Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
A Madame le Docteur Marie-Claude VINCENT, pour nous avoir fait l'honneur de diriger cette thèse.
Nous vous remercions pour votre présence, votre soutien, votre investissement et votre
bienveillance tout au long de ce travail. Nous vous remercions également pour la richesse
intellectuelle que vous avez apportée dans nos échanges, au-delà du cadre formel de cette thèse.
Aux membres du jury de cette thèse : Monsieur le Professeur Bernard BONIN, qui nous a fait
l'honneur d'accepter de présider le jury et de juger ce travail, Madame le Professeur Irène FRANCOIS-
PURSSELL et Monsieur le Docteur Benoît TROJAK, qui nous ont fait l'honneur d'accepter de juger ce
travail.
A Madame Marie-Claude FRENISY, Docteur en psychologie, pour avoir accepté de relire notre travail
et de l'avoir éclairé par son expérience de longue date au sein de la CUMP Bourgogne.
Aux chefs de service et psychiatres qui m'ont accueilli et formé : Monsieur le Docteur Abdelaziz
BADER, Madame le Docteur Martine CHEVANCE, Madame le Docteur Muriel ROY, Monsieur le
Docteur Pierre LORIOT, Madame le Docteur Laetitia ROBERT, Madame le Docteur DUPERRET,
Madame le Docteur Nicole GUIDOT, Madame le Docteur Maude BENETTI, Madame le Docteur
Hélène PIGOT, Madame le Docteur Martina BREVET, Monsieur le Docteur Emilian VALCU, Monsieur
A tous mes co-internes bien sûr, qui ont richement coloré mon internat et ont largement dépassé le
cadre de simples collègues ! A la "famille" de Sevrey donc : Jerem' , Lisou, Sophie et Ines, Thibault et
Val', Carott', Helo, Clairette, Aubry , François, Jeanf, Eugénie, Yanni, Thibault P et tous les autres
A tous les médecins, les psychologues, les équipes soignantes, les secrétaires avec lesquels j'ai
l'Humain.
Mes parents, pour tout l'amour qu'ils n'ont jamais cesser de me donner. Mes chers frères et ma
grand-mère bien-aimée. Toute ma famille et belle famille... Et tous mes amis, ici ou ailleurs, de bac à
Enfin, je dédie cette thèse à mon fils Arsène et à Julie ma jolie walkyrie... Vous qui me comblez de
bonheur.
TABLE DES MATIERES
Introduction................................................................................................................................... 20
1. Généralités ............................................................................................................................ 28
10
e) Critères de vécu traumatique et indices prédictifs de syndrome psychotraumatique ..... 35
11
D. Epidémiologie ............................................................................................................................ 49
E. Evaluation .................................................................................................................................. 51
2. Application en milieu civil, le modèle français des CUMP (Cellules d'Urgence Médico-
Psychologique) .............................................................................................................................. 64
12
a) Formation des CUMP......................................................................................................... 64
a) "Conséquences des maltraitances sexuelles, les reconnaitre, les soigner, les prévenir",
a) Lignes directrices sur les conditions spécifiquement liées au stress (" Guidelines for the
c) "Les premiers secours psychologiques : guide pour les acteurs de terrain", 2012 .......... 77
13
C. Soins médico-psychologiques précoces après un traumatisme psychique ............................. 80
a) Historique du débriefing.................................................................................................... 86
(3) Le Critical Incident Stress Debriefing (CISD) de Mitchell, puis le Critical Incident Stress
14
(c) Alternatives au débriefing ................................................................................... 104
1. Les premiers secours psychologiques ("Psychological First Aid" ou PFA) ........................... 111
3. L'hypnose............................................................................................................................. 116
15
g) Phase 7 : Clôture.............................................................................................................. 130
Yoeli.........................................................................................................................................140
c) Le "R-TEP protocole adapté aux heures de l’événement " ("Early interventions continued
- R-TEP protocol adaptation to hours from the event") de Elkins et Flint .............................. 142
d) Le protocole d'EMDR modifié de Kutz et al. (Modified Abridged EMDR Protocol) ........ 142
(1) Le "Recent Traumatic Episode Protocol (R-TEP) de Shapiro et Laub ...................... 143
(2) L' "EMDR Protocol for Recent Critical Incidents" (EMDR-PRECI) de Jarero et Artigas.
.................................................................................................................................145
(3) Le protocole EMDR individuel pour un usage paraprofessionnel dans les situations
16
b) Protocoles EMDR pour une utilisation groupale ............................................................. 149
(2) Le protocole "Integrative Group Treatment Protocol" (IGTP) de Jarero et Artigas 149
5. Conceptualisation de la prise en charge du trauma aigu en EMDR par Elan Shapiro ........ 156
ANNEXES...................................................................................................................................... 207
17
Liste des sigles et abréviations
CN = Cognition Négative
CP = Cognition Positive
18
EMD = Eyes Movement Desensitization
EMDR-PRECI = Eyes Movement Desensitization and Reprocessing Protocol for Recent Critical
Incidents
IM = intra-musculaire
IV = intra-veineuse
NMDA = N-Méthyl-D-Aspartate
PD = Process Debriefing
19
PDI = Peritraumatic Distress Inventory
Introduction
confrontation brutale à certaines réalités peuvent naître des blessures profondes, les "traumatismes
20
psychiques". Le trauma accompagne l'Homme sans doute depuis ses origines . Pourtant, et malgré la
récent. Il se développe surtout à partir de la seconde moitié du XIXème siècle et connait un essor
marqué au XXème siècle, porté notamment par les conséquences des guerres (guerre russo-
japonaise, les 2 conflits mondiaux, la guerre du Vietnam en particulier) (217). Actuellement, les
institutions et les professionnels de santé, ainsi que la population paraissent davantage avertis et
et spontanément posée dans des climats de tension tels que connaît la France depuis quelques
années notamment, en lien avec la violence du terrorisme de masse. La prise en charge du trauma se
retraitement par les mouvements oculaires) est une psychothérapie d'apparition récente, traitant les
psychotraumatismes, et qui est reconnue pour son efficacité dans le traitement des états de stress
cette thérapie, et notre travail s'interrogera notamment sur son intérêt dans la prise en charge du
trauma en phase aiguë, c'est à dire en phase immédiate et phase post-immédiate, périodes allant du
Une première partie sera consacrée au traumatisme psychique et à son retentissement clinique en
phase aiguë. Dans une seconde partie seront traitées des approches thérapeutiques utiles
21
actuellement pour sa prise en charge médico-psychologique précoce. Dans une troisième partie
l'EMDR sera abordée ainsi que l'état actuel de la recherche et des applications concernant cette
psychothérapie dans la prise en charge aiguë du trauma, suivi d'une discussion. Précisons que
I. Le traumatisme psychique
Des descriptions de sujets affectés par des troubles psychotraumatiques peuvent être retrouvées dès
l'antiquité, mais c'est surtout à partir du XIXème siècle que ces syndromes sont mentionnés dans les
traumatique sont rapportées par Pinel en 1809 (328), c'est Oppenheim et Thomsen qui la
caractérisent sur le plan nosographique dans un article en 1884 (316; 174) dans un contexte
d'époque marqué par de nombreuses victimes d'accidents ferroviaires. Ces auteurs lui attribuent une
étio-pathogénie traumatique.
Par la suite, de nombreux auteurs vont tenter de définir les processus psychiques entrant en jeu dans
le traumatisme psychique. Orientant notre travail sur l'aspect clinique du trauma et sa prise en
charge thérapeutique, nous n'esquisserons ici que certains contours de ces approches théoriques.
Janet a avancé les premières théories psychologiques du trauma en 1889 (200) : ce dernier serait
22
violent, qui subsisteraient comme un "corps étranger". Il y aurait alors une "dissociation de la
traumatiques) appelée "idée fixe" par Janet est logée dans le préconscient "à la manière d'un
façon adapté, l'idée fixe, autonome, est capable de provoquer des manifestations psychiques ou
automatiques..).
Janet décrit que les sujets traumatisés "semblent arrêtés dans l’évolution de la vie, ils sont accrochés
à un obstacle qu’ils n’arrivent pas à franchir" (201) et ils perdent aussi la capacité "d’avoir la
certain point ne pouvait plus s’accroître par l’adjonction, l’assimilation d’éléments nouveaux"(202).
Quelques années plus tard, Freud (165) adapte les hypothèses de Janet et préfère parler de
"réminiscence" plutôt que d' "idée fixe". Il affine ses idées sur la conception du trauma et oppose les
névroses de transfert, caractérisées par l'amnésie, aux névroses traumatiques, caractérisées par
l'hypermnésie. Le refoulement mis en œuvre dans la névrose de transfert serait impossible dans la
névrose traumatique. Les symptômes diffèrent aussi en fonction du type de névrose : si ceux de la
névrose de transfert sont des traductions métaphoriques d'un trauma initial, ceux de la névrose
traumatique restent des répétitions incessantes du trauma vécu par l'individu. Par ailleurs, dans son
essai "Au-delà du principe de plaisir" (162), Freud appréhende le psychisme comme une "vésicule
vivante", système énergétique en constant remaniement, qui serait protégé par une couche de
nuisibles externes. Ce "pare-excitation" serait plus ou moins fort en fonction de la constitution des
individus et serait aussi susceptible d'être renforcé par la mobilisation d'énergie psychique interne. Il
23
y aurait trauma lorsque les "excitations externes sont assez fortes pour faire effraction dans la vie
psychique du sujet".
Pour Ferenczi (153; 152; 150) , le trauma résulte d'un choc qui fait éclater la personnalité du sujet.
L'événement traumatique est soudain et inattendu. La première réaction au choc est considérée
comme un état de "psychose passagère" où le sujet expérimente une rupture avec la réalité. Il s'en
suit une sidération psychique et le recours par l'individu à des mécanismes de défense tels que le
d'anéantissement du sentiment de soi. C'est à ce moment la seule possibilité pour le sujet d'éviter
une destruction totale. En cas de traumas répétés, le clivage peut être multiple et aboutir à une
Ces trois psychiatres militaires français sont reconnus pour l'influence actuelle de leurs conceptions
Pour Barrois (21), le trauma est lié à un "accident vécu comme brutal et soudain", une "catastrophe
intime et singulière", entraînant l'homme vers le tragique. Le trauma apparaît comme rupture de
sens et de lien avec le monde. En fait, ce qui fait trauma, c'est la rencontre avec ce qui est
inconcevable et impensable pour l'Homme : le "réel de la mort". La mort n'a pas en effet pas de
du trauma. L'individu connaît donc "l'effroi" car appréhendant "la mort de soi comme vérité ultime" :
24
"l'affect d'effroi, avec l'attaque et le dévoilement, la révélation, sont l'annonce faite au sujet qu'il
Pour Lebigot également, l'effroi est une "confrontation au Réel de la mort, le néant". En effet il
rapporte dans son livre "le traumatisme psychique" que "le sujet s’est vu mort ou il a perçu ce qu’est
vraiment la mort comme anéantissement, et non sous cette forme imaginaire qui caractérise le
rapport des hommes à la mort. Freud faisait remarquer que nous savons tous que nous allons
mourir, mais que nous n’y croyons pas. Il n’y a pas de représentation de la mort dans l’inconscient, et
La conception phénoménologique du trauma selon Crocq (98; 106) se fonde sur trois axes.
du temps s'est arrêté sur l'instant figé de la terreur ou de l'horreur. Le présent cristallisé,
statique et privé de son évanescence, est réduit à une image spéculaire du trauma. Ne
débouchant plus sur un nouveau présent différent et fugace, il ne promet aucun avenir. Et il
remodèle même le passé, qui s'est arrêté à l'expérience du trauma sans révision ultérieure,
le réorganisant sur cette image et ramenant tous les passés possibles à l'unicité d'un seul
destin".
traumatisme serait une expérience de non sens". L'expérience provoque un chaos dans les
"Le sujet entrevoit, sans y être préparé et sans pouvoir discerner plus nettement, non pas
tellement sa mort (ou la mort de l'autre), mais sa disparition et son effacement de la vie,
25
certitude sans jamais pouvoir en acquérir la connaissance et sur la négation passionnée de
quoi il a sans cesse fondé sa foi dans la vie : le néant, envers de la vie et des valeurs, non
sens".
2. Evénement traumatogène
Les caractéristiques d'un événement ne suffisent pas à elles seules pour affirmer qu'il est
traumatique. Confrontés à un même événement, des individus n'auront pas forcément le même
vécu. Comme le rapporte Vermeiren (434), c'est donc le vécu subjectif qui rendra compte ou non du
caractère traumatique de la rencontre. Toutefois, distinguer dans la réaction du sujet ce qui relève
du stress ou du trauma n'est pas toujours aisé. Si l'évaluation clinique immédiate participe à
immédiats ou chroniques qui permettront d'affirmer à posteriori que l'événement a été vécu sur un
mode traumatique. Les auteurs francophones préfèrent donc parler d'événement potentiellement
traumatisant plutôt que d'événement traumatique. Ainsi, pour Vermeiren (434) "pour peu qu'il
renvoie à la rencontre avec le réel de la mort, tout événement est susceptible d'être traumatogène".
3. Typologie du traumatisme
Le traumatisme direct se réfère à un sujet traumatisé ayant été confronté en tant que victime,
Cependant, les personnes qui sont en contact plus ou moins proche avec la victime (famille, proches,
par traumatisation indirecte. Ce concept de traumatisme indirect n'est actuellement pas reconnu et
26
• secondaire lorsqu'elle touche les personnes en contact direct avec des victimes en situation
de crise (entourage direct et professionnels tels que les intervenants de première ligne).
• tertiaire ou vicariante lorsqu'elle atteint les intervenants de deuxième ligne en relation avec
Certains proposent le terme de "Stress Traumatique Secondaire" (395) pour décrire les troubles
PTSD. Pour le traumatisme vicariant, les troubles sont habituellement dénommés "compassion
fatigue" (366) .
Remarquons cependant que le concept de traumatisation indirecte est contesté par les puristes tels
que Crocq, pour qui seule une confrontation directe en tant que victime, acteur ou témoin avec le
Dans la classification de Terr (408) sont distingués les traumatismes de type I et II.
Le traumatisme de type I est engendré par un événement unique limité dans le temps, présentant un
début et une fin précis. Il est induit par un agent traumatique aigu, non abusif (agression, accident...).
de se reproduire à tout instant durant une longue période. Il est induit par un agent traumatique
Le traumatisme de type III a été ajouté à la classification de Terr par Solomon et Heide (389). Celui-ci
peut survenir lorsqu'un individu subit des événements multiples, omniprésents et violents qui
Les traumatismes induits par un abus sexuel ou la torture doivent être rattachés aux traumatismes
27
c) Traumatismes simples et complexes
Herman (181; 180) quant à elle, classe les traumatismes en 2 types : les traumas simples ou
complexes. Le trauma simple est lié à un événement unique, et s'apparente au trauma de type I de
Terr. Le trauma complexe résulte par contre d'une victimisation chronique d'assujettissement à une
camp de concentration, la violence intrafamiliale, les abus sexuels ou physiques répétés par exemple.
Les conséquences cliniques seraient plus durables et dépasseraient le cadre strict du PTSD. Le trauma
victime, et de ses rapports envers elle-même ou autrui. Il peut se rapprocher du trauma de type II de
Terr ou du trauma de type III de Solomon et Heide en cas de début des événements à un âge
précoce.
traumatisant
1. Généralités
Lors de la confrontation à un danger ou une agression, le sujet met en œuvre une réponse pour y
faire face, en fonction de ses capacités adaptatives. Cette réponse est habituellement nommée
"réaction de stress".
Le Pr Louis Crocq, met en garde contre la confusion possible entre la notion de stress et de trauma,
confusion en partie liée à l'utilisation du vocable "stress" dans les classifications et nosographies
à la vision des auteurs francophones, pour qui le stress précède le trauma. Le stress est de nature
28
bio-neuro-physiologique tandis que le trauma est de nature psychologique (100; 101). Ainsi, la notion
de stress dans le domaine de la santé est apparue en 1914 avec le physiologiste américain Cannon,
puis adoptée notamment par le physiologiste canadien Selye en 1950, qui la popularisa et en
développa l'usage que nous connaissons actuellement (217; 100) . Le stress est défini par Crocq
des ressources et de défense de l'individu face à une agression ou une menace" (106) . Le trauma est
défini quant à lui, comme "un phénomène d'effraction du psychisme, et de débordement de ses
défenses par les excitations violentes afférentes à la survenue d'un événement agressant ou
menaçant pour la vie ou l'intégrité (physique ou psychique) d'un individu, qui y est exposé comme
Les psychiatres francophones parlent habituellement de "réaction immédiate" pour dénommer tous
les types de réactions observées après un événement menaçant . Habituellement sont différenciés
deux types de réaction immédiate (ou stress) : la réaction immédiate adaptative ou stress adapté, et
la réaction immédiate inadaptée ou stress dépassé. Par ailleurs peuvent-être aussi observées des
patient.
Si les réactions de stress dépassé augurent souvent des syndromes psychotraumatiques, et que les
réactions de stress adapté sont en général corrélés à un vécu non traumatique, la correspondance
La phase de réaction immédiate dure jusqu'à 24 ou 48h selon les auteurs. Entre le 2ème et le 30ème
jour, les troubles observés rentrent dans la phase dite post-immédiate. Enfin, la période s'installant
après un mois du trauma est qualifiée de phase à long terme. Seules les réactions immédiates et
29
2. Clinique de la réaction immédiate
a) Stress adapté
Lors d'un stress, le sujet mobilise ses ressources afin de faire face à la situation. Sur le plan
corticotrope, celui des peptides opiacés, ainsi que des modulations sur le plan immunitaire. Cela
aboutit notamment à une accélération des rythmes cardiaques et respiratoires, une élévation de la
l'individu. Sur le plan psychologique, le stress permet à l'individu de focaliser son attention et de
concentrer toutes ses pensées sur la résolution de la situation critique. Dans ce but, toutes ses
facultés cognitives sont mobilisées (attention, mémorisation, évaluation, raisonnement) pour aboutir
à une prise de décision et à l'action ("fight or flight"). La réaction de stress a toutefois un prix, étant
psychiques gênants (frissons, pâleur, douleurs ou gênes fonctionnelles, tension mentale...) (100;
138).
- phase d'alarme : l'exposition à une situation menaçante entraîne la mobilisation des ressources
- phase de résistance : l'individu reste mobilisé si la menace persiste et des mécanismes d'adaptation,
- phase d'épuisement : si l'effort demandé est trop important et/ou durable , les ressources de
- phase de récupération : c'est la phase de rééquilibrage physique et psychique une fois la menace
passée.
30
Par ailleurs est dénommée "queue de stress" une réaction persistant encore une fois le danger
écarté, et déclinant dans les heures ou jours qui suivent. Elle est associée à des manifestations
passé ou surmonté. En effet cette réaction n'est pas toujours exprimable ou peut être réprimée
pendant le vécu de l'événement. Il est d'usage alors de parler de "décharge différée de stress". Celle-
ci peut se manifester en phase immédiate ou même plusieurs jours après l'événement, en phase
b) Stress dépassé
La réaction immédiate de stress n'est pas toujours adaptée et efficace. Elle peut être même
pathologique et parfois, mettre l'individu en danger. La réaction immédiate dite " de stress dépassé "
peut être observée chez des sujets psychologiquement vulnérables, ou dont les capacités adaptatives
ont été dépassées. Cela peut être aussi du fait du caractère exceptionnellement intense, prolongé ou
Selon les auteurs francophones dans le domaine de la psychiatrie de catastrophe, dont le Pr Crocq,
quatre types de réactions de stress dépassé sont habituellement décrites : la sidération, l'agitation, la
fuite panique et l'action automatique (104) . Ces expériences sont habituellement associées à un état
dissociatif (156). La sidération peut être considéré comme une "hypo-réaction" tandis que l'agitation
• Sidération
Le sujet est figé, stuporeux, indifférent et insensible aux stimulations externes. Il est frappé de
• Agitation
31
Au contraire, le sujet peut se trouver dans un état d'excitation et d'instabilité psychomotrice et
affective majeures. Les manifestations sont bruyantes, désordonnées et chaotiques, pouvant être
• Fuite panique
Elle peut être considérée comme une forme clinique de la réaction immédiate de stress dépassé
d'agitation (138). Vécue dans un état dissociatif, cette réaction de fuite est anormale car
complètement irraisonnée et parfois inadaptée, le sujet pouvant se diriger droit vers le danger. Il
n'est pas réceptif aux sollicitations d'autrui et peut courir jusqu'à l'épuisement complet, sans
considération pour son environnement. Elle peut générer par mimétisme des scènes de panique
collective (89).
• Conduites automatiques
Moins bruyant que les autres formes et donc attirant moins l'attention, le comportement d'automate
se caractérise par une apparente normalité dans le comportement. Les conduites sont spontanées,
imitées ou effectuées à la demande d'autrui, mais réalisées dans un état second, sans prise en
compte réelle du contexte. Les gestes sont souvent stéréotypés et mécaniques, désaffectivés et
aiguës
Ces réactions sont liées à une prédisposition morbide ou à un état névrotique ou psychotique
préexistant, et nécessitent une prise en charge rapide et adaptée ( avec orientation en milieu
psychiatrique bien souvent ), d'autant plus urgente pour les troubles psychotiques du fait de la perte
de contact avec la réalité et parfois aussi de l'instinct de sauvegarde. Le champ névrotique peut donc
donner lieu à divers teintes cliniques, telles que réaction anxieuse ( attaques de panique, anxiété
généralisée..), phobique ( crises d'angoisse engendrées par un stimuli rappelant le trauma initial.. ) ,
32
hystérique (crises hystériques, conversions..). Des accès psychotiques peuvent également éclore ou
maniaques ou mélancoliques, réactions paranoïaque aiguës, état confusionnel post émotionnel ( une
Certaines entités cliniques, comme le trouble psychotique bref, décrit comme une psychose
potentiel pathogène d'ordre psychotique, chez des patients à priori sans "structure" psychotique
comme l'évoquent certains auteurs comme Bessoles ou Josse (24; 217). Josse s'interroge par ailleurs
sur l'appartenance clinique et nosographique à donner à ces troubles, entre trouble psychotique
Trois à quatre types de facteurs de risque sont usuellement décrits (134; 217) : Ils sont liés à
assez détaillée et illustrée en est faite par Josse dans son ouvrage sur le traumatisme psychique chez
l'adulte. Les facteurs liés au type de réaction immédiate seront détaillés à part, dans le chapitre
suivant.
Le sexe de l'individu semble avoir une influence importante puisque l' état de stress post-
traumatique est retrouvé deux fois plus chez les femmes que chez les hommes, comme le confirme
la méta-analyse de Tolin et Foa de 2006, alors qu'elles seraient soumises à moins d'événements
sont plus fréquemment retrouvés d'un sexe à l'autre : les accidents, les agressions (non sexuelles), les
combats ou la guerre, les catastrophes et incendies, des maladies graves ou des blessures et le fait
d'être témoin de décès ou de blessures sont plus fréquents chez les hommes, tandis que les
agressions ou abus sexuels (qu'ils se produisent durant l'enfance ou à l'âge adulte) seraient plus
33
fréquents chez la femme. Ces derniers types d'événement pourraient être particulièrement à risque.
Malgré tout, après avoir vécu un même type d'événement (mis à part les agressions ou abus sexuels),
les femmes présentaient davantage d' état de stress post-traumatique (ESPT) que leurs pairs
hormonale (78) , des différences dans l'évaluation faite de la situation menaçante, le type de
D'autres facteurs que le sexe sont susceptibles aussi de jouer un rôle : les antécédents du sujet
son degré de responsabilité dans l'événement (s'il a joué un rôle), ses types de croyances. De même
le type de stratégie d'adaptation guidant la réponse de l'individu peut s'avérer plus ou moins
protecteur : ainsi le recours à un coping centré sur l'émotion (visant à contrôler les réponses
émotionnelles causées par la situation) serait associé à un risque de troubles traumatiques plus
fréquent et plus sévère que le recours à un coping centré sur le problème (visant à diminuer les
exigences de la situation et/ou à renforcer ses ressources personnelles pour y faire face) par exemple
de leur nature ou de leurs circonstances il n'auront pas la même force d'impact. Ainsi peut-on
compter dans ces variables : l'intensité et la gravité de l'événement ( risque vital , torture et actes de
barbarie, transgression de valeurs et tabous, viols, blessures graves, exposition à la mort ou aux
34
Au delà des facteurs liés à l'individu et à l'événement, les conditions de reprise de la vie après
vie, l'influence du réseau social et familial existant ainsi que de sa capacité de soutien ou
psychotraumatique
Les types de vécu et de réaction, adaptés ou inadaptés, qui sont observés au moment de
détresse et les réactions dissociatives "péri-traumatiques " 1 doivent attirer l'attention des cliniciens,
car se révélant de bons indices sur le vécu traumatique de l'événement et sur le risque de syndrome
psycho-traumatique à plus long terme (80) . Ces symptômes sont habituellement associés aux états
de stress dépassé, mais certains peuvent parfois aussi se retrouver au cours des réactions
adaptatives (89) .
survenue d'un syndrome post-traumatique. Dans les suites immédiates d'un événement
potentiellement traumatisant, alors que celui-ci est terminé et le sujet en sécurité, une tachycardie
par minute, témoins de l'hyperactivation persistante, sont ainsi prédictifs de syndrome post-
conditionnement de la peur (318) et l'inscription des mémoires traumatiques (391) . Une fréquence
1
Le terme "péri-dissociatif" est celui habituellement utilisé (notamment par les auteurs nord-américains), mais
Louis Crocq lui préfère celui de "per-traumatique" reflétant plus justement la réalité clinique, le sujet n'étant
pas autour du trauma mais "en plein dedans".
35
cardiaque inférieure à 80 battements par minutes serait plutôt protectrice, et la recherche clinique
suggère l'intérêt d'une médication par bétabloquant (type propranolol) en phase post-immédiate
comme Brunet, afin de permettre une description clinique et une évaluation diagnostique plus fines
d'une réaction à un événement potentiellement traumatique (138). C'est dans ce sens que Brunet a
mis au point l'échelle "Peritraumatic Distress Inventory" (PDI (57) ) , pour mesurer le critère A2 du
("Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders") correspondant à : "la réaction du sujet à
l'événement s'est traduite par une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur" (5) . La
détresse péri-traumatique peut donc se traduire par un vécu d'impuissance, de tristesse, de colère et
d'envie d'uriner ou d'aller à la selle, de sentiment d'horreur, de vécu de mort imminente, et enfin par
une place importante dans la clinique psychotraumatique chez les cliniciens anglo-saxons tels que
Marmar et Van der Kolk (89) . La dissociation peut être considérée comme un mécanisme de défense
inconscient, une tentative ultime d'adaptation pour protéger le sujet du vécu de la scène
traumatique afin de pouvoir la tolérer (138). La dissociation péri-traumatique est considérée comme
associée à l'apparition de syndrome post-traumatique ultérieur (157; 319; 28; 31; 130; 259; 260) .
36
Toutefois certains auteurs avancent qu'elle n'est peut être pas un facteur prédictif indépendant mais
interagit plutôt avec d'autres variables dans l'influence de survenue d'un syndrome post-traumatique
ultérieur (425; 426; 48; 66). L'hyperactivation neurovégétative et la réaction de panique péri-
examiné par le biais du "Peritraumatic Dissociative Experiences Questionnaire" (PDEQ) (55; 32; 260).
personne est détachée, et peut avoir une impression d'irréalité, d'étrangeté du monde extérieur, ou
plus être elle-même, d'être détachée de son identité ce qui peut entraîner un émoussement et
détachement affectif. Elle peut avoir l'impression d'être spectatrice de sa vie. Peuvent être
nom de "sortie de corps". II est toutefois intéressant de noter que le vécu de sortie de corps (
pouvant être associé aux "near death expériences" ou NDE ) peut avoir aussi des conséquences
positives et que certains auteurs tels que Greyson considère que ce type de dissociation au moment
traumatique serait plutôt protecteur que facteur de risque de PTSD (229; 171; 196; 413; 339) .
passer au ralenti, ou bien au contraire en accéléré, pouvant donner des expériences où la personne
37
- Les comportements moteurs automatiques : les conduites ne sont pas le fruit d'une pleine
conscience et d'un processus décisionnel, mais sont réalisés dans un état mental altéré et dissocié.
Ces actions peuvent être inadaptées ou incohérentes comme les errances ou les fugues dissociatives.
- L'amnésie dissociative : elle correspond à une perte de mémoire circonscrite à une période
donnée, et qui peut être totale ou partielle. C'est une amnésie psychogène qui peut durer pendant
plusieurs années, et qui peut se lever à l'occasion d'un stimulus particulier ou lors d'une modification
de la conscience.
- La stupeur dissociative : on la retrouve dans les réactions de sidération. La personne est figée,
indifférente aux stimuli externes et peut se trouver dans un état mental confusionnel avec
- Les troubles somatoformes dissociatifs : ils correspondent aux troubles de conversion. Ces
troubles physiques sans cause organique peuvent donner lieu à divers tableaux cliniques ( aphonie,
La période post-immédiate s'étale entre le 2ème et le 30ème jour environ après l'événement
potentiellement traumatique.
Si des troubles ont été observés lors de la phase immédiate, leur évolution peut se faire :
- soit vers une extinction progressive (en quelques jours habituellement) des symptômes de la
période immédiate ( dont les troubles dissociatifs et neurovégétatifs ) . Par ailleurs, et bien souvent
sans être prédictives de syndrome post-traumatique tardif , des décharges émotionnelles différées
(ou abréactions), uniques le plus souvent, peuvent s'observer aussi durant cette phase, une fois la
situation passée. Cependant leur récurrence doit alerter et peut être le témoin du début de
38
- soit vers la persistance des symptômes de la période immédiate et l'apparition progressive d'une
D'autre part, certaines victimes ayant initialement réagi de façon adaptée lors de la phase immédiate
peuvent également manifester un syndrome post-traumatique avéré en différé, lors de la phase post
immédiate (44) .
Le syndrome psychotraumatique chronique, selon Crocq, englobe les entités cliniques d'état de
stress post-traumatique du DSM et de la CIM (ainsi que "la modification durable de la personnalité
après une expérience de catastrophe" présente dans la classification internationale) (5; 6; 307) , et la
névrose traumatique, ancienne entité nosologique utilisée pendant le XXème siècle, marquée par
Le syndrome post-traumatique s'installe au bout d'une phase de latence allant d'une journée à
plusieurs mois. Pour Crocq c'est le temps nécessaire au psychisme pour élaborer et mettre en place
d'autres défenses (dont la répétition), là où le système de défense habituel a été absent, défaillant,
ou débordé (101) . Si cette phase semble avoir été longtemps considérée cliniquement silencieuse,
comme le rappelle Crocq, les sujets sont en fait souvent encore sous l'influence de symptômes
reviviscences. Trois facteurs de latence peuvent être identifiés. Le premier est lié à la variabilité entre
les individus. Le second est lié au contexte de survenue de l'événement traumatique : en cas de
stress prolongé ou chronique par exemple, de la nécessité de rester mobilisé face à des sollicitations
39
"relâcher", enfin au repos . Le dernier facteur est lié à l'absence d'autonomie psychique du blessé
lorsque s'ajoute également une blessure physique : la prise en charge ainsi que la mobilisation
Notons que les auteurs ne sont pas unanimes sur la composition des symptômes de la phase de
latence. Lebigot souligne ainsi que tous les symptômes de la névrose traumatique peuvent être
dernier rend alors compte de l'établissement par le patient du lien entre ses troubles et leur origine
croisement des symptômes de la phase immédiate et de ceux de la phase à long terme (caractérisée
DSM propose pour cette période, en cas de troubles correspondant, le diagnostic de Trouble de
répétition, des conduites d'évitement. Par ailleurs, peuvent aussi être observés des symptômes non
40
(1) Le syndrome post-traumatique
(217; 138) .
des reviviscences répétées de l'expérience traumatique, qui souvent s'imposent à la volonté du sujet
et entraînent de l'angoisse et/ou de la détresse. Des auteurs reconnus pour leur travaux sur la
dissociation tels que Janet, Myers ou Van der Hart voient dans ces symptômes des processus
(217) .
- les "reviviscences hallucinatoires" : elles sont également appelées "flash back". Le sujet peut
avoir l'impression de revivre entièrement la scène traumatique, comme si c'était réel, avec le vécu de
détresse associé. Son adhésion est complète, sous le coup de l'hallucination, et ne dure
généralement qu'un instant. Habituellement visuelle, l'hallucination peut également affecter d'autres
- les "reviviscences par illusion" : contrairement à l'hallucination qui est une perception visuelle
sans objet réel, l'illusion se réfère à une perception visuelle altérée. Le sujet peut donc avoir
trauma (à l'état de pensée seulement, dépourvu de toute composante sensorielle) vient hanter le
sujet.
41
- les "ruminations mentales" : elles correspondent à des pensées, des questionnements
- les "vécus comme si l'événement allait se reproduire" : le sujet subit la reviviscence du vécu
traumatique.
manières telles que réactions de sursaut, de recroquevillement, de fuite, réflexes de se cacher. Cela
peut être aussi des conduites de répétition, comme mises en scènes ou récits répétitifs centrés sur le
trauma.
- les "cauchemars de répétition" : le sujet revit le souvenir traumatique de façon intense lors de
l'Information ou TAI, de Shapiro, décrit plus loin dans ce travail ), qui est normalement médié par
l'activité parasympathique observée dans les phases REM ("Rapid Eye Movement") du sommeil
paradoxal (217; 350; 380) . Ces cauchemars peuvent être à l'origine de troubles du sommeil sévères.
