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\ LA HOTTE D’ERARD
Invente, ou du moins décrit pour la pre-
mi&e fois nar Erard ~OU Everard. savant in-
gknieur kilitaire lorrain et auteur d’un
traité sur les fortifications qui fit autorité au
XVIe sikle), cet engin, des plus ancienne-
ment connus, fait appel à la faim, la soif,
et la gourmandise des victimes.
Il consiste en une hotte d’osier, du type ha-
bituellement utilisé par les marchands am-
bulants qui suivalent alors les armées, à
moitié remplie de grenades et artifices di-
vers, noyés dans de la poudre grainke rem-
plissant les interstices. Par-dessus cette
Ïnasse pyrotechnique, le chargement est
comnlété iusou’au bord des denrées comes-
tibles, aus& alléchantes que possible : fruits,
œufs, petits pains voire flacons de liqueur.
Abandonnée lors d’une retraite au milieu
des mille objets que laisse en s’enfuyant une
troupe en déroute, elle offre ainsi son
contenu app&issant aux poursuivants, géné-
ralement harassés, affamés et assoiffés. Une
platine à muet, à la détente de laquelle est
fixé un fil entortillé dans les denrées, se dé-
clenche lorsque l’on veut se saisir de celles-
ci, avec les &ultats que l’on peut supposer
surtout si l’assistance, atti&e par l’aubaine.
est nombreuse.
LES PL’?GES A FEU
LE “COFFRE D’ARTIFICE”
D’inspiration voisine de celle de l’engin pré-
cbdent, c’est cette fois-ci à la cupidité qu’il
est fait appel. Le Pi&ge est alors constitué
par un coffre ou une grosse malle, chargé
de la même façon de poudre farcie de dl-
verses gâteries explosives, plack sur une pe-
tite charette à deux roues du modhle alors
employé couramment pour le transport des
bagages. Une bâche plus ou moins bien fi-
celée recouvre l’objet qui explose lorsque
l’on essaie de le découvrir, par l’effet d’une
platine dont un fil mince et peu visible relie
la détente A la bâche.
Comme l’engin précédent, celui-ci s’emploie
lors d’une retraite où il fait figure d’un ba-
gage d’officier abandonne, laissant présager
un intéressant butin. On peut ajouter, pour
mieux endormir la dkfiance, un cheval mort
entre les brancards de la charette gui
achéve de confirmer l’impression d’un aban-
don naturel.
On doit également cette invention A un
marchand ambulant du XVIe sikle, de ce
faisant les champs de bataille pour en ack
ter les fruits des pillages et qui, ayant
a diverses reprises son convoi pillé par c
trainards ou des maraudeurs, aurait imagi
la chose pour les en dissuader.
LA CHARETTE DE BOIS
Variante de l’engin prkcédent, il s’agit tc
jours d’une charrette, mais cette fois-ci si
plement chargée de pi&es de bois, dont 1“
pect anodin n’éveillait pas la méfiance. 1
nombreux véhicules de ce genre, ainsi ch,
gés de matkiaux pour les travaux de retra
chement ou de castrametation (l), suivait 1
armkes en campagne. Seulement ici, ces p
ces de bois ont été préalablement perce
de part en part dans leur longueur,
moyen d’une longue tarière, et bourr&s
poudre avec ou non adjonction de proje
tiles, puis, les orifices d’entrée et de sofi
de ces trous Obtu&s et dissimulés par u
phte de sciure de bois et de colle, les re
dant invisibles.
Une platine, disposée dans un évideme
d’un de ces madriers fait exploser le to
uroietant dans tous les sens des éclats
bois meurtriers, lorsque l’on dérange
chargement. Parfois, cette mise 21 feu se t
sait à distance, au moyen d’un long fil d’ar- aemmenr er mis a reu ae la meme m a - Lors des r&ents “événements d’Alg&
chai relié à la platine, par un volontaire dis- nière. Une variante remplace ce charge- rie”, une tentative de remise en honneur
simulé à proximitk et attendant le moment ment par un gros faisceau de vieux ca- de 1”‘âne piégé” eut lieu pour la destruc-
propice d’un rassemblement autour du vé- nons de mousquets chargés jusqu’à la tion d’un pylône radio, sis a quelques ki-
hicule. bouche. Des petits “saucissons” (tubes de lomètres de l’autre cBté de la frontihre
toile bourrés de poudre et utilisés marocaine. Mais heureusement pour lui,
L’ANE FLINGUEUR comme artifices de mise à feu avant l’in- l’animal porteur d’une forte charge d’ex-
Version mobile des engins précédents, ce vention de Bickford) relient les lumi8res plosif avec un dispositif de mise de feu
piége tomberait de nos-jours sous le coup entre elles et à la platine. Il est possible a retardement, qui avait été attaché nui-
de la loi Grammont et dklencherait les fou- alors,, par une disposition judicieuse des tamment au susdit pylbne, r&ssit à se
dres de la S.P.A. Le véhicule “porte-Pi&ge” canons et de leur amorçage, d’obtenir libérer et revint en tout innocence re-
y est en effet remplacé par un gentil petit un tir en salve de plusieurs secondes dis- joindre ses tortionnaires, qui eurent
bourricot qui du coup se trouve sacrifié dans pers8 en direction par les mouvements alom juste le temps de désamorcer la
l’affaire. (On peut aussi employer un cheval, alors certainement désordonnés de I’ani- charge. L’opération, renouvelée la nuit
dans quel cas les auteurs rapportant le pro- mal. suivante avec une simple bicyclette qui
cédé conseillent de le choisir “de peu de va- L’avantage de, l’âne sur la charrette est n’offrait pas le méme risque, réussit plei-
leur”. que non seulement il peut étre laissé nement, amenant par contrecoup le dé-
L’animal porte alors sur son bbt un coffre derrihre soi lors d’une retraite, mais c& d’un des gardiens du pylône, tué sui-
ou un chargement de bois, comme pnké- aussi abandonné divaguant, de prkfé- vant le rapport qui s’ensuivit, “par pé-
rente la nuit, dans le no mank land dale de ~610 en pleine tête”, fait encore
ft) Castram&atlon: “art de chowr ef de dIsposer s’étendant entre deux armkes sur leurs jamais relaté dans les annales de la chi-
l’emplacement d’un camp”. positions respectives. rurgie militaire.
