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ET DÉONTOLOGIE
DE L’EXPERT-COMPTABLE ET
DU COMMISSAIRE AUX COMPTES
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PROFESSIONNELLE
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ET DÉONTOLOGIE
DE L’EXPERT-COMPTABLE ET
DU COMMISSAIRE AUX COMPTES
Gérard Lejeune
est expert-comptable, commissaire aux comptes et enseignant à l’Institut d’études
Politiques de Paris.
Jean-Pierre Emmerich
est diplômé d’expertise comptable et intervenant à l’Université Paris-Sud 11 ainsi que
dans les classes préparatoires au diplôme d’expertise comptable.
S ommaire
1 L’expert-comptable
Fiche 1 L’organisation de la profession d’expert-comptable 5
Fiche 2 Textes légaux, réglementaires et doctrinaux applicables
à l’expertise comptable 13
Fiche 3 Présentation des missions de l’expert-comptable 27
Fiche 4 L’accès à la profession d’expert-comptable 41
Fiche 5 Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable 49
Fiche 6 Le recours à un expert-comptable, l’acceptation de la mission
et la lettre de mission 61
Fiche 7 La cessation des fonctions de l’expert-comptable 65
Fiche 8 Obligations liées au comportement professionnel 69
Fiche 9 La responsabilité de l’expert-comptable 85
Fiche 10 Le contrôle qualité des experts-comptables 93
Fiche 11 Le Code d’éthique de la profession comptable de l’IFAC 97
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4 Carrés dec 1 – Réglementation
L’organisation de la profession d’expert-comptable est centrée autour de l’Ordre des experts-comptables, institu-
tion nationale, créée par l’ordonnance du 19 septembre 1945 et placée sous la tutelle du ministère de l’Éco-
nomie et des Finances. Le ministre est représenté par un commissaire du gouvernement auprès du Conseil
supérieur de l’Ordre, et par un commissaire régional du gouvernement auprès de chaque Conseil régional de
l’Ordre.
L’Ordre des experts-comptables et des comptables agréés, placé sous la tutelle du ministère des Finances, est
professionnelle et déontologie
institué par l’acte dit loi n° 467 du 3 avril 1942 et, le même jour, l’acte n° 468 réglemente les titres profession-
nels. Comme les autres ordres professionnels (médecins, architectes, pharmaciens...), l’Ordre des experts-
comptables est bien né sous Vichy. Ces textes d’origine contenaient, comme pour l’accès à toutes les professions
libérales, d’horribles dispositions antisémites.
L’ordonnance n° 45-2138 du 19 septembre 1945 constate la nullité des actes de Vichy, modifie les textes, ins-
titue l’Ordre et réglemente les titres et les professions d’expert-comptable et de comptable agréé (JO du 21 sep-
tembre 1945, p. 5938, rectification du 30 septembre 1945 ; JO du 31 décembre, p. 8473).
Cette ordonnance de 1945 demeure le texte de base de l’organisation de la profession d'expert-comptable en
France. Les textes essentiels pour l'organisation et l'exercice de la profession ont été remaniés entre 2010 et
2014.
Le décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 (modifié par le décret n° 2012-690 du 7 mai 2012), relatif à l’exercice
de l’activité d’expertise comptable, abroge 19 décrets pris entre 1945 et 2010 et regroupe en un texte unique les
dispositions réglementaires relatives à la profession d’expert-comptable. Ce texte, très important, débute un
long processus de modifications réglementaires du fait des réformes engagées par les lois du 23 juillet 2010, du
28 mars 2011 et par la loi de finances rectificative pour 2010. Plus récemment, l'ordonnance n° 45-2138 du
30 avril 2014 et le décret n° 2014-912 du 18 août 2014 ont notamment modifié les règles de détention du
capital des sociétés d'expertise comptable et d'encadrement des actions de démarchage. L'ordonnance n° 2015-
949 du 31 juillet 2015 a modifié les conditions des élections au sein de l'Ordre en vue de favoriser l'égal accès
des femmes et des hommes. Les listes de candidats devront comprendre, sous peine d'irrecevabilité, un pourcen-
tage de personnes du sexe le moins représenté au tableau de l'ordre au moins proportionnel, dans la limite de
50 %, au nombre de personnes de ce même sexe inscrites au tableau.
Enfin, la loi pour la croissance l’activité et l’égalité des chances économiques du 6 août 2015 (loi n° 2015-990),
dite « loi Macron », a confirmé le rôle des experts-comptables en tant que conseils des entreprises à travers deux
mesures visant :
–– à étendre le périmètre d’intervention des experts-comptables (voir fiche n° 5) ;
–– à permettre aux experts-comptables de s’associer avec d’autres professions juridiques et judiciaires dans le
cadre de sociétés dites interprofessionnelles (voir fiche n° 5).
Les experts-comptables ont désormais la possibilité de réaliser toutes études ou travaux d’ordre statistique, éco-
nomique, administratif ainsi que tous travaux et études à caractère administratif ou technique dans le domaine
social et fiscal y compris au profit de clients pour lesquels ils n’effectuent aucune mission comptable. Ces presta-
tions ne doivent pas constituer l’objet principal de l’activité exercée par le professionnel qui doit rester l’expertise
comptable.
B – La mission
L'Ordre des experts-comptables a pour mission d’assurer la défense de l’honneur et de l’indépendance de la
profession. Il peut présenter aux pouvoirs publics et aux autorités constituées toute demande relative à la profes-
sion et être saisi par ces pouvoirs et autorités de toute question la concernant.
L’Ordre des experts-comptables est également actif dans tous les organismes internationaux et européens repré-
sentatifs de la profession comptable. Il développe également des actions de coopération et de partenariat avec
les pays francophones d’Afrique et d’Asie.
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C – La composition
Fiche 1 ♦ L’organisation de la profession d’expert-comptable
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L’Ordre des experts-comptables est représenté par le Conseil supérieur, composé de 69 membres dont 23 prési-
dents de conseils régionaux, qui ont pour mission de garantir le bon fonctionnement de la profession sur le
terrain. La durée du mandat des membres élus du Conseil supérieur est de quatre années. Il n'est pas possible
d'exercer plus de deux mandats consécutifs. Néanmoins, pour les élections 2016-2017, les membres des conseils
de l'Ordre seront élus pour une durée dérogatoire de deux ans (article 212-1 du décret du 30 mars 2012).
L'Ordre va en effet revoir le découpage géographique de ses conseils régionaux pour l'adapter à la réforme terri-
toriale des régions administratives. Cette modification du champ géographique des conseils régionaux et de leur
nombre doit être effective pour fin 2018.
A – La mission
Le Conseil supérieur a pour mission (art. 29, décret 30/03/2012) :
« 1° De préparer le Code de déontologie, d'en faire respecter les prescriptions et de prendre toutes mesures
nécessaires à cet effet, d'établir un règlement intérieur ;
2° D'assurer l'administration de l'ordre et la gestion de son patrimoine ;
3° De délibérer sur toute question intéressant la profession, d'élaborer les règles professionnelles et d'organiser
le contrôle de leur application ;
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8 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
4° De définir sur la base d'une classification des risques présentés par les activités des professionnels, les procé-
professionnelle et déontologie
dures et mesures de contrôle interne à mettre en œuvre en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et
de financement du terrorisme ;
5° De représenter l'ordre auprès des pouvoirs publics et de leur donner son avis, par l'intermédiaire de l'autorité
de tutelle, sur les questions dont il est saisi par eux ;
6° De veiller à l'exécution des dispositions de l'article 5 de l'ordonnance du 19 septembre 1945 (prise en charge
des experts-comptables stagiaires) ;
7° De procéder, à son initiative ou à la demande de l'autorité de tutelle, à toute étude relevant de sa compé-
tence, d'établir toutes statistiques professionnelles ;
8° D'assurer le fonctionnement régulier des divers organismes de l'ordre, de coordonner l'activité des conseils
régionaux dans le cadre des orientations de l'ordre, de fixer le montant des redevances qu'il peut imposer à
ceux-ci pour couvrir les dépenses entraînées par l'exercice de ses attributions ;
9° D'adresser à l'autorité de tutelle des avis sur les conditions d'exercice de la profession et du stage ainsi que sur
le programme des examens comptables ;
10° De participer, sur le plan international, aux organisations professionnelles et actions intéressant l'exercice de
la profession, en tenant l'autorité de tutelle informée. »
Le Conseil supérieur a également seul qualité pour exercer, devant toutes les juridictions, tous les droits réservés
à la partie civile, notamment par voie de citation directe devant les tribunaux répressifs, relativement aux faits
portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession d’expert-comptable.
Ces commissions, qui se réunissent au moins quatre fois par an, sont des organes de travail du Conseil supérieur
•G
9
pour toutes les questions stratégiques afférentes aux différentes missions confiées à l’Ordre. Regroupées en sec-
teurs, correspondants aux grandes missions de l’Ordre, leurs actions sont coordonnées par le vice-président en
charge du secteur auquel elles appartiennent.
Lorsque leurs propositions, relatives à la production d’études et de projets relevant de leur compétence, sont
retenues par le Conseil supérieur ou par le président, les commissions sont en charge de leur réalisation.
Pour permettre aux commissions d’approfondir tel ou tel aspect de leur compétence, il peut être créé des
Comités par le Conseil supérieur.
Le tableau suivant récapitule la liste des 7 secteurs, des 21 commissions et des comités existants par secteurs :
Commission Déontologie
Secteur Fonctions Commission du Tableau
Comité Exercice illégal
régaliennes de l’Ordre Commission Juridique - Réformes des textes
Commission Normes professionnelles
Commission Communication
Secteur Performance et Attractivité Comité Attractivité
de la profession Commission Contrôle qualité Comité Lutte anti-blanchiment
Commission Marketing
Comité Marketing
Secteur Innovation Commission Innovation technologique
Comité Veille et Prospective
au service des cabinets Commission Évolution des cabinets
Comité RH des cabinets
Comité Création
Comité Transmission
Commission Missions comptables
Comité Évaluation
Commission Missions fiscales
Comité Assurances
Secteur Missions Commission Missions sociales
des professionnels Comité Prévention Résolution
Commission Missions juridiques
Comité Intelligence économique et Innovation
Commission Missions d’accompagnement
et de conseil Comité développement et financement
des entreprises
Comité Missions internationales
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10 Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
A – La mission
Le Conseil régional a seul qualité pour (art. 31, ord. 19/09/1945) :
–– surveiller dans sa circonscription l’exercice en tout ou partie de la profession d’expert-comptable ;
–– assurer la défense des intérêts matériels de l’Ordre et en gérer les biens ;
–– représenter l’Ordre dans sa circonscription dans tous les actes de la vie civile, mais sans pouvoir se constituer
partie civile, ce droit étant réservé au Conseil supérieur ;
–– prévenir et concilier toutes contestations ou conflits d’ordre professionnel ;
–– statuer sur les demandes d’inscription au tableau ;
–– surveiller et contrôler les stages ;
–– fixer et recouvrer le montant des cotisations qui doivent être versées par les membres de l’Ordre, les succur-
sales et les personnes physiques soumises à sa surveillance et à son contrôle disciplinaire. Ces cotisations
servent à couvrir les frais de fonctionnement administratif de l’Ordre, ainsi que les contributions dues par les
associations de gestion et de comptabilité ;
–– saisir le Conseil supérieur de toutes requêtes ou suggestions concernant la profession d’expert-comptable.
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Fiche 1 ♦ L’organisation de la profession d’expert-comptable
B – L’organisation et la composition
Dans chacune des circonscriptions régionales (déterminées par arrêté du ministre chargé de l’Économie), il est
donc créé un Conseil régional de l’ordre des experts-comptables. Ce Conseil régional se compose d’un nombre
d’experts-comptables qui varie en fonction du nombre d’inscrits personnes physiques dans la circonscription :
a) inférieur ou égal à 199 : six membres ;
b) compris entre 200 et 299 : douze membres ;
c) compris entre 300 et 499 : dix-huit membres ;
d) compris entre 500 et 1 999 : vingt-quatre membres ;
e) égal ou supérieur à 2 000 : trente membres.
Les membres du Conseil régional sont élus au scrutin secret par les membres de l’Ordre de leurs catégories
professionnelles respectives inscrits au tableau de la région, personnellement établis dans cette région et à jour
de leurs cotisations professionnelles. Les membres de l’Ordre ne peuvent voter que dans une seule région. Sont
éligibles les membres de l’Ordre, à l’exception de ceux qu’une sanction disciplinaire a privés du droit d’être
membre des Conseils de l’Ordre.
Les Conseils régionaux désignent parmi leurs membres un bureau composé d’un Président, d’au moins deux
vice-Présidents et d’un trésorier.
La durée du mandat des membres élus des Conseils régionaux est de quatre années renouvelables une fois. Les
membres du bureau sont élus pour une durée de deux ans. Une même personne ne peut exercer pendant plus
de quatre années consécutives les fonctions de président. L'interruption doit être de deux années au moins.
L’assemblée générale régionale des membres de l’Ordre est composée de tous les membres inscrits au
tableau de la région personnellement établis dans cette région et à jour de leurs cotisations personnelles. Les
membres de l’Ordre ne peuvent être membres que d’une seule assemblée générale régionale. L’assemblée géné-
rale régionale se réunit une fois par an, à la diligence du président du Conseil régional.
L’assemblée générale régionale entend le rapport moral et financier du Conseil régional pour l’exercice écoulé et
le rapport des censeurs (contrôleurs financiers) sur la gestion financière du Conseil régional qui sont soumis au
vote de chacune de ces catégories professionnelles.
Elle ne peut examiner que les questions portées à son ordre du jour par le Conseil régional. Celui-ci est tenu
d’inscrire à l’ordre du jour les questions qui lui sont soumises à cet effet, quinze jours au moins avant la date
fixée pour la réunion soit par plus du tiers des membres de l’Ordre ayant droit de vote dans la région, soit par
plus de cent de ses membres, soit par le commissaire régional du gouvernement. Les fonctions des censeurs sont
incompatibles avec celles de membre du Conseil régional.
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Textes légaux, réglementaires
et doctrinaux applicables Fiche
à l’expertise comptable 2
C’est l’ordonnance du 19 septembre 1945 modifiée qui constitue la base des textes régissant la profession
d’expert-comptable. Dès 1936, des règles comptables sont imposées à certains secteurs de l’économie. La techni-
cité se renforce pour l’élaboration des comptes des entreprises en parallèle de l’évolution des règles comptables, et
il faut des professionnels compétents pour les appliquer.
La hiérarchie des dispositions légales et réglementaires applicables aux experts-comptables s’organise selon
l’ordre suivant :
–– l’ordonnance du 19 septembre 1945 et ses décrets d’application des 30 mars 2012 et 7 mai 2012 ;
–– le Code de déontologie des professionnels de l’expertise comptable du 27 septembre 2007 est désormais
inséré aux articles 141 à 169 du décret du 30 mars 2012 ;
–– l'arrêté du 19 février 2013 portant agrément du titre VI du règlement intérieur de l’Ordre des experts-
comptables. Cet arrêté complète les dispositions agréées par l’arrêté du 3 mai 2012.
Ce texte vise à adopter des procédures de contrôle du respect des règles déontologiques applicables aux pro-
fessionnels de l’expertise comptable, suite à la loi « réseaux consulaires » de 2010 pour ces professionnels et à
la loi « de modernisation des professions judiciaires ou juridiques et certaines professions réglementées » de
2011. Ce texte, qui est entré en vigueur au 1er avril 2013, prévoit notamment un contrôle du conseil régional
a posteriori des participations financières et des mandats sociaux par le biais notamment du contrôle de
qualité. Par ailleurs, les membres de l’ordre détenant des participations et des mandats devront déclarer
annuellement sur l’honneur leur indépendance (concernant les participations et les mandats). En outre, ils
devront tenir à jour une liste des participations financières et des mandats sociaux détenus qui devra être
fournie au membre du Conseil régional s’il en fait la demande lors d’un contrôle ;
–– l’ordonnance n° 45-2138 du 30 avril 2014 a modifié les règles de détention du capital des sociétés d’expertise
comptable (mise en conformité des textes régissant la profession avec la directive services de la CE du
12 décembre 2006) ;
–– le décret n° 2014-912 du 18 août 2014 relatif à l’encadrement des actions de démarchage : les professionnels
sont désormais autorisés à proposer leurs services à des tiers n’en ayant pas fait la demande uniquement « dans
des conditions compatibles avec les règles déontologiques et professionnelles d’exercice de la profession ».
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14 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ce même décret a également instauré un mandat unique en matière de télédéclaration ; il autorise les profes-
professionnelle et déontologie
sionnels de l'expertise comptable à conclure un contrat d'adhésion dans le cadre d'une télédéclaration ainsi
qu'à choisir et à mandater un partenaire en matière de télétransmission ;
–– la loi n° 2015-990 du 6 août 2015 (dite « loi Macron ») qui a modifié l’article 22 de l’ordonnance du 19 sep-
tembre 1945 en élargissant le périmètre des missions de l’expert-comptable (voir fiche n° 5) ; ces missions,
autres que comptables, ne doivent cependant pas constituer l’objet principal de l’activité ;
–– les normes professionnelles (NP) : le nouveau référentiel applicable au 1er janvier 2012 a été modifié par le
Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables qui a adopté le 8 juillet 2015 (en 2014, le Conseil supé-
rieur a pris l'initiative de revoir son référentiel normatif 2012 afin d'améliorer sa compréhension et son applica-
bilité et d'y apporter les évolutions nécessaires). Les modifications ont porté sur les normes les plus utilisées et
les difficultés de mise en œuvre rencontrées dans la pratique.
Un nouveau cadre de référence est applicable à l'ensemble des missions réalisées par les structures d'exercice
professionnel de l'expertise comptable au 1er octobre 2016 (voir détails ci-après) ;
–– la doctrine de la profession des experts-comptables.
En amont des normes relatives aux missions, figurent deux normes « chapeaux » :
–– la norme anti-blanchiment applicable depuis le 12 septembre 2010 ;
–– la norme de maîtrise de la qualité des missions au sein des structures d’exercice professionnel (NPMQ), appli-
cable depuis le 1er janvier 2012.
B – Le plan de l’ordonnance
Plan de l’ordonnance du 19 septembre 1945
Article 1er – Ordre des experts-comptables
TITRE IV – DE LA DISCIPLINE
Article 49 – Chambre régionale de discipline – composition
Article 49 bis – Commission nationale de discipline des AGC
Article 50 – Chambre nationale de discipline – composition
Article 51 – Élection et fonctionnement des chambres de discipline
Article 52 – Abrogé
Article 53 – Sanctions et procédures disciplinaires
Article 54 – Publication et notification des décisions disciplinaires
Article 55 – Abrogé
C’est une novation importante pour la profession des experts-comptables qui rejoint ainsi d’autres professions
réglementées avec un vrai Code de déontologie publié au Journal officiel. En effet, avant cette publication les
principales étapes ont été les suivantes :
–– avant 2000 : il existait le Code des devoirs professionnels ;
–– 2000 : publication du Code de bonne conduite en matière de communication par la Compagnie nationale des
commissaires aux comptes et le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Il infléchit les interdic-
tions en autorisant les sites internet ainsi que la participation à des salons et des journées d’études ;
–– 2004 : ordonnance du 25 mars 2004 n° 2004-279 portant simplification et adaptation des conditions d’exer-
cice de certaines activités professionnelles. Modification de l’article 23 de l’ordonnance de 1945 supprimant
l’interdiction de faire de la publicité personnelle ;
–– 27 septembre 2007 : publication du Code de déontologie se substituant au Code des devoirs professionnels ;
–– 1er décembre 2007 : entrée en vigueur du code ;
–– 1er avril 2012 : entrée en vigueur du décret du 30 mars 2012 (qui incorpore le Code de déontologie au décret
réglementaire de la profession) : Titre III, Exercice de la profession, Chapitre II, Code de déontologie.
Articles 167 à 169 – Section IV – poursuites judiciaires (liées à la profession) dont ils font l’objet et des litiges contractuels
Devoirs envers l’Ordre qui les conduisent à la rétention de documents de clients. Enfin, les experts-comptables
s’abstiennent de tout acte qui entraverait le fonctionnement des instances élues.
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables a adopté le 8 juillet 2015 le cadre de référence applicable
professionnelle et déontologie
à l’ensemble des missions réalisées par les structures d’exercice professionnel de l’expertise comptable.
Référentiel normatif Agréé(e) le Date d’application
1 septembre 2016 qui annule et
er
Cadre de référence 1er octobre 2016
remplace l’agrément du 20 juin 2011
Norme professionnelle de maîtrise de 1er septembre 2016 qui annule et
1er octobre 2016
la qualité (NPMQ) remplace l’agrément du 20 juin 2011
Norme « anti-blanchiment » 7 septembre 2010 12 septembre 2010
1 septembre 2016 qui annule et
er
Exercice clos à compter
Mission de présentation des comptes
remplace l’agrément du 20 juin 2011 du 31 décembre 2016
Mission d’examen limité des comptes 20 juin 2011 1er janvier 2012
Mission d’audit d’états financiers 20 septembre 2011 1er juillet 2012
Mission d’assurance sur des informations 1er septembre 2016 qui annule et
autres que des comptes complets histo- remplace la norme NP 3100 agréée 1er octobre 2016
riques (Attestations particulières) le 20 juin 2011
Mission d’examen d’informations
20 septembre 2011 1er juillet 2012
financières prévisionnelles
Mission d’examen d’informations sur
20 juin 2011 1er janvier 2012
la base de procédures convenues
Mission de compilation de comptes 20 juin 2011 1er janvier 2012
1 septembre 2016 qui annule et
er
Glossaire des termes et expressions utilisés 1er octobre 2016
remplace l’agrément du 20 juin 2011
Les NP (Normes Professionnelles) sont soumises à agrément par arrêté du ministre de l’Économie et du Budget.
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21
La structure d’exercice professionnel doit mettre en place et assurer le suivi d’un système de contrôle qualité qui
professionnelle et déontologie
Norme agréée par arrêté ministériel du 1er septembre 2016 qui annule et remplace l'agrément du 21 juin 2011. Applicable
à compter du 1er octobre 2016.
INTRODUCTION
Champ d’application
Autorité de la norme
OBJECTIF
EXIGENCES REQUISES
MODALITES D’APPLICATION
♦ Textes légaux, réglementaires et doctrinaux applicables à l’expertise comptable
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23
Les principes fondamentaux sont appliqués à la lumière des précisions apportées sur leurs modalités d’applica-
tion (les paragraphes qui commencent par « A ») qui figurent à l’issue du texte de la norme. Ces modalités
d’application n’ont pas de caractère obligatoire.
2) La norme professionnelle anti-blanchiment (en annexe de la NPMQ)
Cette norme professionnelle précise les règles relatives aux obligations des professionnels de l’expertise comp-
table pour la prévention de l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux et de finance-
ment du terrorisme.
Les professionnels de l’expertise comptable mettent en œuvre les obligations relatives à la lutte contre le blanchi-
ment des capitaux et le financement du terrorisme, définies aux sections 2 à 7 du chapitre Ier du titre VI du livre V
du Code monétaire et financier (obligation de vigilance à l'égard du client et de déclaration à TRACFIN). Ces
obligations s’exercent dans les limites de leurs missions et des normes professionnelles qui s’y appliquent.
La présente norme a pour objet de définir les principes relatifs à la mise en œuvre des dispositions qui concernent :
–– la vigilance à l’égard de l’identification du client et du bénéficiaire effectif ;
–– la vigilance à l’égard des opérations réalisées par le client ;
–– la déclaration à TRACFIN (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) ;
–– les procédures et mesures de contrôle interne à mettre en place au sein des structures d’exercice professionnel.
Cette présente norme professionnelle oblige à la mise en place de procédures qui conduisent en pratique à la
rédaction et à la diffusion d’un manuel de procédures au sein de la structure d’exercice professionnel. Cette der-
nière doit ainsi mettre en place des systèmes d’évaluation et de gestion des risques de blanchiment des capitaux
et de financement du terrorisme. La désignation d’un responsable du contrôle interne est obligatoire dès lors
que la structure d’exercice professionnel est composée d’au moins deux associés.
La norme précise également que les professionnels de l’expertise comptable doivent exercer leur obligation de
vigilance sur la base d’une analyse des risques et selon trois niveaux :
–– vigilance allégée : lorsque le risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme paraît
faible, les professionnels de l’expertise comptable peuvent réduire l’intensité des mesures de vigilance prévues.
Dans ce cas, ils justifient que l’étendue des mesures est appropriée aux risques ;
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24 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
–– vigilance normale : lorsque les éléments d’analyse ou les circonstances n’autorisent pas une vigilance allégée
professionnelle et déontologie
Plan de la norme sur les règles relatives aux obligations des professionnels
de l’expertise comptable pour la prévention de l’utilisation du système financier
aux fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme
Règles agréées par arrêté ministériel du 7 septembre 2010 – applicables à partir du 12 septembre 2010
INTRODUCTION
DÉFINITIONS
OBLIGATIONS REQUISES
Préambule
Obligation de vigilance à l’égard de l’identification du client et du bénéficiaire effectif
Obligation de vigilance à l’égard des opérations réalisées par le client
Documentation
Obligation de déclaration à TRACFIN
Obligations relatives aux procédures et mesures de contrôle interne à mettre en œuvre au sein des structures d’exercice profes-
sionnel
Formation
4 ♦ LA DOCTRINE PROFESSIONNELLE
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC) publie régulièrement un grand nombre de
textes qui constituent des éléments de doctrine. Ces textes n’ont donc pas de valeur normative mais bénéficient
cependant de l’autorité du CSOEC et contribuent à améliorer l’information et les pratiques des professionnels.
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Fiche 2 ♦ Textes légaux, réglementaires et doctrinaux applicables à l’expertise comptable
En accompagnement des normes, le CSOEC a prévu la publication d’une information à caractère technique et
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opérationnel, pour fournir aux professionnels des guides, des supports de formation ou des instruments tech-
niques.
La doctrine comprend notamment :
–– les guides d’application qui précisent les modalités d’application des obligations normatives, les explications
nécessaires à leur mise en œuvre ainsi que la publication d’outils opérationnels ;
–– les pratiques professionnelles (guides pratiques) pour les missions non normalisées du professionnel de l’exper-
tise comptable et pour celles prévues par des dispositions légales ou réglementaires ;
–– les supports documentaires publiés par le CSOEC répondant à des circonstances ponctuelles ou à des situa-
tions particulières (études juridiques, réponses des commissions techniques, communiqués du CSOEC sur des
interventions particulières du professionnel de l’expertise comptable...).
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Présentation des missions Fiche
de l’expert-comptable 3
Le tableau suivant permet de présenter de manière succincte l’ensemble des missions que le législateur a attribué
aux experts-comptables. Les experts-comptables interviennent soit dans le cadre de missions légales, soit dans le
cadre de missions contractuelles. Toutes ces missions s’exercent dans le cadre du référentiel normatif des profes-
sionnels de l’expertise comptable.
Périmètre des missions de l’expert-comptable
Principales missions légales Missions contractuelles
Définies par le Code du travail pour les Comités d’entreprise
(CE) : expertise comptable lors des trois informations/consulta-
tions du CE, alerte par le CE… Présentation des comptes du
CE pour les CE dotés de plus de 153 000 € de ressources de Notamment :
l’employeur.
- Présentation des comptes
Présentation des comptes de campagne des candidats aux
- Examen limité des comptes
élections politiques (Code électoral)
- Compilation des comptes
Délivrance du visa fiscal (art. 1649 quater L et M, CGI)
- Etc.
Évaluation du patrimoine d’affectation dans le cadre de la
création d’une EIRL (C. com., art. L. 526-10)
Tiers de confiance (art. 170 ter, CGI)
1 ♦ LA PROFESSION DE L’EXPERT-COMPTABLE
Le champ d’activité de la profession de l’expert-comptable est défini par les articles 2 et 22 de l’ordonnance du
19 septembre 1945.
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A – L’article 2
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
« Est expert-comptable ou réviseur comptable au sens de la présente ordonnance celui qui fait profession habi-
tuelle de réviser et d’apprécier les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est pas lié par un
contrat de travail. Il est également habilité à attester la régularité et la sincérité des comptes de résultats.
L’expert-comptable fait aussi profession de tenir, centraliser, ouvrir, arrêter, surveiller, redresser et consolider les
comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est pas lié par un contrat de travail.
L’expert-comptable peut aussi organiser les comptabilités et analyser par les procédés de la technique comptable
la situation et le fonctionnement des entreprises et organismes sous leurs différents aspects économique, juri-
dique et financier.
Il fait rapport de ses constatations, conclusions et suggestions.
L’expert-comptable peut aussi accompagner la création d’entreprise sous tous ses aspects comptables ou à fina-
lité économique et financière.
Les membres de l’Ordre, les sociétés pluri-professionnelles d'exercice, les succursales et les associations de
gestion et de comptabilité peuvent assister, dans leurs démarches déclaratives à finalité fiscale, sociale et admi-
nistrative, les personnes physiques qui leur ont confié les éléments justificatifs et comptables nécessaires aux
dites démarches ».
Toutes les facettes du métier d’expert-comptable sont parfaitement définies par cet article, les prestations pour
les particuliers et la fonction de tiers de confiance introduites en 2010 (loi du 23 juillet 2010) sont présentées au
dernier alinéa. Précédemment, la loi du 25 mars 2004 avait permis l’accompagnement de la création d’entreprise
(choix du statut, rédaction des actes juridiques...).
B – L’article 22
L’article 22 définit le cadre général des incompatibilités qui ont pour finalité de ne pas porter atteinte à l’in-
dépendance de l’expert-comptable ainsi que les missions qui peuvent être réalisées sans toutefois pouvoir
constituer l'objet principal de l'activité. Les réformes récentes permettent désormais la détention de mandats
sociaux dans des sociétés commerciales et le maniement des fonds pour les clients dans les conditions et limites
prévues par les textes d’application.
« L’activité d’expertise comptable est incompatible (...) avec :
–– tout emploi salarié, sauf chez un autre membre de l'ordre, chez un membre de la compagnie nationale des
commissaires aux comptes, dans une succursale ou dans une association de gestion et de comptabilité (...) ;
–– toute activité commerciale ou acte d’intermédiaire autre que ceux que comporte l’exercice de la profession,
sauf s’il est réalisé à titre accessoire et n’est pas de nature à mettre en péril l’exercice
de la profession ou l’indépendance des associés experts-comptables ainsi que le respect par ces derniers des
règles inhérentes à leur statut et à leur déontologie. Les conditions et limites à l’exercice de ces activités et à la
réalisation de ces actes sont fixées par les normes professionnelles élaborées par le Conseil supérieur de l’Ordre
et agréées par arrêté du ministre chargé de l’économie ;
–– avec tout mandat de recevoir, conserver ou délivrer des fonds ou valeurs ou de donner quittance, sauf si l’opé-
ration s’effectue à titre accessoire et par les comptes ouverts dans les livres d’un fonds de règlement créé à cet
effet, dans des conditions fixées par décret. Le décret définit les modalités de fonctionnement et de contrôle de
ce fonds. Toutefois, si la délivrance de fonds correspond au paiement de dettes fiscales ou sociales pour lequel
un mandat a été confié au professionnel, elle peut être effectuée directement sans transiter par le fonds précité.
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
Il est en outre interdit aux membres de l’Ordre, aux succursales et aux associations de gestion et de comptabilité
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29
(....) d’agir en tant qu’agent d’affaires, d’assumer une mission de représentation devant les tribunaux de l’ordre
judiciaire ou administratif, d’effectuer des travaux d’expertise comptable, de révision comptable ou de comptabi-
lité pour les entreprises dans lesquelles ils possèdent directement ou indirectement des intérêts substantiels.
