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Réf.

: TBA1420 V1

Analyse du cycle de vie,


Date de publication :
10 juin 2015 énergie grise, économie
circulaire

Cet article est issu de : Construction et travaux publics | Techniques du bâtiment :


l'enveloppe du bâtiment

par Pascale MAES

Résumé Outre le respect des performances énergétiques encadrées par des


réglementations et des labels, les acteurs de la construction et de la rénovation doivent
tenir compte des impacts environnementaux des matériaux et équipements qu’ils
choisissent de mettre en œuvre. Cet article détaille la pratique de l’analyse de cycle de
vie (ACV) des matériaux de construction permettant de cerner ces impacts. Est abordée
également la notion d’énergie grise utilisée pour la conception, la fabrication, le transport,
la fin de vie des produits et des bâtiments dans leur ensemble, puis celle d’économie
circulaire afin de préserver les ressources naturelles.

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Analyse du cycle de vie,


énergie grise, économie circulaire

par Pascale MAES


Journaliste indépendante spécialisée dans l’efficacité et la performance énergétique des
bâtiments

1. Analyse du cycle de vie ....................................................................... TBA 1 420 - 2


1.1 Historique .................................................................................................. — 2
1.2 Définition ................................................................................................... — 3
1.3 Rôle d’une ACV ......................................................................................... — 4
1.4 Objectif et champ de l’étude .................................................................... — 4
1.5 Résultats obtenus par une ACV ............................................................... — 5
1.6 Fiches de déclarations environnementales et sanitaires ....................... — 6
2. Énergie grise ........................................................................................... — 8
2.1 Définition ................................................................................................... — 8
2.2 Évaluation de l’énergie grise.................................................................... — 9
2.3 Énergie grise et usage .............................................................................. — 11
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2.4 Réduction de l’énergie grise .................................................................... — 12


3. Économie circulaire .............................................................................. — 12
3.1 Préservation des ressources et réutilisation ........................................... — 12
3.2 Écologie industrielle et éco-conception .................................................. — 13
3.3 Réutilisation et recyclage ......................................................................... — 13
4. Glossaire .................................................................................................. — 15
5. Sigles ........................................................................................................ — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. TBA 1 420

ne meilleure prise en compte des problématiques environnementales


U passe par une connaissance de plus en plus fine des impacts, sur l’envi-
ronnement et la santé humaine, relatifs à la composition, la fabrication,
l’utilisation et la fin de vie des produits. Il est recommandé de prescrire des
matériaux, en fonction bien entendu de leurs qualités intrinsèques, mais aussi
de leur Analyse de cycle de vie (ACV). Cette méthode détermine leurs impacts
environnementaux pour chaque phase de leur vie, « du berceau à la tombe »,
notamment par une appréciation des entrants (matières premières, énergies)
et des sortants (rejets, déchets). Ces impacts sont résumés sous forme de
Fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES) à l’intention des
professionnels et des particuliers. L’énergie grise des matériaux de
construction et des équipements, c’est-à-dire celle utilisée pour leur
conception, fabrication, transport, élimination en fin de vie, doit également être
prise en compte dans le bilan énergétique global d’un bâtiment. Enfin, le BTP
doit chercher à appliquer la notion d’économie circulaire, dont le principal
objectif est de préserver les ressources naturelles. Outre le recyclage,
l’économie circulaire s’applique par le biais de l’écologie industrielle,
l’éco-conception des produits, le réemploi, la réutilisation...

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE _________________________________________________________________________

1. Analyse du cycle de vie Cadre de l’ACV

1. Définition
L’Analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit ou d’une activité des objectifs
humaine consiste à identifier son empreinte environnementale, et du champ
cela se fait en quatre étapes (figure 1) : de l’étude
– définition des objectifs et du champ de l’étude ;
– recueil des données des flux matières et énergies associés aux
étapes du cycle de vie rapporté à l’unité fonctionnelle retenue, 2. Analyse 4. Interprétation 5. Applications :
pour quantification des ressources naturelles mobilisées et des de l’inventaire – proposition d’amélioration
émissions rejetées dans le milieu naturel (air, eau, sols) ; – planification stratégique
– évaluation des impacts potentiels sur l’environnement de ces – politique publique
– mercatique
consommations et émissions ;
3. Évaluation –…
– interprétation des résultats obtenus en fonction des objectifs de l’impact
initiaux retenus.

ACV et ISO 14040


Figure 1 – Étapes d’une analyse du cycle de vie
La réalisation d’une ACV est encadrée par la norme interna-
tionale ISO 14040, « Management environnemental – Analyse
du cycle de vie – Principes et cadres », qui en définit les princi- 1.1.1 Évaluation environnementale
pes et les règles, ainsi que les données et scénarios communs
de référence. La prise en compte de l’environnement a été traditionnellement
Selon cette norme, l’ACV est la « compilation et l’évaluation déclinée soit par impact environnemental (déchets, pollutions,
des consommations d’énergie, des utilisations de matières consommation d’énergie...), soit par secteur d’activités (industrie,
premières, et des rejets dans l’environnement, ainsi que l’éva- transports...), approches qui se sont souvent révélées trop parcel-
luation de l’impact potentiel sur l’environnement associé à un laires pour justifier du bien-fondé environnemental des efforts à
produit, ou un procédé, ou un service, sur la totalité de son réaliser.
cycle de vie ». La diminution de tel ou tel impact modifiait les autres caractéris-
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tiques des systèmes considérés, sans que l’on puisse évaluer la


pertinence globale de ces modifications : par exemple, un change-
ment de matériau permettant de diminuer les consommations
d’énergie et de matières, mais modifiant la recyclabilité finale des
Norme NF P01-010 produits, ou le choix d’une filière de valorisation permettant de
diminuer le recours à la mise en décharge mais affectant la qualité
En France, c’est la norme NF P01-010 « Qualité environne- de l’air...
mentale des produits de construction – Déclaration environne-
mentale et sanitaire des produits de construction » qui Au début des années 1990, est apparue la nécessité de mettre en
encadre le contenu d’une ACV dans le domaine des produits œuvre des approches multi-critères (consommation de matières et
construction. d’énergies, émissions dans l’air et dans l’eau, déchets), prenant en
compte l’ensemble des étapes du cycle de vie des produits, de leur
Elle intègre les conditions générales de la norme ISO et fixe fabrication à leur élimination finale en passant par leur phase
des règles précises quant à l’élaboration d’une ACV : liste d’utilisation : les écobilans.
d’impacts, modèles énergétiques, modèles de transport, flux
de matières et d’énergies, autres flux à prendre en compte...
Par exemple, cette norme indique qu’il faut prendre en 1.1.2 Écobilans
compte dans la réalisation de l’inventaire au moins 98 % en
masse de l’ensemble des flux et, conjointement, ne négliger À leurs débuts, ces approches ont pu être qualifiées d’expéri-
aucune substance classée comme très toxique (T+), toxique mentales, voire partiales (écobilans menés à des fins exclusives de
(T), nocive (Xn) ou dangereuse pour l’environnement (N), et ce marketing ou de lobby). Par la suite, le développement de la nor-
quelle que soit sa quantité. malisation internationale (famille des normes ISO 14040 créée en
1997 et actualisée en 2006) a fixé des bases méthodologiques et
déontologiques, et retenu le terme « Analyse de cycle de vie » en
lieu et place d’« écobilan » (nom d’une société commerciale fran-
1.1 Historique çaise à l’origine).
Depuis 1997, les pratiques se sont donc progressivement harmo-
L’apparition des ACV est due à la combinaison de plusieurs fac-
nisées et les résultats sont ainsi devenus plus robustes et fiables,
teurs, et notamment :
tandis que leur communication se faisait de manière plus formali-
– à l’apparition d’études visant à optimiser les consommations sée que celle des premiers écobilans. Dans le domaine de l’évalua-
énergétiques dans un contexte où des consommations d’énergie tion globale et multicritères des impacts environnementaux, l’ACV
fortes représentaient une contrainte pour les industriels (coût, est l’outil le plus abouti.
boycott possible) ;
Sa pratique et sa diffusion actuelles contribuent à en faire un
– au passage d’études des consommations énergétiques à des instrument de plus en plus performant et reconnu. Il peut être
études qui prenaient en compte les consommations des matières utilisé au sein de démarches de développement durable, notam-
premières énergétiques (appelées « entrées »), afin d’améliorer ment celles orientées sur les produits. Néanmoins, il ne traite que
l’analyse et d’en tirer plus d’enseignements ; de la dimension environnementale (voire, dans certains cas rares,
– puis au passage vers des études qui prenaient en compte non économique) et non de l’axe social ou sociétal du développement
seulement les « entrées » mais aussi les « sorties ». durable.

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La distribution comprend le transport du produit de l’usine de


La famille des ISO 14040 production jusqu’au chantier où il sera utilisé.
La norme « chapeau » ISO 14040 spécifie le cadre et les prin- La mise en œuvre consiste en la mise en place du produit dans
cipes généraux, ainsi que les exigences générales pour la réali- un ouvrage. Le transport des déchets de mise en œuvre (chutes de
sation d’ACV et la communication sur ses études. La norme découpe, consommables...) est également pris en compte.
ISO 14044 « Management environnemental – Analyse du cycle
de vie – Exigences et lignes directrices » détaillent les 4 étapes L’utilisation est la phase pendant laquelle le produit assure sa
et leur mise en pratique. Elle révise et remplace les anciennes fonction dans le bâtiment. Durant la vie en œuvre, le produit peut
normes ISO 14041, 14042 et 14043. D’autres normes décrivent faire l’objet d’entretien, de maintenance, de remplacement partiel
des points spécifiques à l’intention des bureaux d’études, pris en compte dans le bilan environnemental.
comme l’ISO 14047 (décembre 2003) sur « Management envi- La gestion en fin de vie consiste en la dépose du produit lors
ronnemental – Évaluation de l’impact du cycle de vie », et d’une opération de démolition, réhabilitation ou entretien. Le
l’ISO 14048 (avril 2002) sur « Management environnemental – transport des déchets liés à cette étape jusqu’à un site de valorisa-
Analyse du cycle de vie – Format de documentation des don- tion ou d’élimination est pris en compte.
nées du cycle de vie ».
1.2.1 Enjeu d’identification d’une ACV
L’enjeu majeur de l’utilisation de l’ACV est d’identifier les princi-
1.2 Définition pales sources d’impacts environnementaux et d’éviter ou, le cas
échéant, d’arbitrer les déplacements de pollutions liés aux diffé-
L’ACV est une méthode d’évaluation environnementale qui per- rentes alternatives envisagées. Cette meilleure connaissance des
met de quantifier les impacts d’un produit (qu’il s’agisse d’un bien, impacts associés aux produits peut permettre de hiérarchiser les
d’un matériau, d’un service, voire d’un procédé) sur l’ensemble de priorités d’amélioration et d’éclairer les choix techniques et orga-
son cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières qui le nisationnels dans une démarche d’éco-conception, par exemple.
composent, jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par
La conduite d’une telle évaluation peut également permettre de
les phases de distribution et d’utilisation. Outil normalisé et
repérer et valoriser les produits présentant les impacts les plus
reconnu, l’ACV est la méthode la plus aboutie en termes d’évalua-
faibles dans une démarche d’éco-labellisation, d’information des
tion globale et multicritères. Elle résulte de l’interprétation du bilan
consommateurs, et participer au développement de l’offre de pro-
quantifié des flux de matières et énergies liées à chaque étape du
duits de meilleure qualité écologique.
cycle de vie des produits, exprimé en impacts potentiels sur l’envi-
ronnement (figure 2). Favorisant une vision globale des impacts générés par les pro-
duits ou procédés, déclinée selon différentes simulations, l’ACV
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La production comprend l’extraction et la fabrication du produit, fournit ainsi des éléments d’aide à la décision aux politiques indus-
la préparation et le transport des matières premières nécessaires à trielles (choix de conception, d’amélioration de produits, choix de
la fabrication du produit, cette étape s’arrête à la sortie du produit procédés) ou publiques (choix de filières de valorisation, critères
de l’usine. d’éco-localisation de produits).

