandis que le fiscus judaicus serait en réa-
lité visé.
Un dernier point reste à examiner. Il est clair que, si elle est authenti-
que, la parabole de Jésus étaient dès le départ censée être comprise de
Pierre. La situation serait différente si cette péricope, qu’on ne trouve ni
chez Marc ni chez Q, les sources les plus anciennes, était directement is-
sue de la communauté matthéenne. Cela impliquerait que les propos mis
111
Van Der Loos, 1965, p. 680-681.
112 Pirot, 1935, p. 232.
113 Sur ce point les traductions du texte mishnique proposées aussi bien par Schwab
(«∞∞receveurs∞∞») que par Bonsirven («∞∞changeurs∞∞») sont toutes les deux fautives.
114
M. Shekalin I, 3.
115
T. Shekalin 1, 1 (Edition Zuckermandel, 1881, p. 173).
116
T. Shabbat 1, 8∞∞; J. Shabbat I, 3∞∞; B. Shabbat 11b.
117 M. Shekalin VIII, 8. Cf. T. Shekalin 3, 23.
118 Flavius Josèphe, AJ XVIII, IX, 312∞∞: «∞∞Les doubles drachmes que, selon la cou-
dans la bouche du Maître auraient été délibérément cryptés pour que leur
signification réelle échappe au profane. Sans être authentiques, ils reste-
raient néanmoins antérieurs à 70 et leur sens n’en serait pas fondamenta-
lement changé. Leur but serait de montrer que la capitation, quoique con-
testable dans son principe, doit être payée pour ne pas formaliser, non les
percepteurs, mais les disciples «∞∞les plus faibles∞∞», ceux qu’une remise
en cause des traditions risquerait de scandaliser. La préoccupation serait
essentiellement pastorale119. Une dernière possibilité ne peut être totale-
ment écartée. Tout le discours – ou plus vraisemblablement, sa seconde
partie, le verset 27120 – pourrait être postérieur à 70. Il viserait non pas
l’impôt dû au Temple – impôt «∞∞légitime∞∞» – mais le même impôt cyni-
quement détourné par les Césars au profit de Jupiter Capitolin. Il s’agi-
rait de consignes données par la communauté matthéenne (sous l’autorité
du Maître) aux Juifs-chrétiens qui s’interrogent pour savoir s’ils doivent
ou non s’acquitter de cet impôt détourné au profit de César121. Une solu-
tion serait alors proposée au moyen d’une parabole∞∞: il convient de payer
l’impôt mais pour rendre à César ce qui lui appartient, il faut d’abord,
comme Pierre, récupérer la somme correspondante auprès des «∞∞païens∞∞»
(i.e. des païens ou peut-être même des chrétiens non Juifs) pour pouvoir
ensuite la lui restituer. On aurait ici une application pratique du fameux
«∞∞rendez à César∞∞»122. Quelle que soit la solution retenue les propos de –
ou attribués à – Jésus demeurent métaphoriques.
Nous pensons donc avoir trouvé, sur le fond du moins, la clef de no-
tre péricope. Mais avant de conclure, il nous faut revenir sur un détail de
l’épisode qui ne manque pas d’intérêt∞∞: «∞∞Donne-le-leur [le statère],
pour moi et pour toi.∞∞» Nous savons que le statère, équivalent du sicle
juif, correspondait à quatre deniers en monnaie romaine et à quatre dra-
chmes ou deux didrachmes en monnaie grecque. Le didrachme valait un
demi-sicle. Mais le Temple n’acceptait que de la monnaie juive et le
statère, venant d’un étranger, était de la monnaie grecque ou romaine. Il
fallait le changer auprès des percepteurs et s’acquitter d’un droit de
change123. La littérature talmudique nous apporte sur ce point des détails
119
C’est plus ou moins l’idée développée par Mello, 1999, p. 318-320.
120
Certains critiques pensent que ce verset est un ajout à un récit plus ancien. Voir
Benoit, Boismard, 19962, t. II, p. 262.
121 Beaucoup tentaient alors d’y échapper∞∞: voir Suétone, Domitien 12. Cf. Martial,
Épigrammes LXXXII.
122
Le cas échéant, l’épisode serait de toute façon antérieur à 96 apr. J.-C. année où
l’impôt en faveur du Capitole fut aboli par Nerva.
123
Ce droit de change était censé couvrir les frais de route du changeur (J. Shekalin
I, 4).
124
M. Shekalin I, 7∞∞; T. Shekalin 1, 8. Le ma’ah est une petite pièce d’argent valant
1/24e de séla (sicle), un demi ma’ah vaut donc 1/48e de séla. Le séla est l’équivalent
monnaie du statère.
125 M. Shekalin I, 6. Sans doute une façon d’encourager la charité, les plus aisés étant
Après avoir examiné les différentes hypothèses proposées par les sa-
vants concernant le miracle du statère nous avons vu qu’aucune ne don-
nait satisfaction. Quoique fort ingénieuse, l’explication faisant intervenir
le Chromis, une espèce particulière de poisson, ne peut être retenue.
Pour diverses raisons, l’approche littérale traditionnelle ne donne pas
davantage satisfaction, notamment car la péricope ne rapporte pas un
événement passé mais à venir, le texte étant prédictif. L’approche com-
paratiste ne résout rien non plus∞∞: l’épisode matthéen ne semble dépen-
dre d’aucun autre récit connu jusqu’ici. L’approche figurative, en revan-
che, nous sommes être la bonne∞∞: les consignes précises données à
Pierre pour acquitter l’impôt sont sans aucun doute à prendre au second
degré. Nous sommes peut-être en présence d’une parole de Jésus ulté-
rieurement transformée en récit131 ou, pour être plus précis, en parabole.
Il peut également s’agir d’une création midrashique de la communauté
matthéenne fondée ou non sur un enseignement de Jésus qui serait
connu d’elle seule. La «∞∞mer∞∞», le «∞∞poisson∞∞», l’«∞∞hameçon∞∞» constitue-
raient les trois éléments imagés d’une même métaphore filée. La «∞∞bou-
che∞∞» et le «∞∞statère∞∞» seraient à prendre au sens propre∞∞: c’était dans la
bouche, entre autre, que l’on mettait sa monnaie, surtout chez les païens.
Le sens du message initial semblait déjà parfaitement clair∞∞: c’est aux
étrangers de payer cet impôt, non aux fils de roi, les Israélites. Il n’est
question, dans cette péricope, que d’une «∞∞pêche aux donateurs∞∞»132. On
peut imaginer, si le passage est authentique, que Pierre n’a eu qu’à
s’exécuter et qu’il s’est procuré l’argent nécessaire selon les consignes
données par son Maître. On peut également conjecturer, vu le
contexte133, que Jésus visait dans sa parabole un donateur précis. De
130
Jésus et/ou la communauté matthéenne qui rapporte cet épisode. On notera de
plus que Jésus occupe ici la place du «∞∞pauvre∞∞» pour qui Pierre paie. Voir notes 106 et
125.
131 Menoud, 1948-1949, p. 189.
132
Je remercie le Professeur Pascal Boulhol à qui je dois cette expression∞∞: nous
avons discuté du présent article à l’occasion du départ à la retraite de Christian
Amphoux organisé le 25/09/08 à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme
(Aix-en-Provence).
133 L’action se déroule à Capharnaüm où réside un craignant-Dieu aisé, pieux et
façon pragmatique, l’impôt a ensuite été payé pour deux, afin de réduire
les frais de change. On notera que, de cette façon, Jésus paie finalement
l’impôt dont il s’estime non seulement devoir être dispensé mais dont il
remet en question le principe même. Ce pragmatisme n’a pas véritable-
ment de quoi étonner134. Il suffit de rappeler que les questions financiè-
res ne sont pas absentes des paraboles évangéliques135. Ces détails, aux-
quels il faut ajouter les correspondances étroites de notre péricope avec
les informations tirées des sources talmudiques les plus anciennes, nous
amènent à conclure que l’épisode est sinon authentique, du moins très
vraisemblablement antérieur à la destruction du Temple. Il ressort enfin
de cet examen que les évangiles ne peuvent être étudiés seuls. Pour être
compris, ils doivent être confrontés avec d’autres sources antiques, en
particulier la littérature talmudique. Tous ces documents s’éclairent
mutuellement. Des détails de la Mishna permettent de mieux appréhen-
der certains passages des évangiles restés obscurs et des détails évangé-
liques prouvent que certaines pratiques rapportées dans la Mishna et la
Tosefta avaient effectivement cours avant la destruction du second Tem-
ple. Ainsi, la pratique du paiement groupé de l’impôt du Temple, attesté
par la Mishna et la Tosefta, se retrouve en filigrane dans la péricope
matthéenne∞∞: «∞∞donne-le-leur, pour moi et pour toi∞∞». Ce ne peut être un
hasard136.
SOMMAIRE
Après une brève évocation de l’intérêt actuel pour le Papyrus Bodmer II,
cet article donne accès à quelques fragments d’une correspondance privée
inédite échangée en 1957 entre V. Martin (1886–1963), éditeur du papyrus,
et M.-É. Boismard (1916–2004), jeune exégète de l’École biblique de Jérusa-
lem.
SUMMARY
After briefly evoking the current interest in Papyrus Bodmer II, this article
brings to light some fragments of letters exchanged in 1957 between V. Martin
(1886-1963), editor of the Papyrus, and M.-É. Boismard (1916-2004), then a
young professor at the École biblique de Jérusalem.
Genève 1956. Voir aussi la brève présentation qu’il en fit aux huitièmes Journées bibli-
ques de Louvain, «∞∞Un nouveau codex de papyrus du IVe Évangile∞∞», dans F. M. BRAUN
(éd.), L’Évangile de Jean. Études et Problèmes (Recherches bibliques Publiées sous le
Patronage du Colloquium Biblicum Lovaniense III), Bruges 1958, 59-60.
2
V. MARTIN (éd.), Papyrus Bodmer II. Supplément. Évangile de Jean chap. 14–21,
Cologny-Genève 1958.
3 V. MARTIN, J.W.B. BARNS (éd.), Papyrus Bodmer II. Supplément. Évangile de Jean
6
Les blancs du manuscrit sont complétés en italique à partir du texte fourni par
B. ALAND, K. ALAND, J. KARAVIDOPOULOS, C.M. MARTINI, B.M. METZGER (éd.), Novum
Testamentum Graece, editione vicesima septima revisa, Stuttgart 1993.
7 À ce propos, voir l’article de P.M. HEAD, «∞∞P. Bodmer II (P66): Three Fragments
Identified∞∞», NovT 47, 2005, 105-108. Certains résultats proposés dans ces pages ont été
corrigés par la suite∞∞: voir P.M. HEAD, D.M. WHEELER, W. WILLKER, «∞∞P. Bodmer II
(P66): Three Fragments Identified. A Correction∞∞», NovT 50, 2008, 78-80.
8
Colloque organisé par les Prof. Claire Clivaz et Jean Zumstein, avec le soutien du
FNS, du Fonds du 450e anniversaire de l’Université de Lausanne et de la CUSO.
Monsieur,
je suis heureux de pouvoir vous annoncer que la Bibliothèque de l’Ecole
Biblique de Jérusalem est désireuse de souscrire au facsimilé complet du
codex Bodmer II, pour la somme de 100 fr.s. Auriez-vous la bonté de me
faire savoir où et quand nous devrons faire parvenir la somme en question.
D’autre part, je me suis mis avec passion à l’étude du codex. J’ai acquis
la certitude que le scribe utilise deux (ou peut-être trois) textes différents. Il
suit tantôt l’un, tantôt l’autre, et souvent corrige l’un par l’autre. C’est vous
dire tout le prix que j’attache au “∞∞premier jet∞∞” écrit, quand ce ne sont pas
de pures fautes d’étourderie. Mais, d’après les trois pages reproduites en
facsimilé, je me rends compte que, s’il est relativement facile de repérer les
corrections faites par grattage, celles faites par lavage du texte sont beau-
coup moins perceptibles. Toutefois, l’attention étant éveillée sur un pro-
blème particulier, peut-être est-il possible de déceler des corrections à peine
visibles. C’est pourquoi je me permets de vous demander les précisions sui-
vantes, si ce n’est pas abuser de votre temps et de votre patience.
10.3 (II,15), la leçon primitive n’était-elle pas to kerma, au lieu de ta
kerma (corrigé en ta kermata)∞∞? N’y aurait-il pas trace d’un changement
d’o en a, à l’article∞∞? [VM∞∞: oui, l’o primitif est discernable.]
19.15 [corrigé au crayon∞∞: 14 – probablement par VM] (IV,15). Je pense
que le scribe avait écrit primitivement dicjsw {èta doublement souligné}
(avec D). Quand il a supprimé le sw, n’aurait-il pas aussi changé le j en
w∞∞? [VM∞∞: Impossible à dire. Il n’y a pas de grattage.]
33.10 (VI,1). Il est évident que le tiberiadov j, qui donne une ligne beau-
coup trop longue, a été ajouté. J’expliquerais ainsi la correction. Le scribe
avait écrit primitivement∞∞:
10 Pour éviter l’emploi fréquent de guillemets, tous les textes cités sont donnés en
italiques. Les réponses de Martin, insérées dans la lettre de Boismard, sont entre cro-
chets, en caractères romains et précédées du sigle VM. Quelques remarques de ma part
sont entre accolades {}. Les doubles chiffres indiqués par Boismard en début de ligne
correspondent, le premier à la page du codex (pagination de 1958), le second à la ligne
discutée. Malheureusement, à partir de 42.2 (pagination de 1958), l’édition des planches
photographiques de 1962 donne des chiffres de page inférieurs de 4 points∞∞: lire 38.2 au
lieu de 42.2, etc. L’édition récente de Zumstein suit l’ordre de 1962, mais il faut pallier
l’absence de numéros de page en comptant soi-même∞∞!