Ils peuvent toutefois accepter, sous le contrôle du Conseil régional dont ils relèvent et dans les conditions fixées
par le règlement intérieur de l’Ordre des experts-comptables, tout mandat social dans toute société, groupement
ou association, dès lors que ce mandat n’est pas de nature à porter atteinte à leur indépendance, ainsi que les
missions d’expert qui leur sont confiées, les fonctions d’arbitre et celles de commissaire aux comptes dans les
conditions prévues au livre VIII du Code de commerce.
Ils peuvent également, sans pouvoir en faire l'objet principal de leur activité :
1° Effectuer toutes études ou tous travaux d'ordre statistique, économique, administratif, ainsi que tous travaux
et études à caractère administratif ou technique, dans le domaine fiscal ou social, et apporter, dans ces matières,
leur avis devant toute autorité ou organisme public ou privé qui les y autorise ;
2° Donner des consultations, effectuer toutes études ou tous travaux d'ordre juridique, fiscal ou social et
apporter, dans ces matières, leur avis devant toute autorité ou organisme public ou privé qui les y autorise, mais
seulement s'il s'agit d'entreprises dans lesquelles ils assurent des missions d'ordre comptable ou d'accompagne-
ment déclaratif ou administratif de caractère permanent ou habituel ou dans la mesure où lesdits consultations,
études, travaux ou avis sont directement liés aux travaux comptables dont ils sont chargés.
Les interdictions ou restrictions édictées s’étendent aux employés salariés des membres de l’Ordre, des succur-
sales et des associations de gestion et de comptabilité, et à toute personne agissant pour leur compte ou ayant
avec eux des liens ou intérêts communs.
Les membres de l’Ordre et les dirigeants, administrateurs et salariés des associations de gestion et de comptabi-
lité peuvent participer à l’enseignement professionnel : toutefois, sauf pour les professeurs de l’enseignement
public, les missions définies à l’article 2 ci-dessus doivent demeurer l’objet principal de leur activité. Ils peuvent
procéder à des travaux et études de statistiques et de documentation économique pour le compte des entre-
prises privées et des organismes professionnels. »
–– l’évaluation du patrimoine d’affectation dans le cadre de la création d’une EIRL (C. com., art. L. 526-10) ;
professionnelle et déontologie
Ainsi, le comité d'entreprise peut, s'il l'estime utile, se faire assister d'un expert-comptable de son choix dans les
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31
cas suivants (C. trav., art. L. 2325-35, modifié par la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016) :
–– 1° En vue de la consultation annuelle sur la situation économique et financière prévue à l'article L. 2323-12 ;
–– 1° bis En vue de l'examen des orientations stratégiques de l'entreprise prévu à l'article L. 2323-10 ;
–– 2° En vue de la consultation annuelle sur la politique sociale de l'entreprise, les conditions de travail et l'emploi
définie à l'article L. 2323-15 ;
–– 3° Dans les conditions prévues à l'article L. 2323-34, relatif aux opérations de concentration ;
–– 4° Dans les conditions prévues aux articles L. 2323-50 et suivants, relatifs à l'exercice du droit d'alerte écono-
mique ;
–– 5° Lorsque la procédure de consultation pour licenciement économique d'au moins dix salariés dans une
même période de trente jours, prévue à l'article L. 1233-30, est mise en œuvre ;
–– 6° Dans les conditions prévues aux articles L. 2323-35 à L. 2323-44, relatifs aux offres publiques d'acquisition.
Le comité d’entreprise peut également mandater un expert-comptable afin qu'il apporte toute analyse utile aux
organisations syndicales pour préparer les négociations prévues aux articles L. 5125-1 du Code du travail (accords
de maintien de l’emploi), L. 2254-2 (accord en vue de la préservation ou du développement de l'emploi) et
L. 1233-24-1 du Code du travail (accord sur le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi). Dans ce dernier cas,
l'expert est le même que celui désigné lorsque la procédure de consultation pour licenciement économique est
mise en œuvre. Les développements ci-dessous précisent le contenu de l’intervention de l’expert-comptable pour
certaines missions indiquées précédemment :
Intervention spécifique d’un expert-comptable dans le cadre de deux missions liées aux procédures de licenciements collectifs
pour motifs économiques (C. trav., art. L. 1233-30 et s.) :
- pour apporter toute analyse utile aux organisations syndicales dans la négociation d’un accord déterminant les modalités de
consultation du comité d’entreprise, de mise en œuvre des licenciements et le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi ;
- en cas de projet de fermeture d’un établissement, et de la recherche d’un repreneur.
La mission consiste à accompagner les organisations syndicales dans le processus de négociation d’un éventuel accord de main-
tien dans l’emploi. Conformément aux articles L. 2323-35 et suivants, l’expert-comptable est désigné par le CE. La mission, telle
que définie à l’article L. 5125-1, a pour finalité « d’accompagner les organisations syndicales dans l’analyse du diagnostic et dans
la négociation » d’un éventuel accord.
Dans le cadre de la consultation annuelle sur les orientations stratégiques de l’entreprise (C. trav., art. L. 2323-7-1), le comité
d’entreprise peut se faire assister de l’expert-comptable de son choix. Cette mission d’assistance à la consultation du comité
d’entreprise sur les orientations stratégiques ne se substitue à aucune des autres expertises. L’expert-comptable a accès à la base
de données unique (crées par la loi LES). Cette mission est prise en charge par le CE sur son budget de 0,2 % – budget de fonc-
tionnement – dit budget AEP (Activités Economiques et Professionnelles) à hauteur de 20 % de son coût, dans la limite du tiers
de son budget.
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32 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les comités d'entreprise ne sont pas les seuls à pouvoir faire appel aux services d'un expert-comptable. Ce droit
professionnelle et déontologie
appartient également :
–– aux comités d'établissement investis des mêmes attributions économiques que les comités d'entreprise dans la
limite des pouvoirs confiés aux chefs d'établissement (C. trav., art. L. 2327-15) ;
–– au comité central d'entreprise, ce dernier exerçant les attributions économiques ordinairement reconnues au
comité d'entreprise, qui excèdent la limite des pouvoirs confiés aux chefs d'établissement (C. trav., art. L. 2327-2).
Il dispose, dans ce cadre, des moyens dévolus au comité d'entreprise, donc de la faculté d'appel à un expert-
comptable ;
–– aux délégués du personnel lorsque ces derniers exercent les attributions économiques relevant du comité
d'entreprise (C. trav., art. L. 2313-13) ;
–– à la commission économique créée au sein du comité d'entreprise ou du comité central d'entreprise (C. trav.,
art. L. 2325-25) ;
–– au comité de groupe dans les limites fixées par l'article (C. trav., art. L. 2334-4), en vue de l’examen des docu-
ments et informations (C. trav., art. L. 2332-1) ;
–– au comité d'entreprise européen (C. trav., art. L. 2343-13) ;
–– à l’unité économique et sociale (C. trav., art. L. 2322-4).
3) Le cadre d’intervention
Les moyens d’investigation de l’expert-comptable du comité d’entreprise sont étendus, il peut accéder aux
mêmes documents que le commissaire aux comptes.
Il est rémunéré par l’employeur dans le cadre des missions légales et non pas par le comité d’entreprise (sauf
pour la mission sur les orientations stratégiques financée à hauteur de 20 % par le CE sur son budget relatif aux
AEP - Activités Economiques et Professionnelles).
4) La nouvelle mission légale de présentation des comptes du Comité d'entreprise par un
expert-comptable
La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014, relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale,
a fixé dans son article 32, les obligations comptables applicables aux comités d’entreprise.
Cette loi a créé des obligations comptables pour les comités d’entreprise, ces obligations étant différenciées en
fonction de critères de taille.
L’article L. 2325-45 du Code du travail précise les obligations comptables des comités d’entreprise qui devront
être présentés par un expert-comptable rémunéré par le CE sur son budget AEP de 0,2 %.
Cette nouvelle mission légale concerne les CE dont les ressources nettes de subventions excédent 153 000 €
et dont les données – deux des trois critères – sont inférieures aux seuils du L. 612-1 du Code de Commerce
(3,1 M€ de ressources nettes globales – 1,55 M€ de total de bilan et 50 salariés). Si deux des trois seuils du
L. 612-1 du Code de commerce sont franchis, le CE devra désigner obligatoirement un commissaire aux comptes
(voir fiche 17).
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En synthèse :
Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
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33
Ils doivent, en outre, conclure avec l'administration fiscale une convention portant sur une période de trois ans et
professionnelle et déontologie
Cette mission a pour objectif de permettre au professionnel de l’expertise comptable d’exprimer une assurance
professionnelle et déontologie
modérée sur la régularité et la sincérité des comptes ainsi que sur l’image fidèle donnée par ceux-ci du
patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entité à la fin de la période écoulée.
La mission d’examen limité est destinée à répondre aux besoins exprimés d’une assurance supérieure à celle résul-
tant de l’exécution d’une mission de présentation telle que précédemment définie. La norme applicable à cette
mission est conforme à la norme internationale d’examen limité.
En termes de diligences, la norme requiert :
–– une prise de connaissance approfondie de l’entité permettant l’identification des domaines et comptes sensibles ;
–– une analyse des procédures relatives à l’organisation comptable ;
–– une collecte des éléments probants reposant notamment sur les techniques suivantes : contrôle sur pièces
approfondi, procédures analytiques, entretien avec la direction...
La mission d’examen limité peut porter sur des comptes annuels, des comptes consolidés ou des comptes inter-
médiaires.
– La mission d’audit d'états financiers
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 septembre 2011. Applicable au 1er juillet 2012. Non modifiée par le
référentiel 2016.
Cette mission a pour objectif de permettre au professionnel de l’expertise comptable d’exprimer une assurance
raisonnable portant sur la régularité, la sincérité des comptes et l’image fidèle donnée par ceux-ci du
patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entité à la fin de la période écoulée.
La mission d’audit d’états financiers est destinée à répondre aux besoins exprimés d’une assurance supérieure à
celle résultant de l’exécution d’une mission d’examen limité telle que précédemment définie. Pour la mise en
œuvre de cette mission, le professionnel de l’expertise comptable doit respecter les dispositions des nouvelles
normes d’audit internationales clarifiées (ISAs) dont la transposition dans le référentiel normatif français a été
agréée par l’arrêté du 20 septembre 2011.
En termes de diligences, la mission d’audit d’états financiers s’appuie essentiellement sur :
–– une prise de connaissance approfondie de l’entité ;
–– l’appréciation des procédures de contrôle interne de l’entité ;
–– la collecte d’éléments probants externes ;
–– l’observation physique des actifs de l’entité ;
–– la détermination d’un seuil de signification.
La mission d’audit d’états financiers peut porter sur des comptes annuels, intermédiaires ou consolidés. Les normes
ISA sont consultables et téléchargeables sur le site du CSOEC : www.experts-comptables.fr/Normes
2) Les missions d’assurance qui portent sur des informations autres
que sur des comptes complets historiques
Deux normes sont prévues par le cadre de référence :
–– La norme professionnelle applicable aux missions d’assurance sur des informations autres que des
comptes complets historiques (attestations particulières) (NP 3100)
Norme agréée par arrêté ministériel du 1er septembre 2016 qui annule et remplace l’agrément du 20 juin 2011.
Applicable à compter du 1er octobre 2016.
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
Face à une demande croissante de fiabilisation d’informations diverses et variées produites par l’entreprise ou en
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37
lien avec son environnement économique, financier ou réglementaire, l’expert-comptable est régulièrement sol-
licité pour délivrer, en dehors de sa mission traditionnelle sur les comptes annuels, une attestation. Pour répondre
à ce besoin des tiers utilisateurs de l’information, la norme professionnelle 3100 a été introduite dans le référen-
tiel normatif 2012, inspirée fortement de la NEP 9030 applicable aux attestations particulières émises par un
commissaire aux comptes. Force a été de constater que cette norme posait des difficultés d’application par l’ex-
pert-comptable. De longs travaux et réflexions au sein de la commission des Normes professionnelles du Conseil
supérieur ont abouti à une toute autre norme, fondée sur la norme internationale ISAE 3000 de l’IFAC. Intitulée
« missions d’assurance sur des informations autres que des comptes complets historiques (attestations particu-
lières) », la nouvelle norme professionnelle 3100 couvre un large champ d’application. En outre, elle offre la
possibilité pour l’expert-comptable d’exprimer une opinion, soit une assurance, sur des informations qu’il a ou
non contribué à élaborer, en toute transparence et dans un cadre sécurisé. Cette nouvelle norme permet de
répondre pleinement aux attentes des clients.
Ces missions font appel aux techniques d’examen limité ou d’audit selon le degré d’assurance attendu par l’en-
tité ou par un tiers demandeur. Elles portent sur des informations financières ou non financières.
Elles comprennent :
–– les missions d’assurance sur l’examen d’informations financières prévisionnelles (NP 3400 applicable au
1er juillet 2012), les procédures de contrôle interne, les informations environnementales et sociétales... ;
–– les attestations particulières délivrées par le professionnel de l’expertise comptable à la demande de l’entité.
Les demandes d’attestations particulières peuvent avoir une origine légale ou contractuelle ; elles portent le plus
souvent sur des informations comptables et financières qui ne constituent pas des comptes complets histo-
riques.
Ces attestations ont pour objectif, sur la base de contrôles appropriés à la nature de la demande
formulée, d’attester les informations contenues dans un document établi par la direction de
l’entité.
On peut citer par exemple :
–– les attestations sur les comptes de copropriété (origine contractuelle) ;
–– les attestations portant sur la régularité de la comptabilité des huissiers de justice (origine légale) ;
–– les attestations « ECOFOLIO » en application du Code de l’environnement (origine légale) ;
–– ...
–– La norme professionnelle applicable à la mission d’examen d’informations financières prévisionnelles
(NP 3400)
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 septembre 2011. Applicable au 1er juillet 2012. Non modifiée par le
référentiel 2016.
Cette mission d’examen d’informations financières prévisionnelles se situe parmi les missions d’assurance de
niveau modéré aboutissant à une opinion exprimée sous une forme négative portant sur :
–– le caractère raisonnable des hypothèses ayant servi de base à l’élaboration des informations prévisionnelles ;
–– la traduction chiffrée de ces hypothèses ;
–– la préparation de ces informations sur la base de principes comptables approprié.
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38 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
L’objectif d’une mission d’examen d’informations financières prévisionnelles consiste, pour le professionnel de
professionnelle et déontologie
l’expertise comptable, sur la base des diligences définies dans la présente norme, à conclure qu’il n’a pas relevé
d’éléments qui le conduisent à penser :
–– que les hypothèses retenues ne constituent pas une base raisonnable pour élaborer les informations prévision-
nelles, ou
–– que la traduction chiffrée de ces hypothèses est erronée, ou
–– que les informations ne sont pas préparées de manière cohérente avec les états financiers historiques sur la
base de principes comptables appropriés.
B – Les missions normalisées qui ne donnent pas lieu à une expression d’assurance du
professionnel de l’expertise comptable
1) La mission de compilation de comptes (NP 4410)
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 juin 2011. Applicable à partir des exercices ouverts à compter du
1er janvier 2012. Non modifiée par le référentiel 2016.
Cette mission est destinée aux entités qui entrent dans le périmètre de consolidation d’un groupe qui fait l’objet
d’un audit, qui assure en interne la production de sa comptabilité et qui requiert en amont de la consolidation de
ses comptes un travail de mise en forme des documents de synthèse de ses filiales dans le respect de la législa-
tion française.
Dans une mission de compilation, le professionnel de l’expertise comptable utilise ses compétences en vue de
recueillir, classer et présenter la synthèse d’informations financières sous une forme compréhensible et exploi-
table sans être tenu par l’obligation de contrôler les déclarations sur lesquelles s’appuient ces informations.
Les procédures mises en œuvre ne permettant pas, et n’ayant pas pour objectif de permettre, au professionnel
de l’expertise comptable de donner une assurance quelconque sur les informations financières, cette mission
s’inscrit parmi les missions sans expression d’assurance.
La mission de compilation de comptes peut porter sur des comptes annuels ou intermédiaires.
2) La mission d’examen d’informations sur la base de procédures convenues
(NP 4400)
Norme agréée par arrêté ministériel du 20 juin 2011. Applicable à partir des exercices ouverts à compter du
1er janvier 2012. Non modifiée par le référentiel 2016.
Cette mission est destinée aux interventions qui portent sur une des parties des comptes annuels, comme par
exemple l’examen de certaines rubriques de comptes complets historiques. Elle peut également porter sur un jeu
complet de comptes lorsque tout ou partie des diligences requises par les normes de présentation, d’examen
limité ou d’audit n’a pas été appliqué.
L’objectif d’une mission d’examen d’informations sur la base de procédures convenues consiste, pour le profes-
sionnel de l’expertise comptable, à mettre en œuvre des procédures définies d’un commun accord avec la direc-
tion de l’entité et éventuellement avec des tiers intéressés, et de communiquer dans un rapport écrit les
procédures convenues mises en œuvre et les constats qui résultent de ces procédures.
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Fiche 3 ♦ Présentation des missions de l’expert-comptable
Dès lors que le professionnel de l’expertise comptable ne rapporte que sur des constats, aucune assurance n’est
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exprimée dans son rapport. Il appartient aux destinataires du rapport d’apprécier les procédures et les constats
du professionnel de l’expertise comptable et de tirer leurs propres conclusions à partir des travaux mis en œuvre
par le professionnel de l’expertise comptable et de la nature de ses constats.
3) Les missions particulières sans assurance confiées au professionnel
de l’expertise comptable par la loi ou le règlement
Il s’agit de missions particulières confiées par le législateur, comme par exemple l’intervention du professionnel
de l’expertise comptable du comité d’entreprise ou comme la mission portant sur les comptes de campagne des
candidats aux élections politiques. Ces missions ne donnent pas lieu à une expression d’assurance de la part du
professionnel de l’expertise comptable.
4) Les autres missions ou prestations du professionnel de l’expertise comptable
ne faisant pas l’objet d’une norme professionnelle spécifique
La diversité des besoins des entités laisse place à des missions ne faisant pas l’objet de norme spécifique. Ces
missions, généralement mises en œuvre par le professionnel de l’expertise comptable à la demande de la direc-
tion de l’entité pour ses propres besoins, ne donnent pas lieu à l’expression d’une assurance.
Elles sont régies par les dispositions du Code de déontologie des professionnels de l’expertise comptable, par la
norme anti-blanchiment et par la norme de maîtrise de la qualité des missions au sein des structures d’exercice
professionnel.
La contribution apportée par les membres de l’Ordre à l’exécution des obligations d’une entité cliente ou adhé-
rente relève de cette catégorie d’interventions, que les obligations de cette entité soient de nature comptable,
financière, juridique, fiscale, sociale ou autre.
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L’accès à la profession Fiche
d’expert-comptable 4
Les conditions d’accès à la profession d’expert-comptable sont fixées par l’ordonnance no 45-2138 du 19 sep-
tembre 1945. Le diplôme d'expertise comptable (DEC) peut s'obtenir de deux façons :
–– par les épreuves ponctuelles (examens traditionnels) ;
–– et prochainement (session de novembre 2017), par validation des acquis de l'expérience (VAE).
La « note du jury aux candidats » (dernière version du 23 juin 2016) fixe les modalités de déroulement des
épreuves du DEC. Elle rappelle les objectifs de cet examen et apporte des précisions sur la procédure de notation.
Les candidats doivent impérativement en prendre connaissance.
Un arrêté précisera prochainement les conditions d'obtention du DEC par VAE. Il n'y aura qu'une seule session
annuelle pour la VAE. Ce prochain texte indiquera la période d'entrée en vigueur à savoir la session de 2017.
1 ♦ LE PRINCIPE
Nul ne peut porter le titre d’« expert-comptable » ni en exercer la profession s’il n’est inscrit au tableau de
l’Ordre (art. 3, ord. 19/09/1945). Les personnes titulaires du diplôme d’expertise comptable non inscrites à
l’Ordre peuvent utiliser l’appellation « diplômé(e) d’expertise comptable ».
L’évolution de l’activité des Centres de gestion (agréés habilités) a amené le législateur en 2004 à autoriser
l’exercice de l’activité d’expertise comptable au sein d’associations de gestion et de comptabilité (AGC), qui sont
inscrits à l’Ordre des experts-comptables sur une liste annexe au tableau (décret 2012-690 du 7 mai 2012).
L’Ordonnance n° 2014-443 du 30 avril 2014 a modifié l’ordonnance du 19 septembre 1945 en permettant aux
personnes physiques ou morales exerçant légalement la profession d’expertise comptable dans un Etat membre
de l’Union européenne ou dans un Etat partie à l'Espace économique européen (EEE) de créer une société d’ex-
pertise comptable en France sans condition de détention de capital. Plus des deux tiers des droits de vote des
sociétés d’exercice doivent être détenus, directement ou indirectement, par les personnes physiques ou morales
exerçant légalement la profession d’expertise comptable dans un État de l’UE/EEE. Les représentants légaux des
sociétés d’expertise comptable doivent être des personnes physiques exerçant légalement la profession d'exper-
tise comptable dans un État membre de l'UE/EEE, membres de la société (exemple : le Président de la SAS, les
directeurs généraux, gérants…).
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42 Les Carrés du dec
B – La procédure spéciale
Cette procédure spéciale est prévue par l’article 7 bis de l’ordonnance de 1945. Les personnes ayant exercé une
activité comportant l’exécution de travaux d’organisation ou de révision de comptabilité, et qui ont acquis de ce
fait une expérience comparable à celle d’un expert-comptable particulièrement qualifié, pourront être autorisées
à demander leur inscription au tableau de l’Ordre en qualité d’expert-comptable.
Les personnes qui auront obtenu leur inscription au tableau suite à l’application de l’article 7 bis ne pourront
assurer des travaux comptables dans une société dont elles ont été salariées avant un délai de 5 ans à compter
de la cessation de leurs fonctions. Les conditions d’inscription sont précisées aux articles 84 à 96 du décret du
30 mars 2012.
3 ♦ LA PROCÉDURE D’INSCRIPTION
Un diplômé d’expertise comptable doit être inscrit à l’Ordre pour pouvoir exercer sa profession à titre libéral.
Cette inscription est obligatoire lorsque l’expert-comptable a le statut d’indépendant et/ou lorsqu’il envisage de
diriger une société d’expertise comptable.
Lorsqu’un diplômé est salarié d’un membre de l’Ordre ou d’une société d’expertise comptable, l’inscription au
tableau est possible mais pas impérative.
Toutefois, seule l’inscription au tableau permet d’exercer la profession d’expert-comptable et d’en utiliser le titre.
L’inscription au tableau de l’Ordre se fait auprès du Conseil régional de l’Ordre dans la circonscription duquel le
candidat est établi ») (art. 42, ord. 19/09/1945).
Certains états ou fonctions sont incompatibles avec une inscription. Entre autres, un diplômé d’expertise comp-
table ne peut pas s’inscrire au tableau de l’Ordre s’il est salarié d’une société non-membre de l’Ordre.
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Fiche 4 ♦ L’accès à la profession d’expert-comptable
Un diplômé d’expertise comptable peut être inscrit au Un diplômé d’expertise comptable ne peut pas être inscrit
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43
L’article 116 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 précise les dispositions générales quant à la procédure
d’inscription.
La procédure est synthétisée au sein du tableau suivant :
Étapes Commentaires
Par ailleurs, une procédure particulière d’inscription est prévue pour les associations de gestion et de comptabi-
lité. Ainsi, il est institué auprès du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables une commission natio-
nale chargée de statuer sur l’inscription des associations de gestion et de comptabilité au tableau et de tenir la
liste de ces associations (art. 42 bis, ord. 19/09/1945). La commission statue dans les mêmes conditions de délai
et d’appel que pour les experts-comptables. Elle surveille l’exercice de l’activité d’expertise comptable sous forme
associative en participant notamment à la mise en œuvre des contrôles de qualité.
4 ♦ L’APPEL
La décision du Conseil régional notifiée au candidat et au commissaire régional du gouvernement dans le délai
de dix jours francs peut être, dans le délai d’un mois à compter de sa notification, déférée au comité national du
tableau soit par l’intéressé en cas de refus d’inscription, soit, dans le cas contraire, par le commissaire régional
du gouvernement.
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44 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le comité national du tableau (institué auprès du Conseil supérieur) doit statuer sur l’affaire dans le délai de six
professionnelle et déontologie
mois. Si la décision n’est pas intervenue à l’expiration de ce délai, l’inscription au tableau est de droit (art. 44,
ord. 19/09/1945).
B – Les sanctions
L’exercice illégal de la profession d’expert-comptable ainsi que l’usage abusif de ce titre ou de l’appellation de
société d’expertise comptable ou d’association de gestion et de comptabilité ou de titres quelconques tendant à
créer une similitude ou une confusion avec ceux-ci constituent un délit puni des peines prévues à l’article 433-17
et à l’article 433-25 du Code pénal, sans préjudice des sanctions qui peuvent être éventuellement prononcées
par les juridictions disciplinaires de l’Ordre. Les peines encourues sont ainsi d’un an d’emprisonnement et
15 000 € d’amende pour les personnes physiques et 45 000 € pour les personnes morales. Peuvent s’ajouter des
peines complémentaires, dont la publication de la condamnation.
Des dommages-intérêts sont également éventuellement à prévoir.
À titre d’exemple, l’Ordre des experts-comptables de Paris – Ile-de-France a obtenu de nombreuses condamna-
tions, parmi lesquelles on notera que :
–– les appels sont rares et débouchent sur une peine plus lourde ;
–– les peines d’amendes sont de plus en plus sévères ;
–– des peines d’emprisonnement ferme sont prononcées.
Les personnes qui souhaitent créer une association de gestion et de comptabilité sur le fondement des
articles 7 ter de l’ordonnance du 19 septembre 1945 doivent adresser leur demande par lettre recommandée
avec avis de réception à la commission nationale d’inscription avec l’ensemble des justificatifs et attestations
prévus par le décret du 30 mars 2012 (art. 107).
Après examen de ces attestations, le commissaire du gouvernement émet un avis favorable ou défavorable à
l’inscription de l’association de gestion et de comptabilité.
2) Le tableau (art. 114 et suivant du décret du 30 mars 2012, modifié par le décret n° 2012-690
du 7 mai 2012)
Le tableau de l’ordre des experts-comptables est divisé en huit sections, suivies de quatre listes – appelées
« suite » :
1° la section des experts-comptables, personnes physiques exerçant leur profession à titre indépendant ;
2° la section des experts-comptables, personnes physiques exerçant leur profession en qualité de salarié ;
3° la section des sociétés d’expertise comptable ;
4° la section des sociétés en participation d’expertise comptable ;
5° la section des experts-comptables stagiaires ;
6° la section des experts-comptables honoraires ;
7° la section des personnes et sociétés autorisées à exercer la profession d’expert-comptable, dans les conditions
prévues à l’article 26 de l’ordonnance du 19 septembre 1945 (ressortissants européens sous conditions) ;
8° la section des personnes pouvant exercer de façon temporaire et occasionnelle la profession d’expert-comp-
table en France sous leur titre d’origine en application de l’article 26-1 de l’ordonnance du 19 septembre 1945
(ressortissants européens sous conditions).
À ces huit sections s’ajoutent quatre listes :
1° la liste des associations de gestion et de comptabilité ;
2° la liste des salariés d’associations de gestion et de comptabilité autorisés à exercer l’activité d’expertise comp-
table sur le fondement de l’article 83 ter de l’ordonnance du 19 septembre 1945 ;
3° la liste des salariés d’associations de gestion et de comptabilité autorisés à exercer l’activité d’expertise comp-
table sur le fondement de l’article 83 quater de l’ordonnance du 19 septembre 1945 ;
4° la liste des sociétés de participations financières de professions libérales mentionnées au chapitre VI du titre III
du décret 2012-432 du 30 mars 2012 – modifié par le décret 2012-690 du 7 mai 2012 (SPFPL – Les profes-
sionnels de l’expertise comptable, les sociétés d’exercice comptable, les AGC, les salariés d’AGC (autorisés sur
le fondement des articles 83 ter et 83 quater de l’ordonnance du 19 septembre 1945) et les personnes exer-
çant en France sur le fondement de l’article 26 de la même ordonnance, inscrits au tableau de l’ordre ou à sa
suite, peuvent constituer une SPFPL d’expertise comptable ayant pour objet la détention de parts ou d’ac-
tions de sociétés d’exercice libéral constituées pour l’exercice de la profession d’expertise comptable ainsi
que la participation à tout groupement de droit étranger ayant pour objet l’exercice de cette même profes-
sion).
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46 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
L’inscription dans l’une des sections ou listes du tableau d’une circonscription donne le droit d’exercer la profes-
professionnelle et déontologie
sion sur l’ensemble du territoire national, à l’exception de la situation spécifique des experts-comptables
stagiaires et des experts-comptables honoraires.
Par dérogation, l’inscription au tableau des sociétés de participations financières de professions libérales ne leur
confère pas le droit d’exercer l’activité d’expertise comptable ; en outre, ces sociétés ne sont pas membres de
l’ordre et ne sont pas soumises à son contrôle disciplinaire.
B – La révision
Tous les deux mois environ, la commission du tableau de chaque Conseil régional se réunit afin d’effectuer
une révision du tableau.
À l’occasion de celle-ci, la commission du tableau :
–– examine les demandes d’inscription : personne physique ou morale remettant un dossier complet 8 jours
avant la date de la réunion de la commission du tableau ;
–– examine les dossiers de transfert : lorsqu’un expert-comptable (personne physique ou personne morale)
déjà inscrit sur le tableau de l’Ordre des experts-comptables souhaite transférer son inscription dans une autre
région, il doit saisir la commission régionale ;
–– supprime le nom des experts décédés, démissionnaires, omis ou suspendus, ayant fait l’objet d’une
mesure de radiation ou d’une interdiction temporaire.
C – La radiation
Toute personne physique ou morale inscrite au tableau de l'Ordre ou à sa suite qui, sans motif valable et pendant
deux années consécutives, n’a pas payé sa cotisation professionnelle annuelle ou les cotisations dont il est per-
sonnellement tenu au titre des régimes de sécurité sociale qui lui sont applicables ou qui ne justifie pas d'une
couverture continue d'assurance responsabilité civile est, après deux appels infructueux adressés à un mois d’in-
tervalle, le second par lettre recommandée, réputé démissionnaire de sa qualité de membre de l’Ordre. Il est, en
conséquence, radié du tableau (art. 125 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012).
De plus, il est précisé que toute personne ne remplissant plus les conditions requises à l’inscription au tableau en
sera radiée.
Les décisions portant suspension ou radiation du tableau sont, en outre, notifiées avec leurs motifs à tous les
Conseils régionaux de l’Ordre et, s’agissant des associations de gestion et de comptabilité, à la commission men-
tionnée à l’article 42 bis de l’ordonnance du 19 septembre 1945. La personne ainsi frappée ne peut plus rester
inscrite sur aucun tableau et ne peut exercer sa profession dans aucune région.
D – La publication du tableau
Dans chaque circonscription régionale, le tableau de l’Ordre et sa suite (les listes) sont tenus à
disposition du public au siège du conseil régional et publiés sur le site internet de ce conseil (art. 121 du décret
no 2012-432 du 30 mars 2012).
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Fiche 4 ♦ L’accès à la profession d’expert-comptable
A – L’obligation légale
Doivent obligatoirement souscrire à une assurance responsabilité civile professionnelle les personnes suivantes :
–– les experts-comptables ;
–– les sociétés d’expertise comptable ;
–– les succursales ;
–– les associations de gestion et de comptabilité ;
–– les salariés mentionnés à l’article 83 ter et à l’article 83 quater ;
–– les professionnels ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable.
Ces personnes sont ainsi tenues, si elles sont établies en France, de souscrire un contrat d’assurance pour
garantir la responsabilité civile qu’elles peuvent encourir en raison de de l'ensemble de leurs travaux et activités
(art. 17, ord. 19/09/1945). Cette assurance doit donc couvrir l’ensemble des missions ou activités.