Fabrication
Assemblage
Emballage

Acquisition Distribution
des ressources Entreposage
Manutention
Extraction Transport
Transformation

Gestion en fin de vie Utilisation


Collecte Entretien
Recyclage Réparation
Valorisation Réutilisation
Enfouissement

Figure 2 – Cycle de vie d’un produit

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1.2.2 Entrants et sortants puissant et attrayant, tant du point de vue de sa construction que
de ses applications en termes d’aide à la décision, d’informations
L’ACV consiste à inventorier les flux de matières et d’énergies et de communications diverses... mais dont les résultats reflètent
entrants et sortants à chaque étape du cycle de vie d’un produit. À la complexité des systèmes réels étudiés.
partir de ces données, on procède à une évaluation des impacts
environnementaux, les plus couramment retenus étant l’effet de Ainsi, la finesse de l’outil peut de temps en temps paraître han-
serre, l’acidification, l’eutrophisation, l’épuisement des ressources dicapante en termes de conclusions opérationnelles : il décrit les
naturelles. On retient également en général comme indicateurs la systèmes étudiés, permettant d’identifier leurs points forts et leurs
consommation d’énergie et la quantité de déchets générés. faiblesses, sans pour autant autoriser une hiérarchisation absolue
des produits, filières ou procédés (outil d’aide à la décision et
non-outil de décision).
1.3 Rôle d’une ACV Mais cela représente souvent déjà une avancée significative que
de pouvoir déceler et quantifier les points faibles d’un système et
1.3.1 Notion de transfert de pollution ses paramètres déterminants, voire, dans certains cas, simplement
de visualiser le champ de nos connaissances sur les rejets liés au
La figure 3 illustre la notion de transfert de pollution d’une étape système étudié de manière à initier les recherches nécessaires
du cycle de vie à une autre, transfert qui peut être révélé par une pour combler d’éventuelles lacunes...
telle analyse. Dans le cas présenté, en diminuant un impact envi-
ronnemental au niveau des matières premières [état (1)], on l’aug-
mente au niveau des étapes de la fabrication et de l’utilisation 1.3.3 Fiabilité des résultats
[état (2)].
La dernière étape d’une ACV consiste à valider que les résultats
Les transferts de pollution peuvent également concerner des obtenus permettent bien de répondre aux objectifs de l’étude ; par
impacts différents : par exemple, un changement de matériau qui exemple, il arrive que la non-disponibilité de certaines données
permettrait une diminution de la consommation de ressources non puisse conduire, en cours d’étude, à restreindre le champ de
renouvelables lors de la production, mais qui causerait une celle-ci. Elle représente également le moment d’évaluer la fiabilité
augmentation de la pollution des eaux lors de l’élimination des des résultats, en réalisant par exemple des analyses de sensibilité,
produits. notamment pour s’assurer que les incertitudes et variabilités qui y
sont liées sont bien d’un ordre inférieur à celui des différences
1.3.2 Simulation des impacts constatées entre les performances environnementales des diffé-
rents systèmes étudiés.
L’objectif de l’ACV est de présenter une vision globale des
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impacts générés par les produits (biens, services ou procédés),


déclinée selon différentes simulations. 1.4 Objectif et champ de l’étude
Ces simulations peuvent porter sur :
– l’identification des paramètres déterminant les résultats ou sur Les choix et les hypothèses retenues doivent impérativement
la comparaison de situations qui se différencient par un paramètre être effectués dans la transparence et exposés avec des éléments
particulier (exemple : le pourcentage de contenu en recyclé d’un de justification. Dès le début de l’étude, les objectifs et les utilisa-
produit) ; tions des résultats de l’ACV envisagée doivent être clairement
– les données incertaines (exemple : des analyses de sensibilité explicités. On qualifie les ACV de « goal dependant » : le résultat
recalculant les bilans sur de larges plages de variation des don- dépend de l’objectif.
nées incertaines, pour voir si la variation de ces données a ou non
d’incidences sur les résultats finaux) et les paramètres dont on ■ Données nécessaires
veut évaluer l’importance (exemple : distances de transport) ; Pour éviter des interprétations inappropriées ou des généralisa-
– des scénarios prospectifs (exemple : imaginons que les pro- tions abusives ultérieures dans l’utilisation des résultats, l’objectif
grès permettent dans trois ans de fabriquer le même produit avec et le champ de l’étude doivent expliciter clairement la problémati-
10 % de matières de moins, quel serait son bilan écologique par que étudiée. La sélection des données nécessaires à l’étude se fera
rapport au produit actuel ?). par rapport à cet objectif : facteurs temporels, technologie, sour-
La pratique, le développement, voire la maturité naissante de ces, précision et représentativité des données, pertinence des
l’ACV, la replacent aujourd’hui à son juste niveau, à savoir un outil méthodes de collecte utilisées...

Impact X Impact X

Matières Distribution Valorisation Matières Distribution Valorisation


premières premières
Fabrication Utilisation Fabrication Utilisation

état 1 état 2

Figure 3 – Transfert de pollution d’une étape du cycle de vie à une autre

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Comme le précise la norme ISO 14044, le champ d’une ACV doit 1.4.3 Données d’inventaires
prendre en compte et décrire clairement les éléments suivants :
Les données d’inventaires sont constituées de flux de matières
– système de produits à étudier ;
(ressources minérales, fer, bauxite, eau...) et d’énergies (pétrole,
– fonctions du système de produits, ou des systèmes dans le cas gaz, charbon...) entrant dans le système étudié et des flux sortants
d’études comparatives ; correspondants (déchets, émissions gazeuses ou liquides...).
– unité fonctionnelle ;
Il existe des bases de données d’inventaires de cycles de vie,
– frontière du système ; plus particulièrement disponibles en ce qui concerne les matières
– règles d’affectation ; premières courantes, l’énergie, les transports. Ces données sont
– méthodologie d’évaluation d’impact du cycle de vie et types accessibles à faible coût sous forme de bases de données
d’impact ; publiques ou publiées. Certains groupements ou fédérations pro-
– interprétation à utiliser ; fessionnelles ont rassemblé des données sur les impacts environ-
– exigences portant sur les données ; nementaux de leur matériau tout au long de son cycle de vie ou,
– hypothèses ; plus fréquemment, sur la partie amont de ce cycle pour les mettre
à disposition des utilisateurs desdits matériaux et afin qu’ils les
– choix des valeurs et éléments facultatifs ; intègrent dans leurs propres ACV.
– exigences de la qualité des données ;
Pour les données spécifiques à l’étude, la collecte des données
– type de revue critique, le cas échéant ;
est souvent à réaliser au cas par cas, par un recueil sur site indus-
– type et format du rapport spécifié pour l’étude. triel, par des recherches bibliographiques, ou encore par la mise
en perspective d’études antérieures.
1.4.1 Unité fonctionnelle
La notion d’unité fonctionnelle permet de comparer des maté- 1.5 Résultats obtenus par une ACV
riaux à service rendu identique, et non pas à quantité identique.
C’est la performance quantifiée d’un système de produits, destiné
1.5.1 Quantifier l’impact
à être utilisé comme unité de référence dans une analyse du cycle
de vie. Elle est définie pour la durée de vie typique du produit, et L’ACV permet de quantifier les impacts d’un produit (qu’il
comprend l’ensemble des constituants y compris les emballages. s’agisse d’un bien, d’un service, voire d’un procédé), depuis
Le déclarant doit fournir la liste des produits complémentaires l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son
nécessaires à la mise en œuvre, par exemple les systèmes de fixa- élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution
tion comme les vis, colles..., qui sont selon les cas intégrés ou non et d’utilisation, soit « du berceau à la tombe ».
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dans l’ACV.
En pratique, les flux de matières et d’énergies entrants et sor-
L’unité fonctionnelle est donc un élément de mesure qui permet tants à chaque étape du cycle de vie sont inventoriés (Inventaire
de quantifier la fonction remplie par le produit étudié. Par du cycle de vie : ICV), puis on procède à une évaluation des
exemple, pour de la peinture, l’unité fonctionnelle pourra être la impacts environnementaux à partir de ces données grâce à des
quantité de peinture nécessaire pour couvrir 1 m2 de mur avec un coefficients préétablis permettant de calculer la contribution de
degré d’opacité défini et pour une durée de 10 ans. En effet, la chaque flux aux divers impacts environnementaux étudiés.
comparaison directe des impacts d’un litre de peinture A à ceux Les coefficients de calcul des impacts potentiels sont déterminés
d’un litre de peinture B n’aurait aucun sens et pourrait même par les scientifiques de chaque domaine. Ainsi, par exemple, les
conduire à des résultats complètement faux. coefficients de calcul de l’effet de serre proviennent de l’IPCC
(Intergovernmental Panel on Climate Change ).
Exemple : Au litre, la peinture A est 30 % moins polluante que la Les spécialistes de l’ACV sont donc, pour chaque impact, tributai-
peinture B mais, lors de l’application, A nécessite deux couches là où res de l’état des connaissances du domaine considéré. Selon les
une suffit pour B : une comparaison litre à litre conduirait à préconiser impacts, ces connaissances sont plus ou moins stabilisées : ainsi,
l’usage de la peinture A, alors même que cela n’aurait aucun intérêt ni par exemple, si le calcul de l’impact effet de serre fait l’objet d’un
pour l’environnement, ni pour l’utilisateur. large consensus, celui de l’impact écotoxicologique souffre encore
du déficit de connaissances en matière de caractérisation des molé-
Si l’analyse porte sur la comparaison de procédés ou de filières cules.
de traitement des déchets (stockage, incinération, recyclage),
l’unité fonctionnelle pourra être, par exemple, le traitement d’une
tonne de déchets. 1.5.2 Impact sur l’environnement
En fonction de l’objet de l’étude, les impacts couramment rete-
1.4.2 Objectif et analyse de l’impact nus sont l’effet de serre, l’acidification, l’épuisement des ressour-
ces naturelles, l’eutrophisation... Généralement, on retient
Dans certains cas particuliers, l’analyse peut être limitée à un également la somme de certains flux issue de l’inventaire : la
impact donné, l’effet de serre par exemple. Il faudra alors bien quantité d’énergie, la quantité de déchets...
s’assurer que l’impact retenu est pertinent par rapport à la finalité La complexité des phénomènes en jeu et de leurs interactions
des travaux. En revanche, si une étude centrée sur les consomma- est source d’incertitude sur la valeur réelle des impacts sur l’envi-
tions énergétiques montre l’intérêt de telle ou telle filière de traite- ronnement (exemple : non-prise en compte des effets de synergie
ment des déchets par rapport à la lutte contre le changement ou d’antagonisme entre polluants, caractéristiques particulières du
climatique, elle n’apportera pas d’éléments sur les problèmes sani- milieu local, effets de cinétique..., etc.).
taires potentiels...
C’est à ce titre que le qualificatif potentiel est utilisé et on parle
Ainsi, si l’analyse peut être limitée à un impact donné, il faudra donc d’impacts potentiels. Du fait que leurs conséquences réelles
bien veiller à la cohérence de l’impact choisi avec l’objectif de dépendent fortement des caractéristiques du milieu récepteur, le
l’étude, à ce que les justifications de ce choix soient clairement caractère potentiel du calcul des impacts locaux (eutrophisation,
exposées dans le champ de l’étude, et à ce que l’ensemble de par exemple) est plus marqué que celui des impacts globaux (effet
l’étude respecte bien sûr les autres préconisations des normes de serre, par exemple), dont les conséquences ne dépendent pas
ISO 14040. ou peu du milieu récepteur.