Mon Père,
je pense plus simple de vous retourner votre lettre avec les réponses à vos
questions telles que me les dicte l’inspection de l’original. Vous avez plus
d’une fois vu juste. Dans certains cas, p. ex. 49.6, il est difficile de savoir si
l’on a affaire à un grattage ou à une défectuosité du papyrus que le scribe a
enjambée. Restant à votre disposition pour toute vérification qui vous sem-
blerait désirable, je vous prie de croire, mon Père, à mes sentiments dévoués.
Victor Martin
2.III.57
Mon Père,
vous avez raison pour 49.20 (VII 37) le z de ekrazen est manifestement
corrigé de h, l’examen de l’original confirme votre remarque. Par contre en
50.4 (VII 39) il n’y a pas trace de correction que ce soit par grattage ou la-
vage.
Je travaille en ce moment sur les fragments des derniers chapitres. Je
pense que qques pages pourront, en partie du moins, être reconstituées,
mais il restera de grands vides. Quand je serai plus avancé, je vous récrirai.
Mais le travail avance lentement car les fragments sont très petits & souvent
difficiles à identifier.
Avec mes salutations les meilleures
Vict. Martin
Voici, mon Père, la réponse aux questions posées dans votre lettre du 22
mars dernier.
55.5 [VIII 29]. mei est bien la seule leçon du pap. Il n’y a pas trace de
correction.
79.13 [XI 35]. L’o devant iv {abréviation surmontée d’un trait} a bien pu
être ajouté. Il est de plus petit module que les lettres voisines.
46.15 [VII 18]. Rien n’indique que estin ait été ajouté après lavage. Par
contre auton est en lettres plus petites et serrées∞∞: tocauton.
48.12 [VII 29]. autou ne présente aucune trace de correction.
48.6 [VII 28]. ekrazen P. {= papyrus} pas trace de correction.
60.1 [VIII 57]. eorakav P. «∞ ∞» «∞
60.16 [IX 4]. ewv P. «∞ ∞» «∞
65.18 [IX 34] Le P. a bien amartiav. Je ne vois pas de raison de croire
que le sigma final a été ajouté.
Quant à savoir si une correction par lavage a “∞∞été faite si délicatement
qu’il ne reste plus aucune trace visible de la correction∞∞”, je vous avoue ne
pas savoir comment on pourrait répondre à cette question, car si une cor-
rection n’a laissé aucune trace, comment la déceler∞∞?
Avec l’expression de mes sentiments dévoués
Victor Martin
SUMMARY
Despite the widely accepted view that polytheistic belief began to disappear
in the early Byzantine period, especially in the Holy Land, the birthplace of
Christianity, a scrupulous examination of the historical and archaeological
sources proves that, even in the Holy Land, Christianity prevailed slowly, and
was not always successful in eradicating idolatrous practices.
SOMMAIRE
Contrairement à l'idée communément répandue concernant la disparition
rapide du paganisme à l'aube de l'ère byzantine, notamment en Palestine,
berceau de la religion chrétienne, une étude minutieuse des sources historiques
et archéologiques, fait état d'une réalité différente. Le christianisme évolua
lentement en Palestine ainsi que dans les régions adjacentes, où la ténacité du
paganisme est scientifiquement avérée.
terms paganism and polytheism. It is certain that the ‘pagans' did not see themselves as
eastern part of the Mediterranean basin.2 In some areas much time mani-
festly passed before Christianity succeeded in achieving dominance.
Thus, for example, Christian and Islamic sources teach that pagan rites
continued to exist until a considerably later period in the lands of the
East, such as Egypt (sixth century), Augila (Cyrenaica – sixth century),
Asia Minor (sixth century), Ephesus (sixth century), Harran (tenth cen-
tury) and others.3 Scholars argued that, specifically in the Holy Land,
the birth place of Christianity, the new religion spread faster and deeper
than in other parts of the Roman Empire, which they deduced from the
massive construction of churches in Palestine and the pilgrimage to
Christian sacred sites that began in the fourth century.4 A meticulous
such. This is obviously a Christian view, see: A. Cameron, The Mediterranean World
in Late Antiquity: A. D. 395-600 (London–New York, 2002), 224 n. 35: “There is a
problem with the term ‘paganism,' in that it does not denote an entity in itself, but only
marks out what is not Christian; hence some scholars prefer the term ‘polytheist.' But
this is problematic too: some pagans were essentially monotheists, while some may feel
that Christianity itself was less, monotheist than this term would imply.” We decided, in
this article, to use the terms polytheism and paganism interchangeably. In that respect,
we agree with Remus's conclusion: “In place of ‘Pagan' and ‘Paganism', I would offer
the not original suggestion ‘Polytheist' and ‘Polytheism' […] whether ‘Polytheist' is, ul-
timately, less pejorative than ‘Pagan' remains a scholar's choice.” (H. Remus, “The End
of ‘Paganism'?”, Studies in Religion, 33/2 (2004), 203). See also in the same vein: M.
Sartre, d'Alexandre à Zénobie – Histoire du Levant antique (Paris, 2001), 887.
2 See E. LUCIUS, Les origines du culte des Saints dans l'église chrétienne (Paris,
1908), 147 ff; A. D. NOCK, ‘The Development of Paganism in the Roman Empire',
Cambridge Ancient History 12 (1939), 446-49; F. van der MEER, Augustine the Bishop:
The Life and Works of a Father of the Church (London–New York, 1961), 44; E. R.
DODDS, Pagans and Christians in an Age of Uncertainty: Some Aspects of Religious
Experience from Marcus Aurelius to Constantine (Cambridge, 1965), 132; A. Piganiol,
L'empire Chrétien (325-395) (Paris, 19722), 259; D. PRAET, “Explaining the Christian-
izing of the Roman Empire: Older Theories and Recent Developments," Sacris Erudiri
33 (1992-1993), 44; J. A. FRANCIS, Subversive Virtue: Asceticism and Authority in the
Second-Century Pagan World (University Park, PA, 1995), 144; et al.
3 P. CHUVIN, Chronique des derniers païens: La disparition du paganisme dans
l'empire romain du règne de Constantin à celui de Justinien (Paris, 19912), 143-44, 145-
47; Z. RUBIN, ‘Polytheism in the Eastern Roman Empire and beyond its Borders in Late
Antiquity', in: M. Kister, J. Geiger, N. Na'aman & S. Shaked (eds.), Ancient Gods –
Polytheism in Eretz Israel and Neighboring Countries from the Second Millenium BCE
to the Islamic Period, Jerusalem 2008, 195-98. (Hebrew).
4 E. D. HUNT, Holy Land Pilgrimage in the Later Roman Empire (Oxford, 1982), 83-
106; Y. TSAFRIR, Ancient Churches Revealed (Jerusalem, 1993), XI: “In the fourth cen-
tury CE Christianity throughout the Roman world underwent a dramatic change. The
rather few modest and private houses that had served the Christian congregations were
replaced by numerous larger basilicas. This process was accelerated in the Holy Land,
the cradle of Christianity”; J. PATRICH, “Church, State, and the Transformation of Pales-
tine: The Byzantine Period (324-640 CE),” in: T. E. LEVY (ed.), The Archaeology of
Society in the Holy Land (London, 1995), 470: “The main transformation that Roman
Palestine underwent, starting in 324 C.E., when Palestine fell under the aegis of a philo-
Christian emperor, was the Christianization of the country – the change from Provincia
Palaestina to Terra Sancta […] From then on it officially became the Holy Land, whose
holy places deserved a special attention on behalf of the central government – the land
of religious aspirations for multitudes of believers who flocked in from the entire Chris-
tian world […] The landscape of the country underwent a transformation due to its
Christianization.”; et al.
5 D. BAR, “The Christianization of Rural Palestine during Late Antiquity,” Journal
of Ecclesiastical History 54/3 (2003), 401-21, and especially 421: “in spite of Pales-
tine's status as the ‘Holy Land,' the abundance of holy sites, within its bounds… the
process of converting its inhabitants to Christianity was not in substance any different
from the process in other provinces of the empire…”
6 J. GEIGER, “The Spread of Christianity in the Land of Israel from Its Beginning
until the Days of Julian,” in: Z. BARAS et al. (eds.), Eretz-Israel from the Destruction of
the Second Temple to the Muslim Conquest, vol. I: A Social and Political History (Jeru-
salem, 1982), 218-33 (Hebrew); idem, “Aspects of Palestinian Paganism in Late Anti-
quity,” in: A. KOFSKY and G. G. STROUMSA (eds.), Sharing the Sacred: Religious Con-
tacts and Conflicts in the Holy Land, First-Fifteenth Centuries (Jerusalem, 1998), 3-17.
Vast areas of Palestine, such as Galilee and Samaria, had a clearly Jewish or Samaritan
majority till the end of the fourth century; see: S. GORANSON, “Joseph of Tiberias Re-
visited: Orthodoxies and Heresies in Fourth-Century Galilee,” in: E. M. MEYERS (ed.),
Galilee through the Centuries: Confluence of Culture (Winona Lake, IN, 1999), 335-
43; A. D. CROWN, “The Byzantine and Muslim Period,” in: A. D. CROWN (ed.), The
Samaritans (Tübingen, 1989), 70-78. The recent excavation of a Christian prayer hall in
Meggido Prison (north Israel) revealed an inscription dedicated to “the God Jesus
Christ,” that was erected in the early 3rd century and remained in use until the end of
the same century, as indicated by the pottery and coins uncovered in the area. In other
words, this is not an official domus ecclesiae, but just a hall in which only archaic Chris-
tian cultic acts were conducted. This amazing discovery bolsters the assumption that
Christianity was still quite rudimentary among the non-Jewish population in the third
century; see: Y. TEPPER and L. DI SEGNI, A Christian Prayer Hall of the Third Century
CE at Kefar ‘Othnay (Legio): Excavations at the Meggido Prison 2005 (Jerusalem,
2006), 28-39.
ignored the Jewish literature, such as the late Talmudic sources that be-
long to the beginning of the Byzantine era and passages from the Jewish
post-Talmudic magic literature that – together with the Christian literary
sources, the archaeological sources, and the epigraphic sources – cast
light on the strength of paganism in Palestine until a late period.
I
In 1901 Isidore Lévy showed that the Talmudic literature is the only
extant broad literature of Semitic origin from the first centuries CE, and
that at times it indicates how people of Semitic-Eastern descent viewed
pagan culture, while we usually learn of the various pagan practices
from the Graeco-Roman literature. According to Lévy, the Talmudic
literature provides a view of cultural contents, especially in regard to
pagan cults, that differs from, and complements, that of the classical
literature.7 The study of the Rabbinical knowledge of the Graeco-
Roman and Eastern religious cultures has advanced greatly in recent
years, and demonstrates the Rabbis' extensive knowledge of all aspects
of the life and rites of the Pagans.8 Although the approach treating
Rabbinic sources as a historical document is quite obsolete according to
the approaches introduced by J. Neusner during the past thirty years, we
share, however, the scholarly opinion that Rabbinic literature contains a
7
I. LÉVY, “Cultes et rites syriens dans le Talmud,” Revue des études juives [= REJ]
43 (1901), 183. An identical insight was offered in the scholarly research a century
later; see, e.g., Sartre, d'Alexandre, 529.
8 S. LIEBERMAN, Hellenism in Jewish Palestine: Studies in the Literary Transmission
in: J. NEUSNER and A.-J. AVERY-PECK (eds.), Judaism in Late Antiquity: Where We
Stand, Issues and Debates in Ancient Judaism, vol. 3/1 (Leiden–Boston–Köln, 1999),
167: “The study of the sources must be careful and critical, but excessive critical in-
quiry is to be discouraged.”; G. STEMBERGER, “Rabbinic Sources for Historical Study,"
Judaism in Late Antiquity, 186: “… a certain measure of personal judgment remains in
every historical reconstruction. But although, it is no longer possible to use Rabbinic
sources in a naïve way for reconstructing history, it would be the greatest damage to the
History of Judaism if the Rabbinic texts were neglected in the historical enterprise”;
D. JAFFÉ, Le Judaïsme et l'avènement du christianisme: Orthodoxie et hétérodoxie dans
la littérature talmudique (Ier-IIe siècle) (Paris, 2005), 70 ff; C. BATSCH, “La littérature
tannaïtique comme source historique pour l'étude du Judaïsme du deuxième temple,”
REJ 166,1-2 (2007), 1-15.
10
FRIEDHEIM, Rabbinisme et paganisme, 33-67.
11
Palestinian Talmud, Avodah Zarah 4: 7, 44a.
lem only by lamps, to remove idolatry from there […] therefore it is said
(ibid.): “I will search Jerusalem with lamps.”12
The prayer known as Tziduk ha-Din (the acceptance of divine judg-
ment) that appears in Seder R. Amram Gaon (d. 875) and is recited dur-
ing a Jewish funeral service contains an intriguing passage that also
expresses the hope that Palestine will be cleansed of any foreign rite:
“[…] and uproot foreign worship from the land and restore the service
of Heaven to its place.” Although this is an extremely late prayer, it
apparently is based on earlier traditions, from the Byzantine period, and
might relate to the pagan rites that existed in Palestine and not to Chris-
tianity. Patently, these sources' anticipation of the extirpation of poly-
theism demonstrates that paganism was sufficiently strong during the
time of their authors to justify such expositions.