Tous ces symptômes peuvent être éprouvés spontanément, ou réactivés lors de certaines situations
ou certains stimuli faisant écho au souvenir traumatique, ainsi que lors d'état modifié de la
conscience. Ils sont habituellement à l'origine d'une détresse psychique, d'une hyperréactivité
psycho-moteur (90).
réactivité générale
42
aux stimuli pouvant faire ressurgir le trauma. Ces stimuli peuvent être associés de manière directe ou
indirecte au trauma ( pour les stimuli associés de manière indirecte, leur contenu s'est généralisée,
comme par exemple un type de personne, de bruit..). Les conduites d'évitement peuvent concerner
les pensées (entraînant un évitement des moments de solitude psychique), les sentiments (et ce qui
peut engendrer des sentiments similaires à ceux éprouvés lors du trauma), les conversations, les
activités, les lieux, les situations, les personnes et tout ce qui risque de ressembler, ou s'associer à
handicapants, pouvant altérer considérablement les habitudes de vie du sujet et réduire sa qualité de
détachement pour les activités ou relations habituelles. Le sujet peut avoir l'impression d'être en
déphasage par rapport aux autres et avoir un sentiment de solitude, d'avenir bouché (217; 138) .
hyperréactivité neurovégétative
caractère avec de l'irritabilité ou une propension à des accès de colères, ainsi que des réactions
43
(3) Les troubles non spécifiques
Habituellement décrits comme des troubles associés au syndrome psychotraumatique chronique, ils
peuvent cependant apparaitre précocement. Leur durée est variable, ils peuvent demeurer
transitoires ou au contraire s'installer durablement (217). Sont compris dans ces troubles non
spécifiques les troubles anxieux et dépressifs, les troubles du comportement et les troubles
Ils peuvent prendre différentes formes comme les troubles anxieux généralisés, le trouble panique
ou les phobies. Ainsi le sujet peut présenter un état d'anxiété permanent, subir des crises d'angoisses
inopinées et sans objet. La peur et la crainte font partie de son quotidien, lui faisant appréhender le
Allant de la simple tristesse à la constitution d'un trouble dépressif caractérisé, ils comprennent les
caractériels
Divers troubles des conduites peuvent être notés comme des comportements auto ou hétéro-
agressifs (tentatives de suicide, altercations, rixes), des conduites à risque (relations sexuelles à
risque, mise en danger, sport extrêmes et sensations fortes, conduites ordaliques...), des troubles des
44
conduites alimentaires (hyperphagie, anorexie, boulimie ), des conduites addictives et abus de
En 1990, le psychiatre Boman évoque le "syndrome de Rambo" pour parler de ces vétérans de guerre
risque (43) .
Les troubles somatoformes comprennent certains symptômes physiques sans cause lésionnelle
organique identifiable, et pour lesquelles l'étiologie est d'ordre psychologique (asthénie, troubles de
objectivables, et qui sont également déterminées ou aggravées par des facteurs psychiques (asthme,
personnalité complètent le tableau clinique des névroses traumatiques (81) . C'est aussi ce que la
(307). Le DSM n'en tient pas compte dans sa classification. Par contre certains auteurs prônent
complexe) (181) , Luxenberg et al. proposait la dénomination "Disorder of Extreme Stress Not
Otherwise Specified" ou DESNOS (trouble de stress extrême non spécifié outre mesure) (254) . Bien
que ces symptômes soient habituellement décrits dans les syndromes post-traumatiques chroniques,
victime de traumatisme psychique dès la phase post-immédiate (88). C'est pourquoi il a été choisi
d'en faire une description brève dans ce chapitre. Celle-ci peut se baser sur l'analyse de Otto
45
Fénichel, référence citée par plusieurs auteurs sur le trauma (217; 90; 81), et qui met en avant un
stimuli et notamment de leur caractère menaçant entraîne un état d'hypervigilance anxieuse, avec
des réactions de sursaut au moindre bruit, des difficultés à s'abandonner au sommeil. L'inconnu et
les situations nouvelles, avec la gamme de stimuli inhabituels qui les accompagnent, seront donc
futiles et dérisoires, le sujet semblant évoluer dans la vie sur un nouveau plan et dans un
dimensionnement temporel étrangers à autrui, ce qui peut entraîner un repli sur lui-même. Il parait
détaché des autres et de lui-même, ayant perdu son ancrage au monde commun.
- blocage de la fonction d'amour et de relation à autrui : le sujet semble tiraillé entre un besoin
affectif de la part de son entourage et l'incapacité à se satisfaire de ces relations, ce qui provoque de
sa part troubles du caractère et altérations dans son mode relationnel. Concentrant son amour sur la
réparation de son Moi blessé, il n'est plus disponible pour investir d'amour autrui.
Du fait des modifications de son être au monde, de ses rapport à lui-même et à autrui, le sujet peut
régulièrement rééditées, et ayant tendance à s'harmoniser : l'une est nationale, élaborée par
46
statistique des troubles mentaux (DSM), aujourd'hui à sa cinquième édition. Dans cette dernière
édition, les troubles présentés en lien avec des traumatismes ou des facteurs de stress ont
maintenant une catégorie spécifique, "Trauma and Stress-Related Disorders" alors qu'ils étaient
classés auparavant dans les troubles anxieux (5; 6) . La seconde classification faisant habituellement
référence est internationale, c'est la classification internationale des maladies (CIM) élaborée par
psychotraumatiques sont classés dans la catégorie F43 intitulée réaction à un facteur de stress
- Le DSM 5 ne propose pas d'entité nosologique spécifique. Dans la section des troubles dissociatifs
toutefois, nous pouvons noter que les autres troubles dissociatifs spécifiés ( codage 300.15) peuvent
se rapporter à des réactions aiguës à des événements stressants. Par ailleurs, Dans la section du
bref (codage 298.8) avec facteur(s) de stress marqué(s), prenant alors le nom de psychose
- La CIM 10 propose quant à elle la dénomination "réaction aiguë à un facteur de stress"( codage
F43.0) ( voir annexe A). La durée des troubles selon ce diagnostic peut aller de quelques heures à
plusieurs jours. Elle regroupe dans sa description les symptômes des réactions de stress dépassé
(sidération, agitation, fuite) sans évoquer explicitement toutefois, les "conduites automatiques". Par
- Le DSM 5 définit le trouble de stress aigu (Acute Stress Disorder ou ASD, 308.3) dans cette période.
Cette entité nosologique combine à la fois des symptômes du trouble de stress post-traumatique (
répartis dans les catégories : symptômes envahissants, symptômes d'évitement, symptômes d'éveil,
47
humeur négative) et des symptômes dissociatifs, au total au nombre de 14 items. Reconnaissant le
caractère polymorphique du trouble et affichant une certaine souplesse dans son authentification
diagnostique, le DSM n'impose pas la nécessité de compter des symptômes dans chaque catégorie
(et donc autorise la validation de ce diagnostic sans symptôme dissociatif), mais requiert la présence
d'au moins 9 symptômes sur 14 . D'autre part, les victimes indirectes et secondaires, c'est à dire
n'ayant pas été impliquées directement mais concernées par leur proximité émotionnelle directe
avec la victime primaire (comme la famille proche ou les intervenants de première ligne (217)),
peuvent elles aussi justifier de ce diagnostic. Par ailleurs, le trouble doit durer au moins 3 jours et
jusqu'à un mois maximum, et apparaitre dans le premier mois après le trauma pour répondre aux
Ayant initialement et en partie pour objectif d'identifier les sujets à risque de développer un PTSD, le
dépistage de ces sujets ne doit pas se limiter à la recherche de la présence d'un ASD. En effet, l'ASD,
bien qu'ayant une bonne valeur prédictive, garde une sensibilité assez faible : une personne
(environ la moitié d'après l'APA) développant un PTSD n'ont pas présenté d'ASD préalablement (20;
6) .
- La CIM 10 n'a pas individualisé d'entité nosologique spécifique dans la période post-immédiate.
L'état de stress post-traumatique (F43.1) est décrit quant à lui avec un délai de survenue de quelques
3. Troubles dissociatifs
- Le DSM 5 les répertorie dans un chapitre dédié. Le DSM insiste sur le lien étroit entre l'existence de
ces troubles et le traumatisme psychique, et sur le fait que certains de ces symptômes peuvent se
rencontrer aussi bien dans le trouble de stress aigu (phase post-immédiate) que dans le trouble de
stress post-traumatique (phase à long terme). Ces troubles comprennent le trouble dissociatif de
48
dépersonnalisation/déréalisation, les autres troubles dissociatifs spécifiés et les troubles dissociatifs
non spécifiés. Les autres troubles dissociatifs spécifiés comprennent notamment certaines
altérations de l'identité, les réactions aiguës à des événement stressants (dont stupeur,
dissociative (6) .
- Dans la CIM 10 , les symptômes dissociatifs se retrouvent dans la section 44. Leur lien avec le
traumatisme psychique est également mis en avant. Leur évolution est décrite comme
habituellement favorable, d'une durée transitoire de quelques semaines ou mois. L'évolution vers la
chronicité est toutefois possible. La CIM rappelle que par le passé, ces troubles étaient
possession, les troubles moteurs dissociatifs, les convulsions dissociatives, l'anesthésie dissociative et
les atteintes sensorielles, les troubles dissociatifs (de conversion) mixtes (comprenant la confusion
psychogène) et les autres troubles dissociatifs (de conversion) ou sans précision. Enfin, les troubles
D. Epidémiologie
paraissent peu nombreuses à notre connaissance, les études prenant en compte le psychotrauma
La large étude de Kessler en 1995 retrouvait une prévalence vie entière de l'exposition à un
événement traumatique de 60.7 % pour les femmes et 51.2% pour les hommes (220) .
49
Une grande étude de santé mentale française, la Santé Mentale en Population Générale de 2003,
avance un taux de 30.2% de personnes ayant été un jour confrontées à un événement traumatique .
Les autres principales études européennes se rejoignent sur ce chiffre (136; 346) . Si les femmes ont
un risque deux fois plus important de développer un ESPT que les hommes, elles seraient par contre
Une grande étude de santé mentale européenne, l'ESEMeD (European Study of the Epidemiology of
Mental Disorders), réalisée entre 2001 et 2003, retrouve dans les événements potentiellement
traumatisants les plus fréquemment évoqués, la mort inattendue d'un être proche (24.6%), avoir été
témoin de la mort ou de la blessure grave d'une personne (20.6%), être porteur d'une maladie
mortelle, et avoir été impliqué dans un accident de la circulation (11.7%) (136; 410) .
D'après une étude menée par l'OMS dans 21 pays, plus de 10% des personnes interrogées ont
indiqué avoir été témoins de violences (21,8%), avoir été victimes de violences interpersonnelles
D'après Crocq, dans les suites d'une catastrophe, environ 75% des sujets répondent par une réaction
immédiate adaptée tandis que 25% ont une réaction inadaptée. Toutefois les réactions de stress
dépassé se manifestant par des conduites automatiques sont plus difficiles à percevoir et rendent
compte d'une sous-estimation probable du taux de réactions immédiates inadaptées. Ainsi le taux
propre des réactions de type conduites automatiques pourrait varier entre 15 et 25%, étendant
Louville rapporte quant à lui, qu'en situation de catastrophe environ 15% de sujets présenteraient
des réactions adaptées à la situation, 15% des réactions pathologiques manifestes bien repérables
par les sauveteurs, tandis que les 70% restants seraient dans un état émotionnel limite, avec un
50
Cremniter relate qu'un tiers de sujets exposés à des événements traumatiques manifestent des
Le trouble de stress aigu affecterait entre 14 et 30% des sujets exposés d'après les études, rapporte
Ferreri. Si l'évolution est habituellement favorable, 10% des sujets affectés par un trouble de stress
aigu développeraient par la suite un PTSD, que ce soit dans la continuité des troubles ou après une
période de rémission (156) . Briere et Scott avancent quant à eux que 80% des sujets ayant présenté
initialement des symptômes assez sévères pour remplir les critères de trouble de stress aigu
Bryant et Harvey, en 1999, décrivent que 7 à 33% de personnes développent un état de stress aigu
L'American Psychiatric Association décrit une variation du taux de prévalence du trouble de stress
aigu en fonction de la nature de l'événement et de son contexte d'évaluation. Elle évoque des taux
de prévalence de l'ordre de 20% pour les événements n'impliquant pas de violence interpersonnelle
E. Evaluation
Le thérapeute doit veiller à instaurer un climat de confiance, et démontrer son empathie afin
d'établir une bonne alliance thérapeutique. Au niveau médical ( les dimensions sociales et judiciaires
doivent aussi être explorées ), l'évaluation clinique peut s'organiser selon les 3 temps induits par le
traumatisme (117) :
51
- durant le moment traumatique : vécu et réactions per traumatiques ( stress dépassé, vécu de
spécifique aux syndromes post-traumatiques, mais aussi concernant les troubles comorbides
durée des troubles depuis l'événement traumatique permet de les différencier (ESA, ESPT différé,
ESPT chronique) . Des questionnaires spécifiques existent pour évaluer les troubles.
2. Questionnaires d'évaluation
- le "Clinician Administred PTSD Scale" ( CAPS ), est un hétéro-questionnaire (39) . C'était l'échelle de
référence pour évaluer les symptômes du PTSD défini par le DSM IV (117; 156). Une version a été
adaptée pour le DSM5, le CAPS-5, comprenant 30 items. Il en existe 3 versions pour l'adulte, en
52
mois depuis le trauma. Ces questionnaires ont été créés par le "National Center for PTSD" et sont
accessibles sur le site internet de " l'U.S. Department of Veterans Affairs" (414; 442) .
- l' "Impact of Event Scale Revised" (IES-R), version plus complète et issue de l'échelle "Impact of
Event Scale" est un auto-questionnaire composé de 22 items (190; 444; 60) (cf annexe H).
psychique. Fruit de l'échec des défenses habituelles du sujet face à une réaction de stress intense,
elle est liée à l'instauration d'un circuit de peur conditionné. Les mécanismes en jeu sont bien décrits
a) Mémoire émotionnelle
processus de mémorisation. Elle a été définie par Delacour comme "la faculté d'acquérir de
structural de la mémoire de Squire (394), les émotions ont une double composante mnésique :
cérébrale. L'amygdale est la structure essentielle qui contrôle l'expression des réponses
53
• Une composante déclarative / explicite et consciente sous le contrôle du lobe temporal
médian et de l'hippocampe.
b) Mémoire traumatique
La mémoire traumatique est une mémoire émotionnelle implicite du traumatisme (358), très
- elle est fixée en l'état acquis lors du traumatisme, avec des affects associés au trauma qui resteront
- elle est déclenchée de façon involontaire et automatique par divers stimuli associés au trauma par
le sujet.
- elle est intrusive, envahissant complètement la conscience du sujet et donnant lieu au cortège de
symptômes du syndrome de répétition. Les mêmes réactions sont revécues, le plus souvent dans un
événement. Ainsi, un événement associé à un vécu émotionnel intense est plus facilement mémorisé
consolidation de la mémoire des expériences qui induisent leur libération (comme à l'occasion
d'expériences excitantes émotionnellement). Ces hormones semblent interagir avec le niveau d'éveil
et d'excitation dans l'encodage initial de l'information pour moduler les processus de consolidation
de la mémoire . Les glucocorticoïdes agissent comme modulateurs sur les récepteurs adrénergiques
54
2. Mécanismes neurobiologiques du stress adapté
Ils font intervenir le système limbique, groupe de structures cérébrales impliquées dans la régulation
Lors de la confrontation à un stresseur2 , pendant la phase d'alarme, différents stimuli afférents sont
intégrés par le thalamus, puis adressés à l'amygdale par le biais de 2 circuits (239):
Le traitement par la voie rapide entraîne une réponse émotionnelle et une mobilisation des défenses
de l'organisme, par le biais de deux systèmes. Le premier à être efficient est le système nerveux
d'ACTH (adrénocorticotrophin hormone) libère des glucocorticoides, dont le cortisol, pour maintenir
la production d'énergie.
Cette deuxième voie permet un traitement des informations plus précis et analytique. Elle fait
intervenir notamment des structures corticales comme le cortex préfrontal. Celui-ci est
découplage entre la perception immédiate (d’influx exo- ou endogènes) et la réponse. Cet espace
temporel tampon permet d’activer des représentations mentales (cognitives, sociales ou affectives)
utilisées pour la délibération (prise de décision) et l’élaboration de l’action (246) . D'autre part, la
voie lente transite aussi par l'hippocampe, (siège de la mémoire explicite et déclarative,
autobiographique et de l'encodage contextuel et spatial des stimuli), à travers lequel les informations
issues de la situation vont pouvoir être comparées aux souvenirs issus d'expériences affectives et
d'apprentissages antérieurs . Ces deux structures ont une fonction importante de modulation et
2
Stresseur ou agent stressant : tout ce qui provoque la production d'hormones du stress. Sont distingués les
stresseurs physiques des stresseurs psychologiques (77).
55
d'atténuation de l'impact des stimuli sur l'amygdale, en fonction de l'analyse détaillée qui en a été
faite, et permettent d'ajuster la réaction de l'individu (358) . D'autres structures cérébrales semblent
La mise en route de ces deux circuits permet donc au sujet de réagir à la situation stressante en deux
temps : de manière urgente et inconsciente de prime abord, puis de façon mesurée et consciente en
L'amygdale transmet par la suite le contenu de sa mémoire émotionnelle implicite, non consciente, à
l'hippocampe, qui l'intègre sous la forme d'une mémoire explicite, consciente, autobiographique et à
traumatique
Lorsque le stresseur est exceptionnel et qu'il fait trauma, la régulation et l'extinction de la réponse
normalement permises par la voie lente, via l'hippocampe et le cortex préfrontal ne sont pas
possibles : l'hippocampe n'a aucun référentiel dans les expériences et apprentissages antérieurs,
tandis que le cortex est en état de sidération, et le danger ne peut être maitrisé ou évité. S'en suit
une hyperactivation de l'amygdale, due à la déficience des fonctions d'extinction par les structures
cortisol qui risquent d'atteindre des taux dangereux et toxiques pour l'organisme. Le risque est
56
risque de comitialité en lien avec l'excitotoxicité du glutamate produit aussi en grande quantité (358;
Devant le risque vital provoqué par l'hyperactivation de l'amygdale et l'impossibilité par l'organisme
d'y pallier par les moyens habituels, ce dernier met en place un mécanisme de sauvegarde
système, et "éteindre" l'amygdale, malgré la persistance des facteurs de stress. Ceci s'opère
D-Aspartate) du système glutamatergique (avec effet dissociant kétamine-like) (447; 358; 225) .
Il en découle une anesthésie physique et émotionnelle, ainsi que des troubles dissociatifs en rapport
notamment avec la déconnexion entre l'amygdale et le cortex. Ce dernier continue de traiter les
sous l'état de mémoire émotionnelle implicite ne peut donc plus être intégrée en mémoire explicite
par ce dernier (il peut en résulter des amnésies partielles ou totales). Le souvenir traumatique est
donc condamné à rester en l'état, piégé dans l'amygdale, sous la forme d'une mémoire traumatique.
Un circuit de peur conditionné rémanent est généré, sans possibilité d'être apaisé du fait des
des réponses émotionnelles douloureuses pour des stimuli en apparence anodins, mais associés au
souvenir traumatique. Afin d'éviter ces réactions s'organisent alors des conduites d'évitement et un
état d'hypervigilance. Associées à une diminution de la détresse du sujet, ces conduites maintiennent
pour ces sujets, en reproduisant la disjonction opérée initialement lors du trauma, afin de se
protéger des activations de la mémoire traumatique. Elle se fait spontanément ou bien en étant
57
provoquée par le sujet par des conduites à risques (auto ou hétéroagressives) ou des intoxications
par des drogues. Ces comportements sont appelés conduites dissociantes par Salmona (358; 359).
France
précoce
La prise en charge psychologique précoce des patients psychotraumatisés est un héritage des
conséquences des grandes guerres du XXème siècle. Elle semble s'être développée notamment par
nécessité stratégique devant les "pertes psychiatriques" représentées par les soldats rendus inaptes
au combat à cause de troubles psychiques. Dans ce cadre s'est mis en place une prise en charge
psychologique immédiate des soldats en souffrance psychique juste derrière les lignes de front, afin
de permettre leur retour au plus vite sur le champ de bataille : la psychiatrie de l'avant (106) .
Les débuts de la psychiatrie de l'avant se sont faits pendant la guerre russo-japonaise, au sein de
l'armée du tsar, sous la direction du médecin général et psychiatre en chef Autokratoff. En fait, c'est
d'approvisionnement et d'évacuation des troupes, qui ont conduit la mise en place d'un système de
soins psychiatriques de l'avant. Des dispensaires étaient installés à proximité du front et une aide
58
psychologique précoce était fournie par des psychiatres et infirmiers au plus près des combats, afin
La première guerre mondiale (1914-1918), en plus des pertes humaines et des blessés physiques,
généra aussi un grand nombre de blessés psychiques dans les 2 camps. Ces derniers n'ont été
dénombrés avec précision que dans le corps expéditionnaire américain, qui relevait un taux de pertes
psychiques de 28 pour mille par an, comme le rapporte Louis Crocq dans son article sur la psychiatrie
de la première guerre mondiale. La France aussi est touchée et voit notamment émerger au début du
conflit un afflux quasi épidémique de soldats frappés d' "hystérie de guerre", alors que les tableaux
cliniques des grandes hystéries à la Charcot avaient presque disparu. Tout au long du conflit et de ses
grandes phases, les aliénistes des pays belligérants discutent et affinent leur diagnostic, ainsi que des
différentes hypothèses pathogéniques. Sont ainsi tour à tour évoqués des tableaux cliniques d'
"hypnose des batailles" (Milian, 1914 (272)), de "shell shock" (Myers (292), Chavigny (79), Gaupp
(167), 1915), de "neurasthénie" et d' "hystérie de guerre" (Lépine, 1917 (245) ), puis de " névroses
(273), Ferenczi (151) , 1917-1918 ). Ces troubles voient leur origine attribuée tout d'abord à des
causes organiques (Capgras (73), Babinski (17) , Oppenheim (315) ) et post-commotionnelle (Mott
(289; 290), Mairet (255; 256), Sarbo) , hypothèses qui seront supplantées progressivement par celles
défendant une origine post-émotionnelle par effroi et autosuggestion (Lépine (245), Birnbaum (33)) .
Les dernières explications avancées dérivent des modèles psychodynamiques, comme le complexe
de peur, l'effondrement narcissique et la régression libidinale (Adrian (3) , Ferenczi (151; 154) ,
Il est à noter que tout au long de ces grands conflits, et malgré l'affinement diagnostique et
théorique observé progressivement, l'authenticité des troubles présentés par les soldats était
59
constamment remise en question par les autorités militaires et médicales, ces troubles étant souvent
notamment des bénéfices secondaires comme la mise à distance des zones de combat.
Les moyens thérapeutiques en psychiatrie vont aussi évoluer pendant la première guerre mondiale.
Au début, les soldats sont le plus souvent mis au repos et réalimentés à l'arrière des lignes, assujettis
si besoin à des traitements sédatifs, hypnotiques ou toniques selon leur état clinique ainsi qu'à la
une attitude empathique et la suggestion étaient préconisées aussi par certains. Par ailleurs, et de
manière assez consensuelle dans les 2 camps, les soldats suspectés d'hystérie étaient isolés des
autres pour prévenir la contagion de leur trouble, et soumis à des prises en charge spécifiques. Ainsi
furent développées des thérapies telles que la "méthode psychoélectrique rééducative" française de
Roussy et Lhermitte (354) utilisant la faradisation aversive à but à la fois dissuasif et répressif. Les
prises en charge se déroulaient alors si possible dans des "centres neurologiques" de l'avant, proches
du front. La pratique était largement répandue et défendue par des médecins tels que Vincent du
coté français ("torpillage faradique", 1916 (437; 438)) ou Kauffmann (1916) du coté austro-hongrois,
bien que les guérisons se révélèrent finalement très précaires et les rechutes quasi systématiques
(92).
(Grasset, 1915), est mise en œuvre finalement tardivement en France (Damaye, 1917 (107)), en Italie
(Morselli, 1917 (287; 288)) et en Angleterre (Casualty clearing stations) avec l'établissement d'unités
l'approche autour de 5 principes qui firent autorité : immédiateté, proximité, espérance de guérison,
60
- Immédiateté : les soins devaient être prodigués le plus tôt possible, afin d'éviter aux troubles de se
consolider, et/ou de laisser le temps au soldat de s'imaginer que ses symptômes puissent constituer
- Proximité : le soldat devait être traité près de la ligne de front pour pouvoir regagner son unité au
plus vite.
- Espérance de guérison : il lui est dit que sa réaction est "normale face à une situation anormale", et
- Simplicité : Les soins permettaient tout d'abord de répondre aux besoins primaires de l'individu
(hygiène, repos, alimentation). La prise en charge psychologique était centrée sur l'événement et
non sur les conflits de l'enfance et le passé de l'individu. Les traitements se basaient sur la
"suggestion persuasive", et pouvaient être renforcés par l'hypnose. Le traitement faradique était
réservé pour les cas les plus sévères. Ce traitement de base pouvait être complété par
l'hydrothérapie et l' "occupational therapy" disponibles seulement dans les centres de l'arrière.
et de triage , mais aussi au fait que tous les thérapeutes sont formés à la même doctrine et aux
mêmes techniques.
provoquer des abréactions par le biais de l'hypnose ou sous narcose, et qui fera ses preuves auprès
de soldats traumatisés ou sujets à des symptômes conversifs. A ces fins, l'hypnose peut donc être
utilisée pour faire revivre au soldat le moment traumatique sous état hypnotique (Parsons, 1915
(323)). Certains hypnothérapeutes ( Ballard, 1917 (18)) préconisent de cibler à la fois le symptôme et
la peur associée à son apparition alors que d'autres ont plutôt recours à de la suggestion impérative
sous hypnose ( Ormond, 1916 (317) et Smily, 1917 (387)). Concernant l'abréaction par narcose, il
était observé que des réviviscences avaient lieu au réveil après éthérisation ou utilisation de
61
chloroforme, suivies par un soulagement post-critique. Il est intéressant de noter que certains
provenaient non pas de leur action neurobiologique directes sur le cerveau mais plutôt d'une
centres du langage et centres du contrôle cérébral (92) . Les hypothèses actuelles d'après certaines
études de sujets souffrant d'ESPT et traités par EMDR, avancent que les mécanismes entrant en jeu
dans cette psychothérapie seraient en lien avec un rééquilibrage des interactions entre cortex
préfrontal et pariéto-limbique (306; 226; 320). D'autres études ont montré une hypoactivation du
cortex préfrontal antérieur gauche et notamment de l'aire de Broca (intervenant dans le langage et la
communication des sentiments) chez les patients atteints d'ESPT. Le but de la psychothérapie serait
donc de réactiver les zones impliquées dans l'inhibition et l'expression émotionnelle pour réguler les
Enfin, vers la fin de la guerre, des traitements psychanalytiques et des cures cathartiques font aussi
leur apparition sous l'impulsion de psychanalystes comme Ferenczi, Abraham ou Simmel, utilisant
des techniques d'association libre et mettant parfois en relation les troubles psychiques des névroses
de guerre avec l'histoire de vie et d'anciens conflits du soldat traumatisé, qui interféreraient avec la
Vème congrès international de psychanalyse sous la présidence de Abraham, sur la psychanalyse des
est proposé par Freud, projet qui sera accepté par les autorités austro-hongroises, mais finalement
Durant la seconde guerre mondiale, la psychiatrie de l'avant voit à nouveau le jour avec l'implication
des Etats Unis en 1941. Des stratégies d'intervention précoce sont donc mises en place pour prévenir
62
l'état-major américain pour éviter de véhiculer une image psychiatrique du trouble . Des moyens
comme l'hypnose, la narco-analyse, la cure de sommeil, les thérapies de groupe sont ainsi
habituellement utilisés alors que des moyens plus agressifs comme la thérapie par le choc, les
électrochocs ou la leucotomie, sont employés pour les cas les plus sévères (217) . Comme le rapporte
le Pr Crocq, le débriefing psychologique de groupe voit le jour en 1945 sous le nom d' "historical
groupe debriefing " par l'officier d'armes Marshall (262). Un récit en ordre chronologique était fait
par les soldats sur leur vécu et leur participation à une expérience de guerre, ce qui avait un rôle
bénéfique sur leur psychisme. Bion (26) , en angleterre a aussi organisé des psychothérapies de
groupe, intégrant la discipline militaire et faisant intervenir le soutien et la solidarité du groupe (92;
106) .
(1964-1973)
Pour la guerre du Vietnam, nourrie par l'expérience des précédentes guerres, et suivant les préceptes
de Salmon, les Etats Unis instaurent une psychiatrie de l'avant dès le début du conflit, leur
permettant de contenir leur taux de pertes psychiques. Cependant, si le système mis en place est
efficace à court terme, le nombre croissant et inquiétant de séquelles tardives rapportées chez les
vétérans par la suite, connues sous le nom de "post-Vietnam syndrome", a démontré ses lacunes sur
le long terme. Le phénomène prend beaucoup d'ampleur, interpelle aussi bien professionnels de la
santé mentale que les pouvoirs publics, par le nombre et les répercussions sociales et économiques
engendrées, et devient un problème national. Finalement, une nouvelle entité diagnostique est
reconnue et intégrée dans la III ème édition du DSM (14) en 1980 : le "Post Traumatic Stress
63
2. Application en milieu civil, le modèle français des CUMP (Cellules
d'Urgence Médico-Psychologique)
Après sa naissance en 1945 avec les "historical group debriefing" de Marshall, le débriefing a
poursuivi son évolution dans les milieux militaires tout d'abord, puis également dans les milieux
civils. Un chapitre détaillé y sera consacré un peu plus loin dans ce travail. Le développement de la
psychiatrie militaire permettra aux psychiatres des armées de jouer un rôle précurseur en France
dans la prise en charge du trauma collectif en milieu civil, hors du cadre militaire. La pratique du
débriefing de groupe en milieu civil était connue et déjà utilisée par quelques praticiens appelés lors
de catastrophes, attentats ou accidents de grande ampleur, dès le début des années 90 ( catastrophe
de Furiani en 1992 et prise d'otages de l'airbus d'Alger en 1994) (105) . Il faudra attendre 1995 avec
la création de la première CUMP à Paris, pour que les soins médico-psychologiques immédiats et
Après l'attentat à la bombe de la station de métro RER Saint-Michel le 25 juillet 1995 à Paris, les
représentants de l'état ont été confrontés et sensibilisés à la détresse psychologique des victimes.
Jacques Chirac, alors président de la république demande à Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à
l'action humanitaire d'urgence de créer un dispositif pour compléter le dispositif des secours
médicaux (SAMU ou Service d'Aide Médicale Urgente), afin de répondre aux besoins de prise en
psychologues et infirmiers, présidée par le médecin général Louis Crocq, psychiatre des armées. C'est
ainsi qu'est créée la première "Cellule d’Urgence Médico-Psychologique pour les victimes d’attentats,
64
1) Définir une doctrine concernant le soutien psychologique précoce et le suivi des blessés
psychiques.
2) Mettre en place le plus rapidement possible un dispositif étagé pour la prise en charge de ces
blessés psychiques (sur le terrain, dans les structures d'évacuation et dans les consultations
3) Assurer la formation des personnels à tous les niveaux (psychiatres, psychologues, infirmiers et
5) Établir et maintenir les contacts nécessaires avec les autorités administratives et judiciaires
Après la création de la cellule parisienne, le dispositif s'étend progressivement sur tout le territoire
national, et le 28 mai 1997, deux textes officiels instituent la mise en place d'un Comité National de
l’Urgence Médico-Psychologique, ainsi que du Réseau National des Cellules d’Urgence Médico-
Psychologique (143). La France est alors le premier pays au monde à mettre en place une
psychologique (97) . Une circulaire en mai 2003 (275) puis un décret en 2013 (276) viennent
renforcer le dispositif. Par la suite le fonctionnement des CUMP a été précisé par les arrêtés du 24
février 2014 (279; 278) . Enfin, l’instruction interministérielle du 12 novembre 2015 relative à la prise
en charge des victimes d’actes de terrorisme a été actualisée en avril 2016 suite aux attentats de
coordination (419) .
65
Les CUMP font partie du dispositif de l'aide médicale urgente et sont désormais sous la
responsabilité de l'Agence Régionale de Santé (ARS). Le réseau des CUMP est composé de volontaires
l’étranger, pour assurer les prises en charge médico-psychologiques des victimes de catastrophes ou
répercussions psychologiques en raison de leur nature . Le réseau des CUMP s'étage sur plusieurs
Dans chaque département est constitué une Cellule d'Urgence Médico-Psychologique, composée de
médecins, psychologues, infirmiers, dont l'intervention est coordonnée par un psychiatre référent
désigné par l'ARS, en liaison avec le Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) qui alerte la cellule en
cas de besoin. Outre leur rôle dans la coordination et l'intervention des CUMP, les psychiatres
Au plan régional, chaque région dispose d’une CUMP régionale permanente, constituée dans
l’établissement de santé siège de SAMU situé dans le chef de lieu de la région, et chargée d’assurer la
coordination et l'appui des CUMP de la région. Elle est coordonnée par un psychiatre référent qui
avec un psychologue référent et/ou un infirmier référent constituent l’équipe d’urgence médico-
psychologique dédiée régionale. Par ailleurs des CUMP dites "renforcées" sont aussi constituées,
ayant une activité permanente dans certains départements présentant des risques spécifiques ou
une population importante. Elles peuvent apporter leur concours à la CUMP régionale de leur région
Au niveau zonal ( une zone de défense et de sécurité, ou ZDS, correspond à une circonscription
territoriale regroupant en général plusieurs régions (248) ), l’animation territoriale du réseau des
66
CUMP est organisée au niveau de la zone de défense par un psychiatre référent qui s’appuie sur les
est chargé d’animer le réseau des psychiatres référents zonaux. Il bénéficie pour cela du concours
d’un psychiatre référent national qui préside un groupe de travail permanent associant des
psychiatres référents zonaux et des représentants des CUMP), constitué au sein du Conseil National
Dispositif national des CUMP, direction générale de la santé. Décret relatif à la préparation et aux
réponses aux situations sanitaires exceptionnelles. Cellules d’urgence médico-psychologique.
Journée des CUMP, Paris, 9 avril 2013 :
67
c) Modalité d'intervention
Lorsque la CUMP est activée, ses membres sont mobilisés selon les dispositions d'un schéma type
d'intervention. La CUMP est intégrée aux éléments d'intervention du SAMU et bénéficie de ses
impliquées dans l’événement y compris les sauveteurs, et de faire évacuer, après régulation par le
SAMU, les victimes nécessitant une hospitalisation vers les établissements de santé ;
être renforcés à l'échelon de la zone de défense et de sécurité, voire par l'EPRUS si nécessaire (277) .