Lorsque les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile encourue à raison des travaux et activités qui y
sont mentionnés ne sont pas couvertes par un tel contrat, elles sont garanties par un contrat d’assurance souscrit
par le Conseil supérieur de l’Ordre. Les membres de l’Ordre participent au paiement des primes afférentes à ce
contrat.
1 ♦ LE MODE D’EXERCICE
L’article 12 de l’ordonnance de 1945 précise que les experts-comptables exercent leur profession soit à titre indi-
viduel et en leur propre nom, soit en qualité de salarié d’un autre expert-comptable, d’une association de gestion
et de comptabilité, d'une succursale ou d’une société d’expertise comptable, soit en qualité de mandataire social
d’une société d’expertise comptable ; ces diverses formes d’exercice sont compatibles entre elles.
Les membres de l’ordre ainsi que les experts comptables stagiaires doivent faire suivre leur titre de la mention du
tableau de la circonscription où ils sont inscrits.
Il doit s’agir de personnes qui exercent légalement la profession d’expertise comptable, à savoir :
–– les personnes physiques ressortissantes d’un des États membres de l’Union européenne ou d’autres États
parties à l’accord sur l’Espace économique européen ;
–– les personnes morales constituées en conformité avec la législation de l’un de ces États et ayant leur siège sta-
tutaire, leur administration centrale ou leur principal établissement dans l’un de ces États.
Il est donc possible que soient constituées en France des sociétés d’expertise comptable par des personnes phy-
siques ou morales exerçant la profession d’expert-comptable dans un autre Etat membre.
Dans tous les cas, les sociétés ainsi constituées seront seules habilitées à utiliser l’appellation de « sociétés d’ex-
pertise comptable » et seront inscrites au tableau de l’ordre.
2) Le choix de la forme sociale
Selon l’article 7 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, les personnes visées au 1) ci-dessus sont admises à
constituer, pour exercer leur profession, des sociétés dotées de la personnalité morale (SA, SARL, SAS, SELAS,
SELARL, Sociétés civiles…) à l’exception des formes juridiques qui confèrent à leurs associés la qualité de com-
merçant (SNC, SCS…).
3) Les conditions cumulatives à respecter
Les sociétés d’expertise comptable constituées doivent satisfaire aux conditions suivantes :
–– les personnes mentionnées au 1) ci-dessus doivent, directement ou indirectement par une société inscrite à
l’Ordre, détenir plus des deux tiers des droits de vote (il n’y a donc pas de condition de détention en
capital) ;
–– aucune personne ou groupement d’intérêts, extérieur aux personnes visées au 1) ci-dessus, ne doit détenir,
directement ou par personne interposée, une partie des droits de vote de nature à mettre en péril l’exercice de
la profession, l’indépendance des experts-comptables ou le respect par ces derniers des règles inhérentes à
leur statut et à leur déontologie ;
–– l’offre au public de titres financiers n’est autorisée que pour des titres excluant l’accès, même différé ou condi-
tionnel, au capital ;
–– les représentants légaux sont des personnes physiques mentionnées au 1) ci-dessus, membres de la société ;
–– la société membre de l’ordre communique annuellement au Conseil de l’Ordre dont elle relève la liste de ses
associés ainsi que toute modification apportée à cette liste.
Dans l'hypothèse où l'une de ces conditions ne serait plus remplie par la société d’expertise comptable, le
Conseil de l'Ordre dont elle relève lui notifie la nécessité de se mettre en conformité et fixe le délai, qui ne peut
excéder deux ans, dans lequel la régularisation doit intervenir. À défaut de régularisation à l'expiration de ce
délai, la société est radiée du tableau de l'Ordre.
4) Les sociétés de participation d’expertise comptable
Les personnes mentionnées au 1) ci-dessus peuvent également constituer des sociétés ayant pour objet principal
la détention de titres de sociétés d’expertise comptable ainsi que la participation à tout groupement de droit
étranger ayant pour objet l’exercice de la profession d’expert-comptable.
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
Ces sociétés sont habilitées à utiliser l’appellation de « sociétés de participation d’expertise comptable » et sont
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51
inscrites au tableau de l’ordre. Elles peuvent avoir des activités accessoires en relation directe avec leur objet et
destinées exclusivement aux sociétés ou aux groupements dont elles détiennent des participations.
Elles portent le nom de sociétés de participations d’expertise comptable et sont inscrites au tableau de l’ordre.
Ces sociétés doivent respecter les mêmes conditions de constitution et d’exercice que les sociétés d’expertise
comptable.
5) Les sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL)
pluri-professionnelles
La loi du 28 mars 2011 et son décret d’application du 19 mars 2014, modifié par le décret n° 2016-879 du
29 juin 2016, ont offert la possibilité à plusieurs professions libérales de se regrouper au sein d’une seule entité
capitalistique. La SPFPL pluri-professionnelle a ainsi pour objet de détenir des parts ou actions de sociétés d’exer-
cice libéral ou de sociétés commerciales ayant pour objet l’exercice de deux ou plusieurs des professions d’avocat,
avocat conseil près le Conseil d’État ou la Cour de cassation de notaire, d’huissier de justice, de commissaire-pri-
seur judiciaire, d’expert-comptable, d'administrateur judiciaire, de mandataire judiciaire, de commissaire aux
comptes ou de conseil en propriété industrielle.
La SPFPL peut également exercer toute autre activité que la détention de participations à la condition que celle-ci
soit destinée exclusivement aux sociétés ou groupements dont elle détient des participations.
Concernant leurs règles de fonctionnement, plus de la moitié du capital et des droits de vote des SPFPL doivent
être détenues par des personnes exerçant leur profession au sein des sociétés faisant l’objet d’une prise de parti-
cipation. Les gérants, le Président et les dirigeants de la société par actions simplifiée, le Président du conseil
d’administration, les membres du directoire, le Président du conseil de surveillance et les directeurs généraux
ainsi que les deux tiers au moins des membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance doivent
être choisis parmi ces mêmes personnes.
6) Les sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL) d’experts-
comptables (mono-professionnelles)
Les professionnels de l'expertise comptable, les sociétés d'exercice comptable, les associations de gestion et de
comptabilité (…) peuvent constituer une société de participations financières de la profession libérale d'expertise
comptable ayant pour objet la détention de parts ou d'actions de sociétés d'exercice libéral constituées pour
l'exercice de la profession d'expertise comptable ainsi que la participation à tout groupement de droit étranger
ayant pour objet l'exercice de cette même profession (art. 199 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012).
Contrairement aux SPFPL pluri-professionnelles, les SPFPL mono-professionnelles ne peuvent détenir que des
parts ou actions de société d’exercice libéral alors que les SPFPL pluri-professionnelles peuvent aussi détenir des
parts ou actions de sociétés commerciales. Le champ des SPFPL mono-professionnelles s’en trouve donc considé-
rablement réduit.
7) Le cas particulier des succursales d’expertise comptable (art. 7 quinquies, ord. 19/09/1945)
Depuis l’ordonnance n° 2014-443 du 30 avril 2014, les personnes mentionnées au 1) ci-dessus sont admises à
constituer, pour l’exercice de leur profession, des succursales qui ne sont pas dotées de la personnalité juridique.
Elles ne sont pas non plus membres de l’ordre des experts-comptables mais sont inscrites au tableau.
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52 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ces succursales sont seules habilitées à utiliser l’appellation de « succursales d’expertise comptable ». Leurs
professionnelle et déontologie
travaux sont placés sous la responsabilité d’un expert-comptable, exerçant au sein de la succursale et représen-
tant ordinal spécifiquement désigné à ce titre auprès du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables par
les personnes mentionnées au 1) ci-dessus.
Les succursales sont soumises aux dispositions législatives et réglementaires relatives à la profession d’expert-
comptable. Elles acquittent des cotisations au même titre et dans les mêmes conditions que les membres de
l’ordre.
8) Les sociétés pluri-professionnelles d’exercice
La loi n° 2015-990 du 6 août 2015 (dite « loi Macron ») et l'ordonnance n° 2016-394 du 31 mars 2016 per-
mettent dorénavant aux experts-comptables de s’associer avec d’autres professionnels juridiques ou judiciaires
réglementés (professions d'avocat, d'avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, de commissaire-priseur
judiciaire, d'huissier de justice, de notaire, d'administrateur judiciaire, de mandataire judiciaire, de conseil en
propriété industrielle et d'expert-comptable) pour exercer leurs professions au sein d’une société commune
d’exercice. Les conditions suivantes devront cependant être respectées :
–– la totalité du capital ou des droits de vote de la société interprofessionnelle devra être détenue, directement ou
indirectement, par des personnes françaises ou européennes exerçant l’une des professions exercées au sein
de la structure ;
–– la société ne pourra exercer l’une des professions que si l’un de ses associés remplit les conditions requises
pour exercer ladite profession.
La mise en œuvre de ces nouvelles structures professionnelles est pour l’instant conditionnée à la publication
d'un décret transversal et d'un décret par profession précisant les modalités de création et d’organisation de ces
sociétés.
2 ♦ LES INCOMPATIBILITÉS
Afin de garantir l’indépendance de l’expert-comptable, la loi a prévu un certain nombre d’interdictions et d’in-
compatibilités dans l’exercice de sa profession.
Dans un premier temps, nous verrons quelle est la législation applicable lors d’incompatibilités. Puis nous distin-
guerons l’étendue de ces interdictions. Enfin, nous répertorierons les diverses fonctions compatibles ou non avec
la profession d’expert-comptable.
2) Les missions et activités autorisées mais en attente de parution de décrets ou de normes
professionnelles
S’il est réalisé à titre accessoire (pour un client), et n’est pas de nature à mettre en péril
Activité commerciale l’exercice de la profession ou l’indépendance des associés experts-comptables ainsi que
et acte d’intermédiaire le respect par ces derniers des règles inhérentes à leur statut et à leur déontologie. Les
(autre que ceux que comporte l’exer- conditions et limites sont fixées par les normes professionnelles élaborées par le Conseil
cice de la profession) supérieur de l’Ordre et agréées par arrêté du ministre chargé de l’économie (en
attente).
Possible en tant que mandataire social d’une société non inscrite à l’Ordre qui aurait
professionnelle et déontologie
Sous réserve de ne pas manier des fonds dans l’attente du décret sur le fonds de règle-
ment, hors paiement des dettes fiscales ou sociales qui est possible (art 22, al. 4, ord.
Liquidateur amiable 19/09/1945).
Attention : la mission d’expert-comptable auprès de l’entreprise doit prendre fin lors de
sa nomination comme liquidateur amiable.
Sauf dans les affaires intéressant ses clients et sous réserve de ne pas manier des fonds
dans l’attente du décret sur le fonds de règlement, hors paiement des dettes fiscales ou
Mandat civil (tutelle…) sociales qui est possible (art 22 al. 4, ord. 19/09/1945).
La mission antérieure de l’expert-comptable doit prendre fin lors de sa désignation.
Le maniement de fonds à titre accessoire est autorisé pour les comptes ouverts dans les
Mandat de recevoir, conserver livres d’un fonds de règlement créé à cet effet dans des conditions fixées par décret.
ou délivrer des fonds ou valeurs
En attente de la publication du décret créant le fonds de règlement.
ou de donner quittance
(maniement de fonds) Exception : le paiement des dettes sociales et fiscales n’a pas à transiter par le fonds de
règlement.
Autorisation de délivrer directement des fonds pour le paiement des dettes fiscales et
sociales pour lequel un mandat a été confié au professionnel, ou par les comptes
ouverts dans les livres d’un fonds de règlement créé à cet effet dans les autres cas (art.
Séquestre 22, al. 4, ord. 19/09/1945).
En attente de la publication du décret fixant les conditions de fonctionnement du fonds
de règlement.
Statut régi par la loi n 2008-776 du 4 août 2008. Autorisé pour toute activité civile o
Auto-entrepreneur
mais interdit pour l’exercice de la profession d’expertise comptable réglementée.
Exemples : agent sportif, recouvrement de créances, syndic professionnel d’immeuble
Agent d’affaires
ou de copropriété, agent immobilier.
Caution pour client Contraire aux règles déontologiques car constitue une atteinte à l’indépendance.
Commissionnement
(rémunération par)
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Fiche 5 ♦ Les conditions d’exercice de la profession d’expert-comptable
Interdit aux membres de l’Ordre, aux succursales, aux AGC et aux salariés des
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59
A – Le local professionnel
L’expert-comptable doit justifier d’une installation matérielle permettant l’exercice de son activité dans de bonnes
conditions (art. 149 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012).
Dans ce cadre, il a la possibilité de partager ses bureaux avec un membre d’une autre profession libérale. Dans ce
cas, il devra éviter tout risque de confusion dans l’esprit du public entre les différentes activités. Un expert-
comptable peut également créer une société civile de moyens (SCM) pour partager des locaux avec d’autres
confrères ou encore aménager un bureau à son domicile.
B – Les collaborateurs (art. 19, ord. 19/09/1945 et art. 132 du décret 2012-432 du 30 mars
2012)
Le nombre maximum de comptables salariés dont les services peuvent être utilisés par un membre de l’Ordre,
personne physique ou par un salarié d’une association de gestion et de comptabilité autorisé à exercer la profes-
sion, est fixé à 15.
La proportion entre le nombre de comptables salariés dont les services peuvent être utilisés par
une société membre de l’Ordre (ou une AGC) et le nombre de membres de l’Ordre, associés ou
salariés, exerçant de manière effective et régulière au sein de ladite société est également fixé à 15. Les experts
comptables stagiaires n’entrent pas dans le calcul de ces ratios.
L’appréciation des effectifs (tant pour les experts-comptables que pour les comptables) se fait à partir d’un travail
à temps plein ou de son équivalent. Les temps partiels ne pourront excéder le double du nombre de salariés tra-
vaillant à temps plein. Les experts-comptables, les sociétés morales membres de l’Ordre et les AGC sont tenus de
déclarer au conseil régional les noms, qualifications, adresse et durée d’emploi des personnes dont ils ont utilisé
les services au cours de l’année précédente, au plus tard le 31 mars.
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Le recours à un expert-comptable,
l’acceptation de la mission Fiche
et la lettre de mission 6
Le recours à un expert-comptable est obligatoire uniquement pour les missions légales notamment celles définies
par le Code du travail pour les comités d’entreprise (y compris la nouvelle mission pour les comptes du comité
d'entreprise) et pour les comptes de campagne des candidats aux élections politiques (voir fiche n° 3).
Dans tous les autres cas, le recours à un expert-comptable est contractuel.
B – Leur contenu
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
2 ♦ L’OBLIGATION DE VIGILANCE
A – La nature de l’obligation
Dans le cadre de l’application de la norme anti-blanchiment (voir fiche n° 2) et avant la signature de la lettre de
mission et ou au plus tard avant de commencer les travaux, l’expert-comptable est soumis à une obligation de
vigilance à l’égard du client et du bénéficiaire effectif.
Ainsi, l’expert-comptable doit :
–– procéder à l’identification du client et, le cas échéant, du bénéficiaire effectif de la prestation.
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Fiche 6 ♦ Le recours à un expert-comptable, l’acceptation de la mission et la lettre de mission
Par « bénéficiaire effectif » d’une société ou d’un groupement, on entend la personne physique qui, en
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63
dernier ressort, possède ou contrôle la société ou le groupement ou pour le compte de qui une transaction ou
une activité est réalisée (C. mon. fin., art. L. 561-2-2). Sont considérées comme possédant ou contrôlant la
société ou le groupement la ou les personnes qui soit en détiennent, directement ou indirectement, plus de
25 % du capital ou des droits de vote, soit exercent, par tout autre moyen, un pouvoir de contrôle sur leurs
organes de gestion, d’administration ou de direction ou sur l’assemblée générale des associés (C. mon. fin.,
art. R. 561-1) ;
–– recueillir par ailleurs, tout élément d’information pertinent sur ces personnes.
3 ♦ LA LETTRE DE MISSION
A – L’établissement obligatoire
L’établissement d’un contrat écrit entre les parties, pouvant prendre la forme d’une lettre de mission, ne faisait
l’objet, jusqu’à la parution du Code de déontologie en 2007, que d’une forte recommandation de la part du
Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables.
Ce contrat écrit est désormais rendu obligatoire pour chaque mission (article 151 du décret n° 2012-432 du
30 mars 2012) et doit être actualisée par avenant de façon périodique ou lors de chaque modification de la
mission. Il doit faire état, le cas échéant, du mandat fiscal et de son étendue.
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B – Les mentions
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
La lettre de mission permet de formaliser l’engagement de chaque partie, de définir la nature, l'étendue et les
limites de la mission (indication du référentiel normatif applicable), leurs obligations réciproques (sous la forme,
par exemple, d'un tableau de répartition entre l'expert-comptable et son client) ainsi que les honoraires corres-
pondants. Elle comporte également l’engagement du client ou de l’adhérent de fournir au professionnel de
l’expertise comptable chargé de tenir et de présenter ses documents comptables tous les éléments nécessaires à
l’établissement d’une comptabilité sincère de son exploitation.
Lorsque le client donne mandat au professionnel pour l'autoriser à effectuer et télétransmettre ses déclarations
fiscales, la lettre de mission doit préciser l'étendue du mandat et éventuellement sa durée. À défaut, et sauf
dénonciation du mandat, la durée est réputée correspondre à celle pour laquelle la lettre de mission est signée.
Lorsque l’expert-comptable exerce la mission de tiers de confiance (voir fiche n° 5), le client doit autoriser, dans
la lettre de mission, l’expert-comptable à procéder à la télétransmission de sa déclaration annuelle d’impôt sur le
revenu et de ses annexes et s’oblige à lui remettre l’ensemble des justificatifs nécessaires.
Cette fiche présente les causes et les conditions de la cessation des fonctions de l’expert-comptable, cette der-
nière ne pouvant intervenir que dans des cas précis dans le respect des conditions du droit des contrats pour les
missions contractuelles.
Pour les missions légales (comités d’entreprise ou comptes de campagne), la mission se termine avec la fin des
diligences et l’expert-comptable ne dispose d’aucun droit à la poursuite de sa mission.
L’expert-comptable peut être contraint de cesser ses fonctions en cas de radiation de l’Ordre de son propre chef
ou pour cause disciplinaire.
tard un mois avant le terme de la période autorisant le rejet de la reconduction, de la possibilité de ne pas recon-
professionnelle et déontologie
3 ♦ LA DÉMISSION DE L’EXPERT-COMPTABLE
♦ La cessation des fonctions de l’expert-comptable
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67
Le Code de déontologie prévoit (art. 156 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012) que les experts-comptables
doivent exercer leur mission jusqu’à son terme normal. Toutefois, ils peuvent, en s’efforçant de ne pas porter
préjudice à leur client (ou adhérent), l’interrompre pour des motifs justes et raisonnables, tels que la perte de
confiance manifestée par le client ou la méconnaissance par celui-ci d’une clause substantielle du contrat.
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Obligations liées Fiche
au comportement professionnel 8
Les obligations liées au comportement professionnel sont prévues par l’ordonnance du 19 septembre 1945 et
par le décret du 30 mars 2012. Leur respect est donc impératif sous peine d’engager la responsabilité civile et
disciplinaire de l’expert-comptable. Dans certains cas, des sanctions pénales sont également prévues.
Les experts-comptables doivent (C. déont., art. 145 du décret no 2012-432 du 30 mars 2012) :
professionnelle et déontologie
–– compléter et mettre à jour régulièrement leur culture professionnelle et leurs connaissances générales ;
–– donner à chaque question examinée tout le soin et le temps qu’elle nécessite, de manière à acquérir une
certitude suffisante avant de faire toute proposition ;
–– donner leur avis sans égard aux souhaits de celui qui les consulte et à se prononcer avec sincérité, en toute
objectivité, en apportant, si besoin est, les réserves nécessaires sur la valeur des hypothèses et des conclusions
formulées ;
–– ne jamais se placer dans une situation qui puisse diminuer leur libre arbitre ou faire obstacle à l’accomplisse-
ment de tous leurs devoirs ;
–– ne jamais se trouver en situation de conflit d’intérêts.
Les experts-comptables veillent à ce que leurs collaborateurs fassent preuve des mêmes qualités et adoptent le
même comportement.
Ces dispositions générales sont reprises par le préambule de la Convention collective nationale du 9 décembre
1974 (Étendue par arrêté du 30 mai 1975, JO 12 juin 1975) – qui s’appliquent aux cabinets d’expertise comp-
table.
Préambule de la CCN – extrait :
« Les professions d’expert-comptable et de commissaires aux comptes sont réglementées.
Il est apparu utile d’en souligner les particularités, dans la mesure où elles ont une influence sur les obligations et
les droits du personnel salarié.
L’Ordre des experts-comptables et des comptables agréés a été institué par l’ordonnance n° 45-2138 du 19 sep-
tembre 1945. Ce texte, complété et modifié par de nombreuses dispositions (...) législatives qui s’imposent à
tous les membres de l’Ordre.
Nul ne peut porter le titre d’expert-comptable (...) s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre et s’il n’a préalablement
prêté serment d’exercer sa profession avec conscience et probité, de respecter et faire respecter les lois dans ses
travaux.
Pour l’inscription au tableau, le professionnel doit, entre autres conditions, être titulaire de certains diplômes ou
examens et présenter les garanties de moralité jugées nécessaires par le Conseil de l’Ordre.
Ces exigences de compétence et de moralité se trouvent répétées à plusieurs reprises dans les différents textes
régissant la profession. Il s’y ajoute des incompatibilités entre certaines activités et l’inscription à l’Ordre. Le
nombre de comptables salariés dont un membre de l’Ordre personne physique peut utiliser les services est limité
à quinze maximum. Un système disciplinaire rigoureux permet de sanctionner les fautes professionnelles, indé-
pendamment du jeu habituel des responsabilités civiles et pénales.
De plus, il est certain que les règles imposées aux membres de l’Ordre et la nature même de leur profession
entraînent toute une série d’obligations :
L’obligation des membres de l’Ordre au secret professionnel (art. 226-13 du Code pénal) exige la discrétion
absolue du personnel ;
L’indépendance des professionnels, la qualité de leurs travaux ne seront une réalité que dans la mesure où le
personnel aura pris conscience de la dimension de la profession et de la responsabilité qui s’attache à tous les
travaux issus du cabinet ; La dignité et la moralité exigées des membres de l’Ordre, les sanctions disciplinaires
auxquelles ils sont soumis constituent également des aspects auxquels les collaborateurs doivent être sensibles ;
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
L’obligation faite aux membres de l’Ordre de perfectionner sans cesse leur culture et d’assurer la formation des
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71
Si les honoraires sont contestés par le client, l’expert-comptable appelé à remplacer un confrère suggère par écrit
professionnelle et déontologie
à son client de recourir à la procédure de conciliation ou d’arbitrage de l’Ordre. Le prédécesseur favorise, avec
l’accord du client, la transmission du dossier.
Le droit de rétention ne peut être exercé par l’expert-comptable successeur sur un dossier à raison des hono-
raires restant à régler au prédécesseur.
Enfin, cette obligation d’information ne s’applique pas aux missions dont la durée est limitée légalement (ex :
missions légales auprès des comités d’entreprise) et aux missions ponctuelles exécutées pour un client bénéfi-
ciant déjà des services d’un expert-comptable. La commission déontologie du Conseil supérieur recommande
cependant d’adresser au confrère un courrier d’information.
2) La reprise du cabinet
Un expert-comptable peut s’engager vis-à-vis d’un successeur, moyennant le paiement d’une indemnité, à faci-
liter la reprise totale ou partielle de son activité. L’expert-comptable cédant favorise le report de la confiance des
clients sur son successeur. En toutes circonstances, ils doivent veiller à la sauvegarde de la liberté de choix des
clients.
3) L’installation du jeune expert-comptable
À l’issue du stage d’expertise comptable, la liberté d’installation de l’expert-comptable s’exerce dans les limites
de la réglementation et des conventions conclues avec son maître de stage.
4) Le remplacement temporaire et l’assistance en cas de décès ou d’indisponibilité
En cas de décès ou d’incapacité temporaire d’un expert-comptable à exercer son activité professionnelle, hormis
le cas d’une sanction définitive de suspension, le président du Conseil régional de l’Ordre peut, sur la demande
du professionnel indisponible ou en accord avec lui, ses héritiers ou ses ayants droit, désigner un expert-
comptable en vue d’assurer son remplacement provisoire. Ce remplacement est une mission de confraternité
gratuite.
Toutefois, une indemnité de remplacement peut être stipulée lorsque l’importance de la mission le justifie. Dans
ce cas, la convention d’indemnité doit être préalablement soumise à l’agrément du Conseil régional de l’Ordre.
Le respect de la clientèle de l’expert-comptable par celui de ses confrères appelé à le remplacer est un devoir
impérieux.
5) La collaboration entre professionnels comptables
La collaboration rémunérée entre experts-comptables, ou entre experts-comptables et d’autres professionnels,
pour des affaires déterminées est possible dans le respect des règles professionnelles et déontologiques
(C. déont., art. 162 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012).
En outre, un expert-comptable peut intervenir pour une mission déterminée chez un client ayant déjà un expert-
comptable mais la commission déontologie du Conseil supérieur recommande de l'informer par écrit et s’abs-
tenir de toute attitude malveillante (critique du confrère par exemple) en application du devoir de confraternité.
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
2 ♦ LE SECRET PROFESSIONNEL
A – Les sources légales
Selon l’article 21 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, le secret professionnel s’étend aux personnes sui-
vantes :
–– les experts-comptables ;
–– les salariés mentionnés à l’article 83 ter et 83 (AGC) ;
–– les experts-comptables stagiaires ;
–– les professionnels ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable ;
–– les membres des organismes juridictionnels ;
–– les membres des autres organismes de l’Ordre ;
–– les membres de la commission d’inscription (art. 42 bis) ;
–– les membres de la commission de discipline (art. 49 bis) ;
–– les personnes mentionnées à l’article 7 ter (AGC).
Elles sont tenues au secret professionnel dans les conditions et sous les peines fixées par l’article 226-13 du Code
pénal. Cependant, ces personnes sont déliées du secret professionnel dans les cas d'information ouverte contre
elles ou de poursuites engagées à leur encontre.
« La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par
profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et
de 15 000 € d’amende » (C. pén., art. 226-13).
Le secret professionnel a été créé dans l’intérêt général afin de permettre aux clients de confier des informations
sensibles sans crainte de représailles. Il est dès lors primordial que ces confidences ou informations confiden-
tielles ne soient jamais dévoilées par ce tiers de confiance afin de maintenir le lien de confiance avec les clients et
la possibilité pour ces derniers de continuer à se confier. Il s’agit d’un outil de régulation de la société.
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74 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Le Code pénal précise que seules les informations à caractère secret sont couvertes par le secret professionnel.
Toutes les informations que l’expert-comptable détient sur son client ne sont donc pas couvertes par le secret
professionnel.
Les informations générales qui ont vocation à être connues, sans pour autant être publiques,
ne sont pas couvertes par le secret professionnel (exemples des comptes, des factures ou
autres pièces comptables). À noter que la plupart des documents comptables ne sont nullement secrets.
Malgré tout, les experts-comptables et leurs collaborateurs salariés sont soumis à un devoir de
discrétion dans l’utilisation de toutes les informations dont ils ont connaissance dans le cadre de leur activité
(C. déont., art. 147 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012). La discrétion s'entend de toutes les informations
générales recueillies par l'expert-comptable, hors celles couvertes par le secret, qu'il ne doit pas divulguer sans
l'accord écrit du client. Un expert-comptable ne peut donc transmettre des informations comptables à tout va,
sous peine de voir une action disciplinaire engagée contre lui. Par ailleurs, le professionnel diligent devant s’as-
treindre à une obligation de confidentialité, la responsabilité civile professionnelle de l’expert-comptable pourrait
être mise en cause sur ce fondement et donner lieu à des dommages-intérêts.
Par contre, les confidences clairement exprimées par le client sous le sceau du secret et qu’il n’aurait pas faites s’il
ne savait pas que l’expert-comptable ne s’en servirait pas contre lui, entrent dans le champ du secret professionnel.
La solution est la même pour les documents et informations découverts par l’expert-comptable, dans le cadre de
ses travaux pour le client, qui pourraient avoir des incidences négatives pour ce dernier s’ils étaient révélés.
L’expert-comptable doit se poser la question, au cas par cas, de la nature de l’information ou du document dont
on lui demande la production afin d’apprécier si celui-ci est couvert par le secret professionnel.
1. Source : Exercice professionnel et déontologie 2013, Conseil Supérieur de l'Ordre des Experts-Comptables (CSOEC) ;
Expertise comptable et secret professionnel, septembre 2015, CSOEC.
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
En outre, les commissaires aux comptes, les experts comptables et les professionnels du droit, assujettis au dispo-
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75
sitif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, peuvent, lorsqu’ils interviennent
pour un même client et dans une même transaction ou lorsqu’ils ont connaissance, pour un même client, d’une
même opération, s'informer mutuellement, et par tout moyen sécurisé, de l'existence et du contenu de la décla-
ration de soupçons (C. mon. fin., art. L. 561-21). Enfin, l’expert-comptable ne peut opposer le secret profes-
sionnel en cas de demande de communication de pièces ou documents relatifs à une opération faite par Tracfin
(C. mon. fin., art. L. 561-26 I et II).
–– Mise en cause pénale, fiscale, disciplinaire de l’expert-comptable (article 21, alinéa 4 de l’ordonnance
du 19 septembre 1945)
Un expert-comptable est délié du secret professionnel en cas d’information ouverte ou de poursuites engagées
contre lui, ou dans les actions intentées devant les chambres de discipline de l’Ordre. Cette exception est égale-
ment admise par la doctrine et la jurisprudence dans le cas d’une mise en cause par un client de la responsabilité
civile professionnelle d’un expert-comptable, pour lui permettre de faire la preuve de ses diligences.
–– Contrôle de qualité
Il est rappelé que les experts-comptables en charge du contrôle qualité sont eux-mêmes astreints au secret pro-
fessionnel.
–– Envers le commissaire aux comptes
L’expert-comptable ne peut opposer le secret professionnel au commissaire aux comptes lorsqu’il a la charge de
la certification des comptes (C. com., art. L. 823-14).
2) L’expert-comptable ne peut opposer le secret professionnel dans tous les cas
Il est nécessaire de vérifier au préalable que l’information ou le document qui est demandé est effectivement
couvert par le secret professionnel (document ou information confidentielle). Si ce n’est pas le cas, le document
ou l’information doit être transmis et ce malgré l’obligation de confidentialité et devoir de discrétion qui s’im-
pose à l’expert-comptable.
–– Droit de visite, de saisie et droit de communication de certaines administrations (FISC, DGCCRF,
Douanes, URSSAF)
Articles L. 16 B, L. 38, L. 81, L. 86, L. 102 B du Livre des Procédures Fiscales, article 64 du Code des douanes, article
L. 450-4 du Code de commerce, articles L. 114-19 et suivants du Code de la Sécurité sociale.
À noter que, depuis le 1er janvier 2015, ce droit de communication a été étendu par la loi n° 2014-1655 du
29 décembre 2014 à des « personnes non identifiées » (conditions fixées notamment par le décret n° 2015-531
du 12 mai 2015 et le décret n° 2015-1091 du 28 août 2015).
Les personnes ou organismes assujettis au droit de communication sont limitativement énumérés par la loi. Il
s'agit notamment des membres de certaines professions non commerciales (LPF, art. L. 86), parmi lesquelles les
experts-comptables.
Le droit de communication permet de prendre connaissance et, au besoin, copie de certains documents détenus
par le professionnel.
–– Perquisitions et saisies par l’autorité judiciaire (articles 92 à 99 du Code de procédure pénale) ou par un
officier de police judiciaire (articles 81 et 151 à 155 du Code de procédure pénale)
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76 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La perquisition au cabinet a pour objet la saisie de documents au sein du cabinet, soit par le juge d’instruction,
professionnelle et déontologie
soit par un officier de police judiciaire dans le cadre d’une enquête préliminaire ou sur commission rogatoire.