We can indicate at least one rite that drew the attention of the last
Palestinian Amoraim in the fourth century, that of sun-worship. This
awareness remarkably accords with the popularity enjoyed by this cult
in the third and fourth centuries, when many emperors were compared
to Sol Invictus, including Constantine (312-337) at the beginning of his
reign,13 and Julian the Apostate (360-363), whose reverence of Helios
found expression in his speech in honor of Sol Invictus during the
course of his campaign against the Persians.14 In the fourth-fifth centu-
ries, Macrobius sought to prove that Sarapis, Asklepios, Mercurius,
Ares, Apollo, Adonis, Attis, and Osiris were merely additional names
for the invincible sun god.15 Fourth-century Palestinian Amoraim voiced
their fears concerning the increasingly popular cult of the sun in their
time, especially in light of the fact that the depiction of Sol Invictus had
entered the world of the Galilean synagogues in that century, especially
in Hammat Tiberias.16 A number of sources record the fierce opposition
by the fourth-century Rabbis to these pagan phenomena. Thus, Leviticus
Rabbah contains the following exposition from the fourth century that
portrays a situation in which the sun and the moon are not desirous, as it
were, to illuminate the world, because people worship them:
Remains (Jerusalem, 1983), 39-45. For the presence of Sol Invictus in Galilean syna-
gogues, see the recent extensive discussion: FRIEDHEIM, Rabbinisme et paganisme, 109-
59.
The anticipated retribution against those who worship the sun, to-
gether with the desire to prove the inability of the solar and lunar divini-
ties to save their believers, is expressed in an exegesis also delivered by
R. Levi, about the people of Sodom:
“Hurry, flee there, for I cannot do anything until you arrive there. Hence the
town came to be called Zoar” (Gen. 19:22) – […] since some men of
Sodom worshipped the sun, and others, the moon, the Holy One, blessed be
He, said: If I punish them during the daytime, now they say: If the moon
were there, it would sustain us; if at night, now they would say: If the sun
were there, it would sustain us. Rather [ed. Vilna: He punished them] on the
sixteenth of Nisan, when the sun and the moon stood in the sky; this is what
is written (Gen 19: 23): “As the sun rose upon the earth and Lot entered
Zoar.”18
II
The Talmudic sources join together with other historical testimonies
of various types that, too, depict the vitality of paganism in late antique
Palestine.
Yaron Dan, an Israeli scholar, proved the continuity of pagan rituals
in the region of the Negev (south Israel) until the sixth century.22 There
was a Christian presence in Caesarea and in Jerusalem earlier on, but in
limited numbers, and the Christians in the latter city succeeded in taking
possession of the sacred sites only in the first quarter of the fourth cen-
tury. In January 396 CE the Christian community in Gaza numbered
only 280 souls.23 The cult of Zeus-Marnas was the leading rite in Gaza
in the Late Roman period.24 In Gaza, sanctuaries dedicated to Helios,
Aphrodite, Apollo, Kore-Persephone, Hecate, Tyche, and Heroon still
existed at least until May 13, 402 CE, as we learn from a Christian liter-
21
D. SPERBER, Magic and Folklore in Rabbinic Literature (Ramat Gan, 1994), 93.
22
Y. DAN, “Pagans in Southern Palestine in the Byzantine Period,” Byzantine Stud-
ies 1-2 (1996-97), 151-61; idem, Studies in the History of Palestine in the Roman-Byz-
antine Period (Jerusalem, 2006), 22-31 (Hebrew).
23
MARCUS DIACONUS, Vita Porphyrii 19-20 (trans. H. GRÉGOIRE and M. A. KUGENER
[Paris 1930], 20).
24
Concerning the identification of Marnas with Zeus, as the god of rain and fertility,
see: ibid., 19:“∂legon gàr tòn Marn¢n kúrion e¤nai t¬n ∫mbrwn,tòn dè Marn¢n
légousin e¤nai tòn Día.” On the cult of this supreme deity in Gaza, see: C. R. CONDER,
“Discovery of a Statue near Gaza,” Palestine Exploration Fund Quarterly Statement
[= PEFQS] (1880), 9; D. SOURDEL, Les cultes du Hauran à l'époque romaine (Paris,
1952), 44; B. LIFSHITZ, “Bleigewichte aus Palästina und Syrien,” Zeitschrift des
deutschen Palästina Vereins 92 (1976), 168-97; G. MUSSIES, “Marnas God of Gaza,”
in: H. TEMPORINI and W. HAASE (eds.), ANRW II, 18, 4 (Berlin–New York, 1990),
2412-57, 2414: “One of the strongholds of paganism which had hitherto completely
escaped imperial repression and Christian violence was the prosperous city of Gaza in
Palestine with the famous cult of its principal deity, the god Marnas”; F. R. TROMBLEY,
Hellenic Religion and Christianization C. 370-529, vol. I (Leiden–New York–Köln,
1993), 208 ff; E. Friedheim, Pagan Cults in Roman Palestine (Ramat Gan, 1995), 130
(Hebrew); et al.
ary source.25 Pagan festivals were observed in Gaza until the beginning
of the sixth century, and Christianity succeeded in dominating the city
that had been pagan for centuries only by force.26 Besides Gaza, testi-
monies to the existence of pagan rites in the Byzantine period appear in
various locations throughout the religious sphere of Palestine and Syria.
A spring containing many coins from the fourth and sixth centuries is
situated close to Shuni-Miyamas, in ‘Ein Zur, at the southeastern tip of
Ramat ha-Nadiv in the Carmel ridge. Y. Hirschfeld called the spring a
“wishing well,” and he connected this spring with the description of a
similar place by the anonymous Bordeaux Pilgrim in his pilgrimage to
Palestine in 333, that “at the third milestone from Caesarea is Mt. Sina
[= Shuni], where there is a spring, and if a woman bathes in it, she will
become pregnant.” Hirschfeld maintains that this well was unearthed at
‘Ein Zur, and was used for cultic purposes, especially in the fourth cen-
tury, as is shown by the hoard of coins discovered at the site. He also
links the spring and the ritual bathing conducted there with the cultic
system of Shuni-Miyamas, that, too, was associated with the fertility
rites held there at the Maiumas festival in honor of Aphrodite and
Dionysius.27 According to Hirschfeld, the ‘Ein Zur spring was one of
25
MARCUS DIACONUS, Vita Porphyrii 27 (trans. H. GRÉGOIRE and M. A. KUGENER
[Paris 1930]: 24; ibid, 64: 51)
26 F. K. LITSAS, “Choricius of Gaza and His Description of Festivals at Gaza,”
the few locations in Palestine in which the fertility rite and water cel-
ebration continued without interruption until the end of the Byzantine
period.28 The pagan cult continued to exist at Mamre at least until the
sixth century, as we learn from the writings of the Church Fathers.29
Eusebius and Jerome relate that in their time the pagans regarded Mt.
Hermon as a sacred mount that was identified with the ancient Baal.30
The village of Rakhle on Mt. Hermon yielded many remains related to
the rite of the Greek-Syrian goddess Leucothea-Atargatis. The finds in-
9), 191; Idem, Les mystères de Mithra, (Paris 19854), 32, 240; E. WILL, “La date du
Mithreum de Sidon,” Syria 27 (1950), 261-69; Sourdel, Les cultes, 93 and note 5;
M. DUNAND, ‘Rapport préliminaire sur les fouilles de Sidon en 1964-1965', Bulletin
du musée de Beyrouth, 20 (1967), 29; R. BAECK, ‘Mithraism since F. Cumont', in:
H. Temporini & W. Haase (eds.), ANRW II, 17/4, Berlin – New York 1984, 2013;
R. TURCAN, Mithra et le Mithriacisme (Paris, 1993), 35.
36 C. B. WELLES, “The Inscriptions,” in: C. H. KRAELING (ed.), Gerasa: A City of
to take root, not only in Jewish areas and the large cities, it also faced
obstacles, possibly even greater ones, in spreading throughout rural
regions such as the Auranitid (= Hauran) and the Trachonitid (= Ledja),
in present-day Syria.39 A temple of Zeus Aniketos Helios (= the god of
the ancient village of Aumos (Diòv ˆAnikßtou ¨Jlíou qeoÕ Aumou)
was active in the village of Deir el-Leben, in the Trachonitid area, in the
end of the fourth century CE;40 and a temple of Tyche existed at the be-
ginning of this century in the village of Kabab, as is taught by an epi-
graphic source.41 In the villages of Anz and Juneineh in the Hauran in-
scriptions (March 5, 362 CE) were found commemorating the reopening
of the temples according to the edict of the emperor Julian (361-363
CE), who attempted to rid the empire of Christianity while bringing
back ancient pagan worship.42 A Mithraeum, from the fourth-fifth cen-
turies CE, was active in Hawarti at the north of Apamea.43
21: “The Maioumas, a notorious set of rites at Gerasa, brought women out of the town
to a sacred pool in the suburbs, there to bathe naked, that is, to be purified and magicked
in some way never really described, before the stare of the townsfolk.”
39
F. R. TROMBLEY, Hellenic Religion and Christianization C. 370-529, vol. 2
(Leiden–New York–Köln, 1994), 358: “The lack of consistency shown in the inscrip-
tions of Djebel Hauran about the acceptance of Christianity is partly a consequence of
villages […] where the civic board […] unrelentingly resisted the advance of the new
religion […] With the exception of Bosana, where the Church encountered sharp politi-
cal opposition in the late fourth century, the new religion grew slowly or hardly at all
until the second quarter of the sixth century, when the imperial government forced the
issue in accordance with the Justinianic laws of 529 on Hellenic religion.”
40 SOURDEL, Les cultes, 54 and n. 4; TROMBLEY, Hellenic Religion, 375-76.
41 W. H. WADDINGTON, Inscriptions grecques et latines de Syrie, vol. 1 (Paris, 1870),
no. 2514; A. G. WRIGHT and A. SOUTER, “Greek and other Inscriptions Collected in the
Hauran by the Rev. W. Ewing,” PEFQS (1895), 52; R. E. BRÜNNOW and A. von
DOMASZEWSKI, Die Provincia Arabia, vol. 3 (Strassburg, 1909), 331; Sourdel, Les
cultes, 51 and n. 1: “¨Upatíav DiokljtianoÕ tò j' MazimianoÕ tò h' Se(bast¬)n
Aûr(ßliov) Ourov Aouidou bou(leut®v) tò tux⁄on êz eîdíwn êpójse.” The dating
is 303 CE.
42 A. SARTRE-FAURIAT, “Cultures et sociétés dans le Hauran,” Syria 75 (1998), 223
n. 157.
43
M. GAWLIKOWSKI, “Hawarti, Preliminary Report 1998," Polish Archaeology in
the Mediterranean [= PAM], 10, Reports 1998, (Warsaw 1999), 198-204; idem, PAM,
11, (Warsaw 2000), XXX.
44
Although the question of the Christianization of pagan practices and cults is too
complex an issue to be mentioned in passing here, we decided, nevertheless, to provide
some Eastern examples. In Byzantine Egypt, Isis Lactans became Maria Lactans, see:
V. TRAN TAM TINH, Isis Lactans: Corpus des monuments gréco-romains d'Isis allaitant
Harpocrate (EPRO 37; Leiden, 1973), 210 ff; F. DUNAND, Isis: Mère des dieux (Paris,
2000), 161-68. On the possible resemblance between the mysteries of the metroac cult
and Christianity, see for instance: A. T. FEAR, “Cybele and Christ,” in: E. N. LANE
(ed.), Cybele, Attis and Related Cults: Essays in Memory of M. J. Vermaseren (Reli-
gions in the Graeco-Roman World 131; Leiden–New York–Köln, 1996), 37-50; esp.
39, 40; P. BORGEAUD, La Mère des Dieux: de Cybèle à la Vierge Marie (Paris, 1996),
182-83. For assimilations, albeit superficial, between Mithraic rites with early Christian-
ity, already in the second century CE, see: JUSTIN MARTYR, Apolog., I, 66; idem,
Dialog. contra Tryphon., 70, 78; TERTULLIAN, De praescr. Haeret, 4; idem, De cor., 15;
idem, De bapt., 5; PSEUDO-AUGUST., Quaest vet. Et nov. Test., 114; and also: J.
DUCHESNE-GUILLEMIN, “Die Magier in Bethlehem und Mithra als Erlöser?”, Zeitschrift
des deutschen morgenländischen Gesellschaft 36 (1961), 472-77; F. CUMONT, Les
mystères de Mithra (Paris, 19852), 199. Et al.
SUMMARY
The article deals with a unique, white stone die that was found in the
excavations at the site at Mount Ebal. Following a description of the die is a
discussion about its possible functions based on a comparison with similar
archaeological artifacts and written sources. Similar dice to that from Mount
Ebal were found in Mesopotamia, Syria and Egypt from the third and second
millennia BCE. In most instances these dice were used with game boards.
However, beginning from the first millennium BCE, dice found in written
sources and archaeological contexts in the Land of Israel and Syria were also
used for prognostication. It seems that the die from Mount Ebal belongs to this
category.
SOMMAIRE
L’article présente un dé en pierre blanche qui a été trouvé dans les fouilles
sur le Mt Ébal. Après une description de ce dé, vient une discussion sur son
utilisation, à partir de comparaisons avec des objets similaires et les textes
anciens. Des dés semblables ont été trouvés en Mésopotamie, Syrie et Égypte,
du troisième au deuxième millénaire av. J.-C. Dans la plupart des cas, ces dés
étaient utilisés comme jeux. Toutefois, à partir du premier millénaire, certains
dés furent trouvés en contextes archéologiques et évoqués dans des textes, en
Israël et Syrie, — ce qui montre qu’ils ont été aussi utilisés pour les présages.
Il semble que le dé du Mt Ébal appartienne à cette catégorie.
