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Salives et milieu buccal


B. Pellat

La cavité orale est à la fois ouverte sur le milieu extérieur et sur le milieu intérieur. Elle doit donc se
comporter comme une véritable interface, traitant tout ce qui y transite pour le rendre acceptable par
l’organisme. Qui plus est, la bouche est le siège de plusieurs fonctions spécifiques comme l’élocution et
l’expression du visage par exemple. Pour répondre à ces exigences, l’ensemble des partenaires de cet
environnement particulier interagit, donnant un ensemble extrêmement évolutif. Les sécrétions salivaires,
spécifiques selon leur origine, sont un contributeur majeur de l’écosystème buccal. Si leur étude
particulière est essentielle pour connaître la physiologie et la physiopathologie salivaire, il est nécessaire
de comprendre comment les produits de ces sécrétions se comportent dans le fluide oral qui habite la
cavité buccale. Ce fluide oral est lui-même l’un des éléments d’un ensemble plus complexe appelé milieu
buccal qui intègre tous les éléments anatomiques de la bouche, mais aussi tout ce qui rentre et qui sort de
cet espace (micro-organismes, aliments, air, polluants atmosphériques, etc.). Comment le fluide oral
interagit-il avec les dents, avec les muqueuses, avec les micro-organismes, vis-à-vis des aliments ?
Comment un environnement soumis à tant de contraintes mécaniques, chimiques, microbiennes,
physiques, s’adapte-t-il, bien ou mal ?
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Mots clés : Milieu buccal ; Salives ; Fluide oral ; Bactéries ; Dents ; Muqueuses
.

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Les sécrétions salivaires contribuent à l’écosystème oral ; elles
sont issues de trois paires de glandes salivaires dites majeures
¶ Fluide oral 2
(glandes parotides, sous-mandibulaires et sublinguales) et de
¶ Composition inorganique des sécrétions salivaires 2 nombreuses petites glandes dites mineures, réparties dans les
¶ Mucines 2 différentes muqueuses tapissant la cavité buccale. Toutes les
Structure des mucines 3 glandes salivaires sont faites de cellules d’origine épithéliale
Glycoprotéines muqueuses 1 (MG1) : MUC5B salivaires 3 hautement différenciées constituant deux parties bien distinc-
Glycoprotéines muqueuses 2 (MG2) : MUC7 salivaires 4 tes ; l’acinus et son canal intercalaire d’une part, et deux
Activité du groupe sanguin dans les sécrétions salivaires 4 niveaux de canaux (granulaires et striés) d’autre part. Le
¶ Amylases salivaires 4 processus sécrétoire se fait en deux temps : d’abord par émission
d’un fluide primaire par ultrafiltrat plasmatique isotonique via
¶ « Proline-rich proteins » (PRP) 4 les cellules acineuses, enrichi de substances synthétisées in situ,
¶ Stathérine 5 puis transformation de ce produit lors de la traversée
¶ Cystatines 6 du système canalaire par réabsorption énergie-dépendante,
protéolyse sous le contrôle d’enzymes sécrétées à ce niveau et
¶ Anhydrases carboniques 6
synthèse et sécrétion de nouvelles substances [1]. L’ensemble de
¶ Diverses molécules 6 ces processus est régulé par le système nerveux autonome [2].
¶ Propriétés antibactériennes des salives 7 Les salives sécrétées par chacun des types de glandes ont leur
Défensines 7 caractère propre. L’homme produit entre 750 et 1 000 ml de
Peroxydases salivaires 7 salive par 24 heures selon trois périodes bien distinctes :
Lysozyme 7 • repos : 0,5 ml/min ;
Lactoferrine 7 • stimulation (repas) : 1 à 2 ml/min ;
Histatines 7 • sommeil profond : 0,05 ml/min.
Immunoglobuline A 8 La salive est un liquide fait de 99,4 % à 99,5 % d’eau ; le
¶ Propriétés antivirales des salives 8 résidu sec se partage entre 0,30 % à 0,34 % de substances
Virus influenza A (VIA) 8 organiques (3 à 3,4 g/l, pour l’essentiel des protides) et 0,18 %
Virus herpès simplex de type 1 (VHS1) 8 à 0,22 % de substances inorganiques (1,8 à 2,2 g/l).
Virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (VIH1) 8 La salive est très hypotonique par rapport aux autres fluides
physiologiques : 60 à 120 mOsm/kg contre 290 mOsm/kg pour
¶ Notions d’endocrinologie salivaire 8
le plasma.
¶ Notion de peptidome oral 8 Le pH salivaire moyen, en l’absence de toute stimulation, est
¶ Conclusion 9 de 5,75 à 6,15. Dans les mêmes conditions, la salive paroti-
dienne est plus acide (pH 5,8) que la salive sous-mandibulaire

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Contributions locales
Sécrétions salivaires
Fluide gingival
“ Point important
Hémorragies locales
Cellules épithéliales desquamées Le milieu buccal
Le concept de milieu buccal s’inspire de celui de milieu
Contributions exogènes intérieur. Il faut le voir comme un espace, voire comme un
Bactéries
Levures sas, siège d’interactions entre ses constituants.
Fluide
Champignons Appartiennent au milieu buccal les éléments anatomiques
Contributions endogènes oral
Sécrétions nasales
Virus qui l’occupent et le bordent (dents, langue, lèvres, joues,
Débris alimentaires palais, plancher, gencives, muqueuses), les sécrétions
et bronchiques
Médicaments et produits
Éventuels produits du salivaires, les produits apportés par le fluide gingival, la
d'hygiène résiduels
reflux gastro-œsophagien flore microbienne résidente ou en transit, les aliments de
Gaz de l'air respiré
Polluants atmosphériques passage et retenus, l’air inspiré et expiré. Des interactions
entre tous ces partenaires dépend l’état physiologique ou
Figure 1. Fluide oral.
pathologique des dents, du parodonte et des muqueuses.