À la différence des avocats, les textes ne prévoient pas directement que les experts-comptables peuvent se faire
assister d’un représentant de l’Ordre lors de la perquisition pour écarter, jusqu’à l’avis du juge des libertés et de
la détention, les pièces qu’il estime couvertes par le secret. Ceci étant, les textes imposent aux officiers de police
judiciaire et aux juges d’instruction « l’obligation de provoquer préalablement toutes mesures utiles pour que
soit assuré le respect du secret professionnel ». L’expert-comptable a tout intérêt à demander à un élu de son
Conseil régional de l’assister lors de la perquisition.
Pendant la perquisition, l’expert-comptable peut uniquement s’opposer à la saisie des correspondances, de
documents et notes internes du cabinet qui relatent des confidences du client et qui seraient donc couvertes par
le secret professionnel.
–– L’enquête préliminaire (article 75 du Code de procédure pénale)
Les officiers de police judiciaire et, sous le contrôle de ceux-ci, les agents de police judiciaire pro-
cèdent à des enquêtes préliminaires soit sur les instructions du procureur de la République, soit d’office. Ces
opérations relèvent de la surveillance du procureur général.
Selon l’article 78 du Code de procédure pénale, les personnes convoquées par un officier de police judiciaire
pour les nécessités de l’enquête sont tenues de comparaître. L’officier de police judiciaire peut contraindre à
comparaître par la force publique, avec l’autorisation préalable du procureur de la République, les personnes qui
n’ont pas répondu à une convocation à comparaître ou dont on peut craindre qu’elles ne répondent pas à une
telle convocation.
–– Témoignage devant l’autorité judiciaire ou de police sur réquisition ou dans le cadre d’une enquête
préliminaire (article 109 du Code de procédure pénale)
L’expert-comptable a l’obligation de comparaître et de déposer sur les questions techniques d’ordre comptable
ou financier, dans le respect du secret professionnel. Il reste lié par le secret pour toutes les confidences faites par
son client ou dont il a eu connaissance dans l’exercice de sa profession. En pratique, il faut répondre aux ques-
tions techniques et bien relire le procès-verbal d’audition avant de le signer. Il faut le faire rectifier en cas de
désaccord sur ses termes.
–– La commission rogatoire (article 18 du Code de procédure pénale)
Les officiers de police judiciaire peuvent, sur commission rogatoire expresse du juge d’instruction ou sur réquisi-
tions du procureur de la République prises au cours d’une enquête préliminaire ou d’une enquête de flagrance,
procéder aux opérations prescrites par ces magistrats sur toute l’étendue du territoire national. En pratique, il
faut toujours demander à lire la commission rogatoire lorsqu’elle est invoquée par l’Officier de police judiciaire
pour vérifier le contexte dans lequel l’expert-comptable est entendu.
–– Réquisition judiciaire
L’article 77-1-1 du Code de procédure pénale prévoit que « le procureur de la République ou,
sur autorisation de celui-ci, l’officier de police judiciaire, peut, par tout moyen, requérir de toute personne, de
tout établissement ou organisme privé ou public ou de toute administration publique qui sont susceptibles de
détenir des documents intéressant l’enquête, y compris ceux issus d’un système informatique ou d’un traitement
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
de données nominatives, de lui remettre ces documents, notamment sous forme numérique, sans que puisse lui
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77
être opposée, sans motif légitime, l’obligation au secret professionnel ». Le non-respect de cet article est sanc-
tionné par une amende.
La notion de « motif légitime », toutefois bien difficile à apprécier, contenue dans cet article permet à l’expert-
comptable confronté à une réquisition de documents, couverts selon lui par le secret professionnel, de s’opposer
à celle-ci.
–– L’instruction (article 101 du Code de procédure pénale)
Le juge d’instruction fait citer devant lui, par un huissier ou par un agent de la force publique, toutes les per-
sonnes dont la déposition lui paraît utile. Une copie de cette citation leur est délivrée. Les témoins peuvent aussi
être convoqués par lettre simple, par lettre recommandée ou par la voie administrative ; ils peuvent en outre
comparaître volontairement.
–– La garde à vue
Il convient de vérifier la notification de garde à vue avec la mention de l’infraction reprochée, le rappel des droits
de passer un appel à son entourage, le droit à un examen médical, le droit d’être assisté de son avocat.
Il ne faut dire que ce qui est certain et peut se vérifier. Il est également nécessaire de bien relire le procès-verbal
d’audition avant de le signer. Il faut le faire rectifier en cas de désaccord sur ses termes.
E – Tableau de synthèse
Secret professionnel de l’expert-comptable
Le devoir d’informer a pour finalité d’apporter au client des informations pouvant concerner sa situation.
L’expert-comptable doit ainsi porter à la connaissance de son client les informations d’ordre comptables, juri-
diques, fiscales ou sociales. Il doit également être en mesure d’informer correctement son client sur les opportu-
nités offertes par telle ou telle mesure légale en regard de sa situation personnelle.
Dans le cadre d’une mission de surveillance et de vérification de la comptabilité, l’expert-comptable doit guider
son client, ce qui signifie notamment lui apporter un conseil adéquat sur les écritures comptables qui paraissent
devoir être comptabilisées.
Cette catégorie d’obligation pourrait être qualifiée de devoir de conseil « passif » dans le cadre duquel l’expert-
comptable communique à son client un certain nombre de renseignements pertinents car adaptés à sa situation
personnelle pour répondre éventuellement ensuite à ses questions.
2) Le devoir de mise en garde
Le devoir de mise en garde pourrait être défini en premier lieu comme un devoir d’alerte. Il consiste, pour
l’expert-comptable et pour les sujets entrant dans son domaine de compétence, à une obligation d’information
de son client dès lors qu’il a connaissance d’une action ou d’une omission qui pourrait être de nature à lui causer
un préjudice.
Cette catégorie d’obligation peut aussi être qualifiée de devoir de conseil « actif » dans la mesure où l’expert-
comptable, lorsqu’il est en possession d’une information, a l’obligation (rôle actif) de faire connaître à son client
les conséquences éventuellement dommageables résultant des données relatives à cette information.
Le devoir de mise en garde ne se limite cependant pas à alerter le client mais peut aller jusqu’à un devoir d’inci-
tation active auprès de lui afin qu’il prenne les mesures appropriées.
3) Le devoir d’exiger
Le devoir d’exiger se traduit de deux manières :
–– tout d’abord, l’expert-comptable a le devoir d’exiger l’obtention des documents qu’il estime nécessaires au
bon accomplissement de sa mission en temps utile ;
–– il doit ensuite être capable d’user de son autorité afin d’imposer à son client les mesures indispensables à la
sauvegarde de ses intérêts.
À défaut pour le client de suivre les exigences imposées par son expert-comptable, ce dernier devra en tirer les
conséquences appropriées concernant le maintien ou non de sa mission contractuelle. Il en est notamment ainsi
lorsque l’expert-comptable n’obtient pas les documents nécessaires à la réalisation de sa mission. Il doit alors y
mettre fin.
4) Le devoir de refuser toute complaisance
Le devoir de refuser toute complaisance vis-à-vis du client impose à l’expert de manifester une désapprobation
claire des agissements commis par un client même si ces derniers ne sont pas répréhensifs (frauduleux).
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80 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Dans le cadre de son obligation de conseil, l’expert-comptable est soumis à une obligation de moyens. La distinc-
tion avec l’obligation de résultat présente un intérêt, du moins théorique, en matière de preuve.
Le principe veut que la charge de la preuve revienne au créancier qui devra démontrer que l’inexécution de l’obli-
gation résulte d’une faute du débiteur. Toutefois, la pratique montre que, dans les faits, il revient à l’expert-
comptable de prouver qu’il a bien satisfait à son obligation de conseil.
Cette jurisprudence ancienne et constante se justifie puisque l’expert-comptable est tenu à une obligation de
conseil. Il doit donc par conséquent être en mesure de justifier auprès des juridictions qu’il a correctement rempli
son obligation.
Pour condamner l’expert-comptable, les juges se fondent sur les dispositions de l’article 1231-1 du Code civil qui
prévoit la condamnation du débiteur au paiement de dommages et intérêts en raison de l’inexécution de l’obli-
gation ou du retard dans son exécution.
4 ♦ LA COMMUNICATION DE L’EXPERT-COMPTABLE
A – Les actions de promotion et de démarchage
Les conditions dans lesquelles les experts-comptables peuvent effectuer de la publicité sont encadrées par l’ar-
ticle 152 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012. Cet article a été modifié par le décret n° 2014-912 du
18 août 2014 qui a clairement introduit la possibilité de démarchage et les conditions de son application. Ainsi :
« Les actions de promotion réalisées (…) ont pour objet de procurer au public qu'elles visent une information
utile. Ces personnes ne peuvent proposer des services à des tiers n'en ayant pas fait la demande que dans des
conditions compatibles avec les règles déontologiques et professionnelles d'exercice de leur profession.
Les moyens auxquels il est recouru pour procéder à ces actions de promotion ou de démarchage sont mis en
œuvre avec discrétion, de façon à ne pas porter atteinte à l'indépendance, à la dignité et à l'honneur de la pro-
fession, pas plus qu'aux règles du secret professionnel et à la loyauté envers les clients et les autres membres de
la profession. Lorsqu'elles présentent leur activité professionnelle à des tiers, par quelque moyen que ce soit, les
professionnels de l’expertise comptable ne doivent adopter aucune forme d'expression qui soit de nature à com-
promettre la dignité de leur fonction ou l'image de la profession.
Ces modes de communication ainsi que tous autres ne sont admis qu’à condition que l’expression en soit
décente et empreinte de retenue, que leur contenu ne comporte aucune inexactitude ni ne soit susceptible d’in-
duire le public en erreur et qu’ils soient exempts de tout élément comparatif ».
Les conditions dans lesquelles les actions de démarchage peuvent être réalisées sont donc semblables aux
actions de promotion (publicité), à savoir :
–– une mise en œuvre avec discrétion afin de ne pas porter atteinte à l’indépendance, à la dignité, à l’honneur et
à l’image de la profession ;
–– une expression décente et empreinte de retenue ;
–– un contenu ne comportant aucune inexactitude, aucun élément comparatif et n’induisant pas le public en
erreur.
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Fiche 8
L’article 153 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012 précise que les experts-comptables peuvent utiliser le titre
d’expert-comptable et le faire suivre de l’indication du Conseil régional de l’Ordre dont ils sont membres.
Les personnes exerçant l’activité d’expertise comptable sont autorisées à mentionner sur l’ensemble de leurs
imprimés professionnels (art. 154 du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012) :
–– leurs nom et prénoms, leur raison sociale, forme juridique et appellation ;
–– les adresse(s), numéro(s) de téléphone et de télécopie, adresse(s) électroniques(s), jours et heures de réception ;
–– les titres ou diplômes français ou étrangers délivrés par tout État ou autorité publique ou tout établissement
d’enseignement supérieur ainsi que les titres, diplômes et spécialisations délivrés par l’Ordre après avis de la
commission consultative pour la formation professionnelle des experts-comptables ;
–– le nom de l’assureur et le numéro de la police d’assurance garantissant le professionnel ;
–– toute référence à une norme délivrée par un organisme de certification reconnu par l’autorité compétente en
matière de certification ;
–– la qualité d’expert près la cour d’appel ou le tribunal ou de commissaire aux comptes inscrit près la cour
d’appel dans la mesure où l’usage de ces titres est autorisé par les autorités ou organismes qualifiés ;
–– les distinctions honorifiques reconnues par la République française ;
–– la mention de l’appartenance à un organisme ou réseau professionnel, syndical ou interprofessionnel.
5 ♦ LA RÉMUNÉRATION DE L’EXPERT-COMPTABLE
A – Les sources légales et réglementaires
Les conditions de fixation des honoraires de l’expert-comptable résultent de dispositions figurant d’une part dans
l’ordonnance du 19 septembre 1945 et, d’autre part, dans le décret n° 2012-432 du 30 mars 2012.
1) Les dispositions de l’ordonnance du 19 septembre 1945
« Les honoraires doivent être équitables et constituer la juste rémunération du travail fourni
comme du service rendu. Leur montant est convenu librement avec les clients sous réserve des règles et éléments
de tarification qui pourraient être établis par le ministre chargé de l’économie. Ils ne peuvent en aucun cas être
calculés d’après les résultats financiers obtenus par les clients (article 24). »
2) Les dispositions du décret n° 2012-432 du 30 mars 2012
« Les honoraires sont fixés librement entre le client et les experts-comptables en fonction de l’importance des
diligences à mettre en œuvre, de la difficulté des cas à traiter, des frais exposés ainsi que de la notoriété de l’ex-
pert-comptable (art. 158) ».
Ainsi, les honoraires sont fixés librement entre les parties lors de la rédaction de la lettre de mission en fonction
de l’importance des diligences à mettre en œuvre. Ils ne peuvent être payés sous forme d’avantages, de commis-
sions ou de participations. Ils ne sont pas fixés sur l’activité de l’entreprise mais bien sur l’énergie et le temps
dispensé pour la réalisation des travaux.
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82 Les Carrés
Dans les dispositions statutaires ou conventionnelles, est interdite toute clause prévoyant des indexations fondées
sur le salaire minimum de croissance, sur le niveau général des prix ou des salaires ou sur les prix des biens, pro-
duits ou services n'ayant pas de relation directe avec l'objet du statut ou de la convention ou avec l'activité de
l'une des parties (C. mon. fin., art. L. 112-2).
Il est ainsi possible d’indexer le montant des honoraires soit sur un indice en relation avec l’activité de l’expert-
comptable (indice INSEE des prix des services comptables), soit sur un indice qui correspond à l’activité du client.
6 ♦ LE DROIT DE RETENTION
A – Le principe
Lorsque l’expert-comptable ne reçoit pas sa juste rémunération après diverses relances infructueuses ou après
tentatives de conciliation ou d’arbitrage suite à des contestations, il peut invoquer le droit de rétention. Ce droit
consiste à retenir les travaux comptables effectués en en informant le client sans équivoque.
Les honoraires réclamés doivent être légitimement dus, c’est-à-dire que la créance doit être certaine, liquide et
exigible.
La mise en œuvre du droit de rétention est strictement encadrée par des dispositions spécifiques du décret
n° 2012-432 du 30 mars 2012.
B – La source légale
Le droit de rétention se fonde sur l’article 2286 du Code civil qui stipule :
« Peut se prévaloir du droit de rétention sur la chose :
–– celui à qui la chose a été remise jusqu’au paiement de sa créance ;
–– celui dont la créance impayée résulte du contrat qui l’oblige à livrer ;
–– celui dont la créance impayée est née à l’occasion de la détention de la chose ;
–– celui qui bénéficie d’un gage sans dépossession.
Le droit de rétention se perd par le dessaisissement volontaire. »
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Fiche 8 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
L'article 168 du décret no 2012-432 du 30 mars 2012 prévoit la démarche à effectuer lors d’une situation
amenant le droit de rétention :
« Les experts-comptables doivent ainsi informer le président du Conseil régional de l’Ordre de la circonscription
dans laquelle ils sont inscrits, de tout litige contractuel qui les conduit à envisager de procéder à la rétention des
travaux effectués faute de paiement des honoraires par le client ou adhérent. »
Il est en outre important de distinguer qu’entrent dans le champ du droit de rétention les travaux réalisés par
l’expert-comptable, c’est-à-dire les travaux qui relèvent du fruit de son travail et non les documents comptables
fournis par la société, nécessaires à la production des éléments répertoriés sur la lettre de mission.
L’expert-comptable peut faire valoir ce droit et donc garder ces documents jusqu’au paiement intégral de ses
honoraires. Cependant, il devra avoir épuisé toutes les voies de la conciliation pour pouvoir invoquer le droit de
rétention.
L’expert-comptable a la possibilité de préciser dans sa lettre de mission qu’il fera valoir son droit de rétention en
cas de non-règlement des honoraires. De plus, il est également possible d’indiquer sur la lettre de mission que,
d’après l’article 1231-6 du Code civil, l’entreprise se réserve le droit d’indexer des intérêts par jour de retard.
En synthèse, l’usage du droit de rétention est soumis aux conditions préalables suivantes :
–– l'information du président du Conseil régional concerné ;
–– des honoraires sont légitimement dus (détention d’une créance certaine, liquide et exigible) ;
–– la rétention doit porter sur des documents créés par le professionnel ou comportant un apport de travail per-
sonnel de sa part (excluant tout document appartenant au client) et une corrélation entre la créance réclamée
et les documents retenus ;
–– l’expert-comptable doit manifester sans équivoque son intention de retenir le document (lettre recommandée
AR au client), qu’il justifie sa position, et qu’il ait au préalable épuisé toutes les voies de la conciliation.
En cas de procédure collective, l’expert-comptable ne peut faire valoir son droit de rétention envers l’administra-
teur ou, à défaut, le mandataire judiciaire qui lui demanderait communication de documents comptables qu’il
aurait réalisés.
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La responsabilité Fiche
de l’expert-comptable 9
Le manquement de l’expert-comptable à ses obligations professionnelles selon l’origine des faits peut être
qualifié de faute civile, pénale ou disciplinaire. Un contrat chiffré, appelé lettre de mission, est établi entre
l’expert-comptable et le dirigeant d’une entité afin de réaliser des travaux comptables et de suivre l’activité de
l’organisation. Conformément à l’article 12 de l’ordonnance du 19 septembre 1945, l’expert-comptable assume
dans tous les cas la responsabilité de ses travaux et activités.
1 ♦ LA RESPONSABILITÉ CIVILE
A – Les obligations des parties
Comme en droit commun, la création d’un contrat, ici la lettre de mission, fait naître des droits et des obligations
pour les deux parties contractantes.
1) Les obligations de l’expert-comptable
La mise en œuvre de la mission de l’expert-comptable relève, sauf cas très précis, d’une obligation de moyens.
Cela signifie que le professionnel doit effectuer des diligences normales et avisées.
Néanmoins, dans certains cas, l’obligation de résultat est exceptionnellement mise à la charge de l’expert-
comptable lorsque toute idée d’aléa est exclue.
Par exemple, la remise des déclarations fiscales dans les délais est une obligation de résultat de l’expert-
comptable.
2) Les obligations de l’entité cliente
L’expert-comptable doit effectuer ses prestations en bonne et due forme, mais l’entité cliente doit permettre la
bonne exécution des travaux comptables, pour cela elle est également soumise aux obligations suivantes :
–– obligation de rémunération ;
–– devoir d’information ;
–– coopération loyale.
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86 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Ces obligations sont clairement rappelées dans les modèles de lettre de mission de l’ordre des experts-
professionnelle et déontologie
comptables.
L’étendue de la responsabilité civile de l’expert-comptable est fixée dans l’ordonnance du 19 septembre 1945
(art. 17) : « les experts-comptables, les sociétés d’expertise comptable, les succursales, les associations de
gestion et de comptabilité et les salariés mentionnés à l’article 83 ter et à l’article 83 quarter et les professionnels
ayant été autorisés à exercer partiellement l'activité d'expertise comptable sont tenus, s’ils sont établis en France,
de souscrire un contrat d’assurance selon les modalités fixées par décret pour garantir la responsabilité civile
qu’ils peuvent encourir en raison de l’ensemble de leurs travaux comptables et activités ».
Cette ordonnance peut être complétée par le Code civil, à l'article 1231-1 en cas de faute contractuelle (non-
respect des travaux énoncés dans la lettre de mission) ou aux articles 1240 et suivants du Code civil pour les
fautes délictuelles.
E – L’exercice de l’action
1) Les demandeurs
L’action en responsabilité peut être exercée soit par les représentants légaux de l’entité afin de réparer un préju-
dice subi par cette dernière, soit par tout intéressé afin de réparer un préjudice personnel (tiers).
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88 Les Carrés
Les actions en responsabilité contre l’expert-comptable se prescrivent selon le droit commun. Depuis la loi
n° 2008-561 du 17 juin 2008, l’article 2224 du Code civil prévoit que les actions contractuelles et délictuelles se
prescrivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire du droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui per-
mettant d’agir.
Ce délai peut être abrégé par une disposition de la lettre de mission en ce sens en vertu de l’article 2254 du
Code civil. La durée de la prescription ne peut dans ce cas être réduite à moins d’un an. Cette durée ne peut être
aménagée avec un client consommateur ou non-professionnel.
Il convient de ne pas confondre ce délai de cinq ans avec le délai de conservation des documents comptables du
client qui est fixé à dix ans (C. com., art. L. 123-22).
3) La compétence d’attribution
Lorsque l’action est intentée contre un expert-comptable personne physique, une société civile professionnelle
d’expert-comptable ou une société d’exercice libéral, le tribunal compétant sera le tribunal de grande ins-
tance (TGI).
A contrario, si l’action est intentée contre une société d’expertise comptable qui est commerciale par la forme, le
tribunal compétent sera le tribunal de commerce.
F – Exemples de condamnations
Quelques cas de condamnation sont exposés ci-après :
–– le défaut de mise en garde de l’employeur par son expert-comptable sur les conséquences du défaut d’affilia-
tion obligatoire d’un cadre à un organisme de prévoyance constitue un manquement à l’obligation générale
de conseil à laquelle l’expert-comptable est tenu à l’égard de ses clients (CA Nîmes, 3 février 2009) ;
–– l’expert-comptable, même s’il n’est pas chargé d’établir la comptabilité de son client, est tenu à une obligation
générale de conseil lui imposant de s’assurer que son client procède à l’établissement de sa comptabilité. Il se
doit de le mettre en garde des insuffisances qu’il constate, les carences et négligences de son client ne sau-
raient le décharger de ses obligations de conseil et de mise en garde, et l’exonérer de sa responsabilité (Cass.
civ. 1re, 14 mai 2009, n° 07-19.323) ;
–– quelle que soit la mission qui lui a été confiée, l’expert-comptable est tenu à une obligation de conseil qui
implique d’éclairer le chef d’entreprise sur les moyens de faire face aux problèmes dont l’expert a pu avoir
connaissance et de le guider dans ses choix ; il en va a fortiori ainsi lorsque le chef d’entreprise est lui-même
personnellement impliqué en tant que caution solidaire de la société cliente. L’expert-comptable n’est pas
déchargé de cette obligation par la compétence du dirigeant (Cass. com., 31 mars 2009, n° 06-20.724) ;
–– l’expert-comptable commet une faute engageant sa responsabilité contractuelle dès lors qu’il n’envoie pas un
dossier devant permettre à son client de percevoir une prime destinée aux chômeurs créant ou reprenant une
entreprise (CA Reims, 23 mars 2009) ;
–– la Cour d’appel de Caen (arrêt du 7 mai 2013) confirme l'obligation de conseil fiscal qui s'impose à l'expert-
comptable chargé d'établir les déclarations fiscales.
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Fiche 9 ♦ La responsabilité de l’expert-comptable
Plombier exerçant en entreprise individuelle, le client dégage d'excellents résultats, la question de l'opportunité
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89
de transformer son exploitation en société se pose afin d'optimiser la fiscalité. Une obligation implicite, la cour
d'appel de Caen confirme que cette obligation de conseil s'impose bien à l'expert-comptable même si elle sou-
ligne que les travaux confiés au cabinet n'incluaient pas la réalisation d'une étude d'optimisation fiscale des
conditions d'exercice de l'activité du plombier.
2 ♦ LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
A – Les conditions de mise en cause
Comme pour tout justiciable, la mise en cause de la responsabilité pénale de l’expert-comptable nécessite la
constitution d’une infraction. Cette dernière sera constituée si les trois éléments suivants sont réunis :
–– élément légal : un texte répressif doit prévoir l’infraction (C. pén., art. 111-3) ;
–– élément matériel : il doit y avoir au minimum un commencement d’exécution, l’infraction n’a pas à devoir
être réalisée complètement. La tentative est toujours punissable en cas de crime. En cas de délit, la tentative
est punissable si un texte le prévoit ;
–– élément moral : cet élément nécessite l’existence d’une faute. La faute peut évidemment être intentionnelle
mais elle peut également résulter d’une faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obliga-
tion de prudence ou de sécurité de l’auteur des faits.
C. pén., art. 21,
Un an d’emprisonnement et 15 000 €
Violation du secret professionnel ord. 19/09/1945 et
d’amende
art. 226-13 et 226-14
La responsabilité pénale de l’expert-comptable pourra également être recherchée s’il commet un délit d’initié
(C. mon. fin., art. L. 465-1) ou un délit de divulgation d’informations financières (C. mon. fin., art. L. 465-3,
al. 1). Ces délits ne visent pas expressément l’expert-comptable mais ce dernier pourrait être concerné du fait des
informations qu’il est susceptible de détenir sur l’entité.
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90 Les Carrés du dec
Il est possible de poursuivre l’expert-comptable en tant que complice d’un délit à la condition qu’il existe bien
entendu une infraction principale.
Rappelons cependant qu’est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui (C. pén., art. 121-7) :
–– sciemment, par aide ou assistance, a facilité la préparation et la commission du crime ou du délit ;
–– par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné
des instructions pour la commettre.
La complicité suppose donc un acte positif (aide ou assistance) ainsi qu’une volonté de contribuer à la commis-
sion d’une infraction (sciemment). Pour pouvoir poursuivre l’expert-comptable pour complicité, il sera donc
nécessaire de prouver cette volonté.
Il peut être condamné en tant que complice de délits s’il a participé en connaissance de cause à l’infraction. En
effet, il n’est pas directement considéré comme auteur principal, mais peut prêter son concours à de telles réali-
sations, notamment en cas de présentation de faux bilans ou de fraude fiscale.
3 ♦ LA RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE
Les experts-comptables sont tenus de respecter les règles de la profession et de s’abstenir de réaliser des actes
contraires à l’honneur et la probité. Faute de respect de ces règles, ils peuvent mettre en jeu leur responsabilité
disciplinaire. Cette responsabilité est distincte de la responsabilité civile, dans la mesure où la faute disciplinaire
ne peut donner lieu au versement de dommages-intérêts, mais uniquement à des sanctions professionnelles.
A – La définition
De nature répressive, la responsabilité disciplinaire de l’expert-comptable vise à le faire répondre de ses fautes
devant ses pairs. Cette responsabilité vise ainsi à s’assurer du respect des obligations professionnelles et des
règles déontologiques en sanctionnant les manquements aux devoirs de la profession.
B – Le déroulement de la procédure
En première instance, la juridiction disciplinaire de l’Ordre est constituée en chambre régionale de discipline insti-
tuée auprès de chaque Conseil régional de l’Ordre (art. 49, ord. 19/09/1945).
La chambre régionale de discipline est composée :
–– d’un président désigné par le premier président de la cour l’appel dans le ressort de laquelle est situé le Conseil
régional parmi les magistrats du siège de cette cour ;
–– de deux membres du Conseil régional de l’Ordre, élus par ce conseil lors de chaque renouvellement.
Un président et des membres suppléants sont désignés dans les mêmes conditions.
En appel, la juridiction disciplinaire de l’Ordre est constituée en chambre nationale de discipline instituée auprès
du Conseil supérieur de l’Ordre (art. 50, ord. 19/09/1945).
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Fiche 9 ♦ La responsabilité de l’expert-comptable
–– d’un président désigné par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, parmi les présidents de chambre de la
cour d’appel de Paris ;
–– d’un conseiller référendaire à la Cour des comptes et d’un fonctionnaire, désignés par le ministre de l’Éco-
nomie et des Finances ;
–– de deux membres du Conseil supérieur de l’Ordre, élus par ce conseil lors de chaque renouvellement.
Un président et des membres suppléants sont désignés dans les mêmes conditions.
La décision de la chambre nationale de discipline peut faire l’objet de recours devant le Conseil d’État (art. 53,
ord. 19/09/1945).
Dans l'exercice de sa mission, le contrôleur est soumis à l'ensemble des textes régissant la profession. Il est tenu
professionnelle et déontologie
au secret pour ce qui concerne toutes les informations dont il a eu connaissance à l'occasion du contrôle. La
mission est personnelle et ne peut en aucun cas être déléguée ce qui implique une disponibilité suffisante.
Le contrôleur ne doit avoir assumé aucune fonction ni détenir ou avoir détenu aucun intérêt dans la structure
d'exercice professionnel contrôlée et réciproquement.
–– l'analyse des modalités de fonctionnement de la structure d'exercice professionnel, de son organisation ainsi
que des systèmes et des procédures mises en place (contrôle dit structurel) ;
–– l'appréciation de l'application des diligences et des normes professionnelles par le professionnel inscrit en exa-
minant par sondages ou épreuves les dossiers de travail correspondant à des missions sélectionnées (contrôle
dit technique).
Le contrôle de qualité est mené par référence aux règles et normes en vigueur au moment de l'exercice des mis-
sions et aux usages de la profession. À ce titre l’application de la norme professionnelle de maîtrise de la
qualité par les professionnels de l’expertise comptable – NPMQ – (voir fiche n° 3) revêt une grande impor-
tance. Son objectif est de mettre en place et d’assurer le suivi d’un système de contrôle qualité par les experts-
comptables.
« Comment le choix du cabinet ou de l’expert contrôlé s’opère-t-il ?
Le choix est effectué par le Conseil régional. Le programme de contrôle tient compte des cabinets volontaires
pour bénéficier d’un contrôle qualité et qui en font la demande.
Y a-t-il des limites au contrôle ?
Le contrôle s’applique à toutes les missions des membres de l’Ordre, à l’exclusion des missions de commissariat
aux comptes et d’expertise judiciaire. Il comporte l’analyse des modalités de fonctionnement et d’organisation
du cabinet, ainsi que l’appréciation de l’application des diligences et des normes professionnelles en vigueur au
moment de l’exercice des missions.
Peut-on récuser un contrôleur ?
Le cabinet objet du contrôle a le droit de récuser le ou les contrôleurs désignés. Il dispose pour ce faire d’un délai
de trente jours à compter de la réception de la lettre l’informant de l’examen. La récusation doit s’effectuer par
lettre adressée au président du Conseil régional qui statuera sur la demande ».
(Source : Ordre des experts-comptables RHÔNE ALPES)
Il peut s'agir :
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Le Conseil supérieur a entre autres pour mission de participer, sur le plan international, aux organisations profes-
sionnelles et actions intéressant l’exercice de la profession, en tenant l’autorité de tutelle informée.
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) et le Conseil supérieur de l’Ordre des
experts-comptables (CSOEC) représentent les experts-comptables et les commissaires aux comptes au sein de
l’IFAC (International Federation of Accountants) ou Fédération internationale des experts-comptables.
1 ♦ L’IFAC ET L’IESBA
L’IFAC est une fédération regroupant les organisations nationales des experts-comptables et auditeurs dans le
monde. Elle comprend plus de 175 membres représentant 2,5 millions de comptables dans 130 pays. Elle a été
créée en 1977 et a son siège à New York. Ses objectifs sont le développement de la profession et l’harmonisa-
tion pour l’essentiel des normes d’exercice professionnel sur le plan mondial. À sa tête se trouve un Council
composé d’un représentant par organisation membre, se réunissant une fois par an. L’exécutif est assuré par un
Board se réunissant trois fois par an.
Le Code « Ethics for Professional Accountants » a été établi par l’« International Ethics Standards Board for
Accountants » (« IESBA »), qui est une instance de normalisation indépendante au sein de l’International
Federation of Accountants (IFAC). L’IESBA élabore et publie dans l’intérêt général des normes de déontologie et
des textes complémentaires de très grande qualité à l’usage des professionnels comptables du monde entier. Il
encourage les organismes membres à adopter des normes de déontologie exigeantes pour leurs membres et
contribue à la promotion internationale de bonnes pratiques de déontologie.
L’IESBA encourage aussi les débats internationaux sur les questions déontologiques auxquelles sont confrontés
les professionnels comptables.
Les publications peuvent être téléchargées gratuitement sur le site de l’IFAC : http://www.ifac.org.