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1.5.3 Résultats d’une ACV aux fabricants de fournir des informations sur les aspects environ-
nementaux et sanitaires de leurs produits, et d’en assurer leur pro-
Les résultats sont exprimés sous forme d’une série qui présente motion. Elles se veulent une aide au choix des produits de
à la fois des impacts potentiels (du type X kg d’équivalents CO2 construction pour les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre et les
pour l’effet de serre, Y kg d’équivalents H+ pour l’acidification...) et entreprises. On note de plus en plus de demandes de FDES de la
des flux physiques (Z MJ d’énergies non renouvelables, W kg de part de ces derniers, les fiches devenant incontournables pour
déchets banals...). répondre aux exigences de qualité environnementale. La caractéri-
Certains consultants ou logiciels vont jusqu’à pondérer les diffé- sation de l’impact environnemental et sanitaire des constructions
rents résultats obtenus afin d’obtenir une note unique, mais cette nécessite de disposer d’informations regroupées les plus objectives
pratique est aujourd’hui rejetée par la majorité des acteurs français possibles, pertinentes et consensuelles sur les caractéristiques envi-
du fait de l’absence de consensus sur des coefficients permettant ronnementales et sanitaires des produits de construction.
notamment d’additionner en les pondérant des impacts de nature
différente (effet de serre, acidification, déchets...).
■ Raisonner à service rendu identique 1.6.1 Fiches encadrées par une norme
Dans certains cas bien déterminés, on peut décider de démarrer
l’analyse à une étape donnée, ou encore analyser deux procédés dif- Pour que les Fiches de déclarations environnementales et sanitai-
férents de fabrication d’un même produit. L’essentiel reste de tou- res deviennent un outil crédible permettant de communiquer des
jours raisonner à service rendu identique. Ainsi, pour évaluer les informations concrètes sur l’aspect environnemental et sanitaire
performances environnementales de deux procédés de traitement des produits de construction, il était important que ces données
des déchets, on partira d’une situation initiale commune (une tonne soient recueillies et mises en forme selon une méthodologie norma-
de déchets à traiter) et on ne s’intéressera qu’aux différentes étapes lisée. Ainsi, les FDES se réfèrent à la norme NF P01-010 « Qualité
du procédé de traitement (cycle de vie des consommables inclus). environnementale et sanitaire des produits de construction » (décli-
naison de la norme ISO 14 025).
On estimera que la tonne de déchets à traiter est identique dans
les différents scenarios et n’est donc pas un facteur différenciant ■ Dix indicateurs
entre procédés, c’est-à-dire que les impacts liés à la production et
à l’utilisation des produits, avant qu’ils ne deviennent des déchets, Cette norme fixe la méthodologie d’évaluation de dix indicateurs
n’entrent pas dans le champ de l’étude. principaux caractérisant la qualité environnementale des produits
de construction : consommation énergétique, lutte contre le chan-
■ Règles de négligeabilité gement climatique, consommation de ressources, production de
Il est souvent impossible de prendre en compte tous les compo- déchets ultimes, pollution de l’eau, de l’air, etc. Elle établit la liste
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sés constituant un produit complexe. Le réalisateur de l’ACV est des données à recueillir, indique comment les renseigner et fournit
donc amené à fixer des règles de négligeabilité dont le principe est un format de présentation de la fiche.
généralement le suivant. Sont négligés tous les composants repré-
sentant moins de x % de la masse totale du produit, puis on vérifie ■ Informations sanitaires
que la somme de ce qui est pris en compte reste supérieure à un
pourcentage fixé, toujours proche de 100 % (dans le cas des pro- En l’état actuel des connaissances, ces fiches ne sont pas aussi
duits de construction : 98 %) et, qualitativement, que les composés descriptives sur les caractéristiques sanitaires et relatives au
négligés ne présentent pas de caractéristiques de dangerosité par- confort que sur les caractéristiques environnementales, pour les-
ticulière (exemple : substances toxiques, déchets radioactifs...) ou quelles la marge d’incertitude est plus faible. Cependant, l’aspect
d’autres problèmes spécifiques établis (exemple : composé dont sanitaire évolue, notamment grâce au Plan national santé et envi-
l’obtention est connue comme particulièrement polluante ou ronnement (PNSE) cherchant à mieux comprendre les liens exis-
consommatrice d’énergie) : dans la négative, ces composés seront tant entre les sources de pollution et les effets sanitaires. Les
réintégrés dans l’analyse, quelle que soit leur quantité. informations sanitaires deviennent plus présentes et pertinentes
au fur et à mesure du progrès des connaissances.

1.5.4 Communication des résultats ■ Contenu de la norme :


Les résultats d’une étude ACV doivent être présentés de manière La norme NF P01-010 impose :
détaillée et transparente. Un rapport de synthèse énonçant claire-
ment les objectifs et le champ de l’étude, les principales limites et – la réalisation d’une Analyse de cycle de vie conformément à la
hypothèses doit être élaboré et mis à disposition de tous. Dans le norme ISO 14040 (§ 1), c’est-à-dire d’un inventaire de tous les
cas de résultats amenant à comparer des produits ou procédés, ce « entrants » et les « sortants » nécessaires au cycle de vie de ce
rapport doit nécessairement comprendre une revue critique, produit depuis l’extraction des matières premières jusqu’à son éli-
c’est-à-dire l’examen de l’étude par un expert indépendant de sa mination en fin de vie ;
réalisation. – la réalisation d’essais pour informer sur les émissions de subs-
L’expert peut agir seul ou au sein d’un comité de revue critique tances dans l’air, l’eau et le sol par les produits de construction, en
associant des spécialistes du secteur étudié et les principales par- particulier, durant l’étape de vie en œuvre ;
ties intéressées : l’essentiel est de garantir la double compétence – la communication des résultats de cet inventaire et de ces essais
ACV – secteur étudié du comité (ou le cas échéant de l’expert uni- selon un format commun à tous les produits de construction.
que) et, bien sûr, son impartialité. Commentaires et réponses aux
recommandations issues de la revue critique doivent être inclus Dans ce format commun et normalisé de communication, on
dans le rapport de synthèse diffusé. retrouve :
– une caractérisation du produit, objet de la FDES ;
– les indicateurs environnementaux calculés sur l’ensemble de
1.6 Fiches de déclarations cycle de vie du produit et qui en constituent le profil environ-
environnementales et sanitaires nemental ;
Les Fiches de déclarations environnementales et sanitaires – les informations santé confort ;
(FDES) des produits de construction ont été conçues pour permettre – les indications sur les émetteurs de la FDES.

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la plus claire et la plus homogène possible. Ces deux instances tra-


Constitution des FDES vaillent en étroite collaboration avec la commission de normalisation
AFNOR P01E « Qualité environnementale dans la construction » à
Les FDES des produits de construction peuvent être rem- l’origine de la norme de référence. Les FDES sont consultables à
plies par les fabricants et être spécifiques à certains produits. partir du nom du produit ou de sa description, ou du nom de l’orga-
Elles peuvent aussi être réalisées collectivement, de façon à nisme responsable de la fiche du fabricant, ou encore d’une
mutualiser les coûts, par des groupements de professionnels nomenclature fonctionnelle des produits de construction.
(fédérations ou syndicats nationaux) ; elles sont alors valables
pour une liste de produits définis par les fabricants ayant par- 1.6.4 Consignes générales pour la rédaction
ticipé à l’élaboration de la FDES. Les données recueillies pro- des FDES
viennent de plusieurs marques et les valeurs finales
présentées sont des valeurs moyennes. Les fiches collectives ■ Caractéristiques sanitaires et de confort
restent encore majoritaires, mais les fiches individuelles se Même si elles ne peuvent généralement pas se rapporter à une
développent. Ces fiches d’auto-déclaration collectives ou indi- unité fonctionnelle, les informations sanitaires et celles relatives au
viduelles peuvent être validées, à la demande des parties pre- confort doivent être exprimées pour le même produit (consti-
nantes, par une tierce partie. tuants, produits complémentaires pris en compte) que celui visé
par la partie environnementale de la déclaration. Par exemple,
pour un produit mis en œuvre par collage, si la colle est comptabi-
1.6.2 Rôle des FDES lisée dans la déclaration environnementale, les caractéristiques
sanitaires du produit colle doivent être fournies.
■ Information multicritères
Toute information mentionnée dans les rubriques concernant les
Les FDES constituent un outil d’information multicritères sur les caractéristiques sanitaires et confort doit être étayée par une réfé-
caractéristiques environnementales et sanitaires des produits de rence (rapport d’étude, rapport d’essai, citation d’une norme
construction. Les informations sont fournies selon un même réfé- d’essai, d’un protocole d’évaluation). Notamment, toutes les men-
rentiel (norme NF P01-010) et peuvent donc être comparées entre tions « sans objet » ou « non pertinent » doivent être justifiées.
elles. Est-ce à dire que les FDES permettent des comparaisons Cependant, la justification ne doit pas nécessairement figurer dans
directes entre produits ? Oui, à condition de bien garder à l’esprit le résumé.
que les produits de construction sont des semi-produits dont la
finalité est de permettre la réalisation d’un ouvrage. C’est donc au ■ Données factuelles et évaluation
niveau de l’ouvrage que sont mobilisées toutes les performances
Pour les rubriques concernant les caractéristiques sanitaires et
d’un produit : techniques bien sûr, mais aussi environnementales,
confort, il est recommandé de se limiter à des données les plus
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sanitaires, esthétiques et économiques.