(pH 6,4). Après stimulation (repas par exemple), le pH aug-


tonique, ce qui optimise la gustation [4]. Comme le montre le
mente (7,2) en même temps que le débit salivaire, alors que,
Tableau 1, les teneurs sont très sensibles aux stimuli et sont peu
durant le sommeil, il descend en dessous de sa valeur moyenne
comparables au plasma.
(cette baisse accompagne la chute de débit).
Il y a lieu de bien différencier les sécrétions pures (prélevées
aux ostia propres à chaque type de glandes) et le fluide oral qui
baigne la cavité buccale.
■ Mucines
Les mucines, aussi dénommées « glycoprotéines muqueuses »
(mucous glycoproteins – MG), sont des glycoprotéines fortement
■ Fluide oral glycosylées, composantes des mucus, sécrétées par des cellules
épithéliales spécialisées du tractus gastro-intestinal, de l’arbre
Le fluide oral mérite une étude particulière. En effet, c’est lui respiratoire et du système urogénital, voire, dans certains cas,
qui est en interaction avec tous les partenaires du milieu buccal par des cellules endothéliales. Ces MG tapissent leurs épithélia
(Fig. 1). Contrairement aux sécrétions salivaires qui sont respectifs, formant ainsi une barrière visqueuse et lubrifiante
normalement aseptiques, le fluide oral recèle entre 4,3 × 106 et protégeant l’épithélium sous-jacent de la dessiccation, de
5,5 × 109 micro-organismes par ml. On y identifie aussi un lésions, et des agressions microbiennes. Ce film muqueux est
certain nombre de constituants d’origine sérique et tissulaire soumis à des frottements mécaniques et à des actions enzyma-
absents des sécrétions salivaires, comme par exemple des tiques, et se trouve être en perpétuel renouvellement. On
immunoglobulines G, de la sérum-albumine, de l’a-macro- connaît à ce jour une vingtaine de gènes codant les mucines
globuline ou des peptides de collagènes, apportées par le fluide humaines.
gingival. Même les protéines salivaires soutiennent ce concept ; Les mucines peuvent être regroupées en trois classes :
par exemple, la concentration en histatines du fluide oral est six • les mucines lourdes, sécrétées formant des gels (MUC2,
fois inférieure à celle de la salive parotidienne [3]. Nous aurons MUC5AC, MUC5B, MUC6) de haut poids moléculaire ;
l’occasion de revenir sur ce point particulier. Le fluide oral abrite • les mucines légères sécrétées solubles (un seul gène connu :
aussi des restes de cellules provenant de la desquamation de MUC7) ;
l’épithélium oral, des débris alimentaires, des substances issues • les mucines lourdes associées aux membranes (une dizaine de
des sécrétions bronchiques ou nasales, voire œsophagiennes en gènes connus : MUC1, MUC3, MUC4, MUC12, etc.) possédant
cas de reflux gastro-œsophagien, de produits sanguins en cas un domaine transmembranaire hydrophobe en C-terminal.
d’hémorragie. MUC4 est exprimé, entre autres, dans les cellules des canaux
striés des glandes parotides et sous-mandibulaires. MUC4 est
connue pour interférer avec la signalisation cellulaire. Ces
■ Composition inorganique mucines peuvent être surexprimées lors de certains cancers
(carcinome mucoépidermoïde des glandes salivaires par
des sécrétions salivaires exemple), ou sous-exprimées dans d’autres cancers (carcinome
de la prostate) et dans certaines maladies inflammatoires
La salive primaire, issue des acini, est un ultrafiltrat plasma- (maladie de Crohn par exemple) [5].
tique, donc isotonique, mais une réabsorption active de certains Deux types de mucines sont synthétisés et sécrétés par les
ions dans les canaux glandulaires génère une salive très hypo- cellules acineuses mucoséreuses sous-mandibulaires, sublinguales

Tableau 1.
Concentrations ioniques (en mol/l) dans la salive sécrétée, le fluide oral, et par comparaison, dans le plasma.
Salives sécrétées non stimulées Salives sécrétées stimulées Fluide oral (valeurs moyennes) Plasma
Na+ 2,7 50 13 143,3

K+ 46 18 20 4,1

Cl– 31 36 100,9
++
Ca total 1,6 1,5 2,5

HCO3– 0,6 29 27,5



F 0,8 × [F] pl 0,8 × [F] pl 0,8 × [F] pl Selon apports

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NeucAc F

Gn Gn

G G

Gn M G

GaN Gn

O G

N C Apomucine

GaN

Gn F

Domaine de séquences répétées en tandem Domaines N- et C-terminaux


riches en sérines (Sér) et thréonines (Thr) riches en cystéines (Cys) pour MUC5B

S S
S S

Organisation de MUC5B

Figure 2. Structures des mucines. GaN : N-acétylgalactosamine ; Gn : N-acétylglucosamine ; F : fructose ; M : mannose ; NeucAc : acides N-acétyl-
neuraminiques (NeucAc ou NANA ou acides sialiques).

