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2/Définition
Dans le sens courant du terme, l'utopie est un rêve irréalisable. Thomas
More fut le premier à utiliser ce mot pour désigner la société parfaite
qu'il imaginait. Dans le mot utopie, la racine grecque topos, signifiant
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lieu, est précédée d'une lettre remplaçant aussi bien le préfixe eu qui veut
dire bien que le préfixe ou, la négation. L'utopie est un bon lieu
inexistant. Elle est, dira Jean-Jacques Wunenburger, « la relation de
l'imagination historique avec cet ailleurs qui n'est jamais tout à fait nulle
part, et qui nous déporte toujours vers du nouveau. »
Certaines utopies, les cités idéales de Platon, de saint Augustin ou de
Thomas More sont plus proches de l'idéal que du devis; d'autres comme
le projet de Staline, celui de Marx ou celui des millénaristes libéraux
actuels sont plus proches du devis.
la Cité idéale est une conception urbanistique visant à la perfection
architecturale et humaine. Elle aspire à bâtir et à faire vivre en
harmonie une organisation sociale singulière basée sur certains
préceptes moraux et politiques
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La Cité idéale, d'abord attribuée à Piero della Francesca
3/Aperçus historiques :
« Ainsi ces anciennes cités qui, n'ayant été au commencement que des
bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes,
sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières
qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine »
Dès l'antiquité, les hommes rêvent d'édifier une cité idéale comme en
témoigne le mythe de la Tour de Babel. Le sujet apparaît chez les
philosophes grecs dans le contexte particulier de la cité-état, La
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République de Platon (427 à 348 av. J.-C.) en étant le plus célèbre
exemple. Or, de fait, à partir du VIIe siècle av. J.-C., certaines volontés
de rationaliser l'organisation spatiale de la ville se manifestent,
notamment dans les villes nouvelles. Un plan orthogonal à damier
encore grossier, dit plan hippodamien apparaît dans plusieurs colonies
grecques telles que Sélinonte. On le retrouve par la suite aussi bien dans
les villes antiques, et contemporaines. Cette rationalisation de l'espace
urbain, dont la paternité a longtemps été attribuée à Hippodamos de
Milet (Ve siècle av. J.-C.), montre un souci de planification et
d'optimisation de la gestion de la forme urbaine qui rejoint les
préoccupations des philosophes. Selon Aristote, Hippodamos est à la
recherche de la cité idéale au sens où l'organisation de l'espace urbain
s'applique à traduire l'organisation de la république idéale, et on lui
attribue le plan en damier du Pirée, ainsi qu'en -479 av. J.-C. la
reconstruction de Milet, incendiée par les Perses.
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Ville de Milet
La fondation des villes par les colons romains, telle que la décrit Pierre
Grimal, est effectuée selon un plan idéal obéissant à plusieurs
exigences : rationalisation de l'espace par un réseau de rues en damier à
partir d'un axe majeur fourni par l'intersection à angle droit du
decumanus et du cardo dont les extrémités vont être les quatre accès
principaux à la ville; découpage de l'espace en ilots qui seront répartis
selon le rang et la fonction des futurs occupants dans un esprit de justice
et d'égalité ; enfin orientation selon un plan est-ouest (decumanus) et
nord-sud (cardo), déterminé par rapport au soleil, qui indique la
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dimension sacrée de la ville et peut-être son rapport au monde. La cité
idéale romaine est une sorte de matrice, l'essence de la ville-mère,
l'Urbs, Rome. Traduite sur le terrain, la ville romaine doit permettre aux
citoyens de circuler, d'habiter, de travailler et d'être sous la protection
des dieux. Pierre Grimal cite l'exemple de Timgad, aujourd'hui inscrite
au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO.
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Axe majeur decumanus
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Quoi qu'il en soit, le christianisme, s'appuyant sur le texte de
l'Apocalypse de Saint Jean, offre aux fidèles la promesse d'une cité
idéale qui n'est pas de ce monde, la Nouvelle Jérusalem. La cité idéale à
laquelle les hommes doivent travailler, c'est La Cité de Dieu de Saint
Augustin.