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98 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La mission de l’IFAC est de servir l’intérêt général, de renforcer la profession comptable mondiale et de contri-
professionnelle et déontologie
buer au développement d’économies internationales fortes par la définition de normes de déontologie de très
grande qualité. L’IFAC encourage également leur adoption, leur convergence internationale et s’exprime sur les
questions d’intérêt général là où l’expertise de la profession est plus pertinente.
PRÉFACE
PARTIE A : APPLICATION GÉNÉRALE DU CODE
100 Introduction et principes fondamentaux
110 Intégrité
120 Objectivité
130 Compétence et diligence professionnelles
140 Confidentialité
150 Comportement professionnel
A – Le cadre conceptuel
Le code établit des règles de déontologie pour les professionnels comptables. Les organisations membres de
l’IFAC ou les cabinets ne doivent pas appliquer des règles moins strictes que celles qui figurent dans ce code.
Toutefois, si un organisme membre ou un cabinet ne peut se conformer à certaines parties de ce code du fait de
la loi ou de la réglementation, ils doivent néanmoins appliquer toutes les autres parties de ce code.
Certains pays peuvent avoir en place des règles et des recommandations différentes de celles de ce code. Les
professionnels comptables intervenant dans ces pays devront être informés de ces différences et se conformer
aux règles et recommandations les plus strictes, sauf si la loi ou la réglementation applicable le leur interdit.
Une des marques distinctives de la profession comptable est qu’elle assume la responsabilité d’agir dans l’intérêt
général. En conséquence, la responsabilité d’un professionnel comptable ne se limite pas à satisfaire exclusi-
vement les besoins d’un client ou d’un employeur en particulier.
B – La structure du code
Le code comprend trois parties :
–– la Partie A fixe les principes fondamentaux de déontologie professionnelle applicables aux professionnels
comptables et propose un cadre conceptuel que le professionnel comptable doit appliquer. Le professionnel
comptable doit recourir à son jugement professionnel lors de la mise en œuvre de ce cadre conceptuel ;
–– la Partie B s’applique aux professionnels comptables en cabinet ;
–– la Partie C s’applique aux professionnels comptables en entreprise. Les professionnels comptables en cabinet
sont susceptibles de trouver dans la Partie C des éléments s’appliquant également à des cas particuliers.
Les Parties B et C illustrent la façon dont le cadre conceptuel s’applique dans certaines situations. Elles donnent
des exemples de mesures de sauvegarde susceptibles de répondre de façon appropriée aux menaces de nature à
porter atteinte à la conformité aux principes fondamentaux. Elles décrivent également des situations où il n’existe
pas de mesures de sauvegarde permettant de traiter ces menaces et, par conséquent, les circonstances et les
relations qui les créent doivent être évitées.
–– confidentialité : respecter le caractère confidentiel des informations recueillies dans le cadre de ses relations
professionnelle et déontologie
professionnelles et relations d’affaires et, en conséquence, ne divulguer aucune de ces informations à des tiers
sans autorisation spécifique appropriée, à moins d’avoir un droit ou une obligation légale ou professionnelle
de le faire, ni utiliser ces informations pour le bénéfice personnel du professionnel comptable ou d’un tiers ;
–– comportement professionnel : se conformer aux lois et réglementations applicables et éviter tout acte sus-
ceptible de jeter le discrédit sur la profession.
Une circonstance ou une relation donnée peut donner lieu à plus d’une menace et une menace peut affecter le
respect de plus d’un principe fondamental. Les menaces relèvent de l’une ou de plusieurs des catégories sui-
vantes :
–– les menaces liées à l’intérêt personnel : la menace que des intérêts financiers ou d’autres intérêts puissent
influencer de manière inappropriée le jugement ou le comportement du professionnel comptable ;
–– les menaces d’auto-révision : la menace qu’un professionnel comptable n’évalue pas de façon appropriée
les résultats d’un jugement porté antérieurement ou d’un service fourni précédemment par ce professionnel
comptable ou par une autre personne de son cabinet ou de son employeur et sur lesquels il s’appuiera pour
former son jugement dans le cadre de la fourniture d’un service ultérieur ;
–– les menaces liées à la représentation : la menace qu’un professionnel comptable défende la position d’un
client ou d’un employeur au point que l’objectivité du professionnel comptable soit compromise ;
–– les menaces liées à la familiarité : la menace que, compte tenu de liens anciens ou étroits avec un client ou
un employeur, le professionnel comptable soit trop bienveillant à l’égard des intérêts ou des travaux de ce
client ou de cet employeur ;
–– les menaces d’intimidation : la menace que le professionnel comptable soit dissuadé d’agir avec objectivité,
du fait de pressions, réelles ou perçues, notamment de tentatives en vue d’exercer une influence inappropriée
sur le professionnel comptable.
Les mesures de sauvegarde sont des actions ou toute autre mesure qui peuvent éliminer ces menaces ou les
réduire à un niveau acceptable. Elles se répartissent en deux grandes catégories :
–– les mesures de sauvegarde mises en place par la profession, la législation ou la réglementation ;
–– les mesures de sauvegarde prévues dans l’environnement de travail.
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L’organisation de la profession Fiche
de commissaire aux comptes 12
Depuis les grands scandales comptables et financiers du début des années 2000 (Enron, Worldcom, Vivendi,
Parmalat...), les grands pays industriels ont renforcé leurs législations en matière de sécurité financière ; aux
États-Unis la loi « Sarbannes-Oxley – SOX » en 2002, en France, la loi de Sécurité financière (LSF) du 1er août 2003,
ont modifié le cadre légal et réglementaire de l’exercice de la profession de commissaire aux comptes. La plupart
des grands pays ont institué une régulation de la profession contrôlée par les pouvoirs publics.
En France, la création du H3C (Haut Conseil du commissariat aux comptes) par cette loi LSF, autorité de supervi-
sion de la profession, s’inscrit dans ce cadre. La H3C assure avec le concours de la CNCC (Compagnie nationale
des commissaires aux comptes), la surveillance de la profession. La réforme européenne de l’audit a renforcé les
compétences et les pouvoirs du H3C.
–– de statuer, comme instance d’appel sur les décisions prises par les commissions régionales de discipline
(C. com., art. L. 824-9) en matière de contentieux des honoraires ;
–– de coopérer avec les autorités d’autres États exerçant des compétences analogues et les autorités de
l'Union européenne chargées de la supervision des entités d'intérêt public, les banques centrales, le Système
européen de banques centrales, la Banque centrale européenne et le Comité européen du risque systémique ;
–– de suivre l’évolution du marché de la réalisation des missions de contrôle légal des comptes des EIP ; d’éla-
borer et de transmette un rapport à la Commission européenne (article 27 du règlement).
Le H3C peut déléguer à la CNCC la réalisation des missions suivantes ou certaines d’entre elles :
–– l’inscription et la tenue de la liste des commissaires aux comptes ;
–– le suivi du respect des obligations de formation continue des commissaires aux comptes ;
–– les contrôles qualité (pour les entités non EIP).
Les conditions de la délégation du H3C à la CNCC seront fixées par une convention homologuée par arrêté du
garde des sceaux (en cours d’écriture).
En matière de sanctions, et pour connaître du contentieux des honoraires, le H3C statue en formation restreinte,
composée d’un magistrat de l'ordre judiciaire qui en est le président et de quatre autres membres élus par le
collège en son sein, à l'exception des membres du bureau et du directeur général du Trésor ou de son représen-
tant. Les membres de la formation restreinte ne participent pas aux délibérations du collège portant sur des cas
individuels.
Le H3C dispose d'un service chargé de procéder aux enquêtes préalables à l'ouverture de procédures de sanc-
tions. Ce service est dirigé par un rapporteur général et composé d'enquêteurs habilités par ce dernier.
A – Les missions de la CNCC (C. com., art. L. 821-1, L. 821-6, R. 821-30 et R. 821-31)
La CNCC est chargée notamment :
–– de représenter la profession de commissaire aux comptes auprès des pouvoirs publics ;
–– de concourir au bon exercice de la profession à sa surveillance ainsi qu’à la défense de l’honneur et de
l’indépendance de ses membres.
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104 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Elle contribue à la formation et au perfectionnement professionnel de leurs membres, ainsi qu'à la formation des
candidats aux fonctions de commissaires aux comptes.
Par délégation du H3C, la CNCC aura compétence pour la réalisation des missions suivantes ou certaines d'entre
elles :
–– l'inscription et la tenue de la liste des commissaires aux comptes ;
–– le suivi du respect des obligations de formation continue des commissaires aux comptes ;
–– les contrôles qualité (pour les entités non EIP).
La CNCC emploie environ 80 permanents. Ils sont en charge de suivre l’évolution légale et réglementaire de
l’environnement et de la réglementation afin d’aider les commissaires aux comptes en répondant à leurs besoins
et demandes.
C – La composition de la CNCC
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes est administrée par un Conseil national, organe déci-
sionnaire de la profession et par un Bureau. Elle est représentée par un président élu par le Conseil national.
1) Le Conseil national
Le Conseil national est composé de commissaires aux comptes délégués par les compagnies régionales (C. com.,
art. R. 821-37).
Il est chargé, notamment, de l'administration de la Compagnie nationale et de la gestion de ses biens. Il donne
son avis, lorsqu'il y est invité par le Garde des sceaux, ministre de la Justice, sur les projets de loi et de décret qui
lui sont soumis, ainsi que sur les questions entrant dans ses attributions. Il soumet aux pouvoirs publics toutes
propositions utiles relatives à l'organisation professionnelle et à la mission des commissaires aux comptes
(C. com., art. R. 821-46).
2) Le Bureau
Le Conseil national élit en son sein et pour deux ans (C. com., art. R. 821-40) :
–– un président ;
–– trois vice-présidents ;
–– six membres.
Ces membres constituent le Bureau.
Sur délégation du Conseil national auquel il rend compte semestriellement, le Bureau assure l'administration
courante de la Compagnie nationale (C. com., art. R. 821-47).
3) Le président (C. com., art. R. 821-50)
Le président, élu par le Conseil national, représente la compagnie nationale dans tous les actes de la vie civile et
este en justice en son nom. Il porte le titre de président de la compagnie nationale des commissaires aux
comptes. Il représente la compagnie nationale auprès des pouvoirs publics.
B – La composition
1) Le Conseil régional, bureau et président
De la même manière que pour la Compagnie nationale, chaque compagnie régionale est administrée par un
Conseil régional composé de membres élus pour quatre ans et renouvelable par moitié pour deux ans.
Sont éligibles les personnes physiques, à jour de leurs cotisations professionnelles, exerçant des fonctions de
commissaire aux comptes à la date du scrutin. Sont électeurs les personnes physiques membres de la compagnie
régionale, à jour de leurs cotisations professionnelles.
Chaque Conseil régional élit également un bureau pour deux ans et un président pour deux ans renouvelables
une fois.
Le président élu par le Conseil régional porte le titre de président de la compagnie régionale des commissaires
aux comptes. Il représente la compagnie régionale dans tous les actes de la vie civile et pour ester en justice. Il
assure l’exécution des décisions du Conseil régional ainsi que le respect des décisions du Conseil national
(C. com., art. R. 821-65).
2) L'assemblée générale
Les membres de la compagnie régionale se réunissent une fois par an en assemblée, sur convocation du pré-
sident de la compagnie régionale (C. com., art. R. 821-28).
Lorsqu'il exerce en société, chaque commissaire aux comptes associé, actionnaire, membre des organes de
gestion, de direction, d'administration ou de surveillance de la société participe à l'assemblée de la compagnie
régionale à laquelle il appartient personnellement.
L’assemblée ne peut débattre que des questions inscrites à son ordre du jour mais statue toujours sur le rapport
moral et financier du Conseil régional (C. com., art. R. 821-32 et R. 821-33).
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Textes légaux, réglementaires
et doctrinaux applicables Fiche
au commissariat aux comptes 13
Par la loi du 24 juillet 1867, le droit français consacre l’émergence de la profession des commissaires de sociétés
qui seront ultérieurement qualifiés de commissaire aux comptes (en réalité, la dénomination « commissaire aux
comptes » fait son apparition dans la loi du 23 mai 1863). Toutefois, la profession des commissaires aux comptes
telle qu’on la connaît actuellement est véritablement née avec le décret du 12 août 1969 (décret 69-810), pris en
application de la loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales.
Aujourd’hui, le Livre VIII du Code de commerce, Titre II (art. L. 820-1 à L. 824-16) regroupe l’ensemble des dispo-
sitions du Code de commerce applicables à la profession des commissaires aux comptes complété par les dispo-
sitions réglementaires qui ont été prises en application des dispositions légales.
A – La partie législative
Les dispositions du Livre VIII, Titre II du Code de commerce s’appliquent aux commissaires aux comptes nommés
dans toutes les personnes et entités quelle que soit la nature de la certification prévue dans leur mission
(C. com., art. L. 820-1).
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108 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
B – La partie réglementaire
•G
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La partie législative du Code de commerce est complétée par une partie réglementaire qui en précise donc les
modalités dans le respect du plan suivant :
Plan du Livre VIII Titre II du Code de commerce Contenu
(partie réglementaire)
Chapitre préliminaire (art. D. 820-1) Dispositions générales
De l’organisation de la profession
Chapitre I. Section I. (art. R. 821-1 à R. 821-22)
Du Haut Conseil du commissariat aux comptes
De l’organisation de la profession
Chapitre I. Section I. (art. R. 821-23 à R. 821-35)
De l’organisation professionnelle ; De la CNCC et des CRCC
De l’organisation de la profession
Chapitre I. Section I. (art. R. 821-36 à R. 821-50)
De l’organisation professionnelle ; Du conseil national
De l’organisation de la profession
Chapitre I. Section I. (art. R. 821-51 à R. 821-67)
De l’organisation professionnelle ; Des conseils régionaux
Chapitre I. Section II. (art. R. 821-68 à R. 821-76) Du contrôle de la profession
Du statut des commissaires aux comptes
Chapitre II. Section I. (art. R. 822-1 à R. 822-19)
De l’inscription
Du statut des commissaires aux comptes
Chapitre II. Section II. (art. R. 822-20 à R. 822-35) De la déontologie, de l’indépendance et de l’organisation de
l’exercice professionnel
Du statut des commissaires aux comptes
Chapitre II. Section III. (art. R. 822-36 et R. 822-37)
De la responsabilité civile
Du statut des commissaires aux comptes
Chapitre II. Section IV. (art. R. 822-38 à R. 822-124)
Des sociétés de commissaires aux comptes
De l’exercice du contrôle légal
Chapitre III. Section I. (art. R. 823-2 à R. 823-6-2)
De la nomination, de la récusation et de la révocation
De l’exercice du contrôle légal
Chapitre III. Section II. (art. R. 823-7 à D. 823-7-1)
De la mission du commissaire aux comptes
De l’exercice du contrôle légal
Chapitre III. Section III. (art. R. 823-8 à R. 823-22)
Des modalités d’exercice de la mission
Des sanctions
Chapitre IV. Section II. (art. R. 824-1 à R. 824-19)
De la procédure
Des sanctions
Chapitre IV. Section II. (art. R. 824-20 à R. 824-27)
Des décisions et des voies de recours
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110
C – La partie arrêté
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Par l’arrêté du 14 janvier 2009, il a été créé, au sein du Code de commerce, une partie « arrêté » relative au
commissariat aux comptes (art. A. 821-1 à A. 823-37). Cette partie intègre notamment les normes d’exercice
professionnel (NEP) figurant aux articles A. 823-1 à A. 823-37.
Cette obligation est également mentionnée à l’article 14 du Code de déontologie qui précise que le commissaire
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111
aux comptes effectue ses missions en respectant les normes d’exercice professionnel et prend en considéra-
tion les bonnes pratiques professionnelles identifiées et publiées par le Haut Conseil du commissariat aux
comptes.
Les commissaires aux comptes exercent leurs diligences selon une norme d'exercice professionnel spécifique
(NEP 910) dans les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité
limitée et les sociétés par actions simplifiées qui ne dépassent pas, à la clôture d'un exercice social, deux des trois
seuils suivants :
–– total de bilan : 1 550 K€ ;
–– montant hors taxes du chiffre d'affaires : 3 100 K€ ;
–– effectif moyen : 50 salariés.
Cette NEP 910 permet au commissaire aux comptes d’adapter, s’il y a lieu, la nature, le calendrier et l’étendue
des procédures d’audit à mettre en œuvre pour prendre en compte notamment : le nombre peu élevé et la sim-
plicité des opérations traitées par l’entité, l’organisation interne et les modes de financement de l’entité, la pré-
sence d’un expert-comptable, l’implication directe du dirigeant dans le contrôle interne de l’entité, le nombre
restreint d’associés.
Dès lors que le commissaire aux comptes est en mesure d’apprécier favorablement le comportement et l’éthique
professionnels du dirigeant, l’implication de ce dernier dans le processus d’autorisation et de contrôle des opéra-
tions, il pourra alléger les procédures mises en œuvre à l’issue de l’évaluation des risques notamment en :
–– privilégiant le contrôle de la réalité des créances clients par les encaissements intervenus sur la période subsé-
quente plutôt que par recours à des demandes de confirmation des clients ;
–– privilégiant le contrôle l’exhaustivité des dettes fournisseurs par rapport aux factures reçues ou aux règlements
effectués postérieurement à la clôture plutôt que par recours à des demandes de confirmation des fournis-
seurs ;
–– privilégiant un entretien avec le dirigeant pour identifier les événements postérieurs à la clôture ;
–– s’appuyant, pour le contrôle de certaines estimations comptables, sur l’examen du dénouement postérieur à la
clôture de l’exercice des opérations objets de ces estimations ;
–– utilisant les travaux réalisés par l’expert-comptable en tant qu’éléments collectés à l’appui de ses conclusions.
Dès lors que pour certains comptes il estime que ces travaux sont suffisants et appropriés, il se limite à mettre
en œuvre des procédures analytiques lui permettant de comprendre l’évolution des comptes concernés.
Le commissaire aux comptes intervenant dans ces entités doit faire explicitement référence à cette norme profes-
sionnelle spécifique dans sa lettre de mission.
–– la deuxième datée du 8 novembre 2011 relative à « l’autorévision ». Cette BPP est destinée à aider le commis-
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113
saire aux comptes à appréhender les situations susceptibles de créer une situation d'autorévision et de déter-
miner la procédure à respecter pour, le cas échéant, mettre en place des mesures de sauvegarde appropriées ;
–– la troisième datée du 14 avril 2014 relative à la révélation des faits délictueux au procureur de la République
qui est annexée à la circulaire du 18 avril 2014 du ministère de la Justice. Cette BPP est destinée à préciser les
modalités d’application relatives à l’obligation faite au commissaire aux comptes de révéler au procureur de la
République les faits délictueux dont il a eu connaissance ;
–– la quatrième datée du 19 décembre 2014 relative à l’appartenance à un réseau. Cette BPP a pour objectif
d’aider les commissaires aux comptes à analyser leur situation en regard des règles d’appartenance à un réseau
au sens de l’article 22 du Code de déontologie.
6 ♦ LA DOCTRINE PROFESSIONNELLE
La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) publie régulièrement des réponses des diffé-
rentes Commissions ainsi que des ouvrages techniques qui constituent des éléments de doctrine. Ces réponses
publiées ne sont pas dotées de la valeur normative dont bénéficient les NEP. En revanche, elles sont estampillées
de l’autorité de la CNCC et contribuent à améliorer l’information des professionnels.
Parmi les publications de la CNCC, figurent, notamment :
–– des notes d’information (NI) qui ont pour finalité de préciser les modalités d’application des dispositions
légales et réglementaires mais aussi de préciser la mise en œuvre des normes d’exercice professionnel (NEP).
Par exemple, la NI n° 1 relative aux rapports du commissaire aux comptes sur les comptes annuels et conso-
lidés de février 2010 permet de proposer des exemples de rapports ;
–– des avis techniques qui précisent les diligences à effectuer lors de certaines missions. Par exemple, l’avis tech-
nique sur le commissariat à la fusion du 2 décembre 2010 ;
–– des études techniques et juridiques à propos du droit des sociétés et des responsabilités du commissaire aux
comptes ;
–– un bulletin d’information trimestriel faisant un point d’actualité sur les textes et publications concernant les
commissaires aux comptes ;
–– des réponses écrites en réponse à des saisines officielles des différentes Commissions sur des questions
posées par les commissaires aux comptes.
Les anciennes normes de la CNCC établies avant la Loi de Sécurité Financière du 1er août 2003, non contraire
aux lois et règlements et non remplacées par des NEP, ont une valeur d’usage contribuant à la bonne informa-
tion des commissaires aux comptes.
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114 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La réforme européenne de l’audit via l’ordonnance du n° 2016-315 du 17 mars 2016 a introduit pour la pre-
mière fois une définition des Entités d’Intérêt Public (EIP) en France. Ces EIP se voient appliquer les dispositions
du règlement européen 537/2014 spécifique aux EIP. Lorsque des dispositions s’appliquent uniquement aux EIP,
il en sera expressément fait mention au sein des différentes fiches.1
Le tableau suivant présente une distinction entre les entités constituant des EIP de celles qui n’en constituent pas :
Entités constituant des EIP Entités ne constituant pas des EIP
Entités dont les titres (de capital ou de créance) sont cotés sur
un marché réglementé1 d’un État-Membre de l’UE (y compris
OPCVM cotés)
- Entreprises d’investissement
- Sociétés de financement
Établissements de crédit
- Etablissements de paiement
- Etablissements de monnaie électronique
Entreprises d’assurance dont : - Mutuelles du Livre III du Code de la mutualité
- Mutuelles - Mutuelles du Livre II du Code de la mutualité totalement
- Entreprises de réassurance substituées ou totalement réassurées
- Instituts de prévoyance - Organismes de sécurité sociale
Lorsque le total de leur bilan consolidé ou combiné excède
5 milliards d’euros, les entités suivantes :
- Les compagnies financières holdings dont l’une des filiales
est un établissement de crédit ;
- Les compagnies financières holdings mixtes dont l’une des
filiales est une EIP ;
- Les sociétés de groupe d’assurance ;
- Les sociétés de groupe d’assurance mutuelle ;
Associations faisant appel public à la générosité (APG)
- Les unions mutualistes de groupe ;
- Les sociétés de groupe assurantiel de protection sociale.
Ce seuil doit être dépassé pendant deux exercices consécutifs.
A contrario, l’entité perd la qualification d’EIP lorsque ce seuil
n’est pas dépassé pendant deux exercices consécutifs.
Enfin, les dispositions spécifiques applicables aux EIP ne seront
applicables pour ces entités qu’aux exercices ouverts à
compter du 1er janvier 2018.
1. Les marchés français Alternext et Marché Libre ne sont pas des marchés réglementés.
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Présentation des missions Fiche
du commissaire aux comptes 14
Le schéma général suivant permet de présenter de manière succincte l’ensemble des missions que le législateur a
attribué au commissaire aux comptes.
1 ♦ LA MISSION PERMANENTE
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
A – La mission générale
La mission générale du commissaire aux comptes comporte :
–– une mission d’audit légal conduisant à la certification des comptes ;
–– des missions de vérifications et informations spécifiques définies par la loi.
1) La mission d’audit légal des comptes
La mission d’audit légal correspond à la certification des comptes annuels et des comptes consolidés.
L’article L. 823-9, al. 1 du Code de commerce est l’article de base et dispose que les com-
missaires aux comptes certifient, en justifiant leurs appréciations, que les comptes annuels
sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de
Certification des comptes annuels l’exercice écoulé, de la situation financière et du patrimoine de la personne ou de l’entité à
(C. com., art. L. 823-9, al. 1) la fin de l’exercice.
La certification des comptes annuels est matérialisée au sein du rapport du commissaire
aux comptes sur les comptes annuels.
Lorsqu’une personne ou entité établit des comptes consolidés, la certification porte sur l’en-
semble constitué par les personnes ou entités comprises dans la consolidation.
La certification des comptes consolidés est matérialisée au sein du rapport
Certification des comptes conso-
du commissaire aux comptes sur les comptes consolidés.
lidés (C. com., art. L. 823-9, al. 2)
La certification des comptes consolidés est délivrée notamment après examen des travaux
des commissaires aux comptes des entités comprises dans la consolidation ou, à défaut, des
professionnels chargés du contrôle de ces entités.
Dans leur rapport à l’assemblée générale ordinaire, les commissaires aux comptes disposent
de quatre possibilités de certification :
– la certification sans réserve en formulant, s’il y a lieu, toutes observations utiles ;
Nature de la certification des
– la certification avec réserve(s) ;
comptes annuels ou consolidés
– le refus de certification ;
(C. com., art. R. 823-7 1o)
– l’impossibilité de certifier les comptes (modification NEP 700 attendue).
Ils justifient de leurs appréciations et précisent les motifs de leurs réserves, de leur refus ou
de leur impossibilité de certifier.
Les EIP ont l’obligation de se doter d’un comité spécialisé, également appelé comité d’audit.
Les commissaires aux comptes doivent adresser au comité d’audit un rapport complémen-
taire dont le contenu est fixé à l’article 11 du règlement européen 537/2014, notamment :
- déclaration d’indépendance ;
Rapport complémentaire destiné
au comité d’audit (EIP unique- - description des procédures utilisées ;
ment) – C. com., art. L. 823-16 III - indication des seuils de signification ;
- exposé des carences significatives détectées dans le système de contrôle financier interne ;
- mention des éventuelles difficultés rencontrées lors de la mission ;
-…
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Les vérifications et informations spécifiques portent sur le respect de certaines dispositions légales et sur des
informations diverses prévues par la loi. À titre d'informations, elles concernent principalement :
–– les documents et rapports prévus dans le cadre de la prévention des difficultés des entreprises ;
–– le tableau d’activité et de résultats et le rapport semestriel ;
–– les conventions réglementées ;
–– les actions détenues par les administrateurs ou membres du conseil de surveillance ;
–– l'égalité entre les actionnaires ;
–– le rapport de gestion ;
–– les documents adressés aux actionnaires à l’occasion de l’assemblée générale ;
–– le montant global des rémunérations versées aux personnes les mieux rémunérées ;
–– la prise de participation et de contrôle et identité des personnes détenant le capital ;
–– la communication des irrégularités et des inexactitudes à l’assemblée générale ;
–– le montant global des sommes ouvrant droit aux déductions fiscales visées à l’article 238 bis AA du CGI.
Les conclusions du commissaire aux comptes sur les vérifications et informations spécifiques se matérialisent soit
au sein du rapport du commissaire aux comptes sur les comptes annuels ou consolidés, soit au sein de
rapports ou d’attestations spécifiques (exemple : rapport spécial sur les conventions réglementées).
3) Les interventions suite à des demandes de l’entité : services autres que la certification des
professionnelle et déontologie
comptes (SACC)
–– Contexte et champ d’application
L’entité contrôlée a la possibilité de demander à son commissaire aux comptes de réaliser des interventions parti-
culières à sa demande. Avant la réforme de l’audit, la prestation demandée devait être prévue par une norme
d’exercice professionnel (NEP-DDL). À cet effet, neuf normes d’exercice professionnel relatives aux diligences
directement liées (DDL) à la mission du commissaire aux comptes avaient été publiées. Elles sont désormais
caduques.
Dorénavant, est autorisé tout ce qui n’est pas interdit. La liste des services interdits est fixée par le Code de
déontologie qui fera cependant l’objet de modifications par un décret à paraître.
La CNCC a publié un communiqué en juillet 2016 précisant les normes ou doctrine à faire référence par le CAC
lors de la réalisation de services autres que la certification des comptes (SACC). Les situations suivantes ont été
distinguées :
–– Plafonnement des honoraires relatifs aux SACC dans les EIP uniquement
•G
119
Lorsque le commissaire aux comptes fournit à une entité d'intérêt public dont il est chargé de certifier les
comptes (ou à la personne qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle au sens des I et II de l'article L. 233-3) des
services autres que la certification des comptes, le total des honoraires facturés pour ces autres services se limite
à 70 % de la moyenne des honoraires facturés au cours des trois derniers exercices pour le contrôle légal des
comptes et des états financiers consolidés de l'entité d'intérêt public et, le cas échéant, de la personne qui la
contrôle ou qui est contrôlée par elle (C. com., art. L. 823-18, II.).
Les services autres que la certification des comptes qui sont requis par la législation de l'Union ou par une dispo-
sition législative ou règlementaire sont exclus de ce calcul.
Le plafond ne s’applique qu’au « commissaire aux comptes ou cabinet d’audit » de l’entité auditée et ne
concerne pas les autres missions qui seraient réalisées par des membres du réseau du cabinet d’audit.
La CNCC a proposé une formule de détermination du plafonnement qui est la suivante :
Source : CNCC
Le H3C peut, à la demande du commissaire aux comptes, autoriser ce dernier, à titre exceptionnel, à dépasser ce
plafond pour une période de deux exercices maximum.
Il est enfin à noter que ces nouvelles règles entreront en vigueur à compter du quatrième exercice ouvert posté-
rieurement au 16 juin 2016 (dispositions transitoires).
–– Approbation par le comité d’audit uniquement dans les EIP
Les services autres que la certification des comptes non interdits peuvent être fournis par le commissaire aux
comptes ou les membres du réseau auquel il appartient à l'entité d'intérêt public dont il certifie les comptes, ou
aux personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle au sens des I et II de l'article L. 233-3, à
condition d'être approuvés par le comité d’audit. Ce comité se prononce après avoir analysé les risques pesant
sur l'indépendance du commissaire aux comptes et les mesures de sauvegarde appliquées par celui-ci (C. com.,
art. L. 822-11-2).
Constitution de sociétés par actions et de Sociétés par actions : C. com., art. L. 225-8, L. 225-14 et L. 227-1 (SAS)
sociétés à responsabilité limitée (1) SARL : C. com., art. L. 223-9
Augmentation de capital des sociétés par Sociétés par actions : C. com., art. L. 225-147 et L. 227-1 (SAS)
actions et des sociétés à responsabilité limitée SARL : C. com., art. L. 223-33
Fusion, scission et apport partiel d’actif de Sociétés par actions : C. com., art. L. 236-10, L. 236-16
sociétés par actions et à responsabilité limitée (2) SARL : C. com., art. L. 236-23 et L. 236-24
(1) Dans les SARL, les articles L. 223-9 et L. 223-33 du Code de commerce prévoient la possibilité de ne pas désigner de com-
missaire aux apports lors de la constitution ou à l'occasion d'une augmentation de capital si trois conditions cumulatives
sont réunies :
– unanimité des associés ;
– la valeur d’aucun apport en nature ne doit excèder 30 000 € ;
– la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation d’un commissaire aux apports n’excède
pas la moitié du capital.
Les apports en nature faits lors de la constitution d’une SAS et dont la valeur totale ne dépasse pas la moitié du capital
bénéficient également de cette dispense (C. com., art. L. 227-1) mais l’entrée en vigueur de cette mesure est subordonnée
à la parution d’un décret fixant la valeur que chaque apport ne doit pas dépasser.
Enfin, les mêmes dispositions légales prévoient qu’il n’est pas obligatoire de nommer un commissaire aux apports lors de
la création d’une EURL ou d’une SASU constituée par apports en nature de l’activité professionnelle en nom propre de
l’associé unique
(2) En cas de fusion dite simplifiée (l’absorbante détient la totalité du capital de l’absorbée), la désignation d’un
commissaire aux apports et d'un commissaire à la fusion n'est pas non plus obligatoire (C. com., art. L. 236-11).
Certains apports consentis à une société par actions peuvent être dispensés de désignation d’un commissaire aux
apports si les fondateurs, en cas de constitution, ou les dirigeants, en cas d’augmentation de capital, le décident.