factuelles possibles (valeurs de caractéristiques techniques ou
■ Évaluation de qualité environnementale données qualitatives les plus neutres possibles). L’émetteur de
FDES a toutefois la possibilité de compléter ces données factuelles
La comparaison des seules performances environnementales et par une évaluation par rapport à des protocoles d’évaluation ou à
sanitaires de différents produits n’a de sens que si les produits tout autre forme d’interprétation de l’information sanitaire.
remplissent par ailleurs les mêmes fonctions et confèrent à Exemples : interprétation des essais d’émissions de COV, de crois-
l’ouvrage les mêmes caractéristiques (c’est pourquoi la clé sance fongique et d’émissions radioactives de la procédure
d’entrée des FDES est l’unité fonctionnelle). Les FDES fournissent CESAT ; positionnement par rapport à une concentration en milieu
effectivement toutes les informations nécessaires à l’évaluation de professionnel (Code du travail) ou par rapport à un seuil de potabi-
la qualité environnementale des bâtiments. Notamment avec lité pour l’eau (Code de la santé), etc.
l’émergence depuis peu de logiciels performants, l’objectif majeur
de pouvoir conduire l’évaluation de cette qualité environnementale ■ Mentions
à l’aide des indicateurs environnementaux globaux proposés par Le résumé des caractéristiques sanitaires doit contenir le résultat
la NF P01-020 est devenue possible. de l’évaluation (par exemple : conformité à un protocole) et éven-
tuellement les autres modes d’expression des résultats possibles.
1.6.3 Base de données INIES Si ce résultat s’exprime sous forme de classe, le nom explicite de
la classe obtenue doit être mentionné, ainsi que les noms des
Au fur et à mesure de leur validation, les fiches de déclarations autres classes possibles. Les informations précises sur l’interpréta-
environnementales et sanitaires ont vocation à être intégrées dans tion n’ont pas nécessairement à être fournies dans le résumé des
la base de données publique de référence INIES (Informations sur caractéristiques sanitaires mais elles doivent être disponibles. Les
l’impact environnemental et sanitaire). Elles sont consultables gra- conditions normales d’utilisation du produit peuvent être explici-
tuitement sur Internet (www.base-inies.fr), aussi bien par les pro- tées par le fabricant dans le résumé sanitaire et confort.
fessionnels que par les particuliers. Il est demandé aux industriels Lorsqu’un essai adapté au produit existe pour une rubrique don-
de fournir une version résumée de leurs fiches, afin de rendre leur née, mais que cet essai n’a pas été réalisé pour ce produit, le fabri-
contenu plus accessible. cant peut mentionner « aucun résultat disponible » ou « essais en
Cependant, pour les professionnels souhaitant davantage de pré- cours ». Toutefois, ces mentions devront être provisoires et ne pas
cisions, les FDES restent téléchargeables dans leur intégralité. Opé- excéder une durée d’un an à compter de la date de demande de
rationnelle depuis 2004, la base de données INIES s’enrichit mise en ligne dans la base INIES. Quand aucun essai adapté
progressivement pour atteindre en 2014 1 555 FDES couvrant plus n’existe pour le produit pour une rubrique particulière, le fabricant
de 27 000 produits du marché ; 27 % des FDES sont vérifiées par une peut mentionner, moyennant justification, « absence d’essai
tierce partie indépendante ; près de 68 000 visiteurs ont consulté adapté au produit à la date de publication ».
des fiches.
Un conseil de surveillance, présidé par la Direction de l’habitat de 1.6.5 FDES et analyse de cycle de vie
l’urbanisme et des paysages (DHUP), veille à la pertinence des infor-
mations présentées dans la base INIES. Un comité technique, asso- Pour les caractéristiques environnementales, les fiches sont
ciant les fabricants de produits de construction, l’ADEME, le CSTB et basées sur une ACV du produit ou de la catégorie de produits
de nombreux représentants des utilisateurs de données environne- considérés, dont les résultats sont présentés pour chaque phase
mentales et sanitaires, s’applique à rendre l’information disponible de vie.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE _________________________________________________________________________

L’analyse du cycle de vie permet d’obtenir des indicateurs 1.6.6 Déclaration environnementale de produit
d’impacts environnementaux, bases de comparaison des produits :
■ Nouvelle norme européenne
– consommation de ressources énergétiques (en kg ou MJ ), La norme NF EN 15804 intitulée « Contribution des ouvrages de
– épuisement des ressources (en kg d’antimoine équivalent ), construction au développement durable – Déclarations environne-
– consommation d’eau (en L ), mentales sur les produits – Règles régissant les catégories de pro-
– déchets solides (en kg ), duits de construction » (juillet 2011) vise à harmoniser les
– changement climatique (en kg équivalent CO2 ), déclarations environnementales sur les produits. Elle décrit les
– acidification atmosphérique (en kg équivalent SO2 ), indicateurs environnementaux devant être pris en compte, notam-
– pollution de l’air (en m3 d’air nécessaire à diluer les produits ), ment le fait de détailler l’utilisation d’énergie primaire renouve-
– pollution de l’eau (en m3 d’eau nécessaire à diluer les produits ), lable ou non renouvelable en tant que matière première, ainsi que
– destruction de la couche d’ozone stratosphérique (en kg équi- le périmètre de l’analyse des différentes phases de vie. Cette
valent CFC11 ), norme s’applique aussi bien à des produits de construction qu’à
– formation d’ozone photochimique [en kg équivalent éthylène des substances, des services ou des systèmes constructifs. Elle
(C2H2) ]. remplacera à terme la norme NF P01-010, et devra donc être inté-
grée aux FDES. Elle est conforme aux normes internationales
ISO 14025 qui concernent l’affichage environnemental et
À ces indicateurs d’impacts environnementaux, viennent s’ajouter ISO 14040 qui concernent la méthodologie d’ACV.
des indicateurs d’impacts sanitaires et de confort :
■ Déclaration environnementale de produit
Qualité de l’air intérieur :
– émission de COV (composés organiques volatils) et formaldéhyde, Pour le moment, l’EPD (Environnemental Product Declaration ),
– comportement des matériaux face à la croissance fongique et ou Déclaration environnementale de produit (DEP), est le terme
bactérienne, générique pour désigner une déclaration environnementale
– émissions radioactives naturelles des produits de construction, conforme à la norme ISO 14025, définissant l’étiquetage environ-
– émissions de fibres et particules. nemental de tout type de produit. Les EPD apportent aux entrepri-
ses la preuve de leur engagement à fournir des informations
Qualité de l’eau destinée ou non à la consommation humaine : environnementales pertinentes quant à leurs produits. Elles sont
– confort hygrothermique, vérifiées par une tierce partie et présentées selon un format uni-
– confort acoustique, forme et reconnu internationalement.
– confort visuel,
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– confort olfactif, ■ Profil environnemental produit


– qualité des espaces.
Un Profil environnemental produit (PEP) s’applique particuliè-
rement aux produits électriques et électroniques. Les PEP ont été
■ Produit dans l’ouvrage développés en France par un programme interprofessionnel de
l’industrie électrique, électronique et aéraulique, représenté par
L’évaluation des risques environnementaux et sanitaires n’a de l’association PEP eco-passport. Ils sont téléchargeables sur le site
sens qu’au niveau de l’ouvrage et non du produit seul. Il est par con- de l’association et seront petit à petit intégrés à la base de don-
séquent nécessaire de considérer le produit en œuvre dans l’ouvrage. nées INIES. Ils s’appuient sur la norme ISO 14020 relative aux prin-
En effet, un produit incorporé dans un ouvrage mal conçu n’aura pas cipes généraux des déclarations environnementales et sur la
le même impact qu’incorporé dans un ouvrage bien conçu. norme ISO 14025 relative aux déclarations environnementales de
La norme NF P01-020-1 « Qualité environnementale des produits type III, mais ils sont plus succincts que les FDES.
de construction – Partie 1 : cadre méthodologique » propose aux
acteurs de la construction, maîtres d’œuvres, architectes et ges-
tionnaires de parcs, un cadre méthodologique pour élaborer une
démarche répondant aux objectifs de maîtrise d’impacts environ-
nementaux et sanitaires liés aux bâtiments. La finalité du docu-
2. Énergie grise
ment est d’assurer la pertinence de la description de la qualité
environnementale du bâtiment résultant d’une opération de De nombreux efforts sont entrepris pour réduire les émissions
construction de réhabilitation ou de déconstruction/reconstruction. de gaz à effet de serre, et par conséquent, les consommations
d’énergie, en particulier des bâtiments neufs et rénovés. On sait
■ Élodie aujourd’hui construire des bâtiments très économes en énergie,
Développé par le CSTB, Élodie est un logiciel qui permet d’éva- voire qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment : des
luer la performance environnementale d’un bâtiment sur tout son bâtiments à énergie positive (BEPOS).
cycle de vie. Il est relié à la base de données INIES et utilise les Il faut maintenant se pencher aussi sur les consommations
Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) pour nécessaires à la fabrication, l’entretien, la maintenance, l’adapta-
passer de l’échelle produits à celle d’ouvrage. Il intègre également tion et la déconstruction des bâtiments, qui deviennent proportion-
des fiches composant, élaborées par le CSTB pour des matériaux nellement importantes. Le bilan énergétique des bâtiments doit
types tels que le mur rideau, le béton pour fondation, pour poteau, être considéré dans son ensemble et sur toute leur durée de vie.
etc., ce qui peut être utile lorsque les produits ne sont pas claire-
ment définis ou lorsque leur FDES n’existe pas.
En fonction des métrés caractéristiques du bâtiment et des choix 2.1 Définition
des matériaux et produits de construction, Élodie fournit l’impact
environnemental de l’ouvrage à construire. De même, le logiciel Le concept d’énergie grise est encore aujourd’hui mal cerné et
utilise les résultats fournis par les logiciels de calcul réglemen- ne fait l’objet d’aucune définition normalisée. Toutefois, par oppo-
taires ou de simulation thermique pour calculer les impacts envi- sition à l’énergie consommée par un système pour son fonctionne-
ronnementaux induits par les consommations d’énergie de ment, les définitions de la littérature font souvent référence à
fonctionnement, et estime la consommation d’eau du bâtiment à l’énergie nécessaire à la mise à disposition d’un bien (notamment
partir des équipements qu’il souhaite intégrer. fabrication et distribution).