et des glandes mineures (mais pas par les glandes parotidien- moléculaire à l’égard de divers constituants protéiques ou
nes), et constituent les composants majeurs de ces salives lipidiques, un support sérologique, une barrière bactériostatique.
(jusqu’à 26 % des protéines salivaires sont des mucines). Ce Les chaînes glycanniques protègent les mucines de la protéolyse
sont les glycoprotéines muqueuses 1 (MG1 ou MUC5B codées et interagissent avec nombre de micro-organismes.
par le gène MUC5B) et 2 (MG2 ou MUC7 codées par le gène La glycosylation des mucines peut évoluer en réponse à des
MUC7). stimuli extérieurs et lors des processus pathologiques [6].
Les propriétés lubrifiantes des mucines, déjà évoquées, sont
Structure des mucines liées à leur état de polyions amphotères. L’ionisation des
groupes des chaînes glycanniques est sensible aux variations de
Les mucines sont des glycoprotéines : la protéine porteuse
pH et de force ionique, à la présence de substances chélatantes
– l’apomucine – constitue le squelette de la molécule. Sa partie
(rhubarbe, épinards, oseille, etc.) et de produits riches en acides
centrale est faite de « séquences répétées en tandem » de 6 à
organiques tels l’acide oxalique, l’acide citrique, l’acide malique
170 acides aminés, riches en sérines et thréonines, résidus
(pommes), l’acide tartrique (raisin) ; ces aliments sont qualifiés
supports des O-glycosylations. Les extrémités N- et C-terminales
d’astringents [7].
sont particulièrement riches en cystéines pour les mucines
Il est notable que la désialidation (élimination des acides
formant des gels. C’est là que se forment les ponts disulfures
sialiques par une neuraminidase) des mucines entraîne une
entre monomères (Fig. 2).
évolution de la conformation en bâtonnet vers une forme
Les chaînes glycanniques greffées sur l’apomucine dépassent
globulaire, avec perte de la viscosité.
largement en masse la partie protéique et se lient aux acides
aminés hydroxylés sérine et thréonine par l’intermédiaire d’une Glycoprotéines muqueuses 1 (MG1) :
N-acétylgalactosamine ; ces chaînes présentent une grande
hétérogénéité (2 à 15 unités glucidiques en séquences linéaires MUC5B salivaires
ou ramifiées), tout en restant faites d’un nombre limité de types Les glycoprotéines muqueuses 1 (MG1), ou MUC5B, de haut
de glucides : N-acétylgalactosamine, N-acétylglucosamine, poids moléculaire (> 11 × 106 Da), insolubles, codées par le gène
fructose, galactose, mannose, acides N-acétyl-neuraminiques MUC5B, sont exprimées dans les glandes majeures, sous-
(NeucAc ou NANA ou acides sialiques). Les acides sialiques (en mandibulaires, sublinguales, et mineures, palatines et labiales.
fait, tout un groupe de molécules dérivées de l’acide neurami- Leur apomucine ne représente que 15 % de leur masse ; les
nique), toujours situés en extrémité de chaîne glycannique, chaînes sont sulfatées et riches en résidus d’acides sialiques. Ce
exercent, de par leur caractère anionique, un effet de répulsion sont des oligomères faits de nombreux monomères de 2 × 106 Da
interdisant le repliement de la molécule et justifiant la confor- reliés par ponts disulfures ou liaisons non covalentes de type
mation en bâtonnet des mucines. Cette structure explique les hydrophobe. Les fortes propriétés rhéologiques de MUC5B
propriétés viscoélastiques caractéristiques des mucines en expliquent leurs propriétés viscoélastiques qui facilitent la
solution aqueuse. mastication, l’élocution et la déglutition. MUC5B contribue à la
Les mucines sont très interactives. La fraction glycannique formation de tous les films recouvrant l’émail en 2 heures
peut être considérée comme une résine biologique, un piège (contribution à la formation de la pellicule acquise exogène par