m&mes “piégfk”. Citons à ce sujet, sou- cupidité... ou simplement esprit de dé- d’ailleurs le plus grand usage, les por-
venir Dersonnel de la fin de la der-’ rision. Elles donnent alors lieu à des tant rapidement à la perfection.
niére Guerre, une certaine coupe de types.classiques de piéges, adaptés aux
fruits piégée placée sur une table en circonstances sous une infinité de va- Epoque trouble, agitée, tout en étant
face d’un grand portrait du führer... si riantes. Ces demihres seront parfois féconde en inventions de toutes sortes.
’ une inspiration soudaine ne nous avait tr& élaborées, l’efficacité du piége dé- ce siécle fut celui du “piége” sous tou-
pas retenu d’envoyer un de ces fruits pendant avant tout de la dissimulation tes ses formes et avec tous ses raffi-
juteux à souhait, en pleine “poire” du- de son identité. D’où obligation à un nements. Car, si les piégez4 ‘3 feu”
dit Adolf, hous serions probablement continuel renouvellement de son as- étaient de “belles vacheries”... que dire
actuellement dans l’impossibilité de pect extérieur, sur un principe sensi- des bouquets et gants empoisonnés
rapporter la chose. blement identique. dont on faisait alors un certain em-
Ces différentes formes d’objets piégés, ploi... eux aussi étaient des pièges au-
faisant appel aux rbflexes ou aux sen- Le XVIe sikle vit naître les premiéres prés desquels “coffres d’artifices” e!
timents de l’individu apparaissent d&s manifestations des objets piégés qui “hottes .d’Erard” font figure de réalisa-
les origines: faim, soif, gourmandise, furent trés vite populaires: il en fit tions enfantines. W
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L
dans le paquetage individuel des re-
que l’a caricaturé Steinlein, qui crues. Large d’un peu plus de 5 cen-
n’aimait oas la “réaction”. et tel timètres, ce collier rigide se ferme sur
qu’on peut le ;oir au cabinet des Es- la nuque au moyen de deux crochets,
tampes, agressivement campé dans ses à l’instar des “trottoirs à puces” de nos
bottes, le poing sur la hanche, I’œil do- arrières grand-mères. Utilité ? Amélio-
minateur, la moustache en croc, est D E NOBLET rer la tenue du militaire pendant les pa-
l’incarnation même de la vieille culotte rades et les défilés. Tête droite ! Pas
de peau-peau de vache. Cette terreur tigieux marines américains ? L’origine question de loucfier sur le bout de ses
des communards fit - excusez du peu ! lointaine de leur surnom ne manque croquenots quand on a l’honneur d’ap-
- les campagnes de Crimée, d’Afrique, pas de panache. partenir aux marines ! Le collier de cuir
d’Italie, du Mexique, la guerre de 1870 ne fut retiré de l’uniforme qu’en 1872,
et une expédition en Algérie, avant de Le premier bataillon de fusiliers marins le commandement considérant qu’il
devenir, entre autres, ministre de la - 268 hommes - fut recruté à Phila- était devenu superflu. “Une sorte de
Guerre dans le cabinet Waldeck-Rous- delphie en novembre 1775, habillé de mutation avait dü intervenir après plu-
seau. On l’appelait “Ventre d’argent” vestes vertes à revers blancs arrondis, sieurs générations de marines, com-
parce qu’à la suite de terribles blessures de gilets et de pantalons blancs enfilés mente un historiographe. Probablement
un toubib ingénieux lui avait cuirassé dans des guêtres noires, épaulettes d’ar- ceux-ci naissaient-ils désormais avec un
l’abdomen d’une plaque métallique. “II gent sur l’épaule droite, et aussitôt en- cou en cuir !”
offrait aux dames de le tâter”, dit avec gagé dans la guerre d’Indépendance
réprobation la comtesse Jean de Pange, contre les Anglais. En 1781, les Anglais De 20000 hommes en 1939, porté à
qui, au début du siècle, rencontrait capitulent définitivement devant les in- 485 OCQ en 194.5 pour la campagne du
dans les salons ce cavalier beau parleur. surgents ; le corps des marines, fort de Pacifique (sur un total de 16 millions
124 officiers et de 3 000 hommes, &t d’Américains, hommes et femmes, in-
Comment ne pas penser à Nez-de-cuir, dissous. En 1798, on le reconstitue corporés dans les forces armées de 1941
gentilhomme d’amour ? contre l’allié de la veille devenu I’en- à 1945), l’effectif des marines était ra-
Et comment ne pas passer, de fil en nemi du jour, les Français : 33 officiers, mené en 1971 à 212000 hommes. Cela
aiguille, du héros fictif de la Varende 848 sous-officiers, fifres, tambours et fait encore beaucoup de nuques raides
aux “nuques de cuir”, les légendaires fusiliers de seconde classe. C’est à ce dans le monde, si l’on se souvient des
mais bien réels leather necks, les pres- moment qu’un ruban de cuir noir entre modestes débuts de cette unité d’élite.