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L’énergie grise d’un produit concerne donc l’énergie consommée 2.1.2 Énergie cachée
globalement tout au long de son cycle de vie, en-deçà et au-delà de
son usage. Elle représente celle utilisée pour sa conception, sa fabri- En évoquant l’énergie grise, on parle aussi de dépenses d’éner-
cation, son transport... jusqu’à son futur recyclage ou élimination ; gies cachées parce qu’elles sont induites par les produits, mais
elle n’est pas directement perceptible, on dit qu’elle est cachée. qu’on ne s’en aperçoit pas forcément. En moyenne, on estime que
cette consommation indirecte, grise ou cachée, représente deux
L’énergie grise d’un bâtiment est la somme des énergies grises tiers de l’énergie totale consommée. La langue anglaise emploie le
des matériaux et équipements qui le composent, à laquelle on terme embodied energy que l’on peut librement traduire par éner-
ajoute l’énergie nécessaire au déplacement de ses matériaux et gie incorporée. Les anglophones peuvent donc dire : tant d’énergie
équipements entre l’usine et le chantier ; la consommation d’éner- est incorporée à tel produit.
gie du chantier lui-même (base vie, énergie de mise en œuvre,
transport des personnes) ; les énergies grises liées au renouvel- Si l’on prend l’exemple du chauffage au fioul, la mesure du
lement des matériaux et équipements qui ont une durée de vie niveau du réservoir constitue la seule indication de la
inférieure à celle du bâtiment ; et l’énergie nécessaire à la décons- consommation d’énergie qui est fournie. Grâce à cette indication,
truction de l’ouvrage. On n’y inclut pas le nettoyage et les petites le propriétaire peut prendre la décision de remplir son réservoir à
réparations. intervalles réguliers. Mais, à cette consommation directement per-
ceptible s’ajoutent les éléments suivants :
– production du carburant (extraction et transport du pétrole, raf-
2.1.1 Énergie grise sur un cycle de vie finage, désulfuration, livraison) ;
L’énergie grise des matériaux de construction comprend : – construction de la chaudière (fabrication, chauffage et éclairage
de l’usine) ;
– l’énergie contenue dans les matériaux ; – construction des infrastructures (réservoir, conduit de fumées...) ;
– l’énergie investie au cours de la fabrication (usinage des – entretien du système de chauffage (pièces de rechange, ate-
matériaux) ; liers de service technique, ramonage, contrôle officiel des valeurs
– l’énergie dépensée en transports ; d’émission) ;
– l’énergie investie pour le recyclage de ces matériaux. – élimination (chaque étape du processus produit des déchets, rem-
De l’extraction au recyclage, toutes les étapes sont prises en placement de la chaudière après environ 20 ans d’exploitation).
compte (figure 4). Pour la fabrication d’un produit, on considère Il serait possible d’allonger cette liste, chacune de ces étapes
seulement l’énergie grise de ce produit, et non l’énergie grise partielles nécessaires à la production de chaleur consomme de
contenue dans les moyens utilisés pour fabriquer ces produits. On l’énergie. Cette dernière n’est ni mesurable, ni perceptible pour le
a alors délimité une énergie grise de premier degré. consommateur final et de plus, elle n’est pas mentionnée noir sur
blanc sur un bulletin de livraison.
Autre notion, le temps de retour énergétique n’est valable que
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pour un produit capable de produire de l’énergie. C’est le temps C’est la raison pour laquelle l’énergie grise est nommée énergie
que met une source d’énergie pour produire la même quantité cachée. Elle accroît la consommation d’énergie globale qui ne se
d’énergie que l’énergie grise qu’elle contient. On peut le comparer résume donc pas à la consommation de pétrole et doit par
avec le remboursement d’un prêt : le prêt, c’est l’énergie grise, et conséquent lui être imputée.
le remboursement, l’énergie produite.
Évidemment, un moyen de production énergétique est rentable
seulement si son temps de retour énergétique est inférieur à sa 2.2 Évaluation de l’énergie grise
durée de vie.
2.2.1 Évaluer l’énergie grise des produits finis
Quelle est la quantité d’énergie nécessaire à la fabrication,
l’exploitation et l’élimination d’un produit ou d’une prestation de
service ?
CONSOMMATION
■ Ressources naturelles
Pour répondre à cette question, il faut remonter étape par étape
le parcours de chaque produit ou de ses parties intégrantes. La for-
mulation chiffrée dépend de plusieurs paramètres. Tous nos pro-
VENTE ÉLIMINATION duits et services ont pour origine des ressources naturelles mais,
avant de pouvoir exploiter ces dernières, il faut les trouver. S’il
TRANSPORT existe un gisement de ressources naturelles dont la taille permet
Cycle de vie classique TRANSPORT son exploitation, on procède à sa mise en valeur.
d’un produit
EMMAGASINAGE
STOCKAGE
Les ressources naturelles ainsi extraites doivent encore être trai-
RÉCUPÉRATION
tées, puis suit la fabrication de matières brutes. Celles-ci permet-
tent ensuite la fabrication de pièces usinées (tôles, profils
EMBALLAGE
métalliques, éléments en béton, pièces synthétiques, isolation). Ce
TRANSPORT n’est qu’à partir de là qu’il est possible de fabriquer des produits
FABRICATION
PRODUCTION finis (chaudière de chauffage, turbines à vapeur, lignes à haute
tension, capteurs solaires).
TRANSPORT RECYCLAGE
■ Lieux de production
À chacune de ces étapes, il est nécessaire de construire des
TRANSFORMATION INCINÉRATION lieux de production. Chacun d’entre eux doit être construit,
MATIÈRE BRUTE DÉCHARGE chauffé, éclairé... et finalement détruit. Pendant une certaine durée,
celui-ci produit des articles. Les quantités produites et la durée de
la fabrication ont une influence directe sur la quantité d’énergie
grise qui aura été incorporée dans chaque unité de produit, et dont
Figure 4 – Cycle de vie d’un produit il faut tenir compte.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE _________________________________________________________________________

■ Intrants et extrants Exemples :


Dans la production de produits finis, il y a évidemment des En isolation, la laine de lin nécessite 8 fois moins d’énergie grise
matières « entrantes » (exemple : granulats, ciment, eau) que nous que la laine de verre.
qualifierons d’intrants. Par opposition à ces derniers, il y a des Un mur porteur en brique silico-calcaire contient 5 fois moins
extrants, dont les produits finaux, ainsi que les déchets que l’on d’énergie grise qu’un mur en béton armé.
destine à un recyclage permettant d’en faire de nouveaux intrants,
soit dans le périmètre considéré (exemple : déchets recyclés de Un enduit intérieur à l’argile nécessite 30 fois moins d’énergie
maçonnerie réutilisés dans le périmètre bâtiment), soit dans grise pour sa fabrication qu’un enduit de plâtre.
d’autres industries (exemple : déchets plastiques recyclés en bou- Une structure porteuse en métal nécessite énormément d’énergie
teilles d’eau minérale), donc destinés à un recyclage permettant grise étant donné que l’acier nécessite 30 à 300 fois plus d’énergie
d’en faire de nouveaux intrants. pour la fabrication que le bois.
Tous les produits finis comportent ainsi une valeur en énergie
grise, issues des différents processus et matières/énergies premiè-
res utilisés pour les fabriquer, les transporter, les conditionner et 2.2.3 Évaluer l’énergie grise d’un bâtiment
les conserver.
■ Le guide Bio-Tech intitulé « L’énergie grise des matériaux et des
ouvrages », rédigé et publié par l’ARENE Île-de-France et l’ICEB
2.2.2 Évaluer l’énergie grise des matériaux (Institut pour la conception éco-responsable du bâti), indique qu’il
de construction existe des outils et des logiciels, pour calculer l’énergie grise d’un
bâtiment, et qui utilisent une seule ou plusieurs bases de données.
L’énergie grise des matériaux de construction est de plus en
plus un critère de choix pour les constructions réalisées dans le Les auteurs précisent que le choix d’une base de données doit
cadre d’une démarche Haute qualité environnementale (HQE). Elle s’effectuer en fonction du stade du projet et du type d’outil utilisé. Il
correspond à la somme de l’énergie dépensée de la conception est surtout important pour faire des comparaisons, soit d’utiliser
d’un produit à son recyclage. des données issues d’une même base, soit de bases différentes,
Le calcul de l’énergie grise, aussi appelée parfois « contenu mais avec des calculs intermédiaires pour avoir des valeurs d’éner-
énergétique », prend en compte le plus possible de facteurs rela- gie correspondant à la même définition. L’unité retenue est le kWh
tifs à la fabrication, l’usage et le recyclage du produit. En addition- pour pouvoir faire un bilan global d’énergie consommée sur tout le
nant tous ces facteurs, on obtient une donnée chiffrée estimative cycle de vie du bâtiment et des comparaisons entre les poids relatifs
de l’énergie consommée pendant toute la durée de vie d’un pro- de l’énergie grise et de l’énergie consommée en exploitation.
duit. Ainsi, les critères retenus pour le calcul de l’énergie grise Le choix d’un logiciel doit être lié à la phase d’étude du projet.
d’un matériau type sont l’énergie dépensée :
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En phase esquisse par exemple, l’outil doit être simple et peu


– lors de la conception du produit ; consommateur de temps. La précision n’est pas recherchée, mais
– lors de l’extraction et le transport des matières premières ; uniquement les ordres de grandeur, la possibilité de modéliser et
– lors de la transformation des matières premières et la fabrica- comparer simplement plusieurs variantes, la lisibilité et la pédago-
tion du produit ; gie de la présentation des résultats, la transparence sur les sources
– lors de la commercialisation du produit ou du service ; des données et la possibilité d’intégrer des produits nouveaux, la
– lors de l’usage ou la mise en œuvre du produit ; facilité de prise en main et le coût.
– lors du recyclage du produit.
Pour l’ARENE et l’ICEB, à ce stade de maturité du sujet de l’éner-
Cette démarche rejoint les cinq étapes d’une analyse du cycle de gie grise, l’important est aujourd’hui, plus que d’avoir des calculs
vie devant servir de base aux FDES : production, transport très précis, de permettre aux acteurs d’un projet de se poser les
usine-chantier, mise en œuvre, vie en œuvre (entretien/mainte- questions les plus pertinentes et de faire des choix judicieux sans
nance/remplacement) et fin de vie. Les résultats sont donnés pour idées préconçues.
la Durée de vie typique (DVT) et/ou par annuité. Ils sont constitués
des résultats d’inventaire de cycle de vie détaillés d’une part, et ■ Un facteur important, influant sur la réduction de l’énergie grise,
des 10 indicateurs environnementaux définis par la norme est la conception de bâtiments à longue durée de vie, durables et
NF P01-010 d’autre part. adaptables. Plus grande est la durée de vie, plus l’énergie grise du
■ Durée de vie bâtiment a des chances de s’amortir, si toutefois l’obsolescence de
certains éléments (chauffage, éclairage) ne vient pas réduire les
Les composants d’un bâtiment ont des durées de vie différentes économies faites. Selon l’Agence locale de l’énergie de Lyon, une
de celle du bâtiment. Dans la plupart des cas, leur durée de vie est maison moyenne actuelle a une énergie grise de 700 000 à
inférieure à celle du bâtiment, ils seront donc remplacés une ou 1 million de kWh.
plusieurs fois pendant la durée de vie du bâtiment. Leur énergie
grise est comptabilisée à la construction, puis à chaque remplace- Ce guide Bio-Tech donne quelques repères d’ordre de grandeur
ment. de l’énergie grise selon l’échelle de temps :
■ Ressources locales – sur l’ensemble des bâtiments :
L’énergie grise, mesurée en kWh, peut être transposée en émis- • énergie grise sur toute la durée de vie : de 1 500 à
sion de CO2 , gaz à effet de serre. Plus un matériau contient d’éner- 2
3 500 kWh/mSHON ,
gie grise, plus il contribue à la pollution de l’air et à l’épuisement
des ressources énergétiques. L’importante énergie grise néces-
2
• énergie grise ramenée à l’année : de 20 à 75 kWh/mSHON ⋅ an ;
saire pour certains matériaux peut s’expliquer par des transports – pour des bâtiments optimisés :
sur de longues distances, des procédés de fabrication nécessitant
des températures très élevées ou des infrastructures industrielles • énergie grise sur toute la durée de vie : de 1 200 à
énergétivores. De ce point de vue, les matériaux locaux peu ou 2
2 200 kWh/mSHON ,
non transformés ont un net avantage sur les autres : la terre, 2
• énergie grise ramenée à l’année : de 20 à 30 kWh/mSHON ⋅ an .
l’argile, le chanvre, la paille, le bois, la laine de mouton ou de
cellulose sont des matériaux de construction qui peuvent à la fois L’équivalent énergie grise en années de consommations d’éner-
répondre aux exigences modernes de la construction et qui ont gies, pour l’exploitation d’un bâtiment BBC 2005, est de 30 à
une énergie grise très faible. 50 ans.