The die (Fig. I) was found in Stratum II, in the northern corner of the
main building, above the bedrock (Fig. I). A chalice made of scoria
(Fig. II:3)1, a ceramic goblet (Fig. II:1) and the bottom part of a krater
(Fig. II:2) were discovered along side it. The last two objects may have
been used to cast lots (goral in Hebrew). The krater was adapted for
secondary use as a kind of funnel; its base was severed from the vessel
and an elliptical opening was drilled in its center (Figs. VIa-VIb). The
drilling was meticulously done and its diameter is slightly wider than
that of the die.
The die, along with other objects, could have been placed into the
krater and then removed one after the other through the opening. Hence
it is reasonable that the entire group be seen as a kind of favissa in
which several objects associated with each other were buried. One can
assume that the group of objects was intentionally buried together and
covered over with the layers of fill of the main building in Stratum I.
The die from Mount Ebal is unique both among the assemblage of
dice in general and prognostication dice in particular (see below). This
determination is supported by the unique combination of pips and
graphic markings that are engraved on the die and which have symbolic
meaning (see Fig. I and compare it to the other dice presented in
Figs. III, IV and V)2. On three of its six faces there are perforated pips
(1, 5, and 7) and we can assume that these were markings that were
agreed upon as numbers.
Most of the dice from the Late Bronze Age and the Iron Age in the
Land of Israel come from assemblages that can be interpreted as cultic.
In light of the above we believe that the die from Mount Ebal was used
to cast lots in some sort of cult related ceremony.
1 A dark alkaline igneous rock frequently composed of basalt. The rock is very
poriferous due to bubbles of gas trapped in it during the rapid cooling of lava. It is
formed from cinders ejected from a volcano (Mazor 1994: 462).
2
The die from Tell al-‘Umayri, if it is indeed a die, incorporates pips that have a nu-
merical value with graphic markings that have meaning.
The die was carelessly made and has six faces and eight vertices.
Two of the faces, which are square and wide (A and C), are perpendicu-
lar to the other four which are narrow and rectangular (B, D, E-F).
The faces, which are sloppily fashioned, are not completely congru-
ent and each is differentiated by incised patterns and the number of pips
which represent it. On Face F there is at least one pip; on Face C five
pips; and on Face B seven pips. Faces B and C have a combination of
incising and pips and on Faces A, D and E there is only incising.
Face A (Fig. I-A) is square and parallel to Face C and measures 21.66
x 22.93 mm3. It is incised with a straight center line that bisects it and
with straight and curved lines on both its sides which form a vague tree-
like pattern. A somewhat similar pattern was found on the base of a seal
from Tell ‘Umayri, which is dated there to the Iron Age IIC (Eggler/
Herr/Root 2002, 246-247, No. 15; Keel 2006, 318-319, No. 13).
3
Maximum dimensions of the face.
The order of the faces: the faces of the die are arranged in a manner
such that the number 5 on Face C and its incised pattern are engraved
Figure III: Dice and a game board from Syria and Mesopotamia:
1-2. Ur (Woolley 1956, Fig. 7:a-b); 3. Tape Gawra (Speiser 1935,
Pl. XXXVII: a); 4. Nippur (McCown / Haines 1967, Pl. 153:11); 5. Ashur
(Hallo 1983, 19); 6. Tell Arbid (Bielinski 2001, Fig. 2).
EGYPT. Until now only five dice have been found in Egypt, all of
which are ascribed to the New Kingdom. Three of these were not in situ
and were discovered in the “rubbish heaps” of the Temple of Deir
el-Bahari. In Carter’s opinion the dice date to a period of time that is
no later than the XVIII Dynasty (Carnarvon/Carter 1912, 58, No. 1).
Another die, which is ascribed to the XX Dynasty, was found at Lisht
(Hayes 1959, 405).
We can assume that the dice from Egypt, like those of Mesopotamia,
were used for board games. We know of three different board games
from the time of the I Dynasty (Redford 2001, 2). The most popular of
them was znt (“passing”), which was documented in Egypt, Mesopota-
mia and Canaan from the Pre-dynastic period until the Roman period
8
Bielinski (2001, 317-318) ascribes it to the end of the third millennium BCE.
(IDEM)9. The dice used in znt were trapezoidal, unlike the square
shaped dice we are familiar with today. A trapezoid die that was found
with a znt board in Grave Z491 at Zawiyet el-Aryan is ascribed to
the early XVIII Dynasty (Boston Museum of Fine Arts, 1982, 266-267,
Fig. 370). Similar dice were found in the Land of Israel at Tell Beit
Mirsim and at Tell el-Ajjul (see below).
9 The earliest description of a znt game was found at Saqqara, in the tomb of the no-
bleman Hesy-Re which is ascribed to c. 2600 BCE. A board game with astragals from
the XII Dynasty was found in Thebes, in the tomb of Ren-seneb (Carnarvon/Carter
1912, 56 – 59, Pl. 50, 1-2, Fig. 14; Gadd 1934, 45-50; Pritchard 1954, No. 213). Znt
boards, without dice, were found in Egypt and Canaan in contexts that are dated to the
first half of the third millennium BCE (Sabbane 1991; Redford 2001, 2-3). For board
games in Mesopotamia and the Levant see Ellis /Buchmann, 1966).
LAND OF ISRAEL: Trapezoid shaped dice for board games were found
in Canaan in assemblages that are ascribed to the first half of the second
millennium BCE. An ivory die was found in the “Patrician house” at
Tell Beit Mirsim D (Albright 1930, 6, 9; 1933; 1938, 48, Pl. 21b; above
Fig. IV:1). The face of the die’s base is wide and the narrow opposing
face is not marked, whereas the four faces perpendicular to them are
numbered from 1 to 4 with perforations or “eyes”. The die was found
not far from ten stone trapezoid game pieces and an inlaid game board
(Albright 1933; 1938, 49).
Sixteen other trapezoidal dice were found at Tell el-Ajjul (Petrie
1933, 11, Pl. XXVIII:10-17; 1934, 11, Pl. XXXVI:21-28; above
Fig. IV:2-3). The dice, most of which are marked from 1 to 4, resemble
each other and it seems that they were used in a table game which is
similar to that of Tell Beit Mirsim. Five of them are made of limestone
and eleven are of ivory. Five of the dice are marked as follows: 1 oppo-
site 3, 2 opposite 4 and a smooth face opposite a smooth face; two dice
are marked 1 opposite 3, 2 opposite 4 and 1 opposite a smooth face;
three dice are marked 1 opposite 2, 3 opposite 4 and a smooth face op-
posite a smooth face; three dice are marked 1 opposite 2, 3 opposite 4
and 1 opposite a smooth face; one die is marked 1 opposite 4, 2 oppo-
site 3 and a smooth face opposite a smooth face. One die is marked 5
opposite 5, an X (1?) opposite X and two sets of opposing smooth faces.
Another die has six smooth faces.
that can be interpreted as cultic (Fig. V). Exceptions to this rule are the
die from Mount Ebal, which has both graphic symbols and numerical
perforations, and the Assyrian die for which there is explicit written evi-
dence indicating it was used for prognostication (Fig. III: 5).
In the Land of Israel and Syria a number of dice were found in cultic
assemblages, all of which date to the end of the Late Bronze Age or the
Iron Age. We believe that these dice were used in divination:
DICE FROM THE LAND OF ISRAEL. A blue die made of faience was
found in the cultic compound at Tel Dan, in the phase that is ascribed to
the eighth century BCE (Biran 1994, 199, Fig. 157; below Fig. V:8).
The die was found north of the altar room and it would appear to be
connected to cultic practice. The excavation director, Biran (1994, 199),
explained that the die may have served the priests in divination. Its de-
sign is similar to the dice that are used in modern games and it consists
of six congruent faces inlaid with white pips that indicate a numerical
value of 1 to 6. The arrangement of the numbers on the die is such that
the sum of the pips on any two opposing faces is equal to 7; thus the
number 1 is marked opposite the number 6, 2 is opposite 5 and 3 is op-
posite 4.
Two die-like objects were found at Megiddo in what may be a cultic
context. One (Fig. V:5), which is made of marble and was not found in
situ, was discovered in the area of the temples (Area BB, Square O/14).
The die has two opposing faces with 8 and 9 perforations and the rest of
the faces have 3 perforations. The second die, which is made of steatite,
is a cylindrical object that was used as a seal or die (Fig. V:7). At least
one of its faces is marked with 11 perforations. The object was found in
what is clearly the cultic assemblage of Building 2081, which the Uni-
versity of Chicago expedition ascribed to Stratum Va (Lamon/Shipton
1939, Pl. 77:17; Loud 1948, 44-46, Pl. 163: 23, Figs. 101-102)11.
An ivory die with six faces that is marked with perforations was
found in Area H at Hazor (Yadin et al. 1961: Pl. CCCXXXVI:15; be-
low Fig. V:5). The die was found in Square E/8, in the area of the tem-
ples, and it can be attributed to the objects of one of the temples even
though there is no notation regarding its strategraphic location.
An ivory octahedron whose eight triangular faces are numbered with
perforations was found at Tell Balata (Shechem). Sellin ascribed this
11 Kempinski (1993, 178), who compared the assemblage from the room with the
cultic assemblage at Arad, suggested that both of them were meant for use in worship-
ping Yahweh, the official divinity of the United Kingdom.
unique object to Silo 5900, which dates to the 9th-8th centuries BCE
(Wright 1964, Fig. 83; below Fig. V:9). But the octahedron may have
“come up” from the Canaanite Fortress Temple 2 whose ruins were
used as the foundation of the Israelite administrative building (Idem,
145-147: Fig. 10, 7312). It should be noted that the Sellin expedition
(1926-1927) found it difficult to separate the finds of the Canaanite tem-
ple from those of the Israelite building.
Another die, which was made of kaolin, was found in Stratum III at
Lachish (below Fig. V:4). This die has six congruent faces inlaid with
white pips numbered from 1 to 6 (Aharoni 1975, L27, p.16, Pls. 15:7;
58). The die could have come from the foundation trenches of the Sun
Temple (Strata Ia-B), which are located beneath where it was discovered.
and demands that Joshua cast a lot in order that he himself will arrive at
who was guilty of treachery (Joshua 7:16-21). They also would use lots
in determining the organization of the priests in the temple. In I Chroni-
cles (24:5) it says that they used lots to divide the functions among the
fathers’ houses of the priests, the poets (25:8) and the gatekeepers
(26:13)15. Casting lots was also used on Yom Kippur to decide which
of two male goats would be sacrificed on the altar as a sin offering to
the Lord and which would be sent away into the wilderness to Azazel
(Leviticus 16:8-10). There are other events that are described in the
Bible which were determined by casting lots: after the Land of Israel
was conquered lots were cast to divide it among the tribes of Israel and
their families (Numbers 26:55-56; 33:54; Joshua 14-19): “and Joshua
cast lots for them in Shiloh before the Lord; and there Joshua appor-
tioned the land to the people of Israel, to each his portion” (Joshua
18:10)16 and this is also how the Levite cities were divided (Joshua
21:4, 6, 10-20). The selection of Saul as king was done by casting lots
(I Samuel 10:20-22) and the king cast lots which determined that
Jonathan violated his oath to Saul (I Samuel 14). Lot is also the term
used regarding the reward and punishment that man will receive at
the time of redemption and the coming of the Messiah (Isaiah 34:17;
Daniel 12:13).
According to the Bible pagans also practiced casting lots: in the
Scroll of Esther (3:7) it says that “they cast Pur, that is the lot, before
Haman day after day; and they cast it month after month” in order to
know when would be the best date to carry out his intention to annihi-
late the people of Israel. The combination of “cast Pur”, implying a lot,
is repeated again in the scroll: “For Haman… had cast Pur, that is the
lot, to crush and destroy them” (Esther 9:24).
III.2. The casting of lots in non-biblical sources
In Akkadian puru is one of the names for lots. According to the Baby-
lonian Epic of Atrahasis “the gods held a bottle (or a jug with a long
neck), cast lots and divided it (the universe)” Kutam ihuzu letisha/isqam
iddû ilu izzuzu (Soden 1969, 421; 1971, 100; 1978, 55; Hallo 1983, 21).
In Assyrian documents from Cappadocia, in documents from the
Middle Babylonian period from Nuzi and in the laws of Middle Assyria
15 During the Second Temple period the priests, Levites and the people cast lots to
determine the order for bringing the wood offering (Nehemiah 10:35).
16
Compare this with the division of the universe in the Babylonian Epic of
Atrahasis.
– the word puru had the connotation of lot or estate. In Sumer and in
Akkad they would cast lots to divide the property of a person who died
intestate (Hallo 1983). This meaning is also repeated in a number of
documents that are ascribed to the Neo-Assyrian period and the Neo-
Babylonian period (Tadmor 1971, 446-447; Lewy 1938; 1942, 210-
211, No. 6).
The name pur is derived from the Sumerian word bur, which means
bowl. Among other things, they probably used a stone die for casting
puru which they would toss in a bowl in an act of divining (Tadmor
1971, 447; Hallo 1983). In Hallo’s opinion the deep bowls with
cuneiform inscriptions that were found at Lagash were used as bowls for
casting lots (Hallo 1983, 21). It is possible that the base of the krater
which was found next to the die from Mount Ebal was used for the same
purpose (See Fig. VIb).
In Ashur they used puru to choose the Limmu, which was the epo-
nym used to refer to the year. Thus for example, when Shalmaneser III
was chosen king of Assyria (858-824 BCE) his selection as leader was
considered to be fate. On a clay die from the time of Shalmaneser III,
the lot of the eponym is written as Iahali (Fig. III:5). On the faces of the
die is written “Oh Assur the great lord oh Adad the great lord, the lot of
Iahali the grand vizier of Salmaneser king of Assyria, governor-of-the-
land (for) the city of Kibshuni (in) the land of Qumeni, the land of
Mehrani, Uqu and the Cedar Mountain, and minister of trade – in his
Year assigned to him by lot may the harvest of the land of Assyria pros-
per and thrive, in front of the gods Assur and Adad may his lot
fall“(Hallo 1983, 20; 1983b, 27 based on Ferris 1937 Vol. IX, No. 73;
Michel 1949, 261 – 264; Albright 1937, 37)17. Hence Tadmor (1971,
447) suggests that the casting of lots was in fact an anticipation and
prayer for a blessed year. Shalmaneser himself used lots and it is said
that he “cast lots the second time”: “shanuteshu puru… akruru”.