Il s’agit des apports de biens suivants (C. com., art. L. 225-8-1 et L. 225-147-1) :
–– valeurs mobilières donnant accès au capital ou instruments du marché monétaire s’ils ont été évalués au prix
moyen pondéré auquel ils ont été négociés sur un ou plusieurs marchés réglementés durant les trois mois pré-
cédant la date de la réalisation effective de l’apport ;
–– autres éléments d’actif ayant été évalués, à l’occasion d’un précédent apport, par un commissaire aux apports
six mois au plus avant la réalisation effective du nouvel apport (réapport d’un bien).
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Ces deux dispenses d’évaluation sont conditionnées au respect des conditions suivantes :
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121
–– dépôt au siège social avant l’opération de la décision de ne pas désigner un commissaire aux apports avec les
documents relatifs à la description et à l’évaluation des apports établis à l’origine ;
–– ces documents doivent comprendre une attestation précisant qu’aucune circonstance nouvelle n’est venue
modifier l’évaluation ;
–– dépôt des documents ci-dessus au greffe du tribunal avant l’opération.
2) Les modalités de désignation du commissaire aux apports
Dans les sociétés
La loi no 2012-387 du 22 mars 2012 a simplifié les modalités de désignation du commissaire aux apports en per-
mettant une désignation à l’unanimité des associés. Cette possibilité de désignation à l’unanimité des associés
ne s’appliquait auparavant que dans le cas d’une constitution de SARL. Elle est dorénavant étendue.
Ainsi :
–– à la constitution de la société : la désignation est effectuée à l’unanimité des fondateurs ou, à défaut, par déci-
sion de justice, à la demande des fondateurs ou de l’un d’entre eux ;
–– en cours de vie sociale : la désignation est effectuée à l’unanimité des associés ou, à défaut, par décision de
justice le plus souvent à la demande du représentant légal de la société concernée.
Dans les associations et fondations
Le commissaire aux apports est choisi par les associations et fondations participant à l’opération. Il est désigné
par le président du tribunal de grande instance, statuant sur requête.
3) Le statut du commissaire aux apports
Les commissaires aux apports sont choisis parmi les commissaires aux comptes inscrits sur la liste prévue à
l’article L. 822-1 du Code de commerce (liste des commissaires aux comptes) ou parmi les experts inscrits
Qualité sur une des listes établies par les cours et tribunaux (art. R. 225-7 du Code de commerce).
Ils ont la possibilité de se faire assister par un ou plusieurs experts de leur choix. Les honoraires de ces
experts sont à la charge de la société.
Interdictions et Les commissaires aux comptes de la société ne peuvent être désignés commissaires aux apports (article 10
incompatibilités du Code de déontologie de la profession de commissaire aux comptes).
Les commissaires aux apports sont soumis au secret professionnel pour l’ensemble des informations qu’ils
sont amenés à connaître à l’occasion de leur mission. Comme pour le commissaire aux comptes, la viola-
Secret tion du secret professionnel par le commissaire aux apports est susceptible d’entraîner les mêmes sanc-
professionnel tions.
En l’absence de texte prévoyant une levée du secret, le commissaire aux comptes de l’entité est tenu au
secret professionnel à l’égard du commissaire aux apports (Bull. CNCC n° 139, 09/2005).
Préalablement à l’acceptation de sa mission, le commissaire aux apports apprécie dans quelle mesure il est
Compétence compétent pour assurer la mission qui lui est proposée. Il a néanmoins la possibilité de se faire assister par
un ou plusieurs experts de son choix (par exemple, en vue de l’appréciation de l’évaluation d’un brevet).
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122 Les Carrés du dec
Le commissaire aux apports a pour objectif de s’assurer, d’une part, de la réalité et de l’exhaustivité des apports
et, d’autre part, que la valeur des apports n’est pas surévaluée ou sous-évaluée.
Selon l’article R. 225-8 du Code de commerce, le rapport des commissaires aux apports décrit chacun des
apports, indique quel mode d’évaluation a été adopté et pourquoi il a été retenu, affirme que la valeur des
apports correspond au moins à la valeur du nominal des actions ou parts à émettre augmentée éventuellement,
selon le cas, de la prime de fusion, d’émission ou de scission.
B – Le commissariat à la fusion
1) Le champ d’intervention du commissaire à la fusion
Le recours à un ou plusieurs commissaires à la fusion s’effectue obligatoirement dans les cas de fusions et
scissions (et, par extension, apports partiels d’actifs) de sociétés par actions et de sociétés à responsabilité
limitée. A contrario, leur intervention n’est pas requise lors de fusions d’autres sociétés (par exemple, en
cas de fusion entre deux sociétés en nom collectif ou entre deux sociétés civiles). Elle n’est pas requise non
Principe plus en cas de fusion entre une société par actions ou une SARL et une société d’une autre forme.
Leur recours est également obligatoire en cas de fusion entre associations, fondations dotées de la per-
sonnalité morale et entre fondations dotées de la personnalité morale et associations lorsque la valeur
totale de l’ensemble des apports est au moins égale à 1 550 000 €.
Leur intervention est également écartée lorsque les associés ou actionnaires prennent cette décision à
l’unanimité dans toutes les sociétés participant à l’opération. À cette fin, les associés ou actionnaires
Exception
doivent être consultés avant que ne commence à courir le délai exigé pour la remise de ce rapport (c’est-
à-dire un mois avant l’assemblée générale extraordinaire statuant sur l’opération).
Fusion simplifiée
pour les filiales
à 100 %
Leur intervention n’est pas requise dès lors que, dès le dépôt du projet de fusion au greffe du tribunal de
(C. com.,
commerce jusqu’à la date de réalisation de l’opération, la société absorbante détient en permanence la
art. L. 236-11
totalité des actions ou parts représentant la totalité du capital des sociétés absorbées.
sociétés
par actions
et L. 236-23, SARL)
Fusion simplifiée Ce dispositif ne concerne que les fusions entre sociétés par actions (SA, SCA, SAS).
pour les filiales Leur intervention n’est pas requise dans les cas de fusion d’une filiale par sa société mère possédant 90 %
à 90 % ou plus des droits de vote, sans en détenir la totalité, si les actionnaires minoritaires se sont vu proposer,
(C. com., art. L. 236- préalablement à la fusion, le rachat de leurs actions par la société absorbante. Le prix de rachat est fixé
11-1) dans les conditions de l’article 1843-4 du Code civil (fixation par un expert en cas de contestation).
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Fiche 14 ♦ Présentation des missions du commissaire aux comptes
Les conditions d’accès à la profession de commissaire aux comptes sont fixées dans les parties légales et régle-
mentaires du Code de commerce.
1 ♦ LE PRINCIPE
L’article L. 822-1 du Code de commerce dispose : « Les fonctions de commissaire aux comptes sont exercées par
des personnes physiques ou par des sociétés inscrites sur une liste établie par le Haut conseil du commissariat
aux comptes ».
Cette liste est publiée sur le site internet du Haut conseil. Elle est mise à jour mensuellement compte tenu des
nouvelles inscriptions, des suppressions des noms résultant des décès ou des démissions, des omissions, des sus-
pensions, des interdictions temporaires, des radiations et de toute autre modification des mentions figurant sur
la liste (C. com., art. R. 822-13).
Les commissaires aux comptes inscrits sur la liste mentionnée indiquée ci-dessus sont rattachés à la compagnie
régionale de la cour d'appel dans le ressort de laquelle se trouve (C. com., art. R. 822-1) :
–– pour les personnes physiques, leur domicile ou l'établissement dans lequel elles exercent leur activité ;
–– pour les sociétés, leur siège social ou, lorsque celui-ci est situé à l'étranger, le premier établissement ouvert sur
le territoire national.
Les commissaires aux comptes inscrits peuvent exercer leur profession sur l'ensemble du territoire national.
–– n’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur ou à la probité ayant donné lieu à condamnation
professionnelle et déontologie
pénale ;
–– n’avoir pas été l’auteur de faits de même nature ayant donné lieu à une sanction disciplinaire de radiation ;
–– n’avoir pas été frappé de faillite personnelle ou d’une mesure d’interdiction ou de déchéance ;
–– avoir accompli un stage professionnel jugé satisfaisant : article R. 822-3 du Code de commerce (extrait) : « Le
stage professionnel est d’une durée de trois ans. Il est accompli chez une personne physique ou dans une
société inscrite sur la liste des commissaires aux comptes. Il peut être également accompli :
a) dans la limite de deux ans, chez une personne agréée par un État membre de l'Union européenne pour
exercer le contrôle légal des comptes,
b) dans la limite d’un an, chez toute personne autre que celles qui exercent le contrôle légal des comptes en
France et dans les autres États membres de l'Union européenne et offrant des garanties suffisantes quant à la
formation des stagiaires » ;
–– avoir subi avec succès les épreuves du certificat d’aptitude aux fonctions de commissaires aux comptes
(CAFCAC) ou être titulaire du diplôme d’expertise comptable.
4 ♦ LA PROCÉDURE D’INSCRIPTION
L’article L. 822-8 du Code de commerce prévoit que l'inscription ainsi que l'établissement et la tenue de la liste
sont réalisés par le Haut conseil du commissariat aux comptes ou son délégataire.
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Fiche 15 ♦ L’accès à la profession de commissaire aux comptes
La procédure est synthétisée au sein du tableau suivant (C. com., art. R. 822-9 et suivants) :
•G
127
Étapes Commentaires
Déposée ou adressée par LRAR au H3C avec les pièces justificatives du candidat.
1. Demande d’inscription
Un dépôt par voie électronique est également possible.
À réception du dossier complet, le H3C délivre au candidat un récépissé, qui l'informe que l'absence
2. Accusé de réception de
de réponse dans un délai de quatre mois à compter de la délivrance du récépissé vaut décision
la demande
d'inscription.
Il vérifie si le candidat remplit les conditions requises pour être inscrit et recueille tous renseigne-
3. Vérification par le H3C ments utiles avec demande du bulletin n° 2 du casier judiciaire.
Il peut convoquer le candidat afin de procéder à son audition.
Tout commissaire aux comptes doit prêter le serment, devant la Cour d’appel dont il relève, de remplir les
devoirs de sa profession « avec honneur, probité et indépendance, respecter et faire respecter les lois »
(C. com., art. L. 822-3). Le serment est prêté par écrit ou par oral devant le Premier président de la cour d’appel
dans le ressort de laquelle se situe la compagnie régionale à laquelle le commissaire aux comptes est rattaché.
5 ♦ L'APPEL
Les décisions rendues en matière d'inscription sont susceptibles de recours devant la juridiction administrative
(C. com., art. R. 822-19).
B – L'adhésion automatique
Lorsque le commissaire aux comptes s’inscrit auprès de la Compagnie des commissaires aux comptes, il adhère
automatiquement à un contrat d’assurance groupe souscrit par la Compagnie nationale des commissaires aux
comptes.
Le montant de la prime d’assurance est compris dans le montant de la cotisation annuelle.
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•G
128 Les Carrés
Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes sont déterminées par le Code
de commerce et le Code de déontologie de la profession de commissaire aux comptes.
B – L’exercice en société
1) Principes
Dans les sociétés de commissaires aux comptes inscrites, les fonctions de commissaire aux comptes sont exer-
cées, au nom de la société, par les commissaires aux comptes personnes physiques associés, actionnaires ou
dirigeants de cette société qui signent le rapport destiné à l'organe appelé à statuer sur les comptes (C. com.,
art. L. 822-9, al. 1).
Lorsque le commissaire aux comptes opte pour exercer sa profession au sein d’une société, il lui appartient de
choisir la forme juridique de ladite société. En revanche, la liberté de choix du commissaire aux comptes connaît
deux exceptions. En effet, n’ayant pas la qualité de commerçant, le commissaire aux comptes ne peut pas choisir
d’exercer sous forme de société en nom collectif (SNC) et sous forme de société en commandite simple (SCS). Les
associés de la SNC (C. com., art. L. 221-1,) et les associés commandités (C. com., art. L. 222-1) doivent obligatoi-
rement être dotés de la qualité de commerçant.
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•G
130 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
La société ne pourra être immatriculée au Registre du commerce et des sociétés et exercer la profession de com-
professionnelle et déontologie
missaire aux comptes qu’après son inscription sur la liste des commissaires aux comptes (C. com., art. R. 822-47).
L’exercice de la profession au sein d'une personne morale doit obéir aux conditions suivantes (on distinguera les
conditions liées à l’actionnariat et celles liées à la direction de la société) :
La majorité des droits de vote doivent être détenus par des commissaires aux comptes ou par des sociétés
de commissaires aux comptes.
L’admission de tout nouvel actionnaire ou associé est subordonnée à un agrément préalable qui, dans les
Conditions liées
conditions fixées par les statuts, peut être donné soit par l’assemblée des actionnaires ou des porteurs de
à l’actionnariat
parts, soit par le conseil d’administration ou le conseil de surveillance ou par les gérants selon le cas.
En cas de décès d'un actionnaire ou associé commissaire aux comptes, ses ayants droit disposent d'un délai
de deux ans pour céder leurs actions ou parts à un commissaire aux comptes.
Conditions liées – Les fonctions de gérant, de président du conseil d’administration ou du directoire, de président du conseil
à la direction de surveillance et de directeur général doivent être assurées par des commissaires aux comptes.
de la société de
commissariat aux – La majorité au moins des membres des organes de gestion, d’administration, de direction ou de surveil-
comptes lance doivent être des commissaires aux comptes.
Par principe, les fonctions de commissaire aux comptes ne peuvent être exercées qu’au sein d’une seule société
de commissaires aux comptes. Par dérogation, l’exercice de ces fonctions est possible simultanément au sein
d’une seconde société de commissaires aux comptes à la condition que la première société détienne plus de la
moitié du capital social de la seconde ou bien que les associés des deux entités soient communs pour au moins la
moitié d’entre eux (C. com., art. L. 822-9, dernier al.).
Enfin, il est également envisageable qu’un commissaire aux comptes détienne des mandats à titre personnel
d’une part, et en tant que représentant légal d’une société de commissariat aux comptes d’autre part.
2) Désignation du commissaire aux comptes signataire en cas de pluralité de commissaires aux
comptes associés, actionnaires ou dirigeants dans la société de commissariat aux comptes
La CNCC considère dans sa doctrine constante que « toute signature du rapport comporte la reconnaissance
d'une responsabilité dans le rapport établi. De ce fait, une telle situation implique que » le ou les signataires,
« possède(nt) personnellement une connaissance suffisante de la situation de l'entreprise et qu'il(s) assume(nt)
les décisions les plus significatives de la mission et notamment celles qui conduisent à l'expression de l'opinion ».
Ainsi, le ou les commissaires aux comptes qui sont désignés comme signataires sont les décisionnaires de l'opi-
nion exprimée et maîtrisent suffisamment le dossier pour être en mesure de prendre la responsabilité de l'opi-
nion.
Par conséquent, les autres commissaires aux comptes associés, actionnaires ou dirigeants de la société de com-
missaires aux comptes qui ne sont pas désignés « signataires » n'ont pas à signer le rapport.
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Fiche 16 ♦ Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes
C – L’appartenance à un réseau
•G
131
Afin de garantir l’indépendance et l’impartialité du commissaire aux comptes, la loi a prévu une série de disposi-
tions relatives aux interdictions et aux incompatibilités applicables à tout commissaire aux comptes.
On distinguera les incompatibilités générales et spéciales. Les incompatibilités générales sont celles qui visent
l’exercice de la profession elle-même. Les incompatibilités spéciales sont liées à l’exercice de la profession au sein
d’une entité déterminée.
Article 26 – Déontologie – Définition des membres de la direction de la société et CAC soumis aux incompatibilités et
•G
133
Article 27 – Déontologie – Définition des liens personnels incompatibles avec l’exercice de la mission
I. – Liens familiaux :
Est incompatible avec l’exercice de la mission de commissaire aux comptes tout lien familial entre, d’une part, une
personne occupant une fonction sensible au sein de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés et, d’autre part :
a) le commissaire aux comptes ;
b) l’un des membres de l’équipe de contrôle légal, y compris les personnes ayant un rôle de consultation ou d’expertise sur les
travaux de contrôle légal ;
c) l’un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes ;
d) les associés du bureau auquel appartient le signataire, le bureau s’entendant d’un sous-groupe distinct défini par une société
de commissaires aux comptes sur la base de critères géographiques ou d’organisation.
Pour l’application des dispositions qui précèdent, il existe un lien familial entre deux personnes lorsque l’une est l’ascendant de
l’autre, y compris par filiation adoptive, ou lorsque l’une et l’autre ont un ascendant commun au premier ou au deuxième degré,
y compris par filiation adoptive. Il existe également un lien familial entre conjoints, entre personnes liées par un pacte civil de
solidarité et entre concubins. Le lien familial est également constitué entre l’une de ces personnes et les ascendants ou descen-
dants de son conjoint, de la personne avec laquelle elle est liée par un pacte civil de solidarité et de son concubin.
II. – Autres liens personnels :
Un commissaire aux comptes ne peut accepter ou conserver une mission de contrôle légal de la part de la personne ou de l’entité
qui l’a désigné, dès lors que lui-même ou l’un des membres de la direction de la société de commissaires aux comptes entretient
avec cette personne ou entité ou avec une personne occupant une fonction sensible au sein de celle-ci des liens personnels
étroits, susceptibles de nuire à son indépendance.
Article 28 – Déontologie – Définition des liens financiers incompatibles avec l’exercice de la mission
I. – Constituent des liens financiers :
a) La détention, directe ou indirecte, d’actions ou de tous autres titres donnant ou pouvant donner accès, directement ou indi-
rectement, au capital ou aux droits de vote de la personne ou de l’entité, sauf lorsqu’ils sont acquis par l’intermédiaire d’un
organisme de placement collectif en valeurs mobilières, à moins qu’il ne s’agisse d’un organisme de placement collectif en
valeurs mobilières contractuel ou d’un fonds commun de placement à risques contractuels ;
b) La détention, directe ou indirecte, de titres de créance ou de tous autres instruments financiers émis par la personne ou l’en-
tité ;
c) Tout dépôt de fonds, sous quelque forme que ce soit, auprès de la personne ;
d) L’octroi ou le maintien après le début de la mission de tout prêt ou avance auprès de la personne ou de l’entité ;
e) La souscription d’un contrat d’assurance auprès de la personne sauf si elle correspond à des conditions habituelles de marché
et porte sur des opérations courantes.
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•G
134 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
II. – Les incompatibilités énoncées au I s’appliquent au commissaire aux comptes lorsque son conjoint, la personne qui lui est liée
professionnelle et déontologie
par un pacte civil de solidarité, son concubin ou toute personne fiscalement à sa charge a des liens financiers avec la personne ou
entité dont il certifie les comptes.
Article 29 – Déontologie – Définition des liens professionnels incompatibles avec l’exercice de la mission
I. – Révèle un lien professionnel toute situation qui établit, entre le commissaire aux comptes et la personne
ou entité dont il certifie les comptes, un intérêt commercial ou financier commun en dehors des opérations
courantes conclues aux conditions habituelles de marché.
II. – Liens professionnels concomitants :
Est incompatible avec l’exercice de la mission de commissaire aux comptes tout lien professionnel entre, d’une part, la personne
ou entité dont les comptes sont certifiés ou ses dirigeants et, d’autre part :
a) le commissaire aux comptes ;
b) les membres de l’équipe chargés de la mission de contrôle légal ;
c) la société à laquelle appartient ce commissaire aux comptes ;
d) les membres de la direction de cette société ;
e) tout associé de cette société ayant une influence sur l’opinion émise par le commissaire aux comptes
à l’égard de la personne ou entité dont les comptes sont certifiés.
III. – Liens professionnels antérieurs (extrait)
Le commissaire aux comptes ne peut accepter une mission légale dès lors que celle-ci le placerait dans une
situation d’autorévision qui serait de nature à affecter son jugement professionnel, l’expression de son opinion ou l’exercice de sa
mission.
Une situation d’autorévision existe lorsque le commissaire aux comptes est amené à se prononcer ou à apprécier des éléments
résultant de prestations fournies par lui-même, la société à laquelle il appartient ou un membre de son réseau.
En outre, en application de l'article L. 822-13 du Code de commerce, les anciens dirigeants (gérants, administra-
teurs, directeurs généraux, membres du directoire ou du conseil de surveillance) ainsi que les anciens salariés
d’une entité ne peuvent être nommés commissaire aux comptes moins de cinq années après la cessation de leurs
fonctions dans cette entité. Pendant ce même délai, ils ne peuvent être nommés commissaire aux comptes dans
les entités possédant 10 % du capital de l’entité dans laquelle ils exerçaient leurs fonctions ou dont celle-ci pos-
sédait 10 % du capital, lors de la cessation de leurs fonctions. Les mêmes interdictions s’appliquent aux sociétés
de commissaires aux comptes.
2) Le conseil et les prestations de services
Le Code de commerce apporte une distinction selon que l'entité est ou non d'intérêt public.
– Cas des entités d'intérêt public (EIP)
Il est interdit au commissaire aux comptes et aux membres du réseau auquel il appartient de fournir directement
ou indirectement à l'entité d'intérêt public dont il certifie les comptes, et aux personnes ou entités qui la
contrôlent ou qui sont contrôlées par elle et dont le siège social est situé dans l'Union européenne, les services
mentionnés au paragraphe 1 de l'article 5 du règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014, ainsi que les services
portant atteinte à l'indépendance du commissaire aux comptes qui sont définis par le code de déontologie
(C. com., art. L. 822-11, II).
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Fiche 16 ♦ Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes
•G
135
Services autres que la certification des comptes interdits par le règlement européen
✓ Fiscalité : préparation de déclarations, services liés aux taxes sur les salaires, aux droits de douane, identifi-
cation de subventions publiques et d’incitations fiscales, assistance en matière de contrôle fiscal, calcul d’im-
pôts directs et indirects et des impôts différés, conseils fiscaux.
✓ Services impliquant d’être associé à la gestion ou à la prise de décisions de l’entité contrôlée.
✓ Comptabilité : tenue, préparation de registres comptables et d’états financiers.
✓ Paie.
✓ Contrôle interne, gestion des risques, systèmes informatiques : conception ou mise en place de procé-
dures ou de systèmes relatifs à l’information financière.
✓ Services d'évaluation.
✓ Services juridiques : prestations d’avocat, négociation pour le compte de l’entité contrôlée, défense dans
la résolution d’un litige, fourniture de conseils.
✓ Audit interne : services liés à la fonction d’audit interne.
✓ Services liés au financement, à l’allocation et à la structure du capital, à la stratégie d’investissement du
client d’audit, à l’exception de l’émission de services d’assurances en relation avec les états financiers incluant
l’émission de lettres de confort en lien avec les prospectus émis par l’entité contrôlée.
✓ Promouvoir, vendre ou souscrire des actions de l’entité contrôlée.
✓ Ressources humaines : recrutement de membres de la direction, structuration de l’organisation, contrôle
des coûts.
Services autres que la certification des comptes interdits ajoutés par les pouvoirs publics français dans une
démarche d’alignement avec l’actuel article 10 du code de déontologie (des interdictions figurent donc déjà
dans l’actuel article 10 – cf ci-dessous).
✓ Mission de commissariat aux apports et à la fusion.
✓ La prise en charge, même partielle, d’une prestation d’externalisation.
✓ L’élaboration d’une information ou d’une communication financière.
✓ Le maniement ou le séquestre de fonds.
– Cas des entités non EIP
Il est interdit au commissaire aux comptes d'une personne ou d'une entité qui n'est pas une entité d'intérêt
public de fournir directement ou indirectement à celle-ci et aux personnes ou entités qui la contrôlent ou qui
sont contrôlées par elle au sens des I et II de l'article L. 233-3, et dont le siège social est situé dans l'Union euro-
péenne, les services portant atteinte à l'indépendance du commissaire aux comptes qui sont définis par le Code
de déontologie (C. com., art. L. 822-11, III). Il est de même interdit aux membres du réseau auquel appartient le
commissaire aux comptes de fournir directement ou indirectement ces mêmes services à la personne ou à l'entité
dont les comptes sont certifiés.
Le Code de déontologie apporte des précisions en fournissant une liste de situations interdites (décret modificatif
à paraître).
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136 Les Carrés
Il est interdit au commissaire aux comptes de procéder, au bénéfice, à l’intention ou à la demande de la personne ou de l’entité
dont il certifie les comptes :
1o) à toute prestation de nature à le mettre dans la position d’avoir à se prononcer dans sa mission de certification sur des docu-
ments, des évaluations ou des prises de position qu’il aurait contribué à élaborer ;
2o) à la réalisation de tout acte de gestion ou d’administration, directement ou par substitution aux dirigeants ;
3o) au recrutement de personnel ;
4o) à la rédaction des actes ou à la tenue du secrétariat juridique ;
5o) au maniement ou séquestre de fonds ;
6o) à la tenue de la comptabilité, à la préparation et à l’établissement des comptes, à l’élaboration d’une information ou d’une
communication financières ;
7o) à une mission de commissariat aux apports et à la fusion ;
8o) à la mise en place des mesures de contrôle interne ;
9o) à des évaluations, actuarielles ou non, d’éléments destinés à faire partie des comptes ou de l’information financière, en
dehors de sa mission légale ;
10o) comme participant, à toute prise de décision, dans le cadre de missions de conception ou de mise en place de systèmes
d’information financière ;
11o) à la fourniture de toute prestation de service, notamment de conseil en matière juridique, financière, fiscale ou relative aux
modalités de financement ;
12o) à la prise en charge, même partielle, d’une prestation d’externalisation ;
13o) à la défense des intérêts des dirigeants ou à toute action pour leur compte dans le cadre de la négociation ou de la
recherche de partenaires pour des opérations sur le capital ou de recherche de financement ;
14o) à la représentation des personnes mentionnées à l’alinéa premier et de leurs dirigeants devant toute juridiction, ou à toute
mission d’expertise dans un contentieux dans lequel ces personnes seraient impliquées.
C – Les sanctions
Les délibérations prises sur un rapport de commissaire aux comptes demeuré en fonction malgré l’existence
d’une incompatibilité sont nulles (C. com., art. L. 820-3-1). L'action en nullité est éteinte si ces délibérations sont
expressément confirmées par l'organe compétent sur le rapport de commissaires aux comptes régulièrement
désignés.
Par ailleurs, le commissaire aux comptes qui aura accepté, exercé ou conservé ses fonctions malgré l'existence
d'une incompatibilité encourt une peine d'emprisonnement de six mois et une amende de 7 500 € (C. com., art.
L. 820-6).
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Fiche 16 ♦ Les conditions d’exercice de la profession de commissaire aux comptes
Lorsqu’il se trouve exposé à des situations à risque, le commissaire aux comptes doit prendre immédiatement les
•G
137
mesures de sauvegarde nécessaires afin de permettre la poursuite de la mission sans que son indépendance puisse
s’en trouver affectée. À défaut, il ne doit pas accepter la mission ou mettre fin à celle-ci.
En cas de doute sérieux ou de difficulté d’interprétation, il saisit pour avis le Haut conseil du
commissariat aux comptes (H3C).
1. La notion de contrôle s’entend au sens des I et II de l’article L. 233-3 du Code de commerce.
« I. Toute personne, physique ou morale, est considérée comme en contrôlant une autre :
1o Lorsqu’elle détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les assem-
blées générales de cette société ;
2o Lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés ou
actionnaires et qui n’est pas contraire à l’intérêt de la société ;
3o Lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les assemblées générales de cette société ;
4o Lorsqu’elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres
des organes d’administration, de direction ou de surveillance de cette société.
II. Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu’elle dispose directement ou indirectement d’une fraction des droits
de vote supérieure à 40 % et qu’aucun autre associé ou actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure
à la sienne ».
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La nomination, l’acceptation
des fonctions et la lettre de mission Fiche
du commissaire aux comptes 17
En application des dispositions légales, la nomination du commissaire aux comptes est obligatoire pour certaines
entités, parfois dès leur constitution en fonction du franchissement de seuils fixés par la loi ou par décret. Cette
fiche présente les principaux cas de désignation obligatoire d’un commissaire aux comptes puis étudie les moda-
lités à respecter par le commissaire aux comptes préalablement à l’acceptation de la mission et au démarrage
effectif de ses travaux.
C'est l'organe délibérant, soit l'assemblée générale ordinaire, qui nomme le commissaire aux comptes. En appli-
professionnelle et déontologie
cation de l’article L. 225-105 du Code de commerce, la nomination des commissaires aux comptes doit figurer à
l’ordre du jour à peine de nullité de la délibération.
2) La nomination dans les sociétés par actions simplifiées (SAS)
Les cas de désignation d’un commissaire aux comptes, obligatoirement ou volontairement, sont résumés au sein
du tableau suivant (C. com., art. L. 227-9-1) :
Désignation 1er cas : SAS dépassant, à la clôture d’un exercice, deux des trois seuils suivants :
obligatoire – total du chiffre d’affaires HT : 2 000 000 € ;
(2 cas) – total de bilan : 1 000 000 € ;
– nombre moyen de salariés permanents : vingt (1).
La désignation intervient l’exercice suivant celui au cours duquel les seuils ont été dépassés.
2e cas : SAS, sans condition de seuil, qui contrôle ou qui est contrôlée par une ou plusieurs sociétés au
sens des II et III de l’article L. 233-16 du Code de commerce (contrôle exclusif ou conjoint) quelle que
soit la forme ou la nationalité des sociétés concernées.
La nomination intervient pour l’exercice au cours duquel la situation de contrôle est intervenue (Bull.
CNCC no 157). La CNCC estime que la SAS qui a acquis puis perdu le contrôle d'une société au cours
du même exercice n'est pas tenue de nommer un CAC si la situation de contrôle n'existe plus à la date
où les associés sont consultés (Bull. CNCC n° 165).
Désignation 1er cas : désignation volontaire par les associés selon le régime des décisions collectives prévu dans les
volontaire statuts.
(2 cas)
2e cas : demande possible en justice par un ou plusieurs associés représentant au moins 10 % du
capital.
Le commissaire aux comptes est désigné par ordonnance du président du tribunal de commerce statuant en
référé. L’opportunité de désigner ou non un commissaire aux comptes est laissée au juge.
(1)
Le nombre moyen de salariés permanents employés au cours de l’exercice est égal à la moyenne arithmétique
des effectifs liés à l’entreprise par un contrat de travail à la fin de chaque trimestre de l’exercice
comptable. Cette disposition s’applique également pour le calcul des effectifs dans la SARL et la SNC.
Les commissaires aux comptes doivent obligatoirement être désignés par décision collective
des associés (C. com., art. L. 227-9). Ainsi, toute désignation par le Président de la société ou par ses dirigeants
est nulle. Les conditions de la désignation sont fixées dans les statuts (par exemple, tenue d’une assemblée géné-
rale ou consultation écrite des associés).
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Fiche 17 ♦ La nomination, l’acceptation des fonctions et la lettre de mission du commissaire aux comptes
La désignation d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans un cas ou volontaire dans deux cas (C. com.,
art. L. 223-35) :
Désignation SARL dépassant, à la clôture d’un exercice, deux des trois seuils suivants :
obligatoire – total du chiffre d’affaires HT : 3 100 000 € ;
– total de bilan : 1 550 000 € ;
– nombre moyen de salariés permanents : cinquante.
La désignation intervient l’exercice suivant celui où les seuils ont été dépassés.
Désignation 1er cas : désignation volontaire par les associés
volontaire 2e cas : demande possible en justice par un ou plusieurs associés représentant au moins 10 % du
capital.
Le commissaire aux comptes est désigné par ordonnance du président du tribunal de commerce statuant en
référé. L’opportunité de désigner ou non un commissaire aux comptes est laissée au juge.
Les commissaires aux comptes sont nommés par décision collective ordinaire des associés (plus de la moitié
des parts sociales sur première consultation, majorité des votes émis quel que soit le nombre de votants sur
seconde consultation).
Si pendant l’exercice du mandat, les seuils ne sont plus atteints, la mission n’est pas pour autant interrompue.
Toutefois, si à la clôture des deux exercices qui précédent la fin du mandat, les seuils ne sont plus atteints, le
commissariat aux comptes n’est plus obligatoire.