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_________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Il faut savoir que le surinvestissement en énergie grise pour


diminuer les consommations en énergie de la phase exploitation
9 000
est négligeable par rapport aux gains en consommation d’énergie
sur la durée de vie du bâtiment (temps de retour sur investisse- 8 000
8 000
ment énergétique de l’ordre de l’année pour une construction
7 000
neuve). Par ailleurs, une réhabilitation est bien moins consomma-
trice en énergie grise qu’une construction neuve. Pour espérer 6 000

Énergie (MJ)
6 000
obtenir un bilan total énergie grise + énergie exploitation plus fai-
5 000
ble en construction neuve qu’en réhabilitation, il faut optimiser for-
4 500
tement le niveau énergétique en phase exploitation du bâtiment 4 000
4 000
neuf (niveau passif voire positif).
3 000
2 000 2 000
2.3 Énergie grise et usage 1 000
0
2.3.1 Usage des matériaux 0 5 10 15 20 25
Durée de vie (an)
Dans le choix entre différents matériaux de construction ou pro-
duits fait sur la base de l’énergie grise, il se trouve qu’il ne faut pas Matériau 1 Matériau 2 Matériau 3
considérer seulement les matériaux initiaux, mais aussi les maté-
riaux consommés au cours de la durée de vie du bâtiment pendant
la maintenance, les réparations, et les éventuels remplacements. Figure 5 – Énergie consommée

L’évaluation de l’énergie grise d’un système quel qu’il soit


nécessite l’élaboration d’un périmètre qui fixe un champ d’utilisa- 2.3.2 Usage des ouvrages
tion et une frontière au domaine d’élaboration du/des produit(s),
dans lequel sont assemblés différents sous-systèmes permettant Jusqu’à ce jour, la réglementation thermique est centrée essen-
d’aboutir à la production de produits finis. tiellement sur l’énergie de fonctionnement des ouvrages. Lorsque
Dans certains cas, un niveau d’énergie grise élevé peut être justi- les bâtiments consommaient beaucoup d’énergie (de l’ordre de
fié s’il contribue à une consommation d’énergie d’usage plus faible. 150 à 250 kWhep/m2 · an), ce choix semblait justifié, les consom-
mations d’énergie grise paraissaient alors peu significatives. Dans
un objectif de bâtiments à énergie positive, le poste énergie grise
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Prenons les hypothèses suivantes : ne peut plus être considéré comme négligeable.
– les matériaux 1, 2 et 3 ont le même usage ;
– ces matériaux doivent être utilisés pendant 20 ans, ce qui impli- Afin de prendre en compte ces consommations, il faut d’abord
que l’achat de plusieurs matériaux identiques si leur durée de vie est préciser l’énergie que l’on souhaite comptabiliser. La norme
inférieure ; NF P01-010 définit 5 indicateurs énergétiques :
– la prise en compte de l’énergie nécessaire au recyclage ou au – énergie primaire totale ;
traitement d’un matériau est de 200 MJ. Cette dépense énergétique – énergie primaire non renouvelable ;
est multipliée par le nombre de matériaux nécessaire au cours de ces – énergie primaire renouvelable ;
20 ans. – énergie matière ;
Le matériau 3, dont la durée de vie est de 20 ans (figure 5), néces- – énergie procédé.
site la consommation de 8 000 MJ + 200 MJ (recyclage), soit
8 200 MJ sur 20 ans. ■ L’énergie primaire totale représente la somme de toutes les
sources d’énergie qui sont directement puisées dans les réserves
Le matériau 2, dont la durée de vie est de 10 ans, nécessite la
naturelles telles que le gaz naturel, le pétrole, le charbon, la
consommation de 2 × 6 000 MJ + 2 × 200 MJ, soit 12 400 MJ sur
biomasse, l’énergie hydraulique, le soleil, le vent, la géothermie...
20 ans.
L’énergie primaire totale est divisée, d’une part, en énergie non
Le matériau 1, dont la durée de vie est de 5 ans, nécessite la renouvelable et énergie renouvelable, et d’autre part, en énergie
consommation de 4 × 4 500 MJ + 4 × 200 MJ, soit 18 800 MJ sur procédé et énergie matière.
20 ans.
■ L’énergie primaire non renouvelable est une ressource existante
Bien que le matériau 3 possède une énergie grise 2 fois plus
en quantité fixe en différents points de la croûte terrestre, et qui ne
importante que les deux autres (élaboration peut-être plus complexe),
peut pas être renouvelée sur une échelle de temps humaine. Les
la consommation énergétique qui découle de sa création, de son utili-
ressources non renouvelables ne peuvent potentiellement se
sation et de son recyclage est plus de 2 fois moins importante que
renouveler que par des procédés géologiques, physiques et chimi-
celle du matériau 1.
ques, qui se déroulent sur pluieurs milliers d’années.
De la même façon, on constate que, bien que l’énergie grise des
matériaux 1 et 2 soit identique, la consommation totale du matériau ■ L’énergie primaire renouvelable est une ressource qui est soit
1, qui doit être renouvelé 2 fois plus souvent que le matériau 2, finit cultivée, soit naturellement renouvelée ou régénérée, à une vitesse
par s’élever d’un tiers au bout de 20 ans. qui excède la vitesse d’épuisement de cette ressource, et cela,
moyennant une gestion correcte de la ressource.
Cet exemple nous permet de constater que la durée de vie d’un ■ L’énergie matière correspond à la part de l’énergie primaire
matériau est primordiale dans l’analyse de son impact énergéti- contenue dans les matériaux non utilisés comme combustibles
que. Cette analyse pourrait être assimilée à une analyse financière. entrant dans le système. Cette quantité d’énergie peut être récupé-
En effet, le calcul d’un budget doit prendre en compte les coûts ini- rée en fin de vie si les filières de collecte et de valorisation existent.
tiaux des produits mais pas seulement. Il faut étudier les coûts
d’utilisation, de maintenance et de renouvellement du produit tout ■ L’énergie procédé est l’apport d’énergie nécessaire dans un pro-
au long de son besoin pour connaître les dépenses totales qu’il cessus élémentaire pour mettre en œuvre le processus ou faire
engendre. Il est donc indispensable de raisonner en coût global fonctionner l’équipement correspondant, à l’exclusion des entrants
financier et énergétique. énergétiques de production et de livraison de cette énergie.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE _________________________________________________________________________

On peut dire, en schématisant, que l’énergie procédé est de de se donner et de donner le temps de bien faire pour éviter les
l’énergie perdue, c’est la dette énergétique, alors que l’énergie malfaçons et les reprises ; utiliser les accidents de fabrication
matière (aussi appelée le feedstock ) est de l’énergie stockée, mobi- comme source d’inspiration plutôt que de tout faire et refaire ;
lisée de manière temporaire. L’énergie matière peut être récupéra-
ble en fin de vie, soit par le réemploi, soit par la valorisation • Lors de la phase d’exploitation : choisir et mettre en œuvre
matière, soit par la valorisation énergétique. des matériaux et équipements de remplacement des éléments en
fin de vie ou dégradés avec le même soin et les mêmes exigences
Grâce à l’outil Élodie du CSTB et à la base de données INIES, en énergie grise que ceux des éléments d’origine ; sensibiliser le
des études commencent à avancer des valeurs indicatives sur les maître d’ouvrage et les usagers et rechercher avec eux des solu-
consommations d’énergie primaire totale à l’échelle de l’ouvrage. tions de type « rustine » esthétiquement acceptables pour éviter
Ces valeurs sont calculées sur la base des FDES disponibles. par exemple de devoir refaire à neuf tout un revêtement ;
De récents travaux du CSTB ont montré aussi une très forte cor-
rélation entre l’énergie primaire non renouvelable et l’énergie pro- • Lors de la phase de fin de vie : faire un diagnostic déchets
cédé. Sur la base de ces travaux, l’énergie procédé peut être avant la démolition et rechercher des solutions de valorisation
estimée, en moyenne, à 94 % de l’énergie primaire non renouve- matière pour un maximum de déchets, soit sur place, soit dans
lable. des filières appropriées avec le moins de transformation possible.

■ Quelques ordres de grandeur de l’énergie grise :


– 1 500 à 2 000 kWhep/m2 : maison individuelle ;
– 1 500 kWhep/m2 : immeuble collectif ;
– en tertiaire : pas de données consolidées.
3. Économie circulaire
Ce qui équivaut à 37,5 à 50 kWhep/m2
· an (logement) en
moyenne sur une durée de vie du bâtiment de 40 ans. Le projet de loi sur la transition énergétique comporte un titre IV
Au fur et à mesure de la conception plus pertinente des bâti- (articles 19 à 22) entièrement consacré à l’économie circulaire et
ments, l’énergie grise prend une valeur proche de l’énergie aux déchets, intitulé « Lutter contre le gaspillage et promouvoir
d’usage consommée à mi-vie de l’ouvrage. l’économie circulaire : de la conception des produits à leur
recyclage ». Ainsi, la croissance verte comprend aussi, entre autres
aspects, une transition vers l’économie circulaire. Lors de l’adop-
tion de la loi, cette notion devrait être définie et inscrite, pour la
2.4 Réduction de l’énergie grise première fois, dans le Code de l’Environnement. Le BTP, utilisant
beaucoup de ressources naturelles non renouvelables et ayant la
■ Le guide Bio-Tech (§ 2.2.3) conseille de travailler sur trois échel- possibilité de réutiliser et de recycler les matériaux en fin d’usage,
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les pour réduire l’énergie grise :