In a Neo-Assyrian text from the seventh century BCE (LKA 13718)
the practice of casting lots is explicitly mentioned. This was done by
means of two dice: one is called “aban ersi”, “the coveted/desired die”
and the other is “aban la ersi”, “the die that is not coveted/desired”
(Reiner 1960, 25; Iwry 1961, 28, No. 7; Horowitz/Hurowitz 1992). The
dice, one of which was black and the other white,19 (and according to
the translation by Horowitz/Hurowitz 1992, one is of alabaster and the
17 Thedie was first published by Ferris 1937.
18 Thetext was published by Ebeling 1953, no. 137.
19
Compare with the white die from Mount Ebal.
It is important to emphasize that the die was found outside the krater
(adjacent to it). The photograph shows the severed base ring of the krater
and the hole that was drilled in its center. We positioned the die inside
the krater and one can see that the size of the hole is slightly larger than
the dimensions of the die. The die may have been placed with other ob-
jects in the bowl and was removed from it by an “act of fate”22.
20 Oneprobably denotes a positive answer and the other a negative one. The answers
according to the dice were given quickly according to the selection of one of them.
21
The Urim and Thummim in the Bible are divination objects by which the Lord
would express his will to the people by deciding whether to curse or bless (Tur-Sinai
1955). The Bible does not interpret which objects were the Urim and Thummim or how
they were used. The implements that were used for the casting of these lots were inside
a breastplate (hosen), pocket or square case that the high priest wore as an ephod over
his heart (Exodus 28:6). According to Tur-Sinai (1955), Urim and Thummim were
meant to determine if a man and his deeds are accursed or not in the eyes of the Lord.
22
In the excavation at Kadesh Barnea (Area F, Stratum 3a-b, Room 853), in the Si-
nai Penisula, a die-like object was found next to a small bowl that has a hole drilled in
the center of its base (Linder 2007, Part 1: 116, 224-226, Fig. 13.4: 6; Part 2: Pl. 13.4:
6; Geva 2007, 226, Pl. 12.2: 1). The context of this find is reminiscent of the die and
perforated krater from Mount Ebal.
In conclusion, it seem that the die, the goblet and the base of the
krater that were in the main building at Mount Ebal were used in casting
or drawing lots. The customary practice of casting lots, which is specifi-
cally mentioned in the Bible and in Akkadian texts, the archaeological
finds of dice in close proximity to cultic locations and the explicit use of
prognostication dice in Syria and Mesopotamia (as evidenced by text
LKA 137 and the die of Iahali) corroborate this theory.
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14-23.
NOTES PHILOLOGIQUES
PAR
Étienne NODET, o. p.
École biblique, POB 19053
JERUSALEM
nodet@ebaf.edu
I
Il y eut d’autres assassinats graves en Judée, certainement postérieurs à
l’époque de Joas. Selon 2 R 25,25 Ishmaël, de race royale, assassina Godolias,
que les Babyloniens avaient institué gouverneur des rescapés de Juda, après la
1
Isaac KALIMI, «∞∞The Story about the Murder of the Prophet Zechariah in the
Gospels and Its Relation to Chronicles∞∞», RB 116 (2009), p. 246-261. Ses abondantes
références bibliographiques ne sont pas reprises ici.
II
Cependant, ces considérations sur la chronologie biblique ou l’ordre des li-
vres apportent peu. Plus important est d’observer que selon 2 Ch 24,20-22 Za-
charie fils de Yehoyada dit en mourant∞∞: «∞∞Que Yhwh voie et recherche (ou
“∞∞juge∞∞”)∞∞» (wvrdiv evei ari, ÷doi kúriov kaì krinátw). De plus, «∞∞l’Esprit de
Dieu revêtit∞∞» Zacharie (v. 20). Autrement dit, il s’agit d’un prophète assassiné
2 Les «∞∞tables des matières∞∞» des divers livres des Antiquités en reflète très mal le
III
Ainsi, le Zacharie de Lc 11 se comprend aisément comme allusion à Zacha-
rie fils de Yehoyada. Mais il reste la version de Mt 23, et l’on se demande ce
qu’a bien pu dire Jésus. Si Lc est premier, on ne voit pas bien la raison d’une
telle déformation de son propos, car avec «∞∞fils de Barachie∞∞» l’allusion scriptu-
raire est brouillée, ce qui constituerait une anomalie. Si au contraire Mt est pre-
mier, on peut comprendre une réinterprétation de Lc selon une ligne plus
scripturaire, mais on ignore tout de ce Zacharie, qui devrait pourtant être un
notable contemporain assassiné au temple.
Avant de rechercher les ipsissima verba de Jésus3, il convient d’examiner le
contexte. En Lc 11,46-52, Jésus s’en prend aux légistes∞∞: «∞∞Vous bâtissez les
tombeaux des prophètes, et ce sont vos pères qui les ont tués.∞∞» Cela corres-
pond aux desseins de la «∞∞Sagesse de Dieu∞∞», pour que des comptes soient de-
mandés «∞∞à cette génération∞∞». Le cas d’Abel et Zacharie s’insère parfaitement,
comme référence biblique. Il n’en est pas de même du parallèle Mt 23,13-36,
bien que les éléments constituants soient semblables∞∞: après une série de sept
malédictions de Jésus contre les scribes et les pharisiens vient une accusation
directe, de style différent∞∞: «∞∞J’envoie vers vous des prophètes […] vous en tue-
rez […] pour que retombe sur vous tout le sang juste […], depuis le sang
3 Le passage, absent de Mc, a été rattaché à Q, mais l’effort pour retrouver une
source commune à Mt et Lc, fondé sur des considérations purement lexicales, n’aboutit
à rien d’utile, cf. James R. ROBINSON, Paul HOFFMANN & John S. KLOPPENBORG, The
Critical Edition of Q, Minneapolis, Fortress Press & Leuven, Peeters, 2000, Q 11∞∞:51.
IV
L’hypothèse présentée se résume donc ainsi en deux phases∞∞: d’abord
l’insertion après les malédictions de Mt d’une accusation d’assassinat incluant
Zacharie fils de Baruch et identifiant scribes et pharisiens aux zélotes∞∞; ensuite,
une reprise par Lc qui, plus éloigné des faits, réinterprète d’après un autre
Zacharie mieux connu, en omettant le nom de son père∞∞; il a pu être inspiré de
Lm 2,20 «∞∞Fallait-il qu’au sanctuaire du Seigneur soient tués prêtre et pro-
phète5∞∞?∞∞». C’est le fils de Yehoyada, tué sur le parvis alors qu’il prophétisait6.
On peut ajouter que Mt est déjà à distance de ses sources, puisque chez lui Ba-
ruch est devenu Barachie (Baraxíav), nom semblable. Il y a certainement une
influence du nom du prophète Zacharie, lui aussi fils de Barachie (Za 1,1),
4
Les meilleurs mss mettent bareis∞∞; des témoins secondaires ont barouxou ou
bariskaiou, mais la version slavone, qui remonte à un grec antérieur à tous les mss
connus et ne peut dépendre des évangiles, a «∞∞Barukh∞∞», cf. Henry & Kate LEEMING,
Josephus’ Jewish War and Its Slavonic Version. A Synoptic Comparison, Leiden-
Boston, Brill, 2003, ad loc.
5
Selon Esd 5,1 le prophète Zacharie est fils d’Iddo (petit-fils pour Za 1,1) et le
targum de Lm 2,20 ajoute «∞∞comme vous avez tué Zacharie fils d’Iddo, grand prêtre et
prophète véridique, dans le sanctuaire du Seigneur∞∞». L’influence littéraire du prophète
domine.
6 Julius WELLHAUSEN, Einleitung in die drei ersten Evangelien, Berlin, Vlg G. Reimer,
1905, p. 118-120, aboutissait à des conclusions analogues, mais il se fondait surtout sur
le rejet supposé de 1-2 Ch par les milieux entourant Jésus.
RECENSIONS
En 1976, J.T. Milik présentait une savante édition préliminaire des frag-
ments araméens des manuscrits de 1 Hénoch qu’il avait identifiés et estimait
avoir remis en place1, réservant l’editio princeps de tous les fragments repérés
dans le volume alors programmé dans les Discoveries in the Judaean Desert.
En effet, la communauté scientifique l’attendait impatiemment depuis le jour de
septembre 1952 où, fouillant la grotte 4, il dit avoir identifié in situ des frag-
ments araméens de cet Apocryphe. Ayant fourni une abondante documentation
et une hypothèse de composition du livre, il attendait les premières réactions
des collègues qui, dans l’ensemble, furent très positives, même si des réserves
ont été exprimées sur tel ou tel détail, en particulier sur la datation des Parabo-
les qui auraient remplacé le Livre des Géants d’un pentateuque hénochite. Mais
des considérations étrangères à la science l’empêchèrent d’en fournir l’editio
princeps, tant les jalousies l’emportèrent sur la déontologie.
Au cours de la dernière décennie du XXe siècle, E. Tov, nouvel éditeur en
chef, redistribua la publication des manuscrits des lots de la grotte 4 attribués à
Milik et à Strugnell et confia à d’autres la publication des derniers fragments
identifiés par Milik mais non replacés dans la composition. Ainsi parurent de
brèves notes en DJD XXXVI, et l’ensemble des fragments du Livre Astronomi-
que et du Livre des Géants de son lot, l’editio princeps de cet ensemble de frag-
ments ne lui paraissant plus nécessaire. On peut regretter cette décision d’un
opus imperfectum sur 1 Hénoch araméen.
Pour sa thèse de doctorat à l’EPHE de Paris, M. Langlois a choisi d’étudier à
nouveau frais les restes du seul manuscrit 4Q201 (= 4QHena), estimant qu’une
«∞∞nouvelle editio princeps (sic, p. 9) était indispensable∞∞», en mettant à profit
les travaux récents et les nouvelles technologies informatiques. Il a voulu jeter
un regard neuf sur ces fragments, en laissant de côté dans un premier temps les
précédentes publications, mais l’a. n’est pas le premier déchiffreur ni l’éditeur
1
J.T. MILIK, The Books of Enoch. Aramaic Fragments of Qumrân Cave 4, with the
collaboration of M. Black, Oxford 1976.
2
La vérification de ces lectures fait l’objet d’une longue note à laquelle je renvoie le
lecteur intéressé, voir É. PUECH, «∞∞Notes sur le manuscrit araméen 4Q201 = 4QHénocha.
À propos d’un livre récent∞∞», RQ 96 (2010).
3 Voir M. Sokoloff, «∞∞Notes on the Aramaic Fragments of Enoch from Qumran
Cave 4∞∞», Maarav, 1 (1978-79) 197-224, p. 207, pour une interprétation et traduction
correctes.
clair qu’on doit accepter les placements de 1u, 1d, 1t et 1k par l’éditeur. Je pro-
pose de nouvelles identifications qui demandent de réviser fortement celles de
l’a. Et sur ce point encore, ses conclusions sont en net recul sur l’édition préli-
minaire. La synopse (p. 457-76) reprend en les regroupant les passages étudiés,
mais on doit la réviser assez sensiblement et la compléter compte tenu des cor-
rections indispensables. Enfin la comparaison avec les versions (p. 456-86) per-
met à l’a. de conclure à une unique traduction grecque de l’araméen à l’origine
des variantes grecques et éthiopiennes. Bien des études doivent encore être me-
nées pour aboutir à un schème dûment fondé (p. 486).
Une courte conclusion (p. 487-9) résume les étapes et les résultats de la mise
en œuvre de la méthodologie suivie. Elle montre à tout le moins ses limites par
le manque de maîtrise paléographique, alors que l’œil entraîné de Milik avec la
même loupe utilisée par tous les membres de l’équipe internationale avait déjà
donné des résultats plus que probants et le plus souvent bien préférables. La
binoculaire peut aider, mais rien ne remplace le contact des originaux et l’en-
traînement de l’épigraphiste. La méthodologie mise en œuvre n’a pas abouti à
des résultats aussi probants qu’espérés, ni révolutionné la publication par une
méthode de restauration que l’on voudrait sûre, la réécriture manuelle étant tout
aussi probante et efficace. La plupart des nouvelles propositions ne sont pas à
retenir, et on est très loin de la centaine de lectures différentes estimée par l’a.
(p. 489). Le total doit être drastiquement réduit, d’autant que des corrections
ont été faites avant lui. On aurait souhaité que des notes présentent plus claire-
ment les acquis de ses devanciers.
Enfin sont donnés une bibliographie sélective (p. 492-510) où manquent
quelques études (e.g. RQ 76 [2000] 607-16, Milik 1981 cité dans cette note,
etc.) touchant directement ce sujet, alors que bien d’autres sont superflues, des
concordances qui peuvent être utiles mais une fois mises à jour (p. 511-83), et
enfin des index des citations et des auteurs (p. 583-602).
En fait d’une «∞∞nouvelle editio princeps∞∞», il n’en est rien. Était-il nécessaire
de publier toutes ces considérations∞∞? Une étude paléographique bien menée se
résume à quelques mots. Dégagé des très nombreuses répétitions et très forte-
ment réduit, le livre aurait gagné en clarté et en utilité pour le lecteur qui aura
du mal à trouver où se cache une lecture à retenir.