Cénotaphe de Newton
Un cénotaphe est un monument dédié à la mémoire d’un mort mais à la
différence d’un tombeau il ne contient pas de corps.
Ces images montrent des projets de cénotaphes imaginés par
l’architecte français Étienne-Louis Boullée ( 1728-1799 ) qui est une des
principales figures de l’architecture néoclassique en France.
Son style comporte des formes géométriques simples, l’absence de tout
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ornement superflu, la répétition des éléments comme les colonnes, le
tout sur une échelle gigantesque.
On peut voir en autres sur les images un de ses projets de cénotaphes
à Isaac Newton, jamais construit, composé d’une sphère de 150m posée
sur une base circulaire couronnée de cyprès.
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New Harmony, projet de communauté du socialiste Dessin pour le projet d’Icarie
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la santé de ses habitants. La rénovation de Paris par Haussmann,
Belgrand et Alphand est inspirée par ces théories hygiénistes comme en
témoignent la construction des espaces verts ou des égouts de Paris.
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Familistère de Guise
a- Le Familistère :
« Familistère » est le nom donné par Godin aux bâtiments d'habitation
qu'il fait construire pour ses ouvriers et leurs familles à partir de 1858 et
jusqu'en 1883, probablement à partir de plans de l'architecte fouriériste
Victor Calland. Il s'inspire directement du phalanstère de Fourier, mais,
comme il le fera toujours, effectue un tri dans la théorie pour l'adapter à
ses propres idées et surtout pour la rendre plus réalisable.
Godin proscrit la maison individuelle et donne ses raisons
dans Solutions sociales : «Les prôneurs de petites maisons ne
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remarquent pas qu'en descendant un peu, à partir de la petite maison, on
voit poindre la hutte du sauvage Dans les campagnes, le mendiant en
haillons possède un toit et un jardin. L'isolement des maisons est non
seulement inutile, mais nuisible à la société». Pour Godin, le familistère
permet de créer des «équivalents de richesse» auxquels les ouvriers ne
peuvent accéder de manière individuelle, mais qui leur sont accessibles
quand ils sont mis en commun en remplaçant « par des institutions
communes, les services que le riche retire de la domesticité ».
Godin écrit en 1874 dans La richesse au service du peuple. Le
familistère de Guise : «Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du
galetas de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure
de l'ouvrier dans un Palais : le Familistère, en effet, n'est pas autre chose,
c'est le palais du travail, c'est le PALAIS SOCIAL de l'avenir».
b- Le Phalanstère :
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sexes », (les mineurs, pour Fourier, appartiennent à un troisième sexe, un
sexe neutre ou impubère).
Le phalanstère est une sorte d'exploitation agricole avec des bâtisses
pour le logement et l'amusement, pouvant accueillir 400 familles au
milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive les fruits et les fleurs
avant tout. Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands
réfectoires et les chambres agréables.
Destiné à abriter 1 800 à 2 000 sociétaires, le phalanstère est un bâtiment
de très grande taille : une longueur de 600 toises, soit environ 1 200 m, à
comparer aux 500 m du château de Versailles ; une surface occupée –
bâti et non bâti — d'environ 4 kilomètres carrés ; des arcades, de grandes
galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des
salles spécialisées de grande dimension (tour-horloge centrale, bourse,
Opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses
salles publiques ; des ailes réservées au « caravansérail » et aux activités
bruyantes ; une cour d'honneur de 600 m x 300 m, dans laquelle tiendrait
la grande galerie du Louvre ; une cour d'hiver de 300 m de côté (à
comparer aux 100 m de la Place des Vosges) plantée d'arbres à feuillage
persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux…
La Cité linéaire
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extrême mais qui tend à résoudre de nombreux problèmes : son projet à
pour ambition d’harmoniser les zones urbaines et rurales. Le slogan de
sa ville sera en effet un moment : « ruraliser la vie urbaine, urbaniser la
campagne. » Il crée une ville monodimensionnelle le long d’un
boulevard de 500m de large mais de longueur infinie permettant de relier
les centres urbains denses entre eux. Son projet appartient au
mouvement urbaniste de la fin du siècle mais surtout au courant culturel
espagnol de la « génération 1898 » en réaction à la crise de la perte des
restes de l’empire colonial (Cuba, Porto Rico, les Philippines) et visant à
régénérer le pays de l’intérieur. Il propose même à l’état espagnol de
systématiser l’application de sa solution urbaine à toutes les villes afin
de structurer la croissance urbaine et d’organiser le territoire par un plan
de colonisation intérieur.