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Activité du groupe sanguin


“ Point important dans les sécrétions salivaires
Les antigènes porteurs de l’activité « groupe sanguin » (ABO
Astringence et Lewis) se retrouvent non seulement sur les globules rouges
L’astringence est cette sensation de rugosité gustative, (sous forme de glycolipides dans la membrane plasmique), mais
voire de bouche sèche, due à la précipitation de protéines aussi dans les sécrétions et au sein de certains tissus sous forme
de glycoprotéines.
salivaires. Elle est le fait d’acides organiques ou
Les glycosylations terminales peuvent conférer aux glycopro-
inorganiques, de sels de cations multivalents et des téines salivaires (mucines en particulier) différentes activités
tannins (polyphénols comme l’anthocyane par exemple). antigéniques, dont celles liées aux groupes sanguins ; 76 % de
Les tannins, constituants de certains légumes, fruits ou la population est dite « sécréteur » parce qu’elle produit en
graines, offrent à ces végétaux un mode de défense contre abondance dans sa salive des antigènes ABH (O), les 24 %
leurs prédateurs animaux, indisposés par l’astringence. restant ne sécrètent qu’un précurseur qui n’a pas de propriétés
antigéniques discriminantes. Ces « substances à activité de
groupes sanguins » sont sécrétées dans d’autres mucus, ou
élaborées en grandes quantités dans des sécrétions
une bonne affinité pour les apatites biologiques) et les surfaces pathologiques.
épithéliales (0,07 à 0,1 mm d’épaisseur) et se comporte comme Le pouvoir antigénique de type groupe sanguin retrouvé dans
une barrière protégeant les dents et les muqueuses des agressions les salives est largement exploité par la police scientifique à des
mécaniques, bactériennes et virales. Les glandes mineures fins d’identification de suspects. En effet, il est très aisé de
semblent jouer un rôle essentiel dans la formation du film prélever des traces de salive sur un mégot de cigarette, sur un
muqueux. MUC5B se comporte comme une matrice piégeant verre ou un couvert, sur un timbre, sur le corps d’une victime,
d’autres protéines comme le lysozyme, les immunoglobulines A sur divers objets ayant été en contact avec la bouche.
(IgA) ou la lactoferrine [8].
Le film salivaire formé in vitro est capable de protéger l’émail
de la déminéralisation. Une pellicule formée par une salive ■ Amylases salivaires
privée de mucines n’offre que 30 % de son potentiel normal de L’a-amylase ou ptyaline fut découverte dans la salive en
protection. 1826 par Tiedemann et Gmelin. C’est l’enzyme la mieux
Les mucines salivaires sont retrouvées aussi au sein de la représentée dans la salive (environ 10 % des protéines salivaires,
couche de gel muqueux, qui tapisse les parois gastriques, et elles 70 % d’origine parotidienne).
pourraient jouer un rôle de protection de la muqueuse de Chez l’homme, l’a-amylase se trouve dans les sécrétions
l’estomac [9]. salivaires et pancréatiques, et est sous le contrôle de deux gènes
différents, AMY1 et AMY2 respectivement. De grandes similitu-
Glycoprotéines muqueuses 2 (MG2) : des de séquence existent entre l’a-amylase salivaire et celle du
pancréas humain, mais leurs régulations respectives sont
MUC7 salivaires indépendantes l’une de l’autre.
Les glycoprotéines muqueuses 2 (MG2), codées par le gène L’a-amylase compte plusieurs isoformes plus ou moins
MUC7, monomériques, sont solubles et plus petites que les glycosylées ou désaminées, qui se répartissent en deux groupes :
précédentes (200 à 1 500 kDa, la protéine comptant pour 30 %). • le groupe A qui est glycosylé : trois isoformes ;
MUC7 n’est exprimée que par les glandes sous-mandibulaires et • le groupe B qui ne l’est pas : trois isoformes.
sublinguales et, dans une moindre mesure, dans la trachée. L’a-amylase catalyse l’hydrolyse des liaisons a (1→ 4) des
MUC7 en solution piège, via ses adhésines affines pour des amidons (Fig. 3). Les produits de l’hydrolyse sont variés : du
chaînes glycanniques [10] , certains micro-organismes, tels glucose, du maltose (disaccharide à deux unités glucose), du
Porphyromonas gingivalis, Helicobacter pylori [11] , Actinomyces maltotriose (trisaccharide à trois unités glucose), quelques
naeslundii, Streptococcus sanguis, le virus Influenza ou Candida dextrines limites (noyaux résiduels très ramifiés d’amylopectine,
albicans, les empêchant d’adhérer aux surfaces orales, et favorise limite de l’attaque des amylases). L’amylase ne peut attaquer
ainsi la clairance des germes par déglutition. que l’amidon cuit, la chaleur de cuisson solubilisant l’enveloppe
externe des granules d’amidon. L’amylase salivaire assure une
Les stimulations gustatives et masticatoires augmentent le
part de la digestion des amidons alimentaires jusqu’à l’arrivée
débit salivaire et la production de mucines, ce qui aide à la
dans l’intestin où la forme pancréatique prend le relais.
déglutition (lubrifiant masticatoire). Le mucus facilite le
De nombreuses études établissent une corrélation entre l’état
glissement sur les surfaces dentaires. Les salives contenant de la
de stress psychologique et le taux de sécrétion de l’a-amylase,
mucine sont 50-100 % plus visqueuses que la salive paroti-
au point de la considérer comme un marqueur du stress au
dienne qui en est dépourvue.
même titre que le cortisol [15].
La formation de la pellicule acquise exogène dépend de la
L’a-amylase salivaire possède aussi un site de liaison à l’émail,
nature des premières protéines adsorbées. De même, plus
et des sites potentiels pour se fixer aux adhésines bactériennes.
tardivement, MUC5B peut déplacer de petites quantités de
L’a-amylase en solution se lie avec une grande affinité à certains
stathérine ou de proline-rich-proteins (PRP) [12].
streptocoques, une fonction qui conduit à la clairance et/ou à
La nature et l’organisation des protéines et des mucines
l’adhérence de ces bactéries dans la cavité buccale [10] . En
salivaires du film conditionnent la sélection des micro-
revanche, Streptococcus mutans adhère moins bien sur l’hydro-
organismes qui adhèrent aux surfaces orales, et de ceux qui sont
xyapatite prétraitée à la salive. L’a-amylase liée à une surface
agglutinés et déglutis.
bactérienne conserve environ 50 % de son activité enzymati-
Il est admis que les glycoprotéines, et en particulier les que [16]. Ainsi, l’a-amylase liée à une bactérie peut hydrolyser
mucines des biofilms peuvent être utilisées comme nutriments l’amidon en glucides simples, lesquels pourraient être utilisés
par la flore de la plaque. Aucun germe ne possédant à lui seul comme nutriment par les bactéries.
l’équipement enzymatique nécessaire, une coopération bacté-
rienne est nécessaire. La récupération des unités glucidiques aux
dépens des chaînes glycanniques des glycoprotéines est essen- ■ « Proline-rich proteins » (PRP)
tielle pendant les périodes d’absence prolongée d’apport de
sucres par l’alimentation [13] : elle suppose l’intervention de On trouve, dans les sécrétions des glandes majeures, une
multiples enzymes hydrolytiques telles des neuraminidases, des vingtaine de protéines qui se caractérisent par une forte
glucosaminidases, des b-galactosidases et autres mannosidases représentation de l’acide aminé proline (25 % à 42 % de leurs
ou fucosidases [14]. acides aminés), d’où leur nom de « proline-rich proteins » ou PRP.

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α-amylase

Glucose

α 1-4 O α 1-6 (liaison osidique non sensible à l'α-amylase)

Maltose

Amylopectine (polymère ramifié de glucose)

Maltotriose

Dextrine-limite
O

Figure 3. Activité a-amylasique.