Un gros travail reste encore à faire, en essayant de restaurer, à partir des ver-
sions, d’autres passages pour une mise en colonne acceptable des sept petits
fragments qui restent à identifier, seule manière de remettre en place des frag-
ments qui appartiennent manifestement au même contexte. L’a. a voulu en res-
ter à un supposé déchiffrement indépendant de celui de l’éditeur, mais le sien
est certainement en retrait de l’édition préliminaire. Connaissant bien mieux le
ge¨ez que l’épigraphie, il aurait pu exploiter cet avantage dans l’étude de
4Q201.
En fin de compte, on doit admettre que «∞∞les nouveaux outils informatiques
de traitement photographique n’ont pas permis d’améliorer considérablement la
lisibilité des portions∞∞» mal conservées, ce qui était le but visé (p. 49). Seules
des vérifications justifiaient l’entreprise, mais y avait-il matière à une thèse
avec les seuls versets de 4Q201, sans l’exploitation plus avancée des parallèles
The Copper Revolution. Smelters from Canaan and the Beginning of Civi-
lization, par Gérard N. AMZALLAG (en héb.). 14x22∞∞; 392 p. Shani-Livna
(IL), Hameara Publishing House, 2008. — NIS 98 (ISBN 978 965 91156 0 0).
Cependant, observe l’A., l’élan ainsi donné s’oppose aux dieux traditionnels,
qui en exigeant des cultes sacrificiels exercent une tutelle sur la nature et sur
divers aspects de la vie humaine. Il va y avoir des combats entre les héros civi-
lisateurs et les dieux. Par exemple, à Ougarit, Koushar offre au forgeron Aqhat
un arc, donc l’action à distance rivalise avec les divinités∞∞; la déesse Anat lui
offre d’échanger son arc contre l’immortalité∞∞; il refuse et en meurt, mais
l’homme est pour une fois libéré de l’emprise des divinités. Ailleurs, de nom-
breux mythes montrent que les dieux cherchent à éliminer par un déluge les
forgerons, parce qu’ils enseignent la désobéissance aux hommes. En vain∞∞: ils
se montrent plus forts que les dieux.
Les forgerons s’établissent loin des villes, auprès des mines, et gardent leurs
secrets techniques. Ils ont bien des dieux, mais ceux-ci sont impénétrables,
réservés à des initiés. Lorsque les civilisations qu’ils ont engendrées les ont
récupérés (à l’age du Fer, cf. ci-après), ils restent mystérieux, et l’on voit des
traces de culte caché. Par exemple, le lac Loéris, établi pour réguler le cours du
Nil, a été inspiré par Ptah, mais le temple associé est dual, avec deux labyrin-
thes superposés∞∞: l’un public, l’autre souterrain, pour les initiés, ce qui étonnait
Hérodote. À Athènes, l’Érechthéion, intégré à l’Acropole, était un temple dédié
entre autres à Athéna et Héphaestos∞∞; inaccessible au public, il était construit
sur une petite grotte, où se trouvait un serpent sacré, et dénommée (au pluriel)
megara, terme issu du cananéen me‘ara «∞∞caverne de l’éveil∞∞».
Il y a donc initiation et caverne. Le serpent symbolise la métallurgie, mais il
n’y a pas d’autre représentation divine. Il faut supposer que lorsque un culte
initiatique est devenu populaire – une caractéristique de l’âge du Fer –, il doit
garder des traces de ses origines, c’est-à-dire ici métallurgie et absence d’image
cultuelle. Tel est le cas de Dionysos. Il est le dieu tutélaire de Naxos, où
Héphaestos apprit la métallurgie, venue du Levant. Il s’y trouve une grotte
Nysos, appelée aussi Megara∞∞; son nom signifie «∞∞dieu de Nysos∞∞» ou «∞∞dieu de
la caverne∞∞»∞∞; il était aussi surnommé pyrogenes «∞∞né du feu∞∞». C’est là qu’il
est né dans un nid de serpents, et plus tard il fit jaillir de l’eau à Thèbes, sa ville
d’adoption. Ces symboles le rattachent à la métallurgie. Un poème homérique
situe la naissance de Dionysos loin de la Phénicie mais proche du fleuve
d’Égypte∞∞; cela peut concorder avec la région de Feinân et de Timna.
Le Dionysos populaire est le dieu du vin, mais c’est un développement tar-
dif, car le mythe d’Orion montre que la reconnaissance de Dionysos ne se fait
pas par le vin, mais par un parcours initiatique qui l’amène chez Héphaestos et
finalement sur la côte de Canaan.
Dionysos est subversif, transgresseur de l’ordre instauré sous l’autorité du
panthéon olympien. Il est honoré hors de la ville et de ses cultes officiels, ce
qui explique que des cultes agraires lui aient été rattachés. Il est perçu comme
un souffle, qui crée un enthousiasme contagieux∞∞: le bacchant est frénétique. Le
dieu s’engouffre dans l’homme, ce qu’évoque d’ailleurs la consommation du
vin. En d’autres termes, Dionysos n’est pas un dieu autonome agissant directe-
ment sur la nature, mais un dieu symbiote, agissant en symbiose avec l’homme.
L’homme se trouve divinisé, ce qui correspond bien au métallurgiste créateur.
On examine plus loin les parallélismes entre Dionysos et Yhwh, et en particu-
lier leur refus des autres dieux, mais il convient de citer déjà Plutarque, un initié
3. L’A. passe ensuite à la Bible, et observe que tous ces éléments se retrou-
vent dans la Bible, mais réinterprétés à travers un monothéisme éthique, c’est-
à-dire dans une mise en forme rédactionnelle bien plus tardive, qui d’ailleurs
est peut-être oublieuse d’origines aussi lointaines, car elle intègre d’autres sour-
ces plus visibles, historiques ou mythologiques. En particulier, les généalogies
sont toujours à examiner, car elles concordent rarement avec les récits qui les
entourent.
Dieu s’exprime d’abord par un souffle, qui agit sur l’eau et la confusion par
la parole∞∞; il est donc semblable à l’homme. Celui-ci est d’abord dans la préhis-
toire indéfinie de l’Éden, mais c’est le serpent qui l’en fait sortir, c’est-à-dire
qui le lance dans l’histoire – et ses conflits. La chronologie des générations
antédiluviennes, dont la vraisemblance est faible, situent l’événement au chal-
colithique.
Caïn, constructeur de ville, est l’ancêtre des forgerons (qénites). Il est marqué
au front comme un cyclope. Après le meurtre de son frère (Abel, la «∞∞buée∞∞»), il
rejette l’agriculture et vit en nomade, comme les Rékabites (Jr 35,7). Le premier
métallurgiste dont l’œuvre est manifeste est cependant Tubal-Caïn, à la septième
génération, chiffre qui implique une idée d’achèvement∞∞; il s’agit d’une initia-
tion. Il a deux frères de noms semblables (Yabal et Yubal), qui représentent le
nomadisme et la musique, ainsi qu’une sœur, Naama, parallèle à Aphrodite.
Si Caïn représente l’origine de la civilisation citadine – dont la Bible a la
plus grande méfiance –, il est le fruit de l’union d’Adam et Ève, de deux cultu-
res cananéennes issues du serpent et qui aboutissent à la métallurgie. Adam est
expressément rattaché à adama «∞∞terre∞∞», mais son nom peut aussi bien se lire
Édom, qu’on retrouve avec Ésaü et les qénites. Quant à Ève, Gn 4,1 pris littéra-
lement dit qu’elle a engendré «∞∞Caïn avec Yhwh∞∞»∞∞: Yhwh apparaît ainsi
comme en symbiose avec Caïn, et non comme une entité autonome. Le nom
«∞∞Ève∞∞» evc, expliqué comme «∞∞mère des vivants∞∞», se rattache aussi bien au
gentilice ivc «∞∞Hivvite∞∞», qui qualifie une épouse d’Ésaü (dont le nom peut se
comprendre «∞∞le fabre∞∞»)∞∞; c’est une autre forme de l’union entre Adam et Ève.
Ésaü est allié aux Hittites et aux Horites (Gn 36,1-2.20), deux noms d’ailleurs
interchangeables. On les retrouve en Judée et au Sinaï, et cela correspond bien
à la semi-métallurgie ancienne (forgeage) identifiée par l’archéologie.
Quant aux Hivvites, ils descendent de Canaan (Gn 10,17). Selon Jos 11,3 ils
sont au pied de l’Hermon (ou au Liban, Jg 3,3)∞∞; c’est la terre de Bashân, dont
les habitants sont rattachés par les textes d’Ougarit au forgeron Koushar, qui
voue un culte au cuivre en fusion, appelé çlm «∞∞roi∞∞», nom qu’on retrouve dans
la malachite. Selon Gn 6,4 les «∞∞fils d’Élohim∞∞» et les «∞∞filles d’Adam∞∞» se sont
unis pour donner naissance à des géants (cf. Nb 13,33), et une tradition
parabiblique comprend «∞∞habitants de Bashân∞∞» et «∞∞filles de Caïn∞∞».
L’union d’Adam et Ève représente donc la réunion de deux groupes cana-
néens∞∞: les Édomites du sud, avec leur semi-métallurgie primitive et les
Hivvites du nord, qui connaissaient les volcans et leurs coulées de lave en
forme de serpents, mais qui ignoraient les minerais. Ève est créée après Adam,
et en dépend, mais c’est elle qui rencontre le serpent, avec l’invitation à être
«∞∞comme des dieux∞∞», allusion à la symbiose avec le dieu de la caverne. En
1. Dans les récits des origines, il n’est pas douteux que c’est la figure du
créateur qui domine, ce qui est nécessaire au monothéisme strict. Ce fait est en
corrélation avec l’évaluation négative d’une part de Caïn et de sa postérité, et
d’autre part de l’affaire des fils d’Élohim et des filles d’Adam, puisque leur
postérité est qualifiée d’avortons. Il faut observer à ce propos que Tubal-Caïn,
le métallurgiste initié, est l’ancêtre des forgerons du cuivre et du fer (Gn 4,22).
Les forgerons cananéens du cuivre sont donc rejetés dans un passé devenu
inutile ou nuisible. En écho, on trouve les récits de la conquête par Josué,
successeur de Moïse, où aucun compromis avec les Cananéens n’est toléré, et
où le créateur intervient directement dans les événements. Pourtant, l’affaire est
plus complexe, car ces récits sont largement annulés par le livre des Juges, où
la libération est obtenue par des héros inspirés, sans idée de centralisation ni
d’intervention divine directe sur les événements∞∞; il n’y a ni prêtre ni arche
d’Alliance (sauf dans une glose en Jg 20,27-28).
Le yahvisme a donc bien deux piliers∞∞: l’un est local, lié à l’inspiration,
l’autre vient de loin et met en scène un créateur tout-puissant.
minoritaire, opposée à une autre, qui mentionne expressément Yhwh∞∞; l’on re-
trouve ainsi la double dimension du yahwisme. On peut aussi noter que lors de
cette fête il est mentionné une joie extrême liée à une eau jaillissante (ebavwe
im hcmw), ce qui entre bien dans la symbolique initiatique. En tout cas, la con-
troverse sur l’invocation suppose un débat, voire un conflit entre une tendance
dionysiaque locale, qu’on peut rattacher à Josué et à Sichem, et une tendance
opposée, représentée par Moïse (et Abraham). Tacite déclare (Histoire 5.5.5)
que c’est par erreur qu’on a déduit de certains rites que les Juifs étaient des fi-
dèles de Pater Liber (Bacchus)∞∞: en réalité, dit-il, leurs coutumes sont «∞∞bizar-
res et moroses∞∞». La fête des Huttes de Ne 8 indique donc, ou au moins sug-
gère, que les rapatriés de Babylonie ont été soumis en Judée à un «∞∞traitement∞∞»
local, qui d’ailleurs est rattaché au prêtre Esdras, mais non à Néhémie lui-
même.
Severus, patriarch of Antioch from 512 to 518, has usually been studied in
the context of the Christological controversies that arose in the church in the
5th century and continued into the 6th. He was in fact a leader of the movement
that, in the name of fidelity to the Christology of Cyril of Alexandria, excluded
all those who asserted the two natures of Christ after the union. Severus tried to
settle the doctrinal quarrels by anathematizing not only Nestorius (opposed by
Cyril and condemned at Ephesus in 431) and Eutyches (condemned at
Chalcedon in 451), but also the Council of Chalcedon itself and the Tome of
Pope Leo the Great. He saw this policy as a ‘middle way’, or, as he put it, a
‘royal road’ that deviated neither to right nor to left – hence the title of the book
under review. It was expressed in a document known as the Henoticon (‘instru-
ment of unity’) and was upheld by the emperor Anastasius I. When that
emperor was succeeded by Justin I, imperial policy swung round to support for
Chalcedon, which entailed the abandonment of the Henoticon and the fall of
Severus. Nevertheless, the ‘monophysite’ movement, whose durability he did
much to ensure, survived and the ‘Jacobite’ (Syrian Orthodox) church, organ-
ized after his death, remembers him as a founding father. So much can prob-
ably be recalled by those of our readers who have studied the history of the
church or of Christian dogma.
Recently, the standard views about the reception of Chalcedon in the Eastern
parts of the empire, and in particular about ‘monophysitism’, have been ques-
tioned∞∞: Was there in fact a coherent ‘monophysite’ movement∞∞? Is ‘mono-
physite’ an appropriate label for the Christological doctrine upheld by Severus
and his followers (and by the strict Cyrillians in Egypt), and is that doctrine
really incompatible with Christian orthodoxy as defined at Chalcedon and sub-
sequently∞∞? What part did doctrinal dissent play in weakening the Eastern
Roman empire and preparing the way for the loss of Syria and Egypt to the
Arabs∞∞? And what of Severus himself, who, by any account, is a central figure
in the Eastern Roman empire in the early 6th century∞∞? What has been needed is
a full-scale historical study of the patriarch of Antioch, which would bring to-
gether what can be known about him, put that in its historical and geographical
context and assess his place in the imperial Church in the early Byzantine
period. This has now been done superbly by Frédéric Alpi, in a fine work that
originated as his doctoral thesis, prepared under the direction of Bernard Flusin
and defended at the Sorbonne (Paris IV) in 2002.