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supérieure à celle des rues secondaires parallèles à la rue principale. Son
projet est aussi une réponse à la question posée par le congrès national
des architectes espagnols sur la concentration des habitations ouvrières.
Il dit à ce propos : « riches et pauvres vivront à proximité les uns des
autres sans pour autant être attachés à un même escalier et
superposés. » et aussi « ni sous-sols, ni greniers, ni agglomération de
misère telles que les constructions de bienfaisance moderne les
regroupent, pour engendrer de nouvelles misères ». Cette solution
urbanistique tente aussi de lutter contre la spéculation et Arturo Soria y
Mata envisage même implicitement la municipalité des terrains de sa
cité. En effet sa cité prend place hors des zones déjà urbanisées ou en
spéculation. Il réorganise l’agglomération en la prenant à revers à partir
de sa périphérie et non du centre. De plus il annule la question de la
limite urbaine puisque sa ville peut être continuée indéfiniment sans
créer de concentration excessive.
Une ville mythique est une ville qui est mentionnée dans le folklore
(oral ou écrit) mais dont on ne dispose pas de preuve d'existence. Même
si une ville imaginaire utilisée comme décor dans une fiction peut
devenir mythique (comme Métropolis ou Laputa), une ville mythique est
souvent considérée comme ayant existé réellement jadis, et ayant
disparu depuis. La cause de cette disparition est toujours un événement
assez frappant pour susciter un mythe, c'est-à-dire une catastrophe,
notamment une catastrophe que nous appelons maintenant « naturelle »
(mais qui, historiquement, apparaissait plutôt comme surnaturelle, de
sorte qu'il y a alors toujours une explication impliquant les puissances
divines ou infernales), ou une guerre particulièrement importante.
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la Lémurie, un continent hypothétique situé dans l'Océan indien,
parfois confondue avec le continent Mu situé dans le Pacifique ;
les sept capitales de Mu, un hypothétique continent englouti dans
le Pacifique ;
le mythe des cités d'or ;
Sodome et Gomorrhe, dans la Bible ;
Shangri-La dans la région tibétaine ;
Troie, considérée comme mythique jusqu'à des fouilles sérieuses ;
Ys, la cité engloutie de la légende de Bretagne ;
Vineta, sur la côte de la mer Baltique ;
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6/Villes utopiques du XXe siècle :
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« C’est, avant la Charte d’Athènes, le premier manifeste de l’urbanisme
progressiste » : tels sont les mots de Françoise Choay pour qualifier
l’introduction d’Une Cité industrielle. Publié en 1917, mais connu dès
1904, l’ouvrage de Tony Garnier présente, dans son introduction, une
utopie urbaine et architecturale qui trace la voie au futur « style
international ». Le document jette en quelques lignes les bases d’une
cité nouvelle dans un premier vingtième siècle où, en France, le
progressisme dame le pion aux quelques défenseurs de l’urbanisme
culturaliste. A mi-chemin entre la construction a priori et l’ancrage dans
la région lyonnaise, l’introduction de l’ouvrage définit l’organisation
d’une cité-type, idéale et auto-suffisante, d’après les préceptes hérités de
l’hygiénisme, des premiers débats sur le fonctionnalisme et des utopies
socialistes ; car, si elle prétend dans une certaine mesure à l’universel, la
Cité industrielle reste par essence liée à l’histoire de l’industrialisation,
tout particulièrement dans la vallée du Rhône et autour des soieries
lyonnaises –et l’enjeu est d’autant plus important que l’ouvrage a connu,
à grands traits, une application pratique. S’il fait partie de la Société des
Urbanistes et de l’Union des Architectes Modernes, à l’échelle locale,
Tony Garnier est aussi à partir de 1905, l’architecte en chef de la ville de
Lyon.