4) La nomination dans les sociétés en nom collectif (C. com., art. L. 221-9)
La nomination des commissaires aux comptes est sensiblement identique à celle de la société à responsabilité
limitée à l’exception des points suivants :
–– la désignation facultative par les associés est prise selon les conditions de majorité prévues dans les statuts ou,
à défaut de clause statutaire, à l’unanimité ;
–– la désignation par ordonnance du président du tribunal de commerce peut être faite à la demande d’un
associé peu importe sa participation dans le capital de la société (10 % dans la SARL).
5) La nomination dans les sociétés en commandite simple
Il doit être fait application des règles de la société en nom collectif (C. com., art. L. 222-2).
6) La nomination dans les sociétés en commandite par actions
Le ou les commissaires aux comptes sont désignés par l’assemblée générale ordinaire (C. com., art. L. 226-6) sur
proposition du conseil de surveillance. Les conditions de leur nomination sont identiques à celles de la société
anonyme.
L’intervention d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans deux cas (C. com., art. L. 251-12, al. 3) :
–– le groupement d’intérêt économique émet des obligations ;
–– le groupement d’intérêt économique emploie au moins cent salariés à la clôture d’un exercice. Si pendant
l’exercice du mandat, le seuil n’est plus atteint, la mission se poursuit néanmoins. Toutefois, si à la clôture des
deux exercices qui précédent la fin du mandat, le seuil n’est plus atteint, le commissariat aux comptes n’est
plus obligatoire et il peut être mis fin à la mission du commissaire aux comptes en place.
2) La nomination dans les sociétés civiles
L’intervention d’un commissaire aux comptes n’est obligatoire que dans deux cas :
–– lorsqu’il s’agit d’une société civile de placement immobilier (C. mon. fin., art. L. 214-79) ;
–– lorsque la société civile a une activité économique et dépasse à la clôture d’un exercice au moins deux des
trois seuils suivants (C. com., art. L. 612-1) :
• total du bilan : 1 550 000 €,
• chiffre d’affaires hors taxes : 3 100 000 €,
• nombre moyen de salariés : 50.
3) La nomination dans les associations et fondations
Les cas principaux de désignation obligatoire d’au moins un commissaire aux comptes titulaire et un suppléant
sont les suivants :
–– associations ayant une activité économique et dépassant à la clôture d’un exercice au moins deux des trois
seuils suivants (C. com., art. L. 612-1) :
• total du bilan : 1 550 000 €,
• chiffre d’affaires hors taxes : 3 100 000 €,
• nombre moyen de salariés : 50.
La nomination intervient l’exercice suivant celui du dépassement des seuils ;
–– associations bénéficiant de subventions publiques supérieures à 153 000 € annuel (C. com., art. L. 612-4).
La nomination intervient dès l’année où le seuil est franchi ;
–– associations et fondations recevant annuellement plus de 153 000 € de dons ouvrant droit à avantage fiscal
(décret 2007-644 du 30/04/2007). La nomination intervient dès l’année où le seuil est franchi ;
–– les fondations reconnues d’utilité publique et les fondations d’entreprise (loi du 23 juillet 1987).
4) La nomination dans les partis et groupements politiques
La nomination d’au moins deux commissaires aux comptes est obligatoire sans condition de seuils (loi du
11 mars 1988).
5) La nomination dans les syndicats professionnels de salariés ou d’employeurs
La nomination d’un commissaire aux comptes est obligatoire lorsque le syndicat franchit le seuil de 230 000 € de
ressources annuelles (C. trav., art. L. 2135-6). La nomination intervient l’exercice suivant celui du dépassement
du seuil.
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Fiche 17 ♦ La nomination, l’acceptation des fonctions et la lettre de mission du commissaire aux comptes
De nouvelles entités du secteur public sont progressivement soumises au contrôle des commissaires aux comptes,
après le monde consulaire (CCI et chambres des métiers) et celui des universités, le Code de la santé publique
(C. santé publ., art. L. 6145-16 – décrets n° 2013-1238 et n° 2013-1239 du 23 décembre 2013 et arrêtés des
23 décembre 2013, 21 février 2014 et 1er août 2014) prévoit la certification progressive des Établissements
publics de santé (total des produits supérieurs à 100 M€). De même, les GCS et les GCSMS de droit privé –
Groupements de coopération sanitaire (C. santé publ., art. L. 6133-5) et les Groupements de coopération sani-
taire médico-sociale (CASF, art. L. 312-7) - sont soumis au commissariat aux comptes sans condition de seuils.
7) La nomination dans les comités d’entreprise
La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, a
fixé dans son article 32, les obligations comptables applicables aux comités d’entreprise.
L’article L. 2325-45 du Code du travail précise les obligations comptables des comités d’entreprise qui devront
être certifiés par un commissaire aux comptes rémunéré par le CE sur son budget des activités économiques et
professionnelles (AEP) de 0,2 % qui devra être distinct de celui ou ceux de l’entreprise. Cette nouvelle mission
concerne les CE dont les données excèdent 2 des 3 seuils suivants : 3,1 M€ de ressources nettes globales –
1,55 M€ de total de bilan et 50 salariés. Par ailleurs, dès lors que le comité d’entreprise sera tenu d’établir des
comptes consolidés, il devra nommer deux commissaires aux comptes en application de l'article L. 823-2 du
Code de commerce.
Cette obligation de certification des comptes du CE s’applique à compter des exercices ouverts au 1er janvier 2016.
–– dans les sociétés commerciales, la régularisation porte tout au plus sur les trois exercices précédents (prescrip-
professionnelle et déontologie
L'article L. 823-8-1 du Code de commerce permet à l’assemblée générale des associés (ou à l’organe équivalent)
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des sociétés commerciales, sur proposition de l’organe collégial chargé de l’administration ou de l’organe chargé
de la direction, d’autoriser les commissaires aux comptes à adresser directement au tribunal la copie des docu-
ments relatifs à leur nomination et à leur démission. Il en est de même pour les rapports devant faire l’objet d’un
dépôt et les documents qui y sont joints. La décision de l’assemblée est réversible.
La Chancellerie (courrier du 16 octobre 2012) a précisé que seuls les rapports et documents préparés par le com-
missaire aux comptes sont concernés par l’autorisation de dépôt. La CNCC (EJ 2012-100) a précisé que le com-
missaire aux comptes était libre d’accepter comme de refuser cette mission. Son acceptation engendre à sa
charge une obligation de résultat à l’égard de la société.
Ces informations permettront notamment au commissaire aux comptes de s’assurer de sa capacité à effectuer la
professionnelle et déontologie
mission (compétence, ressources humaines...) et de connaître les principales zones de risque de l’entité afin de
pouvoir proposer un budget d’honoraires suffisant permettant l’accomplissement des travaux dans le respect des
normes d’exercice professionnel (NEP). Par exemple, si le commissaire aux comptes estime que le poste « stocks »
d’une entreprise comporte des risques d’anomalies significatives, il proposera un budget suffisant permettant
par ses travaux de réduire les risques d’anomalies.
Le commissaire aux comptes doit également s’assurer de l’absence d’incompatibilités. À cet effet, il vérifiera le
respect des dispositions du Code de déontologie portant sur l’absence de liens personnels, financiers et profes-
sionnels qui seraient incompatibles avec la mission (C. déont., art. 26 à 30, cf. fiche 16).
Le commissaire aux comptes doit également, avant d’accepter sa nomination, analyser la nature des missions
que lui ou le réseau auquel il appartient auraient réalisées pour l’entité afin d’identifier les risques d’autorévi-
sion (C. déont., art. 20). S’il considère être dans une situation d’autorévision de nature à affecter son jugement
professionnel, l’expression de son opinion ou l’exercice de sa mission, il ne pourra accepter la mission.
2) Le contact avec le commissaire aux comptes précédent
Préalablement à sa nomination, le commissaire aux comptes appelé à succéder à un confrère doit s’assurer
auprès de ce dernier que le non-renouvellement de son mandat n’est pas motivé par une volonté de l’entité
contrôlée de contourner les obligations légales (C. déont., art. 21, al. 1).
Cette demande prend en pratique la forme d’un courrier adressé par le commissaire aux comptes pressenti à son
prédécesseur, ce dernier lui répondant ensuite.
La même obligation s’impose au commissaire aux comptes suppléant appelé à succéder de plein droit au com-
missaire aux comptes titulaire qui démissionne ou est empêché, avant la date normale d’expiration de son
mandat (C. déont., art. 21, al. 2).
En application de la NEP 510 § 6, lors du démarrage des travaux, le commissaire aux comptes prend connais-
sance du dossier de travail de son prédécesseur. Cette prise de connaissance n’emporte pas le droit d’en
prendre copie. Cette obligation permet au commissaire aux comptes d’obtenir des éléments suffisants pour le
contrôle du bilan d’ouverture du premier exercice qu’il va devoir certifier.
3) L’information aux actionnaires ou aux adhérents
–– L’affiliation à un réseau (C. com., art. L. 820-3)
En vue de sa désignation, le commissaire aux comptes informe par écrit l’entité de son affiliation à un réseau,
national ou international, qui n’a pas pour activité exclusive le contrôle légal des comptes et dont les membres
ont un intérêt économique commun. Le cas échéant, il informe également l’entité du montant global des hono-
raires perçus par le réseau au titre des prestations qui ne sont pas directement liées au commissariat aux comptes,
fournies éventuellement à l’entité.
Il doit pouvoir justifier, y compris au cours de son mandat, de son appartenance ou non à un réseau (C. déont.,
art. 22).
Ces informations sont mises à la disposition des actionnaires préalablement à l’assemblée générale qui se pro-
noncera sur la désignation du ou des commissaires aux comptes. Elles sont en outre actualisées chaque année et
mises à disposition des actionnaires (ou adhérents et donateurs pour les associations) au siège de l’entité
contrôlée.
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Fiche 17 ♦ La nomination, l’acceptation des fonctions et la lettre de mission du commissaire aux comptes
Lorsque le commissaire aux comptes a vérifié, au cours des deux derniers exercices, des opérations d’apport ou
de fusion de la société ou des sociétés qu’elle contrôle, le projet de résolution soumis à l’assemblée portant sur
la nomination du commissaire aux comptes doit en faire état (C. com., art. L. 823-1).
4) Les obligations dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux
et le financement du terrorisme
Ces obligations sont indiquées au sein de la NEP 9605 portant sur les obligations du commissaire aux comptes
relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ainsi, avant d’accepter le mandat, le commissaire aux comptes :
–– identifie l’entité (le client) et, le cas échéant, le bénéficiaire effectif de la mission par des moyens adaptés et
vérifie ces éléments d’identification sur présentation de tout document écrit probant (statuts, extrait K-Bis de
moins de trois mois…) ;
–– recueille par ailleurs tout élément d’information pertinent sur l’entité.
Le commissaire aux comptes n’est pas soumis aux obligations de vigilance mentionnées précédemment lorsqu’il
n’existe pas de soupçon de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme et que l’entité ou, le cas
échéant, le bénéficiaire effectif est :
–– une banque, une entreprise d’assurance, une institution de retraite ou une mutuelle régie par le livre II du
Code de la mutualité ;
–– une société cotée dont les titres sont admis à la négociation sur au moins un marché réglementé en France ou
dans un État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ou dans un pays tiers imposant des exigences
de publicité compatibles avec la législation communautaire, figurant sur une liste arrêtée par le ministre chargé
de l’Économie ;
–– une autorité publique ou un organisme public.
Par « bénéficiaire effectif » d'une société ou d'un groupement, on entend la personne physique qui, en dernier
ressort, possède ou contrôle la société ou le groupement ou pour le compte de qui une transaction ou une acti-
vité est réalisée (C. mon. fin., art. L. 561-2-2). Sont considérées comme possédant ou contrôlant la société ou le
groupement la ou les personnes qui soit en détiennent, directement ou indirectement, plus de 25 % du capital
ou des droits de vote, soit exercent, par tout autre moyen, un pouvoir de contrôle sur leurs organes de gestion,
d'administration ou de direction ou sur l'assemblée générale des associés (C. mon. fin., art. R. 561-1).
Si le commissaire aux comptes n’est pas en mesure d’identifier l’entité, il n’accepte pas le mandat (§ 09 de la
NEP). S’il n’est pas en mesure d’identifier le bénéficiaire effectif, il peut décider de ne pas accepter le mandat. S’il
l’accepte, le commissaire aux comptes renforcera sa vigilance sur le risque de blanchiment de capitaux ou de
financement du terrorisme tout au long de son mandat (§ 11 de la NEP).
Pendant la durée du mandat, le commissaire aux comptes doit maintenir une connaissance adéquate de l’entité
adaptée au risque de blanchiment.
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148 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
3) Délai de viduité applicable dans certains cas (C. com., art. L. 822-11 I)
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149
Il est interdit au commissaire aux comptes d'accepter une mission de certification auprès d'une entité d'intérêt
public, lorsqu'au cours de l'exercice précédant celui dont les comptes doivent être certifiés, ce dernier ou tout
membre du réseau auquel il appartient a fourni, directement ou indirectement, à l'entité d'intérêt public, ou aux
personnes ou entités qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par elle dans l'Union européenne, les services men-
tionnés au paragraphe 1 de l'article 5 du règlement (UE) n° 537/2014 du 16 avril 2014.
Il s’agit concrètement des services suivants :
–– conception et mise en œuvre de procédures de contrôle interne ou de gestion des risques en rapport avec la
préparation et/ou le contrôle de l’information financière ;
–– mise en œuvre de systèmes techniques relatifs à l’information financière.
3 ♦ LA LETTRE DE MISSION
Les principes que doit respecter le commissaire aux comptes dans l’établissement de la mission sont indiqués au
sein de la Norme d’exercice professionnel 210 (NEP 210).
A – L'objectif
La lettre de mission est destinée à prévenir tout malentendu ou litige sur les termes et conditions de la mission.
En effet, bien que la mission du commissaire aux comptes soit une mission légale, l’ensemble des conditions de
déroulement de la mission est à apprécier entre l’entité et le commissaire aux comptes. Par exemple, si le nombre
d’heures de travail nécessaire aux travaux du commissaire aux comptes est fixé dans le Code de commerce, il ne
prévoit pas de taux horaire d’intervention. La lettre de mission permettra de pallier tout malentendu à ce sujet.
Si la mission est dévolue à plusieurs commissaires aux comptes, ils établissent soit une lettre de mission commune,
soit des lettres de mission individuelles.
D – Le contenu
La lettre de mission doit comporter les éléments suivants :
–– nature et étendue des interventions à mener ;
–– la façon dont seront portées à la connaissance des organes dirigeants les conclusions issues des interventions ;
–– les dispositions relatives aux signataires, aux intervenants et au calendrier ;
–– la nécessité de l’accès sans restriction à tout document comptable, pièce justificative ou autre information
demandée ;
–– le rappel des informations et documents qui doivent être communiqués ou mis à la disposition du commissaire
aux comptes ;
–– le souhait de recevoir une confirmation écrite des déclarations faites par les dirigeants au commissaire aux
comptes ;
–– le budget d’honoraires et les conditions de facturation.
Ces éléments peuvent être complétés par tout élément que le commissaire aux comptes juge utile d’ajouter.
Enfin, dans certaines circonstances, la lettre de mission doit être complétée par les éléments suivants :
–– en cas d’intervention dans un ensemble consolidé, la nature et l’étendue des travaux à mettre en œuvre dans
cet ensemble ;
–– en cas de recours par le commissaire aux comptes à d’autres professionnels ou experts, les dispo-
sitions relatives à leur participation ;
–– en cas d’implication d’auditeurs internes ou d’autres employés de l’entité contrôlée, les dispo-
sitions relatives à leur participation ;
– en cas de co-commissariat, la répartition des travaux entre les commissaires aux comptes et le budget d’hono-
raires alloué à chacun d’eux ;
– en cas d’intervention dans le cadre de services autres que la certification des comptes (SACC) ou de missions
légales particulières (transformation, acomptes sur dividendes...) la nature et l’étendue des travaux à mettre en
œuvre.
E – La demande d’accord
Le commissaire aux comptes doit demander à l’entité d’accuser réception de la lettre et de confirmer son
accord sur son contenu. En pratique, le commissaire aux comptes demande à l’entité de lui faire parvenir par
retour de courrier un exemplaire original signé de la lettre de mission.
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La cessation des fonctions Fiche
du commissaire aux comptes 18
Cette fiche présente les causes et les conditions de la cessation des fonctions du commissaire aux comptes, cette
dernière ne pouvant intervenir que dans des cas précis sous le respect de conditions strictes.
1. Dans les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé, les actionnaires justifiant d’une
inscription nominative depuis au moins deux ans et détenant ensemble au moins 5 % des droits de vote peuvent se regrouper en
associations destinées à représenter leurs intérêts au sein de la société (...).
Toutefois, lorsque le capital de la société est supérieur à 750 000 €, la part des droits de vote à représenter en application de l’alinéa
précédent est, selon l’importance des droits de vote afférent au capital, réduite ainsi qu’il suit :
– 4 % entre 750 000 € et 4 500 000 € ;
– 3 % entre 4 500 000 € et 7 500 000 € ;
– 2 % entre 7 500 000 € et 15 000 000 € ;
–– 5 % au moins de la totalité des membres de l’assemblée générale ou de l’organe compétent dans les per-
professionnelle et déontologie
Comme pour la demande en récusation, la demande en relèvement judiciaire doit être portée devant le tribunal
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153
de commerce du siège social de la personne morale contrôlée qui statue en la forme des référés (C. com.,
art. R. 823-5). Le délai d’appel de la décision du tribunal est de quinze jours et l’appel est suspensif.
S’il est fait droit à la demande, le commissaire aux comptes révoqué est remplacé par son suppléant pour la
durée restant à courir du mandat. L’assemblée générale désignera par la suite un nouveau suppléant.
Conséquences Désignation d’un nouveau CAC par le tribunal. Le CAC relevé est remplacé par le suppléant.
(a) Dans les personnes autres que les sociétés commerciales, 5 % au moins de la totalité des membres de l’assemblée générale
ou de l’organe compétent.
(b) Ne concerne que les entités dont les titres financiers sont admis aux négociations sur un marché réglementé.
B – Démission
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Bien qu’il soit nommé pour six exercices, le commissaire aux comptes a la possibilité de démissionner pour des
motifs légitimes. Constitue un motif légitime de démission (C. déont., art. 19) :
–– la cessation définitive d’activité ;
–– un motif personnel impérieux, notamment l’état de santé ;
–– les difficultés rencontrées dans l’accomplissement de la mission, lorsqu’il n’est pas possible
d’y remédier (impossibilité réelle d’obtenir le paiement de ses honoraires malgré la mise en œuvre de procé-
dures de recouvrement...) ;
–– la survenance d’un événement de nature à compromettre le respect des règles applicables à la profession et
notamment à porter atteinte à son indépendance et à son objectivité (survenance d’une incompatibilité...).
La nécessité d’un motif légitime implique que le commissaire aux comptes ne peut démissionner pour conve-
nance personnelle. À titre d’exemple, le H3C (avis 2011-22 du 15 décembre 2011) a considéré que la démission
d’un commissaire aux comptes afin de devenir l’expert-comptable de l’entité dont il certifiait les comptes ne
constituait pas un motif légitime.
Le commissaire aux comptes ne peut pas non plus démissionner pour se soustraire à ses obligations légales rela-
tives notamment :
–– à la procédure d’alerte ;
–– à la révélation de faits délictueux au procureur de la République ;
–– à la déclaration de sommes ou d’opérations soupçonnées d’être d’origine illicite ;
–– à l’émission de son opinion sur les comptes.
La démission ne doit pas porter préjudice à l’entité. Cela signifie que le commissaire aux comptes doit notam-
ment prévenir l’entité suffisamment à l’avance. Il doit pouvoir justifier qu'il a procédé à l'analyse de la situation
(C. déont., art. 19). À défaut, il pourrait être amené à réparer le préjudice causé par le versement de dommages-
intérêts.
Même si la démission du commissaire aux comptes est fautive (pas de motif légitime), il est mis fin à la mission
mais les conséquences dommageables de cet arrêt pourront lui être imputées. En outre, l'action disciplinaire
pourra toujours être exercée pour des faits commis pendant l'exercice des fonctions (C. com., art. R. 824-9).
Le démissionnaire est remplacé par son suppléant pour la durée du mandat restant à courir. L’assemblée géné-
rale désignera par la suite un nouveau suppléant.
D – Dissolution de l’entité
En cas de liquidation amiable, le mandat du commissaire aux comptes cessera uniquement lors de la dissolu-
tion si les statuts ou l’assemblée des associés le prévoient. À défaut, il demeurera en fonction jusqu’à la clôture
de la liquidation. Il présentera ainsi ses rapports à chaque assemblée générale ordinaire d'approbation des
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Fiche 18 ♦ La cessation des fonctions du commissaire aux comptes
comptes des exercices clos pendant la durée de la période de liquidation. En l'absence d'obligation spécifique, il
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155
n'a pas à présenter de rapport ni sur la période allant du dernier exercice contrôlé au jour de la liquidation ni sur
les comptes définitifs de liquidation.
En cas de liquidation judiciaire, c'est avec la clôture de la liquidation judiciaire prononcée pour insuffisance
d'actifs que la société prend fin. La société survit par conséquent durant toute la durée de la liquidation judi-
ciaire, ses dirigeants restent en place et le commissaire aux comptes demeure en fonction jusqu'au terme.
Une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire ne met pas fin au mandat du commissaire aux
comptes.
Ainsi, si l’on prend l’exemple d’une transformation d’une SA en SARL, deux solutions se dégagent :
–– la forme sociale nouvelle franchit les seuils : poursuite du mandat du commissaire aux comptes pour la durée
du mandat restant à courir ;
–– la forme sociale nouvelle ne franchit pas les seuils : fin du mandat au jour de la transformation sauf décision
contraire des associés. Ils devront alors confier un nouveau mandat de six exercices.
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156 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
En l’absence de dispositions légales spécifiques applicables à une entité précise, la doctrine de la CNCC est
constante et considère que le franchissement à la baisse des seuils de désignation n’affecte pas la durée du
mandat de six exercices.
H – Sanctions disciplinaires
La cessation des fonctions se produira en cas de suspension temporaire ou de radiation :
–– en cas de suspension temporaire, le commissaire aux comptes est remplacé par son suppléant jusqu’à la fin
de sa période de suspension. Lorsque la suspension aura cessé, le titulaire reprendra alors ses fonctions après
l’approbation des comptes par l’assemblée générale pour la durée restant à courir du mandat ;
–– en cas de radiation, il est également remplacé par son suppléant pour la durée du mandat restant
à courir.
L’exercice du mandat du commissaire aux comptes est fortement réglementé notamment sur sa durée et sur son
renouvellement. Le Code de commerce prévoit également la nomination d’un commissaire aux comptes sup-
pléant et, dans certains cas, un co-commissariat aux comptes. Enfin, la fixation des honoraires est également
encadrée.
B – Le renouvellement
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
1) Le principe
Les commissaires aux comptes sont, sauf dispositions spécifiques applicables aux EIP (voir 2) ci-dessous), renou-
velables indéfiniment. Le renouvellement ne doit pas être tacite. Cela signifie que seule l’assemblée générale
doit décider de leur renouvellement et le projet de résolution doit être inscrit à l’ordre du jour.
Lorsqu’à l’expiration des fonctions, il est proposé à l’assemblée de ne pas les renouveler, les
commissaires aux comptes doivent être, s’ils le demandent, entendus par l’assemblée générale (C. com.,
art. L. 823-8).
Le renouvellement ne doit intervenir qu'au terme du mandat. Dès lors, une résolution de nomination ou de
renouvellement par anticipation du mandat des CAC (EJ 2003-125, Bull. 132, décembre 2003) n'est pas conforme
aux dispositions légales du code de commerce et est susceptible d’être annulée (C. com., art. L. 820-3-1).
En cas de non-renouvellement, l'ordre du jour de l'assemblée d'une société qui constate le non-renouvellement
à son expiration de la mission du commissaire aux comptes en place doit prévoir la nomination de son succes-
seur. Le nouveau commissaire aux comptes doit donc être nommé au cours de la même assemblée que celle qui
constate la fin du mandat du commissaire en place. Dans le cas où des circonstances exceptionnelles n'auraient
pas permis de nommer le nouveau commissaire aux comptes au cours de cette assemblée, la société doit mettre
à l'ordre du jour la convocation d'une prochaine assemblée au cours de laquelle le commissaire aux comptes sera
nommé (Bull. CNCC n° 178, juin 2015). Si cette résolution ne figure pas à l’ordre du jour, le commissaire aux
comptes sera amené à signaler l’irrégularité et à la révéler au procureur de la République.
2) Règles spécifiques applicables aux EIP
La réforme européenne de l'audit a introduit des évolutions significatives se caractérisant par une rotation obli-
gatoire des commissaires aux comptes et des cabinets d'audit EIP.
–– En ce qui concerne la rotation des mandats (C. com., art. L. 823-3-1)
En cas de commissaire aux comptes unique, la durée maximale du mandat est dorénavant de 10 ans, avec la
possibilité en cas d'appel d'offres, d'une extension pour six exercices.
En cas de co-commissariat, la durée maximale du mandat est portée à 24 ans.
À la demande de l'EIP, le H3C peut autoriser, à titre exceptionnel, la prorogation du mandat du commissaire aux
comptes pour une durée qui ne peut excéder deux ans.
En outre, le commissaire aux comptes ou, le cas échéant, un membre de son réseau au sein de l'Union euro-
péenne ne peut accepter de mandat auprès de l'entité d'intérêt public dont il a certifié les comptes avant l'expi-
ration d'une période de quatre ans suivant la fin de son mandat.
L'ancienneté des mandats cumulée est calculée à partir de la date du premier exercice contrôlé d'une même EIP
par un commissaire aux comptes ou un cabinet d'audit (dispositions transitoires applicables pour les mandats
actuels). Dans le cas d'une société qui devient une EIP au cours de sa vie sociale suite à son admission sur le
marché réglementé, le critère déclenchant le décompte à partir duquel la durée du mandat est calculée, corres-
pond à l'admission des titres sur un marché réglementé (cf. Avis du H3C 2015-02 du 1er octobre 2015). Le H3C
peut être saisi par tout commissaire aux comptes d'une question relative à la détermination de la date de départ
du mandat initial.
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Fiche 19 ♦ Le mandat du commissaire aux comptes
Le commissaire aux comptes, personne physique, et dans les sociétés de commissaires aux comptes, les commis-
saires aux comptes personnes physiques associés, actionnaires ou dirigeants de cette société qui signent le
rapport destiné à l'organe appelé à statuer sur les comptes, ne peuvent certifier durant plus de six exercices
consécutifs, dans la limite de sept années, les comptes des entités d'intérêt public.
Ils peuvent à nouveau participer à une mission de contrôle légal des comptes de ces personnes ou entités à l'ex-
piration d'un délai de trois ans à compter de la date de clôture du sixième exercice qu'ils ont certifié.
Les dispositions précédentes sont applicables à la certification des comptes des filiales importantes d'une entité
d'intérêt public lorsque l'entité d'intérêt public et sa filiale ont désigné le même commissaire aux comptes.
N.B. : bien que n'étant pas qualifiées d'EIP, les personnes morales de droit privé non commerçantes ayant une
activité économique (visées à l'article L. 612-1 du Code de commerce) et les associations subventionnées (visées
à l'article L. 612-4 du Code de commerce) dès lors qu'elles font appel à la générosité publique restent sou-
mises à la rotation des signataires et au délai de viduité de trois ans.
Tant que le commissaire aux comptes titulaire est en fonction, il est tenu au secret professionnel à l’égard du
suppléant. En revanche, si le suppléant est amené à entrer en fonction, le commissaire titulaire permet à son
successeur d’accéder à toutes les informations et à tous les documents pertinents concernant l’entité dont les
comptes sont certifiés (C. com., art. L. 823-3). Le secret professionnel est donc levé entre les commissaires lors de
la période de succession de la mission.
–– des établissements de crédit sous condition de franchissement de seuils (C. mon. fin., art. L. 511-38) ;
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161
–– des partis et des groupements politiques quelle que soit leur taille (art. 11-7, loi du 11 mars 1988) ;
–– dans les mutuelles qui établissent et publient des comptes combinés (Bull. CNCC, n° 124-2001).
En outre, il n’y a pas d’obligation d’établir et de publier des comptes consolidés dans les deux cas suivants :
–– lorsque l’ensemble constitué par la société et les entreprises qu’elle contrôle ne dépasse pas deux des trois
seuils suivants pendant deux exercices consécutifs (C. com., art. R. 233-16) :
• total du bilan : 24 000 000 €,
• montant net du chiffre d’affaires : 48 000 000 €,
• nombre moyen des salariés employés au cours de l'exercice : 250 ;
Ainsi, pour être dispensé d’établir et de publier des comptes consolidés au titre de l’exercice n, les critères de
taille ne doivent pas être dépassés au titre de n-1 et de n-2. Si les critères de taille sont dépassés en n-1, les
comptes consolidés devront être établis et publiés pour la première fois en n avec une certification par au
moins deux commissaires aux comptes (Bull. CNCC, n° 145, mars 2007). En pratique, la nomination du
second commissaire aux comptes interviendra généralement lors de l’assemblée générale statuant sur les
comptes de l’exercice n-1 ;
–– lorsque les sociétés concernées sont elles-mêmes sous le contrôle d’une entreprise qui les inclut dans ses
comptes consolidés et publiés. L’exemption est cependant conditionnée à la condition qu’un ou plusieurs
actionnaires représentant au moins 10 % du capital de l’entreprise contrôlée ne s’y opposent pas.
Ces deux exceptions ne s’appliquent pas pour les sociétés qui émettent des valeurs mobilières admises aux négo-
ciations sur un marché réglementé ou des titres de créances négociables (C. com., art. L. 233-17). Notons
qu’Alternext et le marché libre ne sont pas des marchés réglementés.
Selon la CNCC, lorsqu’une entité publie volontairement, donc sans obligation, des comptes consolidés, elle n’est
pas tenue à l’obligation de nommer deux commissaires aux comptes. Enfin, lorsque l’obligation de nommer un
deuxième commissaire aux comptes disparaît, la personne contrôlée ne peut pas mettre fin de façon anticipée
aux mandats. À défaut de précisions légales contraires, les commissaires aux comptes restent en fonctions
jusqu’à l’expiration de leur mandat.
–– la certification des comptes annuels et les interventions légales qui ne requièrent pas un volume de travaux
significatif ;
–– les interventions légales qui requièrent un volume de travaux significatif ;
–– les travaux entrant dans le cadre de services autres que la certification des comptes (SACC) qui requièrent l’in-
tervention de tous les commissaires aux comptes.
Les co-commissaires aux comptes communiquent ensemble et de manière concertée avec les représentants
légaux de la société. Les rapports établis sont signés par chaque commissaire aux comptes. S’ils ont des opinions
divergentes, ils en font alors mention dans les rapports concernés.
Dans le cadre des obligations de déclaration à TRACFIN, la déclaration sera signée par l’ensemble des co-
commissaires aux comptes. En cas de désaccord, elle pourra être effectuée par un seul d’entre eux.
1) Tiers considérés comme ayant accompli des opérations pour le compte de l'entité
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163
La CNCC a précisé qu'il s’agissait des établissements de crédit, notaires et sociétés de Bourse. L’expert-comptable
de l’entité est également concerné. Une norme d’exercice professionnel (NEP 630) précise d’ailleurs les principes
relatifs à l’utilisation des travaux de l’expert-comptable par le commissaire aux comptes dont les points clés sont
les suivants :
–– le commissaire aux comptes prend contact avec l’expert-comptable pour s’informer du contenu de la mission
qui lui a été confiée et, s’il l’estime nécessaire, se fait communiquer les travaux réalisés ;
–– il apprécie si ces travaux constituent des éléments suffisants et appropriés pour contribuer à la formation de
son opinion sur les comptes ; le cas échéant, il détermine les procédures d’audit supplémentaires nécessaires ;
–– l’expression de l’opinion émise par le commissaire aux comptes ne fait pas référence aux travaux de l’expert-
comptable. Ces travaux sont utilisés uniquement en tant qu’éléments collectés à l’appui des conclusions du
commissaire aux comptes sur sa propre mission.