B. Recommandations et guides
savantes et des autorités de santé peuvent constituer un appui décisionnel thérapeutique utile pour
le praticien. Les recommandations de bonne pratique sont définies dans le champ de la santé comme
«des propositions développées méthodiquement pour aider le praticien et le patient à rechercher les
soins les plus appropriés dans des circonstances cliniques données» (195).
68
1. Recommandations en France
consensus, il semble que les avis sur la prise en charge aiguë du traumatisme soient plus divergents,
Force est de constater que la HAS, Haute Autorité de Santé, n'a pas encore adopté de
recommandations spécifiques pour la prise en charge de la réaction aiguë à un facteur de stress. Seul
l'état de stress post-traumatique est concerné dans son guide affection longue durée sur les troubles
anxieux de 2007 (178) . De même le rapport INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche
Médicale) de 2004, intitulé "Psychothérapie , trois approches évaluées" ne prend aussi en compte
Une conférence de consensus de 2003 sur la prise en charge des maltraitances sexuelles réalisée par
la Fédération Française de Psychiatrie ainsi qu'un guide réalisé en 2003 par le ministère de la santé à
l'attention des professionnels de la santé en cas de catastrophes collectives considèrent par contre
les prises en charge de patients en état de stress aigu. Il n'existe pas d'autres recommandations
(DGS) a organisé une conférence de consensus en 2003 s'intitulant "Conséquences des maltraitances
sexuelles, les reconnaitre, les soigner, les prévenir" (148) dans laquelle elle propose plusieurs
maltraitances sexuelles, ces recommandations sont toutefois intéressantes car abordant la prise en
charge du trauma en phase aiguë. Elles soulignent d'ailleurs l'importance de ne pas se limiter
seulement au traitement de l'ESPT. Les auteurs notent aussi que certaines approches thérapeutiques
françaises se démarqueraient de celles des pays anglo-saxons, même si elles ont une validité plus
69
empirique que réellement attestée par la littérature. Après avoir énoncer les attentions particulières
à la relation thérapeutique à instituer avec le patient, et qui sont spécifiques au genre de trauma
concerné par ces recommandations, ils insistent sur la nécessité de prise en charge pluridisciplinaire
(judiciaire, sociale..) pour garantir un cadre sécurisant. Sur le plan psychothérapeutique, le débriefing
n'est pas recommandé par les auteurs. Ils conseillent par ailleurs d'utiliser les thérapies d'exposition
issues des TCC (thérapies cognitivo-comportementales) un peu à distance du trauma. En fait, ils
que l'utilisation éventuelle de thérapies cognitives et de techniques de gestions du stress pour aider
le patient à retrouver un sentiment de contrôle sur son état psychique. A propos des thérapeutiques
médicamenteuses dans les suites d'une agression récente, ils proposent les benzodiazépines à but
anxiolytique, mais dont l'usage doit être limité au maximum du fait de leur effets indésirables sur la
mémoire et le risque addictif. Les hypnotiques peuvent être aussi prescrits avec parcimonie (148) .
Un guide s'intitulant "Accidents collectifs, attentats, catastrophes naturelles : conduite à tenir pour
les professionnels de santé" (274) a été réalisé par le ministère de la santé en 2003 . S'appuyant sur
le travail réalisé par les CUMP (Cellules d'Urgence Médico Psychologique), il concerne donc les
(24 premières heures), post immédiat ou à court terme (jusqu'à quelques mois après le trauma), et à
long terme (pouvant durer plusieurs années). Des recommandations spécifiques à destination du
personnel des CUMP (psychiatres, psychologues et infirmiers psychiatriques), sur la prise en charge
psychologique et psychiatrique, sont préconisées pour chaque phase , dont les phases immédiate et
70
- Les soins sont proposés systématiquement aux victimes, ainsi que la délivrance d'une information
concernant le trauma, ses conséquences éventuelles, et les moyens médicaux mis à sa disposition.
Des soins sans consentement peuvent éventuellement être nécessaires si l'état psychique du patient
rend impossible son consentement et que son état les nécessite. Les soins visent à déceler, apaiser et
traiter les victimes dans des états pathologiques et de stress dépassé, et peuvent être prodigués à
divers endroits : Cela peut être sur le terrain, à proximité de l'événement, si possible dans les Postes
d'Urgence Médico-Psychologique (PUMP) établis par les CUMP, mais aussi à l'hôpital, au centre
- La possibilité de verbaliser l'expérience vécue est considérée comme apaisante. Une attitude
contenante est recommandée ainsi que l'entrée en contact avec la victime, verbal voire physique, et
la sollicitation d'un récit de ce qu'elle a pu traverser. Toutefois une vigilance particulière doit être
portée sur la nécessité de ne pas être trop insistant et intrusif, surtout si la personne est dans un état
de sidération. Ce guide met aussi en garde le thérapeute sur les effets potentiellement nocifs d'une
un service spécialisé peut être nécessaire pour les cas les plus sévères. Sur le plan médicamenteux, la
prescription d'un anxiolytique à demi-vie courte peut être indiquée, voire d'un sédatif dans certains
cas. Une fiche de tri sera renseignée systématiquement avec les troubles cliniques présentés par le
patient, et un certificat médical sera également rédigé pour tous les patients.
- Une réévaluation est essentielle à court terme afin d'établir un certificat médical fixant la durée de
l'incapacité totale de travail (ITT), contrôler l'évolution clinique et prodiguer des soins (par des
- Si la personne reste très perturbée, les soins peuvent être proposés sous forme individuelle mais
71
concentrera davantage sur la sémiologie actuelle du patient, tout en conservant une attitude
médicamenteuses prudentes et un arrêt de travail peuvent être nécessaires. Des groupes de paroles
sont également possibles à l'intention de personnes victimes d'un même événement, dans lesquels la
parole circule librement et spontanément, et qui permettent aux patients d'atténuer un éventuel
- Dans les cas où le patient est plus résilient et a déjà rétabli un équilibre psychique satisfaisant, le
"débriefing" individuel ou collectif est réalisable, par des thérapeutes formés à ces techniques
spécialisées. Lors du débriefing individuel, les états psychiques et émotionnels traversés par le
patient lors de l'événement sont explorés et mis en lien avec son histoire de vie. Le thérapeute devra
séance, qui, s'il est trop important indique l'abandon de cette approche. Le débriefing collectif
s'adresse à des groupes déjà constitués avant l'événement et qui resteront formés par la suite
(même groupe de professionnels par exemple). Un débriefing individuel devrait pouvoir être proposé
- En fonction de l'évolution clinique, plusieurs séances peuvent être nécessaires, et si besoin, une
L'OMS propose plusieurs guides et recommandations concernant la prise en charge du stress aigu.
Ainsi le module guide d'intervention du "programme d'action combler les lacunes en santé mentale"
(Mental Health Gap Action Programme = mhGAP) s'intitulant "Evaluation et prise en charge des
affections spécifiquement liées au stress" (311) comprend des conseils pour l'évaluation et la prise en
charge du stress aigu, du stress post-traumatique et du deuil dans les structures de soins non
spécialisées. S'appuyant sur des recommandations récentes de 2013 de l'OMS s'intitulant "
72
Guidelines for the management of conditions specifically related to stress " (313) , ce module est
intégré comme une annexe au guide d'intervention mhGAP pour lutter contre les troubles mentaux,
neurologiques et liés à l'utilisation de substances psychoactives dans les structures de soins non
spécialisées (310) .
L'OMS a également réalisé une adaptation de ce dernier, pour une utilisation dans les situations
Toutefois, il n'y a pas vraiment de différence significative concernant le chapitre sur la prise en
Un guide s'intitulant "les premiers secours psychologiques : guide pour les acteurs de terrain" (314)
a été aussi réalisé pour les acteurs des pays en voie de développement, afin qu'ils puissent apporter
un premier soutien aux personnes immédiatement après des événements d'extrême violence. Les
premiers secours psychologiques sont proposés dans ce cadre comme une alternative au débriefing
S'appuyant sur les résultats d'une revue de la littérature réalisée par Roberts et al. en 2010 (344) , les
auteurs rappellent qu'aucun bénéfice n'a été démontré par l'utilisation de débriefing psychologique
ou d'interventions psychologiques répétées dans la prévention du PTSD chez des patients ayant vécu
un événement traumatique ( à noter que les patients dans un état de stress aigu étaient exclus de
cette analyse ).
Les premiers soins psychologiques sont recommandés par l'OMS comme alternative au débriefing
73
psychoéducation, TCC ) au profit de patients en état de stress aigu a été aussi analysée par les
auteurs. Pour ce faire, ils ont effectué une revue de la littérature en retenant les méta-analyses
récentes (moins de 2 ans) et de "qualité ou applicabilité appropriée". Seule une étude de Roberts et
- Pour les TCC centrées sur le trauma : il y a des preuves de niveau "modéré" suggérant un effet
bénéfique concernant à la fois l'amélioration clinique sur les symptômes d'état de stress aigu et la
prévention du PTSD. Ces preuves sont moins formelles lors des réévaluations de suivi. Par ailleurs, il
n'y a pas de preuve de nocivité rapportée. Les TCC centrées sur le trauma sont au final
problème il n'y a pas de possibilité d'établir des recommandations. En effet cela résulte soit de
l'absence d'étude (pour l'EMDR) soit d'un nombre trop restreint d'études et/ou dont les résultats
Les auteurs notent que les TCC centrées sur le trauma nécessitent une formation et une expérience
solides et spécialisées. N'étant pas toujours ou étant peu disponibles, les TCC devraient être
réservées alors pour les cas les plus graves. Les auteurs recommandent dans les contextes où cette
aide n'est pas disponible de renforcer les premiers secours psychologiques par d'autres interventions
Dans leur revue de la littérature, les auteurs n'ont retrouvé aucun essai clinique randomisé
concernant l'abord pharmacologique de patients adultes souffrant de stress aigu. Ils recommandent
74
(3) Symptomatologie spécifique chez l'adulte
- Pour l'insomnie aiguë secondaire : S'appuyant sur la méta-analyse de Niet et al. de 2009 (303), les
auteurs recommandent d'utiliser les techniques de relaxation et conseils sur l'hygiène du sommeil
études de Nappi et al. de 2012 (294) et Van Liempt et al. de 2009 (429) (bien que ces études ciblaient
des patients souffrant de PTSD et non d'état de stress aigu), les auteurs recommandent de ne pas
- Pour les troubles dissociatifs aigus : S'appuyant sur la méta-analyse de Ruddy et House de 2005, les
auteurs concluent qu'aucune recommandation spécifique ne peut être faite pour le moment.
- Pour l'hyperventilation : Aucune méta-analyse n'a été retrouvée par les auteurs. Il n'y a pas de
recommandation spécifique, en particulier concernant l'usage de sac en papier. Les auteurs notent
qu'il peut y avoir des risques dans certaines populations à respirer dans un sac en papier et
Les recommandations suivantes proposées sont à prendre en compte à destination des personnes
présentant des symptômes de stress aigu, après une exposition récente, au cours des 30 derniers
jours environ :
- dispensation des premiers secours psychologiques. Ils comprennent notamment une relation
d'écoute, et il est souligné l'importance de ne pas forcer la personne à parler. Par ailleurs, ces secours
doivent s'accompagner d'une préoccupation pour les besoins de base de l'individu ( protection et
sécurité, besoins physiques, logement...). Un rôle est joué aussi dans l'orientation adaptée de
75
- évaluation et résolution si possible des facteurs de stress actuels, à l'aide des ressources et services
- une psychoéducation est proposée, normalisant la réaction de l'individu face à une situation
personne de revenir pour une visite de suivi si les symptômes se sont intensifiés, ou bien s'ils ne se
- prise en charge du stress avec l'enseignement aux patients de techniques de gestion du stress,
progressive.
d'antidépresseur durant cette phase de stress aigu (ou exceptionnellement et pour une durée très
brève, dans certaines indications restreintes comme l'insomnie, en cas d'échec d'autres approches et
- aider les individus à identifier et à s'appuyer sur les modes "d'affrontement positif des problèmes"
et sur le soutien social disponible. Pour ce faire, les points forts et les capacités de l'individu sont
identifiés ainsi que les personnes de confiance de son entourage, afin de pouvoir s'appuyer dessus.
Une reprise et un maintien des activités, repères sociaux habituels sont conseillés. Une sensibilisation
sensorimotrice ) sont par ailleurs proposées, reprenant les recommandations des "guidelines for the
76
c) "Les premiers secours psychologiques : guide pour les acteurs
Les premiers secours psychologiques sont à la fois considérés comme un soutien social et
psychologique et peuvent être proposés par le tout venant, bénévole ou professionnel. En 2009, le
de la Santé (OMS) a évalué les résultats des premiers secours psychologiques et ceux du débriefing
psychologique. Les conclusions de cette évaluation recommandent de proposer les premiers secours
extrême suite à un événement traumatisant récent . Nous pouvons remarquer pourtant que le
débriefing psychologique nécessite une formation plus spécialisée et n'est pas un outil à la
- aider les personnes à répondre à leurs besoins essentiels (par exemple, la nourriture et
- aider les personnes à obtenir les informations, les services et le soutien social dont elles
ont besoin .
77
Cette aide doit se faire en respectant la dignité, les droits et la sécurité de la personne ; en adaptant
ce que l'on fait pour prendre en compte la culture de la personne ; en étant au courant des autres
interventions d'urgence afin de pouvoir renseigner et diriger la personne vers une structure
appropriée si nécessaire ; et en s'assurant de prendre soin de soi afin de pouvoir garantir aux
important aussi de souligner et valoriser les points forts de la personne, de ne pas juger la personne
sur ce qu'elle a fait ou n'a pas fait, ou la manière dont elle se sent.
Dans le cas où la personne est en détresse psychique, dépassée par le stress, il est recommandé de
parler d'une voix douce et calme, en regardant l'autre dans les yeux, de lui rappeler que nous
sommes là pour l'aider et qu'elle est en sécurité (si c'est le cas). Devant des troubles dissociatifs, il est
recommandé d'aider la personne à prendre conscience d'elle même et de ce qui l'entoure. Pour ce
faire, on peut lui demander de taper sur ses genoux avec ses mains ou ses doigts , d'être attentive et
concentrée sur ses perceptions sensorielles (proprioception, toucher, vue, ouïe...), ou sa respiration
(lente de préférence).
3. Recommandations nord-américaines
Aux Etats-Unis , l'American Psychiatric Association propose des "guidelines" réalisées en 2004
s'intitulant "Practice Guideline for the Treatment of Patients with ASD and PTSD". Celles-ci ont été
révisées en 2009, mais aucune mise à jour n'a été effectuée concernant la prise en charge de l'état
de stress aigu, faute de nouvelles études de bon niveau de preuve (8; 7).
Dans ces recommandations de 2009, un chapitre est toutefois consacré aux premiers soins
psychologiques, vus avec espoir comme l'approche alternative au débriefing psychologique (441),
78
mais nécessitant encore de collecter davantage de preuves scientifiques. Cinq principes semblent
être essentiels dans cette approche : le sentiment de sécurité, l'effet d'apaisement, le sentiment
un même groupe (185). Cependant les modalités optimales pour délivrer ces soins restent encore à
définir, comme la qualification professionnelle de ceux qui vont se charger des soins.
L'APA dans ses "guidelines" de 2004 pour la prise en charge de l' état de stress aigu fournit des
comme efficace dans la prévention de l'état de stress aigu. Les données issues d'études concernant le
traitement de l'état de stress aigu sont peu nombreuses. Les inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine sont recommandés ( niveau de recommandation modéré) ainsi que les autres
antidépresseurs ( niveau de recommandation faible ) devant des "preuves limitées" montrées par des
études concernant l'état de stress aigu, et les résultats provenant d'études s'intéressant à ces
traitements dans l'indication du PTSD. Les benzodiazépines peuvent être utiles dans la réduction de
Sur le plan psychothérapeutique : les TCC ont montré une efficacité dans la prévention de l'état de
stress aigu chez les personnes exposées à un événement traumatique ( niveau de recommandation
recommandé de s'appuyer et valoriser les compétences existantes du patient, son propre jugement
et son réseau de soutien existant ( niveau de recommandation modéré ) . Pour les patients ayant
vécu des traumatismes complexes, les interventions de soutien précoce seules sont probablement
insuffisantes pour réduire durablement des symptômes de PTSD. Par ailleurs les techniques de
débriefing psychologique sont déconseillées car semblant inefficaces dans le traitement de l'état de
79
stress aigu et la prévention du PTSD. Concernant l'EMDR, l'hypnose ou les psychothérapies
psychodynamiques, aucune étude contrôlée n'établirait de preuve dans leur efficacité comme
intervention précoce ou préventive d'un état de stress aigu. Par contre les TCC et autres thérapies
basée sur l'exposition peuvent être utiles ( recommandation de niveau modéré ). Les
psychothérapies psychodynamiques peuvent être utiles pour leur part, afin d'aborder les problèmes
gravité des symptômes, ou le traitement de l'état de stress aigu et qui peuvent avoir des
psychique
La prise en charge psychologique d'un sujet traumatisé est particulière et se singularise dans le
domaine des soins de santé mentale . Le sujet n'est pas atteint d'une "maladie mentale" à
proprement parler. Pourtant son état psychique peut-être considéré comme pathologique car source
de souffrance et d'altération dans son fonctionnement habituel. Cet état, qui prend la forme d'un
syndrome psychotraumatique, est curable et peut justifier de soins adaptés. Toutefois, et malgré une
toujours la nature ou la gravité de son trouble. Le recours à un thérapeute spécialisé n'est donc pas
soins disponible est donc indispensable et ce, dès la période immédiate qui suit l'événement
traumatique (96) .
80
1. Intervention médico-psychologique immédiate et défusing
Les soins immédiats se déroulent dans l'intervalle de temps qui suit immédiatement l'événement
potentiellement traumatique, dans les 24 première heures. Ils peuvent avoir lieu dans différents
endroits, comme en milieu hospitalier et en particulier dans les services d'urgence, mais aussi sur le
terrain directement, sur le lieu même de l'événement. Dans ce dernier cas, pour les événements
faisant intervenir un grand nombre de victimes et/ou à forte répercussion psycho-sociale, ce sont
habituellement les CUMP (Cellule d'Urgence Médico-Psychologique) qui sont chargées d'intervenir
(156; 134) .
notamment sur le plan organisationnel, sont des préalables nécessaires avant que les soins
psychologiques ne soient effectivement dispensés. Elles doivent s'opérer en partenariat avec les
autres intervenants et systèmes de secours, ainsi que des responsables institutionnels afin de
Coq rappelle aussi qu'avant de ressentir un besoin d'aide psychologique, les victimes sont parfois
déjà mobilisées par des besoins plus primaires (besoins physiologiques, matériels..) , ainsi que des
besoins psycho-cognitifs (comprendre ce qu'il s'est passé, obtenir des informations pratiques, des
informations juridiques..) et affectifs / psychosociaux (parler, être réconforté, être réintégré dans la
catastrophe. Elle est définie comme un acte thérapeutique, et s'adresse à tous les blessés psychiques
présentant des symptômes. Le second est procuré par tous les secouristes et intervenants
professionnels non soignants de manière générale. Il est à destination des personnes étant
symptômes. Dans ce dernier cas, le but est d'être présent et d'apporter des réponses aux besoins
81
physiques, psycho-cognitifs et psycho-sociaux (tels que décrits précédemment). Le soutien
La démarche de soins en phase immédiate est bien souvent pro-active, c'est à dire que les soignants
doivent aller à la rencontre du patient victime d'un événement potentiellement traumatique, sans
forcément que la demande soit exprimée. En effet, le sujet est parfois encore sous le choc, sans
Les soins immédiats s'adressent à toutes les personnes présentant des troubles : que ce soit des
symptômes gênants accompagnant les réactions de stress adapté, ou ceux associés aux réactions de
stress dépassé ou psychiatriques franches (psychotiques et névrotiques aigues) (84) . Cela peut
concerner aussi des victimes indirectes (proches, secouristes..) (99). Le triage des victimes est aussi
charge en fonction des différents tableaux cliniques (telle que retour à domicile, surveillance,
Les soins immédiats peuvent se présenter selon plusieurs modalités, pouvant se recouvrir : l'attitude
base
Elle n'est pas réservée à l'usage seul du spécialiste (335; 134) . L'attitude d'accompagnement
sujet peut se faire notamment par des questions simples et ouvertes ("Qu'est ce qui vous est arrivé
?", "qu'est-ce qui s'est passé?" par exemple). Il peut aussi être médié par la proposition d'une
boisson, d'une collation ou par le biais de la prise en charge somatique (prise de la pression artérielle,
82
auscultation..). C'est aussi un temps de réassurance sur la sécurité, une reprise de contact avec la
réalité, où des repères et informations concrets sont donnés. Il faut aussi protéger la victime de la
blessures d'autrui par exemple, pouvant majorer le risque de décompensation traumatique. Une
attention particulière est à rappeler aussi devant l'état de vulnérabilité du sujet, pouvant être pris à
parti par les médias à la recherche de témoignages en direct, ou devant la présence sur les lieux de
personnes malintentionnées telles que des membres de secte. La portée bénéfique du soutien
même et sur ses propres limites, puisque toute défaillance émotionnelle visible de sa part serait
préjudiciable pour la victime. En effet, cela résonnerait douloureusement avec la détresse éprouvée
lors du trauma. Par ailleurs, deux réactions sont habituellement déconseillées et à éviter, car ne
laissant pas la place au processus thérapeutique naturel de se développer, et/ou renvoyant au sujet
Toutefois une prise de position divergente et prudente peut être évoquée ("Je ne vois pas les choses
comme ça" par exemple) (238; 335; 96; 134; 27; 224).
"désamorçage" en français )
symptômes, il permet l'amorce d'un début de sentiment de maîtrise sur l'événement. Il vise à
soulager la souffrance psychique, restaurer l'état psychique et à prévenir une évolution pathologique
des troubles. Il s'adresse aux personnes en état de stress adapté et ne doit jamais être imposé ni
intrusif. Le forcing, à fortiori chez un sujet en état de stress dépassé, serait délétère. L'expression du
sujet doit être volontaire ou spontanée. Le fait de parler est déjà un début de réengagement actif
dans la vie. Le défusing peut se dérouler en individuel ou en petits groupes, il se fait généralement
dans un lieu aménagé, au calme et à l'abri. Son objectif est la décharge émotionnelle du vécu
83
traumatique ( au cours d'une abréaction), sa "mise en sens" et son intégration par le biais du
autobiographique du sujet. Cela correspond à ce que Crocq dénomme " l'approche cathartique ", en
référence notamment à Freud et Aristote . Rappelons que ce processus n'est pas exclusif à la phase
immédiate, mais peut être retrouvé à travers les différents types de psychothérapies du trauma lors
des phases de prise en charge ultérieures. L'attitude thérapeutique à avoir est spécifique. Face à la
habituelle de "neutralité bienveillante" est inadaptée. Le sujet a besoin d'une relation qui le ré-
ses semblables. L'attitude thérapeutique doit être aussi contenante, à même de pouvoir gérer et
soutenir le sujet lors des abréactions. Un contact physique, comme une main sur l'épaule peut être
réconfortant. L'équilibre dans la pratique du défusing est assez subtil, nécessitant un bon accordage
dans la distance relationnelle et l'interaction avec le patient, et de trouver le "bon temps" dans la
prise en charge pour sa mise en place. L'attitude thérapeutique devra rester souple et modulable en
fera au fur et à mesure moins encadrante et moins directive, plus accompagnante, laissant
progressivement toute sa place à l'autonomie psychique du patient (93; 96; 335; 84; 236; 156; 99;
134; 83) .
Ils sont souvent nécessaires pour les états de stress dépassé, ou les réactions névrotiques et
psychotiques graves. Une hospitalisation en milieu spécialisé est parfois indispensable, et peut
relever d'une mesure de soins psychiatriques sous contrainte si le patient présente des troubles
84
D'autre part l'arsenal pharmacologique (anxiolytiques et neuroleptiques) peut être utile. Certains
auteurs préconisent leur usage raisonné et toujours limité dans le temps (335; 134) .
d) L'information et l'orientation
doit aussi s'assurer de la délivrance orale et écrite d'informations sur le trauma et ses conséquences
possibles, ainsi que de l'offre de soin disponible si besoin. Cette psychoéducation est essentielle
devant l'évolution clinique polymorphe en phase post-immédiate et à long terme, et concerne aussi
les sujets ayant réagi de manière adaptée initialement. Une vigilance devra être particulière tout au
long de la prise en charge immédiate, de façon à dépister tout signe marquant l'effraction
donner à propos du risque d'évolution défavorable est indispensable, il est tout autant important de
rassurer le sujet sur le fait que dans la majorité des cas l'évolution des troubles sera au contraire
favorable. S'appuyant sur le principe d'espérance de guérison de Salmon, cette information peut à
elle seule être motrice dans le processus thérapeutique. La prise en charge en phase immédiate se
termine par la mise en place d'un suivi et d'un relais thérapeutiques. L'orientation peut se faire vers
un retour à domicile avec relais ambulatoire, ou vers une hospitalisation en fonction du tableau
Les soins post-immédiats sont proposés durant la période post-immédiate, c'est à dire entre le 2ème
marqués et observés dans la phase immédiate, ou apparaissant à posteriori, après une réaction de
stress adapté ou après la rémission apparente des symptômes d'une réaction de stress dépassé. Ces
85
troubles entrent dans la constitution de ce que les auteurs francophones dénomment la phase de
La principale modalité de prise en charge psychologique en post-immédiat est connue sous le nom
particulier entre celles des pays anglosaxons et celles défendues par les pays francophones. Crocq
psychothérapique en post-immédiat" (IPPI). Ces dernières décennies ont par ailleurs été marquées
(102; 96) .
a) Historique du débriefing
Depuis l'élaboration de ses bases pendant la seconde guerre mondiale, jusqu'aux pratiques qui en
Au cours de la seconde guerre mondiale, les retours de mission au sein des forces armées
"debriefing". Au cours de ces réunions, les militaires rendaient compte des résultats et du
Marshall, observant les effets bénéfiques globaux de ces débriefings (sur le moral, l'efficacité..), s'en
inspira pour mettre en place une méthode de bilan psychologique d'événement, codifiée sous la
dénomination "Historical Group Debriefing" (262). Au retour d'opérations militaires difficiles, les
soldats étaient alors réunis en groupe de parole pendant une heure ou deux. Il leur était alors
demandé chacun leur tour, de décrire de façon détaillée, chronologique et factuelle leur expérience
personnelle de l'événement, pendant que les autres écoutaient. D'après Marshall cela permettait de
86
• la valorisation du rôle individuel du combattant,
• l’évacuation des peurs, des émotions, des frustrations et des rancœurs éprouvées pendant
La pratique du débriefing est reprise dans les années 1975 dans certaines unités.
EN 1977, l'U.S. Navy crée une équipe spécialisée dans le soutien psychologique du personnel militaire
naval, qui s'étendra aussi à la prise en charge des victimes civiles : le "Special Psychiatric Rapid
Intervention Team" (ou SPRINT). En 1979, le département d'état américain constitue des équipes
spécialisée de débriefing ("debriefing teams"), issues du personnel militaire, pouvant intervenir après
Robert Sokol, psychiatre des armées, et riche des expériences des "debriefing teams", fut chargé en
1980 de fonder un dispositif spécial de soutien psychologique de catastrophe au sein des forces
américaines en Allemagne, dont il nomma l'équipe "Stress Management Team" (SMT) (388). Il définit
ses principes d'action en s'appuyant sur les 5 principes de la psychiatrie de l'avant de Salmon qu'il
renforça d'un sixième principe, la brieveté. Ces principes étaient connus sous le sigle B.I.C.E.P.S. :
• Centralité (centrality) : traitement des victimes ensemble selon une doctrine unique.
• Espérance (expectancy) : favoriser la conviction auprès des victimes que leur troubles allaient
87
• Simplicité (simplicity) : traitement centré sur l'événement et non le passé des victimes.
Il portait à ces interventions une teneur thérapeutique et préventive. Toutefois afin d'éviter aux
victimes de se considérer comme "malades", il avait choisi de garder l'appellation "débriefing", moins
Les équipes étaient composées d'un psychiatre chef d'équipe, d'un psychiatre adjoint, d'un
• phase de préparation
Elle était primordiale car posant les bases du bon déroulement du débriefing. Au cours de cette
phase les rôles de chacun étaient déterminés. Le lien était fait également avec tous les acteurs
de l'intervention. C'était aussi un temps pour expliciter et réduire une éventuelle anxiété
• phase d'extraction-triage
C'est la phase des premiers contacts avec les victimes. Il s'organise un tri des sujets en fonction des
différents types de réactions présentées (adaptées ou dépassées ). Au cours de cette phase s'opère
transmission d'informations aux victimes. Elle relève en fait de nos actuelles interventions médico-
La phase de débriefing pouvait se faire à distance (sur le plan temporel ou spatial) de la phase
précédente, en fonction des circonstances. Une attention particulière concernait la protection des
88
harcèlement par les journalistes..). Le débriefing en lui même était dans sa structure assez souple,
principe général était d'encourager l'expression spontanée des victimes, de solliciter aussi ceux qui
• phase de réinsertion
dégageant de la mentalité de victime. C'est aussi le moment pour l'équipe de se mettre en lien avec
les proches et familles des victimes afin de les conseiller au mieux sur les attitudes et conduites à
tenir à avoir.
Deux types de débriefing pouvaient être conduits selon Sokol : d'une part les débriefings
et d'autre part les débriefings "éducationnels", mettant davantage l'accent sur la psycho-éducation
des participants. Ce dernier type semblait plus efficace sur le plan préventif et thérapeutique.
C'est en 1983, par le biais de Jeffrey Mitchell, psychologue américain et ancien pompier, que le
débriefing trouva une déclinaison spécifique dans le milieu civil. S'inspirant des pratiques militaires
de Marshall, du SPRINT et des SMT de Sokol, il mit au point une procédure de débriefing destinée à
tous les personnels de secours (pompiers, policiers, sauveteurs, personnel médical ou paramédical...)
89
Mitchell ne porte pas de fonction thérapeutique à sa méthode, celle-ci n'étant pas prévue pour des
sujets réellement traumatisés. Elle aurait plutôt une portée psycho-éducationnelle. Il distingue
Mitchell a codifié et détaillé son approche du débriefing dans des publications en 1988 et 1995 (282;
285) :
• Objectif du CISD
L' objectif est de réduire le niveau de stress suite à l'événement et de favoriser les processus de
récupération chez des sujets "normaux soumis à un événement anormal". La verbalisation est décrite
• Principe
Crocq nous explique que pour Mitchell, c'est "une méthode d'accueil des sujets impliqués dans ces
et symptômes manifestés à son occasion". Chaque sujet impliqué va raconter son expérience de
aspects de son vécu (faits, cognitions, affects..). Le fait d'organiser son vécu explicitement, de le
confronter à celui des autres et de retrouver des vécus similaires, associé aux explications délivrées
90
• Les intervenants
Les intervenants sont des volontaires qui peuvent aussi bien comprendre professionnels de la santé
(médecin, psychologue, infirmier, assistants sociaux) que personnel de secours (tels que sauveteurs,
policiers, pompiers...) autrement appelés "peers" (pairs), agissant en soutien à leurs pairs. Dans tous
les cas ils doivent avoir reçu une formation spécialisée en psychotraumatologie et dans la pratique du
débriefing. Les "débriefers" ou membres de l'équipe de débriefing sont choisis en fonction des
circonstances et du type de personnel impliqué dans l'événement à débriefer, c'est à dire du même
corps de métier que les sujets impliqués . Le "leader", chargé de la direction du débriefing doit être
expérimenté, mais il n'est pas forcement psychiatre ou psychologue. Dans tous les cas il ne doit pas
avoir été impliqué dans l'incident critique et doit venir si possible d'un organisme extérieur à
l'institution. Les autres membres peuvent seconder le leader en le soutenant pendant l'intervention
ou en lui transmettant des observations sur les réactions de certains sujets. Les rôles de chacun sont
Le délai est de 24 à 72h, pouvant être éventuellement retardé en cas de "grande catastrophe". Le
sujet doit avoir pu prendre un peu de recul, être moins perturbé et être psychologiquement prêt à
l'intervention. Le lieu doit être neutre, à la fois en dehors des lieux de l'incident mais aussi des locaux
habituels des impliqués. Les intervenants et les impliqués pourront se placer autour d'une table.
• "Format" du débriefing
Le débriefing peut être individuel ou groupal. Dans ce dernier cas l'ensemble du groupe doit avoir été
constitution d'un groupe afin de ménager suffisamment de temps de parole pour chacun. En cas
91
Une phase de préparation initiale concerne une prise d'informations suffisante sur l'événement à
2- les faits : récit et description factuels de l'événement par chacun des impliqués.
3- les cognitions : description et identifications des pensées et réflexions que chacun a pu avoir
4- les réactions : expression du vécu émotionnel par les impliqués au cours de l'événement.
5- les symptômes : description par les impliqués des symptômes ressentis au décours et depuis
l'événement.
réactions normales à une situation anormale »), information sur les conduites à tenir et réponses aux
" La stratégie globale de l’équipe du CISD au cours du débriefing consiste à traiter dans un premier
temps les aspects les plus faciles à aborder puis à s’engager progressivement dans des discussions
plus chargées sur le plan émotionnel. Après avoir évoqué les questions délicates, le groupe est
progressivement éloigné des discussions intenses pour être ramené à des discussions plus légères,
La prise de contact avec les éprouvés émotionnels est donc prudente et stratégique, bordée par
l'abord et l'analyse cognitifs des événements , moins fragilisant. Le "parcours" ordonné du débriefing
de Mitchell (faits, cognitions, affects, cognitions, faits) permet la mise en œuvre de processus de
92
restructuration cognitive permettant la mise à jour d'éventuelles cognitions inadaptées associées au
vécu de l'événement.