Elles comptent pour 70 % des constituants de la salive paroti-


dienne. Les PRP sont codées par une famille de six gènes (PRH1
■ Stathérine
et 2, PRB1 à 4) qui génèrent une vingtaine de formes de PRP par La stathérine, produite pas les glandes parotides et sous-
épissage alternatif et protéolyse après sécrétion. Ces PRP sont mandulaires, est une petite phosphoprotéine faite de 43 acides
classées en trois groupes : aminés (PM : 5 380 Da) dont le pI (point isoélectrique) de
• les PRP acides (poids moléculaire [PM] < 16 kDa), issues des 4,22 est dû à une forte concentration en acides aminés chargés
trois types de glandes majeurs ; négativement dans le tiers N-terminal (acide glutamique, acide
• les PRP basiques (PM < 9 kDa) produites seulement par les aspartique, phosphosérine) [19] , dans une conformation
glandes parotides ; a-hélicoïdale [20] , responsable de la forte affinité de cette
• les PRP glycosylées ou PRG (PM = 39 kDa ; 57 % de protéines molécule pour l’apatite amélaire [21]. Les deux tiers C-terminaux
et 39,7 % de glucides). sont plutôt hydrophobes et recèlent à proximité de l’extrémité
Les PRP acides se divisent en deux groupes comptant respec- deux sites distincts capables d’interagir avec Porphyromonas
tivement 150 et 106 acides aminés, les formes courtes dérivant gingivalis, d’une part, et Fusobacterium nucleatum, d’autre part.
des formes longues par protéolyse. Les charges anioniques Incapable de maintenir une structure secondaire ou tertiaire
conférant le caractère acide à ces protéines sont partiellement stable sans une molécule partenaire, la stathérine fait partie des
masquées dans les PRP 150, et sont en revanche accessibles dans « protéines intrinsèquement désordonnées » ; associée à une
les PRP 106. Ces charges négatives offrent des possibilités de autre protéine ou liée à un support, elle adopte une configura-
liaison aux surfaces amélaires. Ces sites recouverts qui peuvent tion ordonnée et, par voie de conséquence, révèle une nouvelle
être démasqués sont des cryptitopes. Ainsi, les PRP acides fonction biologique (Fig. 4).
peuvent contribuer à la formation de la pellicule acquise
exogène et ce, d’autant plus rapidement qu’elles se présentent
sous forme courte. Mais, non adsorbées, donc en solution, elles
peuvent aussi fixer le calcium ionisé de la salive et inhiber la
précipitation secondaire du phosphate de calcium (croissance du
cristal) à partir de la salive.
“ Point important
Les PRP acides peuvent aussi servir de récepteurs pour Protéines intrinsèquement désordonnées
certaines bactéries ; cela a été montré pour Porphyromonas Les protéines intrinsèquement désordonnées sont des
gingivalis. Une séquence de six acides aminés en C-terminal se
protéines dont la conformation tridimensionnelle n’est
lie aux fimbriae de Porphyromonas gingivalis ; cet hexapeptide est
un cryptitope qui ne s’expose que lorsque la protéine est pas stable pour tout ou partie de la molécule. Cette
adsorbée à l’émail. La protéine antigène de surface c (PAc ou instabilité confère à la protéine une grande plasticité et
antigène I/II) de Streptococcus mutans semble interagir avec un une capacité à interagir avec nombre d’autres molécules.
domaine bien particulier des PRP [17]. C’est au contact de chacune des protéines partenaires que
Les PRG peuvent aussi se lier à plusieurs types de germes, la protéine intrinsèquement désordonnée adopte une
Fusobacterium nucleatum par exemple. structure 3D particulière et révèle une nouvelle fonction
Les PRP sont connues pour pouvoir réagir avec les tannins biologique. Ces protéines sont aussi très sensibles à la
présents dans certains produits alimentaires végétaux (thé, protéolyse et à diverses réactions de substitution.
raisins et donc vins rouges, etc.). Plus précisément, les tannins
peuvent se lier aux PRP glycosylées et basiques, mais la présence
des chaînes glycanniques permet la formation de complexes
précipités solubles, limitant l’effet astringent plus prononcé Donc, selon sa conformation tridimensionnelle, la stathérine
lorsque le précipitat est insoluble [18]. révèle plusieurs types de fonction.

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Conformation aléatoire du domaine


hydrophobe C-terminal de la stathérine
non liée à l'apatite

Asp PhSér Glu C

Co roph patite
N

hyd à l'a
nfo ob
liée

rm e C
atio -te
Cr rphyr cteriu
Po soba

n h r mi
yp
Fu

tito omo m n

élic nal
pe nas ucle

oïd de
sa

ale la s
ffin ging atum

du tath
es iva

do
PhSér Glu

po lis e

ma érine
ur

ine
Domaine d'affinité à l'hydroxyapatite, C
au calcium et au phosphate

t
Figure 4. Structure évolutive de la stathérine. Glu : acide glutamique ; Asp : acide aspartique ; PhSér : phosphosérine.

En solution, elle peut inhiber la précipitation spontanée du


phosphate de calcium et la croissance secondaire (épitaxie) des
■ Anhydrases carboniques
cristaux d’hydroxyapatite, protégeant l’émail de la formation Les anhydrases carboniques sont des métalloenzymes zinc-
des accrétions minérales sur les surfaces dentaires. Cette dépendantes qui catalysent l’hydratation réversible du dioxyde
inhibition s’exprime aussi au sein des glandes salivaires, de carbone (CO2 + H2O ↔ H+ + HCO3– ) et qui comptent douze
empêchant les lithiases ; une carence en stathérine est suivie de isoenzymes. La forme VI est sécrétée par les cellules acineuses
la formation de calculs salivaires (mais ce n’est pas la seule séreuses, mais aussi par les glandes nasales, trachéobronchiales,
cause). La stathérine en solution piège le phosphate et le lacrymales et mammaires. La forme II est strictement cytosoli-
calcium, maintenant l’état supersaturé vis-à-vis des sels de que et cantonnée à la cellule acineuse, c’est elle qui génère le
phosphate de calcium, condition nécessaire pour la recalcifica- bicarbonate « sécrété ».
tion ultérieure et la stabilisation de l’émail [22]. Cette fonction On sait que le pH intraplaque dentaire chute brutalement au
est partagée avec les PRP acides. contact de certains sucres simples ; en présence de salive, le pH
Elle offre une forte affinité pour l’hydroxyapatite par son tiers remonte lentement, ce qui n’est pas le cas en son absence.
N-terminal anionique en hélice a. C’est ainsi que la stathérine L’action de la salive, en fait du fluide oral, est attribuée d’une
participe à la formation de la pellicule acquise exogène [23]. part à l’effet de dilution aqueuse des sucres et des ions H+, mais
La stathérine et les PRP contribuent à l’adhésion de certaines surtout aux tampons qui neutralisent les acides. Les sécrétions
bactéries à la surface des dents. La stathérine adsorbée à l’apatite salivaires apportent trois types de tampons : les phosphates
voit son domaine C-terminal adopter une conformation héli- (25 % de l’effet), les protéines (quelques %) et les bicarbonates
coïdale plus favorable à la fixation de micro-organismes que la (70 à 90 % de l’effet tampon des salives stimulées et 25 % à
forme restée en solution, exposant des cryptitopes affines pour 60 % des salives au repos). La neutralisation des ions H+ par les
les fibrillines microbiennes [20]. bicarbonates génère de l’acide carbonique H2CO3 qui se déshy-
Elle joue un rôle de lubrifiant, grâce à son extrémité polaire drate spontanément, mais lentement en CO 2 + H 2 O. Les
et une queue moins polaire (forme amphipathique) pour former bicarbonates actifs dans la plaque soit proviennent directement
un film orienté à la surface de l’émail. Cet effet lubrifiant des glandes salivaires, grâce à l’action de l’anhydrase carbonique
protège les dents contre les frottements lents et les charges II cytosolique des cellules acineuses, soit sont produits in situ,
occlusales fortes générées lors de la mastication et du bruxisme. par l’anhydrase carbonique VI (CA VI) que l’on retrouve dans
En fait, toutes les protéines et glycoprotéines ayant des proprié- la pellicule acquise exogène. Cette CA VI a été visualisée dans
tés viscoélastiques et entrant dans la composition de la pellicule la pellicule par immunohistochimie et son activité maintenue à
acquise exogène, telles la stathérine, mais aussi les PRP et les un pH aussi bas que 2,2. Si l’on contrarie l’activité CA VI par
mucines, réduisent d’un facteur 20 les effets délétères de la l’acétazolamide (inhibiteur de CA), la baisse de pH induite par
mastication sur les dents [24]. le saccharose est encore plus prononcée et la remontée du pH
retardée [27].