2) Tiers considérés comme n'ayant pas accompli des opérations pour le compte de l'entité
Il s'agit de clients et fournisseurs ainsi que des auxiliaires de justice (avocats, huissiers de justice...). Ces derniers
sont également tenus au secret professionnel applicable à leur profession face au commissaire aux comptes.
Pour ces tiers non concernés, le commissaire aux comptes appliquera quasi-systématiquement la NEP 505
« demandes de confirmation des tiers ». Il pourra ainsi interroger ces tiers mais par l’intermédiaire de la société
et tout en sachant qu’ils ne sont pas tenus de répondre.
C – Les sanctions
Le fait de mettre obstacle aux vérifications ou contrôles du commissaire aux comptes ou de refuser de leur com-
muniquer sur place toutes pièces utiles à l’exercice de leur mission est constitutif du délit d’entrave. Ce délit
vise les dirigeants ou toute personne ou entité au service d’une personne morale ayant un commissaire aux
comptes.
Le commissaire aux comptes est ainsi détenteur d’une « parcelle » d’autorité publique.
Le délit d’entrave est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75
000 €
(C. com., art. L. 820-4 2°).
5 ♦ LA RÉMUNÉRATION
Les honoraires des commissaires aux comptes sont fixés en fonction du nombre d’heures indiqué dans le pro-
gramme de travail et d’un taux de vacation horaire défini avec le client. La rémunération doit être en rapport
avec l’importance des diligences à mettre en œuvre, compte tenu de la taille, de la nature et de la complexité des
activités de l’entité (C. déont., art. 31). C’est ainsi que le Code de déontologie consacre le principe d’honoraires
suffisants pour mener à bien la mission légale de certification quelle que soit l’entité contrôlée.
Notons que ce même Code de déontologie (art. 33) interdit toute forme de rémunération proportionnelle ou
conditionnelle. Par exemple, il n’est pas possible d’indexer le montant des honoraires sur l’évolution du chiffre
d’affaires de l’entité contrôlée.
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164 Les Carrés du dec
Jusqu’à 305 000 € 20 à 35
De 305 000 € à 760 000 € 30 à 50
De 760 000 € à 1 525 000 € 40 à 60
De 1 525 000 € à 3 050 000 € 50 à 80
De 3 050 000 € à 7 622 000 € 70 à 120
De 7 622 000 € à 15 245 000 € 100 à 200
De 15 245 000 € à 45 735 000 € 180 à 360
De 45 735 000 € à 122 000 000 € 300 à 700
Lorsque l’appréciation par le commissaire aux comptes du caractère satisfaisant de la réponse des dirigeants ou
des décisions prises par eux rend nécessaire des diligences particulières, le nombre d’heures prévu par le pro-
gramme de travail peut être augmenté au plus du tiers (C. com., art. R. 823-13).
De plus, l’information sur le montant des honoraires versés à chacun des commissaires aux comptes est mise, au
professionnelle et déontologie
siège de la personne ou de l’entité contrôlée, à la disposition des associés et actionnaires, ou pour les associa-
tions, des adhérents et donateurs (C. com., art. L. 820-3 I).
2) L’information relative à l'affiliation éventuelle du commissaire aux comptes à un réseau
Préalablement à sa désignation, puis chaque année au cours de son mandat, le commissaire aux comptes,
lorsqu’il est affilié à un réseau, met à la disposition des associés et actionnaires, ou pour les associations, des
adhérents et donateurs, le montant global des honoraires perçus par ce réseau au titre des services autres que
la certification des comptes ainsi que de la nature de ces services fournis par ce réseau.
Cette obligation s’applique à la personne ou à l’entité qui est contrôlée ou qui contrôle la personne ou l’entité
dont le commissaire aux comptes certifie les comptes. Ces informations sont intégrées aux documents mis à la
disposition des actionnaires (C. com., art. L. 820-3, al. 1).
Le Code de déontologie (art. 35) étend cette obligation d’information dans le cas du contrôle de comptes conso-
lidés. Elle s’étend alors aux prestations fournies aux sociétés entrant dans le périmètre de consolidation de l’en-
tité dont les comptes sont certifiés.
3) L’information à fournir dans l’annexe des comptes annuels
et consolidés de l’entité contrôlée
L’annexe des comptes annuels et consolidés doit mentionner le montant total des honoraires des commis-
saires aux comptes figurant au compte de résultat de l’exercice, en séparant les honoraires facturés (C. com.,
art. R. 123-198 9° et R. 233-14-17) :
–– au titre du contrôle légal des comptes ;
–– au titre des conseils et prestations de services entrant dans les diligences directement liées à la mission de
contrôle légal des comptes.
Cette information n’est pas requise pour les personnes morales autorisées à présenter une annexe simplifiée
(deux des trois seuils suivants non dépassés à la clôture de l’exercice : total de bilan de 4 000 K€, chiffre d’af-
faires hors taxes de 8 000 K€ et 50 salariés permanents).
Les obligations liées au comportement professionnel sont prévues par le Code de commerce et par le Code de
déontologie de la profession. Leur respect est donc impératif sous peine d’engager la responsabilité civile et dis-
ciplinaire du commissaire aux comptes. Dans certains cas, des sanctions pénales sont également prévues.
1 ♦ LA COMPÉTENCE PROFESSIONNELLE
A – L’obligation de formation
Le commissaire aux comptes doit posséder les connaissances théoriques et pratiques nécessaires à l’exercice de
ses missions. Il maintient un niveau élevé de compétence, notamment par la mise à jour régulière de ses connais-
sances et la participation à des actions de formation (C. déont., art. 7).
Il veille à ce que ses collaborateurs disposent des compétences appropriées à la bonne exécution des tâches qu’il
leur confie et à ce qu’ils reçoivent et maintiennent un niveau de formation approprié.
Les actions homologuées par le comité entrant dans le minimum de 60 heures doivent porter sur les domaines
professionnelle et déontologie
suivants :
–– déontologie du commissaire aux comptes ;
–– normes d’exercice professionnel ;
–– bonnes pratiques professionnelles identifiées et doctrine professionnelle ;
–– techniques d’audit et d’évaluation du contrôle interne ;
–– cadre juridique de la mission du commissaire aux comptes et les matières comptables, financières, juridiques et
fiscales.
Par ailleurs, tout commissaire aux comptes nouvellement inscrit et n’ayant pas exercé les fonctions de commis-
saire aux comptes pendant trois ans est tenu de suivre une formation continue parti-
culière avant d’accepter une mission de certification (C. com., art. L. 822-4 II).
2 ♦ LE SECRET PROFESSIONNEL
A – La source légale
De par la nature des informations qu’il est susceptible de posséder, la législation a imposé le secret professionnel
aux commissaires aux comptes ainsi que le prévoit le premier alinéa de l’article L. 822-15 du Code de com-
merce : « les commissaires aux comptes, ainsi que leurs collaborateurs et experts, sont astreints au secret profes-
sionnel pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu avoir connaissance à raison de leurs fonctions ».
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Fiche 20
Cet article vise les commissaires aux comptes mais également leurs collaborateurs et experts. Par collabora-
teur, il convient d’entendre toute personne qui participe à la mission en mettant en œuvre des diligences tech-
niques spécifiques au commissariat aux comptes. Par expert, il convient d’entendre toute personne que le
commissaire aux comptes a désigné pour l’assister dans sa mission.
Les commissaires associés ou actionnaires d’une même société de commissariat aux comptes s’informent mutuel-
lement de leur activité au sein de leur société. La communication d’informations entre associés ou actionnaires
ne constitue pas une violation du secret professionnel. Il en est de même avec les collaborateurs et experts du
commissaire aux comptes et entre les co-commissaires aux comptes d’une même entité.
Il n’y a pas non plus de secret professionnel avec les commissaires aux comptes suppléants ou entre commis-
saires aux comptes successifs uniquement lors de la phase de succession de la mission entre le nouveau et
l’ancien commissaire (C. com., art. L. 823-3).
Si l’obligation de secret professionnel est strictement imposée par la législation, de nombreuses limitations
existent principalement dans les cas prévus ci-après.
–– le contenu des rapports spéciaux notamment sur les conventions réglementées, sur les documents d’informa-
professionnelle et déontologie
sionnel pour les informations concernant les irrégularités et inexactitudes qu'il a révélées ou qu'il aurait dû
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171
révéler à l'assemblée générale. Il est donc autorisé à répondre aux questions liées à ces irrégularités et à ces
inexactitudes.
Il est également délié du secret professionnel à l'égard du président du tribunal de commerce ou du tribunal de
grande instance dans le cadre de l'existence d'une procédure d'alerte (C. com., art. L. 822-15).
– Envers les juridictions pénales
Le commissaire aux comptes lorsqu'il est appelé à témoigner devant une juridiction répressive doit prêter serment
et opposer le secret professionnel, sous peine de sanction pour violation du secret professionnel.
Toutefois, lorsque le commissaire aux comptes a révélé au procureur de la République des faits délictueux, il
n'est pas tenu au secret professionnel relativement à ces faits délictueux. Il en est de même à l'égard des offi-
ciers et agents de police ainsi que vis-à-vis du juge d'instruction lorsque ces personnes agissent dans le cadre de
la révélation des faits délictueux.
6) À l’égard des tiers
Sont ici définis comme tiers, notamment les salariés, fournisseurs et clients de l’entreprise, les auditeurs externes
et bien évidemment toute autre personne extérieure à l’entreprise. À l’égard de ces personnes, le commissaire
aux comptes est lié au secret professionnel.
En l’absence de texte prévoyant une levée du secret, le commissaire aux comptes est tenu au secret à l’égard du
commissaire aux apports, à la fusion, aux avantages particuliers ou à la transformation qui serait amené
à intervenir au sein de l’entité auditée.
Envers l’expert-comptable de l’entité auditée, il n’existe aucun texte prévoyant une levée du secret. La pratique
professionnelle est toutefois bien différente et les échanges entre professionnels sont nombreux. Cependant, le
commissaire aux comptes ne doit, en tout état de cause, pas communiquer sur les sujets présentant pour lui un
caractère confidentiel.
Sur l’étendue du secret professionnel lorsque la responsabilité civile ou pénale du commissaire aux comptes est
recherchée : voir fiche 21.
7) En matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement
du terrorisme
Le commissaire aux comptes est délié du secret professionnel lorsqu’il met en œuvre son obligation de déclara-
tion à TRACFIN.
En outre, les commissaires aux comptes, les experts-comptables et les professionnels du droit, assujettis au dis-
positif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, peuvent, lorsqu’ils inter-
viennent pour un même client et dans une même transaction ou lorsqu’ils ont connaissance, pour un même
client, d’une même opération, s’informer mutuellement, et par tout moyen sécurisé, de l’existence et du contenu
de la déclaration de soupçons (C. mon. fin., art. L. 561-21).
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D – Les sanctions
Les Carrés du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Sur le plan civil, la responsabilité civile du commissaire aux comptes peut être engagée s’il est établi que la viola-
tion du secret professionnel a entraîné un préjudice et qu’il existe un lien de causalité entre la faute et le préju-
dice.
Sur le plan pénal, la violation du secret professionnel est un délit passible d’une peine d’emprisonnement maxi-
male d’un an et d’une amende maximale de 15 000 euros (C. pén., art. L. 226-13 sur renvoi de l’art. L. 820-5 du
C. com.). Le délit est prescrit à l’issue d’un délai de trois ans à compter de la révélation.
Enfin, la responsabilité disciplinaire du commissaire aux comptes pourra également être recherchée.
E – Tableau de synthèse
Secret professionnel du commissaire aux comptes
Tenu au secret Non tenu au secret
– Entre commissaires aux comptes associés d’un même cabinet, leurs
collaborateurs et experts ;
À l’égard du commissaire aux comptes suppléant tant que – Entre co-commissaires aux comptes d’une même entité ;
la mission du titulaire se poursuit normalement. – Avec les commissaires aux comptes suppléants ou entre commis-
saires aux comptes successifs mais uniquement lors de la phase de
succession de la mission.
À l’égard des associés lors de l’assemblée générale mais uniquement
À l’égard des associés pris individuellement. sur des points en relation directe avec l’exercice
de sa mission.
– À l’égard des organes d’administration, de gestion ou de surveil-
lance qu’il soit prévu par la loi ou par les statuts de l’entité
À l’égard d’un membre d’un organe collégial d’admi-
contrôlée ;
nistration, de gestion ou de contrôle lorsqu’il est pris
– À l’égard de toute personne ayant le pouvoir d’engager l’entité
individuellement.
envers les tiers ;
– À l’égard des comités d’audit.
Entre les commissaires aux comptes d’une société mère
Entre les commissaires aux comptes d’un groupe établissant des
et ceux des sociétés contrôlées par elles (1) lorsqu’il n’y
comptes consolidés.
a pas établissement de comptes consolidés.
Lorsque le commissaire aux comptes est convoqué par le comité d’en-
treprise.
À l’égard d’une juridiction civile lorsqu’il est cité À l’égard du procureur de la République dans le cadre de la révélation
comme témoin. de faits délictueux.
À l’égard d’une juridiction répressive, lorsque le com- À l’égard du président du tribunal de commerce ou du tribunal de
missaire aux comptes est appelé à témoigner. grande instance dans le cadre de l’existence d’une procédure d’alerte.
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Fiche 20 ♦ Obligations liées au comportement professionnel
(1) La notion de contrôle s’entend au sens des I et II de l’article L. 233-3 du Code de commerce :
« I. – Toute personne, physique ou morale, est considérée comme en contrôlant une autre :
1o Lorsqu’elle détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les assemblées générales de cette société ;
2o Lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés ou actionnaires et qui n’est pas
contraire à l’intérêt de la société ;
3o Lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les assemblées générales de cette société ;
4o Lorsqu’elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres des organes d’administration,
de direction ou de surveillance de cette société.
II. – Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu’elle dispose directement ou indirectement d’une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu’aucun autre
associé ou actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la sienne. »
4 ♦ LA PUBLICITÉ
Les conditions dans lesquelles les commissaires aux comptes peuvent effectuer de la publicité sont encadrées par
les articles 36 et 37 du Code de déontologie.
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174 Les Carrés
A – L’interdiction du démarchage
du dec 1 – Réglementation professionnelle et déontologie
Il est interdit aux commissaires aux comptes d’effectuer toute démarche non sollicitée en vue de proposer
leurs services à des tiers. À titre d’exemple, le démarchage téléphonique est interdit.
5 ♦ LA CONFRATERNITÉ
Les règles de confraternité sont définies à l’article 8 du Code de déontologie de la profession.
Dans le respect des obligations de la mission de contrôle légal, les commissaires aux comptes entretiennent entre
eux des rapports de confraternité. Ils se gardent de tout acte ou propos déloyal à l’égard d’un confrère ou
susceptible de ternir l’image de la profession.
Ils s’efforcent de résoudre à l’amiable leurs différends professionnels. Si nécessaire, ils recourent à la conciliation
du président de leur compagnie régionale ou, s’ils appartiennent à des compagnies régionales distinctes, des
présidents de leur compagnie respective.
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La responsabilité du commissaire Fiche
aux comptes 21
La responsabilité du commissaire aux comptes peut être recherchée sur le plan civil, pénal et disciplinaire.
1 ♦ LA RESPONSABILITÉ CIVILE
A – L’étendue
L’étendue de la responsabilité civile du commissaire aux comptes est fixée dans le Code de commerce. Ainsi,
l’article L. 822-17 prévoit que « les commissaires aux comptes sont responsables, tant à l’égard de la société que
des tiers, des conséquences dommageables des fautes et des négligences commises par eux dans l’exercice de
leurs fonctions ».
Pour que la responsabilité civile du commissaire aux comptes puisse être engagée, il conviendra de démontrer
l’existence d’une faute ou d’une négligence ayant provoqué un préjudice et démontrer le lien de causalité
entre les deux. La faute commise doit être à l’origine du préjudice constaté pour pouvoir générer des dommages-
intérêts.
Par ailleurs, les commissaires aux comptes sont également civilement responsables des infractions commises par
les administrateurs ou les membres du directoire s’ils n’ont pas révélé ces infractions dans leur rapport à l’assem-
blée générale.
Toutefois, leur responsabilité ne peut être engagée pour les informations ou divulgations de faits auxquelles ils
procèdent en exécution de leur mission. Cette limitation s’applique dans les cas où le commissaire aux comptes
met en œuvre la procédure d’alerte, est amené à révéler des faits délictueux ou à effectuer une déclaration de
soupçons (TRACFIN). Il ne pourra donc être inquiété pour avoir donné des informations sur l’entité aux per-
sonnes concernées par ces trois procédures.
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176 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Pour pouvoir établir la faute ou la négligence du commissaire aux comptes, il est tout d’abord nécessaire de
cerner la nature de son obligation.
La mise en œuvre de la mission du commissaire aux comptes relève, sauf cas très précis, d’une obligation de
moyens. Cela signifie que le professionnel doit effectuer des diligences normales et avisées. En aucun cas, il ne
doit vérifier l’intégralité des opérations qui entrent dans le champ de sa mission, ni rechercher systématiquement
l’ensemble des irrégularités et inexactitudes.
Les rares cas dans lesquels le commissaire aux comptes est tenu à une obligation de résultat sont les suivants :
–– obligation de vérification des règles relatives aux actions dont doivent être propriétaires les administrateurs et
les membres du conseil de surveillance dans la SA (C. com., art. L. 225-26 ou L. 225-75) ;
–– obligation de contrôler la régularité des modifications statutaires dans les sociétés commerciales (C. com.,
art. L. 210-8, al. 2) ;
–– obligation de présenter un rapport spécial sur les conventions dont le commissaire aux comptes a eu connais-
sance (C. com., art. L. 225-40 ou L. 225-88).
C – L’exercice de l’action
1) Les demandeurs
L’action en responsabilité peut être exercée soit par les représentants légaux de l’entité contrôlée afin de réparer
un préjudice subi par cette dernière, soit par tout intéressé afin de réparer un préjudice personnel (créanciers,
salariés...).
2) La prescription de l’action
(C. com., art. L. 225-254 sur renvoi du C. com., art. L. 822-18)
L’action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou, s’il a été dissimulé, de sa
révélation (dix ans si le fait est qualifié crime).
La dissimulation implique d’établir que le commissaire aux comptes a eu la volonté de cacher les faits litigieux
aux actionnaires de la société.
En l’absence de dissimulation, le délai de prescription commence à courir à compter du jour où la faute a été
commise. Dans le cas précis de la certification fautive de comptes annuels, les tribunaux retiennent générale-
ment comme point de départ du délai la date du rapport du commissaire aux comptes mais il peut également
être retenu la date de transmission du rapport à l’entité ou encore la date de présentation à l’assemblée géné-
rale.
3) La compétence d’attribution
Lorsque l’action est intentée contre un commissaire aux comptes personne physique, une société civile profes-
sionnelle de commissaire aux comptes ou une société d’exercice libéral, le tribunal compétant sera le tribunal
de grande instance.
A contrario, si l’action est intentée contre une société de commissaires aux comptes qui est commerciale par la
forme, le tribunal compétent sera le tribunal de commerce.
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Fiche 21
La CNCC (Guide professionnel sur la responsabilité civile du commissaire aux comptes – mai 2011) a donné une
liste des griefs les plus souvent retenus par les tribunaux en cas de condamnation :
–– certifier les comptes sans réserve alors que des anomalies étaient connues du commissaire aux comptes ;
–– ne pas contrôler un poste significatif du bilan ou du compte de résultat ;
–– ne pas mettre en œuvre de confirmations externes ;
–– entériner les informations obtenues du dirigeant sans les corroborer avec d’autres sources d’information ou
d’autres contrôles ;
–– manquer d’esprit critique ;
–– ne pas mettre en œuvre la norme fraude ;
–– ne pas communiquer les faiblesses de contrôle interne et les irrégularités aux dirigeants, au niveau adapté de la
gouvernance de l’entité et ne pas modifier le plan de mission en conséquence ;
–– déclencher tardivement la procédure d’alerte, a fortiori ne pas l’avoir déclenchée ;
–– ne pas avoir assisté à l’inventaire physique des stocks ;
–– déposer tardivement les rapports de commissaires aux comptes même si le rapport de gestion du conseil
d’administration lui parvient avec retard ;
–– etc.
Une mise en cause judiciaire sur cinq aboutit à la condamnation du commissaire aux comptes ou à une transac-
tion.
2 ♦ LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
A – Les conditions de mise en cause
Comme pour tout justiciable, la mise en cause de la responsabilité pénale du commissaire aux comptes nécessite
la constitution d’une infraction. Cette dernière sera constituée si les trois éléments suivants sont réunis :
–– élément légal : un texte répressif doit prévoir l’infraction (C. pén., art. 111-3, al. 1) ;
–– élément matériel : il doit y avoir au minimum un commencement d’exécution, l’infraction n’a pas à devoir
être réalisée complètement. La tentative est toujours punissable en cas de crime. En cas de délit, la tentative
est punissable si un texte le prévoit ;
–– élément moral : cet élément nécessite l’existence d’une faute. La faute peut évidemment être intentionnelle
mais elle peut également résulter d’une faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obliga-
tion de prudence ou de sécurité de l’auteur des faits.
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178 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les principales infractions pénales qui visent le commissaire aux comptes sont indiquées au sein du tableau
suivant :
La responsabilité pénale du commissaire aux comptes pourra également être recherchée s’il commet un délit
d’initié (C. mon. fin., art. L. 465-1) ou un délit de divulgation d’informations financières (C. mon. fin., art.
L. 465-3). Ces délits ne visent pas expressément le commissaire aux comptes mais ce dernier pourrait être
concerné du fait des informations qu’il est susceptible de détenir sur l’entité.
Rappelons cependant qu’est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui (C. pén., art. 121-7) :
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179
3 ♦ LA RESPONSABILITÉ DISCIPLINAIRE
A – La définition et le champ d'application
De nature répressive, la responsabilité disciplinaire du commissaire aux comptes vise à maintenir l’éthique des
commissaires aux comptes en sanctionnant les comportements fautifs des professionnels qui détériorent l’image
de la profession.
Sauf précisions, les dispositions qui suivent ne porteront que sur la responsabilité et les sanctions disciplinaires
frappant les commissaires aux comptes. En effet, d’autres personnes sont également concernées par ce dispo-
sitif. Par exemple, les associés, les salariés du commissaire aux comptes, toute autre personne participant à la
mission de certification ou les personnes qui sont étroitement liées au commissaire aux comptes, sont passibles
de sanctions pécuniaires du fait des manquements aux dispositions de l'article L. 822-11-3 du Code de com-
merce (intérêt dans l’entité auditée) ainsi qu'aux dispositions du Code de déontologie relatives aux liens person-
nels, professionnels ou financiers (C. com., art. L. 824-1, II). L’interdiction, pour une durée n’excédant pas trois
ans, d’exercer des fonctions d’administration ou de direction au sein d’entités d’intérêt public et des fonctions de
commissaire aux comptes sont également des sanctions possibles.
C – Le déroulement de la procédure
1) Enquêtes diligentées par le H3C (C. com., art. L. 821-3-1)
Le Haut conseil dispose d'un service chargé de procéder aux enquêtes préalables à l'ouverture des procédures de
sanctions. Ce service est dirigé par un rapporteur général et composé d'enquêteurs habilités par ce dernier.
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180 Les Carrés du dec 1 – Réglementation
Les enquêteurs ainsi que toute personne participant à une mission d'enquête sont désignés dans des conditions
professionnelle et déontologie
propres à éviter tout conflit d'intérêt avec les commissaires aux comptes ou les personnes ou entités qui font
l'objet de l'enquête.
2) La saisine du rapporteur général (C. com., art. L. 824-4)
Le rapporteur général est saisi de tout fait susceptible de justifier l'engagement d'une procédure de sanction
par :
–– le premier président de la Cour des comptes ou le président d'une chambre régionale des comptes ;
–– le procureur général près la cour d'appel compétente ;
–– le président de l'Autorité des marchés financiers ;
–– le président de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ;
–– le président du Haut conseil du commissariat aux comptes ;
–– le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes ou le président d'une compagnie régio-
nale.
Le rapporteur général peut également se saisir des signalements dont il est destinataire.
3) L’engagement d’une procédure de sanction (C. com., art. L. 824-8)
À l'issue de l'enquête et après avoir entendu la personne intéressée, le rapporteur général établit un rapport
d'enquête qu'il adresse au H3C. Lorsque les faits justifient l'engagement d'une procédure de sanction, le H3C
arrête les griefs qui sont notifiés par le rapporteur général à la personne intéressée. La notification expose les
faits passibles de sanction. Elle est accompagnée des principaux éléments susceptibles de fonder les griefs.
La personne intéressée peut consulter le dossier et présenter ses observations. Elle peut se faire assister par un
conseil de son choix à toutes les étapes de la procédure.
Le rapporteur général établit un rapport final qu'il adresse au H3C avec les observations de la personne inté-
ressée. Le H3C désigne la formation compétente pour statuer qui sera soit la commission régionale de discipline
soit le H3C lui-même. Cette décision est notifiée à la personne poursuivie.
4) La Commission régionale de discipline / le H3C
Une commission régionale de discipline est établie au siège de chaque cour d'appel. Elle est compétente pour
prononcer des sanctions à l'égard des commissaires aux comptes inscrits auprès de la compagnie régionale du
même ressort. Cette commission connaît de l’action intentée contre un commissaire aux comptes.
Par dérogation à cette disposition, le H3C statuant en formation restreinte connaît de l'action intentée contre un
commissaire aux comptes lorsque ce dernier est mis en cause en même temps qu'une personne autre qu’un
commissaire aux comptes (par exemple, les associés ou salariés du commissaire aux comptes), ou lorsque le H3C
le décide en raison de la nature des griefs, de leur gravité, de la complexité de l'affaire ou des nécessités de la
bonne administration.
5) La possibilité d’appel
La personne sanctionnée ou le président du H3C peut former un recours de pleine juridiction devant le Conseil
d'État (C. com., art. L. 824-14).
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Fiche 21 ♦ La responsabilité du commissaire aux comptes
Les sanctions disciplinaires sont graduelles. Ainsi, les commissaires aux comptes sont passibles des sanctions sui-
vantes (C. com., art. L. 824-2) :
–– avertissement ;
–– blâme ;
–– interdiction d’exercer la fonction de commissaire aux comptes pour une durée n’excédant pas cinq ans (sursis
total ou partiel possible) ;
–– radiation de la liste ;
–– retrait de l’honorariat ;
–– publication d’une déclaration indiquant que le rapport présenté à l’assemblée générale ne remplit pas les exi-
gences imposées par le Code de commerce (ou l’article 10 du règlement européen pour les EIP uniquement) ;
–– l’interdiction, pour une durée n’excédant pas trois ans, d’exercer des fonctions d’administration ou de direc-
tion au sein d’une société de commissaire aux comptes et au sein d’entités d’intérêt public.
De surcroît, des sanctions pécuniaires sont également prononçables et sont les suivantes :
–– (a) pour une personne physique, la somme de 250 000 € ;
–– (b) pour une personne morale, la plus élevée des sommes suivantes :
–– un million d'euros ;
–– lorsque la faute intervient dans le cadre d'une mission de certification, la moyenne annuelle des honoraires
facturés au titre de l'exercice durant lequel la faute a été commise et des deux exercices précédant celui-ci, par
le commissaire aux comptes, à la personne ou à l'entité dont il est chargé de certifier les comptes ou, à défaut,
le montant des honoraires facturés par le commissaire aux comptes à cette personne ou entité au titre de
l'exercice au cours duquel la faute a été commise.
En cas de faute réitérée dans les cinq années à compter de la date à laquelle la sanction pécuniaire précédem-
ment prononcée est devenue définitive, une sanction pécuniaire plus lourde peut être prononcée, sans toutefois
excéder le double des montants mentionnés aux a et b.
Les sommes sont versées au Trésor public.
Enfin, des sanctions complémentaires peuvent également être prononcées telles que l’inéligibilité du commis-
saire aux comptes dans les instances professionnelles pendant dix ans au plus.
Les faits remontant à plus de six ans ne peuvent faire l'objet d'une sanction s'il n'a été fait pendant ce délai
aucun acte tendant à leur recherche, à leur constatation ou à leur sanction (C. com., art. L. 824-4).
–– sur le système de contrôle de qualité interne mis en place par le commissaire aux comptes.
professionnelle et déontologie
Les contrôles sont proportionnés à l'ampleur et à la complexité de l'activité du commissaire aux comptes
concerné. Ils sont effectués sur pièces ou sur place. Les contrôleurs peuvent se faire communiquer (et prendre
copie) par le commissaire aux comptes et vérifier sur pièces ou sur place, quel qu'en soit le support, tous docu-
ments ou pièces. Ils peuvent également exiger toutes explications sur l'organisation et l'activité globale de la
structure d'exercice professionnel et sur les conditions d'exécution par le commissaire aux comptes de sa mission
au sein des personnes et entités contrôlées.
Le contrôleur communique au commissaire aux comptes un pré-rapport exposant les opérations de contrôle réa-
lisées et leurs résultats afin que celui-ci présente ses observations dans un délai d'un mois.
Il établit ensuite un rapport définitif qui expose les principales conclusions du contrôle et les observations du
commissaire aux comptes.
Le cas échéant, les recommandations formulées par le Haut conseil sont notifiées au commissaire aux comptes
par lettre recommandée avec demande d'accusé de réception ou par tout autre moyen permettant de s'assurer
de la date de sa réception. Le commissaire aux comptes donne suite aux recommandations dans le délai fixé par
celles-ci.
A – Le texte de référence
L’article 15 du Code de déontologie précise que chaque structure d’exercice doit mettre en place un dispositif de
contrôle qualité interne.
Il est en outre obligatoire en cas de mandat de sociétés dont les titres sont admis sur un marché financier. Ce
dispositif de contrôle qualité interne doit permettre d’assurer au mieux la prévention des risques et la bonne exé-
cution de la mission d’audit. Il doit également permettre au commissaire aux comptes d’être en conformité avec
les exigences légales et réglementaires.
Le contenu des procédures de contrôle qualité n’est pas indiqué explicitement par les textes. En pratique, le
niveau d’étendue et de formalisation des procédures varieront selon la taille de chaque cabinet et le nombre
d’associés et de mandats détenus.
C – La revue indépendante
Le Code de déontologie prévoit également en son article 15 la mise en place dans la structure d’exercice d’une
revue indépendante des opinions émises. Cette revue indépendante prend sa place dans une démarche de
contrôle qualité interne car elle vise à faire évaluer par un commissaire aux comptes extérieur à l’équipe d’audit
les conclusions émises par une revue générale du dossier.
Il appartient à chaque cabinet de déterminer l’étendue de l’application de cette revue indépendante en fonction
de la nature du mandat (« EIP » ou « non EIP », risque d’audit élevé ou faible...). La mise en œuvre de cette revue
indépendante sera certainement facilitée en cas de pluralité d’associés et plus limitée si le cabinet ne compte
qu’un associé signataire. Cependant, dans son avis 2011-06, le H3C a considéré qu’il était possible de recourir à
un commissaire aux comptes externe à la structure d’exercice professionnel.
Les commissaires aux comptes procédant à une revue indépendante ou contribuant au dispositif de contrôle de
qualité interne sont astreints au secret professionnel (C. com , art. L. 822-15.).
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Cet ouvrage a été achevé d’imprimer dans les ateliers de Leitzaran (Espagne)
Numéro d’impression : 426
Dépôt légal : Février 2017
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Réglementation professionnelle
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de l’expert-comptable et
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