Selon Mitchell, le débriefing ne se suffisait pas en lui même : il conseillait et proposait des services de
Par la suite, Mitchell et Everly ont mis au point dans les années 2000 le CISM ou "critical incident
stress management. Celui se différencie du CISD par l'intégration sous cette approche d'un
programme plus large et plus complexe que le CISD seul, qui en constitue seulement un élément.
recommande l'utilisation combinée de ses éléments, par des intervenants formés spécifiquement.
Par ailleurs l'intervention de pairs est fondamentale pour l'auteur. Le CISM peut se décomposer en
six domaines fonctionnels : évaluation, stratégie, soutien individuel, intervention pour grand
groupes, interventions pour petits groupes, et enfin suivi et recours à un soutien professionnel.
Mitchell propose l'utilisation de plusieurs techniques d'intervention, qui doivent être adaptées en
fonction de la situation et de la stratégie choisie. Ainsi dans le cadre du soutien individuel sont
le cadre d'intervention pour de grands groupes sont recommandés le "Processus RIT" ou le "Briefing
de gestion de crise" ; dans le cadre d'intervention pour des petits groupes sont recommandés le
"Soutien immédiat pour petits groupes" (indiquée dans les 12h après l'événement) ou le "Soutien de
groupe suite à un événement puissant". Cette dernière technique était connue sous le nom de
"Débriefing du stress lié à un incident critique" ou CISD, que nous avons décrit précédemment (281;
146; 284) . Le CISM est une des stratégies de réponse à des incidents critiques des plus répandues sur
le plan international et qui est actuellement utilisée par de nombreuses organisations (125; 281).
L'intervention des personnels de la Croix Rouge lors du tremblement de terre du 17 octobre 1989 à
Loma Prieta près de San Francisco a demandé à Armstrong d'adapter le débriefing de Mitchell aux
93
circonstances particulières. Il dénomma son approche le Multiple Stressor Debriefing Model (MSDM)
(11). De nombreux facteurs étaient spécifiques à l'événement et à l'intervention tels que la durée
d'intervention du personnel de la Croix rouge (plusieurs semaines), la multiplicité des contacts avec
les victimes et la nature de leur relation (échanges verbaux longs et répétés), la peur des ondes de
Armstrong conduisait des débriefings de groupe d'environ 20 personnes, menés par un leader et un
les sentiments et réactions : expression du vécu émotionnel des participants en relation avec
les facteurs de stress incriminés et psychoéducation sur les réactions de stress par les
débriefers.
les stratégies de coping : psychoéducation et discussion sur les stratégies de coping à mettre
en place.
Armstrong retirait de son expérience un intérêt à adapter le débriefing aux interventions et aux
événements, l'utilité des supports visuels lors du débriefing et un avantage à limiter l'effectif des
groupes à 12 ou 15.
Atle Dyregrov, psychologue norvégien mit au point en 1997 une technique dérivée de celle de
Mitchell, dont il garde le squelette mais fusionne les phases des réactions et des symptômes. Son
apport principal est de s'appuyer sur la force et le soutien du groupe pour renforcer l'efficacité du
débriefing. Toutefois, et bien que centrée sur l'utilisation de la psychologie de groupe, il n'en réclame
pas l'appartenance aux psychothérapies de groupe ou aux groupes d'entraide, et ne définit pas son
94
d'objectif premier comme thérapeutique. Sa technique était utilisée à la fois chez les victimes et les
personnels de secours.
le leadership : cela comprend notamment la préparation des débriefers, leur sélection (un
d'empathie qui importaient plus que d'être professionnel de la santé ), les comportements
et relations optimales à avoir entre eux (qui serviront de modèle pour les participants) ou
groupe, sa composition (âge, sexe..), son expérience et son histoire, mais aussi les obstacles
groupaux tels que conflits internes, désignation de bouc émissaire, parfois opposition aux
intéressant de noter que Dyregrov autorisait la venue dans le groupe de personnes non
impliquées, mais affiliées au groupe. Cela réduisait selon lui le risque de formation de
dispersion de l'attention et faciliter les échanges entre les intervenants. Une attention était
(téléphones, supports visuels de présentation..). Une durée entre 2h et 3h30 devait être
95
(6) Le consultant debriefer selon Raphael
En 1986, Beverley Raphael, psychiatre australienne, propose une autre forme de débriefing pour les
sauveteurs qui sont intervenus après un événement grave, le "consultant débriefer" (340). Son
approche se démarque des précédentes en étant centrée sur l'exploration simultanée des aspects
cognitifs et émotionnels de l'événement. Les impliqués sont invités à s'assoir en cercle avec des
boissons et à discuter. Moins structuré que celle de Mitchell, le débriefing fait appel à la spontanéité
des impliqués qui s'entretiennent avec le "consultant débriefer" à propos de sujets variés comme les
différents affects ressentis, leur impossibilité parfois à les décharger après l'intervention, leur propre
peur de mourir en intervention, les différents symptômes manifestés per et post intervention.
de points particuliers tels que le type de relation du sauveteur avec ses pairs ou sa famille, la
différents ressentis, ainsi que le développement des capacité de reprise de contrôle sur l'événement.
L'objectif du débriefing selon Raphael est de prévenir l'apparition de nouveaux troubles, par la
soulagement émotionnel qui les aideront à mettre un point final à cet événement et à prendre de la
En 1994, à partir des approches de Mitchell et Raphael, et éclairé par les travaux de nombreux
auteurs de référence sur le psychotraumatisme (Van der Kolk, Horowitz, Lazarus, Loftus), Shalev met
au premier plan dans son mode de débriefing la résolution des troubles émotionnels.
Les différentes cibles et objectifs définis par Shalev s'organise principalement autour de :
96
• la restructuration cognitive et l'attribution de sens : indispensable devant le
• l'acceptation des affects, leur verbalisation et leur soulagement : devant les troubles de
• le travail sur le groupe : communications au sein du groupe, renforcement des liens devant
antisociales et nihilistes...).
Avec les "Historical Group Debriefing", Marshall en 1945 codifie et structure les débriefings
"techniques" pour leur faire acquérir une fonction de "bilan psychologique d'événement", dans un
Dans la suite des premières équipes d'intervention psychologique d'urgence constituées au sein de
l'armée des Etats Unis à la fin des années 70, et pouvant intervenir auprès de militaires ou de civils,
Sokol en 1980 crée son équipe "Stress Management Team". Sa composition est codifiée, et peut
thérapeutique. Elles incluent une phase de préparation, une phase de triage et d'intervention
et une phase de réinsertion. L'aspect psycho-éducatif est aussi intégré dans la prise en charge.
97
En 1983, Mitchell met au point son "Critical Incident Stress Debriefing" à destination des personnels
de secours, à titre individuel ou groupal . L'approche est considérée plus à visée psycho-
éducationnelle que thérapeutique (même si elle pouvait en retirer la vertu à travers la réduction du
stress (234)), dans un but de faciliter la reprise efficace du travail ultérieur et la bonne réinsertion
socio-familiale . Sa pratique est très encadrée et structurée en 7 étapes où l'expression des faits, des
En 1991, Armstrong développe une version du débriefing de Mitchell ( "le Multiple Stressor
En 1997, Dyregrov propose le "Process Debriefing" , déclinaison du débriefing de Mitchell, axée sur
l'utilisation de la psychologie des groupes. Il accorde aussi une grande importance au leadership, aux
Le "Consultant Debriefer" de Raphael en 1986 et le débriefing selon Shalev en 1994 mettent plutôt
en exergue la verbalisation des affects. Raphael propose une verbalisation spontanée à la fois des
affects et des cognitions dans une approche qu'elle considère comme préventive de troubles
ultérieurs. Shalev met au premier plan la résolution des problèmes émotionnels, et définit plusieurs
principes du débriefing synthétisant les résultats des travaux de Mitchell, Raphael et de nombreux
Dans les années 2000, Mitchell intègre le CISD dans un système de prise en charge plus vaste, le
Le débriefing francophone tels qu'il est pratiqué depuis les années 90, comme nous allons le voir,
s'affilie à celui de Raphael et Shalev. Ses partisans et utilisateurs défendent une extériorisation
spontanée du matériel cognitif et affectif associé à l'expérience traumatique, dans une intention
98
b) Le débriefing francophone
Avant 1995 et la création de la première CUMP à Paris (et donc de l'institutionnalisation des
pratiques de débriefing en milieu civil), certains praticiens (dont le Pr Crocq) ont été appelés dès le
début des années 90 pour la prise en charge psychologique de personnel de secours et/ou de civils
suite à des événements collectifs graves ( catastrophe de Furiani en 1992 et prise d'otages de
Par la suite, Crocq définit plus précisément sa vision et sa pratique du débriefing. Crocq concevait
donc le débriefing à la fois comme une approche thérapeutique précoce en réduisant les symptômes
persistants de stress et les premiers symptômes post-traumatiques, mais aussi comme une approche
tant qu'individu.
99
• la préparation à la réintégration dans le monde (notamment les conduites à tenir ou à éviter)
• le repérage des sujets vulnérables, nécessitant une prise en charge plus complète et robuste
L'un des points auquel Crocq attache une importance capitale est l'incitation à la verbalisation de
l'expérience vécue. Pour lui cette réponse à un besoin cathartique ne doit être ni freinée, retardée ou
ordonnancée mais doit être au contraire spontanée et venir à son rythme naturel, en lui laissant
librement pensées, émotions, et sensations dans une décharge libératrice soutenue et liée par la
parole, et prenant alors sens. Le poids parasite et sourd du trauma se découvre et se réduit alors
dans le champ des associations et représentations mentales du sujet. Crocq suggère à l'intervenant
de présenter les choses ainsi : " dites en vrac, spontanément, comment vous avez vécu cet
événement ; essayez d’exprimer ce que vous avez ressenti, tout ce que vous avez ressenti, et aussi ce
que vous avez vu et ce que vous avez pensé, même si cela vous paraît sans intérêt, ou difficile à dire "
ou encore " dites ce que vous ressentez, ne racontez pas ce que vous avez vu".
Lebigot tient à faire la distinction entre stress, compris comme réaction bio-physiologique, et trauma,
compris comme réaction relevant de l'effraction psychique, cette distinction rendant compte de
différences également dans la prise en charge. Il relève qu' « il y aura trauma si la mort s’est imposée
au sujet comme un réel, une perception sans médiation, dans un moment d’effroi. La scène du trauma
a fait intrusion dans l’appareil psychique et s’y est incrustée, hors signification... ».
Ainsi pour Lebigot, si tous les débriefings (quelque soit la particularité de leurs approches) sont
reconnus efficaces sur la réduction des symptômes de stress, seuls certains types de débriefing
auraient une portée thérapeutique suffisante à même d'influer les sujets traumatisés. Le débriefing
100
de Mitchell n'aurait alors pas cette portée, à la différence du débriefing francophone. Ce dernier
et plus explicitement aux victimes directes, même si Lebigot concède que la discrimination initiale
entre un sujet stressé ou traumatisé n'est pas toujours évidente. Le débriefing francophone opérerait
son influence thérapeutique en mettant "la victime sur la voie d’une élaboration de l’expérience
ineffable qu’elle vient de vivre et parce que probablement, à terme, l’élan donné à ce moment-là se
poursuivrait chez le sujet à son insu et jusqu’à un certain point". Lebigot voit donc le débriefing
comme la mise en route précoce d'un processus thérapeutique, devant être entretenu et accentué
Le débriefing peut-être individuel et/ou collectif, ou être remplacé par une prise en charge
Le débriefing est à conduire en une seule séance préférentiellement, mais peut au besoin se faire en
plusieurs fois. Il consiste à faire reparcourir l'événement en détail, et doit être réalisé par des
thérapeutes. Les avantages du débriefing individuel sont d'une part un temps de parole plus
important et d'autre part la possibilité pour l'événement de "pouvoir être pris précocement dans un
réseau associatif, c’est-à-dire replacé dans l’histoire du sujet". Autrement dit le vécu de l'expérience
traumatique peut entrer en résonnance avec d'autres vécus similaires passés ou être associé à
d'autres souvenirs, qui pourront être verbalisés lors de l'entretien. La contre-indication essentielle au
Les participants
Les participants à une séance de débriefing collectif doivent avoir été confrontés au même
événement traumatique, et si possible dans les mêmes mesures. Le travail avec des groupes déjà
constitué (soldats, urgentistes..) donne l'avantage que chacun se connaisse, et qu'il y ait moins de
101
prise de distance entre eux lors du débriefing. La présence d'un supérieur hiérarchique dans un
groupe peut être perturbante, et le choix de son inclusion est à faire au cas par cas selon
l'appréciation des débriefers. Lebigot conseille de constituer des groupes entre 2 et 10 personnes. Au
delà, le choix peut être fait de constituer des sous-groupes afin que tout le monde puisse avoir un
temps de parole suffisant. Lebigot préfère garder le groupe indivisé, considérant que chacun se
construit tout de même son dialogue intérieur, et que le débriefing collectif sera suivi de débriefings
Fidèle aux principes de la psychiatrie de l'avant, le débriefing doit si possible tenir lieu à proximité de
l'endroit ou s'est déroulé l'événement. Afin d'éviter la répétition, le lieu même de l'événement
Le débriefing doit se faire une fois que les sujets ont retrouvé un équilibre émotionnel suffisant et
commencé à mettre en place leurs mécanismes de défense. S'il y a eu des victimes décédées il est
préférable d'attendre que les obsèques soient passés. Par ailleurs le débriefing devrait être
d'une fable collective, désir de vengeance..). Concernant la durée de la séance, celle-ci ne devrait pas
être annoncée et décidée à l'avance afin de ne pas risquer de "bloquer" la parole des participants qui
se sentiraient alors limités. La séance devrait être laissée libre de se clôturer naturellement et
spontanément. Par la suite, une information est donnée sur les conséquences cliniques possibles du
trauma et sur les moyens de suivi disponibles. Des débriefings individuels peuvent être aussi
proposés.
Les débriefers doivent justifier d'une expérience de clinicien, indispensable pour pouvoir apprécier
au plus juste les types de réactions ou de structures psychologiques présentées par les participants,
102
et permettre une mise en œuvre adaptée du débriefing. Ce doit donc être des psychiatres ou
psychologues cliniciens, pouvant être accompagnés par des infirmiers psychiatriques. L'équipe doit
être composée d'au moins 2 intervenants. En effet, quelqu'un doit être en mesure d'accompagner un
participant en dehors du groupe devant une réaction émotionnelle difficile par exemple, ou d'assister
inaperçues par ce dernier. Lebigot fait remarquer que la dynamique du débriefing peut évoluer dans
des conditions optimales : "les meneurs doivent favoriser ce mouvement qui fait que les participants
Déroulement de la séance
La séance commence par la présentation de la démarche et du rôle du débriefing par les débriefers.
Quelques règles sont aussi émises, comme le devoir de confidentialité, le choix libre d'assister ou pas
au débriefing ou bien encore la participation orale non obligatoire pendant la séance. Puis les
participants sont invités à exposer leur expérience détaillée en mêlant les faits, les émotions, les
pensées et les sensations. Lebigot recommande une attitude interventionniste pour arriver à cette
fin autant que nécessaire. Le fruit de l'expression relative au vécu événementiel permettra d'établir
un "socle solide pour les constructions langagières ultérieures, qu’elles se fassent à l’abri de
l’inconscient, qui n’est jamais au repos, ou dans une adresse à l’autre, dans une psychothérapie".
L'expression collective est source d'enrichissement mutuel, mais c'est aussi le moment pour chacun
négatif) sur les réactions des participants ne devrait être porté par les intervenants. Ces derniers ne
devraient jamais se mettre dans la position de "celui qui sait". D'autre part, la normalisation des
émotions ne doit pas être excessive afin d'inciter les participants à les dévoiler. Les éléments
L'intervention d'un participant peut en faire réagir un autre, et petit à petit les participants
s'adressent davantage au groupe qu'au meneur, le groupe devenant le "lieu du transfert", un lieu où
103
peut se valider la parole de chacun. Ces mouvements doivent être encouragés, car ils favorisent et
renforcent la cohésion du groupe. Toutefois, les débriefers devront veiller à éviter une trop grande
dispersion et à n'oublier aucun laissé-pour-compte dans leur récit. A la fin du débriefing collectif est
Contre-indications
La constitution du groupe de débriefing ne doit pas inclure un participant ayant une part de
responsabilité dans l'événement. D'autre part un groupe où des tensions préexistaient à l'événement
risque de compliquer fortement le débriefing. Une différence d'attitude entre les participants face à
l'événement peut être aussi préjudiciable. Le débriefing de troupes d'élite de manière collective est
compliqué devant la retenue habituelle de leur états d'âme et leur devoir de ne pas défaillir, et sera
familles, où la place et l'image des parents envers leurs enfants (et vice-versa) serait un frein majeur
beaucoup moins structuré et cadré. Les exigences sont moindres, l'expression de l'intégralité
cognitive, affective et sensorielle du vécu n'étant pas l'objectif. La spontanéité et la simplicité des
verbalisations des participants sont suffisantes. Par ailleurs en cas d'état émotionnel instable du
sujet, le débriefing sera remplacé par un entretien ordinaire, en évitant le sujet direct de
l'événement.
Dans la lignée du débriefing développé par les auteurs francophones à la fin des années 90 tels que
induit par l'appellation débriefing, regroupant sous le même nom plusieurs pratiques différentes.
104
Ainsi, les auteurs francophones proposent que leur approche du débriefing se dénomme par ce
qu'elle est véritablement : une intervention psychothérapeutique précoce. Certains auteurs dont
Immédiate" (IPPI), qui, par son nom, affiche clairement ses couleurs : son objectif est résolument
Globalement l'IPPI reprend les principes du débriefing décrit par Lebigot. Elle peut être individuelle
ou collective. Sous cette dernière forme, elle s'adresse exclusivement à des groupes préexistants à
l'événement, qu'ils soient professionnels ou groupes informels, ayant été exposés de manière
homogène à l'événement, qui seront pris en charge par grappe de 3 à 15 personnes. Les intervenants
sont des soignants (psychiatre, psychologue, infirmier). Le délai d'intervention est généralement
entre 2 à 10 jours, voire plus en cas de décès (nécessitant une intervention après les obsèques). Sa
durée est d'environ 2 à 3 heures, et l'IPPI se passe dans un lieu neutre. La participation est volontaire,
sous condition d'une clause de confidentialité. L'IPPI "favorise l'expression individuelle puis la mise
en commun des vécus subjectifs". Fidèle à la vision de Lebigot, elle est considérée comme l'amorce
d'un processus thérapeutique. L'IPPI se décompose en : une phase de présentation, suivie d'une
phase d'expression des vécus personnels, puis d'une phase portant sur les conséquences cliniques de
l'événement sur chacun. Cette dernière phase contribue notamment au dépistage des sujets à risque
par les intervenants. Est abordé dans une phase suivante l' "après-traumatisme", et ses changements
inhérents. Cette phase participe à l'ancrage événementiel dans la continuité de l'histoire du sujet.
Enfin, l'IPPI se termine lors d'une phase de synthèse et de conclusion. Une orientation et un suivi
peuvent être aussi proposés. Par ailleurs, notons que les contre-indications à l'IPPI restent les mêmes
La controverse sur l'efficacité du débriefing est apparue dans les années 80-90 , en lien avec certains
105
La nécessité d'un suivi post-débriefing est aussi pointé, s'appuyant sur le fait que le débriefing ne se
suffit pas à lui même (121; 123; 36). Alimentant la polémique, les résultats de certaines études
et même sa nocivité (61; 35; 184; 266). Des auteurs avancent un risque de re-traumatisation et d'un
effet "iatrogène" liée à une médicalisation de réactions jugées normales. Une utilisation abusive du
débriefing est aussi dénoncée (341; 42). Notons que c'est le modèle de débriefing de Mitchell qui est
habituellement incriminé (301) . De nombreux auteurs ont réalisé des revues de la littérature et des
De Clercq et Vermeiren, d'après les résultats d'une étude qu'ils ont conduite en 1996, suppose que le
risque (116) . En 1999, ces auteurs dans une revue de littérature, ont apprécié les études contrôlées
d'évaluation du débriefing individuel. Les résultats sont très hétérogènes : 2 études ont des résultats
négatifs (184; 35), 2 des résultats neutres (397; 242) et 2 des résultats positifs (44; 67). Concernant
toutes ces études, les auteurs notent toutefois des différences de variables notables, comme
également des différences dans les délais de prise en charge, parfois seulement après 24h de
l'événement (266). Au final, afin d'évaluer les effets du débriefing de manière plus précise, ils
le type d'événement traumatique . En effet Vermeiren et De Clercq font remarquer que les résultats
attribués à un débriefing varieront en fonction d'un grand nombre de variables (nombre de séances,
lieu, rapports et liens groupaux, encadrement post-débriefing...). Notamment, il relèvent que c'est
plus le CISD de Mitchell que le débriefing psychologique qui est remis en question (435; 115).
Le 28 mai 1999, une conférence de consensus hollandaise recommande de n'aborder les expériences
106
débriefing se limitant à de la sympathie, du soutien social et de la psychoéducation : cela semble
Par la suite en 2002 et 2003, deux méta-analyses dont les références sont souvent citées, ont
lorsqu'il était réalisé en séance unique dans le mois suivant un événement potentiellement
traumatique. Van Emmerick et al. tirent comme conclusion de leur méta-analyse que les débriefings
type CISD ou non CISD n'amélioraient pas la rémission naturelle suite à un traumatisme psychique.
Les interventions type CISD apparaissaient par ailleurs plus nocives que celles qui n'y étaient pas
apparentées ou qu'en l'absence d'intervention (427) . D'après leur méta-analyse, Rose et al.
concluent qu'il n'y a aucune preuve que le débriefing psychologique individuel en session unique soit
utile pour la prévention du PTSD, et même que son utilisation systématique devrait cesser. Par
contre les auteurs déclarent ne pouvoir dégager de conclusion quant à l'utilisation du débriefing
collectif. Leurs résultats montrent par ailleurs que le débriefing ne permet pas la réduction de la
Bledsoe, en 2003, a évalué quant à lui l'efficacité et la sécurité du CISM de Mitchell au sein des
services d'urgence. Il conclut qu'au mieux il n'y a pas d'efficacité de cette approche dans la
certaines études pointent aussi un risque d'aggravation des symptômes de stress (41) .
Aulagnier et al. en 2004 ont fait une revue de la littérature pour évaluer l'efficacité du débriefing en
séance unique dans la prévention des troubles psychologiques post-traumatiques. Sur les études
retenues, quatre ne montraient pas d'effet (82; 351; 242; 122) , trois montraient un effet négatif
(184; 266; 35; 75) et une montrait des effets positifs sur les troubles comorbides (anxio-dépressifs et
d'alcoolo-dépendance) (120). Les auteurs concluaient donc qu'il n'y avait pas d'argument en faveur
107
Nehmé, Ducrocq et Vaiva, en 2004 également ont aussi fait une revue de la littérature en
sélectionnant 8 études contrôlées et randomisées sur le débriefing individuel afin d'évaluer son
efficacité. Ils retrouvent que 2 études sont en faveur du débriefing (116; 44), 2 études en défaveur
(266; 35), et 4 ne montrent pas de différence significative (74; 54; 242; 82). Les auteurs font
remarquer que les résultats positifs sont associés aux études n'utilisant pas les débriefing de Mitchell
rapportant à ce type d'études comme l'avaient déjà évoqué De Clercq et Vermeiren en 1999, et
Aulagnier et al. en 2004. De nombreuses critiques sont ainsi faites sur la sélection des sujets, leurs
antécédents, les outils d'évaluation utilisés et le délai d'évaluation, le type de trauma, la profession
des intervenants, le délai d'intervention par exemple (301). Certains auteurs ne manquent pas de
souligner aussi la question de l'éthique de ces études : en effet, d'autant plus que les circonstances
de prise en charge sont souvent imprévisibles et chaotiques, il peut être difficile de concevoir une
différence de traitement des victimes en proposant une intervention type débriefing pour certains
par rapport à une condition contrôle pour d'autres, ces derniers se voyant alors privés d'un soutien à
court terme (même si le résultat de l'intervention à long terme demeure inconnu) (257) .
Au final, Nehmé et al. estiment que le nombre d'études de bon niveau de preuve évaluant l'efficacité
du débriefing dans la prévention des syndromes post-traumatiques est réduit. A ce sujet, ils relèvent
surtout l'inefficacité du CISD de Mitchell et des débriefings apparentés. Par contre ils relèvent une
efficacité des débriefings sur les symptômes de stress aigu et sur ceux de la phase post-immédiate.
Enfin ils mettent en avant le manque significatif d'études contrôlées sur le débriefing francophone,
(comme le relaient aussi de nombreux autres auteurs), ce qui entrave par là même sa validation et sa
De manière générale, les auteurs francophones psychotraumatologues alertent sur le fait que les
résultats des études sur le débriefing de manière générale ne sont pas représentatifs de leur
pratique, dont ils défendent sa singularité et sa différence notamment vis à vis du débriefing de
108
Mitchell et des autres approches apparentées. Ainsi cette différence semble cruciale sur plusieurs
points décisifs qui pourraient expliquer la variabilité des méthodes dans leur portée thérapeutique :
le premier est sans doute leur différence constitutive avec un cloisonnement des phases pour
l'approche de Mitchell versus une expression spontanée et mélangée des faits, cognitions, affects et
sensation dans l'approche francophone. D'autre part la différence dans la constitution des équipes
professionnels de la santé alors que le débriefing de Mitchell ne l'impose pas. Enfin, l'utilisation du
CISD devrait être limitée à son indication princeps, la prise en charge d'équipes de sauveteurs ou de
Les résultats de méta-analyses plus récentes semblent avaliser les résultats et conclusions déjà
formulées à propos des études préalablement citées. Ainsi celle de Roberts et al., de 2009 (343) a
multiples dans un but de prévention de l'ESPT : les auteurs concluent qu'aucune intervention
que les interventions à séances multiples, tout comme les interventions à séance unique, pourraient
avoir des effets indésirables chez certains individus. Notons toutefois que seulement une étude se
basait sur une méthode de débriefing déclarée comme telle (adaptée du CISD), les autres études
évaluant des prises en charge différentes telles que les "counselling intervention" par exemple (344;
258).
interventions dans la survenue de PTSD estime qu'il n'y a pas de preuve montrant que le débriefing
civils (160) .
Celle de Bastos et al. de 2015, évaluant l'efficacité préventive du débriefing dans le développement
109
négatif. Ils ne recommandaient pas le débriefing réalisé de façon systématique après un
Par la suite, devant les résultats de ces différentes études, notons que de nombreux experts tels que
ceux du "National Collaborating Centre for Mental Health" (UK) en 2005 ont mis en garde contre
Notons que l'utilisation du débriefing généralement évaluée dans la plupart des études est celle
d'une utilisation individuelle et non groupale. Mitchell en fait d'ailleurs une vive critique, à l'égard
des chercheurs ayant utilisé le CISD : selon lui, le CISD n'a en effet pas été conçu pour une prise en
charge individuelle mais groupale, et devant être intégrée dans la globalité de l'approche du CISM.
L'application correcte du CISM serait par contre selon lui bénéfique. De plus Mitchell reproche le
manque constant de conformité à son protocole dans les études et surtout son usage à but
Le débriefing collectif est mal évalué, et les études s'y attelant sont rares. Parmi celles-ci, l'évaluation
du CISD chez des casques bleus par Adler et al. en 2008 ne retrouvait pas de différence significative
dans la vitesse de leur récupération psychique. L'utilisation du CISD était par ailleurs associée de
manière minime à moins de stress post-traumatique et d'agressivité, mais plus de problèmes d'alcool
(2) . Une étude réalisée par Tuckey et al. en 2014, qui évaluait l'efficacité du CISD auprès de
significativement une moindre consommation d'alcool et une meilleure qualité de vie après
l'intervention chez les sujets ayant bénéficié du CISD. Par contre Il n'y avait pas d'effet significatif sur
110
nécessaires avant de pouvoir donner un avis tranché sur la question de l'efficacité du débriefing de
groupe.
Notons encore que certains auteurs estiment pertinent et nécessaire d'étudier aussi l'évaluation du
qui est pourtant l'un des objectifs habituels de ce genre d'intervention (257) .
Pour conclure, rappelons l'avis de Crocq sur le sujet, qui est également partagé par d'autres auteurs
francophones. Crocq fait ainsi la différence entre ce qu'il appelle le débriefing psychologique et le
procédure de Mitchell et serait adapté aux "incidents critiques" "n'impliquant pas nécessairement
précoce par contre se référerait à l'approche francophone, son but serait préventif et thérapeutique,
traumatisées. Elle serait pratiquée par des psychiatres ou psychologues, et devrait être considérée
comme l'amorce d'un processus thérapeutique possiblement plus long (105; 102) .
PFA)
Les premiers secours psychologiques ont été développés initialement par le "National Center for Post
Traumatic Stress Disorder" ("NC-PTSD"), une section du "United States Department of Veterans
Affairs", en collaboration avec le "National Child Traumatic Stress Network", en 2006. Ils permettent
cible peut être des victimes civiles, mais aussi les professionnels et personnels de secours. Leur
111
objectif est la réduction de la détresse initiale et de favoriser le développement ou le rétablissement
de stratégies et ressources adaptatives des sujets. Ces premiers secours sont délivrés par des
intervenants d'urgence. Ils visent à procurer une aide et un soutien humain non intrusif, à répondre
aux besoins primaires des victimes et leur apporter sécurité, mais aussi un soutien psycho-social afin
de faire face aux conséquences de l'événement. Ils ont aussi un rôle d'information et de liaison avec
le réseau médico-social. La description complète des premiers secours psychologiques est disponible
Par la suite, l'OMS a proposé les premiers secours psychologiques, en tant que support psycho-social,
pour aider les personnes en détresse psychologique extrême suite à un événement traumatisant
récent. Ils restent destinés à des intervenants qui ne sont pas forcément des professionnels de la
santé mentale. Ces premiers secours ont été décrits dans un guide pour les acteurs de terrain par
l'OMS en 2012, que nous avons évoqué dans un chapitre précédent portant sur les recommandations
actuelles. Notons simplement qu'à la différence des principes édictés par le "NC-PTSD" et "National
Child Traumatic Stress Network", les premiers secours tels que recommandés par l'OMS sont cette
fois à destination exclusive des victimes civiles, et ce, dans un délai d'intervention pouvant être
L'OMS recommande l'utilisation des premiers secours psychologiques plutôt que celle du débriefing,
en s'appuyant sur les résultats des différentes études et méta-analyse sur le sujet (314) . Pourtant il
est surprenant de noter que les études récentes évaluant à leur tour les premiers secours
psychologiques n'ont pas montré d'intérêt avéré. Ainsi la revue systématique réalisée par Bisson et
Lewis en 2009 à la demande l'OMS , n'est pas en mesure de déterminer l'efficacité de ces
interventions (38) . Une revue de la littérature effectuée en 2012 par Fox et al. à la demande du
cette approche, corrobore aussi ces résultats : ainsi aucune étude contrôlée n'a été retrouvée. Ils
relatent que les preuves sont plus apportées par les "observations objectives et les avis d'experts"
112
constituant des "données probantes", mais sans preuve d'efficacité. Ils considèrent toutefois qu'elle
sont suffisantes pour que les premiers secours psychologiques soient considérés comme une "option
acceptable" en tant qu'intervention offerte par des bénévoles sans formation professionnelle en
santé mentale pour la prise en charge de personnes ayant vécu un événement traumatique (161) .
De même, une revue de la littérature conduite par Dieltjens et al. en 2014 à la demande de
l'organisation belge la Croix-Rouge pointe le manque d'études sur le sujet. Les auteurs concluent à
des conduites directrices basées sur des données probantes, concernant les pratiques de soutien
psycho-social les plus efficaces dans l'aide aux victimes de catastrophe et de trauma (129) .
Les études ayant évalué les thérapies cognitivo-comportementales dans leur application centrée sur
le trauma ("trauma-focused cognitive behavioral therapy") en pratique individuelle, ont apporté des
preuves robustes de leur efficacité dans le traitement et la réduction des symptômes d'état de stress
aigu, ainsi que dans la prévention du PTSD. Cela en fait actuellement le traitement de choix du
trauma en phase précoce, notamment en prévention du PTSD (343; 34; 332; 295; 336; 363) .
Toutefois certaines considérations sont à évoquer comme le soulignent Qi et al. dans leur revue de la
littérature de 2016 : certaines études montrent en effet que les TCC centrées sur le trauma
n'auraient une efficacité significative que chez les sujets répondant initialement au diagnostic
complet de trouble de stress aigu ou de PTSD aigu (343), et qu'elles n'apportent pas de bénéfice ni
d'amélioration significative chez les sujets présentant des tableaux de PTSD aigu sub-syndromiques
(371). Par ailleurs l'efficacité de ces thérapies en phase précoce dépendrait aussi du type
d'événements traumatiques. Elles seraient notamment plus bénéfiques pour des victimes de viol que
d'accidents de transport, et inefficaces pour les victimes d'agressions physiques) (353) . D'autre part,
le risque de rechute après un traitement par TCC en phase précoce serait rare, mais les patients
resteraient sensibles à un traitement ultérieur. Enfin, une petite partie des sujets traumatisés traités
par TCC ne présenterait pas d'amélioration, ce qui suggère l'intérêt de renforcer et coupler les TCC
113
avec des interventions thérapeutiques de second ordre, pour une couverture thérapeutique
l'environnement. Ces thérapies se fondent sur les modèles théoriques de l'apprentissage tels que le
l'apprentissage vicariant et social de Bandura (19) mais aussi sur les modèles cognitifs comme celui
Les TCC sont des thérapies structurées et codifiées, de durée brève, limitées et définies dans le
temps. Au cours de celles-ci, le thérapeute est actif et directif, et son attitude est empathique,
dehors du temps des séances, par la réalisation de tâches ou devoirs, de mises en situation et
d'exercices d'entrainement in vivo, qui seront contrôlés et évalués au début de chaque nouvel
entretien. Les TCC centrées sur le trauma sont proposées en individuel ou en petit groupe de
hebdomadaires. Elles font appel à plusieurs mécanismes et techniques pouvant se combiner. Elles
entreprend aussi une analyse fonctionnelle, qui correspond à une évaluation précise de la
thérapeutiques. Les résultats de cette analyse ne sont pas figés, ils s'actualiseront tout au long de la
thérapie. Les ressources et compétences du patient, son environnement et différentes variables sont
aussi évaluées.