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locale sur l'œuvre de Tony Garnier ; alors que Lyon s’affirme comme
métropole d’une région industrielle à la fin du XIXe siècle
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Le projet de Baldwin Hills Village, qui voit le jour au début des années
quarante aux États-Unis, se situe dans la tradition des cités-jardins.
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Ville du Chandigarh/Le Corbusier
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Ville de Brasilia d’Oscar Niemeyer
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Louvain-la-Neuve est une ville nouvelle dont la construction débute
dans les années 1970. Ses concepteurs ont essayé de répondre aux
critiques faites aux villes modernes en posant trois principes : mixité,
architecture sans gigantisme à taille humaine, absence de circulation
automobile.
Les types de cité idéale contemporaine varient : d'un côté des projets
pharaoniques de nouveaux riches, stigmatisés par leurs opposants, de
l'autre des utopies aux revendications d'égalité et de justice sociale. Un
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exemple des premiers pourrait être le développement de Dubaï, qui
réinjecte la manne pétrolière dans un urbanisme qui est un défi à la fois
aux conditions climatiques difficiles du désert et à l'architecture de l'ère
industrielle. Dubaï, encensée par Rem Koolhaas, est présentée par Mike
Davis comme le « fruit de la rencontre improbable d'Albert Speer et de
Walt Disney sur les rives d'Arabie. » Les nouvelles utopies, d'une grande
hardiesse technologique, sont souvent inspirées par le désir d'anticiper
les changements climatiques tout en pratiquant une architecture
vertueuse, soucieuse des hommes et de l'environnement, rationnelle et
esthétique à la fois. À l'heure actuelle, le débat fait rage à l'intérieur
même du camp de l'urbanisme durable entre partisans (comme Jacques
Ferrier et ses tours Hypergreen) et opposants de l'urbanisation verticale.
Le documentaire Last Call for Planet Earth - architects for a better
world (2007-2008), du réalisateur Jacques Allard, tente de résumer les
enjeux de la ville idéale du futur.
La ville est un objet socialisé qui dialogue avec une société, non avec les
spécialistes; c'est l'essence du progrès démocratique. Elle n'est pas
réductible à des fonctions vitales, à la reproduction aveugle d'un état
existant, ou à un modèle utopique quelconque. La ville est une langue
vivante, qui doit être intelligible car une autre voie est possible : la ville
« naturaliste » de Frank Lloyd Wright se fonde sur son rejet et se
développe aujourd'hui de façon autonome autour de l'individualisme du
plaisir et du refus des contraintes ; c'est la problématique actuelle du
« péri-urbain anti-urbain » contre les centres anciens paupérisé.
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d' "arriver en construisant on édifice théorique rigoureux, à formuler des
principes fondamentaux d'urbanisme moderne".
La cité: 24 gratte-ciel
pouvant contenir 10.000 à
50.000 employés chacun,
les affaires, les hôtels,
etc... 400.000 a 600,000
habitants. Habitations de
villes, lotissements à
redents fermés: 600.000
habitants. Les cités-
jardins: 2.000.000
d'habitants et davantage.
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À la fin de son étude sur ce projet, Le Corbusier déclare que pour lui,
cette ville n'est pas "d'un futurisme périlleux, dynamite littéraire jetée en
clameur à la face de celui qui regarde. C'est un spectacle organisé par
l'architecture avec les ressources de la plastique qui est le jeu des
formes sous la lumière".
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