■ Cystatines ■ Diverses molécules


Les cystatines sont des inhibiteurs des « cystéines endo- ou Un certain nombre de substances évoluant dans le plasma
exoprotéases ». Les glandes sous-mandibulaires et sublinguales peuvent exister dans les sécrétions salivaires.
produisent des cystatines de type S, SA, SN et D, qui semblent L’urée plasmatique filtrée par les acini est en partie réabsorbée
spécifiques de la salive [25]. Dans le fluide oral, on trouve aussi au niveau des canaux striés, mais sa concentration dans les
de la cystatine C, probablement apportée par le fluide gingival. salives reste proportionnelle à celle du plasma. Le fluide gingival
Les cystatines peuvent donc réguler l’activité de diverses apporte lui aussi de l’urée à des taux très proches de ceux du
cystéine-protéases bactériennes, réduisant les effets délétères [26]. plasma. L’insuffisance rénale, avec sa forte montée de l’urémie,
Les cystatines contribuent à la formation de la pellicule fait augmenter l’urée du fluide oral avec, pour conséquence, un
acquise exogène. Comme la stathérine, les cystatines contrôlent pH buccal élevé et un processus tartrique soutenu.
la transformation cristalline des phosphates de calcium dans le La glycosialie (teneur salivaire en glucose) est très faible, de
milieu buccal. l’ordre de cent fois inférieure à la glycémie. En revanche,

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Salives et milieu buccal ¶ 28-150-H-10

l’évolution de l’éthylosialie (concentration d’alcool dans la Peroxydases salivaires


salive) suit fidèlement celle de l’alcoolémie dans les mêmes
proportions. Comme la plupart des sécrétions exocrines, les cellules
acineuses des glandes salivaires produisent une peroxydase dite
salivaire (SPO), autrefois appelée lactoperoxydase. Mais on
■ Propriétés antibactériennes trouve aussi, dans le fluide oral, une myéloperoxydase (MPO)
d’origine leucocytaire et apportée par le fluide gingival. Les
des salives peroxydases catalysent l’oxydation du thiocyanate (SCN – ,
produit de la réaction de détoxification du cyanure [alimenta-
La cavité buccale est par essence, exposée à de multiples
tion, fumée du tabac] par l’enzyme hépatique rhodanèse) par
micro-organismes potentiellement pathogènes. Le milieu buccal
H2O2, générant un ion hyperactif, l’hypothiocyanite (SCNO–).
a développé des stratégies variées pour contenir les infections.
C’est cet ion qui interagit avec les groupes sulfhydryl de diverses
La desquamation de son épithélium stratifié en est une, mais les
protéines microbiennes essentielles à leur métabolisme. Les
salives sont essentielles. Elles exercent leurs fonctions antibac-
peroxydases sont actives sur un certain nombre de bactéries,
tériennes par plusieurs protéines et peptides : peroxydases,
mais aussi de levures et virus.
agglutinines, mucines, lysozyme, lactoferrine, histatines,
défensines, etc. qui jouent un rôle majeur dans nos défenses
innées, en plus de l’action des immunoglobulines. N’oublions Lysozyme
pas l’effet de rinçage, dit effet de chasse, dû à la déglutition Le lysozyme a été détecté dans la salive en 1926 par Fleming
chaque minute de 0,05 à 2 ml de fluide oral, entraînant les (par ailleurs, inventeur de la pénicilline). Son activité antibac-
micro-organismes qui n’ont pu adhérer aux surfaces dentaires térienne est traditionnellement attribuée à son activité murami-
ou muqueuses. dase lysant la paroi de certaines bactéries. Mais il semblerait
que, dans le milieu buccal, son potentiel bactéricide et fongicide
Défensines soit surtout le fait d’une séquence de quatre acides aminés
cationiques et amphipathiques localisés en C-terminal, dénuée
Parmi les peptides antimicrobiens du fluide oral, la famille
de toute activité enzymatique. Le lysozyme humain pourrait
des défensines se distingue. Les défensines sont de petits
inhiber la croissance de Streptococcus mutans.
peptides de 3 à 5 kDa, cationiques, que l’on regroupe en deux
catégories : les a-défensines et les b-défensines [28].
On distingue quatre a-défensines synthétisées sous forme de Lactoferrine
précurseurs par les leucocytes polynucléaires neutrophiles La lactoferrine (hLf) est connue comme une protéine de
(human neutrophil peptides ou HNP 1-4) et qui gagnent le milieu transport du fer. Elle est synthétisée par les cellules de glandes
buccal essentiellement via le fluide gingival (lequel charrie des exocrines (dont les glandes salivaires) et les leucocytes. On a
leucocytes) ; en effet, la teneur en a-défensines (HNP) du fluide identifié, en plus de son domaine de fixation du fer en
gingival est très supérieure à celle du fluide oral [29]. C-terminal, une séquence de 25 acides aminés en N-terminal ;
Les différentes formes d’a-défensines se distinguent par un cette séquence, appelée lactoferricine (Lfcn), est porteuse d’une
seul acide aminé en N-terminal et doivent subir une protéolyse activité bactéricide. La lactoferrine (du lait consommé, mais
limitée pour être actives. La matrilysine (matrix metallo-protease aussi de la salive) peut être clivée au niveau buccal et gastro-
7 ou MMP7) des kératinocytes basaux de l’épithélium de intestinal, libérant ainsi la lactoferricine qui exerce son activité
jonction peut jouer ce rôle. bactéricide en formant des pores dans la membrane bacté-
Les b-défensines (ou human b-defensins ou hBD), bien que rienne [30]. Elle appartient à la famille des CAP (channel-forming
présentant des analogies avec les a-défensines, s’en distinguent amphiphathic peptides) (Fig. 5). Une activité fongicide pourrait
par leurs séquences en acides aminés et par leur origine. En aussi être attribuée au domaine N-terminal.
effet, elles sont synthétisées par les cellules épithéliales de la
muqueuse orale et des glandes salivaires. hBD-1 est exprimée de
façon constitutive alors que hBD-2 et 3 sont sous le contrôle de
Histatines
médiateurs de l’inflammation (TNF-a, Il-1b, IFN-c) voire des Les histatines (Hst) sont des petites protéines cationiques
bactéries elles-mêmes. (24 à 38 acides aminés [aa]) riches en histidine (His = 22-34 %
Les a et b-défensines exercent leurs effets antimicrobiens aussi des acides aminés), isolées exclusivement à partir des sécrétions
bien contre les bactéries à Gram positif et les bactéries à Gram parotidiennes et sous-mandibulaires (présentes aussi dans le
négatif, que contre les champignons, voire certains virus, en sérum). Les Hst partagent des propriétés antibactériennes, mais
adoptant une conformation en feuillet b qui interagit avec la surtout antifongiques, voire candidacides. Les cellules acineuses
membrane des germes, provoquant une lyse cellulaire. produisent à partir des gènes HIS1 et HIS2 respectivement Hst1,