This beautifully produced book, published in two volumes in Beirut, Leba-
non, under the title La route royale. Sévère d’Antioche et les églises d’Orient
(512-518), appears in the series ‘Bibliothèque archéologique et historique
(188)’ of the Institut français du Proche Orient. It is a pleasure to review it in
these pages, in the hope that it may become well known and widely consulted
by Orientalists and Byzantinists, as well as by historians of church doctrine. For
it is precisely the merit of Frédéric Alpi (hereinafter F.A.) to show that the in-
BULLETIN
Jerusalem Studies in the Synoptic Gospels. – This collective volume3 brings together
a number of previously unpublished studies, most of which refer in some way to the last
week of Jesus’ life. They represent the work of the Jerusalem School of Synoptic
Research. This informal body grew up from and around the joint study of the Gospels
by the late Robert Lindsey (1917-1995), Pastor of Jerusalem’s Narkis Street Baptist
Congregation, David Flusser (1917-2000), Professor of Early Christianity and Judaism
of the Second Temple Period at the Hebrew University of Jerusalem, and Shmuel Safrai
(1919-2003), Professor of Jewish History of the Mishnaic and Talmudic Period at the
same University. The Jerusalem School shares a conviction that the Hebrew language
‘played an integral part’, along with Aramaic and Greek, in the cultural environment of
first century Judaea and is ‘important for our understanding of the teachings of Jesus’.
It also believes that ‘the historical Jesus belonged within the exciting landscape of com-
peting Jewish ideas at the close of the Second Commonwealth’ (pp. 3-4). The first
conviction leads to a view that the Semitic language source or sources behind the synop-
tic Gospels would have been Hebrew rather than Aramaic. Indeed, the characteristic
approach of the Jerusalem School may be said to have begun with Robert Lindsey’s
experience in translating St Mark’s Gospel into Hebrew: he found that Mark is full of
‘non-Hebraic expressions’, from which Luke is largely free. Indeed, Luke has many
Semitisms, a fact already recognized by H.F.D. Sparks, in an article published in the
Journal of Theological Studies in 1943. According to the Jerusalem School, these should
not be explained as ‘Septuagintalisms’; they are evidence of Luke’s closeness to a
Semitic – specifically Hebrew-language – environment. The second conviction enables
the Jerusalem School often to see the New Testament as offering early – not infre-
quently the earliest – evidence of Jewish practices or controversies known later in the
Rabbinical tradition. Incidentally, this approach offers a way to use the rabbinical mate-
rial in studying the New Testament that avoids the anachronism associated with an un-
critical use of Strack-Billerbeck.
Aramaic and Jewish Languages Presented to Moshe Bar-Asher (en hébreu). Vol. I∞∞:
Biblical Hebrew, Masorah, and Medieval Hebrew. Vol. II∞∞: Rabbinic Hebrew and
Aramaic. Vol. III∞∞: Modern Hebrew and Jewish Languages. 16 x 23,5∞∞: LVI-344-184*,
VI-452-84*, VIII-466-156* p., Jerusalem, The Bialik Institute, 2007. — Rel. 3x41,77 $
(978-965-342-945-1∞∞; 978-965-342-946-8∞∞; 978-965-342-947-5).
3 R. Steven NOTLEY, Marc TURNAGE and Brian BECKER (Eds.), Jesus’ Last Week.
Jerusalem Studies in the Synoptic Gospels – Volume One (Jewish and Christian Perspec-
tives, 11). 16 x 24,5; 350 pp. Leiden and Boston: Brill, 2006. – Rel. / 119; US$ 177
(ISBN 90-04-14790-X; ISSN 1388-2074).
The Linguistic Background and Impact of the Parable of the Vineyard, the Tenants and
the Son’ (critical notes on this parable are given in an appendix towards the end of the
volume); Serge RUZER, ‘The Double Love Precept in the New Testament and the Rule
of the Community’; R. Steven NOTLEY, ‘Learn the Lesson of the Fig Tree’ and
‘The Eschatological Thinking of the Dead Sea Sect and the Order of Blessing in the
Christian Eucharist’; Marc TURNAGE, ‘Jesus and Caiaphas: An Intertextual-Literary
Evaluation’; Chana SAFRAI, ‘The Kingdom of Heaven and the Study of Torah’; Brad
H. YOUNG, ‘A Fresh Examination of the Cross, Jesus and the Jewish People’; David
BIVIN, ‘Evidence of an Editor’s Hand in Two Instances of Mark’s Account of Jesus’
Last Week?’. The last two studies are devoted to the question of language: Shmuel
SAFRAI, ‘Literary Languages in the Time of Jesus’, and Hanan ESHEL, ‘Use of the
Hebrew Language in Economic Documents from the Judaean Desert’. Besides the
appendix already referred to, there are an Index of Scripture and Ancient Sources and
an Index of Subjects.
Justin TAYLOR
4 Dietmar NEUFELD (ed.), The Social Sciences and Biblical Translation (Symposium
Series, 41). 15,5 x 23∞∞; X-188 p. Atlanta, Society of Biblical Literature, 2008. — $ 24,95
(ISBN 978-1-58983-347-0).
cantici, Qohelet, Lamentazioni, Ester. Ebraico, greco, latino, italiano. Testo ebraico
della Biblia Hebraica Stuttgartensia. Traduzione interlineare italiana di Mauro BIGLINO.
Testo greco dei Settanta, ed. Rahlfs / Rahlfs-Hanhart. Testo latino della Vulgata Clemen-
tina. Testo italiano della Nuovissima Versione della Bibbia e di Mons. Gianfranco
RAVASI (Cantico dei cantici e Qohelet) (Bibbia ebraica interlineare, 17-21). 17 x 24,5∞∞;
20*-231 p. Cinisello Balsamo, Edizioni San Paolo, 2008. — Rel. / 35,00 (ISBN 978-88-
215-6301-0).
Bible grecque. — Une légende médiévale veut que Simon le Juste, un grand
prêtre prémaccabéen, ait traduit en grec la Bible hébraïque, mais il jugeait im-
possibles certaines allusions messianiques. Il lui fut donné de vivre plusieurs
siècles, pour finalement accueillir Jésus au temple∞∞: «∞∞Mes yeux ont vu ton
salut∞∞» (Lc 2,30).
Contre cette vue traditionnelle faisant de la LXX une avancée vers le chris-
tianisme, N. Fernández Marcos offre une brève synthèse sur cette traduction,
qui fut une Bible juive avant de devenir chrétienne6. Il s’adresse au non-spécia-
liste en dix brefs chapitres suivis chacun d’un complément bibliographique∞∞:
une Bible juive devenue chrétienne∞∞; les origines∞∞; traduction et traducteurs∞∞;
conflits entre hébreu et grec∞∞; les révisions chrétiennes∞∞; les fragments grecs du
désert de Juda∞∞; la LXX et les origines du christianisme∞∞; la Bible des Pères∞∞;
les éditions critiques modernes.
Ce tour d’horizon d’un spécialiste fait le point avec mesure. On ajoutera seu-
lement deux éléments au débat. La Mishna insiste sur l’importance de la Bible
hébraïque, mais signale qu’une traduction grecque fut autorisée (m.Megila
1∞∞:8). Il s’agit non pas de la LXX, mais de la traduction d’Aquila, vers 100.
Celui-ci suit très littéralement le TM, et des sages le félicitèrent (j.Megila 1∞∞:11
קלסו, de kálov, «∞∞déclarèrent bon∞∞»). Le grec était alors dominant en Judée, et
le problème des milieux protorabbiniques n’était pas d’abord de se protéger du
christianisme paulinien, éloigné de la Judée, mais de marquer une séparation
d’avec l’exégèse allégorique à la Philon.
La seconde instance concerne Josèphe. Dans sa paraphrase biblique, il utilise
un texte hébreu glosé, très probablement issu des archives du temple (recueilli
par Titus en 70). Ce texte a des parentés avec des fragments de Qumrân et aussi
avec la LXX, spécialement sous la forme attestée par la recension antiochienne
du IVe siècle (dite «∞∞lucianique∞∞»). E. Tov a montré que les singularités de cette
recension provenaient d’une traduction complète faite sur un hébreu distinct du
TM, et donc apparenté à la source de Josèphe.
8
Jeremy CORLEY & Vincent SKEMP (eds), Studies in the Greek Bible. Essays in
Honor of Francis T. Gignac, S.J. (The Catholic Biblical Quarterly Monograph Series,
44). 15 x 23∞∞; XIV-318 p. Washington, DC, The Catholic Biblical Association of
America, 2008. — $ 18,00 (ISBN 0-915170-43-4).
Sira and Wisdom, the Letter of Aristeas and the Septuagint (JSJ, Suppl. 131). 16,5 x
24,5∞∞; XV-361 p. Leiden-Boston, Brill, 2008 — Rel. / 119,00. $ 189,00 (ISBN 978-90-
04-16908-1∞∞; ISSN 1384-2161).
Judaïsme rabbinique. — L’historia est une enquête sur les faits, qui vise à
l’objectivité, alors que le midrash est une enquête sur les mots de la Bible en
fonction d’un questionnement propre qui la provoque∞∞; c’est donc l’opposé
du commentaire, qui par hypothèse se soumet au texte pour l’expliquer.
J.-G. Kahn, qui a une forte culture classique et a beaucoup travaillé Philon,
expose la nature du midrash dans un ouvrage court mais très fin, sans lourdeur
technique10. Il s’attache surtout à la agada, qui couvre tous les domaines non
légaux du judaïsme (philosophie, poésie, sagesse, récits divers).
Il explique, en l’illustrant par des exemples, que les sciences modernes peu-
vent et doivent en augmenter l’intelligibilité, mais ne peuvent l’emprisonner.
L’histoire générale fournit des cadres, depuis les Perses et Alexandre, mais le
midrash les transforme au profit de récits qui ont le plus souvent l’aspect d’une
parabole et qui sont toujours rattachés à l’Écriture, parfois de manière impré-
vue, presque arbitraire. Les moyens d’expression sont particuliers, car dans la
langue biblique les mots, les expressions, les récits se renvoient constamment
10
Jean-Georges KAHN, Le Midrash à la lumière des sciences humaines. 14x21∞∞; 142
p. Paris, Connaissance et savoirs, 2006. — Br. / 15 (ISBN 978 2 7539 0095 0).
les uns aux autres, dans des jeux indéfinis dépendant largement de l’interprète,
mais celui-ci doit admettre que le tout forme une révélation de Dieu qu’il s’agit
d’expliciter aujourd’hui. Les noms des choses les exprime, mais les déformer
ou les arranger autrement révèle des réalités implicites. La magie n’est jamais
loin, mais les Sages s’en méfient, quoique sans lui opposer une théologie
rationnelle.
Bref, un petit livre à recommander, documenté, réfléchi, respectueux des
sources et accessible au grand nombre. Il n’existe pas d’équivalent en anglais∞∞!
11
Elizabeth Shanks ALEXANDER, Transmitting Midrash. The Shaping Influence of
Oral Tradition. 16x23,5∞∞; xvi-246 p. Cambridge, University Press, 2006. — Rel. $ 75,
£ 45 (ISBN 978 0 521 85750 5).
12 Yonatan KOLATCH, Masters of the Words. Traditional Jewish Bible Commentary
from the First through Tenth Centuries. Vol. I. 16x23,5∞∞; xviii-454 p. Jersey City,
KTAV Publishing House, 2006. — Rel. $ (ISBN 978 088125 936 0).
13
Dirk Kurt KRANZ, Ist die griechische Übersetzung der Heiligen Schrift der LXX
inspiriert∞∞? Eine Antwort nach den Zeugnissen der Kirchenväter (2.-4. Jh.) vor dem
Aufkommen der diskussion um die∞∞» hebraica veritas «∞∞ (Studi e Ricerche, 3). 17x24∞∞;
264 p. Roma, Ateneo Pontificio Regina Apostolorum, 2005. — Br. / 12 (ISBN 88
89174 29 3). Pour une réhabilitation de la LXX sous un autre angle, cf. RB 105 (1998),
p. 426-430.
Ben Sira. — Le livre de Ben Sira occupe une position canonique instable∞∞:
il n’est pas dans le TM, mais le Talmud le cite, et certains fragments de la
geniza du Caire ont reçu la vocalisation massorétique. Il a fait l’objet d’une
Conférence internationale tenue en 2006 à Pápa (Hongrie)∞∞; G. G. Xeravits
et J. Zsengellér en présentent les communications, en trois parties suivies
d’index14.
I. Introductory Matters.
– Maurice GILBERT, «∞∞The Vetus Latina of Ecclesiasticus∞∞», montre que les
suppléments de cette version proviennent d’un original grec perdu, lui-même
fondé sur une forme plus longue de l’hébreu – également perdue.
– Frank FEDER, «∞∞The Coptic Version(s) of the Book of Jesus Sirach∞∞», se
désole de l’absence d’édition critique de l’AT copte (sahidique et bohaïrique),
mais constate l’importance qu’a eue Si dans les lectionnaires traditionnels.