114
- le thérapeute peut avoir aussi recours à des techniques de relaxation ou de gestion de stress
et des émotions, et travailler avec le patient sur l'affirmation de soi ou de résolution de problèmes.
Le patient acquiert des techniques d'autorelaxation qui lui seront utiles pendant ou en dehors de
séances.
prolongé ("prolonged exposure" ou PE) permettent de travailler sur les circuits de peur conditionnée.
Elles vont chercher à réguler les réponses de l'individu lorsqu'il est confronté à des stimuli associés
au traumatisme, grâce à une exposition prolongée et répétée à ceux-ci mais dans un contexte sécure.
Pour être effective, l'exposition doit durer entre 40 et 60 minutes, et être répétée une dizaine de
fois. La thérapie implique une exposition pouvant se faire en imagination ou par le récit, et/ou par
des expositions in vivo, afin de permettre une désensibilisation. Cette dernière est évaluée par
l'échelle SUD ("Subjective Units of Distress"). Le but est d'atteindre et de maintenir une extinction de
conduites d'évitement.
modifier les croyances et schémas cognitifs erronés associés et induits par le trauma. Ceux-ci en effet
affectent lourdement le sujet et peuvent altérer notamment son sentiment de sécurité, celui de
aide l'individu à faire le tri entre les faits objectifs et leur interprétation subjective, à identifier les
installer des alternatives de pensées plus adaptées. Le thérapeute favorise ce travail en soumettant
le patient à des nouvelles expériences (lors de l'exposition), mais aussi grâce à des techniques de
d'autrui dans la même situation que lui par exemple). Le patient apprend à adapter ses schémas
115
intérieurs à la réalité externe et non plus à déformer la réalité pour l'accommoder à des règles
intérieures.
3. L'hypnose
L'état hypnotique peut être considéré comme une forme d'état dissociatif, compris dans ce cas précis
comme une modification de l'état de la conscience (et non une désagrégation de la personnalité
selon la conception de Janet) (219; 386). Erickson, fondateur de la célèbre méthode d'hypnose
éponyme le définit comme "un état de conscience particulier qui privilégie le fonctionnement
inconscient par rapport au fonctionnement conscient" (175). La dissociation selon certains auteurs
peut se concevoir comme un continuum allant du normal au pathologique (182) . Elle s'observe aussi
traumatique. Les sujets traumatisés présenteraient par ailleurs une plus grande hypnotisabilité, et un
potentiel accru à dissocier (183; 69; 386) . L'état hypnotique à la différences des autres états
dissociatifs est provoqué volontairement, dans un but thérapeutique. Selon la conception d'Erickson,
notamment) induits par le trauma. Ainsi, Kédia et El Farricha expliquent que "l'hypnose
selon la conception janétienne cette fois ) de retrouver le point de l'impact initial et de débloquer
l'ensemble des potentiels cognitifs, affectifs et émotionnels verrouillés par et depuis le choc" (219).
Smaga nous rappelle qu'il existe différentes techniques hypnotiques ayant chacune leur indication
comme thérapie de soutien pour le contrôle de l'anxiété et des effets du trauma. Elle
lieu sûr", par le biais desquelles le patient utilise à profit ses capacités dissociatives.
116
pour la remémoration du trauma, notamment en cas d'amnésie dissociative. Elle met en jeu
télévision, ce qui permet une exposition maîtrisée au trauma et renforce ses impressions de
contrôle.
pour induire une abréaction. Celle-ci permet au patient de revivre le trauma à travers son
vécu affectif initial et se révèle thérapeutique par "la réintégration du temps du trauma au
temps actuel".
Cependant, l'hypnothérapie souffre d'un manque d'études d'efficacité, et les études existantes
résident surtout dans des études de cas (219; 85). Une étude de Bryant et al. en 2005 relatait une
diminution plus importante de symptômes de reviviscence dans un groupe traité par hypnose + TCC
que le groupe traité par TCC seul (65). Cependant cette différence n'était plus significative à 6 mois
ou 3 ans (65) . Cottencin dit malgré tout de l'hypnose qu'elle "reste une possibilité thérapeutique
ouverte qui a l'avantage d'être non invasive en utilisant un état de conscience que le patient connaît
déja" (85) .
Evoquons enfin l'existence d'un problème majeur, spécifique à l'hypnose, celui des "faux souvenirs" :
en effet, dans les situations d'amnésie dissociative, l'authenticité des souvenirs recouverts sous
hypnose ne peut être garantie par le patient ou le thérapeute, posant des questions et problèmes
d'ordre éthique voire judiciaire (219) . Dans ces cas particuliers, l'hypnose pourrait être alors contre-
indiquée (47).
n'est pas le centre de leur action. Par contre la pratique sera très différente de celle de la "cure
analytique", à fortiori dans la prise en charge du patient traumatisé psychique. Ainsi le thérapeute
117
n'adoptera pas d'attitude de "neutralité bienveillante", ni "d'attention flottante", le patient ayant au
contraire besoin de sentir un thérapeute présent, empathique, attentif et à l'écoute. Les longs
Il existe plusieurs types de psychothérapie dynamique, mais dans le cas des thérapies en post-
premiers se révèlent insuffisants. Si des digressions sur d'autres secteurs de la vie du patient sont
autorisées, la thérapie est habituellement centrée sur l'événement traumatique. Les résultats sont
intensive, au cours de plusieurs entretiens par semaines. Celle-ci se pratique habituellement chez des
sujets hospitalisés. Les rêves et les cauchemars y joueraient un rôle important (235) .
L'approche familiale dans la prise en charge d'un patient ayant vécu un traumatisme psychique
semble peu développée. Ceci peut être du fait à la fois de contraintes culturelles ( importance
accordée plus à l'individu qu'à son environnement familial ) et de contraintes liées à des
phénomènes de résistance des familles ( sentiments partagés entre solidarité et désir de tourner la
page ) et/ou des soignants ( risque plus important de débordement émotionnel ). Les enjeux
encourus ne sont pourtant pas anodins, devant des conséquences familiales possiblement lourdes
telle que dysfonctionnements relationnels durables, stigmatisation à long terme de l'individu au sein
de sa famille, épuisement familial, pouvant compliquer les troubles du patient (113; 131) . La non-
implication des proches dans la prise en charge pourrait d'ailleurs aggraver la dégradation des
relations conjugales et familiales (114). L'échange avec eux à but informatif et préventif est
primordial dans les premiers temps suivant le traumatisme (111) . D'autre part la prise en compte et
118
Dans la prise en charge précoce d'un individu traumatisé et de sa famille, Dubois préconise un certain
l'établissement d'un cadre rassurant, afin d'instaurer une intimité suffisante pour les
traumatisme par la famille, la place du trauma et la tolérance de la famille vis à vis des
L'entretien familial est l'occasion aussi de favoriser l'émergence au sein du système familial
rapporte ainsi la justesse des propos de Guy Ausloss "l'information pertinente est celle qui vient du
L'appréciation d'un risque de mauvaise évolution familiale devra amener le thérapeute à orienter la
famille vers une prise en charge familiale à plus long terme (131).
Au-delà du traumatisme individuel, notons aussi la survenue des situations de traumatisme collectif,
touchant une famille entière par exemple, qui imposent également une prise en charge familiale
(432) .
119
familiale ou parce que la pertinence de la mobilisation non-familiale est présumée plus importante.
C'est notamment le cas des intervenants de première ligne (SAMU, pompiers, policiers...). Quelle
La place des médicaments intervient dans une prise en charge plus globale incluant l'abord
psychologique.
traumatique peut s'envisager et se concevoir en phase immédiate à la fois dans un but curatif de
diminution de la détresse et de la symptomatologie de stress dépassé, mais aussi dans une optique
psychothérapeutiques (30) .
Birmes en 2001, recommande en phase immédiate, en service d'accueil des urgences, l'utilisation
aiguë d'anxiolytique type benzodiazépine à demi-vie brève (permettant une réévaluation rapide) en
plus longue, mais présentant l'avantage de pouvoir être administré en intra-musculaire (IM) ou intra-
sommeil très invalidants. Par ailleurs certains troubles particulièrement sévères ( agitation,
complétés par une sédation et une anxiolyse par benzodiazépines type clorazépate ou neuroleptique
120
De nombreuses pistes pharmacologiques sont des cibles de la recherche clinique afin d'évaluer
les plus prometteurs dans cette indication sont principalement l'hydrocortisone, et dans une
• l'hydrocortisone
Amos et al. dans leur récente méta-analyse en 2014 (9) , ont inclus quatre études contrôlées et
randomisées sur le sujet, évaluant des individus dans des contextes de chirurgie à haut risque, de
lésion traumatique grave, ou de septicémies aiguës (127; 128; 362; 361; 443; 448) . La diminution des
symptômes de trouble de stress aigu et de survenue de PTSD était significative. Le niveau de preuve
était classé intermédiaire. Les doses allaient de 40mg à 140 mg par jour selon les études. L'étude de
Delahantry en 2013 suggérait que ce traitement était d'autant plus efficace que les patients étaient
indemnes d'antécédents de traitement pour des troubles psychiatriques (128) . Une des hypothèses
avancées pour son efficacité serait son rôle facilitateur dans le développement des processus
d'extinction, par le biais de mécanismes à la fois génomiques et non génomiques (192). D'autre part
• le propranolol
en cause dans les réponses de stress. Son administration précoce aurait pour but de réduire la
reconsolidation des mémoires traumatiques en bloquant l'influence des hormones de stress (330).
Son administration serait la plus pertinente dans les premières heures suivant l'événément, alors que
le souvenir n'est pas encore consolidé. Une étude non contrôlée de Vaiva et al. a montré une
efficacité significative sur la prévention du PTSD (418) . Amos et al. ont inclus trois études contrôlées
et randomisées évaluant cette molécule, dans leur méta-analyse (188; 329; 396; 9). Les preuves de
qualité modeste montrées par les résultats de ces études ne permettaient pas aux auteurs de
121
recommander l'usage du propranolol. L'écart entre ces résultats et les bases théoriques solides sous-
tendant l'utilisation du propranolol pourraient indiquer selon Ledoux que l'amygdale ne serait pas la
seule structure impliquée dans les conditionnement de peur et que d'autres processus
Les résultats de trois études ouvertes menées par Brunet et son équipe dans le cadre du traitement
de PTSD constitués sont malgré tout très prometteurs, avec des diminutions importantes des taux de
PTSD. Les auteurs attendent de pouvoir confirmer ces résultats lors d'essais contrôlés et randomisés
0.67 mg/kg pour une forme à libération rapide, à 1 mg/kg par la suite pour une forme à libération
prolongée) associée au rappel du souvenir traumatique et sa description écrite. Puis après une heure
trente environ le sujet lit à haute voix son récit écrit. Les séances se font à une fréquence d'une fois
par semaine pendant six semaines. Les mécanismes d'action en jeu les plus probables seraient en lien
bétabloquant induirait une réduction des réponses de peur (58; 59; 333). Notons que la méthode de
Brunet et al. est actuellement à l'épreuve à destination des victimes d'attentat de Paris du 13
novembre 2015 dans un essai clinique multicentrique appelé PARIS-MEM (Paris Mémoire Vive), en
• les benzodiazépines
Comme le rapporte Qi et al. ou Ducrocq et al.(135; 336), de nombreux auteurs pointent d'une part
l'inefficacité des benzodiazépines dans la prévention du PTSD mais aussi le rôle aggravant de leur
utilisation précoce et/ou prolongée dans les processus naturels d'extinction, de mémorisation, et de
réponse consécutive à un stress. Ainsi ces molécules pourraient même favoriser la survenue de PTSD
ou son aggravation. Leur utilisation devrait donc rester extrêmement prudente (263; 168; 270; 137;
271) .
122
Les opiacés endogènes ont une action inhibitrice de la noradrénaline et du CRF (corticotropin
releasing factor), et donc régulent la réponse du système nerveux central (222) . De plus, les opiacés
auraient une action modulatrice sur les mécanismes d'encodage de la mémoire à long terme (268).
Plusieurs études rétrospectives ont montré un intérêt préventif des opiacés dans les suites
d'événement potentiellement traumatisant chez des patients blessés physiquement et algiques (189;
64; 291) . D'autres études sont requises devant le caractère rétrospectif et limité aux patients
douloureux (336) .
De par sa bonne tolérance clinique, son action anxiolytique, sa probable influence sur les
précoce par certains auteurs français s'appuyant sur leur expérience clinique, malgré le peu de
Les études concernant l'intérêt des antidépresseurs sérotoninergiques en phase aiguë sont rares et
de faible niveau de preuve. Leur usage précoce n'est habituellement pas recommandé, notamment
en lien avec un risque de favoriser l'émergence de PTSD (68; 135). Les résultats d'un essai clinique
récente montrant l'efficacité de l'ocytocine dans la prévention du PTSD (166). Certains s'intéressent
336) . Notons que l'intérêt éventuel de la gabapentine n'est par ailleurs pas démontré (396).
123
III. L'EMDR (Eyes movement desensitization and
A. Généralités
1. Origine de l'EMDR
L'EMDR (377) est le fruit d'une découverte fortuite par Francine Shapiro en 1987, alors qu'elle
s'engage dans un doctorat de psychologie . A ce moment, notons qu'elle est aussi en rémission d'un
cancer, mais le risque de rechute reste cependant présent, et F. Shapiro est en recherche de
techniques et approches psychothérapeutiques pour améliorer son bien être . Alors qu'elle se
promenait dans un parc, elle remarqua que des mouvements oculaires involontaires, rapides et
alternés, produisaient chez elle une diminution de la charge négative des pensées stressantes, qu'elle
avait en tête juste auparavant. De plus, l'effet était reproductible également lorsque les mouvements
étaient volontaires.(377) Les années qui suivirent permirent à F.Shapiro d'enrichir et de structurer
son approche psychothérapeutique, de développer et codifier ses bases théoriques. Des premières
publications rendirent compte d'un intérêt dans le traitement des troubles psychotraumatiques (378;
376). D'autres formes de stimulations bilatérales alternées (SBA) comme les tapotements ("tapping")
ou les sons furent introduites, au coté des stimulations visuelles. Par ailleurs, la thérapie de
F.Shapiro, initialement dénommée EMD (Eyes movement desensitization), évolue et devient EMDR,
traumatique.
124
2. Le modèle du "traitement adaptatif de l'information" (TAI)
L'EMDR, sur le plan théorique, repose sur le modèle du TAI (380), développé et proposé par F.
cicatrisation de notre corps physique, le système du TAI serait programmé pour la guérison
psychique et mnésique. Ainsi en temps normal, le TAI permet de traiter spontanément les
informations et données perturbantes issues d'expériences de vie négative. Leur résolution permet la
schéma cognitif et émotionnel constructif et positif pour l'individu, lui permettant de maintenir un
système serait bloqué et les informations liées (cognitives, sensorielles, émotionnelles...) seraient
enregistrées sous forme dysfonctionnelle, brute, telles qu'elles furent perçues. Elles resteraient donc
enfermées dans une perspective temporelle de l'état du moi traumatique (par exemple biaisées par
le point de vue infantile en cas de trauma précoce), insensibles aux efforts adaptatifs et tentatives de
"mises à jour" ultérieures . Elles peuvent alors se réactiver, faire irruption et être revécues dans le
présent lorsque des situations et perceptions actuelles sont associées et entrent en résonnance avec
le souvenir non "digéré". Cet envahissement du passé peut influencer négativement le présent par
des réponses qui ne sont plus justifiées et adaptées. Les réseaux de mémoire dysfonctionnels,
inscrits des le début de nos vies avec leur vécu traumatique, seraient donc à la base des pathologies
processus naturel du TAI, c'est à dire de "redigérer" et intégrer les souvenirs traumatiques sous
forme adaptée. Ce retraitement peut être considéré comme une association, un tissage, entre les
réseaux mnésiques dysfonctionnels et les réseaux mnésiques fonctionnels existants. Les informations
mnésiques changent, les éléments négatifs (croyances erronées, sensations physiques, affect
douloureux...) sont éliminés, et le souvenir est finalement réactualisé et assimilé dans une
3
Les réseaux mnésiques sont considérés comme des systèmes de souvenirs et d'informations mnésiques
apparentés qui sont reliées entre eux, à travers des "canaux associatifs".
125
perspective nouvelle plus adaptée (cognitions, émotions ou sensations positives...) avec une
conscience soudaine d'une solution qui ne devient apparente que par une réorganisation des
passage d'un paradigme à un autre plus satisfaisant , capable de remédier aux troubles antérieurs
permettant à la personne de mobiliser ses ressources pour dépasser l'événement traumatique (405;
407).
3. Le protocole standard
L'EMDR s'appuie sur un protocole de base, appelé protocole standard (380), en huit phases. Même si
de nombreux protocoles ou variantes ont vu le jour, adaptés à des situations cliniques particulières
première phase correspond à la phase anamnestique, la prise d'information. Durant cette phase, le
praticien évalue si l'EMDR est adapté au patient ou s'il existe des contre-indications. La stabilité
personnelle du patient et ses contraintes de la vie courante sont prises en compte ainsi que sa
capacité à gérer les perturbations et décharges émotionnelles liées aux souvenirs traumatiques qui
seront réactivés au cours du traitement (appelées abréactions). Sont évaluées aussi l'existence de
particulières ou une adaptation de la prise en charge. Une fois ces considérations validées,
l'anamnèse doit permettre de cerner le tableau clinique complet, incluant les comportements
dysfonctionnels et symptômes du patient. Un plan de ciblage est ensuite élaboré selon le modèle du
126
traitement adaptatif de l'information (TAI), à partir de la problématique identifiée avec le patient : les
présent qui stimulent le matériel dysfonctionnel, et les scénarios du futur dans lesquels pourrait
intervenir la problématique du patient. Les souvenirs sont reliés entre eux par des associations à
travers un réseau mnésique dysfonctionnel : il partagent des cognitions négatives (CN) identiques
l'événement négatif non traité et stocké de façon dysfonctionnel comme "je suis coupable", "je suis
nul"...), un même ressenti émotionnel ou physique douloureux. Les distorsions cognitives sont
la possibilité de choix (contrôle). Le souvenir source est le souvenir le plus ancien à la base des
troubles du patient. Les cibles du passé peuvent être identifiées de plusieurs façons : par des
associations libres du patient pendant l'anamnèse, par des questions directes ("Quand avez vous déjà
eu ces pensées négatives ?" par exemple) ou par d'autres approches comme "le pont d'affect" (440)
souvenirs liés au passé, en commençant par le souvenir source, puis les déclencheurs du présent et
b) Phase 2 : Préparation
Une part de cette phase est consacrée à la psychoéducation, à l'information du patient sur l'EMDR,
ses bases théoriques (traitement adaptatif de l'information ou TAI), son déroulement pratique (
les conséquences potentielles de la psychothérapie, ainsi qu'au recueil de son consentement éclairé.
D'autre part, il est enseigné au patient des techniques de relaxation et gestion du stress comme la
technique du "lieu sûr" (176; 445). Elles lui permettront d'accéder à une stabilisation émotionnelle,
physique et psychique , parfois nécessaire lors d'abréactions, ou pour clôturer des séances
incomplètes. Elles seront aussi un outil utile pour le patient en dehors des séances.
127
c) Phase 3 : Evaluation
Un souvenir à traiter est déterminé, suivant le plan de traitement réalisé en phase 1 et en accord
avec la patient, et les composants de cette cible sont identifiés. Tout d'abord le praticien demande
au patient quelle en est l'image la plus perturbante . Le patient est invité à se focaliser dessus. Puis
une recherche de la cognition négative (CN) est réalisée, qui doit correspondre à une opinion de soi
liée à l'événement, restée inadaptée dans le temps présent. Elle représente une verbalisation de
l'affect stocké. Ensuite, une cognition positive (CP) opposée est à son tour repérée. Plus adaptée, elle
correspond à l'idée que le patient aimerait avoir de lui lorsqu'il fait un rappel mnésique de
l'événement. Elle sera "installée" à la place de la cognition négative en phase 5, une fois cette
cognition positive est évaluée par le patient sur l'échelle numérique de validité de la cognition (VOC =
praticien évalue l'émotion ressentie par le patient lorsqu'il repense à l'événement, associé à la
cognition négative. Le niveau de détresse, à ce moment-là, et non celui éprouvé au moment des faits
est alors évalué. Afin d'évaluer le niveau de perturbation émotionnelle, et les effets induits par la
désensibilisation tout au long de la thérapie, F.Shapiro intègre dans son protocole l'échelle
la plus forte imaginable) de Joseph Wolpe, connu notamment pour avoir développé la technique de
désensibilisation systématique (199; 198). Enfin, le ressenti physique actuel du patient lorsqu'il se
Cette phase 3 établit ainsi une base de comparaison avant que la désensibilisation commence. De
plus l'identification précise de tous les composants du souvenir (image, cognition, émotion,
dysfonctionnel. Elles sont donc disponibles à nouveau pour être retraitées grâce au TAI lors de la
phase 4.
128
d) Phase 4 : Désensibilisation
Le patient laisse revenir le souvenir et se concentre sur l'image, la cognition négative (CN) et les
sensations associés, puis la désensibilisation commence avec des séries (appelées sets) de
stimulations bilatérales alternées (SBA) du thérapeute. Le patient, dans un état d'attention double,
est invité à suivre du regard les doigts du praticien, qui opère un mouvement latéral rapide de va et
vient avec son avant bras, pendant environ 30 secondes. Les modalités (rapidité, trajectoire...) et la
nature des stimuli (kinesthésiques, auditifs..) des SBA peuvent varier. Durant les SBA, une
réorganisation accélérée de l'information dysfonctionnelle s'opère sous la forme de liaison avec des
réseaux de mémoire adaptatifs permettant une diminution des symptômes. Le traitement adaptatif
de l'information (TAI) est relancé. Durant les SBA, le patient peut expérimenter différents états
souvenirs, le ressenti d'une émotion ou d'une sensation, des prises de conscience et insight... Le
patient peut être imaginé comme progressant à travers les canaux associatifs du réseau de mémoire
stimulé. Tout s'opère comme si le patient détricotait, dénouait le "nœud" du souvenir incriminé,
éléments dont il avait besoin pour sa résolution. A la fin de chaque set le patient est interrogé sur le
contenu du matériel qui a émergé. Le thérapeute ne doit pas intervenir ou réagir sur ce qu'évoque le
patient, il se contente de lui demander de rester concentré sur les nouvelles informations et de
"continuer avec ça", et un nouveau set reprend. Lorsque le patient associe sur du matériel neutre ou
positif (interprété comme la fin d'un canal), il est invité à revenir à la cible initiale pour voir s'il existe
le patient "nettoie" les canaux mnésiques, les composants de la cible initiale vont changer, se
reconfigurer (l'image par exemple peut devenir plus distante, être remplacée par une autre...), et
perdre de leur charge négative, qui deviendra neutre ou positive. L'évaluation du niveau de détresse
par l'échelle "Subjective Units of Distress" (SUD) permet de s'assurer qu'il n'y a plus de perturbation.
129
e) Phase 5 : Installation
Le patient se concentre à la fois sur la cible et sur la cognition positive (CP) trouvée en phase 3 (ou
sur une nouvelle CP émergée en phase 4 faisant plus de sens pour le patient) et une évaluation du
niveau de croyance du patient en la CP est réalisée avec l'échelle "Validity Of Cognition" (VOC). Un
renforcement associatif avec des SBA s'effectue jusqu'à ce que la CP soit complètement installée, et
ressentie comme vrai à 7 sur l'échelle VOC. Lorsque la phase 5 est complète, quand le patient se
remémore le souvenir, c'est la CP installée qui lui vient désormais spontanément à l'esprit, à la place
de la cognition négative (CN). Elle apporte une perspective adaptative renforçant l'estime de soi.
Assimilée dans les réseaux mnésiques, la CP peut avoir un effet de généralisation, c'est à dire
passer en revue mentalement son corps, pour voir si subsiste une perturbation, une sensation
négative résiduelle. En ce cas les stimulations bilatérales alternées (SBA) seront utilisées pour les
dissiper. Cette étape est importante car la majorité des pensées traumatiques s'inscrivent dans une
mémoire motrice, physique et non narrative. Leur retraitement leur permet de migrer vers la
g) Phase 7 : Clôture
Une cible est complètement traitée lorsque le niveau de détresse évaluée par l'échelle "Subjective
Units of Distress" (SUD) est à 0, que le niveau de validité de la cognition positive (CP) évaluée par
l'échelle "Validity Of Cognition" (VOC) est à 7 et que le scanner corporel ne retrouve plus de
perturbation. La phase de clôture est systématique à la fin de la séance, que le retraitement ait été
complet ou non. Un débriefing de la séance est réalisé. Durant cette phase le praticien veille à ce que
le patient se trouve dans un état émotionnel stable. Il peut utiliser différentes techniques si besoin
dans ce but. Par ailleurs le patient est invité à tenir un journal des associations et changements qu'il
130
remarquera en dehors des séances, et qui pourront éventuellement être utilisés lors des prochaines
h) Phase 8 : Réévaluation
Au début de chaque nouvelle séance, le thérapeute examine le journal de bord du patient et évalue
les changements notés par le patient depuis la dernière fois. Une réévaluation du traitement de la
cible est réalisé afin de s'assurer que les effets ont étés maintenus ou s'il y a besoin de retraiter du
nouveau matériel. Puis le retraitement se poursuit à partir de la phase 3, soit de la cible précédente
s'il était incomplet, ou alors de la cible suivante, selon le plan de ciblage établit en phase 1.
En 2000 aux Etats-Unis, l'EMDR était la thérapie qui avait suscité le plus d'études cliniques contrôlées
sur l'ESPT, supplantant même les travaux sur les traitements pharmacologiques (368). Il y a
actuellement plus de 650 articles publiés sur l’EMDR concernant résultats cliniques et mécanismes
108; 265; 428; 364; 244) ont démontré son efficacité dans le traitement de l'état de stress post-
traumatique (ESPT), au moins comparable aux thérapies par exposition et autres thérapies cognitivo-
comportementales (177; 405) . A noter que la thérapie par exposition requière 1 à 2 heures
d’exercices à faire chez soi alors que la thérapie EMDR n’en demande pas (46; 108) . L'EMDR a
montré plus d'efficacité que le traitement pharmacologique dans l'ESPT(428; 424). Par ailleurs, les
effets de l'EMDR seraient stables dans la durée, d'après une étude de suivi contrôlée après 35 mois
(187) .
L'EMDR est maintenant recommandé dans le traitement de l'ESPT par de nombreuses autorités de
(Institut Nationale de la Santé et de la Recherche Médicale) depuis 2004 (194), la Haute Autorité de
131
Santé (HAS) depuis 2007 (178), la société internationale pour l'étude du stress traumatique depuis
Des publications récentes ont également reconnu l'efficacité de l'EMDR dans le traitement de l'ESPT
L'état actuel des recherches montre un intérêt de l'EMDR qui ne se limite pas à l'ESPT, mais qui
s'étend à d'autres indications (405; 177) : La prise en charge des phobies (118; 119; 300), du trouble
panique (197), du trouble anxieux généralisé (327), du deuil compliqué et traumatique (406; 390), de
la dysfonction sexuelle (402), des douleurs chroniques (409; 49; 51; 50), de la dépression (179; 186),
5. Convergences psychothérapeutiques
consensus .
Comme dans le processus psychanalytique, l'EMDR utilise les associations libres. L'EMDR faciliterait
les associations libres et permettrait d'explorer les mécanismes de défense, les résistances, les
conflits sous jacents et le contre transfert. Par contre le thérapeute ne se livre à aucune
interprétation des associations ou attitudes du patient (439). Par ailleurs l'attitude du praticien en
EMDR est positive, active, constructive et centrée sur la résolution des problèmes. Elle empêcherait
l'apparition d'un transfert négatif, qui serait préjudiciable et pourrait enrayer le bon déroulement de
la séance (350). L'importance accordée aux souvenirs de la petite enfance est partagée avec le
L'EMDR est fortement influencée par les TCC, à travers notamment l'exposition (reposant sur les
restauration d'un équilibre psychique en diminuant les pensées négatives). L'exposition progressive
132
aux pensées, images puis aux stimuli anxiogènes est l'élément central dans ces techniques (300).
L'EMDR serait pourtant différente des techniques d'exposition habituelles car d'une part l'exposition
n'est pas l'élément central et d'autre part le temps d'exposition n'est pas prolongé (243), ce qui est
moins générateur de fortes angoisses. En effet l'attention portée sur l'événement n'est pas
maintenue mais réitérée de façon cyclique au gré des séquences de stimulations bilatérales alternées
(SBA). De plus, le temps d'exposition nécessaire en EMDR pour obtenir une amélioration clinique est
moins important que dans les techniques d'exposition classiques comme la technique d'exposition
directe (DTE) (380). Comme dans les thérapies cognitives, l'EMDR s'attache à évaluer, identifier et
remodeler les schémas cognitifs et croyances dysfonctionnels du patient. L'utilisation des SBA au
L'EMDR a des similitudes avec l'hypnose telles que l'induction d'état modifié de conscience,
l'utilisation de stimuli répétés et de l'attention double (326). Comme l'hypnose, l'EMDR permet au
patient de se focaliser sur le passé. Toutefois l'induction de transe hypnotique n'est pas recherchée
et le patient ne subit aucune amnésie et garde le contrôle tout au long des séances. Par ailleurs, les
SBA permettent de mobiliser l'attention du patient sur la cible traumatique stockée dans la mémoire
sans instructions spécifiques pour diriger son attention vers un aspect particulier du trauma (367). A
la différence de l'EMDR, l'hypnose dépendrait plus des "dons" du thérapeute, et des capacités à être
D'autres approches thérapeutiques peuvent aussi trouver de l'écho dans l'EMDR : L'analyse
transactionnelle qui travaille avec les différents "états du moi", la programmation neuro linguistique
(PNL) , la gestalt thérapie, l'approche centrée sur le client de Carl Rogers... (170)
L'utilisation de l'EMDR est pleinement compatible avec la plupart des psychothérapies connues (305).
6. Mécanismes d'action
Bien que l'efficacité de l'EMDR dans le traitement de l'ESPT ne soit plus à démontrer, ses mécanismes
d'action ne sont pas encore élucidés et de nombreuses théories ont été développées afin de
133
comprendre son fonctionnement, et notamment le rôle des stimulations bilatérales alternées (SBA) .
Elles restent pour le moment encore spéculatives (380) : Modification de l'équilibre ortho-
La théorie du lien entre EMDR et sommeil REM (Rapid Eye Movement) fut l'une des premières
suggestions de F. Shapiro (378) . De nombreuse études ont montré que le sommeil joue un rôle
central dans le processus de la mémoire. Les phases REM, pendant lesquelles sont observées des
mouvements oculaires rapides durant le sommeil paradoxal, semblent jouer un rôle essentiel dans
l'intégration corticale de souvenirs dans des réseaux sémantiques généraux (398; 331). Elles
compréhension du sens des événements de la vie (399). Les réorientations répétitives de l'attention
en EMDR induiraient des changements au niveau de l'activation des régions du cerveau et une
théoriques récentes les plus solides (405; 177) . D'après la théorie de reconsolidation de la mémoire
(71), un souvenir réactivé, c'est à dire rappelé en mémoire, peut devenir labile, et être restauré sous
une forme modifiée dans la mémoire à long terme. Cette modulation peut être permise par des
agents amnésiques et certaines activités interférentes (293; 58), dont pourrait faire partie l'EMDR
(405). Selon la théorie de la mémoire de travail, celle ci aurait une capacité limitée. Lors de la
réalisation de deux taches concurrentes simultanées (comme le rappel d'un souvenir et l'attention
portée sur les SBA), cette mémoire serait alors saturée et le souvenir reconsolidé sous une forme
7. Neurobiologie
Des études récentes de neuroimagerie ont montré des modifications avant et après traitement par
EMDR chez des patients présentant un ESPT. Les enregistrements faits pendant les séances d'EMDR
134
ont montré une implication en particulier du cortex limbique, pariétal , temporo-occipital et frontal.
La thérapie EMDR contribuerait à l'activation du cortex préfrontal, qui est notamment chargé
d'inhiber le système limbique, en réduisant l'hyperactivation de l'amygdale. (405; 177; 321; 320; 226;
221)
La réaction à une situation potentiellement traumatique peut s'observer sur une durée de temps
variable. Elle peut se décomposer en deux périodes : la phase aiguë comprend la phase immédiate et
la phase post-immédiate, alors que la phase à long terme s'installe après un mois du trauma. C'est
dans cette dernière période, lorsque les troubles réactionnels se chronicisent que peut être évoqué
le diagnostic de trouble de stress post-traumatique selon le DSM 5 (6) ou état de stress post-
traumatique selon la CIM 10 (307). L' EMDR est recommandé actuellement seulement dans cette
indication. Francine Shapiro, ainsi que plusieurs chercheurs par la suite se sont également intéressés
à son application durant la phase aiguë. Cependant, les conditions cliniques et physiopathologiques
particulières durant cette phase ont rapidement conduit ces chercheurs à devoir changer leur
approche et apporter des modifications au protocole standard. En effet, la raison principale à cette
nécessité d'adaptation du protocole standard est que la consolidation de la mémoire semble changer
au cours des semaines et des mois suivant un événement traumatique. Actuellement, l'application de
l'EMDR dans les suites précoces d'un événement traumatique fait l'objet d'un corpus récent de
recherches sur le sujet. L'utilisation de l'EMDR en phase précoce entre dans le cadre des
"interventions EMDR précoces" ("early EMDR interventions") (264; 207). Certains des protocoles
dédiés à l'approche du trauma en phase aiguë décrits dans ce chapitre peuvent se retrouver
notamment dans le livre " EMDR therapy and emergency response" de Marilyn LUBER (251) .