Peptide type CAP

Membrane d'une cellule procaryote

Cytoplasme de la cellule procaryote

Formation d'un pore transmembranaire


Figure 5. Modalités d’action des peptides antibactériens de type CAP (channel forming amphiphatic peptides).

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28-150-H-10 ¶ Salives et milieu buccal

Hst3 et Hst5 qui est le produit d’une protéolyse post- contienne de l’acide ribonucléique (ARN) viral (et très rarement
translationnelle de Hst3, à une concentration totale de 30 à des particules virales infectieuses). Plusieurs molécules salivaires
150 µg/ml [31]. Or, le fluide oral ne compte plus que 2 à 4 µg/ml sont présumées jouer un rôle anti-VIH1 : en particulier, la
d’histatines [32]. Nous avons là une nouvelle illustration de lactoferrine, les PRP, les défensines, l’histatine 5, l’agglutinine, la
l’importante protéolyse, essentiellement microbienne, qui se thrombospondine-1, le SLPI (secretory leukocyte protease inhibitor
manifeste dans le milieu buccal, et qui justifie la distinction produit par les cellules acineuses et les leucocytes), les mucines,
entre salives et fluide oral. Toutefois, en ce qui concerne Hst5, voire l’hypotonicité de la salive.
sa protéolyse partielle ne compromet pas ses propriétés fongici- Il semble que les cellules de la gencive saine présentent fort
des. Hst5 adopte une structure amphipathique (ou amphiphile, peu de récepteurs/corécepteurs pour VIH1, limitant le risque
ce qui évoque une structure à la fois hydrophobe et hydrophile) d’infection [36]. En revanche, la parodontite chronique s’accom-
en hélice a, qui pourtant, ne semble pas former de pores au sein pagne d’une augmentation significative de ces récepteurs, mais
des membranes microbiennes ; il semblerait plutôt que Hst5 se aussi d’une augmentation importante des a-1-défensines
fixe à une protéine de liaison et perturbe le métabolisme jusqu’à salivaires, ce qui assure une bonne protection contre
entraîner la mort de la cellule. l’infection [37].
Par leur forte affinité pour les hydroxyapatites (surtout Hst- Une étude récente laisse supposer qu’un contexte de paro-
1 qui est phosphorylée), les histatines contribuent à la forma- dontite chronique pourrait favoriser la réactivation d’une
tion de la pellicule acquise exogène. infection VIH1 latente ; l’acide butyrique produit et libéré dans
Les histatines semblent aussi se comporter comme un efficace le milieu buccal et les poches par Porphyromonas gingivalis
facteur de stimulation de la cicatrisation buccale en activant la activerait l’expression du gène VIH1 déjà inséré dans le génome
migration des cellules épithéliales [33]. des cellules hôte des tissus oraux. En effet, l’acide butyrique est
l’inhibiteur d’une enzyme (l’histone désacétylase) qui « désac-
tive » les protéines porteuses des histones au sein des chromo-
Immunoglobuline A somes, facilitant ainsi l’activation du promoteur du gène
Les sécrétions salivaires se caractérisent par la production VIH1 [38].
d’une immunoglobuline particulière ; l’immunoglobuline A
sécrétoire (IgAs). Sa structure particulière la rend tout à fait
adaptée à l’environnement oral. Nous renvoyons le lecteur à un
chapitre d’immunologie pour plus de détails.
■ Notions d’endocrinologie
salivaire
■ Propriétés antivirales des salives S. Cohen reçut le prix Nobel de physiologie en 1986 pour
avoir identifié l’epidermal growth factor (EGF) dans les glandes
salivaires de souris. Plusieurs polypeptides doués de propriétés
Les sécrétions salivaires contribuent de diverses manières à
de facteurs de croissance ont été identifiés dans les sécrétions
contrôler dans la cavité buccale l’infection par certains virus,
salivaires (EGF, nerve growth factor [NGF], transforming growth
mais tous les virus ne sont pas contrariés dans leur virulence
factor alpha [TGF-a], insuline, pseudo-insuline I et II, transfor-
dans la cavité buccale. On sait, par exemple, que le virus
ming growth factor beta [TGF-b], fibroblast growth factor [FGF]).
d’Epstein-Barr peut s’exprimer de diverses façons dans l’envi-
Ces substances jouent certainement un rôle dans le processus
ronnement oral (mononucléose infectieuse, carcinome naso-
cicatriciel intrabuccal connu pour être particulièrement perfor-
pharyngé, lymphome de Burkitt).
mant. Ce fait est à rapprocher du temps de coagulation qui est
plus court dans la cavité orale qu’ailleurs. Des effets distants
Virus influenza A (VIA) (ulcère œsophagien et gastrique) de ces facteurs de croissance
salivaires font l’objet de recherches.
On sait que ce type de virus est impliqué dans la morbidité Les hormones stéroïdiennes, lipophiles, évoluent dans les
et la mortalité lors d’épidémies saisonnières ou de pandémies sécrétions salivaires à des taux plus bas que dans le plasma,
(grippe, entre autres dans ses formes aviaires ou porcines). mais de façon tout à fait proportionnelle (cortisol, progestérone,
Plusieurs molécules salivaires pourraient être actives dans le œstradiol, testostérone, etc.).
contrôle de l’infection VIA : MUC5B et peut-être MUC7 pour les Certaines de ces hormones sont soupçonnées moduler la
salives sous-mandibulaires et sublinguales, gp340 pour la salive croissance de certains germes.
parotidienne. Il est probable que MUC5B et gp340 se compor-
tent comme des ligands contenant des acides sialiques, qui se
lient aux hémagglutinines des virus Influenza, interdisant leur
liaison aux cellules cibles [34]. Toutefois, les virus Influenza sont ■ Notion de peptidome oral
tout à fait en mesure de compromettre l’effet antiviral de
MUC5B en détachant leurs acides sialiques grâce à leur neura- Si l’on identifie plus de 400 protéines différentes dans les
minidase (cette « défense » virale est contrariée par l’oseltamivir sécrétions salivaires (on parle de protéome salivaire), nombre
ou Tamiflu®, inhibiteur de neuraminidase). d’entre elles ne sont pas retrouvées dans le fluide oral. En
revanche, on dénombre à ce jour plus de 180 peptides [39] dont
il apparaît qu’ils sont issus de protéolyses des protéines salivaires
Virus herpès simplex de type 1 (VHS1) natives PRP acides et basiques, stathérine, histatines entre
autres, signant l’activité d’enzymes non exocrines, très proba-
Souvent exposée au virus herpès simplex, la cavité buccale ne
blement d’origine microbienne [40]. L’étude des cinétiques de
présente que rarement des signes cliniques pathologiques. Il
dégradation des protéines sécrétées confirme cette hypothèse,
semble que la lactoferrine (hLf) salivaire, non seulement inhibe
puisqu’elles sont 100 à 250 fois plus rapides dans le fluide oral
l’attachement du virus aux cellules cibles, mais aussi neutralise
que dans les salives pures. En revanche, il n’est pas certain que
VHS1 [35].
la fragmentation de ces protéines entraîne systématiquement
une perte de fonction. Il est même évident que beaucoup de ces
Virus de l’immunodéficience humaine peptides peuvent révéler des activités biologiques nouvelles. Il
de type 1 (VIH1) n’est pas exclu que certains de ces peptides générés dans la
cavité buccale et déglutis puissent jouer un rôle dans l’estomac
La transmission par voie orale du virus de l’immunodéfi- et l’intestin, par exemple en modulant des enzymes digestives.
cience humaine (VIH) est peu fréquente, bien que la salive de Nous connaissons d’autres cas d’interférence milieu buccal-
sujets malades du syndrome d’immunodéficience acquise (sida) milieu intérieur.