est particulièrement concerné. Il doit chercher à passer d’une
– les matériaux et équipements : pour choisir ceux qui, à service économie linéaire à une économie circulaire.
rendu équivalent, consommeront le moins d’énergie grise possible
en étant attentif à ne pas générer d’autres impacts négatifs ;
– le bâtiment et l’aménagement de la parcelle : pour choisir la
forme, la compacité, les proportions de surfaces vitrées/surfaces 3.1 Préservation des ressources
opaques, l’orientation, les principes d’aménagement extérieur qui et réutilisation
permettront d’optimiser les consommations d’énergie grise ;
– l’aménagement urbain : avec une réflexion qui dépasse l’éner- Pour favoriser l’économie circulaire, les acteurs du BTP doivent
gie grise sur la densité, les transports des usagers, les réseaux. s’exercer et inciter à une consommation sobre et responsable des
matières premières primaires, de l’eau, de l’énergie... ; ils doivent
■ L’ARENE et l’ICEB préconisent d’étudier la réduction de l’énergie
chercher à privilégier les ressources issues du recyclage ou de
grise à chaque étape de vie d’une ouvrage :
sources renouvelables, puis celles qui ont été recyclées. Pour les
• Lors de la phase de programmation urbaine : travailler la den- autres matières, ils doivent tenir compte du bilan global de leur
sité pour limiter l’étalement urbain en créant un véritable cadre de cycle de vie. En outre, une organisation locale est primordiale afin
vie avec une mixité fonctionnelle et sociale et des « respirations » de favoriser une coopération entre les professionnels du bâtiment
pour les activités récréatives et éviter ainsi de générer des trans- et des travaux publics à l’échelle territoriale, des boucles économi-
ports supplémentaires des habitants pour « s’évader ». En pro- ques courtes, les actions de proximité et de partage.
grammation architecturale : favoriser la mixité fonctionnelle, la
mutualisation des usages, optimiser les surfaces et volumes par Comme le rappelle l’ADEME, l’économie circulaire ne se limite
rapport aux usages et à la qualité des espaces, limiter le nombre pas au recyclage : les acteurs du BTP doivent avant tout se saisir
de places de parking, se poser la question de la réhabilitation plu- des possibilités de réemploi ou de réutilisation de composants.
tôt que de la construction neuve, réfléchir à l’adaptabilité du L’économie circulaire doit également les inciter à reconsidérer les
bâtiment ; modes de conception des produits et des ouvrages, jusqu’à remet-
tre en question certaines pratiques, comme par exemple, la durée
• Lors de la phase de conception : prendre le temps de la
de vie des matériaux et des équipements à modérer selon leur
réflexion. Retenir une architecture de qualité et durable par ses
futur usage et les possibilités d’évolution, la préfabrication et les
matériaux et sa robustesse ; limiter la quantité de matériaux à met-
modes d’assemblage des produits pour faciliter l’évolutibilité et la
tre en œuvre par une efficacité du plan, de la forme, des principes
démontabilité des ouvrages.
constructifs permettant des évolutions des usages, des choix
esthétiques ; choisir des matériaux à faible énergie grise, fabriqués
à partir de matières premières recyclées, des matériaux biosour-
cés, faire du réemploi, rechercher des matériaux locaux ; choisir Le dispositif de soutien de l’ADEME à la recherche favorisant
des principes de mise en œuvre à faible énergie grise : préfabrica- l’économie circulaire repose sur plusieurs Appels à projets de
tion, calepinage, principes de pose permettant la séparabilité des recherche (APR) concernant le recyclage, l’approvisionnement
matériaux en fin de vie pour permettre leur recyclage ; durable, l’éco-conception, l’écologie industrielle et territoriale
et l’économie de la fonctionnalité. Onze appels à projets de
• Lors de la phase de réalisation : être attentif à la consomma-
recherche ont été initiés sur la période 2013-2014, en lien direct
tion d’énergie sur le chantier, dans une démarche globale de chan-
avec un ou plusieurs domaines de l’économie circulaire.
tier à faibles nuisances ; convaincre le maître d’ouvrage de l’intérêt

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3.2 Écologie industrielle ■ Béton recyclé


et éco-conception Pour la première fois, lors de la déconstruction des abattoirs de
la Villette à la fin des années 1970, le béton a été concassé puis
Un autre aspect en amont de l’économie circulaire concerne transformé en granulats de recyclage valorisés sur un certain
l’écologie industrielle et l’éco-conception des produits. Outre l’utili- nombre de travaux routiers. Recycler du béton issu de la démoli-
sation de matériaux issus de ressources naturelles renouvelables tion de bâtiments ou des enrobés routiers et utiliser des granulats
gérées durablement, les industriels doivent chercher à proposer de recyclés pour réaliser des couches d’assise de routes, sont deve-
nouvelles solutions techniques et repenser leurs produits notam- nus des habitudes. Celles-ci se développent en particulier dans les
ment pour, comme évoqué précédemment, faciliter le réemploi grandes agglomérations où la ressource est rare, la profession doit
(préfabrication, assemblages, recyclage). maintenant chercher à généraliser ces pratiques et à trouver
De plus en plus d’industriels veillent à l’éco-conception de leurs d’autres domaines d’application. L’emploi des granulats recyclés
produits : intégration de matières moins impactantes, efficacité étant limité pour les bétons de structure qui sont d’une haute tech-
des process, évaluation environnementale sur l’ensemble de leur nicité, ils pourraient par exemple servir à réaliser du béton à bor-
cycle de vie... Ils mènent aussi des réflexions sur l’économie de la dure. Le projet national de recherche et développement
fonctionnalité qui consiste à ne plus vendre un produit, mais Recybéton va plus loin en visant la réutilisation de l’intégralité des
l’usage d’un produit. produits issus des bétons déconstruits, notamment des études sur
le recyclage du « béton pour faire du béton » sont en cours.
L’IFPEB (Institut français pour la performance des bâtiments)
insiste sur le fait que les maîtres d’ouvrages ne peuvent plus igno- ■ Nouvelles ressources
rer les impacts environnementaux générés par les matériaux et Toujours dans le domaine du recyclage, de nouvelles ressources
matériels qu’ils mettent en œuvre, en amont lors de leur fabrica- de granulats sont recherchées car l’on construit plus que l’on ne
tion, ou en aval dans les diverses filières qui traiteront de leurs déconstruit, que ce soit dans le bâtiment ou sur les routes
déchets. C’est une question de responsabilité. Les prescripteurs (lorsqu’une route est rénovée, on n’enlève pas de matériaux, on en
doivent à leur tour faire en sorte que le bénéfice environnemental rajoute). Par exemple, les schistes houillers et les laitiers de hauts
devienne un avantage concurrentiel. Ils portent une responsabilité fourneaux ou d’aciéries qui fournissent des granulats artificiels se
dans l’amélioration de l’offre en élevant leur niveau d’exigence sur raréfiant, les mâchefers d’incinération d’ordures ménagères seront
le plan environnemental, en favorisant l’accès au marché des davantage exploités, après avoir été traités et soumis à des tests
industriels qui, preuves à l’appui, pourront attester de performan- de lixiviation, pour réaliser des sous-couches routières. Des guides
ces supérieures : Analyse du cycle de vie (ACV), Fiches de déclara- techniques, publiés par le Sétra (Service d’études techniques des
tion environnementale et sanitaire (FDES). routes et autoroutes), détaillent les règles d’utilisation d’un point
Au-delà des produits, une réflexion doit aussi être portée sur de vue environnemental relatives aux mâchefers, aux laitiers et
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l’intensification de l’usage des bâtiments, par exemple en affec- bientôt aux déchets du BTP.
tant des locaux sous-utilisés à d’autres usages sur certaines pério-
des, et sur la possibilité de donner une deuxième vie aux ■ Éco-construction du territoire
constructions, par exemple en convertissant un bâtiment industriel Les carrières sont des activités temporaires dont les sites sont
en logements. ensuite convertis en éco-systèmes favorables à la biodiversité. Leur
réaménagement peut aussi contribuer à l’implantation de nouveaux
espaces dédiés à la collectivité : espaces de détente et de loisirs,
3.3 Réutilisation et recyclage zones humides, espaces agricoles... On peut parler d’une valorisa-
tion de l’espace utilisé par la carrière qui résulte d’une co-construc-
Les déchets du BTP représentent environ 260 Mt/an, dont 70 % tion avec l’ensemble des parties prenantes du territoire.
devront être valorisés d’ici 2020 (Directive européenne 2008/98/CE La profession cherche également à améliorer les pratiques
déchets). Certaines filières ont déjà une forte expérience dans le industrielles, à sensibiliser les maîtres d’ouvrage, et à développer
recyclage de leurs déchets et l’utilisation de matières recyclées, le transport fluvial et ferré. Elle veille à l’économie des ressources
notamment l’industrie des granulats, l’industrie du plâtre et utilisées dans les process, notamment l’eau et l’énergie. Par
l’industrie du verre plat. exemple, les consommations d’eau dans la production de béton
sont 20 % inférieures à l’exigence réglementaire des 350 L/m3 de
3.3.1 Industrie des granulats béton prêt à l’emploi (valeurs 2013).
Ces bonnes pratiques sont valorisées à travers la Charte envi-
L’industrie des granulats est représentée par l’UNPG (Union
ronnement des industries de carrières, une démarche de progrès
nationale des producteurs de granulats) et l’UNICEM (Union natio-
en quatre étapes, qui vient de fêter ses 10 ans. La profession sou-
nale des industries de carrières et matériaux de construction). Pour
haiterait que les pratiques vertueuses en matière d’environnement,
les producteurs de granulats, il existe un lien direct entre la ges-
d’économie circulaire ou de développement durable soient
tion de la ressource et le recyclage. En effet, la préoccupation
reconnues par les donneurs d’ordre, grâce à une meilleure prise
essentielle de la profession est l’accès à la ressource, car il est de
en compte du mieux-disant, notamment dans les marchés publics.
plus en plus compliqué d’ouvrir des carrières, de les étendre, d’en
prolonger la durée. Il faut chaque fois convaincre de la pertinence
du site industriel, or les besoins existent : ils sont estimés à 3.3.2 Industrie du plâtre
560 Mt, dont déjà 25 % sont fournis par des matériaux recyclés ou
valorisés. Cinq millions de tonnes de gypse sont extraites par an, dont
80 % pour l’industrie du plâtre (plaques, carreaux, enduits, cloi-
■ Granulats recyclés sons, plafonds, systèmes d’isolation). L’extraction en carrière de
Un équilibre entre granulats naturels et matériaux recyclés doit cette ressource est gérée durablement, notamment l’autorisation
être recherché pour économiser le prélèvement sur le milieu natu- préfectorale est basée sur une étude d’impact. Il est également fait
rel tout en répondant à la demande. Limiter le transport de ces en sorte que les centres de production soient au plus près des
granulats, naturels ou recyclés, fait aussi partie de la réflexion sur sites (18 carrières, 20 usines).
l’économie circulaire. La valeur d’une tonne de granulats double
tous les 30 km, donc mieux vaut éviter les distances de transport ■ Gypse synthétique
trop importantes. La profession doit encore accentuer l’ancrage Afin de préserver cette ressource naturelle, les industriels du
territorial pour favoriser l’économie circulaire de proximité. plâtre font aussi appel à du gypse synthétique issu du recyclage de