135
1. Recommandations et protocoles de Francine SHAPIRO (380)
Contrairement aux souvenirs anciens qui peuvent se retraiter entièrement par des processus de
généralisation en ciblant une seule partie du souvenir ( généralement la plus douloureuse ), il semble
qu'il en soit différemment pour les souvenirs récents. Shapiro avance ainsi que durant une période
précoce faisant suite à un événement, qu'elle estime à environ 2 ou 3 mois, "le souvenir n'a pas de
temps suffisant pour se consolider en un ensemble intégré". Le souvenir est consolidé à un certain
niveau toutefois car le patient est en mesure de décrire son expérience, mais cette consolidation
reste superficielle. Pour la majeure partie, l’information est morcelée et les différents composants du
souvenirs ne seraient pas à ce moment intégralement reliés entre eux. Ainsi pour les souvenirs
consolidés, le protocole standard est suffisant, tandis que le travail avec un sujet venant de vivre un
traumatiques récents" ou "protocole des événements récents" ("REP" pour "Recent Event Protocol"),
• 4/ Faire visualiser au patient la séquence entière de l'événement avec les yeux fermés et la
retraiter quand la perturbation monte. Répéter jusqu'à ce que l'événement entier puisse être
• 5/ Faire visualiser l'événement au patient du début à la fin avec les yeux ouverts et installer
Un récit de l'événement est donc initialement demandé au patient. Il permettra d'identifier avec lui
toutes les parties du souvenir génératrices de perturbation à leur rappel. La partie la plus
136
perturbante devrait être traitée en premier : en effet dans le cas contraire, l'attention du sujet lors
du traitement d'une autre partie pourrait être détournée et accaparée par la partie du souvenir la
plus troublante et préoccupante. Puis les autres parties du souvenir sont retraitées chacune à leur
tour dans un ordre chronologique. Chaque partie doit être retraitée selon le protocole standard de
l'EMDR, de la phase 3 (évaluation) à 5 (installation). C'est seulement une fois en l'absence complète
l'événement par le patient), que le retraitement du souvenir global peut se finaliser lors des phases
restantes et habituelles du protocole standard (phase 6 : scanner corporel, phase 7: clôture, phase 8 :
réévaluation). Par la suite, et comme dans la démarche habituelle, les stimuli et déclencheurs du
Shapiro fait remarquer par ailleurs un point méritant une attention particulière. En effet le vécu de
l'événement récent par le patient peut être associé à des vécus antérieurs similaires. Dans ce cas, le
traitement sera plus long , et devra intégrer le retraitement de ces anciens souvenirs, une fois ceux-ci
identifiés (380) .
Shapiro, en plus de la mise au point de son protocole REP pour les événements précoces, a par
ailleurs réhabilité son protocole initial EMD ("Eyes Movement Desensitization"), qui avait
"seulement" une fonction de désensibilisation, pour l'adapter aux prises en charge en phase
immédiate. Les différences principales avec la procédure standard d'EMDR, outre l'absence de la
dimension de restructuration cognitive sont : des retours à la cible plus fréquents entre les
séquences de stimulations bilatérales alternées (SBA), une vérification plus fréquente des niveaux
d'intensité de la perturbation par le biais de l'échelle "Subjective Units of Distress" (SUD), et de plus
137
2. Protocoles en EMDR concernant la phase immédiate
Quinn
Gary Quinn est psychiatre à Jerusalem, et il est régulièrement confronté à des événements
tiré de sa pratique une approche en EMDR utilisable en phase immédiate, que ce soit en service
hospitalier d'urgence ou sur les lieux mêmes des événements, alors que l'état émotionnel peut être
instable et que le risque de survenue d'abréactions est majeur, ou même à l'occasion de ces
dernières. Elle s'appuie principalement sur l'aide à la récupération des capacités du patient dans
l'auto-contrôle et l'auto-régulation de ses réactions, sous-tendue par la réalisation que le danger est
passé, le rétablissement d'un sentiment de sécurité, et la réorientation dans le temps présent (253) .
Le protocole ERP est indiqué de façon optimale pour les niveaux de détresse majeure évalués à au
moins 7/10 sur l'échelle "Subjective Units of Distress" (SUD), rencontrés lors des états d'agitation
élevés ou chez les patients sidérés ou mutiques (ceux-ci étant considérés à un niveau de détresse sur
l'échelle SUD supérieur à 10). La cognition positive (CP) "vous êtes en sécurité" est habituellement
émotionnel dans le temps présent visé par le protocole ERP peut se juger sur plusieurs critères tels
que l'orientation du sujet dans le présent, son habilité à interagir avec autrui, la décentration de son
attention de l'événement, la possibilité d'être évalué avec l'échelle SUD ( avec une réponse en
phase 1 et 2 : si le patient n'est pas en mesure de communiquer, des informations sommaires lui
phase 3 : devant les capacités altérées du patient, la phase d'évaluation n'est pas indispensable et les
138
terreur, CN "je suis en danger", CP " je suis en sécurité", score SUD supérieur à 7/10, sensations
visibles...).
phase 4 : les phrases de réassurance de type "vous êtes en sécurité maintenant" peuvent s'avérer
insuffisantes, et peuvent être renforcées utilement par "c'est fini", "vous êtes en sécurité maintenant
par rapport à ce qui vient de se passer". Lorsque le protocole basé sur les patterns de sécurité est
Les SBA sont associées à des phrases de réassurance de la part du thérapeute. Les SBA peuvent être
visuels ou physiques par tapotements ("tapping"). La fréquence doit être aussi rapide que tolérable.
Le "tapping" est souvent propice et opportun. Dans ce cas le thérapeute devrait veiller à ce que le
sujet garde les yeux ouverts pour faciliter l'orientation dans le présent. Enfin la combinaison du
"tapping" et de son suivi oculaire par le patient peut être particulièrement efficace. Si le patient n'est
pas en mesure de verbaliser quelque chose à la fin d'un set de SBA, il est juste invité à noter ce qui lui
arrive, et d'autres sets sont poursuivis, associés à des paroles de réassurance, jusqu'au moment où le
Contrairement au protocole standard, le sujet n'est pas invité à "penser à l'événement", mais juste à
phase 5 : elle ne doit pas être formellement réalisée. Une fois le patient commençant à être
réorienté, un récit de l'événement peut lui être demandé. La réalisation d'autres protocoles
spécifiques aux événements récents peut à ce moment être indiqué (R-TEP ou EMD). Par ailleurs en
cas d'inefficacité du protocole ERP, d'autres prises en charge peuvent s'avérer nécessaires, comme
un traitement pharmacologique.
phase 6 : le scanner corporel n'est pas non plus à réaliser formellement. La visualisation de
phase 7 et 8 : un suivi est proposé à la fin, accompagné par une psychoéducation orale et écrite.
139
L'auteur estime que seulement 25% des patients ayant bénéficié de son protocole développerait un
PTSD à 2 ans, comparés aux 75% de ceux ayant bénéficié d'un traitement habituel (337) .
Judith Guedalia, psychologue et Frances Yoeli, médecin à la tête d'un service d'urgence, travaillent en
Israël, et ont une grande expérience de la prise en charge du traumatisme psychique, notamment au
cours d'événements de masse, comme pendant la "seconde intifada" liée au conflit israëlo-
palestinien. Leur protocole est indiqué une fois que le patient est stabilisé, orienté, qu'il a retrouvé
phase 1 et 2 : le protocole EMDR-ER est destiné aux sujets incapables de se déplacer sur l’aire de
soins ambulatoires ou ayant des difficultés à retrouver des fonctions cognitives, affectives, psycho-
motrices adaptées aux circonstances. Les réactions de type paralysie hystérique ou fugue
dissociative, ainsi qu'un niveau d'intelligence limite ou bas sont une contre-indication formelle,
devant la déstabilisation pouvant être induite durant l'EMDR. Ce protocole est donc utilisable une
fois le patient stabilisé un minimum, ce qui peut s'apprécier par plusieurs critères : capacité
suffisante à être en relation avec autrui, possibilité de focaliser son regard, de répondre aux
questions, de porter son attention sur les alentours, fréquence respiratoire qui se normalise. Le
sentiment de sécurité par des paroles de type "vous êtes en vie", "vous êtes en sécurité maintenant",
"vous êtes à l'hôpital", "je suis ici avec vous". Le clinicien recherche ensuite le consentement du
patient. Que le patient soit ou pas en mesure de répondre, des explications doivent lui être fournies
phase 3 : une narration de l'événement est demandée au patient. Les éléments de la phase
140
cognition négative (CN) et de la cognition positive (CP) sont inversés, pour renforcer les notions de
prise en charge à "je suis en vie" ou "je suis en sécurité". L'émotion ressentie par le patient est aussi
recherchée. L'auteur fait remarquer à ce sujet que les manifestations émotionnelles du thérapeute
ne doivent pas être réprimées et peuvent aider à l'expression de celle du patient et à montrer son
empathie. La recherche de l'intensité de la perturbation ressentie par le patient doit être prudente
l'événement ne doit pas être conduite chez les patients présentant des blessures physiques.
phase 4 : Un récit de l'événement est ensuite demandé au patient, si besoin en utilisant des
télévision par exemple). Des stimulations bilatérales alternées (SBA) peuvent être appliquées si le
contexte le permet, comme le "tapping" notamment, qui implique moins d'investissement que la
de victimes , le thérapeute fera des allers-retours itératifs entre celles-ci en leur demandant de
thérapeute, le patient est encouragé à faire des exercices de stabilisation (exercices de respiration
par exemple).
phase 5 : le thérapeute aide à renforcer les ressources positives du patient. Il aide le patient à
phase 6 : les changements sont habituellement perceptibles visuellement. Un scanner corporel peut
être fait.
phase 7et 8 : le patient peut relater un récit cohérent de l'événement. Un examen médical est
réalisé, une psychoéducation est délivrée, et des liens peuvent être proposés avec d'autres
141
c) Le "R-TEP protocole adapté aux heures de l’événement " ("Early
Ce protocole est une adaptation du protocole R-TEP4 de Shapiro, E. destiné à la phase immédiate qui
suit des événements traumatiques, et il peut être utilisé avec des patients en état de stress extrême.
Il utilise des techniques de thérapie narrative. Différents moments perturbants sont identifiés à l'aide
d'une méthode différente de celle employée dans le R-TEP, puis sont retraités (142) .
EMDR Protocol)
Ilan Kutz, thérapeute en Israël et son équipe ont été souvent confrontés à des victimes d'attentats
terroristes ou d'autres événements potentiellement traumatiques. Ils ont tiré de leur expérience un
protocole spécifique constitué d'une seule séance à destination individuelle axé sur les troubles de
stress aigu. Il ne comprend pas les étapes de retraitement cognitif. En fait après une phase
d'évaluation et d'anamnèse rapide, le patient est invité à se concentrer sur l'élément le plus
perturbant de son expérience et des stimulations bilatérales alternées (SBA) sont réalisées par le
thérapeute. Des évaluations du niveau de perturbation sont réalisées entre chaque séquence de SBA
avec l'échelle SUD. Si le sujet amène des associations qui dépassent le cadre de l'événement, il lui est
demandé de refocaliser sur ce dernier. Les séquences de SBA sont répétées jusqu'à ce que le niveau
4
Le protocole R-TEP est décrit plus loin dans ce travail.
142
3. Protocoles en EMDR concernant la phase post-immédiate
Shapiro et Laub
Elan Shapiro et Brurit Laub, psychologues en Israël ont développé le R-TEP à la lumière de leur
grande expérience professionnelle dans le secours précoce à des victimes de guerre et d'attentats,
ou d'autres types de situations de trauma. Pour son élaboration, les auteurs se sont appuyés sur le
"protocole pour des événements traumatiques récents" de Francine Shapiro, en y apportant des
modifications. Sur le plan théorique ils considèrent l’épisode traumatique comme un continuum
début de l'épisode traumatique jusqu'au moment présent. Les auteurs, pour l'élaboration de leur
l'information (TAI). Ils considèrent ainsi que l'intégration de l'information se fait sur un modèle
pyramidal : elle part d'un fragment de l'événement incluant des informations sensorielles, puis
s'élargit à l'événement, puis à l'épisode considéré de plusieurs événements, jusqu'à un thème ou une
constellation d'expériences de ce même type de vécus, pour finir à l'identité du sujet qui est
considérée comme une association de plusieurs thèmes ou constellations. L'information est par
ailleurs traitée suivant des niveaux de complexité croissante pouvant correspondre à l'évolution
émotionnelle de l'expérience, et enfin niveau conceptuel ou du sens, intégrant l'aspect cognitif aux
Leur protocole se démarque par ailleurs par plusieurs autres particularités, se retrouvant dans
143
phase 1 : leur approche permet d'évaluer rapidement la disponibilité et l'accessibilité du sujet à
commencer le protocole R-TEP, grâce à des outils de dépistage. La narration de l'épisode au cours
des phases 1 et 2 doit être succincte et superficielle afin de réduire le risque d'abréaction.
phase 2 : ils proposent des exercices de stabilisation et de développement de ressources5 qu'ils ont
personnellement mis au point ("Four Elements for Stress Management", "Resource Connection").
phase 3 : une narration de l'épisode par le patient à voix haute est demandée par le thérapeute,
associée à des stimulations bilatérales alternées (SBA), ce qui apporte un effet contenant et prépare
disturbance" ou "PoD") sont identifiés, notamment grâce à ce que les auteurs appellent une
"recherche google" (reposant sur une métaphore avec les moteurs de recherche sur internet), qui
sera également réalisée pendant que le thérapeute fait des SBA. Chaque PoD est ensuite évalué
individuellement.
phase 4 : un traitement "téléscopique" s'opère par l'utilisation de trois stratégies différentes, que
sont l'EMD6, l'EMDr ou l'EMDR. Au cours de la procédure EMDR standard, toutes les associations
faites par le patient sont acceptées par le thérapeute sans réserve entre deux séries de SBA. Les
procédures EMD et EMDr s'en distinguent par la restriction du champ associatif du patient : ainsi
dans le cadre de la procédure EMDR, le thérapeute va aider le patient à maintenir son attention
exclusivement sur le fragment-cible ou Pod, tandis que lors de la procédure EMDr, le patient doit
rester focaliser sur l'épisode traumatique global. Ainsi dans ces 2 procédures, lorsque le sujet donne
des associations débordant le cadre du souvenir, soit du fragment-cible pour l'EMD, soit de
l'événement traumatique entier pour l'EMDr, il est invité par le thérapeute à revenir à la cible. Une
évaluation du score "Subjective Units of Distress" (SUD) est alors réalisée. Le protocole standard
EMDR s'applique quant à lui à l'ensemble des expériences de vie de l'individu. Dans le protocole R-
5
Une ressource dans ce cadre précis est définie par Arne Hofmann comme "un réseau mnésique activé relié à
un sentiment positif que le patient peut ressentir dans son corps" (381) .
6
La stratégie EMD est adaptée du protocole EMD de Francine Shapiro (377).
144
TEP, la procédure EMD sera préférentiellement utilisée lorsque le PoD ciblé est un fragment de
souvenir intrusif et/ou douloureux impliquant des images, des sensations, des pensées, des affects.
phase 5 : une phase d'installation est réalisée à la fois pour chaque PoD dans le cadre de leur
Les auteurs considèrent que les interventions précoces en EMDR, avant que la mémoire soit
consolidée, peuvent réduire les connections associatives avec des expériences traumatiques passées
dans le cadre du processus de "croissance post-traumatique", tels que par exemple la résilience, les
associations adaptatives, les stratégies de coping. Ils ont cependant conscience que des recherches
sont nécessaires avant de pouvoir valider la place de l'EMDR en intervention précoce dans les suites
psychologiques ultérieurs.
Les Drs. Ignacio Jarero et Lucina Artigas tous deux thérapeutes mexicains. Ils ont développé leur
Francine Shapiro, et de leur expérience en amérique latine et aux caraïbes. Les modifications qu'ils
ont dû apporter sont en lien notamment avec les circonstances particulières de certains événements
(tels que catastrophes naturelles : tremblements de terre, inondations..) : une durée importante et
effet, en l'absence de cette période de sécurité, le sujet est sans cesse restimulé lors de situations
stressantes, et les diverses parties de mémoire traumatique n'ont pas le temps d'être consolidées en
145
un ensemble intégré. Ainsi parfois, la mémoire peut rester non consolidée même à six mois de
l'événement. La caractérisation d'un événement traumatique aigu ne serait donc pas seulement liée
à la durée de l'événement mais aussi dépendante d'une période de sécurité post-traumatique. Jarero
donne ainsi l'exemple d'un sujet qui se serait vu annoncer le diagnostic d'un cancer 18 mois
auparavant : ce sujet pourrait alors être considéré dans une situation de trauma aigu devant
ne nécessite qu'une seule séance. Cette dernière variable est notamment importante étant donné le
nomadisme et l'instabilité imposés par certains contextes de catastrophes de masse aux survivants.
phase 1 : l'événement traumatique est conceptualisé comme un événement étendu allant du début
continus avec des émotions et des sensations physiques similaires. Ceci interfère avec la
consolidation de la mémoire.
phase 2 : les auteurs proposent et informent de l'utilisation au cours du protocole d'un type de SBA
auto-réalisé par le patient qu'ils ont mis au point ("Butterfly Hug7" ou "baiser du papillon") et
d'identifier le pire moment. La phase d'évaluation se déroule par ailleurs comme d'habitude sauf que
phase 4 : le pire moment est retraité selon la procédure habituelle si ce n'est que la technique du
"Butterfly Hug" peut s'utiliser. Puis la cible suivante est identifiée en demandant au patient de faire
7
Au cours du "Butterfly Hug", le sujet a les bras croisés sur sa poitrine et réalise des tapotements de manière
alternée (211).
146
une revue mentale du déroulement de l'événement, les yeux fermés, et de lui indiquer à nouveau le
moment le plus perturbant. Cela est répété jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de perturbation.
phase 5 : l'installation d'une cognition positive ne se fait qu'en l'absence de toute perturbation, et ce,
(VOC) entre chaque séquence de stimulations bilatérales alternées (SBA) n'est pas nécessaire. Une
revue mentale du déroulement de l'événement est demandée au patient, les yeux fermés, afin de
PROPARA)
paraprofessionnelle. Ce protocole a été développé par Jarero, et rentre dans le cadre d'un projet
mené par Shapiro F. afin de former des intervenants paraprofessionnels, dans les pays en voie de
aussi bien les intervenants d'urgence, que les personnels militaires ou civils. Ses objectifs sont la
diminution des difficultés de gestion du stress et les difficultés d’ordre professionnel, familial et
social. Il peut s'appliquer dans trois types de situations cliniques de trauma aigu : "(a) variantes
infracliniques de l’état de stress aigu (ESA) ou de l’ESPT aigu, (b) difficultés fonctionnelles et/ou
sociales et (c) symptômes infracliniques de stress traumatique ayant un impact sur leur qualité de
vie". La différence principale avec le protocole EMDR-PRECI est l'utilisation exclusive du "Butterfly
147
(4) Le protocole "URG-EMDR" de Tarquinio et al.
Cyril Tarquinio est professeur de psychologie clinique et psychologie de la santé en Lorraine. Avec
son équipe de recherche, ils ont mis au point un protocole EMDR qu'ils situent à mi-chemin entre
intervention immédiate et post-immédiate. Leur protocole est issu d'une intégration de plusieurs
autres protocoles d'EMDR d'urgence tels que le R-TEP de Shapiro, E. ou celui de Kutz, et d'une
phase 1 et 2 : les deux premières phases se composent notamment de l'anamnèse, d'une évaluation
phase 3 : le patient est invité à visualiser l'événement passé comme une vidéo qu'il peut parcourir
dans sa tête puis à identifier chaque point perturbant, qui constitueront autant de cibles du
phase 4 : une évaluation de la détresse liée à l'épisode global est réalisée avec l'échelle "Subjective
phase 5 : une évaluation de chaque cible intermédiaire est réalisée avant leur traitement en
demandant l'émotion et le niveau de détresse (par l'échelle SUD) qui s'y rapportent.
alternées (SBA). Une évaluation avec l'échelle SUD est réalisée entre chaque séquence. Par ailleurs si
les associations du patient dépassent le cadre du fragment de souvenir ciblé, le sujet est invité à
revenir à la cible. Lorsque le niveau de détresse est réduit à 2 ou 3/10, le thérapeute passe à la cible
suivante.
phase 7 : une évaluation finale du niveau de détresse résiduel associé au souvenir global est réalisée.
148
b) Protocoles EMDR pour une utilisation groupale
Ce protocole est une adaptation simplifiée du protocole R-TEP, destiné aux groupes d'adultes,
d'adolescents ou d'enfants venant de subir une même expérience traumatique. Un des objectifs était
de conserver la même profondeur et puissance qu'un protocole individuel pour les événements
récents. Gardant l'esprit du R-TEP, il perçoit le trauma récent comme fragmentée en plusieurs
morceaux faisant l'objet de cibles. Le protocole G-TEP reprend les grandes lignes et techniques du R-
TEP.
Initialement, les participants qui évaluent leur perturbation à plus de 6/10 sur l'échelle "Subjective
Units of Distress" (SUD) ne doivent pas continuer le protocole de groupe, mais nécessitent une phase
protocole de groupe, les participants sont invités à évaluer leur perturbation, à évoquer leurs
associations et perceptions, non pas par voix orale mais par écrit ou dessin. La narration de
l'événement n'est pas non plus réalisée. La phase de stabilisation et de développement de ressources
se fait en groupe. La représentation écrite d'un état futur est demandé aussi aux participants. Les
"points de perturbation" (PoDs) sont retraités via plusieurs séquences de stimulations bilatérales
alternées (SBA) (associant autostimulation par tapping et mouvements oculaires) groupal pour tout
le monde en même temps, et des évaluations des niveaux de perturbations sont faites à intervalles
Les bases du protocole "Integrative Group Treatment Protocol" ont vu le jour en 1997 dans les suites
des ravages du cyclone Pauline au Mexique, grâce à Ignacio Jarero et Lucy Artigas. Le protocole IGTP
a été développé à l'origine pour les enfants, puis il a été adapté par la suite pour un usage destiné
149
aux adultes. Il combine l'approche EMDR standard aux modèles de thérapie de groupe, dans un
une nécessité devant les dimensions inhabituelles que pouvaient révéler certaines catastrophes de
masse. Il présente de nombreux avantages tels que : une adaptabilité à de nombreux lieux pour sa
pratique (en extérieur notamment), un faible coût, une verbalisation des victimes non indispensable
au cours de la thérapie, la possibilité de prodiguer le traitement sur plusieurs jours consécutifs, une
absence de devoirs à faire entre les séances, la facilité de son apprentissage, une efficacité et un
usage identiques quelles que soient les cultures, un traitement rapide pouvant s'appliquer à une
large population, la possibilité d'une large application en étant un seul praticien assisté par des
forme principale d'expression des participants au cours des séances. Il se particularise précisément
phase 1 : lors de la prise en charge d'un grand nombre de victimes, les intervenants mettent en place
et prévoient plusieurs séances par jour, en sous groupes. Les victimes doivent en être informées. Une
phase 2 : Les auteurs recommandent de faire installer les participants en cercle pour les petits
groupes (jusqu'à 10), et plutôt comme une salle de classe pour les plus grands groupes. L'équipe
d'intervenants doit être assez nombreuse et compter environ un intervenant pour environ 10
patients. Une présentation des règles est faite, concernant notamment la confidentialité, la
participation non obligatoire. Il est intéressant de noter que les auteurs dans leur recommandation
de présentation du protocole aux victimes ne décrivent pas celui-ci comme une psychothérapie. Une
phase de psychoéducation est réalisée, et les symptômes de chacun sont investigués, permettant
d'effectuer un premier dépistage. Les réactions sont normalisées. Par la suite des techniques de
150
relaxation et stabilisation sont enseignés aux participants, dont la technique du "Butterfly Hug". Les
participants sont appelés, après la séance et lors de leur retour chez eux, à favoriser la verbalisation
de leurs affects et pensées auprès de personnes de confiance de leur entourage. Une évaluation du
niveau de perturbation avec l'échelle "Subjective Units of Distress" (SUD) est réalisée auprès de
chaque participant. Enfin une feuille est donnée à chacun, qui sera divisée en 4 parties.
phase 3 : les participants sont appelés à laisser revenir en tête le moment le plus perturbant de
l'échelle SUD.
phase 4 : les participants sont invités à regarder leur dessin et à faire une séquence de SBA via la
technique du "Butterfly Hug" pendant 60 secondes, puis à représenter ce qui leur vient en tête sur le
second quart de feuille et à l'évaluer avec l'échelle SUD. Cette procédure est répétée jusqu'à ce que
phase 5 : la phase d'installation n'est pas réalisée du fait des contraintes de groupe. Par contre, un
travail sur la vision future que le sujet a de lui-même est réalisée sur un modèle similaire à la phase 4.
phase 6 : un scanner corporel est réalisé auprès de tout le groupe en même temps.
phase 8 : les intervenants identifient les participants nécessitant une aide plus importante et
Dans une étude de cas de 2008, Kutz et al. ont utilisé leur protocole modifié auprès de 86 victimes,
soit d'attaque terroriste soit d'accident (223) . 50% des sujets ont rapporté une diminution
immédiate des symptômes d'intrusion et un soulagement global de leur détresse, 27% une
151
diminution partielle de leur symptômes et 23% aucune amélioration. Les sujets répondeurs partiels
ou non répondeurs ont bénéficié d'un traitement plus abouti par la suite. A 1 et 6 mois de suivi, les
des autres sujets qui présentaient un risque plus important de développer un PTSD. Ces derniers
semblaient avoir plus de facteurs de risque de PTSD et des antécédents de trauma plus importants.
Les effets semblaient donc rapides sur les symptômes intrusifs chez les patients présentant des
Le protocole des événement récents (REP) de Francine Shapiro a été évalué dans une étude de Silver
et al. avec des survivants de l'attentat terroriste du World Trade Center en septembre 2001 (384).
L'EMDR a été dispensé immédiatement pour un premier groupe, puis en différé (au moins 20
semaines) pour le deuxième groupe. Les sujets des deux groupes, après traitement, ont montré une
amélioration significative portant sur plusieurs variables incluant des mesures psychométriques
validées et des auto-évaluations des sujets. Les auteurs concluaient que l'EMDR était une
intervention thérapeutique utile tant immédiatement après les catastrophes que par la suite .
Le protocole R-TEP de Elan Shapiro a été évalué en novembre 2014 dans les suites d'un tir de missile
sur un établissement bondé de civils en Israël (375) . L'étude était contrôlée et randomisée sur un
modèle de groupes parallèles bénéficiant de l'EMDR soit immédiatement soit en différé. Des
améliorations significatives étaient notées grâce à l'échelle IES (Impact of Events Scale) à la fois pour
le premier groupe traité , puis pour le second groupe après avoir bénéficié de l'EMDR. Les résultats
se maintenaient à 3 mois. Des améliorations significatives étaient aussi notées avec l'inventaire bref
auteurs estiment que ces résultats fournissent des preuves préliminaires à l'efficacité de leur
protocole dans la réduction du stress post-traumatique chez des civils victimes d'hostilité.
152
Par ailleurs quatre études évaluant le protocole R-TEP et montrant son efficacité dans la prise en
charge du trauma aigu ont été présenté au cours de conférences et devraient bientôt être publiées
(375) : ce protocole a été utilisé ainsi par Fernandez dans les suites du tremblement de terre dans le
nord de l'Italie en 2012 (155) , par Kaya dans les suites d'un attentat à la bombe à Istanbul en 2009
(218) , et par Yursever et al. en 2014 auprès de réfugiés syriens vivant dans des camps dans le cadre
de deux essais contrôlés randomisés (le protocole G-TEP aurait aussi été utilisé par Yursever et son
équipe) (446) .
Le protocole EMDR-PRECI de Jarero et Artigas a montré des preuves préliminaires de son efficacité
dans le cadre de 3 études récentes de Jarero et al. (212; 206; 213; 214) .
- Une étude de terrain contrôlée et randomisée a été réalisée dans les suites d'un important
tremblement de terre au Mexique en 2010 (211). Après qu'un "briefing de gestion de crise"8 ait été
proposé à tous les participants de l'étude, ceux-ci ont bénéficié du protocole EMDR-PRECI soit
immédiatement, soit de manière retardée (liste d'attente) une semaine après. Il n'y avait pas
d'amélioration dans le groupe contrôle. Une séance d'EMDR-PRECI a montré une amélioration
significative des symptômes de stress post-traumatique aussi bien pour le groupe qui en a bénéficié
immédiatement que pour celui en ayant bénéficié en différé. Ces effets se sont maintenus même
- En 2011, suite à des massacres humains dans l'état de Durango au Mexique, 32 sujets du
personnel médico-légal chargés de travailler dans des conditions de stress extrême et de ramasser
218 corps mutilés et/ou en putréfaction ont été inclus dans une étude comparative non randomisée,
l'un bénéficiant de l'EMDR immédiatement (pour ceux ayant été dépistés avec des troubles plus
sévères) et l'autre en différé (une vingtaine de jours après) (213; 214) . Une diminution significative
des scores auto-rapportés de stress post-traumatique et de symptômes de PTSD a été notée après
les interventions avec le protocole EMDR-PRECI. Ces effets se maintenaient à 3 et 5 mois alors que
8
le "briefing de gestion de crise" est un des éléments faisant partie du CISM (Critical Incident Stress
Management) de Everly et Mitchell (211; 145).
153
les sujets avaient continué de travailler dans ces conditions extrêmes. Les auteurs suggéraient que
- Un essai contrôlé randomisé a aussi évalué le protocole EMDR-PRECI qui a été appliqué en
(206) . Une seule séance d'EMDR-PRECI a été dispensé de façon immédiate pour un premier groupe,
puis de manière retardée pour le second (une dizaine de jours après). Il n'y avait pas d'amélioration
dans le groupe contrôle. L'efficacité était significativement plus importante dans le groupe traité par
EMDR. Les effets étaient également reproduits dans le groupe retard lorsqu'ils eurent bénéficié à
leur tour du traitement. Les effets pour les 2 groupes se maintenaient à 3 mois et une amélioration
expérimentés, a été évalué dans le cadre d'un essai clinique randomisé en 2013. Au total 39
intervenants de premier secours ont été traités soit par le protocole EMDR-PROPARA soit par
thérapie de soutien. Le groupe traité par EMDR a montré une efficacité significativement plus
importante dans la réduction des symptômes de stress post-traumatique, qui se maintenait à long
terme malgré leur exposition permanente à des événements stressants du fait de leur pratique
professionnelle. Ce protocole pourrait donc constituer selon les auteurs un outil précieux pour la
L'efficacité du protocole URG-EMDR de Tarquinio et al. a été évalué lors d'une étude non
comparative parue en 2012, au cours de laquelle 17 femmes victimes de viol ont été prises en charge
sur la base d'une seule séance, dans un délai de 24 à 72h après l'agression. Les résultats montrent
une réduction significative de différentes variables comme le niveau de détresse (évalué par l'échelle
"Subjective Units of Distress" ou SUD) ou les scores d'IES ("Impact of Events Scale"), et se maintenant
154
à un et six mois de la prise en charge. Par ailleurs la sexualité semblait réinvestie par les patientes.
Les auteurs relèvent les perspectives potentielles de ce type d'intervention devant la brieveté de
l'intervention (moins de 2h) et ses effets notables dans la diminution significative des différents
économique" avec un rapport "coût/bénéfices" intéressant. L'EMDR offre selon les auteurs une
Le protocole EMDR-IGTP de Jarero et Artigas semble avoir été surtout évalué auprès de groupes
d'enfants. Jarrero rapporte ainsi de nombreuses études de cas et quelques études de terrain (dans
les suites d'inondation ou d'effondrement de mine pour ces dernières) (4; 210; 208) qui malgré leurs
limites méthodologiques, montraient des preuves de l'efficacité et de l'utilité du protocole, avec une
dans le temps à 3 mois de l'intervention. Une diminution du degré de détresse des participants
évaluée par l'échelle SUD était aussi notée. Chez les adultes, les résultats d'une étude non
comparative menée par Jarero et Artigas (209) au cours d'une crise géopolitique au Honduras (coup
d'état en juin 2009, suivi d'émeutes, de meurtres, de forte instabilité) montraient une amélioration
significative des scores établis avec les échelles SUD et IES. Les scores de l'IES se maintenaient à 3
mois alors même que les sujets étaient toujours exposés. Ces résultats confortent ceux d'une étude
réalisée quelques années auparavant, et qui évaluait aussi l'IGTP chez des adultes (210) . Les auteurs
rappellent cependant la nécessité de conduire des études contrôlées randomisées pour fournir des
(3) Méta-analyse
A notre connaissance, il n'existe pas encore de méta-analyse portant exclusivement sur l'évaluation
de l'efficacité de l'EMDR en tant qu'intervention précoce d'une part, et auprès de sujets adultes plus
particulièrement.
155
Natha et Daiches ont conduit une méta-analyse publiée en 2014, évaluant l'efficacité de l'EMDR dans
la réduction des symptômes de détresse psychique chez les survivants de catastrophe naturelle (296)
. Les auteurs intégraient dans leur méta-analyse quelques études évaluant l'EMDR en tant
qu'intervention précoce auprès d'une population adulte, ce qui nous a amené à les mentionner dans
notre travail. Notons cependant que certaines études évaluaient l'EMDR auprès de sujets souffrant
de PTSD constitués et également que la moitié des études se rapportait à une population d'enfants.
Sur le total de 8 études inclues, 4 étaient des essais randomisés contrôlés, 1 était partiellement
contrôlée. Toutes les études ont montré une réduction significative des symptômes de PTSD,
d'anxiété, de dépression, et d'autres expériences de détresse de la part des survivants. D'autre part
les auteurs soulignent le fait que 4 des études ont montré des effets significatifs juste après une
seule séance, ce qui fait de l'EMDR une intervention intéressante et pertinente dans un rapport
temps/efficacité.
Elan Shapiro
Elan Shapiro propose une prise en charge étagée des sujets venant de vivre un événement
• utilisation des premiers secours psychologiques et le protocole ERP de Quinn dans les
premières heures.