– Gabriele BOCCACCINI, «∞∞Where does Ben Sira Belong∞∞? The Canon,
Literary Genre, Intellectual Movement, and Social Group of a Zadokite Docu-
ment∞∞», cherche à situer Si dans un courant de sagesse favorable à l’élection
d’Israël, à la loi de Moïse, au culte de Jérusalem et aux grands prêtres issus
d’Aaron (Si 44,24). Il croit pouvoir le qualifier de «∞∞sadocide∞∞», à la lumière d’un
poème figurant uniquement dans le ms. A de la geniza du Caire après Si 51,12.
Cette dernière assertion est exagérée, car cet hymne loue Dieu d’avoir
choisi ∞∞« בני צדוק לכהןdes fils de Sadoq pour officier∞∞» et non ∞∞« לכהניםcomme
prêtres∞∞». Il faut se rappeler que l’ancêtre de ce ms. provient de Qumrân, de
même que des fragments du Document de Damas, où on lit que l’assemblée se
compose de quatre classes (CD 3∞∞:18-4∞∞:4)∞∞: les prêtres, les lévites, les fils de
Sadoq et les néophytes ()גרים. Ainsi, les «∞∞fils de Sadoq∞∞» ou membres ordinai-
res, peuvent être appelés à des rangs plus élevés, ce qui ne dépend d’aucune
généalogie. Il n’y a pas d’indice clair que les grands prêtres prémaccabéens
(oniades) aient été des «∞∞sadocides∞∞».
– Stefan SCHORCH, «∞∞The Preeminence of the Hebrew Language and the
Emerging concept of “∞∞Ideal Text∞∞” in Late Second Temple Judaism∞∞», observe
que le prologue du traducteur de Si valorise l’hébreu, bien distingué de
l’araméen (alors que plus tard on les confond, cf. Philon et le NT)∞∞; le contact
avec l’original a plus de force (cf. Dt 28,58 qui demande de se référer à «∞∞ce
livre∞∞»).
Il reste un problème∞∞: le prologue souligne la force de l’original hébreu
(l. 22), mais il ajoute que les traductions (grecques∞∞; peut-être araméennes) dif-
fèrent grandement des originaux, ce qui contredit les affirmations de la Lettre
d’Aristée.
– Armin LANGE, «∞∞“∞∞The Law, the Prophets, and the Other Books of the
Fathers∞∞” (Sir, Prologue). Canonical Lists in Ben Sira and Elsewhere∞∞?∞∞», mon-
tre qu’il ne s’agit pas proprement d’un canon tripartite∞∞: tous les livres juifs sont
inclus sans restriction dans la troisième catégorie∞∞; Si y a sa place.
14
Géza G. XERAVITS, József ZSENGELLER (eds), Studies in the Book of Ben Sira.
Papers of the Third International Conference on the Deuterocanonical Books, Shime'on
Centre, Pápa, Hungary, 18-20 May, 2006 (JSJ, Suppl. 127). 16,5 x 24,5∞∞; XIII-267 p.
Leiden, Boston, Brill, 2008. — Rel. / 99,00. $ 158,00 (ISBN 978-90-04-16906-7∞∞; ISSN
1384-2161).
15
Oliver GUSSMANN, Das Priesterverständnis des Flavius Josephus (Texts and
Studies in Ancient Judaism, 124). 15,5 x 24,5∞∞; XV-514 p. Tübingen, Mohr-Siebeck,
2008. — Rel. / 120,00 (ISBN 978-3-16-149562-5).
tums in Alexandria (Stuttgarter Bibelstudien, 213). 13,5 x 21∞∞; 126 p. Stuttgart, Verlag
Katholisches Bibelwerk GmbH, 2007. — / 22,80 (ISBN 978-3-460-03134-0).
die Gegenwart (Stuttgarter Bibelstudien, 210). 13,5 x 21∞∞; 224 p. Stuttgart, Verlag
Katholisches Bibelwerk GmbH, 2006. — / 29,90 (ISBN 978-3-460-03104-3).
18
John REUMANN, Philippians. A New Translation with Introduction and Commen-
tary (Anchor Yale Bible, 33B). 24 x 16; xxiv-805 pp. New Haven and London, Yale
University Press, 2008. — Hardback. $55,70. ISBN 978-0-300-14045-3.
mediately to the verse or passage in which they are interested without working
through the introduction. Thus, Reumann, reduces his introduction to Phil to
the minimum. The city is treated in less than a page with emphasis on its
Romanitas and its lack of Jews. The accompanying bibliography is longer than
the text, but astoundingly omits the fundamental study by Pilhofer. The evange-
lisation of the city is dealt with in a brief summary of Acts 16:11-40 and 20:1-
6 without comment or explanation. Then R. turns to Paul’s epistolary relations
with Philippi and the type of contacts they imply. These latter point to Ephesus
as the place of composition rather than Caesarea or Rome.
R. believes that Phil is a collection of 3 originally independent letters, which
were written in the following order: Letter A: 4:10-20; Letter B: 1:1-3:1 +
parts of 4:1-9 and 4:21-23; Letter C: 3:2-21 + perhaps parts of 4:1-9. The two
bland remarks that R. offers as justification are completely inadequate. Instead
of going into the problem in depth, he gives space to rhetorical approaches and
chiastic structures considered to prove the integrity of Phil. These, however, he
presents without criticizing! The letters were probably combined at Philippi in
the last decade of the first century. R. then goes on to offer a detailed chronol-
ogy of Paul years in Ephesus, dating Letter A to 53-54, Letter B to 54-55, and
Letter C to 55.
I have always been convinced of the strength of the arguments used to
divide Phil into three letters, and I have proposed the same contours as those
put forward by R. though with greater precision. At one stage I also thought
that Letter C was written last, but now I incline to think that it was composed
not long after Gal, when Paul realized that the Judaizers from Antioch,
who had troubled the churches in Galatia, were following his footsteps to
the west. Philippi would have been the next on their list. It was followed
by Letters A and B in that order. The imprisonment of Paul must be dated
to the late summer of 53-54 after a new proconsul had taken up office.
R’s presentation of the chronology of Paul’s years at Ephesus is needlessly
imprecise, and is complicated by a rather bizarre view of the apostle’s corre-
spondence with Corinth. Among other points he manages to give the impres-
sion that 2 Cor was composed at Ephesus, and then says it explicitly on
p. 79.
For R. Timothy is merely a co-sender of one or all the letters in Phil, and in
no sense a co-author. In this R. wanders through a rather dated bibliography,
and comes nowhere near justifying his position. Rightly, however, he associ-
ates episcopoi and diakonoi with the financial aid that Philippi sent to Paul on
more than one occasion. There had to be someone to collect the individual con-
tributions and to ensure that the entire sum was sent on to Paul.
The ‘thanksgiving’ in Phil 1:3-11 is one of the richest in the Pauline letters.
R. treats it first from a formal point of view dealing briskly with form criticism,
rhetorical function, and liturgical elements. He insists that it is ‘a prayer report’
not an invocation, and is unduely sceptical regarding its rhetorical role, while
righly rejecting suggestions of liturgical style. To which of the three letters
does it belong? With some hesitation R. reasonably opts for Letter B. One
would have liked R. to have investigated the concept of gospel ‘partnership’
more thoroughly, particularly given the important role that women played in
prend un essor dans le monde gréco-latin19. Il en suit les différentes étapes, de-
puis les débats entourant la formation du NT jusqu’à la définition solennelle du
Concile de Trente, en passant par les traductions juives, Origène, Jérôme et
Augustin, lequel à la suite d’Ambroise de Milan ne conçoit de roi que chrétien.
En conclusion, l’A. prêche pour une promotion séculière de la Bible, comme
objet culturel ayant façonné l’Occident, en la distinguant de l’Écriture, objet
religieux quelque peu confisqué par les clercs.
Sur les avatars de la Bible, de sa canonisation, des difficultés textuelles de la
Vulgate latine, l’A. offre une documentation étoffée, peut-être trop copieuse
pour le lecteur éclairé à qui il s’adresse, mais il néglige l’influence culturelle du
christianisme, ce qui prive de base son plaidoyer final pour la laïcité, et il ne se
demande pas pourquoi l’influence de la Bible – ou du christianisme – aura été
si différente en Orient et en Occident. En effet le processus moderne de
sécularisation, proprement occidental, est à la fois issu du christianisme, qui
cherche le réel derrière les apparences mythiques, et en même temps largement
opposé à ses autorités constituées, d’où des crises à répétition. Le gallicanisme
en fournit un bon exemple∞∞: la doctrine de Bossuet sur la royauté de droit divin
utilise un langage chrétien, mais surtout affirme qu’elle n’est pas de droit ponti-
fical. On est loin de Charlemagne, ou de la pratique d’un Innocent III, qui au
XIIIe siècle faisait et défaisait rois et empereurs.
Étienne NODET.
vincere (Fame e sete della Parola. Personaggi, 45). 12,5 x 20∞∞; 183 p. Cinisello Balsamo,
Edizioni San Paolo, 2008. — / 14,00 (ISBN 978-88-215-6153-5). (Original∞∞: Biblical
Human failures. Lot, Samson, Saul, Jonah, Judas, Ottawa, Novalis, 2007).
22 Olivier de BERRANGER, L’évangile selon Marc. Une lectio divina. 14 x 21∞∞; 249 p.
partir de son terme. Mais, dans les limites du langage humain, le dialogue
n’aboutit pas, et K. M. Hogan, dans une thèse conduite avec finesse et clarté,
juge que la clé du livre est le quatrième épisode24, qui éconduit toute théodicée
rationnelle et annonce une restauration de Sion «∞∞au temps fixé∞∞». Il s’agit
d’une combinaison dynamique de la sagesse de l’Alliance avec l’apocalyptique,
qui peut être exprimée par une symbolique religieuse.
24
Karina Martin HOGAN, Theologies in Conflict in 4 Ezra. Wisdom Debate and
Apocalyptic Solution (JSJ, Suppl. 130). 16,5 x 24,5∞∞; XVI-271 p. Leiden, Boston, Brill,
2008. — Rel. / 95,00. $ 149,00 (ISBN 978-3-90-04-12969-6∞∞; ISSN 1384-2161).
25 Liv Ingeborg LIED, The Other Lands of Israel. Imaginations of the Land in
2 Baruch (JSJ, Suppl. 129). 16,5 x 24,5∞∞; XX-375 p. Leiden, Boston, Brill, 2008. — Rel.
/ 119,00. $ 189,00 (ISBN 978-90-04-16556-4∞∞; ISSN 1384-2161).
AGYEI BONNAH George Kwame. The Holy du Cerf, 2010. (260 p.), 21 cm. – ISBN
Spirit∞∞: a narrative factor in the Acts 978-2-204-09081-0.
of the Apostles. (Stuttgarter biblische Bei-
träge, 58). Stuttgart∞∞: Verl. Katholisches BARK Franziska. Ein Heiligtum im Kopf
Bibelwerk, 2007. (422 p.), 21 cm. – ISBN der Leser∞∞: Literaturanalytische Betrach-
978-3-460-00581-5. tungen zu Ex 25-40. (Stuttgarter Bibel-
studien, 218). Stuttgart∞∞: Verl. Katho-
ALPI Frédéric. La route royale ∞: Sévère d'An- lisches Bibelwerk, 2009. (172 p.)∞∞: ill.,
tioche et les Églises d'Orient (512-518). 21 cm. – ISBN 978-3-460-03184-5.
(Bibliothèque Archéologique et Histori-
que [BAH], t. 188). Beyrouth∞∞: Institut BERNAT David A. Sign of the Covenant∞∞:
Français du Proche Orient, 2009. 2 vols. circumcision in the priestly tradition.
(VIII-361, 176 p.)∞∞: ill., 28 cm. – ISBN (Ancient Israel and its literature, no 3).
978-2-35159-154-3. Atlanta (Ga.)∞∞: Society of Biblical Litera-
ture, 2009. (XII-163 p.), 23 cm. – ISBN
ANDERSON Paul N., JUST Felix, S.J., THAT- 978-1-58983-409-5.
CHER Tom (eds). John, Jesus, and
history∞∞: Vol. 2. (Early Christianity and its
literature, no 2). Atlanta (Ga.)∞∞: Society of BOTTA F., ANDIÑACH Pablo R. (eds). The
Biblical Literature, 2009. (XI-455 p.)∞∞: Bible and the hermeneutics of liberation.
ill., plan, 23 cm. – ISBN 978-1-58983- (Semeia Studies, 59). Atlanta (Ga.)∞∞:
392-0. Society of Biblical Literature, 2009.
(XII-259 p.), 23 cm. – ISBN 978-1-
ANNUS Amar, LENZI Alan (introduction, 58983-241-1.
cuneiform text, and transliteration with
a translation and glossary). Ludlul Bel BROER Ingo. Evangelienstudien. (Stuttgarter
Nemeqi∞∞: the standard Babylonian poem Biblische Aufsatzbände, 41). Stuttgart∞∞:
of the righteous sufferer. (State Archives kbw Bibelwerk, 2007. (296 p.), 21 cm. –
of Assyria Cuneiform Texts, vol. 7). Hel- ISBN 978-3-460-06411-9.
sinki∞∞: The Neo-Assyrian Text Corpus
Project, 2010. (LVI-68 p.), 25 cm. – ISBN BURKE David G. (ed.). Translation that
978-952-10-1334-8. openeth the window ∞ : reflections on the
history and legacy of the King James
[ASSOCIATION FRANCOPHONE OECUMÉNIQUE Bible. (Biblical Scholarship in North
DE MISSIOLOGIE]. Figures bibliques de la America [SBL], no 23). Atlanta (Ga.)∞∞:
mission∞∞: exégèse et théologie de la mis- Society of Biblical Literature, 2009.
sion∞; approches catholiques et protestan- (XXIII-274 p.), 23 cm. – ISBN 978-1-
tes. (Lectio Divina, 234). Paris∞∞: les Éd. 58983-356-2.