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résidus industriels (désulfuration de fumées de centrales thermi- ■ Récupérer les vitrages


ques, résidus d’exploitation du gaz naturel de Lacq). Par ailleurs,
des mesures sont mises en place pour favoriser l’écologie Le recyclage du verre n’est pas un sujet nouveau, et ce d’autant
industrielle : récupération de chaleur au niveau des sécheurs et sur plus que le calcin a l’avantage de ne pas avoir à sortir du statut de
les eaux de procédés rejetées, recyclage intégral de ces eaux, récu- déchet, il est de fait une matière première secondaire pouvant être
pération des eaux pluviales pour alimenter les procédés, 100 % de utilisée dans les lignes de production. Depuis longtemps, toutes
carton recyclé pour la fabrication de plaques de plâtre... En 2014, les chutes et résidus des plans de découpe ou des rebus de fabri-
une usine dans l’Oise s’est dotée d’une chaufferie biomasse (anas cation sont recyclés en boucle fermée dans les fours verriers des
de lin) pour couvrir 80 % de ses besoins en vapeur. usines. Au-delà du calcin recueilli en interne, il était devenu impé-
ratif, pour la profession, de chercher à récupérer les vitrages des
■ Recyclage du plâtre fenêtres en fin de vie, que ce soit sur de grands chantiers de réno-
Ce recyclage non dangereux s’est maintenant généralisé, grâce vation ou de déconstruction, ou lors de changement de fenêtres de
à plusieurs centaines de points de collecte en France. Depuis plus particuliers. Une étude, menée pour le compte de l’ADEME, a
de 30 ans, 100 % des chutes de découpe et des rebuts de fabrica- démontré que 200 000 t de verre plat pouvaient être recyclées,
tion sont recyclés en interne dans les usines, et maintenant sur des auxquelles s’ajoutent 50 000 t de verre issu des Véhicules hors
chantiers. Par exemple, les chutes de plaques de plâtre ont été d’usage (VHU) et changement de vitrages d’automobiles.
entièrement recyclées lors de la construction de l’École du Barreau
à Issy-les-Moulineaux, un bâtiment HQE de 8 500 m2, et de celle du ■ Fenêtres en résidentiel
centre commercial Eiffel (30 000 m2) à Levallois-Perret.
Les techniques de traitement peuvent varier d’une usine de L’étape la plus compliquée n’est pas le recyclage du verre en
recyclage à une autre ; de ce fait, la nature des déchets acceptés lui-même, dont le process est maîtrisé, mais sa collecte qui passe
peut également varier. Pour les produits composites, un procédé par une organisation de grande envergure de récupération de
industriel breveté sépare le plâtre, s’il est exempt de tout fenêtres. Cette collecte est d’autant plus complexe que, d’une part,
contaminant, des autres éléments afin de le rendre valorisable par le verre issu de baies vitrées en résidentiel est en général plus clair
les utilisateurs de gypse. Le recyclage du plâtre bénéficie lui aussi que celui de bâtiments tertiaires où il peut être coloré, feuilleté... et
d’une organisation de proximité. Des partenariats se sont créés donc plus difficile à recycler, d’autre part, la multiplication des ben-
entre des fabricants de plaques de plâtre et des opérateurs de nes de tri sur les gros chantiers pose problème. En outre, collecter
collecte et de traitement des déchets à l’échelle locale et/ou natio- les fenêtres issues de logements suppose la prise en charge des
nale. Même les villes les plus distantes des ateliers de recyclage menuiseries qui sont le plus souvent en bois, matériau plus diffi-
sont pourvues de point de collecte et de massification aux alen- cile à recycler que le PVC ou l’alu. Une évidence s’est imposée :
tours, afin d‘optimiser le transport de déchets de plâtre. pour récupérer les fenêtres de toute façon démontées lors d’une
déconstruction ou d’une rénovation, il fallait organiser un réseau
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■ Objectif : 245 000 tonnes de déchets recyclés de collecte des fenêtres, et y sensibiliser artisans, menuisiers et
particuliers.
En amont du recyclage, on cherche tout d’abord à limiter les
déchets. Un cursus de formation est proposé aux entreprises, Par exemple, a été mise en place une filière logistique composée
incluant le calepinage et la préfabrication, afin de planifier les élé- de Saint-Gobain Glass, de Lapeyre qui assure la reprise des fenê-
ments à mettre en œuvre et d’optimiser les découpes, ainsi que la tres, et de Paprec qui les démantèle au moyen de machines auto-
réutilisation sur chantier des chutes de plaques. En aval, les indus- matisées. Cette pratique devrait être étendue auprès d’autres
tries du plâtre ont pour objectif d’atteindre 245 000 t de déchets menuisiers mais le recyclage des fenêtres n’étant pas, pour le
externes de plâtre recyclés par an en 2020, contre 65 000 t obte- moment, une obligation et le faible coût des décharges qui
nues en 2014. accueillent les matériaux inertes comme le verre étant faible, il faut
De nouvelles technologies accompagnent ce développement. trouver un équilibre technico-économique.
Par exemple, en 2014, la première déchiqueteuse de plaques de
plâtre française a vu le jour, elle permet de réduire leur volume en
benne et d’augmenter de 30 à 40 % les déchets en camion. 3.3.4 Des projets expérimentaux
Plusieurs projets, en faveur d’un modèle durable de gestion des
déchets de plâtre, sont en cours : ■ Le projet Demoludor
– le projet Démoclès visant à développer la dépose sélective des
produits de second œuvre ; Ce projet cherche à optimiser la démontabilité des bâtiments au
– le projet Aquitaine réunissant une entreprise de démolition et moyen de solutions constructives facilitant la séparation des systè-
de plâtrerie, des artisans plaquistes, des négoces en matériaux, mes et composants sur les chantiers de rénovation ou de décons-
des déchetteries municipales, des collecteurs privés de déchets et truction. Cette approche de démontabilité a pour but de favoriser
un fabricant régional ; le tri sélectif sur le chantier, la réutilisation ou le réemploi des
– le projet Recygypse pour étudier la faisabilité d’un atelier de matériaux et composants, le recyclage ou à défaut une élimination
recyclage du plâtre dans la région Languedoc Roussillon ; optimisée. Ce projet de R&D est porté par l’ADEME et l’Alliance
– le projet européen « Gypsum to Gypsum » cherchant à déve- MECD (Matériaux et équipements pour la construction durable).
lopper des techniques de déconstruction facilitant le recyclage des
déchets de plâtre. ■ Le projet REPAR
Ce projet REemploi comme Passerelle entre ARchitecture et indus-
3.3.3 Industrie du verre plat trie propose une solution organisationnelle innovante en faveur de
l’économie circulaire. L’association d’architectes Bellastock, porteur
■ Augmentation du taux de calcin dans la production de verre du projet, et la SEM Plaine Commune (Seine-Saint- Denis) ont expé-
plat rimenté cette pratique de réemploi in situ de matériaux de
Ce procéde permet à la fois de préserver des matières naturelles construction, sur une friche industrielle devant être reconvertie en
non renouvelables, de réduire l’énergie nécessaire à la fabrication et éco-quartier. L’objectif est de minimiser les flux et d’optimiser les
en conséquence le taux d’émissions de CO2 . En effet, 1 t de calcin stocks, selon un processus en trois étapes : audit du gisement, col-
équivaut à 1,2 t de matière première, car celui-ci nécessite un moin- lecte et tri, réemploi. Le surcoût de la déconstruction sélective doit
dre niveau de chaleur (perte de masse due à une perte au feu), et en être compensé par les gains d’évacuation des déchets dont la pro-
cela on estime qu’1 t de calcin fait économiser 300 kg de CO2 . duction a été évitée et d’approvisionnement sur site en matériaux.

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_________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE, ÉNERGIE GRISE, ÉCONOMIE CIRCULAIRE

■ Le projet Démoclès l’environnement d’un produit, procédé ou service sur la totalité de


son cycle de vie (fabrication, transformation, utilisation, destruction).
Ce projet a pour objectif d’optimiser le recyclage des éléments
de second œuvre issus de la démolition/réhabilitation, le plus sou- FDES
vent détruits en mélange à cause de leur grande diversité. Pas
moins de 28 organismes, entreprises et administrations, répartis Fiches de déclarations environnementales et sanitaires conçues
en 4 groupes de travail, cherchent à identifier les freins techniques, pour permettre aux fabricants de fournir des informations sur les
organisationnels et économiques, à élaborer des recommanda- aspects environnementaux et sanitaires de leurs produits de
tions concrètes et opérationnelles, à définir les compétences construction, aux maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entrepri-
requises pour la dépose sélective. En parallèle, 10 chantiers tests ses. Elles s’appuient sur les ACV de ces produits.
en Île-de-France et en région Rhône-Alpes, financés par l’ADEME,
servent de support à l’amélioration de la dépose collective, en
repérant les difficultés liées au tri et aux filières de traitement. Un
cahier des charges précis est défini pour chaque chantier et des 5. Sigles
indicateurs de suivi mis en place : ratio des typologies de déchets
par m2, temps de dépose et de tri des éléments de second œuvre,
outils et méthodes utilisés, organisation logistique associée...
Sigles Significations
ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise
de l’énergie
4. Glossaire BBC Bâtiment basse consommation

Énergie grise BEPOS Bâtiment à énergie positive


Quantité d’énergie nécessaire pour produire un matériau ou un COV Composant organique volatil
produit à différentes étapes : conception, extraction, transport et
transformation des matières premières, fabrication, recyclage. CSTB Centre scientifique et technique du bâtiment
L’énergie grise d’un bâtiment correspond à la somme des énergies
DHUP Direction de l’habitat, de l’urbanisme
grises des produits qui le composent.
et des paysages
Énergie d’usage DVT Durée de vie typique
Énergie primaire consommée par le bâtiment, pour le chauffage,
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le refroidissement, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage et tous les cir- FDES Fiche de déclarations environnementales
cuits et moteurs associés (auxiliaires). et sanitaires

Énergie primaire ICEB Institut pour la conception éco-responsable


du bâti
Prise en compte, dans les consommations d’énergie, de l’éner-
gie utilisée pour la production, la transformation et l’achemine- IFPEB Institut français pour la performance
ment de celle-ci jusqu’au bâtiment, tandis que l’énergie finale ne des bâtiments
concerne que celle consommée par l’utilisateur et enregistrée au
INIES Informations sur l’impact environnemental
compteur. Par exemple, en France, équivalence de l’électricité à 1
et sanitaire
en énergie finale mais à 2,58 en énergie primaire.
MECD Matériaux et équipements pour la construction
Analyse cycle de vie (ACV)
durable
Méthode permettant d’évaluer les consommations d’énergie, les
utilisations de matières premières et les impacts potentiels sur PNSE Plan national santé et environnement

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P
O
U
Analyse du cycle de vie, R
énergie grise, économie circulaire
E
N
par Pascale MAES
Journaliste indépendante spécialisée dans l’efficacité et la performance énergétique
des bâtiments S
A
V
Sites internet
O
http://www.cstb.fr
http://www.ademe.fr
http://www.ifpeb.fr
http://www.unpg.fr I
Fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES) http://www.unicem.fr
http://www.base-inies.fr
http://www.elodie-cstb.fr
http://www.pnrecybeton.fr
http://www.setra.developpement-durable.gouv.fr
R
http://www.pep-ecopassport.org
http://www.lesindustriesduplatre.org
Guide Bio-Tech « L’énergie grise des matériaux et des ouvrages »
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http://www.asso-iceb.org http://www.fedeverre.fr
Projet de Loi sur la transition énergétique pour une croissance verte
http://www.developpement-durable.gouv.fr
Alliance MECD (Matériaux et équipements pour la construction durable)
http://www.mecd.fr P
http://www.institut-economie-circulaire.fr http://www.bellastock.com
L
Normes et réglementations françaises, européennes et internationales U
ISO 14040 2006 Management environnemental – Analyse du
cycle de vie – Principes et cadres
NF P01-010 12-04 Qualité environnementale des produits de
construction – Déclaration environnementale et S
sanitaire des produits de construction
ISO 14044 Management environnemental – Analyse du
cycle de vie – Exigences et lignes directrices NF XP 01-020-3 06-09 Qualité environnementale des produits et des
bâtiments, définition et méthodes de calcul des
ISO 14025 Marquages et déclarations environnementaux – indicateurs environnementaux pour l’évaluation
Déclarations environnementales de type III – de la qualité environnementale d’un bâtiment
Principes et modes opératoires
Décret no 2011-610 du 31 mai 2011 relatif au diagnostic portant sur la gestion
NF EN 15804 07-11 Contribution des ouvrages de construction au des déchets issus de la démolition de catégories de bâtiments.
développement durable – Déclarations environ-
nementales sur les produits – Règles régissant Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil relative aux
les catégories de produits de construction déchets, novembre 2008.

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