• utilisation du protocole IGTP de Jarero pour une prise en charge à destination de larges
• utilisation du protocole G-TEP de Shapiro, E. pour une prise en charge plus intensive, à
156
IV. DISCUSSION
En 2015 les cellules d'urgence médico-psychologique fêtaient leurs vingt ans d'existence. C'est
également durant cette année qu'apparaissait une nouvelle vague de terrorisme en France avec
l'attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, qui sera notamment suivi des sanglants attentats de
Paris le 13 novembre 2015 et de Nice le 14 juillet 2016. Le terrorisme est caractérisé par le choix
d’actions violentes et intimidatrices dont l’objectif est d’engendrer un climat de peur propice à une
des années 80 ou 95 en France, ces nouveaux attentats se démarquent dans leur nature par "une
volonté beaucoup plus affirmée d’atteinte de l’humain, par la désignation de l’autre comme valeur à
personnels sont donc particulièrement importants dans ces événements où les victimes sont
Remarquons aussi, suivant les mises en garde de Crocq, que si ces événements par leur ampleur
exceptionnelle et leur portée médiatique ont indéniablement ébranlé notre nation, dire qu'ils ont pu
la traumatiser serait cependant un abus de langage. Ainsi pour Crocq, la notion de traumatisme
devrait rester réservée aux victimes ayant été exposées directement à la mort ou au néant (103) .
Alors que le concept d'intervention médico-psychologique précoce peut d'emblée faire évoquer les
traumatismes occasionnés par des catastrophes, attentats ou accidents collectifs, il nous semble
microsociales" telles que viols, agressions ou accidents par exemple, sont habituellement prises en
157
charge dans les services hospitaliers d'urgence. Il insistait ainsi sur l'importance d'intégrer des
équipes psychiatriques au sein de ce type de services afin de dépister les sujets à risque de
spécialisation des équipes à ces prises en charge sont donc essentielles (112; 110; 111) .
Dans la lignée des réflexions de De Clercq, nous pouvons associer les remarques et observations
d'autres auteurs mettant en avant la confrontation d'autres intervenants de première ligne à des
traités. L'information et la formation de ces intervenants est donc tout aussi primordiales : Guay et
al. rappellent ainsi l'importance du rôle des médecins de famille (172) , tandis que Vautier et Gorin
évoquent le rôle des psychiatres et psychologues de liaison au sein des services hospitaliers tels
Un événement traumatique qu'il soit isolé ou de masse peut entraîner des réactions de stress aigu
pouvant être adaptées ou dépassées. Selon Kutz, tous les symptômes psychotraumatiques aigus
constance des symptômes intrusifs en phase précoce suggère que leur manifestation semble
nécessaire et non pathologique, dans le sens d'un processus adaptatif (223) . C'est également l'avis
du concept de trouble de stress aigu (ASD) semblent d'ailleurs pour certains, associée à une tendance
158
à médicaliser une réponse normale à une situation anormale. Si l'une des raisons de l'existence de
l'ASD est liée à l'intérêt légitime du dépistage de sujets à risque d'évoluer vers un PTSD, ce dépistage
ne doit pourtant pas s'y limiter, et devrait notamment s'appuyer sur d'autres facteurs de risque tels
63).
Dans la plupart des cas, les victimes récupèrent dans les semaines ou mois qui suivent. Le "National
Institute for Clinical Excellence" considère ainsi que 45 à 80% de sujets récupèreront naturellement
dans les 9 premiers mois (299) . Devant ces chiffres, la question de la légitimité d'une intervention
précoce systématique pourrait donc se voir débattue comme en discutent Elan Shapiro ou Etienne
Vermeiren (375; 433) : dans ce sens, certains ne pourraient-ils pas alors être tentés de ne proposer
peuvent être toutefois considérables et soulèvent le risque de se voir constituer des syndromes post-
traumatiques chroniques. Ainsi jusqu'à 33% de sujets pourraient être symptomatiques jusqu'à 3 ans
ou plus (375).
d'accordage entre les classifications américaines (DSM5), internationales (CIM10) et les habitudes de
dans la CIM 10 ou concernant la phase immédiate dans le DSM5 par exemple (6; 307; 217; 89; 88) .
Certains auteurs soulèvent aussi le doute concernant la pertinence des entités nosologiques du
trouble de stress aigu (ASD) et du trouble de stress post-traumatique (PTSD) du DSM, notamment en
référence au délai de 4 semaines pouvant être considéré comme arbitraire et non légitime. En effet
de l'ASD à celle du PTSD entre le 28ème jour et le 29ème, sans changer dans sa constitution
159
syndromique... L'ASD et le PTSD "aigu" pourraient donc être considérés sur un même continuum de
stress aigu (223; 355; 261; 169). Pour Brewin, l'ASD ne serait qu'une forme précoce du PTSD (52).
D'autres auteurs estiment aussi que les symptômes d'état de stress aigu traduiraient davantage la
précocité et la sévérité d'un PTSD, plutôt qu'une entité clinique originale à risque d'évolution vers un
En comparaison avec les troubles psychotraumatiques chroniques tels que l'état/le trouble de stress
débriefing a été sujet de nombreuses controverses, visant en fait surtout ses pratiques anglo-
saxonnes tel le CISD (Critical Incident Stress Debriefing) de Mitchell (283; 301). De nombreuses
recherches remettaient en question son efficacité dans la prévention du PTSD, alors même que
Mitchell n'avait jamais destiné le CISD à cette indication (281). Sa pratique est aujourd'hui
déconseillée dans la prévention du PTSD (159; 299). Les "premiers secours psychologiques" sont
aujourd'hui une approche psycho-sociale recommandée par l'OMS et soutenue par de nombreux
groupes d'experts, dans la prise en charge de sujets en détresse venant de vivre un événement
potentiellement traumatisant (314) . Des approches thérapeutiques comme les thérapies cognitivo-
l'hydrocortisone montrent des preuves de leur efficacité de plus en plus reconnues dans le
traitement de l'ASD et la prévention du PTSD (343; 336; 34; 295). Pour le cas de sujets venant
de stress aigu, de PTSD aigu ou de symptômes dépressifs, Roberts et al, d'après les résultats de leur
L'approche thérapeutique en EMDR dans les suites d'un événement potentiellement traumatique fait
l'objet d'un intérêt croissant dans le champ de la recherche clinique (209; 204; 211; 206; 223; 403;
160
375). Cette approche propose plusieurs avantages selon Rolf C. Carriere : la prise en charge se fait
dans un cadre structuré, et nécessite peu de temps de travail : celui-ci est mesuré en heures et en
jours, et non en semaines et mois. L'intervention n'est pas intrusive, et n'exige pas de la part des
victimes de parler de leurs expériences traumatisantes, alors que celles-ci peuvent se révéler
sensibles car impliquant potentiellement des thèmes comme la honte ou la culpabilité. D'autre part
la thérapie peut être réalisée sur plusieurs jours consécutifs, et ne demande pas de devoirs aux
patients (contrairement aux TCC). Toutes ces caractéristiques rendent compte de sérieux atouts dans
des contextes de prises en charge de victimes de masse, dans les zones et pays défavorisés. Le
développement de formes simplifiées des thérapies EMDR semble toutefois nécessaire devant le
manque de thérapeutes et spécialistes formés à ces techniques dans ces zones géographiques
ces techniques est également un sujet méritant une réflexion approfondie mais qui est susceptible
d'apporter des éléments de réponses intéressants pour pallier et répondre aux besoins de
Jarero et al. défendent l'idée que la thérapie EMDR d’intervention précoce a naturellement sa place
en intervention de crise et dans le contexte de la chaîne des soins psychologiques lors d’une
catastrophe, et qu’elle peut permettre l’intervention précoce parce que c’est une modalité brève de
traitement (212) . L'EMDR pourrait ainsi constituer l'un des composants d’un système complet
de soins" qui se définit d'après Everly et Mirchell comme “une progression échelonnée de soins de
D'après Elan Shapiro, l'EMDR peut jouer un rôle prophylactique important en tant qu'intervention
précoce et traitement spécialisé relativement bref, dans le retraitement des mémoires traumatiques
161
favoriserait les processus de résilience et la santé mentale, et permettrait de réduire les souffrances
(définies comme des interventions dans les 3 premiers mois après un événement traumatique ayant
pour but de prévenir ou traiter la détresse et les troubles psychotraumatiques tels que PTSD ou ASD)
incluait des études publiées jusqu'en 2008. Aucune étude EMDR n'était alors éligible à leurs critères
d'inclusion. Les TCC axées sur le trauma montraient le potentiel d'efficacité le plus important. Les
auteurs recommandaient davantage d'essais cliniques de bonne qualité et associés à des périodes de
Le problème éthique des études évaluant les interventions précoces se surajoute à d'autres
problèmes méthodologiques et logistiques induits par les conditions d'urgence des catastrophes de
masse. Les études comparatives récentes évaluant l'EMDR semblent avoir trouvé un compromis
acceptable en prenant modèle pour la plupart sur des études contrôlées avec des groupes parallèles
différant dans le délai d'administration du traitement ("waiting list") (375; 210; 296; 87) .
162
UNIVERSITE DE BOURGOGNE
CONCLUSIONS
Les manifestations récentes du terrorisme de masse en France semblent avoir mis un peu plus en
exergue l'impérieuse nécessité de pouvoir fournir aux victimes d'événements traumatogènes une
aide médico-psychologique précoce à même de répondre efficacement à leur souffrance. Sur un plan
institutionnel, des mesures ont notamment été prises afin de renforcer le rôle des cellules d'urgence
médico-psychologique, ainsi que leur dispositif et fonctionnement existants. Par ailleurs est rappelée
immédiate = IPPI) sur la réduction des symptômes de stress aigu et de la phase post-immédiate est
reconnue sur le terrain par les intervenants de santé mentale mais aussi par les patients. Néanmoins,
cette intervention telle qu'elle est pratiquée dans les pays francophones souffre d'un manque
notoire d'études de bon niveau de preuve évaluant son efficacité. Des travaux de recherche clinique
rigoureux semblent donc nécessaires afin de confirmer sa légitimité selon les critères de l' "Evidence
Based Medicine". Les thérapies cognitivo-comportementales centrées sur le trauma ont montré des
preuves de leur efficacité dans la prise en charge des troubles psychotraumatiques aigus ou dans la
études récentes (dont plusieurs essais randomisés contrôlés) démontrant l'efficacité des
163
interventions EMDR précoces dans la réduction des symptômes aigus de stress post-traumatique. Les
résultats de ces recherches sont préliminaires et nécessitent d'être appuyés par d'autres études ;
l'adaptabilité et l'aspect économique de certains protocoles EMDR (montrant pour certains une
efficacité démontrée à partir d'une unique séance ) doivent être soulignés ; l'EMDR offre des
perspectives de prise en charge précoce nouvelles qui nous semblent prometteuses et méritant
164
Bibliographie
2 Adler, Amy B. et al. « A Group Randomized Trial of Critical Incident Stress Debriefing Provided to
3 Adrian, E.D., et Yealland, L.R. « Treatment of some common war neuroses ». The Lancet. 1917;
867‑72.
4 Adúriz, M.E., Bluthgen,C. et Knopfler,C. « Helping child flood victims using group EMDR
5 American Psychiatric Association. DSM IV : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders.
6 American Psychiatric Association. DSM-5 : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5e
7 American Psychiatric Association. « Guideline watch (march 2009): Practice guideline for the
treatment of patients with acute stress disorder and posttraumatic stress disorder ». 2009 .
8 American Psychiatric Association. « Practice Guideline for the Treatment of Patients with ASD and
PTSD ». 2004 .
9 Amos, T., Stein, D.J., et Ipser, J.C. « Pharmacological Interventions for Preventing Post-Traumatic
11 Armstrong,K., O’Callahan, C., et Marmar, C. « Debriefing Red Cross disaster personnel: the
165
12 Artigas, L. et al. « The EMDR Integrative Group Treatment Protocol (IGTP) for Children. » In: Luber,
M. ed. EMDR and Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for
13 Assistance publique hopitaux de Paris. « Stress post-traumatique : le projet Paris : Mémoire Vive
(Paris MEM) ». Assistance publique hopitaux de Paris [en ligne]. 2016. [consulté le
memoire-vive-paris-mem .
17 Babinski, J., et Froment, J. Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux d’ordre réflexe. Paris: Masson.
1917; vol. 1.
18 Ballard, E.F. « Some notes on battle psychoneuroses ». Jal Ment Science. 1917; 63: 400‑5.
19 Bandura, A. Social learning theory. New York: Englewoods Cliffs : Prentice Hall; 1977.
20 Baron, A-S. « Le Psychotraumatisme : abords théoriques. Tempête Xynthia, étude sur les sinistrés
22 Bastos, M.H. et al. « Debriefing Interventions for the Prevention of Psychological Trauma in
Women Following Childbirth ». The Cochrane Database of Systematic Reviews. 2015 ; 63.
23 Beck, A. T. et al. Cognitive therapy of depression. New York: The Guilford Press; 1979.
166
25 Besson, K., Grosse, E.-M. et Samuelian, J.-C. « Interventions précoces des Cellules d’Urgence
26 Bion, W.R., et Rickman, J. « Intra-Group Tensions in Therapy Their Study as The Task of the
27 Birmes, P., Ducassé, J.L. et Schmitt, L. « Troubles psychiques traumatiques aigus: accueil
2002 ; 2(1)
30 Birmes, P., et Schmitt, L. « Indication des thérapeutiques biologiques lors des effets traumatiques
31 Birmes, P. et al. « The Predictive Power of Peritraumatic Dissociation and Acute Stress Symptoms
European Psychiatry: The Journal of the Association of European Psychiatrists. 2005; 20(2):
145‑151.
Zeitschrift für die gesammtez Neur und Psychiatrie, Referate und Ergebnisse ». 1915 ; 11:
321‑67.
167
34 Birur, B., Moore,N.C. et Davis, L.L. « An Evidence-Based Review of Early Intervention and
1‑19.
35 Bisson, J. I. et al. « Randomised Controlled Trial of Psychological Debriefing for Victims of Acute
Burn Trauma ». The British Journal of Psychiatry: The Journal of Mental Science. 1997 ; 171:
78‑81.
More Research Is Needed. » The British Journal of Psychiatry. 1994 ; 165(6): 717‑720.
37 Bisson, J.I. et al. « Psychological Treatments for Chronic Post-Traumatic Stress Disorder ». The
40 Blank, A.S. « The unconscious flashback to the war in Vietnam veterans: Clinical mystery, legal
defense, and community problem. » In: S. M. Sonnenberg, A. S. Blank & J. A. Talbott, ed. The
trauma of war: Stress and recovery in Vietnam veterans. American Psychiatric Press.
41 Bledsoe BE. « Critical incident stress management (CISM): benefit or risk for emergency
98(3): 169‑170.
43 Boman, B. « Are all Vietnam veterans like John Rambo ». In: M. E. Wolf, and A. D. Mosnaim, ed.
168
45 Bourgault, R. « Etat de stress aigu ». In: Kédia Marianne, Sabouraud-Seguin Aurore et al., ed.
47 Brandon, S. et al. « Recovered Memories of Childhood Sexual Abuse. Implications for Clinical
Practice ». The British Journal of Psychiatry: The Journal of Mental Science. 1998 ; 172:
296‑307.
48 Breh, D.C., et Seidler,G.H. « Is Peritraumatic Dissociation a Risk Factor for PTSD? » Journal of
trauma & dissociation: the official journal of the International Society for the Study of
52 Brewin, C.R. Posttraumatic Stress Disorder: Malady Or Myth? New Haven: Yale University Press;
2003.
53 Briere, J., et Scott, C. Principles of trauma therapy : a guide to symptoms, evaluation and
54 Brom, D., Kleber, R. J. et Hofman, M. C. « Victims of Traffic Accidents: Incidence and Prevention of
169
55 Brooks, R. et al. « The Latent Structure of the Peritraumatic Dissociative Experiences
57 Brunet, A. et al. « The Peritraumatic Distress Inventory: A Proposed Measure of PTSD Criterion
60 Brunet, A. et al. « Validation of a French Version of the Impact of Event Scale-Revised ». Canadian
62 Bryant, R.A., et Harvey, A.G. Acute stress disorder: A handbook of theory, assessment, and
63 Bryant, R.A. et al. « A Multisite Study of Initial Respiration Rate and Heart Rate as Predictors of
Posttraumatic Stress Disorder ». The Journal of Clinical Psychiatry. 2008 ; 69(11): 1694‑1701.
64 Bryant, R.A. et al. « A Study of the Protective Function of Acute Morphine Administration on
65 Bryant, R.A. et al. « Hypnotherapy and cognitive behaviour therapy of acute stress disorder: A 3-
170
66 Bryant, R.A. et al. « Peritraumatic Dissociation Mediates the Relationship between Acute Panic
and Chronic Posttraumatic Stress Disorder ». Behaviour Research and Therapy. 2011 ; 49(5):
346‑351.
67 Bunn, T., et Clarke, A. « Crisis intervention: an experimental study of the effects of a brief period
of counselling on the anxiety of relatives of seriously injured or ill hospital patients ». British
68 Burghardt, Nesha S. et al. « The Selective Serotonin Reuptake Inhibitor Citalopram Increases Fear
after Acute Treatment but Reduces Fear with Chronic Treatment: A Comparison with
42‑63.
70 Cahill, L et al. « Amygdala activity at encoding correlated with long-term, free recall of emotional
71 Cahill, L., et McGaugh, J. L. « Mechanisms of Emotional Arousal and Lasting Declarative Memory ».
Interaction with Arousal at Encoding ». Neurobiology of Learning and Memory. 2003 ; 79(2):
194‑198.
73 Capgras, J., Juquelier, P., et Bonhomme, X. « La confusion mentale dans ses rapports avec les
171
75 Carlier, I.V. et al. « Disaster-Related Post-Traumatic Stress in Police Officers: A Field Study of the
76 Carriere, R,C. « How Trauma Therapy Can Help to Reduce Cycles of Violence Rolf C. Carriere ».
PassBlue - Independent Coverage of the UN [en ligne]. 26 avr. 2016. [consulté le 2/12/16]
reduce-cycles-of-violence/.
77 Centre d’étude sur le stress humain. « Stresseurs | Centre d’études sur le stress humain (CESH) ».
Centre d’étude sur le stress humain [en ligne]. [consulté le 9/11/2016] Disponible sur
http://www.stresshumain.ca/le-stress/quest-ce-que-le-stress/stresseurs.html.
Successful Adaptation to Extreme Stress ». The American Journal of Psychiatry. 2004 ; 161(2):
195‑216.
81 Chidiac, N., et Crocq, L. « Le Psychotrauma (III) - Névrose traumatique et état de stress post-
82 Conlon, L., Fahy, T. J. et Conroy, R. « PTSD in Ambulant RTA Victims: A Randomized Controlled
psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition. Elsevier Masson;
2014.
172
86 Cremniter, D. « Le soin médico-psychologique comme réponse aux défis actuels de nos sociétés ».
88 Crocq, L. « Clinique de la période post-immédiate. » In: Crocq, L., ed. Traumatismes psychiques.
Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition. Elsevier Masson; 2014.
89 Crocq, L. « Clinique de la réaction immédiate. » In: Crocq, L. , ed. Traumatismes psychiques. Prise
90 Crocq, L. « Clinique du syndrome psychotraumatique chronique. » In: Crocq, L., ed. Traumatismes
psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition. Elsevier Masson;
2014.
15‑24.
95 Crocq, L. « Préface ». In: Josse,E. , ed. Le traumatisme psychique chez l’adulte. Deboeck; 2014.
96 Crocq, L. « Principes de la prise en charge psychologique des sujets traumatisés ». In: Crocq, L.et
al., ed. Traumatismes psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition.
188.
173
98 Crocq, L. Seize leçons sur le trauma. Odile Jacob. Paris; 2012.
99 Crocq, L. « Soins médico-psychologiques ou simple soutien social. » In: Crocq, L. et al, ed.
Traumatismes psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition. Elsevier
Masson.
; 2014.
100 Crocq, L. « Stress et trauma ». In: Crocq, L., ed. Traumatismes psychiques. Prise en charge
101 Crocq, L. « Stress, trauma et syndrome psychotraumatique. » Soins psychiatriques. 1997 ; 188.
102 Crocq, L. « Surveillance et débriefing en post-immédiat ». In: Crocq, L. et al., ed. Traumatismes
psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème édition. Elsevier Masson;
2014.
103 Crocq, L. « Trauma et médias. » In: Crocq, L. et al., ed. Traumatismes psychiques. Prise en charge
104 Crocq, L., Doutheau, C., et Sailhan, M. « Les réactions émotionnelles dans les catastrophes. »
107 Damaye, H. « Fonctionnement d’un centre psychiatrique d’armée. » Progrès Médical. 1917 ; 32:
362‑4.
108 Davidson, P. R., et Parker, K. C. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR): A
109 De Beaurepaire, R. « Aspects biologiques des états de stress post-traumatiques. » In: Bauman N,
110 De Clercq, M. « Intervention de crise au service des urgences d’un hopital general a
174
111 De Clercq, M. « L’abord thérapeutique des victimes de catastrophes et de traumatismes
113 De Clercq, M. « Les répercussions des syndromes de stress post-traumatique sur les familles ».
116 De Clercq, M., Vermeiren, E., et Henry de Frahan, B. « Le debriefing psychologique apres une
traumatiques pour les patients ayant beneficie d’un debriefing. » Rev. Fr. Psychiatr.
117 De Foucault, V. « Evaluation clinique ». In: Kédia Marianne, Sabouraud-Seguin Aurore et al., ed.
118 De Jongh, A, Broeke,E.T. et Renssen, M. R. « Treatment of Specific Phobias with Eye Movement
119 De Jongh, A., van den Oord, H.J.M. et Ten Broeke,E. « Efficacy of Eye Movement Desensitization
and Reprocessing in the Treatment of Specific Phobias: Four Single-Case Studies on Dental
120 Deahl, M. et al. « Preventing Psychological Trauma in Soldiers: The Role of Operational Stress
Training and Psychological Debriefing ». The British Journal of Medical Psychology. 2000 ; 73
175
121 Deahl, M. « Traumatic stress--is prevention better than cure? » Journal of the Royal Society of
122 Deahl, M. P. et al. « Psychological Sequelae Following the Gulf War. Factors Associated with
Subsequent Morbidity and the Effectiveness of Psychological Debriefing ». The British Journal
123 Deahl, M P, et Bisson, J.L.. « Dealing with disasters: does psychological debriefing work? »
125 DeFraia, Gary S. « EAP-Based Critical Incident Stress Management: Utilization of a Practice-Based
127 Delahanty D.L., Ostrowski S., Nugent N., Gabert C., Fallon W. « Hydrocortisone a s a secondary
from the 69th Annual Meeting of the American Psychosomatic Society]. 73(3):A107. San
Antonio. 2011.
128 Delahanty, Douglas L. et al. « The Efficacy of Initial Hydrocortisone Administration at Preventing
Posttraumatic Distress in Adult Trauma Patients: A Randomized Trial ». CNS spectrums. 2013
; 18(2): 103‑111.
129 Dieltjens, T. et al. « A Systematic Literature Search on Psychological First Aid: Lack of Evidence to
130 Difede, J. et al. « Acute stress disorder after burn injury: a predictor of posttraumatic stress
176
132 Duchet, C. « Du débriefing à l’intervention psychothérapeutique post-immédiate. » In : Crocq, L.
et al. ed. Traumatismes psychiques. Prise en charge psychologique des victimes. 2ème
136 Ducrocq, F. « Le psychotrauma en chiffres. Des enjeux multiples. » Stress et Trauma. 2009 ; 9(4):
199‑200.
137 Ducrocq, F., Bordet, R., et Vaiva, G. « Abords pharmacologiques. » In: Vaiva, G., Lebigot, F.,
138 Ducrocq, F., et Jehel, L. « Troubles psychotraumatiques ». EMC Traité de Médecine Akos. 2014 ;
9(2):1-7 .
139 Ducrocq, F., et Vaiva, G. « De la biologie du trauma aux pistes pharmacologiques de prévention
140 Ducrocq, F., Vaiva, G., et Molenda, S. « Les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique en France:
cellules-durgence-medico-psychologique-en-france-a-propos-dun-dispositif-de-secours-pour-
les-attentats-de-catastrophes-et-daccidents-collectifs-.
177
141 El Farricha, M., et Lopez, G. « Travail en réseau. » In : Kédia Marianne, Sabouraud-Seguin Aurore
Paris:; 2013.
142 Elkins, Y., et Flint, T. « Early interventions continued - R-TEP protocol adaptation to hours from
the event ». Interventions sur l’EMDR avec les traumas récents, 17e European EMDR
28 mai 1997 relative à la création d’un réseau national de prise en charge de l’urgence
144 Engelhard, I.M., van Uijen, S.L. et van den Hout, M.A. « The impact of taxing working memory on
negative and positive memories ». Journal of AESTHETICS & CULTURE. 2010 ; 1(0).
145 Everly, G. S. « Crisis Management Briefings (CMB): Large Group Crisis Intervention in Response to
Terrorism, Disasters, and Violence ». International Journal of Emergency Mental Health. 2000
; 2(1): 53‑57.
146 Everly, G. S., et J. T. Mitchell. « The Debriefing “controversy” and Crisis Intervention: A Review of
Lexical and Substantive Issues ». International Journal of Emergency Mental Health. 2000 ;
2(4): 211‑225.
147 Everly, G.S., et Mitchell, J. T. Integrative crisis intervention and disaster mental health. Ellicott
148 Fédération française de psychiatrie. « Conséquences des maltraitances sexuelles les reconnaître,
149 Fénichel, O. La théorie psychanalytique des névroses, trad. fr. Paris: PUF; 1953.
150 Ferenczi, S. Confusion des langues entre les adultes et l’enfant. Paris: Petite Bibliothèque Payot;
1932.
178
151 Ferenczi, S. Deux types de névroses de guerre. Traduction française in : Œuvres complètes,
153 Ferenczi, S. Principe de relaxation et néocatharsis, trad. fr. In oeuvres complètes, 1982. Tome IV.
154 Ferenczi, S. Psychanalyse des névroses de guerre. Traduction française in : Œuvres complètes,
155 Fernandez, I. « Early EMDR intervention (EEI): Theory, Practice and research application in a
156 Ferreri, F. et al. « Psychotraumatismes majeurs : état de stress aigu et états de stress post-
157 Fikretoglu, Deniz et al. « Peritraumatic Fear, Helplessness and Horror and Peritraumatic
between the Two? » Behaviour Research and Therapy. 2007 ; 45(1): 39‑47.
158 Foa, Edna B. et al. Effective Treatments for PTSD, Second Edition: Practice Guidelines from the
159 Forbes, David et al. « Australian Guidelines for the Treatment of Adults with Acute Stress
Disorder and Post-Traumatic Stress Disorder ». The Australian and New Zealand Journal of
160 Forneris, C.A. et al. « Interventions to Prevent Post-Traumatic Stress Disorder: A Systematic
161 Fox, J. et al. « The Effectiveness of Psychological First Aid as a Disaster Intervention Tool:
179
163 Freud, S. Considérations sur la guerre et sur la mort. Traduction française in : Essais de
165 Freud, S., et Breuer, J. Etudes sur l’hystérie, précédées de Communication préliminaire (1893),
166 Frijling, Jessie L et al. « Efficacy of oxytocin administration early after psychotrauma in
preventing the development of PTSD: study protocol of a randomized controlled trial ». BMC
Psychiatry. 2014 ; 14 .
167 Gaupp, R. « Hysterie und Kriegsdienst ». Münch Med Woch. 1915 ; 62: 361‑3.
168 Gelpin, E. et al. « Treatment of Recent Trauma Survivors with Benzodiazepines: A Prospective
169 Gheorghiev, C., De Montleau, F., et Mèle, E. « De l’état de stress aigu à l’ESPT ». Stress et
170 Ginger, S. « L’EMDR, une approche intégrative ». EMDR : thérapie intégrative, 2e séminaire
171 Greyson, B. « Posttraumatic Stress Symptoms Following near-Death Experiences ». The American
172 Guay, S., Mainguy, N., et Marchand,A. « Les troubles liés aux événements traumatiques.
173 Guedalia, J.S.B., et Yoeli, F.R. « EMDR Emergency Room and Wards Protocol (EMDR-ER) ». In:
Luber, M., ed. EMDR and Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary
174 Guinon, G. Les agents provocateurs de l’hystérie. Paris: Bureau du progrès médical, A. Dalahaye
et Lecrosnieb. 1889.
175 Haley, J. Un thérapeute hors du commun, Milton H. Erickson (1973). Paris: Epi; 1984.
180
176 Halpern Steven, et Miller Emmett. Letting Go of Stress. Chicago: Inner Peace Music; 1994. Audio
CD.
178 HAS. Affection psychiatrique de longue durée. Troubles anxieux graves. 2007.
179 Hase, M. et al. « Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) therapy in the
treatment of depression: a matched pairs study in an inpatient setting ». Brain and Behavior.
2015 ; 5(6).
180 Herman, J. « Complex PTSD: A Syndrome in Survivors of Prolonged and Repeated Trauma ».
181 Herman, J. Trauma and recovery: The aftermath of violence from domestic abuse to political
182 Hilgard, E.R. Divided Consciousness : Multiples Controls in Human Thoughts and Action. New
183 Hilgard, J.R. Personality and Hypnosis : A Study of Imaginative Involvement. Chicago: University
184 Hobbs, M. et al. « A Randomised Controlled Trial of Psychological Debriefing for Victims of Road
185 Hobfoll, S.E. et al. « Five Essential Elements of Immediate and Mid-Term Mass Trauma
187 Högberg, G. et al. « On Treatment with Eye Movement Desensitization and Reprocessing of
181
188 Hoge, E.A. et al. « Effect of Acute Posttrauma Propranolol on PTSD Outcome and Physiological
Responses During Script-Driven Imagery ». CNS Neuroscience & Therapeutics. 2012 ; 18(1):
21‑27.
189 Holbrook, T.Lisa et al. « Morphine Use after Combat Injury in Iraq and Post-Traumatic Stress
190 Horowitz, M., Wilner, N., et Alvarez, W. « Impact of Event Scale: A Measure of Subjective
191 Horowitz, M.J. Stress response syndromes. Northvale: Jason Aronson; 1976.
192 Hruska, B., Cullen, P.K. et Delahanty, D.L. « Pharmacological Modulation of Acute Trauma
193 Hull, A.M. « Neuroimaging Findings in Post-Traumatic Stress Disorder ». The British Journal of
195 Institute of Medicine. Clinical Practice Guidelines: Directions for a New Program. Washington,
196 Irwin, HJ, et Watt, C. An introduction to parapsychology. Jefferson, N.C: McFarland & Co; 2007.
197 Isabel F., Faretta, E. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing in the Treatment of Panic
198 J. Wolpe. Psychotherapy by reciprocal inhibition. Stanford,CA: Stanford University Press; 1958.
199 J. Wolpe. The practice of behaviour therapy. Oxford: Pergamon Press; 1969.
202 Janet, P. L’état mental des hystériques. Réédition : Marseilles : Lafitte, 1983. Paris: Felix Alcan;
1911.
182
203 Jarero, I., et Artigas, L. « The EMDR integrative group treatment protocol: EMDR group
treatment for early intervention following critical incidents ». Recent advances in EMDR
204 Jarero, I., et Artigas, L. « The EMDR Integrative Group Treatment Protocol (IGTP) for Adults. » In :
Luber, M. ed. EMDR and Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary
205 Jarero, I., et Artigas, L. « The EMDR Protocol for Recent Critical Incidents (EMDR-PRECI) ». In :
Luber, M. ed. EMDR and Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary
206 Jarero, I. et al. « EMDR Protocol for Recent Critical Incidents: A Randomized Controlled Trial in a
Technological Disaster Context ». Journal of EMDR Practice and Research. 2015 ; 9(4):
166‑173.
207 Jarero, I. et al. « Protocole EMDR individuel pour une utilisation paraprofessionnelle : un essai
208 Jarero, I. et al. « The EMDR Integrative Group Treatment Protocol: Application With Child Victims
of a Mass Disaster ». Journal of EMDR Practice and Research. 2008 ; 2(2): 97‑105.
209 Jarero, I., et Artigas, L.. « The EMDR Integrative Group Treatment Protocol: Application With
Adults During Ongoing Geopolitical Crisis ». Journal of EMDR Practice and Research. 2010 ;
4(4): 148‑155.
210 Jarero, I., Artigas,L., et Hartung, J. « EMDR Integrative Group Treatment Protocol: A Postdisaster
Trauma Intervention for Children and Adults ». Traumatology. 2006 ; 12(2): 121‑129.
211 Jarero, I., Artigas,L. et Luber,M. « Le protocole EMDR pour les incidents critiques récents :
183
212 Jarero, I., Artigas,L. et Luber,M. « The EMDR Protocol for Recent Critical Incidents: Application in
a Disaster Mental Health Continuum of Care Context ». Journal of EMDR Practice and
213 Jarero, I., et Uribe,S. « The EMDR Protocol for Recent Critical Incidents: Brief Report of an
Application in a Human Massacre Situation ». Journal of EMDR Practice and Research. 2011 ;
5(4): 156‑165.
214 Jarero, I., et Uribe,S. « The EMDR Protocol for Recent Critical Incidents: Follow-Up Report of an
Application in a Human Massacre Situation ». Journal of EMDR Practice and Research. 2012 ;
6(2): 50‑61.
215 Jehel, L. et al. « [Peritraumatic distress prospectively predicts PTDS symptoms in assault
218 Kaya, F. « The effects of early EMDR interventions (EMD and R-TEP) on the victims of a
219 Kédia, M., et El Farricha, M. « Hypnose ». In: Kédia Marianne, Sabouraud-Seguin Aurore et al.,
2013.
220 Kessler, R. C. et al. « Post-traumatic Stress Disorder in the National Comorbidity Survey ».
221 Khalfa, S. et al. « Mécanismes cérébraux impliqués dans l’état de stress post-traumatique (ESPT)
et son traitement par EMDR (Eye Movement Desensization and Reprocessing) ». L’Encéphale.
184
222 Korf, J., Bunney, B. S. et Aghajanian, G. K. « Noradrenergic Neurons: Morphine Inhibition of
223 Kutz, I., Resnik,V., et Dekel,R. « The Effect of Single-Session Modified EMDR on Acute Stress
224 Lafont, B. « Troubles psychiques individuels et collectifs au cours et au décours des situations de
catastrophe ( aspects cliniques, thérapeutiques et préventifs ) ». In: Huguenard, P., ed. Traité
1996. 791‑804.