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Salives et milieu buccal ¶ 28-150-H-10

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avec tous les autres partenaires du milieu. Et ce fluide se dental plaque and caries formation. Crit Rev Oral Biol Med 1993;4:
constitue à partir des sécrétions salivaires qui subissent des 301-7.
modifications importantes. L’influence déterminante de la flore [17] Matsumoto-Nakano M, Tsuji M, Amano A, Ooshima T. Molecular
orale, mais aussi de l’alimentation et de tout ce qui transite par interactions of alanine-rich and proline-rich regions of cell surface
la cavité buccale justifie combien ce milieu apparaît comme protein antigen c in Streptococcus mutans. Oral Microbiol Immunol
instable et en constante transformation. Les fonctions biologi- 2008;23:265-70.
ques inhérentes aux constituants des sécrétions salivaires sont [18] Sarni-Manchado P, Canals-Bosch JM, Mazerolles G, Cheynier V.
nombreuses et variées, mais évolutives au gré des modifications Influence of the glycosylation of human salivary proline-rich proteins
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Néanmoins, on peut considérer que l’apport salivaire est
[19] Schlesinger DH, Hay DI. Complete covalent structure of statherin, a
essentiel dans les interactions avec les dents, les micro- tyrosine-rich acidic peptide which inhibits calcium phosphate
organismes, les muqueuses et les fonctions orales. Nous en precipitation from human parotid saliva. J Biol Chem 1977;252:
proposons une représentation schématique que nous appelons 1689-95.
« le diamant des fonctions des salives » (Fig. 6). [20] Goobes G, Goobes R, Schueler-Furman O, Baker D, Stayton PS,
Meilleure sera la connaissance de cet environnement, plus Drobny GP. Folding of the C-terminal bacterial binding domain in
prometteuses seront les perspectives thérapeutiques, car elles statherin upon adsorption onto hydroxyapatite crystals. Proc Natl Acad
seront mieux ciblées sur la biologie très particulière du milieu Sci USA 2006;103:16083-8.
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Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright [22] Long JR, Dindot JL, Zebroski H, Kiihne S, Clark RH, Campbell AA,
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré. et al. A peptide that inhibits hydroxyapatite growth is in an extended
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B. Pellat, Chirurgien dentiste, docteur ès sciences, habilité à diriger des recherches, professeur des Universités, praticien hospitalier
(bernard.pellat@parisdescartes.fr).
Université Paris Descartes, Hôpital Louis Mourier (AP-HP), Faculté de chirurgie dentaire, 1, rue Maurice-Arnoux, 92120 Montrouge, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pellat B. Salives et milieu buccal. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Médecine buccale, 28-150-H-10,
2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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