225 Lanius, R.A. et al. « Emotion Modulation in PTSD: Clinical and Neurobiological Evidence for a
226 Lansing, K. et al. « High-Resolution Brain SPECT Imaging and Eye Movement Desensitization and
Reprocessing in Police Officers with PTSD ». The Journal of Neuropsychiatry and Clinical
227 Laub, B., et Weiner, N. « The pyramidal model - Dialectical polarity in therapy. » Journal of
228 Lavoie, V. et al. « État de Stress Post-traumatique chez les militaires : relations entre le soutien
http://www.jidv.com/njidv/index.php/archives/par-numero/jidv-19/139-jidv-19/335-letat-
de-stress-post-traumatique-espt-chez-les-militaires-reaction-entre-le-soutien-social-les-
stategies-dadaptation-et-les-symptomes-concomitants-a-lespt.
230 Lebigot, F. « Conséquences à court et moyen terme du traumatisme ». In: Lebigot, F., ed. Traiter
185
231 Lebigot, F. « Le débriefing individuel du traumatisé psychique ». Annales Médico-Psychologiques.
155(6): 370‑378.
234 Lebigot, F. « Les soins post-immédiats (le débriefing) ». In: Lebigot, F., ed. Traiter les
235 Lebigot, F. « Psychothérapies psychodynamiques. » In: Lebigot, F., ed. Traiter les traumatismes
Lebigot, F., ed. Les traumatismes psychiques. Masson. Paris; 2001 ; 93‑102.
237 Lebigot, F., Damiani, C., et Mathieu, B. « Débriefing psychologique des victimes. » In: De Clercq,
M. et Lebigot, F., ed. Les traumatismes psychiques. Masson. Paris:; 2001 ; 163‑187.
238 Lebigot, F., et Prieto, N. « Importance des interventions psychiatriques précoces pour les
victimes. » In: De Clercq, M. et Lebigot, F., ed. Les traumatismes psychiques. Masson. Paris;
2001.
239 Ledoux, J. « « ÉmoƟon, mémoire et cerveau », , vol. 202, 1994, p. 50-57 ». Pour la Science. 1994 ;
202: 50‑57.
240 Ledoux, J., et Muller, J. « Emotional memory and psychopathology. » Philosophical transaction :
241 LeDoux, J. « Coming to Terms with Fear ». Proceedings of the National Academy of Sciences.
242 Lee, C., Slade,P. et Lygo,V. « The Influence of Psychological Debriefing on Emotional Adaptation
in Women Following Early Miscarriage: A Preliminary Study ». The British Journal of Medical
186
243 Lee, Christopher et al. « Treatment of PTSD: Stress Inoculation Training with Prolonged Exposure
244 Lee, C.W., et Cuijpers,P. « A meta-analysis of the contribution of eye movements in processing
44(2): 231‑239.
246 Levy, R. « Organisation fonctionnelle des lobes frontaux ». Annals of Physical and Rehabilitation
247 Lindauer, Ramón J. L. et al. « Cerebral Blood Flow Changes during Script-Driven Imagery in Police
Officers with Posttraumatic Stress Disorder ». Biological Psychiatry. 2004 ; 56(11): 853‑861.
248 livre II : organisation territoriale et opérationnelle de la défense, Code de la Défense. Partie 1.
249 Louville, P. « Situations exceptionnelles. Réactions imédiates. » Soins psychiatriques. 1997 ; 188.
251 Luber, M. EMDR and Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for
252 Luber, M. « EMDR Early Intervention Procedures for Individuals. » In: Luber, M., ed. EMDR and
Emergency Response: Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for Mental Health
253 Luber, M. « EMDR On-Site or Hospital Response ». In: Luber, M., ed. EMDR and Emergency
Response: Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for Mental Health Interventions.
254 Luxenberg, T., Spinazzola, J., et van der Kolk, B. « Complex Trauma and Disorders of Extreme
Stress (DESNOS) Diagnosis, Part One: Assessment ». Directions in Psychiatry. 2001 ; 21:
373‑392.
187
255 Mairet, A., Pieron, H., et Bouzansky, M. « Des variations du syndrome commotionnel suivant la
nature des traumatismes, et de son unité ». Bull. de l’Académie de Médecine. 1915 ; 73:
690‑700.
256 Mairet, A., Pieron, H., et Bouzansky, M. « Le syndrome commotionnel au point de vue du
710‑6.
258 Marchand, A. et al. « A Randomized Controlled Trial of an Adapted Form of Individual Critical
Incident Stress Debriefing for Victims of an Armed Robbery ». Brief Treatment and Crisis
259 Marmar, C. R. et al. « Peritraumatic Dissociation and Posttraumatic Stress in Male Vietnam
260 Marmar, C.R., Weiss, D.S., et Metzler, T.J. The Peritraumatic dissociative experience
261 Marshall, R.D., Spitzer, R. et Liebowitz,M.R. « Review and Critique of the New DSM-IV Diagnosis
262 Marshall, S. L. A. Men under fire : the problem of battle command in future war. New York:
263 Matar, M.A. et al. « Alprazolam Treatment Immediately after Stress Exposure Interferes with the
264 Maxfield, L. « EMDR Treatment of Recent Events and Community Disasters ». Journal of EMDR
188
265 Maxfield, L., et Hyer, L. « The Relationship between Efficacy and Methodology in Studies
Investigating EMDR Treatment of PTSD ». Journal of Clinical Psychology. 2002 ; 58(1): 23‑41.
266 Mayou, R. A., Ehlers, A. et Hobbs, M. « Psychological Debriefing for Road Traffic Accident Victims.
267 McCubbin, H., et Figley, C.R. « Bridging normative and catastrophic familiy stress. »In: McCubbin,
H. , Figley, C.R., ed. Stress and the family. Vol. I: Coping with normative transition.
268 McGaugh, J. L. « Memory--a Century of Consolidation ». Science (New York, N.Y.) ; 2000 ;
287(5451): 248‑251.
270 Mellman, T. A., Byers, P. M. et Augenstein, J. S. « Pilot Evaluation of Hypnotic Medication during
Acute Traumatic Stress Response ». Journal of Traumatic Stress. 1998 ; 11(3): 563‑569.
271 Mellman, T.A. et al. « Hypnotic Medication in the Aftermath of Trauma ». The Journal of Clinical
273 Milligan, W., et Westmacott, FH. « Warfare injuries and neuroses. » J. Laring., Rhinol. and Otol. .
275 Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées. Circulaire DHOS/O 2/DGS/6 C
276 Ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Décret relatif à la préparation et aux réponses aux
189
277 Ministère des affaires sociales et de la santé. INSTRUCTION N° DGS/DUS/ BOP/ 201 4 / 62 du 24
psychologique. 2014.
278 Ministre des affaires sociales et de la santé. Arrêté du 24 février 2014 fixant la liste des
279 Ministre des affaires sociales et de la santé. Arrêté du 24 février 2014 relatif aux modalités
281 Mitchell, J. T. « Gestion du stress lié à un incident critique (CISM). Une approche flexible et une
282 Mitchell, J. T. « History, status and future of CISD ». Journal Of Emergency Medical Services. 1988
: 49‑52.
283 Mitchell, J. T. « When disaster strikes : the critical incident stress debriefing process. » journal of
284 Mitchell, J. T., et Everly, G.S. « Critical incident stress management and critical incident stress
285 Mitchell, J. T., et Everly, G.S. « Critical Incident StressDebriefing (CISD) and the prevention of
work-related traumatic stress among high risk occupationel groups. » In: Everly, G.S. and
Lating, M.J., ed. Psychotraumatology. Key papers and core concepts in post-traumatic stress.
190
286 Morris-Smith, J., et Michel, S. L’EMDR avec l’enfant et sa famille - Contextualisation et travail
287 Morselli, A. « Psichiatria di guerra. » Bull Academia Medic di Genova. 1916 ; 9: 6‑7.
288 Morselli, A. « Syndrome emotive di guerra ». Rivista di Pathologia Nervosa e mentale. 1917 ; XXII:
329‑36.
289 Mott, F. « Effects of high explosives upon the central nervous system. (Lettsomian lecture n°
1). The Lancet 1916, 12 fév : 331-8. (Lettsomian Lecture n°2). The Lancet 1916, 26 fév : 441-9.
290 Mott, F. « The brain in shell shock ». Brit Med J. 1917; 612‑5.
291 Mouthaan, J. et al. « The Role of Early Pharmacotherapy in the Development of Posttraumatic
292 Myers, C.S. « Contributions to the study of shell shock. (I) Being an account of three cases of loss
of memory, vision, smell and taste, admitted into the Duchess of Westminster’s war
hospital, Le Touquet. London : The Lancet . 13 fév 1915; p. 316-20. (II) Being an account of
certain cases treated by hypnosis. London : The Lancet . 8 jan 1916; p. 65-9. (III) Being
an account of certain disorders of cutaneous sensibility. London : The Lancet . 18 mars 1916;
p. 608-13. (IV) Being an account of certain disorders of speech, with special reference to
their causation and their relation with malingering. London : The Lancet . 9 sept. 1916; p.
461-7 ».
293 Nader, K. « Memory Traces Unbound ». Trends in Neurosciences, 2003 ; 26(2): 65‑72.
294 Nappi, C.M., Drummond, S.P.A. et Hall,J.M.H. « Treating Nightmares and Insomnia in
62(2): 576‑585.
191
295 Nash, W. P., et Watson, P.J. « Review of VA/DOD Clinical Practice Guideline on Management of
Acute Stress and Interventions to Prevent Posttraumatic Stress Disorder ». The Journal of
296 Natha, F., et Daiches,A. « The Effectiveness of EMDR in Reducing Psychological Distress in
Survivors of Natural Disasters: A Review ». Journal of EMDR and Practice. 2014 ; 8(3).
297 National Child Traumatic Stress Network, et National Center for PTSD. Psychological First Aid.
298 National Collaborating Centre for Mental Health (UK). Post-Traumatic Stress Disorder: The
Management of PTSD in Adults and Children in Primary and Secondary Care. Leicester (UK):
Gaskell. 2005.
299 National Institute for Clinical Excellence. « Post-traumatic stress disorder: The management of
300 Negadi, F. « Intérêt de la thérapie EMDR dans le traitement des troubles phobiques ». Thèse de
301 Nehmé, A., Ducrocq, F., et Vaiva, G. « Les débriefings psychologiques dans la prévention des
249‑263.
303 Niet, G.J. De et al. « Review of systematic reviews about the efficacy of non-pharmacological
304 Nieuwenhuis, Sander et al. « Bilateral saccadic eye movements and tactile stimulation, but not
auditory stimulation, enhance memory retrieval ». Brain and Cognition. 2013 ; 81(1): 52‑56.
305 Norcross, J.C., et Shapiro F. « Integration and EMDR ». In: Shapiro, F., ed. EMDR as an integrative
192
306 Oh, D.-H., et Choi, J. « Changes in the Regional Cerebral Perfusion After Eye Movement
Desensitization and Reprocessing: A SPECT Study of Two Cases ». Journal of EMDR Practice
307 OMS. Classification internationale des maladies mentales. Genève: OMS, 1992. Chap. V : troubles
308 OMS. Guidance on mental healthcare after trauma. World Health Organization. 2013.
309 OMS. « Guide d’intervention humanitaire mhGAP ». WHO [en ligne]. 2015. [consulté le
http://www.who.int/entity/mental_health/publications/mhgap_hig/fr/index.html.
310 OMS. « MhGAP Intervention Guide for mental, neurological and substance use disorders in non-
specialized health settings ». WHO [en ligne]. 2011. [consulté le 20/09/2016]. Disponible sur :
http://www.who.int/mental_health/publications/mhGAP_intervention_guide/en/.
311 OMS. « MhGAP module Assessment Management of Conditions Specifically Related to Stress ».
http://www.who.int/mental_health/emergencies/mhgap_module_management_stress/en/.
312 OMS. « OMS | L’OMS publie des orientations sur les soins de santé mentale après un
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2013/trauma_mental_health_20130806/fr
/.
313 OMS. « WHO guidelines on conditions specifically related to stress ». WHO [en ligne]. 2013.
:http://www.who.int/mental_health/emergencies/stress_guidelines/en/#.
314 OMS, War Trauma Foundation et World Vision International. « Premiers secours psychologiques:
guide pour les acteurs de terrain ». WHO [en ligne] 2012. [consulté le 22/08/2016]
193
315 Oppenheim, H. « Der Krieg und die traumatische Neuros ». Berlin Clik Wöchenschr. 1915 ; 11:
257‑61.
316 Oppenheim, H., et Thomsen, R. « Arch. de Westphal. Bd XV Heft 2 et 3, cité par Guinon (1889) ».
1884 .
317 Ormond, A.W. « Treatment of concussion blindness. » J Royal Army Med Corps. 1916 ; 26:
43‑9.
318 Orr, S. P. et al. « De Novo Conditioning in Trauma-Exposed Individuals with and without
319 Ozer, E.J. et al. « Predictors of Posttraumatic Stress Disorder and Symptoms in Adults: A Meta-
757‑765.
321 Pagani, M. et al. « Neurobiological Correlates of EMDR Monitoring – An EEG Study ». PLOS ONE.
323 Parsons, H. « Psychology of traumatic ambliopia following explosion of shells ». The Lancet.
1915: 697‑701.
325 Pecoul, Delphine. « Protocoles EMDR pour les situations d’urgence en individuel - IFEMDR ».
Institut Francais d’EMDR [en ligne]. 14 nov. 2015. [consulté le 4/12/2016] Disponible sur :
http://www.ifemdr.fr/protocoles-emdr-pour-les-situations-durgence-en-individuel/.
194
327 Philippe Gauvreau, Stéphane Bouchard. « Preliminary Evidence for the Efficacy of EMDR in
Treating Generalized Anxiety Disorder ». Journal of EMDR Practice and Research. 2008 ; 2(1):
26‑40.
328 Pinel, P. Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale. Paris: Brosson; 1809.
329 Pitman, Roger K. et al. « Pilot Study of Secondary Prevention of Posttraumatic Stress Disorder
330 Pitman, R.K., et Delahanty, D.L. « Conceptually Driven Pharmacologic Approaches to Acute
331 Plihal, W., et J. Born. « Effects of Early and Late Nocturnal Sleep on Declarative and Procedural
332 Ponniah, K., et Hollon, S.D. « Empirically Supported Psychological Treatments for Adult Acute
Stress Disorder and Posttraumatic Stress Disorder: A Review ». Depression and Anxiety. 2009
; 26(12): 1086‑1109.
333 Poundja, J. et al. « Trauma reactivation under the influence of propranolol: an examination of
335 Prieto, N., et Lebigot, F. « Les soins psychiques précoces en cas de catastrophe. » Stress et
336 Qi, Wei, Martin Gevonden, et Arieh Shalev. « Prevention of Post-Traumatic Stress Disorder After
Trauma: Current Evidence and Future Directions ». Current Psychiatry Reports. 2016 ; 18.
337 Quinn, G. « Emergency Response Procedure (ERP) ». In: Luber, M., ed. EMDR and Emergency
Response: Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for Mental Health Interventions.
338 Quirk, G., et Devin Mueller, D. « The role of the amygdala in the extinction of conditioned fear. »
195
339 Rabeyron, Thomas, et Samuel Caussié. « Clinique des sorties hors du corps : trauma, réflexivité
340 Raphael, B. When Disaster Strikes. vol. 1. New York: Basic Books; 1986.
341 Raphael, B., et L. Meldrum. « Does Debriefing after Psychological Trauma Work? » BMJ (Clinical
342 Rauch, S.L., Shin, L.M., et Phelps,E.A. « Neurocircuitry Models of Posttraumatic Stress Disorder
343 Roberts, N.P. et al. « Early Psychological Interventions to Treat Acute Traumatic Stress
Symptoms ». Cochrane Database of Systematic Reviews. John Wiley & Sons, Ltd. 2010.
344 Roberts, N.P. et al.. « Multiple Session Early Psychological Interventions for the Prevention of
Post-Traumatic Stress Disorder ». Cochrane Database of Systematic Reviews. John Wiley &
345 Rodenburg, Roos et al. « Efficacy of EMDR in children: A meta-analysis ». Clinical Psychology
346 Roelandt, J-L., Caria, A., et Benradia-Echarkaoui. « Santé Mentale en Population Générale ».
1997.
348 Roozendaal, B., Barsegyan,A. et Lee,S. « Adrenal Stress Hormones, Amygdala Activation, and
Memory for Emotionally Arousing Experiences ». Progress in Brain Research. 2008 ; 167:
79‑97.
349 Roques, J. « EMDR et Hypnose, quelle différence » [en ligne]. févr. 2007. [consulté le
350 Roques, J. EMDR : Une révolution thérapeutique. Paris; Desclée De Brouwer: Meridienne; 2004.
196
351 Rose, S. et al. « A Randomized Controlled Trial of Individual Psychological Debriefing for Victims
352 Rose, S. et al.. « Psychological Debriefing for Preventing Post Traumatic Stress Disorder (PTSD) ».
353 Rothbaum, B.O. et al. « Early Intervention May Prevent the Development of Posttraumatic Stress
Disorder: A Randomized Pilot Civilian Study with Modified Prolonged Exposure ». Biological
355 Russell, M.C., Cooke, T.M., et Rogers, S. « EMDR and Effective Management of Acute Stress
Injuries : Early Mental Health Intervention from a Military Perspective. » In: Luber, M., ed.
Implementing EMDR Early Mental Health Interventions for Man-Made and Natural Disasters:
Models, Scripted Protocols and Summary Sheets. Springer Publishing Company.; 2013.
357 Salmon, T.W. « Care and treatment of mental diseases and war neuroses (shell shock) in the
358 Salmona, M. « Mémoire traumatique ». In: Kédia Marianne, Sabouraud-Seguin Aurore et al., ed.
2013.
360 Santiago, J.M. et al. « Long-term psychological effects of rape in 35 rape victims ». The American
197
361 Schelling, G. et al. « The Effect of Stress Doses of Hydrocortisone during Septic Shock on
Posttraumatic Stress Disorder and Health-Related Quality of Life in Survivors ». Critical Care
362 Schelling, G. et al.« The Effect of Stress Doses of Hydrocortisone during Septic Shock on
363 Scott, J.M., Nipper,N. et Smith,R. « Clinical Inquiries: What Is the Most Effective Way to Relieve
Symptoms of Acute Stress Disorder? » The Journal of Family Practice. 2010 ; 59(8): 463‑464.
364 Seidler, G.H., et Wagner, F.E. « Comparing the efficacy of EMDR and trauma-focused cognitive-
365 Selye, H. Le Stress de la vie. 2 ème édition, 1975. Paris: Gallimard; 1962.
jidv-2/227-intervenants-psychosociaux-face-aux-victimes-processus-psychodynamique-de-la-
traumatisation-indirecte
367 Servan-Schreiber, D. « EMDR et Hypnose, quelle différence » [en ligne]. févr. 2007. [consulté le
369 Servan-Schreiber, D. et al. « Eye Movement Desensitization and Reprocessing for Posttraumatic
Stress Disorder: A Pilot Blinded, Randomized Study of Stimulation Type ». Psychotherapy and
370 Shalev, A. Y. et al. « A Prospective Study of Heart Rate Response Following Trauma and the
198
371 Shalev, A. Y. et al. « Prevention of Posttraumatic Stress Disorder by Early Treatment: Results
from the Jerusalem Trauma Outreach And Prevention Study ». Archives of General Psychiatry
372 Shapiro, E. « Making EMDR more available in emergency situations: G-TEP a Group Application of
the EMDR Recent-Traumatic Episode Protocol (R-TEP) ». Interventions sur l’EMDR avec les
373 Shapiro, E., et Laub, B. « The Recent Traumatic Episode Protocol (R-TEP) : An Integrative Protocol
for Early EMDR Intervention (EEI) ». In: Luber, M., ed. EMDR and Emergency Response:
Models, Scripted Protocols, and Summary Sheets for Mental Health Interventions. Springer
374 Shapiro, E. « EMDR Treatment of Recent Trauma ». Journal of EMDR Practice and Research .
375 Shapiro, E, et Laub, B. « Early EMDR Intervention Following a Community Critical Incident: A
Randomized Clinical Trial ». Journal of EMDR Practice and Research. 2015 ; 9(1): 17‑27.
376 Shapiro, F. « Eye Movement Desensitization: A New Treatment for Post-Traumatic Stress
Disorder ». Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry. 1989 ; 20(3): 211‑217.
377 Shapiro F. Eye movement desensitization and reprocessing: basic principles, protocols and
378 Shapiro F. « Efficacy of the Eye Movement Desensitization Procedure in the Treatment of
379 Shapiro F. Getting Past Your Past: Take Control of Your Life with Self-Help Techniques from
380 Shapiro F. Manuel d’EMDR: principes, protocoles, procédures. Paris: Dunod-InterEditions, 2007.
381 Shapiro R, Hofmann A, Grey E. « Case Consultation: Unremitting Depression ». Journal of EMDR
199
382 Shatan, C.F. « Trough the membrane of reality : impacted grief and perceptual dissonance in
383 Shin, L.M., Rauch,S.L. et Pitman, R.K. « Amygdala, Medial Prefrontal Cortex, and Hippocampal
Function in PTSD ». Annals of the New York Academy of Sciences. 2006 ; 1071: 67‑79.
384 Silver, S.M. et al. « EMDR Therapy Following the 9/11 Terrorist Attacks: A Community-Based
Intervention Project in New York City ». International Journal of Stress Management. 2005 ;
12(1): 29‑42.
385 Skinner, B.F. L’analyse expérimentale du comportement. Bruxelles: Dessart et Mardaga; 1971.
386 Smaga, D. « L’hypnose. Quelle place dans le traitement des syndromes psychotraumatiques ? »
388 Sokol, R. « Treatment of victims in hostage situations, the USAREUR stress management team.
389 Solomon, E.P., et Heide,K.M. « Type III Trauma: Toward a More Effective Conceptualization of
390 Solomon, Roger M., et Therese A. Rando. « Utilization of EMDR in the Treatment of Grief and
392 Spiegel, D. « Dissociation and trauma. » American Psychiatric Press annual review of psychiatry.
American Psychiatric Press. Washington, D.C.: Tasman, A. & Goldfingern S.; 1991.
393 Spiegel, D., Frischholz, EJ., et Spira, J. « Functional disorders of memory. » Am Psychiatric Press
200
394 Squire, Larry R. « Memory Systems of the Brain: A Brief History and Current Perspective ».
395 Stamm, B.H. « Work-related Secondary Traumatic Stress. » PTSD Research Quaterly. Ed The
396 Stein, M.B. et al. « Pharmacotherapy to Prevent PTSD: Results from a Randomized Controlled
20(6): 923‑932.
397 Stevens. « The aftermath of road accidents ». Psychological, social and legal perspectives. 1997.
398 Stickgold, R. « Sleep: Off-Line Memory Reprocessing ». Trends in Cognitive Sciences. 1998 ; 2(12):
484‑492.
401 Suliman, Sharain et al. « Escitalopram in the prevention of posttraumatic stress disorder: a pilot
403 Tarquinio, C. et al. « Prise en charge précoce de victimes de viols et présentation d’un protocole
405 Tarquinio C, Tarquinio P. L’EMDR : préserver la santé et prendre en charge la maladie. Elsevier
Masson; 2015.
406 Tarquinio, C. et al. « Application de l’EMDR au deuil traumatique après une collision de train ».
201
407 Tedeschi, Richard G., et Lawrence G. Calhoun. « Posttraumatic Growth: Conceptual Foundations
408 Terr, L. C. « Childhood Traumas: An Outline and Overview ». The American Journal of Psychiatry.
409 Tesarz, J. et al. « Effects of Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) Treatment
in Chronic Pain Patients: A Systematic Review ». Pain Medicine. 2014 ; 15(2): 247‑263.
results from the European Study of Epidemiology of Mental Disorders (ESEMeD) project. »
411 Tolin, D.F., et Edna B. Foa. « Sex Differences in Trauma and Posttraumatic Stress Disorder: A
959‑992.
412 Tuckey, M.R., et Scott, J.E. « Group Critical Incident Stress Debriefing with Emergency Services
Personnel: A Randomized Controlled Trial ». Anxiety, Stress, and Coping. 2014 ; 27(1): 38‑54.
414 U.S. Department of Veterans Affairs. « Clinician-Administered PTSD Scale for DSM-5 (CAPS-5) -
PTSD: National Center for PTSD ». U.S Department of Veterans Affairs [en ligne]. 2013.
http://www.ptsd.va.gov/professional/assessment/adult-int/caps.asp.
415 U.S Department of Veterans Affairs. « Psychological First Aid: Field Operations Guide - PTSD:
National Center for PTSD ». U.S Department of Veterans Affairs [en ligne]. [consulté le 25
202
417 Vaiva, G. et al. « Détresse péritraumatique après un accident grave de la circulation: Valeur
prédictive pour un PTSD à deux mois ». Revue francophone du stress et du trauma . 2001 ;
1(5): 273‑280.
418 Vaiva, G. et al. « Immediate Treatment with Propranolol Decreases Posttraumatic Stress Disorder
419 Valls, M. (Premier Ministre). Instruction interministérielle relative à la prise en charge des
420 van der Hart, O., et Steele, K. « Time Distortions in Dissociative Identity Disorder: Janetian
421 van den Hout, M. A. et al. « EMDR and mindfulness. Eye movements and attentional breathing
tax working memory and reduce vividness and emotionality of aversive ideation ». Journal of
422 van der Kolk, B. A. « The Body Keeps the Score: Memory and the Evolving Psychobiology of
423 van der Kolk, B. A., et Van der Hart, O. « The Intrusive Past: The Flexibility of Memory and the
424 van der Kolk, B.A. et al. « A Randomized Clinical Trial of Eye Movement Desensitization and
Reprocessing (EMDR), Fluoxetine, and Pill Placebo in the Treatment of Posttraumatic Stress
Disorder: Treatment Effects and Long-Term Maintenance ». The Journal of Clinical Psychiatry
425 van der Velden, Peter G. et al. « The Independent Predictive Value of Peritraumatic Dissociation
for Postdisaster Intrusions, Avoidance Reactions, and PTSD Symptom Severity: A 4-Year
426 van der Velden, Peter G., et Lutz Wittmann. « The Independent Predictive Value of Peritraumatic
203
427 van Emmerik, Arnold A. P. et al. « Single Session Debriefing after Psychological Trauma: A Meta-
428 Van Etten, M.L., et Steven Taylor. « Comparative Efficacy of Treatments for Post-Traumatic Stress
429 van Liempt, Saskia et al. « Pharmacotherapy for Disordered Sleep in Post-Traumatic Stress
193‑202.
431 Vautier, V., et Gorin, C. « L’approche systémique en psychiatrie de liaison à l’hôpital général :
433 Vermeiren, E. « Intérêts et limites des prises en charge précoces, en immédiat et post-
434 Vermeiren, E. « Les événements traumatogènes. » Stress et Trauma. 2009 ; 9(4): 214‑217.
2(3): 95‑99.
436 Vila, G. « Les thérapies cognitovo-comportementales du trauma. » In: Crocq, L., ed.
2014.
204
438 Vincent, C. « Le traitement intensif des hystériques. Travaux du Centre Neurologique de la 9e
439 Wachtel, P.L. "EMDR and psychoanalysis" In: Shapiro, F., ed. EMDR as an integrative
440 Watkins, J. G. « The Affect Bridge: A Hypnoanalytic Technique ». The International Journal of
441 Watson PJ, Gibson L, et Ruzek JI. « Public mental health interventions following disasters
and mass violence ». In: Friedman MJ, Keane TM, Resick PA., ed. Handbook of PTSD:
442 Weathers, F.W. et al. « The Clinician-Administered PTSD Scale for DSM-5 (CAPS-5) ». 2013 .
443 Weis, Florian et al. « Stress Doses of Hydrocortisone Reduce Chronic Stress Symptoms and
Randomized Study ». The Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery. 2006 ; 131(2):
277‑282.
444 Weiss, D.S., et Marmar, C.R. « The Impact of Event Scale - Revised. » Assessing psychological
trauma and PTSD. Guilford Press. New York: Wilson, J.P. , Keane, T.M.; 1997 ; 399-411.
445 Wilson, S.A., Becker, L.A. et Tinker,R.H. « Eye movement desensitization and reprocessing
446 Yurtsever, A. et al. « Early EMDR interventions with Syrian refugees in Turkey: R-TEP and G-TEP
447 Zimmerman, J.M., et Maren,S. « NMDA receptor antagonism in the basolateral but not central
amygdala blocks the extinction of Pavlovian fear conditioning in rats ». The European journal
205
448 Zohar, Joseph et al. « High Dose Hydrocortisone Immediately after Trauma May Alter the
206
ANNEXES
Trouble transitoire, survenant chez un individu ne présentant aucun autre trouble mental manifeste,
à la suite d'un facteur de stress physique et psychique exceptionnel et disparaissant habituellement
en quelques heures ou en quelques jours. La survenue et la gravité d'une réaction aiguë à un facteur
de stress sont influencées par des facteurs de vulnérabilité individuels et par la capacité du sujet à
faire face à un traumatisme. La symptomatologie est typiquement mixte et variable et comporte
initialement un état "d'hébétude" caractérisé par un certain rétrécissement du champ de la
conscience et de l'attention, une impossibilité à intégrer des stimuli et une désorientation. Cet état
peut être suivi d'un retrait croissant vis-à-vis de l'environnement (pouvant aller jusqu'à une stupeur
dissociative - voir F44.2), ou d'une agitation avec hyper-activité (réaction de fuite ou fugue). Le
trouble s'accompagne fréquemment des symptômes neuro-végétatifs d'une anxiété panique
(tachycardie, transpiration, bouffées de chaleur). Les symptômes se manifestent habituellement dans
les minutes suivant la survenue du stimulus ou de l'événement stressant et disparaissent en l'espace
de deux à trois jours (souvent en quelques heures). Il peut y avoir une amnésie partielle ou complète
(F44.0) de l'épisode. Quand les symptômes persistent, il convient d'envisager un changement de
diagnostic.
207
208
C. Etat de stress post-traumatique, F43.1 (CIM 10)
Ce trouble constitue une réponse différée ou prolongée à une situation ou à un événement stressant
(de courte ou de longue durée), exceptionnellement menaçant ou catastrophique et qui
provoquerait des symptômes évidents de détresse chez la plupart des individus. Des facteurs
prédisposants, tels que certains traits de personnalité (par exemple compulsive, asthénique) ou des
antécédents de type névrotique, peuvent favoriser la survenue du syndrome ou aggraver son
évolution; ces facteurs ne sont pas toutefois nécessaires ou suffisants pour expliquer la survenue du
syndrome. Les symptômes typiques comprennent la reviviscence répétée de l'événement
traumatique, dans des souvenirs envahissants ("flashbacks"), des rêves ou des cauchemars; ils
surviennent dans un contexte durable d'anesthésie psychique" et d'émoussement émotionnel, de
détachement par rapport aux autres, d'insensibilité à l'environnement, d'anhédonie et d'évitement
des activités ou des situations pouvant réveiller le souvenir du traumatisme. Les symptômes
précédents s'accompagnent habituellement d'un hyperéveil neuro-végétatif, avec hypervigilance,
état de qui-vive" et insomnie, associés fréquemment à une anxiété, une dépression, ou une idéation
suicidaire. La période séparant la survenue du traumatisme et celle du trouble peut varier de
quelques semaines à quelques mois. L'évolution est fluctuante, mais se fait vers la guérison dans la
plupart des cas. Dans certains cas, le trouble peut présenter une évolution chronique, durer de
nombreuses années, et entraîner une modification durable de la personnalité (F62.0).
209
D. Trouble de stress post-traumatique (DSM5)
210
211
E. Questionnaire des expériences de dissociation péritraumatique
(PDEQ)
Complétez s’il vous plaît les énoncés qui suivent en entourant le nombre qui correspond au mieux à ce
que vous avez ressenti pendant et immédiatement après l’événement. Si une proposition ne s’applique
pas à votre expérience de l’événement, alors entourer la réponse correspondant à « Pas du tout vrai ».
212
213
Chaque item est coté de 1 (pas du tout vrai) à 5 (extrêmement vrai). Le score total est la somme de tous
les items. Un score à partir de 15 indique une dissociation significative.
Veuillez compléter le test en entourant le nombre qui décrit le mieux l’expérience que vous avez
vécu pendant l’événement traumatique et dans les minutes et les heures qui ont suivit. Si les items
ne s’appliquent pas à votre expérience, veuillez entourer «pas du tout vrai ».
214
Chaque item est coté de 1 (pas du tout vrai) à 5 (extrêmement vrai). Le score total est la somme de tous
les items. Un score à partir de 15 indique une dissociation significative.
215
H. IES-R en français
216
GRILLE DES RÉSULTATS :
217
TITRE DE LA THESE : A PROPOS DES THERAPEUTIQUES PRECOCES ADAPTEES AUX TRAUMATISMES
RESUME : L'exposition à un événement menaçant entraîne une réaction de stress aigu à visée
adaptative, mais peut être aussi susceptible de déborder les défenses psychiques d'un individu et de
clinique spécifique s'organisant sous la forme de symptômes souvent invalidants, dont l'évolution est
variable d'un individu à l'autre, avec comme principal risque un syndrome psychotraumatique
chronique.
Afin de réduire ou prévenir ces troubles, différents types d'interventions précoces se sont
développées à partir du début du vingtième siècle, d'abord dans un contexte militaire, puis adaptées
au milieu civil, comme dans le cas par exemple des cellules d'urgence médico-psychologique
françaises. Si certaines interventions montrent des preuves d'efficacité de plus en plus reconnues,
elles ont parfois aussi fait l'objet de controverses et nécessitent encore aujourd'hui des évaluations
récemment à son application dans la prise en charge des réactions aiguës faisant suite à un
événement potentiellement traumatisant. Les résultats sont prometteurs. S'ils nécessitent d'être
confortés par d'autres études, ils semblent néanmoins offrir des perspectives thérapeutiques
nouvelles et intéressantes.